Notes au radiodiffuseur
Enregistrez et révisez cette ressource sous forme de document Word.
Notes aux radiodiffuseur.euse.s
On entend par violence sexuelle et basée sur le genre tout acte, ou la menace de se livrer à un acte, qui cause une douleur ou un traumatisme d’ordre physique, psychologique ou émotionnel, économique ou sexuel à une personne à cause de son genre.
Les exemples de violence sexuelle et basée sur le genre susceptibles d’entraîner la mort, des lésions physiques ou un traumatisme psychologique incluent l’infanticide, les crimes d’honneur, les mutilations génitales féminines, le fémicide, la traite des personnes, le travail forcé, le mariage forcé, la séquestration, la spoliation, le viol (d’une partenaire ou d’un non-partenaire intime), la violence domestique et l’humiliation.
La multiplication de cas de violence physique et conjugale signalés à la police a conduit la Direction de la police du Ghana à créer en 1998, l’Unité des femmes et des mineurs, qui s’appelle désormais DOVVSU (Unité de soutien pour les victimes de violence domestique). C’est une unité spécialisée qui traite les dossiers de crimes perpétrés contre les femmes et les enfants. L’adoption de la Loi de 2007 contre la violence familiale et le texte législatif de 2016 contribue également à la lutte contre la violence familiale au Ghana.
Malgré la création de la DOVVSU, le Ghana enregistre toujours un nombre élevé de signalements de violence sexuelle et basée sur le genre à cause du manque de services essentiels pour palier, y compris les services sociaux, ainsi que les services éducatifs et de santé. Par exemple, les survivant.e.s de violence sexuelle doivent payer les frais médicaux malgré la gratuité de ces derniers; le nombre de bureaux et les effectifs de la DOVVUSU sont limités à l’échelle municipale et communautaire; il y a peu de maisons d’hébergement pour les survivant.e.s et le degré d’ignorance par rapport à la violence sexuelle et basée sur le genre permet aux coupables de poser leurs actes impunément.
En plus de l’accès limité aux services essentiels tels que les maisons d’hébergement et les services d’assistance téléphonique, cela crée un terreau fertile pour la violence sexuelle et basée sur le genre dans plusieurs communautés au Ghana. Ces défis imposent une sensibilisation de la population ghanéenne aux violences sexuelles et basées sur le genre afin qu’elle sache des services sont disponibles et quelles sont les dispositions qu’elle doit prendre pour obtenir justice.
Le présent texte radiophonique inclut des déclarations réelles et fictives de survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre, de professionnels et d’activistes qui luttent contre la violence sexuelle et basée sur le genre dans leur cadre de travail. Ces personnes parlent de la violence sexuelle et basée sur le genre en milieu de travail, ainsi que dans le secteur informel et suggèrent la meilleure façon de sortir de l’impasse au Ghana.
Si vous désirez produire des émissions concernant la violence sexuelle et basée sur le genre, ainsi que les services qui existent pour les survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre, entretenez-vous avec des professionnels des services sociaux et d’autres organismes de soutien, et, le cas échéant, parlez avec des survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
- Qu’est-ce qu’une violence sexuelle et basée sur le genre, et qu’inclut-elle?
- Les cas de violence sexuelle et basée sur le genre sont-ils fréquents dans cette région?
- Quels sont les services de soutien disponibles dans cette région pour les survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre?
- Quelles sont les choses majeures dont il faut se rappeler dans la prise en charge des survivant.e.s?
- Quels types de politiques devrait-on adopter dans les lieux de travail pour s’assurer que les bureaux, les exploitations agricoles et d’autres lieux sont sûrs pour tous les employé.e.s?
Durée estimée du texte radiophonique avec la musique, l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.
Texte
Beaucoup de personnes pensent que lorsqu’on parle de la violence sexuelle et basée sur le genre, il s’agit de viol ou d’agression sexuelle. Mais cela inclut plusieurs autres formes de violence et englobe toutes les formes de contacts ou d’interactions sexuels indésirables. La violence sexuelle est une vaste notion employée pour décrire toute violence, physique ou psychologique, perpétrée par des moyens sexuels ou en ciblant la sexualité.
Dans mon introduction, je demanderai à monsieur Kojo Addo de nous donner quelques statistiques sur le sujet tel qu’il est suivi au Ghana.
Juste un petit rappel à nos auditeurs et à nos auditrices: la discussion d’aujourd’hui couvrira en détail des sujets tels que le viol et pourrait perturber certaines personnes.
Je dois déclarer catégoriquement que la violence sexuelle et basée sur le genre est une violation des droits humains. Elle rabaisse la dignité humaine de l’individu et nuit au développement humain.
En 2016, le ministère du Genre, de l’Enfance et de la Protection sociale a réalisé une étude sur la violence domestique qui a révélé que près de 40% des femmes au Ghana sont des survivantes de violence physique tandis qu’une femme sur dix avait été agressée sexuellement.
Selon les estimations, au moins une femme sur trois subira une certaine violence durant sa vie. Cela représente plus d’un milliard de femmes dans le monde. Et ce sont les femmes les plus pauvres et les plus marginalisées qui encourent les plus grands risques de violence.
Il faut se rappeler que les services essentiels de lutte contre la violence basée sur le genre, et qui sont offerts par la police, la justice, ainsi que les services éducatifs et de la santé ne sont pas suffisants pour les intervenants et les intervenantes de l’État, de même que pour la population ghanéenne. Il y a peu de bureaux et d’effectifs de la DOVVSU à l’échelle municipale et communautaire. La DOVVSU est l’Unité de soutien pour les victimes de violence domestique. La DOVVSU manque de ressources et a très de peu de maisons d’hébergement pour les femmes ayant survécu à la violence sexuelle et basée sur le genre. Ces contraintes permettent aux auteurs d’actes de violence sexuelle d’agir en toute impunité. Un système démuni, avec ces failles, décevra plusieurs femmes, et peut même leur causer plus de torts.
Je crois fermement qu’il existe encore dans le système des failles qui favorisent la pratique de la violence sexuelle et basée sur le genre dans notre pays, et fait qu’il est plus difficile pour les survivantes d’avancer.
Le secteur informel est immense et on trouve de nombreuses catégories d’employés dans ces lieux de travail. Nous devons mettre la pression pour que le système mette en place des structures de lutte contre la violence sexualisée dans les secteurs informels. Le secteur informel doit avoir des politiques, ou au moins des normes de conduite à respecter face au harcèlement et à l’exploitation sexuels, ainsi qu’au viol.
J’ai rencontré des personnes qui sont survivantes de violence sexuelle et basée sur le genre dans leur lieu de travail et qui n’avaient parlé de leur problème à personne par crainte de ne pas être crues. La plupart ont fait l’objet de maltraitance de la part de leurs supérieurs et savaient qu’elles risquaient de perdre leurs emplois.
Cela peut se produire dans une exploitation agricole où l’agriculteur demande aux femmes qui cultivent ou récoltent des faveurs sexuelles si elles veulent garder leurs emplois. L’absence d’une règlementation et d’un contrôle du secteur informel signifie que ce secteur est même moins préparé pour lutter contre le harcèlement et l’exploitation sexuels. Mais c’est une réalité et ces pratiques doivent cesser, afin que la protection et la sécurité de tous les employés soient assurées.
J’ai vécu la même expérience à l’adolescence. J’ai été sexuellement abusée par un camarade de classe, mais je n’étais jamais prête à parler du problème par peur d’être stigmatisée. J’ai tu ma douleur aussi longtemps que possible jusqu’à ce je rencontre une amie qui vivait une situation similaire. Nous avons partagé nos expériences et nous nous sommes entraidées pour gérer nos peurs. Puis, nous avons décidé d’informer les autorités. Nous sommes allions ensemble à nos séances de counseling et avons adhéré à un club secret où nous rencontrions d’autres survivantes de violence sexuelle et basée sur le genre. Les entretiens avec des thérapeutes nous ont été d’une immense aide durant notre périple.
Les bureaux et d’autres lieux de travail ont-ils généralement un code de conduite à respecter en matière de harcèlement et d’exploitation sexuelle, et de violence sexuelle et basée sur le genre en général?
Selon vous, quelles sortes de sanctions devraient subir les auteurs de violence sexuelle et basée sur le genre en milieu de travail?
Vous écoutez [nom de l’émission]. Ne touchez pas ce cadran!
Juste un rappel aux auditeurs et aux auditrices que la discussion d’aujourd’hui porte sur des sujets tels que le viol en particulier et pourrait être gênante pour certains auditeurs et auditrices.
Nous avons quelqu’un au téléphone.
Bonjour, est-ce que vous nous entendez?
La violence sexuelle et basée sur le genre existe-t-elle dans les lieux de travail ruraux? Si oui, quelle est la meilleure façon de gérer ça dans des lieux de travail tels que les exploitations agricoles, les marchés ou les centres communautaires?
Si cela se produit, les gens auront l’assurance que leurs plaintes seront prises au sérieux et que les problèmes peuvent être réglés de façon impartiale. Les centres et les agences doivent avoir du soutien pour pouvoir offrir aux survivantes des conseils d’ordre financier, psychologique et professionnel en vue de lutter contre le harcèlement, l’exploitation et les abus sexuels, ainsi que d’autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre.
Le viol et le harcèlement ne peuvent pas être justifiés sur la base de l’apparence d’une personne ou sa façon de s’habiller, ou notre interprétation de sa communication comme étant un « flirt. » Nous devons changer de mentalité par rapport à laquelle si une femme s’habille d’une certaine manière, cela signifie une invitation à avoir des relations sexuelles. Si vous harcelez sexuellement une femme avec qui vous travaillez parce qu’elle flirte avec vous ou s’habille de façon attirante, cela est inapproprié et constitue une violence sexuelle ou basée sur le genre, en fonction des détails.
On ne peut justifier aucune forme de violence sexuelle ou basée sur le genre, que la personne dise explicitement ou non que ce soit quelque chose qu’elle veut.
Il est important de noter que, comme il y a toujours des inégalités de pouvoir dans un lieu de travail, lorsque d’une personne donne son consentement à son supérieur hiérarchique, cela peut être dû à sa crainte de perdre son emploi. La validité du consentement de la personne dépend de si elle a accepté par peur de représailles et si le rapport de pouvoir entre les deux est inégal. Il est important de se rappeler qu’un consentement donné par une personne qui a moins de pouvoir à une personne en position de pouvoir n’est pas valide. La personne qui a moins de pouvoir ne peut pas donner son consentement librement. C’est vrai qu’une situation implique une hiérarchie professionnelle formelle ou que les déséquilibres de pouvoir soient informels, tels que les différences au niveau de la force physique ou l’accès au transport pour quitter la situation.
Renseignez-vous sur les services disponibles pour les survivantes dans votre communauté, y compris les dispensaires et les centres pour les femmes et communiquez ces informations aux survivantes. Si vous êtes en milieu rural et que la survivante se sent à l’aise de le faire, aidez-la à aller signaler l’affaire au chef ou à l’assemblée locale ou au bureau du travail. S’il n’y a pas de bureau du travail dans votre communauté, vous pourriez signaler l’incident à la police, tout en gardant à l’esprit que les abus de pouvoir peuvent survenir dans n’importe quel contexte, et que la survivante pourrait ne pas se sentir en sécurité.
N’oubliez pas, il faut soutenir la survivante et respecter ses désirs pour éviter de la traumatiser plus ou de la mettre plus en danger.
Merci, Kojo Addo et Joycelyn Okyere. J’ai en effet appris beaucoup de notre discussion d’aujourd’hui et je crois que nos auditeurs et nos auditrices ont été éclairés également. En attendant de nous retrouver bientôt, ici [nom du diffuseur.euse], dans l’émission [nom de l’émission], sur [nom de la station radio]. Au revoir!
Acknowledgements
Remerciements :
Rédaction : Abena Dansoa, scénariste et consultante en recherche, Eagles Roar Creatives
Révision : Gina Vukojevic, chargée en égalité des genres et en inclusion (ÉGI)
Interviews :
M. Kojo Addo, travailleur social, spécialisé en développement communautaire, plaidoyer de politiques et développement des jeunes, novembre 2021—janvier 2022.
Marina Anyidado, novembre 2021.
Jennifer Amoah, consultante en communication et en recherche et militante pour la lutte contre la violence sexuelle, novembre 2021—janvier 2022.
Emefa Agbenu, commerçante. Lapaz, janvier 2022.
Akosua Adobea Danso, réceptionniste, CIAST Group, novembre 2021 — janvier 2022.
Priscilla Armah Yawson, cheffe d’entreprise (Gyasann Enterprise), janvier 2022.
M. Newman Aklamanu, couturier, novembre 2021.
Janet Odei Danso, commerçante et marchande, novembre 2021.