Violences basées sur le genre

Égalité des genres

Notes au radiodiffuseur

Comment utiliser cette ressource

La première série de questions de cette ressource vise à aider les radiodiffuseurs et les radiodiffuseuses d’interviewer des femmes et des hommes qui ont vécu de la violence basée sur le genre, ou VBG. Certaines des personnes interviewées préfèrent parfois garder l’anonymat (qu’on ne les identifie pas) lorsqu’elles parlent de ce sujet. Par conséquent, n’oubliez pas de leur demander si elles souhaitent garder l’anonymat et respectez leur désir. Rappelez-vous qu’il vous faudra interviewer peut-être plus d’une personne pour répondre à toutes les questions ci-dessous. Il vous est recommandé de suggérer au moins un homme et une femme.

La deuxième série de questions vise à permettre aux radiodiffuseurs et aux radiodiffuseuses d’interviewer des spécialistes qui travaillent avec des organisations communautaires ou nationales qui offrent aux survivants et aux survivantes une protection, de la formation, des connaissances d’ordre juridique et des services de soutien (psychologique, social et physique).

Ces organisations englobent des groupements de femmes, des associations locales de jeunes, ONU Femmes et des groupes de défense des droits des femmes et des filles. Les spécialistes travaillent également parfois dans des ministères locaux et collaborent directement avec les femmes et les familles. Vous pourriez aussi trouver les spécialistes dont vous avez besoin dans des organismes de défense des droits des femmes locaux, ou dans les bureaux locaux d’organisations internationales telles Marie Stopes International, Plan International et Girl
Effect ou les ministères.

Comment sélectionner et préparer les personnes à interviewer

Au moment de sélectionner les personnes à interviewer, assurez-vous de leur remettre un aperçu des questions que vous leur poserez pour être certain qu’elles sont prêtes pour votre interview. Rappelez-vous qu’il vous faudra interviewer peut-être plus d’une personne pour répondre à toutes les questions.

Si les spécialistes fournissent des données ou font des affirmations scientifiques pendant l’interview, rappelez-vous de leur demander la source de ladite information. Pendant la préparation de votre interview, encouragez les personnes que vous interviewerez à se procurer ces renseignements à l’avance.

Comment limiter la portée de votre interview

Durant la préparation de votre interview, choisissez trois à cinq questions principales à aborder avec les personnes concernées. Puis posez une partie ou la totalité des questions de suivi pour approfondir les thèmes et fournir à votre auditoire un éventail plus large de perspectives. Le fait de limiter la portée de l’interview évite également votre auditoire et vos invités soient surchargés d’informations et se déconcentrent. Si vous souhaitez aborder le sujet plus en détail, organisez une série d’interviews avec une personne invitée ou avec d’autres personnes qui peuvent s’exprimer sur le sujet.

Comment réaliser une interview efficace

N’oubliez pas que les bonnes interviews reposent sur une écoute active et de bonnes questions suivies. Une écoute active signifie prêter attention à ce qu’une personne dit pour comprendre les sentiments et les avis de la personne. L’écoute active vous permet de poser des questions de suivi et permet à la personne interviewée de se sentir écoutée et comprise. Inspirez-vous des questions de cette ressource pour votre discussion, mais soyez assez flexible pour suivre la direction que la discussion prend.

Ne renforcez pas les stéréotypes concernant le genre ou le sexe

Évitez de dire des choses qui peuvent renforcer les stéréotypes concernant le genre ou le sexe, et ne faites pas de commentaires par rapport à ce que vous jugez moralement bon ou mauvais.

Au lieu de cela, servez de modèle pour les auditeurs et les auditrices en leur montrant comment respecter les personnes dont les avis et les expériences diffèrent des vôtres. De plus, montrez aux membres de votre auditoire que nous devrions écouter des spécialistes lorsqu’il s’agit de faits et d’informations scientifiques.

Encouragez les spécialistes que vous interviewez à se concentrer sur leurs connaissances techniques et leurs informations scientifiques, car leur rôle est d’offrir une expertise objective. Dans vos questions et vos réponses, aidez les personnes interviewées à éviter les jugements moraux fondés sur leurs opinions ou leurs valeurs personnelles. Vous pouvez même discuter de cela avec les personnes à interviewer lorsque vous leur dites de préparer l’interview.

Soyez attentifs aux expériences des personnes interviewées

Rappelez-vous qu’une conversation avec les médias peut avoir des effets thérapeutiques ou traumatisants sur certaines personnes. Pour plusieurs, il sera difficile et douloureux de parler de leur traumatisme. Vous trouverez des conseils sur la réalisation d’interviews avec des personnes ayant survécu à des événements traumatisants dans cet article du Global Investigative Journalism Network, ou en dans le guide pratique pour la radiodiffusion de Radios Rurales Internationales sur la couverture des sujets sensibles à l’antenne.

Utilisez votre interview pour infirmer les mythes et les informations fausses

Vous pourriez aborder les doutes, les préoccupations et les craintes importants pendant ces discussions. Cependant, assurez-vous d’inviter un ou une spécialiste qui interviendra plus tard au cours de l’émission afin de les traiter et de les dissiper, ainsi que tout mythe ou toute rumeur qui circule beaucoup dans votre communauté.

Expliquez les termes techniques ou scientifiques

Il arrive parfois que les informations échangées durant votre discussion concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs soient techniques ou scientifiques. Demandez toujours aux spécialistes que vous interviewez d’expliquer les notions techniques dans un langage clair et simple que toute personne qui écoute peut comprendre. Si un invité ou une invitée utilise un terme compliqué ou technique, demandez-lui de l’expliquer, car même si vous comprenez, il se peut que votre auditoire ne comprenne pas.

Adaptez les questions pour votre pays ou votre région

Certaines de ces questions sont spécifiques au Mali, mais elles peuvent toutes être adaptées pour un pays quelconque. Contactez des organisations locales qui luttent contre la violence basée sur le genre, en vue d’obtenir les informations pertinentes les plus récentes concernant votre pays ou votre région.

Faites mieux connaître les services dans votre communauté

Enfin, vous pouvez mettre à profit les interviews sur la violence basée sur le genre pour faire mieux connaître les différents services qui existent en matière de santé sexuelle et de la reproduction au sein de votre communauté, y compris les cliniques, les services d’assistance téléphonique, les organisations communautaires, etc. Vous pouvez également aider votre auditoire à s’informer sur ses droits en matière de santé sexuelle et de la reproduction. Assurez-vous de mener des recherches avant votre interview pour pouvoir communiquer ces informations à vos auditeurs et vos auditrices à l’antenne.

Texte

Suggestions de questions pour des survivantes de violence basée sur le genre

1. Je comprends que vous avez fait l’expérience de la violence basée sur le genre. Merci d’être ici pour partager vos expériences aujourd’hui. Comment les faits ont-ils commencé?

a. Quelle était la nature de la violence?
b. Pendant combien de temps cela a-t-il duré?
c. Comment vous êtes-vous sentie à l’époque?

2. Qu’avez-vous fait après votre expérience de violence basée sur le genre?

a. Avez-vous cherché des services de soutien? Si oui, lesquels? Si non, pourquoi?

a.i. Comment avez-vous vécu l’utilisation de ces services?
a.ii. Était-il facile ou difficile d’accéder à ces services et de les utiliser? Veuillez expliquer.
a.iii. Avez-vous fait l’objet d’une stigmatisation lors de la recherche ou de l’utilisation de ces services? En d’autres termes, les gens vous ont-ils exclue, insultée ou désapprouvée d’une manière ou d’une autre en raison de votre recherche ou utilisation de ces services?
a.iv. Qu’est-ce qui vous faciliterait l’accès et l’utilisation de ces services?

b. Certaines survivantes de violences basées sur le genre ne se sentent pas capables de dénoncer l’auteur de celles-ci. Avez-vous dénoncé l’auteur des faits? Pourquoi ou pourquoi pas?

b.i. Si oui, pouvez-vous décrire ce processus?
b.ii. Avez-vous reçu un soutien ou un accompagnement pendant ce processus de la part de la famille, d’amis ou de services locaux?
b.iii. Comment vous êtes-vous sentie à l’époque?
b.iv. Qu’est-ce qui a rendu ce processus facile ou difficile pour vous? Veuillez expliquer. Avez-vous fait l’objet d’une stigmatisation lors du processus de dénonciation? En d’autres termes, les gens vous ont-ils exclue, insultée ou désapprouvée d’une manière ou d’une autre en raison de votre dénonciation de l’auteur?
b.v. Qu’est-ce qui vous aurait permis de signaler ou de dénoncer plus facilement cette violence?

3. Êtes-vous parvenue à vous soustraire à cette situation de violence?

a. Si oui, comment avez-vous procédé?
b. Quelles difficultés aviez-vous rencontrées en essayant d’échapper à la situation? Veuillez expliquer.
c. Avez-vous reçu du soutien ou des conseils de la part de votre famille, de vos camarades ou des services locaux au cours de ce processus?
d. Avez-vous été stigmatisée en raison de votre décision de vous séparer de l’auteur de l’agression? En d’autres termes, les gens vous ont-ils exclue, insultée ou désapprouvée d’une manière ou d’une autre parce que vous avez agi de la sorte?
e. Comment allez-vous maintenant, après avoir vécu cette expérience, sur le plan mental, physique et émotionnel?

4. Quel a été l’impact de ces expériences sur votre vie?

a. Si vous avez des enfants, comment ont-ils été affectés?
b. Que faites-vous maintenant dans votre vie pour continuer à guérir de vos expériences?

5. Que voulez-vous que les hommes et les femmes de votre communauté sachent sur la violence basée sur le genre?

a. Que voulez-vous que les hommes et les femmes de votre communauté sachent sur le soutien et le respect des survivantes de la violence basée sur le genre?

6. Que diriez-vous à d’autres femmes qui se trouvent dans une situation similaire dans leur vie en ce moment?

7. Que faut-il faire dans votre communauté pour réduire et éliminer la violence basée sur le genre et pour soutenir les survivantes?

 

Suggestions de questions pour les spécialistes et les organisations de défense des droits de femmes

 

1. Qu’est-ce que la violence basée sur le genre?

a. Quels sont les différents types de violences basées sur le genre?
b. Quels sont les types de violences basées sur le genre les plus courants?
c. Les hommes et les femmes sont-ils touchés par la violence basée sur le genre de la même manière? Veuillez expliquer.
d. Les jeunes et les adultes sont-ils touchés par la violence basée sur le genre de la même manière? Veuillez expliquer.
e. Comment les autres groupes marginalisés, y compris les personnes vivant avec un handicap, sont-ils affectés par la violence basée sur le genre?

2. Avez-vous des statistiques sur le nombre de cas de violence basée sur le genre qui surviennent au Mali chaque année?

a. Tous les cas de violence basée sur le genre sont-ils signalés? Si non, pourquoi pas?
b. Quels sont les risques encourus par les survivantes qui signalent ou tentent de signaler les cas de violence basée sur le genre?
c. Quels changements doivent être apportés au Mali pour qu’il soit plus facile et plus sûr pour les femmes de signaler les cas de violence basée sur le genre?
d. Nous constatons que la violence basée sur le genre survient en majeure partie au sein des couples mariés. Pourtant, plusieurs femmes éprouvent des difficultés à quitter leur mari, même si elles subissent des violences dans leur relation. Qu’est-ce qui fait que les femmes ont du mal à quitter ces relations violentes?

3. Quelles sont les causes de violences basées sur le genre au Mali?

a. Quelles sont les causes les plus courantes de la violence basée sur le genre au Mali?
b. Pourquoi les hommes sont-ils les auteurs de la majorité des actes de violence basée sur le genre?

4. Quels sont les mythes et idées fausses les plus répandues sur la violence basée sur le genre?

a. Quelle est votre réponse à ces mythes et idées fausses?

5. Que font les organisations pour aider et soutenir les survivantes de violence basée sur le genre?

a. Veuillez citer certaines de ces organisations et le type de soutien que les femmes peuvent y recevoir.
b. Ces organisations parviennent-elles à réduire ou à prévenir la violence basée sur le genre? Veuillez expliquer.
c. Ces organisations parviennent-elles à aider et à soutenir les survivantes de la violence basée sur le genre? Veuillez expliquer.
d. Est-il facile ou difficile pour les femmes d’accéder à ces services et de les utiliser? Veuillez expliquer.
e Les femmes sont-elles stigmatisées lorsqu’elles recherchent ou utilisent ces services? Veuillez expliquer.
f. Quels changements faudrait-il apporter pour faciliter l’accès et l’utilisation de ces services par les femmes?

6. Le gouvernement a-t-il pris des mesures, y compris l’adoption de lois, pour prévenir ou sanctionner les actes de violence basée sur le genre?

a. Si oui, quelles sont les mesures à prendre?
b. Qu’est-ce qui rend l’application des lois contre la violence basée sur le genre difficile?
c. Au Mali, quelle est l’influence des autorités sociales et religieuses sur l’application des lois?
d. Que peut-on faire de plus pour réduire ou prévenir la violence basée sur le genre et pour soutenir les survivantes de violence basée sur le genre?

i. Quel rôle la loi peut-elle jouer?
ii. Quel rôle peuvent jouer les communautés, les amis et les familles, en particulier dans l’éducation des jeunes garçons?
iii. Quel rôle peuvent jouer les dirigeants locaux, les chefs religieux et autres modèles?
iv. Quel rôle les médias peuvent-ils jouer?
v. Quel rôle les hommes peuvent-ils jouer?

7. Quelles sont les conséquences des violences basées sur le genre?

a. Quelles sont les conséquences physiques, mentales et émotionnelles sur la survivante?
b. Quelles peuvent être les répercussions sur les enfants?
c. Quelles peuvent être les répercussions sur la société, en général?

8. Les femmes qui subissent des violences basées sur le genre sont-elles confrontées également à la stigmatisation de la part de leurs amis, leur famille et la société? Veuillez expliquer.

a. Que peut-on faire pour réduire cette stigmatisation?

 

Acknowledgements

Rédaction : Cheick Coulibaly, journaliste-enseignant fondation Maarif, fraternité production, Bamako, Mali.

Révision : Tinatswe Mhaka, chargée d’égalité des genres et d’inclusion (ÉGI), Radios Rurales Internationales et Gina Vukojević, cheffe d’équipe, Égalité des genres et inclusion, Radios Rurales Internationales.

Cette ressource a été produite grâce à l’initiative « HÉRÈ — Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer le bien-être des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali. Le projet est mis en œuvre par le Consortium HÉRÈ – MSI Mali, en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI) et Women in Law and Development in Africa (WiLDAF) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.