Notes au radiodiffuseur
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Le nombre de personnes qui meurent de la pandémie du SIDA est alarmant. Mais, même si le virus détruit des collectivités entières, certaines personnes ont encore de la difficulté à croire que la maladie existe vraiment. Le VIH/SIDA est considéré comme un «poison lent» et le blâme est souvent jeté sur la sorcellerie. Certaines personnes pensent que c’est une punition de Dieu. Dans la dramatique qui suit, des villageois font face à la réalité, que le SIDA existe vraiment et que le SIDA tue.
Comme toujours, adaptez le texte en utilisant des informations et de la musique qui sont pertinentes à votre situation locale.
Texte
Personnages
Animateur
Ma Biy – épouse de Pa Ngong
Pa Ngong – époux de Ma Biy
Tah – ami de Pa Ngong
Lamfu – leader du Forum de mobilisation des hommes (FMH)
Infirmière – infirmière du Centre de santé
Ma Nkem – femme endeuillée
Joe – crieur du village
Fooy – femme enceinte ayant le SIDA
Fon – chef traditionnel aîné
Animateur:
Bienvenue à l’émission. La dramatique d’aujourd’hui a pour titre : «Transmettez le message mais pas le virus». N’oubliez pas que, même si notre dramatique est une histoire et ne parle pas de vraies personnes dans un vrai village, les situations qu’elle dépeint sont très vraies.
Musique: John Minang sur le VIH/SIDA. 20 secondes puis fermeture en fondu.
Pleurs d’un bébé. Des bruits de pas approchent et on frappe à la porte.
Ma Biy:
Pa Ngong! Où es‑tu? Où es‑tu, mon mari? Il y a de mauvaises nouvelles!
Pa Ngong:
Que se passe‑t‑il, femme? Ne pouvez‑vous pas arrêter de faire des commérages dans cette maison?
Ma Biy:
Hé! Hé? Peux‑tu croire que le fils de Bonjeh, celui qui travaille près de notre ferme à café dans la vallée de Ngham, n’est plus? Il… il est mort. Il est mort sur la côte où il travaillait comme manœuvre.
Pa Ngong:
Tais‑toi! Qui t’a dit cela?
Ma Biy:
Ma Nkem. Il est mort du SIDA.
Tah:
(Hors micro) Que se passe‑t‑il ici? Pourquoi vous disputez‑vous, Ngong?
Pa Ngong:
De mauvaises nouvelles au sujet du fils de Bonjeh.
Tah:
(
Hors micro) Que s’est‑il passé?
Tah:
(
poussant un cri) Biy! Biy! Viens ici – que s’est‑il passé?
Ma Biy:
(
sanglotant et pleurant) Mauvaises nouvelles… Ngum est mort hier à…
Tah:
Oh! (
tapant dans ses mains) Le poison lent, encore lui.
Pa Ngong:
Nous devons nous venger. Quelqu’un a tué ce garçon à cause de sa richesse.
Tah:
Il est revenu à la maison pour se marier et a ensuite laissé sa femme ici il y a deux mois.
(soupirs) Pauvre fille! Elle sera probablement malade d’ici peu.
Ma Biy:
Avant de partir d’ici, il était infecté par le SIDA.
Pa Ngong:
(
en colère) Quitte ce lieu, vas‑t’en! Ce sont des commérages! Vous pensez que cette infirmière en sait plus que notre oracle à Lumetu?
Tah:
Allons‑y, Ngong. Nous devons parler de cela avec les autres hommes.
Arrivée lente de la musique. À mesure que l’intensité augmente, on entend le bruit des applaudissements, de la musique et de la fête. Puis fondu soutenu.
Lamfu:
(
d’une voix aiguë et vive) Vous êtes les bienvenus à ce forum sur le développement. (
Des réactions admiratives en arrière‑plan) Vous tous du peuple Oku présents ici avez un don pour la médecine traditionnelle. Nous avons tant d’herbes à Lake Oku que nous pourrions combattre une guerre! (
Des acclamations en arrière‑plan) La semaine prochaine, nous commencerons à creuser la route vers Elak et Feking, alors préparez‑vous! Après quelques danses, nous aurons des informations, et ensuite encore du vin.
Musique, danse et cris, puis fondu soutenu.
Lamfu :
Qui a des nouvelles au sujet du développement de ce village?
Une voix hors micro:
(
chuchotements à voix haute) Pa Ngong a une question.
Lamfu:
Vas‑y Ngong. (
À voix haute) Cessez de faire du bruit!
(Arrêt de la musique)
Pa Ngong:
Le fils de Ma Bonjeh est… est… n’est plus. Il est mort sur la côte, a dit ma femme. Les travailleurs de la santé disent que c’est le SIDA.
Silence pendant quelques secondes, puis quelqu’un tousse.
Voix masculine:
C’est la sorcellerie… le poison lent. Je ne peux pas le croire – ce gamin était trop riche… Ils ont dû le tuer pour prendre sa femme et…
2e voix masculine:
(
l’interrompant) Oui! Les dieux du village sont peut‑être en colère. Nous devons consulter les dieux pour nous renseigner sur la mort du gamin.
Du bruit et des discussions.
Lamfu:
Silence! Silence! Rentrons tous chez nous. Je vais rencontrer personnellement la travailleuse de la santé.
Des bruits de voix qui se dispersent dans toutes les directions.
Musique: sur le SIDA. 15 secondes puis fermeture en fondu.
Lamfu:
Infirmière, infirmière… êtes‑vous là? Le chemin jusqu’à Mbam est trop long.
Infirmière:
Qu’est‑ce que c’est? Pa Lamfu, est‑ce vous? Entrez! Comment allez‑vous et comment va votre ferme?
Lamfu:
(arrivant au micro) Mieux! Merci de m’inviter à m’asseoir.
Lamfu :
Infirmière, pourquoi trompez‑vous nos gens? Quand ils meurent, pourquoi faut‑il que vous fassiez des commérages? Vous poussez nos femmes à être obstinées et à mentir.
Infirmière :
Qu’ai‑je fait et qu’ai‑je dit pour provoquer tout cela?
Lamfu :
Qui a dit que le fils de Bonjeh de Ngham est mort du SIDA?
Infirmière :
(
rires) Eh bien, ce n’est pas ma place de répondre par oui ou par non à cette question. Mais beaucoup de gens meurent.
Lamfu :
Pourquoi en parlez‑vous tant à nos femmes et à nos gens?
Infirmière :
La maladie n’a pas de remède. Pas même les médecins traditionnels près de Lake Oku ne peuvent la guérir. Elle tue des milliers de personnes. Si vous couchez avec plus d’une femme, vous pouvez l’attraper.
Lamfu :
Je… Je… J’espère que vous n’insultez pas Fon, notre chef, qui en a 120…
Infirmière :
(
l’interrompant) Non, non! Il devrait rester avec elles et elles devraient rester avec lui. Saviez‑vous que, l’an dernier, 413 personnes sont mortes du SIDA à Oku et que 304 sont infectées, dont une majorité sont des jeunes? Si vous doutez de mes paroles, Pa Lamfu, venez et allons rendre visite à quelques patients.
Lamfu:
Oui, allons‑y!
Bruit de porte qui se ferme, pause, puis on frappe à la porte avec persistance.
Nkem :
Oui… entrez. Bienvenue, infirmière.
Infirmière :
Comment vous sentez‑vous aujourd’hui?
Nkem :
Mieux. J’ai de la nourriture à manger mais pas de médicaments à prendre… mon mari est encore sur la côte et mon fils n’est plus…
Nkem :
(
sanglotant) J’ai entendu dire que mon mari aussi est malade… je me meurs chaque jour de la malaria.
Infirmière:
Venez à la clinique demain et nous vous donnerons quelques médicaments.
Lamfu :
(nerveusement) Eh, partons!
Bruit de porte qui se ferme.
Lamfu :
(
criant) Oh, la la! (
Le bruit diminue à mesure qu’il s’éloigne)
Musique avec thème du SIDA, puis fermeture en fondu.
Lamfu :
S’il te plaît, mon fils, prend le tambour parleur et convoque une réunion du village! Tu entends? Dis aux hommes, aux enfants, aux femmes, aux filles… nous voulons les voir dans le palais de Fon.
Joe :
Oui, papa.
Pleurs de bébé, bruits d’une hache fendant du bois. Puis arrivée de pleurs d’une femme.
Ma Biy:
Qu’est‑ce qui se passe? Qu’est‑ce qui ne va pas?
Fooy:
Je suis… enceinte et le médecin dit que je suis séropositive… (
sanglotant). Comment puis‑je convaincre mon mari qu’une autre grossesse peut me faire perdre la vie alors qu’il ne croit même pas que le SIDA existe parce qu’il est herbaliste?
Ma Biy :
Calme‑toi… tu dois aller chercher des médicaments antirétroviraux. L’infirmière dit qu’elle va parler bientôt aux gens qui fabriquent les médicaments. Et elle va essayer de convaincre ton mari qu’il doit passer un test pour le SIDA et avoir des relations sexuelles protégées. Le seul usage de médicaments antirétroviraux n’est pas suffisant.
Joe :
(
à voix haute et claire, comme un crieur) Réunion aujourd’hui à la demeure du chef du village! Hommes! Femmes! Filles et garçons devraient y assister.
Pause puis bruits de villageois qui se rassemblent. Trois battements de mains et le bruit s’estompe.
Fon :
Nous vous avons tous convoqués ici pour écouter l’infirmière. Elle va nous dire pourquoi, au cours des trois dernières années, tant de gens meurent dans ce village et pourquoi tous nos efforts traditionnels ont échoué. Madame l’infirmière?
Infirmière :
Mbeh’ (
salutation traditionnelle à un chef traditionnel). Je suis venue vous dire, gens d’Oku, que le syndrome d’immunodéficience acquise, ou SIDA, existe vraiment. Pour ceux d’entre vous qui ont une épouse, restez avec elle. Si vous ne pouvez pas rester avec une seule femme, utilisez un condom. Beaucoup d’entre nous meurent par ignorance. À partir d’aujourd’hui, faisons en sorte qu’il n’y ait plus de contestations. Si vous voulez vous marier, passez votre test pour le VIH/SIDA. Le Centre de santé d’Elak fait du dépistage volontaire et des tests gratuitement. (
Insérez ici des informations locales) (
D’une voix forte) Transmettez le message mais pas le virus.
(Acclamations de femmes en arrière‑plan).
Fon :
Mes sujets, vous l’avez entendue. Retournons chez nous et demandons à nos enfants qui travaillent sur la côte de revenir à la maison et de se joindre à nous pour lutter contre la pauvreté et le SIDA.
Lamfu :
(
À voix haute) J’ai capitulé devant ma femme. (
des rires) Ce n’est pas une plaisanterie. Retournez chez vous et faites attention.
Des bruits de voix qui partent dans différentes directions, jusqu’au silence.
Ma Biy:
Pa Ngong, j’espère que tu as compris la vérité aujourd’hui et que tu ne diras plus de bêtises!
Pa Ngong :
Allons parler à nos enfants et leur dire que le SIDA existe vraiment et qu’il se répand comme un feu de brousse.
Ma Biy :
Oui, mon mari. Eh bien, nous n’avons qu’une seule chose à faire…
Ma Biy et Pa Ngong :
Transmettre le message mais pas le virus.
Arrivée de l’indicatif musical pendant quelques secondes, puis fermeture en fondu.
Animateur :
Merci d’avoir écouté notre émission. À la semaine prochaine, même heure et même station radiophonique.
Acknowledgements
Rédaction : Aaron Kah, Abakwa FM, Cameroun.
Révision : Gladys Mutangadura, Commission économique pour l’Afrique, Lusaka, Zambie.
Remerciements :
L’Association des médecins traditionnels.
FMH – Forum de mobilisation des hommes
John Minang – musique de l’album «AIDS kills»
Information sources
Centre de santé d’Elak, Oku
Groupe technique provincial de lutte contre le VIH/SIDA, Province du Nord Ouest, Cameroun
Docteur Ngum John, Hôpital baptiste Banso, C.P. 1, Bamenda, Province du Nord Ouest, Cameroun
Convention baptiste du Cameroun
Union des étudiants d’Oku, C.P. 218, Division de Bui, Cameroun