Notes au radiodiffuseur
La grossesse et la naissance sont des périodes cruciales dans la vie d’une femme et de son enfant. Un suivi médical approprié pendant la grossesse et un accouchement sécurisé sont essentiels pour assurer la santé et le bien-être de la mère et du bébé. Une prise en charge adéquate permet de détecter et de traiter les complications potentielles, de fournir des conseils nutritionnels et de préparer la mère à l’accouchement. De plus, des soins de qualité contribuent à réduire les risques de mortalité maternelle et infantile et à favoriser le développement optimal du nouveau-né. Il est donc primordial que toutes les femmes aient accès à des soins de santé appropriés tout au long de leur grossesse et de leur accouchement.
Ce texte est basé sur des interviews menées par Boh Kone et Djénèbou Sangare à la Radio Kénédougou dans leur programme Ladili Blon. Le programme original a été diffusé en bambara en février 2024 comme partie du projet « HÉRÈ – Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer le bien-être des femmes et filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali.
Pour reproduire ce texte sur votre station de radio, vous pouvez utiliser des voix d’acteurs ou d’actrices pour jouer les rôles des personnes interrogées et l’adapter à votre situation locale. Si vous choisissez cette approche, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs ou d’actrices, et non celles des personnes interrogées à l’origine.
Vous pouvez également utiliser ce texte comme base pour élaborer des programmes visant à améliorer les connaissances et les pratiques liées à l’accouchement dans votre région. Interrogez des professionnels de la santé, des sages-femmes, et des experts en soins prénatals et postnatals.
Au cours de vos entretiens, vous pouvez poser les questions suivantes :
- Quelles sont les meilleures pratiques pour assurer un accouchement sécurisé et bien encadré ?
- Quels sont les objectifs à long terme pour améliorer les soins pendant la grossesse et l’accouchement ?
- Pouvez-vous partager des exemples de réussites ou de résultats positifs dans le domaine des soins à l’accouchement ?
- Quels efforts sont faits pour garantir que ces pratiques continuent à évoluer et à bénéficier aux futures mamans ?
Durée estimée du script radio avec musique, intro et extro : 15 minutes
Texte
BOH KONE :
Bienvenue à notre programme radiophonique. Je suis Boh Kone, et je suis accompagné de Djénèbou Sangaré. Nous avons discuté cette semaine avec une femme ayant vécu l’expérience d’un accouchement à domicile sans bénéficier des soins adéquats.
L’entretien a eu lieu dans le quartier de Lafiabougou, limité à l’est par Sanoubougou 2 et Mancourani 2, au nord par Hamdallaye, et au sud par Lafiabougou Koko. Suivons ensemble ce témoignage. Il est important de noter que, en raison de la sensibilité du sujet, l’intervenante a choisi de rester anonyme.
SFX: Son ambiant
FEMME :
J’ai fait ma grossesse sans problème et j’étais bien portante. Quand j’ai commencé à avoir mes contractions, j’ai décidé d’accoucher directement à la maison. Le problème est survenu pendant mon accouchement à domicile, qui s’est déroulé sans assistance ni soins appropriés. J’ai eu une hémorragie qui ne s’est pas arrêtée même après l’accouchement. J’avais mal et j’ai expliqué la situation à mon mari, qui a ensuite informé ses amis. Ces derniers nous ont conseillé de nous rendre immédiatement à l’hôpital.
Avant d’aller à l’hôpital, j’utilisais d’abord des médicaments traditionnels, pensant qu’il s’agissait d’un autre problème. Finalement, j’ai réalisé que mes symptômes étaient les conséquences de l’accouchement non assisté à domicile.
La prescription des médecins m’a beaucoup aidé à améliorer la situation, je me porte bien aujourd’hui et le bébé aussi. J’aimerais dire aux autres femmes dans ma situation qu’il existe des centres de santé dans nos communautés qui peuvent les soutenir dans des situations similaires.
J’ai reçu l’aide de plusieurs personnes, notamment mon mari et ma mère. Je n’ai pas été marginalisée au sein de ma famille ni dans ma communauté, car, bien que je n’aie pas immédiatement compris l’enjeu de la situation, mon entourage a su faire preuve de compréhension.
Les époux jouent un rôle primordial pendant la grossesse et l’accouchement. Ils doivent accompagner la femme lors des consultations, prendre soin d’elle et rester à ses côtés, que ce soit pendant l’accouchement ou non.
On ne doit pas accoucher à domicile ni recourir uniquement aux médicaments traditionnels. Il est important de se rendre dans un centre de santé pour évaluer son état et obtenir une prescription appropriée.
DISSOLUTION
BOH KONE :
Pour rappel, cet entretien a été réalisé à Lafiabougou, mais comme mentionné au début, l’intervenante a souhaité garder son anonymat. Elle a accouché à domicile sans recevoir les soins nécessaires, ce qui a été le point de départ de ses problèmes. Une fois à l’hôpital, elle a reçu une prescription qui a permis de résoudre la situation. Elle a souligné l’importance du rôle et de l’accompagnement des époux pendant l’accouchement. Nous la remercions pour son témoignage, qui aura certainement un impact sur d’autres personnes. Nous invitons notre audience à se préparer, car nous nous retrouverons juste après cette pause pour découvrir une musique du terroir.
BOH KONE :
Bonsoir Madame, présentez-vous s’il vous plaît ?
MME. OUATTARA :
Bonsoir à vous, ainsi qu’aux auditrices et auditeurs de la Radio Kéné. Je suis Mme Sidibé Adiara Ouattara, sage-femme au centre de santé de référence de Sikasso.
BOH KONE :
Bienvenue. Qu’est-ce qu’on appelle soins à l’accouchement ?
MME. OUATTARA:
Les soins pendant l’accouchement ont pour but ultime l’expulsion du fœtus et de ses annexes hors de l’utérus à terme, c’est-à-dire faire naître l’enfant. Ils consistent à assister la parturiente pour garantir un accouchement sûr pour la mère et l’enfant.
Lors de la surveillance du travail et de l’accouchement, une attention particulière sera accordée aux grossesses à risque (pathologiques ou compliquées).
Le partogramme doit être utilisé comme outil de surveillance et de prise de décision tout au long du travail d’accouchement.
Tout accouchement doit se faire dans une formation sanitaire par un personnel qualifié.
DJENEBOU SANGARE:
Quelles sont les activités de soins durant l’accouchement ?
MME. OUATTARA:
Les activités de soins durant l’accouchement comprennent la prévention et transmission mère-enfant, le suivi de l’évolution du travail à l’aide du partogramme, le dégagement de l’enfant, la gestion active de la troisième phase de l’accouchement, le dépistage et la prise en charge des complications de l’accouchement, ainsi que la référence des cas qui dépassent la compétence du prestataire.
Pour la plupart des femmes et des familles, l’accouchement et la naissance représentent une période d’enthousiasme et d’anticipation, mais aussi d’incertitude et d’anxiété.
Donner naissance représente une transition majeure dans la vie d’une femme. Une femme garde toute sa vie les souvenirs et l’expérience de l’accouchement et de la naissance. Aussi, le soutien de ses proches et les soins qu’elle reçoit pendant cette période sont essentiels. Globalement, les soins prodigués aux femmes pendant le travail et la naissance visent à créer une expérience positive pour les femmes et leur famille tout en maintenant leur santé et celle de leur bébé, en empêchant les complications et en répondant aux urgences.
BOH KONE:
Quels sont les avantages des accouchements dans les centres de santé ?
MME. OUATTARA :
Les avantages sont nombreux. Ils incluent la réduction du taux de mortalité maternelle et néonatale, ainsi qu’une meilleure connaissance des signes du travail d’accouchement et des signes de danger. Cela contribue également à réduire les complications liées à l’accouchement, telles que la rupture prématurée des membranes, les céphalées intenses et les douleurs abdominales. De plus, cela permet d’assurer la bonne santé de la mère et du nouveau-né, et de garantir que le nouveau-né reçoit les soins essentiels et une bonne croissance grâce aux examens réalisés dans les minutes suivant l’accouchement.
DJENEBOU SANGARE:
Quels sont les inconvénients des accouchements à la maison ?
MME. OUATTARA :
Les inconvénients des accouchements à domicile, en dehors des services de santé, sont nombreux et graves. Elle augmente le taux de mortalité maternelle et néonatale, favorise la naissance d’enfants malades, et entraîne des complications à l’accouchement telles que l’hémorragie, l’éclampsie (forte augmentation de la tension artérielle chez la femme enceinte) et les troubles mentaux. De plus, elle peut souvent conduire à une césarienne, ce qui peut entraîner une stigmatisation.
BOH KONE:
Dans nos communautés, il y a une situation préoccupante : de nombreuses sages-femmes accouchent les femmes enceintes à domicile. Quelles peuvent être les conséquences de cette pratique ?
MME. OUATTARA :
Oui, malheureusement, il y’a certaines qui s’adonnent à cette pratique néfaste, cela a des conséquences non seulement sur la femme mais aussi sur le nouveau-né. Compte tenu de l’évolution de la médicine cette pratique n’est même pas permise car une seule sage-femme ne doit pas faire accoucher une femme enceinte. Dans les centres de santé lors des accouchements, le nombre minimum de personnels qualifiés de santé est de 2 ou 3 personnes minimum. En cas de complication, les efforts sont généralement coordonnés. Cependant, si une seule sage-femme est présente à domicile, elle pourrait ne pas être en mesure de gérer la situation seule. Cela pourrait mettre en danger la vie de la mère et de l’enfant, ce qui serait regrettable.
BOH KONE:
Pour éradiquer les accouchements à la maison quels sont les solutions?
MME. OUATTARA :
Il est essentiel de promouvoir la communication pour le changement de comportement au sein des familles, des communautés et des structures de santé, car tout changement est progressif. Voici les actions à mettre en place…Informer et sensibiliser par des séances de causeries organisées par les centres de santé. Assurer la disponibilité et la formation du personnel qualifié, ce qui est crucial. Offrir un accompagnement au partenaire pendant la grossesse, l’accouchement et le post-partum. Faciliter l’accès aux centres de santé communautaire en collaboration avec les mairies.
Les collectivités, en particulier les mairies, doivent assumer leur responsabilité en matière de référence et d’évacuation en rendant ces services gratuits ou en réduisant les frais d’évacuation en cas de besoin.
DJENEBOU SANGARE:
Quel rôle les maris doivent-ils jouer pour soutenir leur femme pendant l’accouchement ?
MME. OUATTARA :
Autrefois, les époux considéraient que l’accouchement ne les concernait pas directement. Heureusement, ils commencent aujourd’hui à comprendre que c’est une responsabilité partagée.
Lors de l’accouchement, la femme doit être complètement sereine. Il est crucial qu’elle se sente rassurée par la présence de son époux et qu’elle sache qu’il se soucie d’elle ; cet aspect est très important.
BOH KONE:
Quels rôles la belle-famille peut jouer pour faciliter l’accouchement de la belle fille dans une structure sanitaire ?
MME. OUATTARA :
Les belles-familles doivent soutenir et accompagner leur belle-fille tout au long de sa grossesse et jusqu’à l’accouchement. Il est important d’éviter de lui ajouter du stress avec des disputes ou des discussions inutiles après l’accouchement. Elles doivent se concentrer sur le soutien et les soins à apporter à la mère et au bébé.
BOH KONE:
Le choix de l’accompagnateur est très important. Selon vous, quelles qualités devrait avoir la personne qui accompagne une femme enceinte ?
MME. OUATTARA :
Je veux dire à tous ceux qui m’écoutent en ce moment que l’accompagnateur doit être une personne en qui la femme enceinte a entièrement confiance.
BOH KONE:
Une personne âgée, comme c’est souvent le cas, ou un jeune ?
MME. OUATTARA :
Peu importe son âge, tant que c’est une personne de confiance, il n’y a pas de problème.
BOH KONE:
Nous avons reçu une question de notre auditoire sur la différence entre un accouchement normal et une césarienne. Pourriez-vous nous l’expliquer?
MME. OUATTARA :
C’est une très bonne question à mon avis. Il existe deux types d’accouchement : par voie basse, qui est l’accouchement normal, et par césarienne. L’accouchement par voie basse se fait naturellement par le canal vaginal, tandis que la césarienne est une intervention chirurgicale pour extraire le bébé par une incision dans l’abdomen et l’utérus. La césarienne est souvent nécessaire en cas de complications qui rendent l’accouchement vaginal risqué, comme des problèmes de positionnement du bébé ou des signes de détresse fœtale. L’absence de consultations prénatales ne mène pas nécessairement à une césarienne. Même si certaines situations requièrent une césarienne, l’objectif est toujours de garantir la sécurité de la mère et du bébé.
DJENEBOU SANGARE:
Merci beaucoup, Sidibe Adiara Ouattara, pour votre participation à notre programme aujourd’hui. Nous avons tous beaucoup appris sur les soins à l’accouchement, l’importance de se préparer correctement et de comprendre les options disponibles pour les futures mamans. Votre expertise nous a aidés à mieux comprendre comment assurer un accouchement sûr et serein. Nous espérons que nos auditeurs et auditrices se sentent maintenant mieux informés et soutenus. Merci encore pour votre temps et vos précieux conseils.
Acknowledgements
Contribué par : Boh Kone et Djénèbou Sangare à la Radio Kénédougou
Information sources
Sources d’information :
Interviews: Sidibe Adiara Ouattara, sage femme, février 2024
Interlocutrice anonyme à Lafiabougou, fevrier 2024
Cette ressource a été produite grâce à l’initiative « HÉRÈ – Bien-être des femmes au Mali » qui vise à améliorer le bien-être des femmes et filles en matière de santé sexuelle et reproductive et à renforcer la prévention et la réponse aux violences basées sur le genre dans les régions de Sikasso, Ségou, Mopti et le district de Bamako au Mali. Le projet est mis en œuvre par le Consortium HÉRÈ – MSI Mali, en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI) et Women in Law and Development in Africa (WiLDAF) grâce au financement de Affaires Mondiales Canada.