Notes au radiodiffuseur
On entend par violence sexuelle et basée sur le genre tout acte, ou la menace de se livrer à un acte, qui cause une douleur ou un traumatisme d’ordre physique, psychologique ou émotionnel, économique ou sexuel à une personne à cause de son genre.
Les exemples de violence sexuelle et basée sur le genre susceptibles d’entraîner la mort, des lésions physiques ou un traumatisme psychologique incluent l’infanticide, les crimes d’honneur, les mutilations génitales féminines, le fémicide, la traite des personnes, le travail forcé, le mariage forcé, la séquestration, la spoliation, le viol (d’une partenaire ou d’un non-partenaire intime), la violence domestique et l’humiliation.
La multiplication de cas de violence physique et conjugale signalés à la police a conduit la Direction de la police du Ghana à créer en 1998, l’Unité des femmes et des mineurs, qui s’appelle désormais DOVVSU (Unité de soutien pour les victimes de violence domestique). C’est une unité spécialisée qui traite les dossiers de crimes perpétrés contre les femmes et les enfants. L’adoption de la Loi de 2007 contre la violence familiale et le texte législatif de 2016 contribue également à la lutte contre la violence familiale au Ghana.
Malgré la création de la DOVVSU, le Ghana enregistre toujours un nombre élevé de signalements de violence sexuelle et basée sur le genre à cause du manque de services essentiels pour palier, y compris les services sociaux, ainsi que les services éducatifs et de santé. Par exemple, les survivant.e.s de violence sexuelle doivent payer les frais médicaux malgré la gratuité de ces derniers; le nombre de bureaux et les effectifs de la DOVVUSU sont limités à l’échelle municipale et communautaire; il y a peu de maisons d’hébergement pour les survivant.e.s et le degré d’ignorance par rapport à la violence sexuelle et basée sur le genre permet aux coupables de poser leurs actes impunément.
En plus de l’accès limité aux services essentiels tels que les maisons d’hébergement et les services d’assistance téléphonique, cela crée un terreau fertile pour la violence sexuelle et basée sur le genre dans plusieurs communautés au Ghana. Ces défis imposent une sensibilisation de la population ghanéenne aux violences sexuelles et basées sur le genre afin qu’elle sache des services sont disponibles et quelles sont les dispositions qu’elle doit prendre pour obtenir justice.
Le présent texte radiophonique inclut des déclarations réelles et fictives de survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre, de professionnels et d’activistes qui luttent contre la violence sexuelle et basée sur le genre dans leur cadre de travail. Ces personnes parlent de la violence sexuelle et basée sur le genre en milieu de travail, ainsi que dans le secteur informel et suggèrent la meilleure façon de sortir de l’impasse au Ghana.
Si vous désirez produire des émissions concernant la violence sexuelle et basée sur le genre, ainsi que les services qui existent pour les survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre, entretenez-vous avec des professionnels des services sociaux et d’autres organismes de soutien, et, le cas échéant, parlez avec des survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
- Qu’est-ce qu’une violence sexuelle et basée sur le genre, et qu’inclut-elle?
- Les cas de violence sexuelle et basée sur le genre sont-ils fréquents dans cette région?
- Quels sont les services de soutien disponibles dans cette région pour les survivant.e.s de violence sexuelle et basée sur le genre?
- Quelles sont les choses majeures dont il faut se rappeler dans la prise en charge des survivant.e.s?
- Quels types de politiques devrait-on adopter dans les lieux de travail pour s’assurer que les bureaux, les exploitations agricoles et d’autres lieux sont sûrs pour tous les employé.e.s?
Durée estimée du texte radiophonique avec la musique, l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.
Texte
EFFETS SONORES:
VOLUME DE L’INDICATIF SONORE AUGMENTE, PUIS DISPARAÎT
ANIMATEUR.TRICE :
Bonjour, chers auditeurs et auditrices, ici [nom de la station radio] et vous écoutez [nom de l’émission]. Je m’appelle [nom du diffuseur.euse], et je vous présente la meilleure émission-débat. Restez à l’écoute!
EFFETS SONORES:
VOLUME DE L’INDICATIF SONORE AUGMENTE, PUIS DISPARAÎT
ANIMATEUR.TRICE :
Bienvenue! Installez-vous et détendez-vous, nourrissez vos ensées et approfondissez vos connaissances. Aujourd’hui, nous vous proposons une émission très spéciale consacrée aux survivants et aux survivantes de la violence sexuelle et basée sur le genre. Nos interviews porteront sur la violence sexuelle et basée sur le genre, car elle se produit au travail en ville et en campagne, et englobe les agressions et les viols, mais elle revêt parfois des formes moins évidentes.
Beaucoup de personnes pensent que lorsqu’on parle de la violence sexuelle et basée sur le genre, il s’agit de viol ou d’agression sexuelle. Mais cela inclut plusieurs autres formes de violence et englobe toutes les formes de contacts ou d’interactions sexuels indésirables. La violence sexuelle est une vaste notion employée pour décrire toute violence, physique ou psychologique, perpétrée par des moyens sexuels ou en ciblant la sexualité.
Dans mon introduction, je demanderai à monsieur Kojo Addo de nous donner quelques statistiques sur le sujet tel qu’il est suivi au Ghana.
Juste un petit rappel à nos auditeurs et à nos auditrices: la discussion d’aujourd’hui couvrira en détail des sujets tels que le viol et pourrait perturber certaines personnes.
KOJO ADDO :
Merci. Je m’appelle Kojo Addo et je suis travailleur social spécialisé en développement communautaire, en plaidoyers de politique et en perfectionnement des jeunes. Je me réjouis d’avoir cette occasion pour partager mes points de vue et mon expérience sur les incidences de la violence sexuelle et basée sur le genre sur la société et pour encourager tous les survivants et les survivantes de la violence sexuelle et basée sur le genre à s’exprimer s’ils/elles se sentent en sécurité de le faire, et pour obtenir justice.
Je dois déclarer catégoriquement que la violence sexuelle et basée sur le genre est une violation des droits humains. Elle rabaisse la dignité humaine de l’individu et nuit au développement humain.
En 2016, le ministère du Genre, de l’Enfance et de la Protection sociale a réalisé une étude sur la violence domestique qui a révélé que près de 40% des femmes au Ghana sont des survivantes de violence physique tandis qu’une femme sur dix avait été agressée sexuellement.
Selon les estimations, au moins une femme sur trois subira une certaine violence durant sa vie. Cela représente plus d’un milliard de femmes dans le monde. Et ce sont les femmes les plus pauvres et les plus marginalisées qui encourent les plus grands risques de violence.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci, Kojo Addo. Maintenant, Sarah, quels types de soutien sont offerts par les institutions ghanéennes aux survivants et aux survivantes de violence sexuelle et basée sur le genre?
SARAH DABOTSE :
Merci. Je m’appelle Sarah Dabotse. Je dirige une organisation non gouvernementale au Ghana qui milite contre la violence sexuelle et basée sur le genre et qui lutte pour les droits fondamentaux des femmes et des personnes marginalisées dans la société.
Il faut se rappeler que les services essentiels de lutte contre la violence basée sur le genre, et qui sont offerts par la police, la justice, ainsi que les services éducatifs et de la santé ne sont pas suffisants pour les intervenants et les intervenantes de l’État, de même que pour la population ghanéenne. Il y a peu de bureaux et d’effectifs de la DOVVSU à l’échelle municipale et communautaire. La DOVVSU est l’Unité de soutien pour les victimes de violence domestique. La DOVVSU manque de ressources et a très de peu de maisons d’hébergement pour les femmes ayant survécu à la violence sexuelle et basée sur le genre. Ces contraintes permettent aux auteurs d’actes de violence sexuelle d’agir en toute impunité. Un système démuni, avec ces failles, décevra plusieurs femmes, et peut même leur causer plus de torts.
ANIMATEUR.TRICE :
Kojo Addo, une des problématiques sur lesquelles nous aimerions mettre l’accent dans cette émission est la violence sexuelle et basée sur le genre en milieu de travail. Pensez-vous que la violence sexuelle et basée sur le genre existe dans les lieux de travail au Ghana?
KOJO ADDO:
Si, on trouve la violence sexuelle et basée sur le genre dans beaucoup de lieux de travail, aussi bien dans les communautés rurales que dans les lieux de travail urbains, et ce, dans le secteur privé et public. Cela est néfaste. En effet, des personnes sont privées de certaines opportunités, promotions et d’autres mesures d’encouragement au travail, car elles refusent d’accorder des faveurs sexuelles, sans parler des conséquences néfastes sur la santé mentale et physique des survivantes.
ANIMATEUR.TRICE :
Joycelyn Okyere, veuillez-vous présenter et nous dire si vous pensez que nos institutions sont bien équipées pour lutter contre la violence sexuelle et basée sur le genre.
JOYCELYN OKYERE :
Je m’appelle Joycelyn Okyere. Je suis pour la lutte contre la violence basée sur le genre et toutes les formes de violence. Je fais de la sensibilisation sur les conséquences négatives de la violence sur les survivants, les survivantes et la communauté en général. Et je partage mes opinions et mon expertise sur l’aide pouvant être apportée aux survivants et aux survivantes de la violence sexuelle et basée sur le genre et j’encourage le système judiciaire à arrêter et à sanctionner les coupables.
Je crois fermement qu’il existe encore dans le système des failles qui favorisent la pratique de la violence sexuelle et basée sur le genre dans notre pays, et fait qu’il est plus difficile pour les survivantes d’avancer.
Le secteur informel est immense et on trouve de nombreuses catégories d’employés dans ces lieux de travail. Nous devons mettre la pression pour que le système mette en place des structures de lutte contre la violence sexualisée dans les secteurs informels. Le secteur informel doit avoir des politiques, ou au moins des normes de conduite à respecter face au harcèlement et à l’exploitation sexuels, ainsi qu’au viol.
J’ai rencontré des personnes qui sont survivantes de violence sexuelle et basée sur le genre dans leur lieu de travail et qui n’avaient parlé de leur problème à personne par crainte de ne pas être crues. La plupart ont fait l’objet de maltraitance de la part de leurs supérieurs et savaient qu’elles risquaient de perdre leurs emplois.
KOJO ADDO :
Je suis heureux que vous ayez évoqué la question des inégalités de pouvoir. Par exemple, il y a des femmes à qui leurs patrons demandent des faveurs sexuelles. Si elles refusent, elles se voient refuser parfois une possibilité d’avancement et s’exposent même à la perte de leur emploi. Cela les met dans une position délicate et vulnérable. Leurs patrons abusent de leur pouvoir. Cette situation peut empêcher quasiment les femmes d’avancer dans leur carrière et favoriser une culture organisationnelle qui nie et stigmatise les expériences des survivantes.
Cela peut se produire dans une exploitation agricole où l’agriculteur demande aux femmes qui cultivent ou récoltent des faveurs sexuelles si elles veulent garder leurs emplois. L’absence d’une règlementation et d’un contrôle du secteur informel signifie que ce secteur est même moins préparé pour lutter contre le harcèlement et l’exploitation sexuels. Mais c’est une réalité et ces pratiques doivent cesser, afin que la protection et la sécurité de tous les employés soient assurées.
JOYCELYN OKYERE :
Bien dit. Même en 2021, les survivantes peinent à parler de leurs histoires. Cela est dû à notre perception culturelle selon laquelle c’est la survivante qui a certainement provoqué le viol d’une façon ou d’une autre, et, par conséquent, les auteurs demeurent impunis. Le système doit être organisé et préparé pour protéger la vie des survivantes et leur rendre justice.
J’ai vécu la même expérience à l’adolescence. J’ai été sexuellement abusée par un camarade de classe, mais je n’étais jamais prête à parler du problème par peur d’être stigmatisée. J’ai tu ma douleur aussi longtemps que possible jusqu’à ce je rencontre une amie qui vivait une situation similaire. Nous avons partagé nos expériences et nous nous sommes entraidées pour gérer nos peurs. Puis, nous avons décidé d’informer les autorités. Nous sommes allions ensemble à nos séances de counseling et avons adhéré à un club secret où nous rencontrions d’autres survivantes de violence sexuelle et basée sur le genre. Les entretiens avec des thérapeutes nous ont été d’une immense aide durant notre périple.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci de nous avoir raconté votre histoire. Espérons que le fait de parler de ces problèmes nous aidera à réduire la violence sexuelle et la violence basée sur le genre et à améliorer les systèmes d’assistance pour les survivantes.
Les bureaux et d’autres lieux de travail ont-ils généralement un code de conduite à respecter en matière de harcèlement et d’exploitation sexuelle, et de violence sexuelle et basée sur le genre en général?
JOYCELYN OKYERE :
Dans la majeure partie des bureaux, il existe des codes de conduite ayant trait à l’exploitation et aux agressions sexuelles, mais il semble qu’ils existent seulement sur papier. Les dirigeants et les gestionnaires ne semblent pas encourager la dénonciation des cas de viol, d’agression, de harcèlement ou d’autres types de violence sexuelle et basée sur le genre. Les propos injurieux et d’autres formes de violence ont libre cours et sont jugés pratiquement normaux.
SARAH DABOTSE :
Il est important que les autorités de règlementation comme la commission du travail s’assurent que ces politiques sont renforcées dans le secteur informel, notamment dans des lieux comme les bars, les pubs, les restaurants, les blanchisseries, le secteur du commerce, les marchés, le transport et les gares routières, etc. Si nous pouvions avoir des formations et un encadrement régulier pour le personnel des services de dénonciation et une aide psychologique confidentielle pour ce personnel, nous pourrions faire quelques avancées dans l’éradication de la violence sexuelle et basée sur le genre dans ces secteurs de travail.
ANIMATEUR.TRICE :
Je suis d’accord. Nous devons avoir de meilleures procédures de notification et des procédures sûres pour les survivants et les survivantes. Elles devraient être conçues de sorte que les besoins et les priorités des survivants et des survivantes soient respectés, que les allégations fassent l’objet d’enquêtes et que des sanctions appropriées soient prises à l’endroit des coupables.
Selon vous, quelles sortes de sanctions devraient subir les auteurs de violence sexuelle et basée sur le genre en milieu de travail?
JOYCELYN OKYERE :
Bon, ça dépend de ce qui s’est passé. Si les délits sont jugés mineurs, le département des ressources humaines peut s’en occuper, ou d’autres départements s’il n’y a pas de département de RH. Les sanctions pourraient varier d’une suspension sans solde à une résiliation de contrat. Une poursuite judiciaire peut être intentée dans des cas graves où les survivantes souhaiteraient le faire. Et, comme vous l’avez mentionné, il nous faut également des mécanismes de dénonciation sûrs pour les survivantes, en partie parce les employées sont peut-être supervisées par les auteurs et qu’elles peuvent craindre d’être stigmatisées si la confidentialité n’est pas garantie. Nous avons tous et toutes beaucoup de travail à faire!
ANIMATEUR.TRICE :
Bon point! Vous écoutez [nom du diffuseur.euse] sur [nom de la station radio]. Nous revenons tout de suite.
Vous écoutez [nom de l’émission]. Ne touchez pas ce cadran!
ANIMATEUR.TRICE :
Nous vous souhaitons à nouveau la bienvenue à [nom de l’émission] sur [nom de la station radio] avec [nom du diffuseur.euse].
Juste un rappel aux auditeurs et aux auditrices que la discussion d’aujourd’hui porte sur des sujets tels que le viol en particulier et pourrait être gênante pour certains auditeurs et auditrices.
Nous avons quelqu’un au téléphone.
Bonjour, est-ce que vous nous entendez?
ANIMATEUR.TRICE :
Bien. Vous êtes libre de vous présenter ou non, en raison de la nature sensible de la discussion d’aujourd’hui, mais s’il vous plaît, dites-nous ce que vous pensez.
AMA BRONI:
Je m’appelle Ama Broni et j’appelle de Taifa. Je veux vous raconter mon expérience.
AMA BRONI:
Oui, j’étais agente commerciale dans une banque, et j’avais une cible élevée à atteindre. Je devais parler avec les gens pour les amener à ouvrir un compte bancaire chez nous, je veux parler de grands hommes jouissant d’une certaine image et de hautes personnalités. J’ai dû quitter mon emploi, car une grande partie de ces hommes me demandaient des faveurs sexuelles avant d’accepter d’avoir un compte chez nous. À la fin, je n’arrivais pas à atteindre mon objectif et j’ai dû rendre compte de mon faible rendement. J’étais frustrée, donc j’ai quitté mon travail et suis repartie à l’école. Je suis au chômage actuellement et trouver un emploi même avec un diplôme de maîtrise continue d’être subordonné à un certain degré de harcèlement sexuel. Alors, maintenant, je veux mettre sur pied une petite activité commerciale. Ma principale question est la suivante: que doit faire d’abord une personne qui est violée au travail.
ANIMATEUR.TRICE :
Je suis désolé d’entendre ce que vous avez vécu dans votre ancien poste. Joycelyn répondra à votre question.
JOYCELYN OKYERE :
Ama, bien qu’il soit important de rapporter une situation de harcèlement aux autorités, il faut s’assurer que les survivantes prennent soin de leur santé mentale et physique. En particulier, vous pouvez aider les survivantes à obtenir une aide médicale dans les 72 premières heures suivant l’agression pour que le moyen de contraception ou le traitement contre le VIH soit efficace. Elles seront examinées et leurs lésions seront soignées. Si la survivante envisage une poursuite judiciaire, les résultats de tests médicaux pourraient servir de preuves. En tant qu’employés, vous pouvez mettre tout en œuvre pour que les survivantes bénéficient de votre soutien pour tout ce dont elles ont besoin, par exemple, avec un congé payé ou un accès à des services de counseling.
KOJO ADDO :
Rappelez-vous également que ce processus permet parfois de recueillir des preuves médico-légales pouvant contribuer à l’arrestation de l’auteur. Beaucoup de femmes rentrent chez elles et se débarrassent de toutes les preuves avant de demander de l’aide. Lorsque cela est possible, nous recommandons aux survivantes d’aller à l’hôpital pour un contrôle approfondi avant de prendre une douche, afin que les rapports médicaux soient le plus précis possible. Cela pourrait permettre d’identifier le coupable et de lui faire rendre compte.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci pour votre appel, Ama Broni, et je vous souhaite le meilleur pour votre activité commerciale.
La violence sexuelle et basée sur le genre existe-t-elle dans les lieux de travail ruraux? Si oui, quelle est la meilleure façon de gérer ça dans des lieux de travail tels que les exploitations agricoles, les marchés ou les centres communautaires?
JOCELYN OKYERE :
Oui, ça existe. Les agressions dans les communautés rurales doivent prises au sérieux et les plaintes doivent être reçues et faire l’objet d’enquêtes approfondies. Les autorités rurales comme la police locale, les dirigeants de la localité et l’administration locale doivent œuvrer pour lutter contre le harcèlement et l’exploitation sexuels, ainsi que les autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre.
Si cela se produit, les gens auront l’assurance que leurs plaintes seront prises au sérieux et que les problèmes peuvent être réglés de façon impartiale. Les centres et les agences doivent avoir du soutien pour pouvoir offrir aux survivantes des conseils d’ordre financier, psychologique et professionnel en vue de lutter contre le harcèlement, l’exploitation et les abus sexuels, ainsi que d’autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre.
ANIMATEUR.TRICE :
Nous avons une autre personne en ligne. Bonjour, nous vous entendons, s’il vous plaît, parlez. Vous êtes libre de vous présenter ou non.
SAMSON OTI:
Mon nom est Samson Oti, et j’appelle de Dobro. Ma question est la suivante … et si une dame avec qui vous travaillez s’habille tout le temps de façon provocante et flirte avec vous chaque jour? Aurais-je tort d’interpréter son attitude et de lui donner ce qu’elle semble vouloir?
KOJO ADDO :
Merci pour votre question, Samson. Ce dont vous parlez est une idée fausse communément répandue. Vous l’avez vous-même dit, en fait, vous interprétez ses intentions, ce qui montre que vous n’êtes pas vraiment sûr ou décidez à la place de quelqu’un d’autre ce qu’il ou elle veut et ne veut pas.
Le viol et le harcèlement ne peuvent pas être justifiés sur la base de l’apparence d’une personne ou sa façon de s’habiller, ou notre interprétation de sa communication comme étant un « flirt. » Nous devons changer de mentalité par rapport à laquelle si une femme s’habille d’une certaine manière, cela signifie une invitation à avoir des relations sexuelles. Si vous harcelez sexuellement une femme avec qui vous travaillez parce qu’elle flirte avec vous ou s’habille de façon attirante, cela est inapproprié et constitue une violence sexuelle ou basée sur le genre, en fonction des détails.
On ne peut justifier aucune forme de violence sexuelle ou basée sur le genre, que la personne dise explicitement ou non que ce soit quelque chose qu’elle veut.
Il est important de noter que, comme il y a toujours des inégalités de pouvoir dans un lieu de travail, lorsque d’une personne donne son consentement à son supérieur hiérarchique, cela peut être dû à sa crainte de perdre son emploi. La validité du consentement de la personne dépend de si elle a accepté par peur de représailles et si le rapport de pouvoir entre les deux est inégal. Il est important de se rappeler qu’un consentement donné par une personne qui a moins de pouvoir à une personne en position de pouvoir n’est pas valide. La personne qui a moins de pouvoir ne peut pas donner son consentement librement. C’est vrai qu’une situation implique une hiérarchie professionnelle formelle ou que les déséquilibres de pouvoir soient informels, tels que les différences au niveau de la force physique ou l’accès au transport pour quitter la situation.
KOJO ADDO :
Merci de nous accueillir. Je recommande que nous veillions les uns sur les autres et que nous signalions aux autorités tout acte de violence dont nous sommes témoins. Cependant, nous devons le faire dans l’intérêt de la survivante, et, si c’est possible, nous devrions lui demander ce dont elle a besoin et prioriser ce qui lui permettra de se sentir en sécurité et soutenue. Ce ne sont pas toutes les survivantes qui se sentent en sécurité de parler à cause de leurs préoccupations justifiées concernant une éventuelle stigmatisation ou des représailles qu’elles pourraient subir, ou pour d’autres raisons.
Renseignez-vous sur les services disponibles pour les survivantes dans votre communauté, y compris les dispensaires et les centres pour les femmes et communiquez ces informations aux survivantes. Si vous êtes en milieu rural et que la survivante se sent à l’aise de le faire, aidez-la à aller signaler l’affaire au chef ou à l’assemblée locale ou au bureau du travail. S’il n’y a pas de bureau du travail dans votre communauté, vous pourriez signaler l’incident à la police, tout en gardant à l’esprit que les abus de pouvoir peuvent survenir dans n’importe quel contexte, et que la survivante pourrait ne pas se sentir en sécurité.
N’oubliez pas, il faut soutenir la survivante et respecter ses désirs pour éviter de la traumatiser plus ou de la mettre plus en danger.
JOCELYN OKYERE :
Le Ghana doit adopter des lois sur la violence et le harcèlement au travail, ainsi que des mesures pour contrôler leur application dans le secteur formel et informel. Les femmes doivent être libres de s’exprimer et de rapporter aux autorités les cas d’exploitation et de harcèlement sexuels, afin que les coupables répondent de leurs actes. Cela va dissuader d’autres auteurs de ces actes dans les secteurs formel, informel et rural. Et, pour terminer, n’oubliez pas que le véritable changement se produit quand nous socialisons les garçons et les hommes pour réduire les normes et les attitudes sexospécifiques nuisibles et discriminatoires.
KOJO ADDO :
En effet, les hommes qui posent des actes de violence subissent les conséquences négatives de leurs propres actes, tout comme c’est le cas pour notre société dans son ensemble. La violence vient d’un besoin de guérison et nous devons tous et toutes y prêter attention. Nous devons changer ce que nous enseignons aux hommes et aux garçons concernant la façon dont ils doivent se comporter envers les autres, en particulier les femmes et les filles, et changer les stéréotypes dangereux concernant « ce que signifie être un homme. » Nous pouvons insister plus sur le respect des autres, par exemple, plutôt que sur la force et les agressions physiques. Et, bien sûr, nous devons parler plus du consentement.
ANIMATEUR.TRICE :
C’est vrai! Nous devons nous assurer que la base est bonne, et pas seulement les résultats. Je sais que je vais parler avec mon fils de la façon dont il faut respecter tout le monde, notamment les filles et les femmes.
Merci, Kojo Addo et Joycelyn Okyere. J’ai en effet appris beaucoup de notre discussion d’aujourd’hui et je crois que nos auditeurs et nos auditrices ont été éclairés également. En attendant de nous retrouver bientôt, ici [nom du diffuseur.euse], dans l’émission [nom de l’émission], sur [nom de la station radio]. Au revoir!
EFFETS SONORES:
INDICATIF SONORE JOUE
Acknowledgements
Remerciements :
Rédaction : Abena Dansoa, scénariste et consultante en recherche, Eagles Roar Creatives
Révision : Gina Vukojevic, chargée en égalité des genres et en inclusion (ÉGI)
Interviews :
M. Kojo Addo, travailleur social, spécialisé en développement communautaire, plaidoyer de politiques et développement des jeunes, novembre 2021—janvier 2022.
Marina Anyidado, novembre 2021.
Jennifer Amoah, consultante en communication et en recherche et militante pour la lutte contre la violence sexuelle, novembre 2021—janvier 2022.
Emefa Agbenu, commerçante. Lapaz, janvier 2022.
Akosua Adobea Danso, réceptionniste, CIAST Group, novembre 2021 — janvier 2022.
Priscilla Armah Yawson, cheffe d’entreprise (Gyasann Enterprise), janvier 2022.
M. Newman Aklamanu, couturier, novembre 2021.
Janet Odei Danso, commerçante et marchande, novembre 2021.
La présente ressource a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada,