Notes au radiodiffuseur
Notes au radiodiffuseur.euse.s
L’adaptation au changement climatique est un défi majeur pour les nations africaines, y compris le Cameroun. Comme d’autres pays, le Cameroun élabore et met en œuvre des plans d’adaptation au changement climatique. Mais pour élaborer des politiques d’adaptation efficaces, le pays a besoin de meilleures informations sur la manière dont son climat va changer et sur les risques que ce changement va présenter. En outre, il existe actuellement peu d’indications sur les pratiques que les agriculteur.trice.s peuvent utiliser pour s’adapter au mieux aux changements climatiques auxquels ils seront confrontés.
Pour contribuer à combler ces lacunes, une organisation allemande, l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat, a procédé à une évaluation scientifique approfondie de la manière dont le climat camerounais est susceptible d’évoluer au cours des prochaines décennies et de l’impact que ces changements pourraient avoir sur les agriculteur.trice.s.
Outre l’étude de l’évolution prévisible du climat du pays, les chercheurs ont également étudié comment les pratiques d’adaptation pouvaient bénéficier aux agriculteur.trice.s camerounais.es et si elles pouvaient les aider à faire face avec succès aux effets du changement climatique.
Ce texte est une conversation fictive entre deux animateurs radio. L’Animateur 2 présente l’étude scientifique de l’Institut de Potsdam. L’Animateur 1 pose des questions sur ce que l’étude a découvert et l’Animateur 2 y répond. Les deux animateur.trice.s discutent des prévisions de l’étude scientifique sur la façon dont le climat camerounais changera. Ils décrivent également trois pratiques agricoles différentes qui ont le meilleur potentiel pour aider les producteur.trice.s de maïs, de manioc et de cacao du Cameroun à s’adapter aux changements climatiques.
Vous pourriez utiliser ce texte comme base pour créer votre propre émission sur les changements climatiques et sur la façon dont les agriculteur.trice.s de votre région peuvent s’y adapter. Voici quelques façons de partager l’information contenue dans le présent texte afin que vos auditeur.trice.s puissent la comprendre et agir en conséquence :
- Vous pourriez inviter un(e) spécialiste du climat et/ou de l’agriculture à discuter des prévisions de l’étude sur le changement climatique et de leur impact sur les agriculteur.trice.s camerounais.es et sur l’agriculture.
- Vous pourriez inviter un(e) expert(e) agricole à expliquer une ou plusieurs des pratiques évaluées par l’étude scientifique, à en expliquer le potentiel, puis à répondre aux questions sur la manière dont les agriculteur.trice.s peuvent mettre en œuvre au mieux ces pratiques, y compris en abordant les éventuels obstacles à cette mise en œuvre.Durée estimée de l’exécution du script : 25 minutes, avec musique d’intro et de fin.
Texte
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Bonjour, chers auditeur.trice.s
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Bonjour à tous. Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet dont tous les agriculteur.trice.s parlent – le changement de temps. Nous allons parler du changement climatique, de ce qu’il signifie pour les agriculteur.trice.s camerounais.es et de ce que ces dernier.ière.s peuvent faire pour s’y adapter au mieux.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
C’est exact. Et voici ma propre prédiction sur le changement climatique : A l’heure actuelle, chaque agriculteur.trice. africain.e a déjà entendu parler de cette idée !
ANIMATEUR.TRICE 2 :
(RIRE) Oui, ils le sont ! Et ils ont probablement vu des preuves que le climat change tout autour d’eux. Le changement climatique est une réalité quotidienne. Les températures moyennes au Cameroun ont augmenté d’environ trois quarts de degré au cours des quarante dernières années. Les précipitations annuelles ont également changé, mais de manière différente selon les régions du pays. Le volume des précipitations a diminué dans les régions les plus méridionales du pays et dans certaines parties de l’ouest, a augmenté dans la majeure partie du nord et est resté stable dans le reste du pays.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Merci d’avoir dressé le décor! Aujourd’hui, nous allons parler des changements climatiques et de leur impact sur l’agriculture au Cameroun au cours des 30 prochaines années et au-delà. Ensuite, nous allons présenter quelques méthodes agricoles qui pourraient aider les agriculteur.trice.s camerounais.es à s’adapter au changement climatique.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Comme d’autres pays d’Afrique subsaharienne, le Cameroun est déjà confronté à des risques et à des dommages liés au climat, tels que les inondations, les sécheresses et l’érosion des sols. Les phénomènes météorologiques extrêmes entraînent déjà des pertes importantes pour les agriculteur.trice.s, en endommageant les cultures et en lessivant les nutriments du sol. Il en va de même pour les problèmes de parasites et de maladies. Le changement climatique aggrave ces risques, en particulier le risque de sécheresse extrême dans la région du Sahel et d’inondations dans les zones côtières.
L’économie du Cameroun est dominée par le secteur de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, qui emploie plus de 60 % de la population active, représente 17 % du PIB en 2021 et dépend fortement de conditions météorologiques favorables. Les activités agricoles du pays sont très sensibles aux augmentations de température, aux vagues de chaleur et aux sécheresses, ce qui fait de l’agriculture le secteur le plus vulnérable aux effets du changement climatique.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
C’est exact. Pour étudier ces questions, une organisation allemande, l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK), a mené des recherches scientifiques qui ont permis de poser deux questions : Premièrement, comment le climat camerounais est-il susceptible de changer au cours des 30 prochaines années et au-delà? Deuxièmement, dans quelle mesure certaines pratiques agricoles peuvent-elles aider les agriculteur.trice.s à s’adapter au mieux aux nouvelles conditions météorologiques tout en garantissant qu’ils produisent suffisamment de nourriture et de revenus pour subvenir aux besoins de leurs familles?
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Ce sont deux questions très importantes. Vous avez dit que les scientifiques ont étudié la façon dont le temps changera. Selon l’étude, comment le climat du Cameroun va-t-il changer au cours des 30 prochaines années? Commençons par la température. Comment la température va-t-elle évoluer au cours des 30 prochaines années?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Comme indiqué plus haut, les températures moyennes ont déjà augmenté d’environ trois quarts de degré au cours des quarante dernières années, les hausses les plus fortes étant enregistrées dans le nord du pays. Cette tendance devrait se poursuivre. La température annuelle moyenne devrait augmenter de 1,1° à 1,5°C d’ici 2050, par rapport à 2004. On s’attend également à ce que le nombre de jours très chauds, c’est-à-dire de jours où la température dépasse 35 degrés C, augmente dans l’ensemble du pays, à l’exception des les hauts plateaux.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Et qu’en est-il des précipitations?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
On prévoit également une augmentation des précipitations annuelles moyennes, bien que cela ne soit pas aussi certain que la prédiction concernant l’augmentation des températures. Il est probable que le nombre d’événements pluvieux extrêmes augmentera également.
Mais, comme pour toute autre prédiction, ce qui se passera réellement avec les précipitations dépendra des mesures qui seront prises dans un avenir proche pour réduire les émissions de gaz à effet de serre qui sont à l’origine du changement climatique. Bien entendu, cette responsabilité incombe essentiellement aux pays du Nord.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Vous avez dit que la température moyenne devrait augmenter de 1,1 à 1,5 degré d’ici 2050. Cela fera-t-il une grande différence? Je ne suis pas sûr que je remarquerais si le jour moyen était plus chaud d’un degré ou d’un degré et demi. Cela fera-t-il une réelle différence pour les agriculteur.trice.s?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
En fait, 1,1 à 1,5 degré peut faire une grande différence. Et n’oubliez pas qu’il ne s’agit que de la moyenne nationale ; au niveau local et par moments, les températures peuvent être beaucoup plus élevées. Surtout dans le nord. Cette quantité de chaleur supplémentaire pourrait facilement, par exemple, réduire les rendements des cultures, bien que toutes les cultures ne soient pas affectées de la même manière.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Ok, il semble que d’ici 2050, le climat au Cameroun sera plus chaud en moyenne, nous aurons plus de jours de chaleur extrême, et il pourrait y avoir une augmentation des précipitations, en fonction de la région du pays où vous vivez. Comment cela affectera-t-il les agriculteur.trice.s?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Commençons par les producteur.trice.s de maïs. Le maïs est l’une des cultures les plus sensibles au climat au Cameroun. C’est également l’une des cultures les plus importantes, mais au Cameroun, l’aptitude des terres à la culture du maïs devrait diminuer avec le changement climatique, en particulier dans le nord. Les rendements devraient également diminuer, avec des pertes pouvant atteindre localement jusqu’à 40 % d’ici à 2050, et des pertes bien plus importantes d’ici à la fin du siècle. Autre chose : il est important de rappeler qu’au Cameroun, le maïs est cultivé et transformé principalement par les femmes, et que les agricultrices sont à la fois plus vulnérables au changement climatique et confrontées à des défis plus importants pour s’y adapter.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Existe-t-il des stratégies que les cultivateur.trice.s de maïs peuvent utiliser pour contrer ces pertes?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Oui. Certaines variétés améliorées, en particulier les variétés tolérantes à la chaleur, offrent des rendements meilleurs et plus stables, ainsi qu’une meilleure résistance à l’augmentation des températures. La plantation de nouvelles variétés et leur gestion plus efficace pourraient permettre de compenser les pertes de rendement de près de 40 % causées par le changement climatique.
Les variétés tolérantes à la chaleur résistent à la sécheresse en créant plus rapidement un couvert végétal, en ombrageant le sol et en réduisant la perte d’humidité du sol. Mais la disponibilité de variétés améliorées connues pour leur succès dans les conditions locales est faible au Cameroun, en particulier dans les zones rurales reculées.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Cela signifie-t-il que, pour les agriculteur.trice.s ayant accès à ces variétés améliorées et tolérantes à la chaleur, les rendements de maïs ne diminueront PAS avec le changement climatique?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Les rendements de ces variétés resteront stables ou augmenteront au cours des prochaines décennies avant de chuter après 2050, bien que même après 2050, leur rendement sera bien meilleur que celui d’autres variétés.
Mais cela dépend de la région dans laquelle vous vous trouvez. Chaque région a des conditions très spécifiques et il est important de prendre en compte le contexte local et d’essayer ces pratiques afin de découvrir ce qui fonctionne le mieux dans les conditions locales et répond le mieux aux besoins locaux.
La plantation de ces variétés améliorées implique certains coûts, mais l’étude du PIK a montré que les avantages financiers de la plantation de variétés améliorées étaient plus de deux fois supérieurs aux coûts, et que les agriculteur.trice.s pouvaient récupérer leur investissement dès la deuxième année de plantation.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Qu’en est-il des autres cultures importantes au Cameroun? Comment seront-elles affectées par les changements climatiques prévus?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Le manioc est également une culture importante et il est généralement moins vulnérable que le maïs au changement climatique.
Toutefois, bien qu’il soit encore possible de cultiver le manioc dans les zones de culture traditionnelles, le changement climatique pourrait entraîner une baisse moyenne des rendements de manioc dans l’ensemble du pays pouvant aller jusqu’à 30 % d’ici 2090. Les pertes varieront selon les régions. Les zones où les précipitations devraient rester stables connaîtront des pertes moins importantes que les zones où les précipitations diminueront.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Pour le manioc, quelles sont les pratiques recommandées par l’étude du PIK pour s’adapter au changement climatique?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
La gestion intégrée de la fertilité des sols (GIFS) est l’une des pratiques qui a été évaluée pour son potentiel à augmenter les rendements et à aider les agriculteur.trice.s à s’adapter au changement climatique.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
La GIFS est un ensemble de pratiques agricoles conçues pour améliorer la fertilité des sols, arrêter la dégradation des sols et stopper l’épuisement des nutriments du sol. Elle englobe une variété de pratiques, ainsi que la connaissance de la manière d’adapter ces pratiques aux conditions locales, même au niveau de la parcelle, tout en maintenant ou en améliorant les rendements.
La GIFS comprend souvent l’application d’engrais organiques et inorganiques, le paillage, les cultures intercalaires et l’utilisation de fumier de ferme. Il a été démontré que la GIFS augmente les rendements par rapport aux pratiques conventionnelles.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Comment la mise en œuvre de la GIFS pourrait-elle avoir un impact sur les rendements du manioc?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
L’étude PIK a révélé que les rendements augmenteront dans certaines parties des Western Highlands, dans les zones côtières et dans la zone de forêt tropicale du plateau du sud du Cameroun, tout en restant faibles ou même en diminuant dans la zone sahélienne septentrionale et le Plateau de l’Adamawa. La zone côtière et la forêt tropicale du plateau du sud du Cameroun ont le plus grand potentiel pour la GIFS, avec des augmentations de rendement allant jusqu’à 40 % d’ici à 2050. Après 2050, les rendements diminuent dans toutes les zones, chutant en dessous des rendements actuels dans toutes les zones, en particulier sur le plateau de l’Adamawa.
Le PIK a également comparé les coûts et les avantages de la mise en œuvre des pratiques GIFS.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Leur étude de la rentabilité de la GIFS a inclus le paillage avec du Tithonia et du mucuna, et a trouvé que la mise en œuvre de la GIFS serait très rentable, les bénéfices dépassant les coûts d’un facteur de six, et les rendements augmentant de 200%.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
C’est intéressant. Mais j’ai entendu dire que le paillage peut nécessiter beaucoup de temps et de ressources. Est-ce le cas lorsque vous utilisez la Tithonia et le mucuna pour le paillage?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Oui, la charge de travail pour l’application du Tithonia est très élevée. Il faut 200 jours-personnes pour pailler un hectare. Mais les agriculteur.trice.s peuvent réduire les coûts en rendant la plante plus accessible en la cultivant près de la ferme.
Le paillage avec du mucuna présente d’autres avantages. Le mucuna est une source potentielle de nourriture, en particulier pendant les périodes de l’année où les pénuries alimentaires sont les plus graves.
Mais, comme je l’ai indiqué il y a quelques minutes à propos du maïs, il existe un défi qui peut rendre plus difficile l’adoption de la GIFS par les agricultrices. Le besoin important de main-d’œuvre associé à certains aspects de la GIFS – et en particulier les travaux lourds – peut rendre son adoption particulièrement difficile pour les femmes.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Le PIK a-t-il étudié les effets du changement climatique sur d’autres cultures importantes?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Oui, ils ont étudié l’impact prévu du changement climatique sur le cacao. Le Cameroun était le quatrième producteur mondial de cacao lors de la dernière campagne. Mais les rendements stagnent ou diminuent, de nombreux arbres sont vieux et, pour augmenter la production, les cultivateur.trice.s de cacao s’étendent dans les zones forestières, contribuant ainsi à la déforestation.
L’étude du PIK prévoit que, jusqu’en 2050, l’aptitude des terres camerounaises à la culture du cacao ne changera guère. Mais après 2050, l’augmentation des températures aura pour conséquence qu’environ 40 % des terres dans les zones de culture traditionnelles deviendront impropres à la production de cacao.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Peut-on faire quelque chose pour contrer cette tendance?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Les recherches du PIK prévoient que la culture d’arbres fruitiers à côté des cacaoyers est une solution agroforestière qui pourrait aider les cultivateur.trice.s de cacao à s’adapter aux impacts du futur changement climatique.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Veuillez me donner une brève définition de l’agroforesterie.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
L’agroforesterie associe les arbres et les cultures agricoles de diverses manières afin de tirer parti de leurs interactions positives. Dans ce cas, il s’agit de planter des arbres fruitiers avec des cacaoyers.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Mais comment la culture conjointe de cacaoyers et d’arbres fruitiers peut-elle atténuer l’impact du changement climatique sur la production de cacao?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Les arbres fruitiers peuvent fournir de l’ombre aux cacaoyers, ce qui réduit les effets négatifs de la lumière directe du soleil et de la chaleur. Dans la plupart des productions de cacao au Cameroun, les cacaoyers sont déjà associés à d’autres types d’arbres, soit dans des forêts naturelles, soit dans des vergers avec des arbres fruitiers, médicinaux ou à bois d’œuvre. Par exemple, les pruniers safous poussent souvent en même temps que les cacaoyers.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Ok, planter des espèces d’arbres utiles ou les laisser pousser parmi les cacaoyers peut apporter divers avantages. Mais les deux types d’arbres ne se concurrencent-ils pas et ne diminuent-ils pas les rendements de cacao?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Oui, il est donc important d’éviter la concurrence en ne plantant pas les arbres fruitiers trop près des cacaoyers ou trop densément, ainsi en taillant les arbres fruitiers de manière adéquate. Cela permet de s’assurer que les arbres fruitiers peuvent fournir de l’ombre sans avoir un impact négatif sur les rendements de cacao.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Vous avez mentionné la culture de cacaoyers avec le safoutier. Comment le changement climatique affectera-t-il la pertinence de ce type d’agroforesterie?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
A l’heure actuelle, plus de la moitié du Cameroun convient à des systèmes basés sur le manguier et près de la moitié convient à des systèmes basés sur le manguier. Cependant, les deux arbres ont une aptitude limitée dans certaines régions où d’autres arbres d’ombrage doivent être envisagés. On prévoit que la zone qui convient au safoutier restera très stable avec le changement climatique jusqu’en 2050 et au-delà. Cela signifie que ces arbres fruitiers et cacaoyers ont un bon potentiel pour atténuer les effets négatifs potentiels du changement climatique sur le cacao. Le safou et le manguier se prêtent tous deux à une adaptation à long terme, mais l’aptitude du manguier sera plus limitée jusqu’en 2050.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Je suppose que l’établissement et l’entretien d’un système agroforestier de cacao avec safou ou mangue impliquent des coûts supplémentaires par rapport aux systèmes de monoculture de cacao. Les avantages que les agriculteur.trice.s reçoivent compenseront-ils leurs coûts? Si oui, combien de temps leur faudra-t-il pour récupérer leur investissement?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Les recherches du PIK suggèrent que leur investissement dans la plantation d’arbres fruitiers dans une plantation de cacao sera rentabilisé la sixième année après la plantation. Dès la deuxième année, le coût annuel est nul, et à partir de la cinquième année, les arbres produisent à la fois des fruits et de l’ombre, et les agriculteur.trice.s peuvent réaliser un bénéfice de près de 31 000 FCFA par an et par hectare. Il faut bien sûr garder à l’esprit qu’il s’agit là des résultats de l’étude du PIK pour une zone particulière, et que les bénéfices dépendent fortement des conditions locales. Ces bénéfices sont principalement dus aux revenus supplémentaires que les agriculteur.trice.s peuvent tirer de la commercialisation des fruits, à condition que les marchés soient disponibles et accessibles.
Le temps consacré à l’entretien des arbres fruitiers peut être largement partagé avec celui consacré à la production de cacao, de sorte que les coûts d’entretien permanents sont faibles.
Il convient de noter que, si le PIK a étudié les systèmes agroforestiers de cacao qui incluent le safou et la mangue, il existe de nombreux arbres qui sont de bonnes plantes compagnes du cacao et qui fournissent des fruits qui donnent des produits de grande valeur, de faible volume et de longue conservation, notamment la mangue de brousse, le rjansang et le kola amer.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Les femmes bénéficieront-elles de ce type de système agroforestier de cacao autant que les hommes?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Plus d’hommes que de femmes ont tendance à adopter l’agroforesterie au Cameroun et ailleurs. Cela peut être dû aux obstacles auxquels les femmes sont confrontées en matière d’accès à la terre, aux inégalités entre les sexes en matière de prise de décision, de main-d’œuvre et de financement, ainsi qu’aux tabous culturels.
Ainsi, pour que les femmes adoptent davantage l’agroforesterie, l’accès des femmes à la terre doit être amélioré et les femmes doivent avoir un plus grand pouvoir de décision sur l’exploitation.
Bien sûr, il est important de se rappeler que toutes les femmes ne sont pas confrontées aux mêmes types de défis ou ne bénéficient pas des mêmes types d’opportunités. Différents facteurs peuvent se combiner pour alourdir le fardeau des femmes et d’autres groupes sociaux vulnérables et renforcer les inégalités existantes. Par exemple, une agricultrice veuve issue d’une minorité ethnique est confrontée à des défis et à des opportunités très différents de ceux d’une agricultrice mariée issue d’une majorité ethnique, même au sein d’une même communauté rurale. Et si l’agricultrice veuve est plus âgée et/ou souffre d’un handicap, il lui sera encore plus difficile de s’adapter à l’impact du changement climatique. Le genre est l’un des nombreux facteurs qui se chevauchent et le changement climatique amplifiera probablement les désavantages existants liés au genre.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Merci. Veuillez nous résumer cette option agroforestière du cacao.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Très brièvement, l’utilisation de pratiques de gestion efficaces pour cultiver des arbres fruitiers tels que le safou et la mangue avec des cacaoyers offre un potentiel significatif pour atténuer les impacts du changement climatique sur la production de cacao.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Merci. L’étude PIK s’est-elle penchée sur d’autres aspects de l’agriculture?
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Oui. La production de bétail est très importante au Cameroun. Et la capacité des terres à supporter un bon pâturage est très importante pour la production de bétail.
Le changement climatique a déjà eu des répercussions négatives sur les moyens de subsistance des éleveurs au Cameroun. Les périodes de sécheresse ont entraîné la réduction des pâturages et des plans d’eau, et certaines zones deviennent dénudées et improductives. La hausse des températures a entraîné l’apparition de parasites tels que la mouche tsé-tsé, qui peut provoquer la trypanosomiase et entraîner la mort du bétail. Enfin, la variabilité des précipitations a rendu difficile la prévision et la planification des activités des éleveurs et des agriculteur.trice.s.
L’étude a donc examiné l’impact prévu du changement climatique sur le « potentiel de pâturage » des terres au Cameroun.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Veuillez définir le « potentiel de pâturage ».
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Le potentiel de pâturage se réfère à la capacité de charge de la terre au Cameroun, en d’autres termes, la quantité maximale d’herbe qui serait disponible pour un nombre spécifique de têtes de bétail. Les chercheurs ont utiliséle terme « potentiel » parce que nos calculs sont basés sur des formules en l’absence d’informations adéquates sur le monde réel.
Le potentiel de pâturage devrait diminuer au Cameroun au cours du 21e siècle, passant d’une légère baisse de 3 à 4 % en 2030 à une baisse plus importante, d’environ 10%, d’ici la fin du siècle. Mais il existe des différences régionales, les zones septentrionales connaissant une augmentation du potentiel de pâturage et les pertes étant plus importantes dans le sud, plus humide.
Cependant, il importe de noter que les pertes prévues du potentiel de pâturage dans la plupart des régions du pays ne sont pas seulement dues au changement climatique, mais aussi à l’aggravation de la dégradation des sols en raison du pâturage continu. Toutefois, la dégradation des sols peut être atténuée en réduisant la densité du cheptel, en accordant aux pâturages des périodes de repos pour se rétablir et en gérant les incendies dans les zones où les pâturages brûlent fréquemment.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Vous nous avez donné beaucoup de matière à réflexion. Si je peux résumer les principaux points que vous avez partagés à partir de la recherche du PIK, vous avez d’abord parlé de la façon dont on prévoit que le climat au Cameroun changera au cours des 30 prochaines années, jusqu’en 2050, et au-delà. Vous avez dit que nous aurons probablement des températures plus élevées, peut-être des précipitations plus abondantes, et des températures et des précipitations extrêmes plus fréquentes. Vous avez ensuite parlé de ce que les agriculteur.trice.s pourraient faire pour s’adapter au mieux à ces changements de température et de précipitations. Vous avez dit qu’il y avait trois types de pratiques prometteuses pour aider les agriculteur.trice.s camerounais.es à s’adapter au changement climatique. Pour le maïs, la plantation de variétés améliorées et tolérantes à la chaleur est une pratique recommandée. Pour le manioc, l’adoption de pratiques de gestion intégrée de la fertilité des sols (GIFS) peut s’avérer très utile. Et pour le cacao, la culture d’arbres fruitiers tels que le safou et la mangue à côté des cacaoyers peut contribuer à réduire l’impact du changement climatique sur la production de cacao. Enfin, vous avez mentionné que le potentiel de pâturage devrait diminuer dans la plupart des régions du pays, mais que les éleveurs, les agriculteur.trice.s et les communautés peuvent adopter certaines méthodes pour contrer cette tendance.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Oui, il s’agit là des changements attendus du climat et des pratiques évaluées pour les agriculteur.trice.s, comme le prévoit l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat. Mais l’étude du PIK ne propose pas de solutions miracles. Au lieu de cela, l’étude a simplement évalué l’efficacité potentielle d’un certain nombre d’options possibles pour aider à construire un système agroalimentaire plus résistant au climat.
Bien entendu, il est toujours préférable que les agriculteur.trice.s camerounais.es s’adressent à des experts locaux et régionaux s’ils souhaitent adopter l’une ou l’autre de ces pratiques. Les recommandations qui conviennent le mieux à chaque agriculteur.trice. dépendent de sa situation personnelle.
Néanmoins, quel que soit l’endroit où vous vivez, il s’agit de recommandations que les agriculteur.trice.s camerounais.es devraient prendre sérieusement en considération, et ce dans les plus brefs délais.
ANIMATEUR.TRICE 1 :
Merci beaucoup. Aujourd’hui, nous avons discuté des conclusions d’un rapport de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat concernant les agriculteur.trice.s et la production agricole au Cameroun.
Nous reviendrons la semaine prochaine sur [nom du programme]. Nous vous donnons rendez-vous à ce moment-là.
ANIMATEUR.TRICE 2 :
Au revoir jusqu’à la semaine prochaine.
Acknowledgements
Contributed by: Winnie Onyimbo, Trans World Radio, Nairobi, Kenya
Reviewed by: Carla Cronauer, project manager; Nele Gloy, doctoral researcher
Ce script a été produit avec le soutien de l’Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam (PIK). Le PIK est un institut de recherche scientifique ayant pour mission principale de faire progresser la recherche scientifique dans le domaine de la recherche sur les impacts climatiques interdisciplinaires en faveur de la durabilité mondiale, tout en contribuant aux connaissances et aux solutions pour un avenir climatique sûr et équitable. Farm Radio International et le PIK collaborent avec succès depuis 2019 pour diffuser les résultats des analyses des risques climatiques au Ghana, en Éthiopie, au Burkina Faso, au Niger, au Cameroun, en Ouganda et en Zambie.
Information sources
Gloy, N., Kephe, P., Jansen, L., Ostberg, S., Kaufmann, J., Staubach, L., Tchindjang, M., Romanovska, P., Vetter, R., Tomalka, J., Kagonbé,T., Anaba, M., Zouh, I., Amougou, J.A., Cronauer, C. and Gornott, C. (2023). Climate risk analysis for adaptation planning in Cameroon’s agricultural sector. A report prepared by the Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) in cooperation with the Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH on behalf of the German Federal Ministry for Economic Cooperation and Development (BMZ), DOI: 10.48485/pik.2023.023.
Vous pouvez trouver l’analyse complète des risques climatiques sur https://agrica.de/.