Travail de soins non rémunéré

Égalité des genresQuestions sociales

Script

Qu’est-ce que le travail de soins non rémunéré?

  • Le travail de soins consiste à répondre aux besoins physiques, psychologiques et émotionnels des adultes et des enfants, des personnes âgées et des jeunes, des personnes fragiles et des personnes physiquement aptes. Il comprend les activités de soins directs liées à la prise en charge des enfants, des personnes âgées, des personnes malades et des personnes handicapées, ainsi que les travaux indirects ou domestiques tels que la cuisine, le nettoyage et la collecte d’eau, de nourriture et de bois de chauffage ». (13) Le travail de soins non rémunéré englobe le soutien et les services que les individus fournissent au sein des ménages ou des communautés sans compensation financière. Il s’agit principalement de tâches qui profitent aux membres de la famille, mais qui s’étendent à l’aide apportée à des personnes extérieures au foyer, telles que les amis, les voisins et les membres de la communauté. (13) Le travail de soins non rémunéré incombe souvent aux ménages et aux communautés, et tout particulièrement aux femmes et aux jeunes filles.

Pourquoi les soins non rémunérés doivent-ils être reconnus et valorisés en tant que travail?

  • Le travail de soins non rémunéré fournit des services qui profitent non seulement aux personnes qui reçoivent directement des soins, mais aussi à la société dans son ensemble.
  • Le travail de soins non rémunéré exige un effort physique et mental. Il est coûteux en termes de temps et de ressources.
  • Le travail de soins non rémunéré prend beaucoup de temps, ce qui entraîne souvent des contraintes de temps et entrave la participation à un travail rémunéré, à des postes de direction et à l’éducation. Reconnaître que le travail de soins non rémunéré fait partie intégrante des économies et des sociétés permettrait de le considérer comme une question vitale de politique économique et sociale.
  • Le travail de soins non rémunéré peut être effectué par une personne, par exemple un employé de maison, en échange d’une rémunération.
  • Les soins non rémunérés sont essentiels au fonctionnement des sociétés et à la survie et au bien-être des ménages, des familles, des communautés et des sociétés dans leur ensemble, car ils permettent aux gens de vivre et de s’épanouir. Les personnes âgées, les malades, les handicapés et les enfants bénéficient tous de l’aide dont ils ont besoin pour accomplir les activités quotidiennes telles que se nourrir, se laver, s’habiller et se déplacer. Sans cette aide, il leur serait difficile de prendre soin d’elles-mêmes et de vivre de manière indépendante.

Historique et contexte du travail de soins non rémunéré

Les normes de genre à l’origine des soins non rémunérés

  • Les normes de genre « sont un sous-ensemble de normes sociales qui se rapportent spécifiquement aux différences entre les genres. Il s’agit de croyances informelles, profondément ancrées et largement répandues sur les rôles des hommes et des femmes, les relations de pouvoir, les normes ou les attentes qui régissent les comportements et les pratiques humaines dans un contexte social particulier et à un moment donné. Ce sont des idées ou des « règles » sur la façon dont les filles et les garçons, les femmes et les hommes sont censés être et agir ». (19)
  • Les normes discriminatoires en matière de genre sont exprimées et maintenues par des règles de comportement dans la vie quotidienne, ainsi que par les structures sociales, les systèmes éducatifs et les médias. Elles prennent racine dans la famille et sont rapidement intériorisées au cours de l’enfance et deviennent partie intégrante du comportement et des attitudes des enfants.
  • Les normes sociales, culturelles et de genre en Afrique subsaharienne (et ailleurs) considèrent les hommes comme les soutiens de famille et les femmes comme responsables des soins non rémunérés. Les hommes sont découragés de participer aux soins non rémunérés, tandis que les femmes et les filles sont obligées d’en effectuer la plus grande partie. Au Mali et au Burkina Faso, par exemple, les hommes qui effectuent des tâches non rémunérées sont ridiculisés, et tant les hommes que les femmes considèrent que cette ridiculisation est justifiée. Ce type de sanctions communautaires à l’encontre des hommes qui assistent leur femme dans les tâches ménagères encourage les hommes à se conformer aux inégalités existantes en les stigmatisant et en leur faisant perdre leur statut, ce qui les dévalorise et les marginalise. Dans le district de Kabale, en Ouganda, les chercheurs ont constaté que les hommes qui travaillent avec leurs femmes dans la cuisine sont considérés comme ayant été soumis au kibwankulata (sorcellerie) par leurs épouses. « Un dicton courant compare un homme qui s’occupe des soins à un chien qui suit son maître où qu’il aille. Ces croyances découragent les hommes de partager les responsabilités en matière de soins ». (12)
  • Les femmes et les filles sont désavantagées par le fait que leur rôle se limite au foyer, alors que les attentes des hommes se situent généralement à l’extérieur du foyer. Le rapport régional de l’indice 2021 sur le genre et les institutions sociales pour l’Afrique (8) note que « les femmes africaines sont actuellement confrontées au niveau le plus élevé de discrimination dans les lois, les normes sociales et les pratiques par rapport aux femmes d’autres régions du monde ».
  • Au Burkina Faso, Pag la Yiri est une expression courante en langue mooré, qui se traduit par « la femme est le foyer ». Cette expression reflète une attitude profondément enracinée concernant la place des femmes dans la société en tant que « gardiennes du foyer ». Cette attitude est façonnée par des facteurs tels que la religion, la culture et le niveau de revenu.
  • Bien que les recherches montrent des attitudes positives à l’égard du travail rémunéré des femmes en Afrique subsaharienne, l’image de l’homme comme soutien de famille et de la femme comme dispensatrice de soins persiste. (13)
L’ampleur du travail de soins non rémunéré

  • Les femmes d’Afrique subsaharienne consacrent 4 heures et 25 minutes par jour aux soins non rémunérés, contre 1 heure et 23 minutes pour les hommes, ce qui signifie que les femmes consacrent 3,2 fois plus d’heures aux soins non rémunérés que les hommes (11, 13). Les femmes rurales d’Afrique subsaharienne ont tendance à consacrer plus de temps aux soins non rémunérés que les femmes urbaines. Par exemple, les femmes des zones rurales du Mali consacrent en moyenne quatre heures et 22 minutes aux soins non rémunérés, contre deux heures et 18 minutes pour les femmes des zones urbaines du Mali. En Éthiopie, les femmes rurales consacrent trois heures et 26 minutes par jour à des tâches non rémunérées, contre deux heures et 57 minutes pour les femmes urbaines.
  • Dans le monde, 16,4 milliards d’heures sont consacrées chaque jour à des activités de soins non rémunérées, selon les estimations de l’Organisation internationale du travail (OIT) (9). Cela équivaut à deux milliards de personnes qui travaillent huit heures par jour sans être rémunérées. L’OIT évalue cette contribution à 11 milliards de dollars.
  • Au Burkina-Faso, 92% de la population pense que le rôle de l’homme est de soutenir financièrement sa famille, et 33% pensent qu’un homme qui s’occupe des soins et des tâches domestiques au lieu d’exercer un travail rémunéré n’est pas digne d’estime. (4, 10)
Pour plus d’informations, voir également le document 6.

Pourquoi est-il important de parler du travail non rémunéré à la radio (et ailleurs)?

  • De nombreux ménages ne songent pas à valoriser le temps que les femmes et les filles consacrent à la corvée d’eau, à la cuisine, au balayage, aux soins des enfants et d’autres personnes, etc. Au contraire, ils considèrent que cela va de soi. C’est pourquoi le travail de soins non rémunéré est appelé « travail invisible ».
  • Les femmes et les jeunes filles sont tellement occupées par le volume disproportionné des tâches non rémunérées qu’elles sont plus vulnérables à la pauvreté et à la fatigue physique et émotionnelle ou à l’épuisement professionnel. Cette situation limite les possibilités de travail rémunéré des femmes et nuit à leur santé et à leur bien-être.
  • Le manque d’infrastructures adéquates (par exemple, l’électricité, les crèches, les équipements permettant d’économiser du temps de travail comme les moulins), qui devraient être fournies par les gouvernements, augmente le travail de soins non rémunéré des femmes et des jeunes filles.
  • Bien que tout le monde s’accorde à dire qu’il est bénéfique pour la société, le travail de soins non rémunéré n’est généralement pas reconnu ni valorisé.
  • En reconnaissant l’importance des soins non rémunérés, il est essentiel de mettre en évidence les inégalités entre les genres dans la répartition des soins non rémunérés, d’évaluer l’impact économique des soins non rémunérés et de promouvoir des politiques et des mesures de soutien appropriées.
  • Les femmes jouent un rôle clé dans la production agricole et la sécurité alimentaire des ménages, mais leurs responsabilités en matière de soins non rémunérés, y compris le fait qu’on s’attende à ce qu’elles travaillent en tant que aidantes non rémunérées dans les exploitations familiales, sont l’une des principales raisons de l’écart entre les hommes et les femmes en matière de productivité agricole. (13)
  • Il est important de reconnaître, de redistribuer et de réduire le travail de soins non rémunéré.
Pour plus d’informations, voir également les documents 5, 7, et 11.

L’économie des soins non rémunérés

  • Si les soins non rémunérés étaient remplacés par des services professionnels, le coût financier pour les individus et la société dans son ensemble serait élevé. Les soins non rémunérés permettent donc d’économiser des ressources économiques précieuses.
  • Les activités de soins non rémunérées limitent non seulement la capacité des femmes à trouver du temps pour un emploi rémunéré, mais aussi leur choix d’emploi, la qualité de leu emploi, ainsi que leur lien avec le monde du travail et leur continuité dans celui-ci. Des politiques visant à assouplir les conditions de travail, à limiter la durée du travail, à accorder un congé parental aux deux parents et à mettre en place des services de garde d’enfants et de soins aux personnes âgées accessibles, abordables et de qualité pourraient stimuler la participation des femmes au marché de l’emploi. Elles pourraient également réduire l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes et contribuer à une répartition plus équitable des responsabilités ménagères et des soins entre les hommes et les femmes.

  • Répondre aux inégalités de genre associées aux soins non rémunérés en investissant dans les services de soins et les initiatives de protection sociale, y compris la fourniture de services de garde d’enfants et de soins aux personnes âgées, permettrait non seulement de réduire le travail de soins non rémunéré, mais aussi de créer des opportunités de travail décent. D’ici à 2035, cette approche pourrait générer près de 300 millions d’emplois. (9)
  • On estime que le travail de soins non rémunéré représente 7,2 % du PIB en Éthiopie, 7,9 % en Tanzanie et 8,8 % en Afrique du Sud. (13) Le fait de ne pas inclure le travail de soins non rémunéré dans le PIB sous-estime l’activité économique totale et le bien-être social. Pour comptabiliser le travail de soins non rémunéré dans le PIB, les États doivent reconnaître et quantifier avec précision le temps et le travail consacrés aux soins non rémunérés de manière à les intégrer dans les systèmes de comptabilité nationale.

 

L’impact du travail de soins non rémunéré

L’impact sur la vie professionnelle et personnelle des travailleuses de soins non rémunérés

  • Le travail de soins non rémunéré compromet la capacité des personnes à concilier travail rémunéré et vie privée ou à s’engager dans un emploi rémunéré. Les travailleuses doivent essayer d’allier la responsabilité des soins non rémunérés à la maison à l’obligation d’être ponctuelles et présentes au travail.
  • Il faut tenir compte des circonstances et des défis particuliers auxquels sont confrontées les femmes rurales, qui travaillent à la fois dans les champs pour semer et désherber et pour effectuer d’autres tâches agricoles, ainsi que dans les cuisines pour préparer les repas et nourrir la famille.
L’impact sur l’accès des filles à l’éducation

  • Dans la plupart des cas, les femmes s’appuient sur d’autres femmes et filles du ménage pour les aider dans les tâches domestiques telles que la garde des enfants et la production agricole. Dans de nombreux cas, cette situation affecte négativement les adolescentes. Cela peut influer sur leur assiduité scolaire ou les amener à abandonner l’école, perpétuant ainsi les cycles de discrimination et d’inégalité entre les genres.
L’impact sur la participation politique et sociale des femmes

  • Le manque de valorisation du travail de soins non rémunéré, sa localisation au sein du foyer et le temps nécessaire pour assumer de multiples responsabilités sont autant de facteurs qui peuvent empêcher les femmes de participer aux forums décisionnels locaux et à la vie politique, d’assumer des rôles de leadership au sein de la communauté ou simplement de partager leurs opinions. Cette exclusion des femmes de la vie publique renforce les stéréotypes selon lesquels les femmes sont des citoyennes de seconde zone sans pouvoir, et perpétue les inégalités entre les genres et les cycles de pauvreté.
Une question d’équité sociale

  • En Afrique subsaharienne, 73,7 % des hommes font partie de la population active, contre 62,1 % des femmes. (20) Mais ces chiffres masquent l’importance réelle de la contribution économique des femmes. Dans les pays à faible revenu, les femmes sont moins actives sur le marché du travail que les hommes, mais leurs journées de travail sont interminables. (2) En Afrique subsaharienne, les femmes actives sont beaucoup plus susceptibles d’être des travailleuses « vulnérables » : 81,3 % de la main-d’œuvre féminine est classée dans cette catégorie, contre seulement 61,8 % des travailleurs masculins. La Banque mondiale définit le « travail vulnérable » comme comprenant les types d’emplois indépendants associés à des revenus et à une sécurité d’emploi moindres.
  • La mise en évidence de ce type de disparité entre les genres peut sensibiliser à la nécessité d’une répartition plus équitable du travail de soins non rémunéré au sein des ménages, des communautés, de l’État et du secteur privé (voir la section sur le « diamant des soins » ci-dessous.) Le travail invisible des soins non rémunérés peut être rendu visible en reconnaissant l’importance et l’impact économique du travail de soins non rémunéré sur la société. Les politiques publiques qui soutiennent le travail de soins rémunérés des femmes et les investissements publics peuvent contribuer à réduire et à redistribuer ce travail non rémunéré.
La fracture rurale-urbaine

  • Les inégalités entre les zones rurales et urbaines mettent en évidence la difficulté des soins non rémunérés pour les résidents ruraux. Les femmes urbaines bénéficient d’une plus grande indépendance du fait qu’elles vivent loin des liens familiaux et des normes sociales restrictives. Mais elles souffrent également de la perte des réseaux traditionnels de soutien, en particulier pour la garde des enfants. Pour compenser ce manque de soutien, les femmes à revenu moyen se tournent vers une main-d’œuvre domestique rurale de plus en plus nombreuse pour transférer leurs responsabilités en matière de soins (11).
Changement climatique

  • L’Afrique subsaharienne est très sensible aux effets du changement climatique, ce qui multiplie les défis existants dans les zones rurales, en particulier pour les femmes et les jeunes filles qui luttent déjà contre le manque d’infrastructures de base. Les agricultrices sont affectées par les sécheresses exacerbées par le changement climatique en ce qui concerne leur capacité à gagner un revenu et à accéder à des ressources telles que l’eau, le carburant et la nourriture pour leur famille. Selon l’UNICEF, 2,7 millions d’enfants n’allaient pas à l’école en 2022 en raison de la sécheresse persistante, et on estime que quatre millions d’enfants en Éthiopie, au Kenya et en Somalie risquaient d’abandonner l’école, ce qui oblige les mères à assumer des responsabilités accrues en matière de soins non rémunérés. (13)

Quelles sont les solutions aux inégalités entre les genres dans le domaine des soins non rémunérés?

Reconnaître et valoriser le travail de soins non rémunéré

  • Les gouvernements peuvent mettre en place des politiques et des programmes visant à reconnaître et à valoriser le travail de soins non rémunéré. Cette démarche peut inclure des campagnes de sensibilisation, des programmes de formation pour les aidantes familiales et des certifications ou diplômes spécifiques pour le travail de soins.
Concilier vie professionnelle et vie familiale

  • Les gouvernements peuvent adopter des politiques qui favorisent l’accès aux infrastructures de base et aux services publics essentiels tels que l’électricité, les soins de santé, l’eau, la garde d’enfants, les écoles et les transports. Ils peuvent également adopter des politiques et des programmes qui distribuent ou favorisent l’accès à des appareils ménagers modernes, tels que les cuisinières à gaz, qui peuvent réduire la pénibilité du travail et le temps passé à l’accomplir, permettant ainsi aux femmes de participer à l’éducation, au leadership et à la prise de décision. Mais les améliorations doivent garantir que les soins restent disponibles et abordables pour tous.
Moderniser l’équipement pour réduire la charge du travail de soins non rémunéré

  • Des fourneaux modernisés, des équipements de lavage, des moulins accessibles et d’autres types d’équipements peuvent réduire le temps et l’intensité du travail pour des tâches telles que la corvée d’eau, le traitement des récoltes familiales et le ramassage du bois de chauffage pour les femmes qui s’occupent de tâches non rémunérées. Une étude menée dans les zones rurales du Sénégal a montré que l’investissement dans de petits systèmes de canalisation d’eau permettait aux femmes de gagner du temps qu’elles utilisaient ensuite pour créer de nouvelles entreprises d’élevage et de jardinage. (17)
Promouvoir une masculinité positive – déféminiser l’image du travail de soins

  • Les ambassadeurs de bonne volonté et les chefs traditionnels peuvent diffuser des messages visant à modifier les normes qui limitent le travail de soins non rémunéré aux femmes. Il s’agit de sensibiliser le public aux stéréotypes discriminatoires qui perpétuent l’inégalité du travail de soins et d’encourager les hommes, les garçons, les autres membres de la famille, les membres de la communauté, les hommes d’affaires, les politiciens et les fonctionnaires, les anciens, les chefs religieux et les médias à promouvoir des mesures qui reflètent une masculinité positive.
  • Les hommes sont plus enclins à s’engager dans le travail de soins lorsqu’ils sont conscients de sa valeur et de l’investissement en temps et en connaissances qu’il requiert. Si la perception collective du travail de soins est plus positive, et surtout si elle est soutenue par un leader respecté, les hommes sont plus susceptibles de s’impliquer. Toutefois, il est important de veiller à ce que les portes-parole soient des acteurs locaux, afin que la communauté n’ait pas l’impression d’être imposée de l’extérieur. Changer les attitudes est un processus à long terme.
  • La plupart des stéréotypes sont développés et perpétués au sein du cercle familial. Les programmes radiophoniques et les stratégies de communication peuvent offrir d’autres visions et promouvoir le partage des responsabilités en matière de soins en stimulant la discussion et en changeant les attitudes, les comportements et les valeurs. Cette stratégie utilise le pouvoir de la communication et de la radio pour mettre en lumière la participation des hommes aux tâches non rémunérées.
Promouvoir une culture de la responsabilité partagée

  • La réduction de la quantité de soins non rémunérés et le partage des tâches domestiques au sein du ménage, ainsi que dans le secteur privé et au sein du gouvernement, renforceront l’autonomie économique des femmes, car elles auront plus de temps à consacrer à elles-mêmes, à leur famille et à leur travail rémunéré. (11) La campagne HeforShe d’ONU Femmes permet aux hommes d’être solidaires des femmes pour l’égalité des genres, d’incarner une masculinité positive en travaillant avec les femmes et entre eux pour créer des entreprises, élever des enfants et rendre service à leurs communautés. (18)
Promouvoir la Journée internationale des soins et de l’assistance

  • En juillet 2023, l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 29 octobre Journée internationale des soins et de l’assistance a appelé les États membres, le système des Nations Unies, la société civile, le secteur privé et le public à observer cette journée chaque année. La Journée internationale des soins et de l’assistance vise à reconnaître et à attirer l’attention sur les problèmes liés au travail de soins non rémunéré et souligne la nécessité de s’attaquer aux obstacles systémiques qui perpétuent le travail de soins non rémunéré en fonction du sexe. (4)

Le « diamant des soins »

  • Le fait que les ménages et les communautés assument la responsabilité de la grande majorité des tâches de soins entraîne divers types d’injustices, y compris des inégalités entre les genres. Les soins non rémunérés dispensés au sein des familles peuvent être considérés comme faisant partie du diamant des soins (voir figure ci- dessous), qui comprend quatre institutions susceptibles de dispenser des soins :
    • L’État peut fournir, par exemple, des soins rémunérés dans un hôpital public, des infrastructures publiques liées à l’eau et à l’énergie, des politiques favorables aux soins et des réglementations du travail favorables.
    • Les soins du secteur privé (marché), par exemple les garderies privées. Les soins du secteur privé sont source d’emploi, d’innovation et d’investissement dans divers secteurs de soins et garantissent que les travailleur.euse.s du secteur des soins sont protégés et bénéficient d’avantages sociaux adéquats. (15, 17)
    • Les services communautaires à but non lucratif, par exemple, les cliniques gérées par des ONG actives dans le domaine de la santé.
    • Familles et ménages.
  • Le travail de soins est une coresponsabilité et devrait être traité comme tel, conformément au diamant des soins. Il convient d’instaurer un partage plus équitable des responsabilités en matière de soins non rémunérés, les gouvernements devant notamment assumer une plus grande part de responsabilité dans la fourniture de soins.
  • Il existe quatre façons de redistribuer le travail de soins non rémunéré en fonction du diamant des soins :
    • Garantir un investissement public suffisant dans les services de soins pour répondre aux besoins régionaux en matière de soins ;
    • La mise à disposition de services de soins publics et la mise en place d’infrastructures de base ;
    • Mettre l’accent sur le rôle des employeur.euse.s des secteurs public et privé dans l’adoption de politiques de lieux de travail favorables aux soins ; et
    • Transformer les attitudes, y compris celles des chefs traditionnels et religieux, afin de promouvoir la participation accrue des hommes aux soins non rémunérés.
Voir les documents 16 et 17.

L’approche des 5R

Le recadrage par Affaires mondiales Canada de l’approche des 5R de l’Organisation internationale du travail promeut les types de solutions suivants pour remédier aux inégalités associées aux soins non rémunérés :

  • Reconnaître la valeur du travail de soins non rémunéré et mal rémunéré ;
  • Réduire la pénibilité et le nombre d’heures consacrées aux soins non rémunérés ;
  • Redistribuer plus équitablement les responsabilités en matière de soins, tant au sein du ménage qu’à l’extérieur ;
  • Veiller à ce que les travailleur.euse.s non rémunérés et rémunérés du secteur des soins soient représentés et aient voix au chapitre ; et
  • Réaliser les droits des travailleur.euse.s de soins non rémunérés et rémunérés et répondre à leurs besoins. (1)
Voir également les documents 4 et 5.

Acknowledgements

Rédigé par : Ouabouè Bakouan, Journaliste à Global Média Burkina

Révisé par : Zahra Sheikh Ahmed, analyste de programme, autonomisation économique des femmes, bureau régional d’ONU Femmes pour l’Afrique orientale et australe, Nairobi

Information sources

  1. Gouvernement du Canada, sans date. L’approche féministe du Canada pour aborder la prestation de soins non rémunérée et rémunérée dans le contexte de l’aide internationale. https://www.international.gc.ca/world-monde/issues_development-enjeux_developpement/priorities-priorites/fiap_care_work-paif_prestation_soins.aspx?lang=fra
  2. Inter-réseaux Développement Rurale, 2023. Analyse de controverses – Travail de soins non rémunérés en Afrique de l’Ouest. https://www.inter-reseaux.org/publication/analyse-de-controverse-travail-de-soin-non-remunere-en-afrique-de-louest/
  3. Marcus, R., and Harper C., 2015. Social Norms, Gender Norms and Adolescent Girls: A Brief Guide. Research and Practice Note. London: Overseas Development Institute. https://cdn.odi.org/media/documents/9818.pdf
  4. OCDE Centre de Développement, 2018. Étude Pays SIGI-Burkina Faso. https://www.oecd.org/development/gender-development/ETUDE-PAYS-SIGI-BURKINA-FASO.pdf
  5. OECD Development Centre, 2014. Unpaid Care Work: The missing link in the analysis of gender gaps in labour outcomes. https://www.oecd.org/dev/development-gender/Unpaid_care_work.pdf
  6. ONU Femmes, 2023. La Mesure et la valorisation du travail de soins non rémunère au Mali. https://africa.unwomen.org/sites/default/files/2023-06/20230419_UN%20Women_Policy%20brief%20Mali_FR_Final_web%20pages.pdf
  7. Organisation for Economic Co-operation and Development, 2023. Gender equality in times of crisis: SIGI Global Report 2023. https://www.oecd-ilibrary.org/sites/4607b7c7-en/index.html?itemId=/content/publication/4607b7c7-en
  8. Organisation for Economic Co-operation and Development, 2021. SIGI 2021 Regional Report for Africa, 2021. https://www.oecd-ilibrary.org/sites/a6d95d90-en/index.html?itemId=/content/publication/a6d95d90-en
  9. Organisation internationale du Travail, 2022. Soin à autrui au travail : Investir dans les congés et services de soin à autrui pour plus d’égalité de genre dans le monde du travail. https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/documents/publication/wcms_850634.pdf
  10. Organisation internationale du Travail, 2021. Manuel sur la mesure du travail bénévole. https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—stat/documents/publication/wcms_166579.pdf
  11. Organisation internationale du Travail, 2019. Prendre soin d’autrui: Un travail et des emplois pour l’avenir du travail décent. https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/—dgreports/—dcomm/—publ/documents/publication/wcms_712833.pdf
  12. Oxfam, 2018. Gender Roles and the Care Economy in Ugandan Households: The case of Kaabong, Kabale and Kampala Districts. Final report. https://oxfamilibrary.openrepository.com/bitstream/handle/10546/620532/rr-gender-roles-care-economy-uganda-130818-en.pdf?sequence=4
  13. UN Women, 2024. The Care Agenda: A Regional Perspective for East and Southern Africa. https://africa.unwomen.org/sites/default/files/2024-01/esa_care_framing_final_2b_3.pdf
  14. UN Women, 2023. Why women earn less: Gender Pay Gap and Labour-Market Inequalities in East and Southern Africa. https://africa.unwomen.org/sites/default/files/2023-10/gpg_regional_report_un_women.pdf
  15. UN Women, 2022. A Toolkit on Unpaid and Paid Care Work: From 3Rs to 5Rs. https://www.unwomen.org/sites/default/files/2022-06/A-toolkit-on-paid-and-unpaid-care-work-en.pdf
  16. UN Women, 2015. Economic Growth and Social Reproduction: Gender Inequality as Cause and Consequence. Discussion Paper #5, September 2015. https://www.unwomen.org/sites/default/files/Headquarters/Attachments/Sections/Library/Publications/2015/gender%20inequality%20as%20cause%20and%20consequence.pdf
  17. UN Women, sans date. Redistributing Unpaid Care and Sustaining Quality Care Services: A Prerequisite for Gender Equality. Policy Brief No. 5. https://www.unwomen.org/sites/default/files/Headquarters/Attachments/Sections/Library/Publications/2016/UN-Women-Policy-brief-05-Redistributing-unpaid-care-en.pdf
  18. UN Women HeforShe site web. https://www.heforshe.org/fr
  19. UNICEF, 2020. Note technique sur les normes de genre. https://www.unicef.org/media/104821/file/Gender-norms-technical-note-2020-French.pdf
  20. World Bank. Portail de données sur le genre. https://genderdata.worldbank.org/regions/sub-saharan-africa/

 

Interviews

Kambou Géneviève, femme au foyer, Dano, Burkina Faso

Sidonie Somé, sage-femme, centre de santé de Dano, Burkina Faso

Jacques Ouedraogo, sociologue, Centre des hautes études sur le développement, Dano, Burkina Faso

Tous les entretiens ont été réalisés en décembre 2023.

 

Ce reportage a été réalisé dans le cadre du projet « UCARE – Unpaid Care in Sub-Saharan Africa », qui vise à renforcer l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes par un engagement en faveur d’une répartition plus juste et plus équitable des soins non rémunérés et du travail domestique au sein des ménages et des familles en Afrique subsaharienne. Ce projet est mis en œuvre en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI), ONU Femmes et le Réseau de développement et de communication des femmes africaines (FEMNET), avec le financement d’Affaires mondiales Canada.