L’utilisation des méthodes contraceptives en milieu scolaire

Santé

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Introduction

 
Pourquoi ce sujet est-il important pour les auditeurs?

  • Les méthodes contraceptives préviennent les grossesses non désirées en milieu scolaire.
  • Elles minimisent les risques d’abandon du cursus scolaire.
  • Elles permettent un plein épanouissement de la jeune fille en lui épargnant les stigmatisations liées aux grossesses en milieu scolaire.
  • Elles préviennent les avortements clandestins.
  • Les condoms préviennent les infections sexuellement transmissibles.
  • Les jeunes ont une sexualité précoce.
  • C’est un sujet très pertinent, notamment dans le cadre du programme national de santé du Burkina Faso, qui a une composante santé sexuelle et reproductive.

Quelques données essentielles

  • L’EMDS 2015 (Enquête modulaire démographie et santé) indique d’importants besoins non satisfaits en matière de planification familiale (19,4 %) et d’améliorations au niveau de l’utilisation des méthodes de contraception moderne en net progrès, mais encore faible (22,5 %). Au regard de ces besoins, le Burkina Faso a développé, un Plan d’Action National d’Accélération de Planification Familiale (2017-2020).
  • Plus de 6 000 grossesses ont été enregistrées en milieu scolaire ont été enregistrées au Burkina Faso en 2016.
  • Le Centre-est seul avait 600 cas, dont 176 cas de filles âgées de 10 à 15 ans.
  • Il y avait environ 300 cas dans les écoles primaires entre 2012 et 2017 au Burkina Faso. L’âge des filles qui avaient des grossesses non désirées variait entre 9 à 14 ans.
  • En 2016, 30 filles sont tombées enceintes dans deux classes à Orodara dans le Kénédougou, à l’ouest du Burkina Faso, selon le quotidien bobolais L’express du Faso.
  • Une étude récente a révélé que dans un certain nombre de villes du Burkina Faso, le taux de grossesses non désirées chez les filles d’âge scolaire est élevé.
  • Au Burkina Faso, les moyens de contraception sont de plus en plus vulgarisés. Dans les écoles, les lycées et les universités de Bobo-Dioulasso, plusieurs initiatives sont mises en place pour promouvoir la contraception afin de réduire les grossesses non désirées avec leurs conséquences en milieu scolaire. C’est notamment la création des centres d’écoutes et l’installation des paires éducatrices.

Renseignements clés sur les méthodes contraceptives en milieu scolaire

 
1. Définitions

Qu’est -ce que la contraception?

La contraception désigne l’emploi de moyens visant à empêcher qu’un rapport sexuel entraîne une grossesse. Elle est définie par l’Organisation mondiale de la Santé comme étant « l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter. »

On entend par méthodes contraceptives l’ensemble des moyens et des méthodes visant à empêcher qu’un rapport sexuel entraîne une grossesse.

La contraception aide les femmes à éviter les grossesses non désirées, dont beaucoup se terminent par des avortements à risque; prévient les grossesses précoces; réduit les abandons scolaires et améliore la rentabilité socioéconomique et professionnelle des femmes.

Les méthodes contraceptives englobent :

  • Les méthodes naturelles : méthode des jours fixes (collier), méthode de l’allaitement maternel et de l’aménorrhée (MAMA), calendrier, température, glaire cervicale; l’abstinence, le coït interrompu.
  • Les méthodes de barrières mécaniques : condom masculin, condom féminin, dispositif intra utérin (DIU).
  • Les méthodes hormonales : pilules combinées ou progestatives, injectables, implants sous cutanés ;
  • La contraception chirurgicale volontaire (CCV) : vasectomie, ligature des trompes.
  • La contraception d’urgence : pilule du lendemain

Les méthodes contraceptives que l’agent de santé communautaire peut distribuer au Burkina Faso inclut :

Les méthodes de barrières mécaniques et chimiques comprennent :

  • Le condom masculin
  • Le condom féminin
  • Les spermicides
  • Les méthodes hormonales (pour le renouvellement)
  • La pilule combinée
  • La pilule progestative

Les méthodes contraceptives pour lesquelles l’ASBC doit référer englobent :

  • Les injectables
  • La pilule pour la première utilisation
  • Les implants sous cutanés
  • Le dispositif intra utérin (DIU)
  • La contraception chirurgicale volontaire (CCV) : vasectomie, ligature des trompes

Les méthodes contraceptives modernes comprennent :

  • Les injectables
  • La pilule
  • La pilule du lendemain
  • Le stérilet ou Diu
  • L’implant
  • Le condom masculin ou féminin
  • Le timbre ou patch contraceptif

Les méthodes traditionnelles (naturelles) sont :

  • Le retrait (ou coït interrompu)
  • La continence périodique
  • La méthode du collier : (une méthode naturelle de planification familiale basée sur l’utilisation d’un collier de perles de couleurs différentes qui représentent les jours du cycle menstruel de la femme, et montrent les jours où la femme peut tomber enceinte.)
  • L’abstinence pendant six mois après la naissance
  • Méthode de la courbe de température
  • Méthode de la glaire cervicale

2. Quels sont les obstacles à l’utilisation des contraceptifs par des enfants d’âge scolaire au Burkina Faso?

Le taux d’utilisation des méthodes contraceptives au Burkina Faso est estimé à 22,8 %. Ce faible taux s’explique surtout par :

  • Le manque d’informations justes sur les méthodes contraceptives, et l’ignorance des services de planification familiale.
  • La non fréquentation des services de planification familiale.
  • La pauvreté qui est aussi un facteur important, ainsi que les mariages précoces. Certaines jeunes filles sont parfois obligées d’accepter les avances des garçons pour de l’argent afin de subvenir à leurs petits besoins parce qu’elles sont issues de familles pauvres. À cause de la pauvreté, certains parents poussent leurs filles au mariage vers des familles un peu aisées dans l’espoir de bénéficier du soutien de la belle famille. Les femmes sont généralement plus pauvres que les hommes, et les mères qui sont supposés subvenir aux besoins de leurs adolescentes portant une grossesse non désirée sont généralement pauvres.
  • Les pesanteurs socioculturelles peuvent empêcher la fréquentation des services de planification familiale. Par exemple : les centres de planification familiale sont perçus comme des lieux promouvant l’inconduite sexuelle.
  • Les maris croient que personne ne doit voir les parties intimes de leurs femmes, et que le contrôle des naissances est contre nature.
  • Le financement de la santé est confronté à beaucoup de difficultés.
  • Le niveau d’instruction généralement faible des populations occasionne un manque d’attitudes positives envers la sexualité des adolescents.
  • L’indisponibilité et l’inaccessibilité des produits de contraception.

3. Quelles sont les conséquences des grossesses non désirées?

  • La grossesse non désirée peut survenir très tôt, et avoir des conséquences sur la santé de la mère et de l’enfant. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 194 filles meurent chaque jour dans le monde des suites d’une grossesse précoce.
  • La marginalisation : les filles enceintes hors mariage sont marginalisées et stigmatisées, y compris :
    • Par leurs camarades de classes qui tiennent des propos et emploient des moqueries (par exemple, en les appelant putes).
    • Par les parents qui estiment qu’ils sont déshonorés et, par conséquent, excluent la fille de la famille, traumatisent la fille psychologiquement par des injures.
      Par la société qui accuse la jeune fille de perversité et la condamne comme une ratée sociale.

4. Les différentes méthodes contraceptives et leurs utilisations

  • Les injectables : un contraceptif hormonal injectable, sûr et efficace pour la prévention des grossesses non désirées
  • La pilule : un contraceptif hormonal oral pour l’espacement des naissances et la prévention des grossesses non désirées (son action principale est d’empêcher l’ovaire de libérer les ovules).
  • Les préservatifs masculins et féminins : le préservatif est un étui fin en caoutchouc. Il empêche les spermatozoïdes de pénétrer dans l’ovule.
  • Le diaphragme : un obturateur en latex très souple que l’on fixe dans le vagin avant les rapports sexuels.
  • Les implants : capsules placées justes sous la peau dans le bras de la femme.
  • Le retrait (coït interrompu) : l’homme se retire du vagin de la femme juste avant l’éjaculation (pas fiable, car nécessite l’implication sérieuse du partenaire notamment l’homme).
  • La continence périodique : éviter tout rapport sexuel pendant les périodes proches de l’ovulation de la femme.
  • Méthode de la courbe de température : une méthode d’abstinence périodique basée sur la détermination de la période féconde à partir de la mesure de la température basale du corps de la femme et abstinence de tout rapport sexuel pendant la période dite féconde
  • Timbre ou patch contraceptif : un patch qui collé à la peau libère des hormones à travers la peau. Son action est similaire à celui des pilules.
  • Les méthodes chirurgicales (vasectomie et ligature des trompes). Ces procédures sont règlementées par des lois spécifiques en vigueur au Burkina Faso, qui fournissent des directives sur le moment et la manière dont elles peuvent être utilisées.

5. Les comportements à encourager chez les jeunes afin d’éviter une grossesse précoce non désirée

  • Maîtriser le cycle menstruel en distinguant la période féconde (ou « période à risque »).
  • S’abstenir
  • Fréquentation des centres d’écoute pour jeunes
  • Faire la distinction entre les messages que véhiculent les télés novelas et la réalité. Par exemple : ces histoires télévisées peuvent présenter et même glorifier ou sensationnaliser des comportements sexuels promiscueux, irresponsables et inappropriés.
  • Utiliser les méthodes contraceptives dès les premiers rapports, les premiers moments de la sexualité.
  • Avoir un seul partenaire.

6. Les conséquences de la non utilisation de la contraception sur la société :

  • Augmentation du taux d’échec scolaire;
  • Augmentation démographique;
  • Taux de mortalité maternelle et infantile plus élevé que chez les mères plus âgées à cause de la pauvreté ou de l’immaturité de la mère;
  • Malnutrition des enfants et souvent de la mère;
  • Abandons d’enfant;
  • Conflits familiaux;
  • Augmentation du taux d’infanticide;
  • IST.

Note de la rédaction : Plusieurs de ces conséquences sont courantes quel que soit le statut social et économique de la personne dans toutes les sociétés. Il est important de ne pas blâmer les jeunes femmes pour tout ceci : une partie des conséquences sont dues aux mentalités sociales négatives et à la stigmatisation. Un fort appui de la famille et la société ainsi qu’une bonne sensibilisation des jeunes, en général, et des femmes, en particulier, pourraient réduire ces facteurs de risques, même si cela ne pourra pas les éliminer.

Conclusion

 
Les directeurs des services de conseil et d’éducation pour les adolescents du Burkina Faso soulignent que, pour minimiser les grossesses non désirées et leurs conséquences négatives, les efforts doivent être centrés sur l’approfondissement des connaissances, non seulement concernant les pratiques quotidiennes en matière de sexe, mais également les barrières spécifiques aux changements. De plus, les jeunes doivent bénéficier de la confidentialité et d’une contraception gratuite et accessible.

Acknowledgements

Rédaction : Solange Bicaba et Amadou Lougué

Révision : Dr. Yonli P. Rodrigue, médecin généraliste.

Cette ressource a été produite avec l’appui du gouvernement du Canada dans le cadre du projet « Promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et la nutrition des adolescents au Burkina Faso » (ADOSANTE). Le projet ADOSANTE est piloté par un consortium formé par Helen Keller International (HKI), Marie Stopes-Burkina Faso (MS/BF), Radios Rurales Internationales (RRI), le Centre d’information de Conseils et de Documentation sur le Sida et la Tuberculeuse (CICDoc) et le Réseau Afrique Jeunesse Santé et Développement (RAJS).

Information sources

Interviews

Rachelle Ouédraogo, Centre d’écoute pour jeune de l’ABBEF de Bobo, juin, octobre et novembre 2019

Rosalie Zongo, Centre d’écoute pour adulte de l’ABBEF de Bobo, juin 2019

Documents

Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD), ministère de l’Économie et des Finances, 2012. Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSBF-MICS IV) 2010 : Burkina Faso. http://www.insd.bf/n/contenu/enquetes_recensements/enq_demo_sante/edsbf_mics_rapport_definitif.pdf

Kinda, I., 2019. Burkina : Des journalistes briefés sur les avantages de la Planification familiale. https://mafamilleplanifiee.org/burkina-des-journalistes-briefes-sur-les-avantages-de-la-planification-familiale/

Ouédraogo, A, 2018. Burkina : Croisade contre les grossesses précoces à Houndé. https://www.burkina24.com/2018/07/08/burkina-croisade-contre-les-grossesses-precoces-a-hounde/

Plan International, 2018. Causes et conséquences des grossesses précoces. https://www.plan-international.fr/info/actualites/news/2016-09-23-causes-et-consequences-des-grossesses-precoces

Remerciements particuliers à :

Monsieur le directeur du Lycée Ouézzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso

Monsieur le directeur du Lycée Municipal Vinama Djibril Tiémounou de Bobo-Dioulasso

Les élèves du Lycée Ouézin Coulibaly et du Lycée Municipal Vinama Djibril Tiémounou de Bobo-Dioulasso

Mesdames Rachelle Ouédraogo, et Rosalie Zongo, responsables des centres d’écoute de l’Association Burkinabè pour le Bien Être Familial (ABBEF)