Notes au radiodiffuseur
Au Burkina Faso, l’un des principaux facteurs de dégradation des infrastructures hydrauliques est l’ensablement : 41% des 1 035 barrages du pays sont fortement dégradés, essentiellement à cause de l’ensablement à l’origine de la destruction du couvert végétal dans les bassins versants de ces ouvrages hydrauliques. Certains projets de construction de barrages n’ont pas intégrés la protection de ces infrastructures ou impliqués suffisamment les communautés bénéficiaires. Aucune mesure n’est donc prise pour prévenir et lutter contre les facteurs de dégradation relatifs aux pratiques agricoles sur les berges et en amont du bassin versant. Le couvert végétal de ces zones est détruit et le sol y est raclé. Ce qui facilite le transport solide par le ruissèlement des eaux pluviales dans les cuvettes des barrages.
C’est ce qui s’est passé au barrage de Konioudou, un village situé dans la commune de Kombissiri, à une quarantaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale politique du Burkina Faso. D’une capacité de 900 000 mètres cubes, ce barrage réalisé en 1986 allait sombrer à la faveur de l’ensablement, n’eût été la vigilance de la population. En effet, voyant la capacité de leur barrage se réduire, la communauté de Konioudou s’est mobilisée pour prendre en charge la sauvegarde de leur retenu d’eau qui est leur principale source de développement. Car, la population y tire ses revenus à travers la culture maraichère. Elle améliore sa nutrition grâce aux légumes qu’elle produit en quantité.
Ce texte radiophonique est consacré à cette mobilisation communautaire exceptionnelle pour protéger la ressource en eau, dans un contexte où les communautés attendent généralement l’aide de l’État ou des partenaires au développement. Il donne la parole à trois principaux acteurs. Ce texte n’est pas un enregistrement mot à mot des paroles des personnes interrogées. Pour garantir que nous couvrons les informations clés sur le sujet du texte radiophonique et que tous les lecteur.trice.s comprennent les messages, nous avons légèrement modifié le texte.
Pour produire une émission similaire sur la mobilisation communautaire autour de l’eau, vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre émission régulière, vous pouvez choisir des acteurs.trices vocaux.ales ou des animateurs.trices pour représenter les personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix d’acteurs.trices ou d’animateurs.trices et non celles des véritables personnes interviewées.
Si vous souhaitez créer des émissions sur la mobilisation communautaire autour de l’eau, entretenez-vous avec un.e exploitant.e de barrage, un leader communautaire et un expert. Vous pourriez par exemple, poser les questions suivantes à vos interlocuteurs :
- Pourquoi vous mobilisez-vous autant pour la sauvegarde de votre barrage?
- Qu’est-ce qui provoque la dégradation du barrage?
- Quelles solutions avez-vous trouvé pour stopper cette dégradation?
- Quels sont les impacts de vos actions de protection sur le barrage?
- Qu’est-ce que le barrage vous apporte comme revenus?
Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.
Texte
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE
: Auditeurs et auditrices, bienvenus sur nos antennes et merci de nous suivre. Notre émission du jour va porter sur la mobilisation des populations communautaires pour la prise en charge de la gestion de leurs ouvrages hydrauliques. Nous allons parler du cas particulier du village de Konioudou, un village situé à une quarantaine (40) de kilomètres de Ouagadougou, la capitale politique du Burkina Faso.
La mobilisation communautaire pour mener des travaux de réfection et de protection de barrage est un exemple à suivre et dont nous allons parler dans notre émission. Pour cela, nous allons donner la parole à trois principaux acteurs. D’abord, au président du comité des usagers de l’eau du barrage de Konioudou. Gabriel Nikiema est un leader communautaire qui s’investit pour la cause du barrage de son village. Il va parler de la situation du barrage, de la mobilisation de la communauté de Konioudou pour le barrage et surtout de ce que le barrage apporte au développement de sa communauté. Ensuite, Pauline Ouédraogo, une exploitante agricole, va intervenir pour parler de la participation des femmes aux travaux de réfection et de protection du barrage et de ce que les femmes tirent comme revenus de cette ressource hydraulique. Enfin, le spécialiste de la gestion des ressources en eau et technicien supérieur en agriculture, Ousmane Zoundi, parlera des données techniques relatives aux ressources en eau dans la zone où est située le village de Konioudou et de l’importance de l’eau dans le développement d’un village comme Konioudou.
Bonjour à toutes et à tous et merci d’avoir accepté notre invitation!
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE:
Sans plus tarder, nous allons nous entretenir avec Gabriel Nikiema. Vous êtes le président du comité des usagers de l’eau du barrage de Konioudou. Pourquoi cette forte mobilisation autour de ce barrage?
GABRIEL NIKIEMA :
Le constat est clair: les ressources en eau se raréfient et nous n’en avons pas assez pour produire. C’est pour conserver et protéger le peu que nous avons que nous nous mobilisons ainsi.
Nous utilisons des mégaphones pour donner l’information quand nous voulons nous réunir. Nous ne sommes pas en marge des nouvelles technologies. Nous utilisons aussi les messages vocaux sur WhatsApp, sans oublier la technique de bouche à oreille. Tout le monde connait la périodicité de trois semaines pour ces travaux de réfection du barrage. A chaque séance de travail, nous pouvons mobiliser une centaine de personnes. Sans quoi, nous risquons de tout perdre et nous n’imaginons pas notre vie ici à Konioudou sans ce barrage.
ANIMATEUR.TRICE:
Pourquoi le barrage tarit?
GABRIEL NIKIEMA :
Le barrage n’est pas assez grand. Il est d’une capacité de neuf cent mille mètres cubes (900 000 m
3) et nous sommes très nombreux à l’utiliser. Le village compte plus de huit mille (8 000) habitants et tout le monde utilise l’eau de ce barrage. La digue n’est pas assez élevée pour retenir et stocker une grande quantité d’eau.
Il se fait aussi que la cuvette du barrage est ensablé et la digue est endommagée. Cela ne permet pas de retenir beaucoup d’eau en saison d’hivernage. Le tarissement nous oblige à arrêter d’arroser nos plantes plus tôt. Le peu d’eau qui reste souvent, nous la réservons pour les animaux. C’est un vieux barrage de plus de trente ans.
ANIMATEUR/TRICE:
Quelles actions spécifiques menez-vous pour protéger votre barrage?
GABRIEL NIKIEMA:
Nous travaillons à renforcer la digue. Nous ramassons de la terre et des cailloux pour colmater les brèches afin que la digue soit plus solide et résister aux fortes eaux de pluie. Nous travaillons à contenir l’ensablement avec des plantations d’arbres en amont et aussi avec des ouvrages comme les cordons pierreux, des diguettes filtrantes et des bandes enherbées. Mais nous mettons aussi l’accent sur le changement de comportement. Car, tant que nous allons continuer avec de mauvaises actions, nous allons mettre notre barrage en danger. Nous sensibilisons notamment sur les bonnes pratiques en matière de protection des ressources en eau.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment êtes-vous organisés pour les travaux de protection de votre barrage?
GABRIEL NIKIEMA :
Nous sommes organisés autour du comité des usagers de l’eau, ou CUE. Le CUE dont le rôle est d’assurer l’entretien courant et la protection du barrage exécute les travaux avec toute la population. En tant que comité, nous initions avec les services techniques de l’agriculture, nous coordonnons et nous exécutons les activités de protection du barrage. Nous sensibilisons en amont et suscitons la mobilisation de la population pour la cause du barrage.
ANIMATEUR.TRICE:
Que faites-vous pour prévenir l’ensablementde votre barrage?
GABRIEL NIKIEMA :
Nous avons appris auprès des techniciens de l’agriculture affectés sur le terrain pour assurer les services d’encadrement des producteurs, comment faire pour limiter l’érosion du sol et le transport des sédiments dans le barrage. Il faut d’abord délimiter la bande de servitude du barrage et interdire les pratiques agricoles à l’intérieur de ce périmètre délimité. Les gens y pratiquent de l’agriculture parce qu’ils ne connaissent pas les effets sur le barrage. Cela n’a pas été enseigné à la réalisation du barrage. Mais nous allons travailler à rattraper cela pour le bien de notre ouvrage.
ANIMATEUR.TRICE:
Ce sont-là des mesures de protection. Mais concrètement, quelles activités allez-vous mener pour empêcher que l’eau emporte le sable dans le barrage?
GABRIEL NIKIEMA :
Nous allons planter des arbres, des épineux tout autour du barrage et des arbres fruitiers dans la bande de servitude. Ces arbres fruitiers permettront de stabiliser le sol tout autour du barrage, puisque le sol ne sera plus remué par la pratique agricole. Ces arbres fruitiers vont procurer des revenus aux producteurs et productrices dont les pratiques agricoles ont été interdites dans les champs. Nous avons aussi appris comment ralentir la vitesse de l’écoulement de l’eau en amont grâce à des ouvrages comme des cordons pierreux et des bandes herbacées. Nous sommes allés sur le terrain voir où et comment nous allons ériger ces barrières. Pour renforcer les cordons pierreux, nous avons prévu planter des herbes en lignes perpendiculaires à la pente.
ANIMATEUR.TRICE:
Qui est-ce qui vous soutient pour mener ces activités?
GABRIEL NIKIEMA :
Personne ne nous soutient pour ces activités. Nous avons une caisse dans laquelle nous cotisons. Chaque usager de l’eau du barrage cotise chaque mois deux mille francs Cfa (2 000 FCFA, $3.40 US) pour les petits exploitants et cinq mille (5 000, $8.45 US ) pour les grands exploitants. C’est avec ces cotisations que nous achetons du matériel pour travailler à la protection du barrage. Nous achetons du carburant pour alimenter nos taxi-motos que nous utilisons pour ramasser la terre et les gros cailloux et nous achetons aussi à manger pendant les travaux.
ANIMATEUR.TRICE:
Est-ce que vous sentez les impacts de ce que vous faites sur le barrage?
GABRIEL NIKIEMA :
Oui, l’impact est bien visible. Cette année, nous avons eu de l’eau deux mois de plus que l’année dernière. Cela est très important pour nous parce que cela fait deux mois de plus de production.
La production a beaucoup augmenté. Elle est passée du simple au double. Ce qui est intéressant, c’est que deux mois d’occupation de plus que les années passées a permis de retenir les jeunes qui partaient sur les sites d’orpaillage ou en exode en ville.
ANIMATEUR.TRICE
: Est-ce que vous-même vous exploitez le barrage?
GABRIEL NIKIEMA :
Oui, j’exploite bien le barrage. Cette année, j’y ai produit des choux et des oignons. C’était bien cette année. J’ai eu au moins cinq cent mille (500 000) francs Cfa ($845 US) de la vente de ma production d’oignons et de choux. Cela m’a beaucoup rapporté et la production de cette année a galvanisé tout le village qui s’est bien mobilisé pour la cause de ce barrage. C’est nettement mieux que l’année dernière où je n’ai même pas récolté la moitié de ce que j’ai eu cette année.
ANIMATEUR.TRICE:
Le barrage a changé votre vie à Konioudou?
GABRIEL NIKIEMA :
Le barrage a beaucoup changé notre vie ici à Konioudou. Nos maisons sont en matériaux définitifs et non plus en banco et chacun s’est payé une moto. L’impact du barrage sur notre vie est bien perceptible. Si nous pouvions avoir de l’eau en permanence, nous serions tous riches dans ce village.
ANIMATEUR.TRICE
: Au-delà de la culture maraichère, quels sont les autres usages que vous faites de votre barrage?
GABRIEL NIKIEMA
: Nous y abreuvons nos animaux et y prélevons de l’eau pour nos travaux domestiques telles que les constructions de maisons. Autour du barrage, se développe une vie. Vous y trouverez plusieurs espèces d’oiseaux et de reptiles. La terre y est bien humide et le temps est beau.
ANIMATEUR.TRICE:
Merci Monsieur Nikiéma pour toutes ces informations et bon courage à vous dans votre engagement à protéger le barrage de Konioudou pour le bonheur de la population de ce village.
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE:
Nous avons maintenant en ligne au téléphone Madame Pauline Ouédraogo qui est membre de ce comité d’usagers de l’eau du barrage de Konioudou. Bonjour Madame et bienvenue sur nos antennes. Qu’avez-vous produit cette année?
PAULINE OUEDRAOGO:
Cette année, j’ai planté des oignons, des choux et cinq variétés de plantes à feuilles comestibles sur à peu près cinq cent mètres carrés (500 m
2). La terre ne suffit pas. Ce qui fait que les hommes ne nous donnent pas assez. L’eau est vite finie et nous avons abandonné nos planches. Sinon, quand il y avait beaucoup d’eau par le passé, après la récolte des oignons, nous plantions encore des plantes à feuilles comestibles et cela nous faisait beaucoup plus de production et de revenus.
ANIMATEUR.TRICE:
Combien avez-vous gagné de votre production de cette année?
PAULINE OUEDRAOGO:
(RIRES) C’est vrai que nous n’aimons pas trop parler de ce que nous gagnons parce que quand les hommes sont au courant, ils nous tournent autour pour nous le subtiliser. (RIRES) Mais je peux vous en parler, seulement que je n’ai pas encore vendu les oignons mais j’ai récolté trois sacs de cinquante (50) kilogrammes et chaque sac peut se vendre à trente mille (30 000) francs Cfa ($50.75 US). De la vente des choux et des feuilles, je peux estimer mon gain à cinquante mille (50 000) francs Cfa ($84.50 US). Donc, cette année mes revenus peuvent être évalués à cent quarante mille (140 000) francs Cfa ($235 US). Avec ces revenus, je gère mes petits besoins et je contribue aux dépenses de la famille surtout à la scolarité des enfants.
ANIMATEUR.TRICE:
Ah oui! Une bonne production malgré l’insuffisance de l’eau qui est le principal facteur de production. Qu’est-ce qui ne va pas avec ce barrageMadame Ouédraogo?
PAULINE OUEDRAOGO:
Dès le mois de mars, l’eau finit dans le barrage et souvent même avant la maturité de nos productions. Le barrage ne retient plus assez d’eau comme par le passé alors que les besoins augmentent.
C’est vrai que le barrage est ensablé mais la digue aussi n’est plus bonne. Elle se brise pendant la période des fortes pluies. On la répare d’un côté cette année et l’année prochaine, elle se brise de l’autre côté. Elle est vieille cette digue.
ANIMATEUR.TRICE:
Est-ce que les femmes participent aux travaux de réparation et de protection du barrage?
PAULINE OUEDRAOGO:
Oui, bien sûr que nous participons aux travaux. Nous préparons à manger et du café pour les hommes mais nous ramassons aussi les cailloux et la terre pour la réfection de la digue. Nous sommes bien là avec les hommes pour protéger notre barrage dont nous dépendons beaucoup. Nous y produisons des légumes et des feuilles pour nos sauces et nous y gagnons des revenus pour faire face aux besoins de la famille. Ce barrage est très important pour nous les femmes.
ANIMATEUR.TRICE:
Que faut-il faire pour vraiment bien protéger le barrage afin qu’il fournisse de l’eau nécessaire pour la production?
PAULINE OUEDRAOGO:
Il nous faudra de l’aidede grosses machines pour ramasser la terre et les cailloux pour stabiliser la digue. Nous souffrons beaucoup avec nos brouettes et nos charrettes. Laissées à nous-mêmes, ça va être difficile de réhabiliter la digue.
ANIMATEUR.TRICE:
Merci Madame Pauline Ouédraogo pour avoir accepté partager ses opinions sur le barrage de Konioudou. Vivement que vous ayez cette aide pour vous permettre d’accroitre la production afin d’augmenter les revenus des femmes et des hommes agriculteurs de Konioudou.
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE:
Maintenant, pour boucler cette émission, nous allons nous tourner vers Monsieur Ousmane Zoundi présent dans notre studio. Bonjour Monsieur Zoundi et merci d’avoir répondu à notre invitation pour parler du barrage de Koniougou que vous connaissez bien. Vous êtes technicien supérieur d’agriculture et vous vivez avec la communauté de Koniougou. Parlez-nous du barrage de Konioudou?
OUSMANE ZOUNDI:
Le barrage de Konioudou dans la commune de Kombissiri près de Ouagadougou a été réalisé dans les années 1986 avec une capacité de neuf cent mille mètres cubes (900 000 m
3). La digue de cet ouvrage hydraulique est fortement dégradée et menace de céder à chaque saison de pluie. Les populations de Konioudou, à travers le comité des usagers de l’eau, se sont fortement mobilisées pour mener des actions d’entretien de cet ouvrage. La communauté a aussi mobilisé des ressources financières pour les travaux d’entretien et de réparation du barrage. L’Agence de l’Eau du Nakambé intervient aussi en appui pour les travaux de confortation de la digue du barrage; suite à cette mobilisation exemplaire de la communauté elle-même.
ANIMATEUR.TRICE:
Dans le cadre de la gestion durable des ressources en eau, qu’est-ce qui est demandé à un usager exploitant dans un barrage?
OUSMANE ZOUNDI:
Il lui est demandé de se conformer aux règles établies en matière de gestion de l’eau et portées à leur connaissance par les membres du comité des usagers de l’eau. Ce sont entre autres le respect des périodes et de la zone d’exploitation et le respect des mesures en matière d’utilisation des pesticides.
ANIMATEUR.TRICE:
De quelles manières est-ce que la communauté de Konioudou peut-elle être citée comme un bon exemple en matière de mobilisation communautaire pour la préservation des ressources en eau?
OUSMANE ZOUNDI:
La communauté de Konioudou est un bon exemple en matière de mobilisation physique pour l’exécution des travaux d’entretien et de réparation et aussi la mobilisation financière. Rarement une communauté s’est aussi engagée pour des travaux communautaires. Les populations attendent toujours l’intervention de l’Etat ou des partenaires mais Konioudou s’est mise devant en attendant les appuis. Mais elle doit persévérer parce que de mauvaises pratiques sont toujours présentes, à l’instar de l’occupation de la bande de servitude pour l’exploitation agricole qui ensable le barrage. Sortir les exploitants de cette bande de servitude demeure un grand défi.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment faire pour maintenir cette dynamique enclenchée par la communauté de Konioudou?
OUSMANE ZOUNDI:
Il ne faut pas baisser la garde. Il faut continuer la sensibilisation et surtout la formation des membres du comité des usagers qui servent de relais. Il faut les amener à être plus efficaces. Pour dupliquer ce bel exemple d’engagement et de mobilisation, il faut que la communauté de Konioudou partage son expérience avec d’autres communautés à travers des voyages d’étude et des renforcements de capacité. Ilfaut surtout organiser des émissions radio pour diffuser les bonnes pratiques et parler de l’engagement exemplaire de la communauté de Konioudou. Il faut beaucoup miser sur la radio parce qu’elle est un outil de communication efficace et accessible à tous.
ANIMATEUR/TRICE:
Monsieur Zoundi, quelle peut être l’importance de l’eau pour une communauté comme celle de Konioudou au-delà des usages ordinaires que l’on connait?
OUSMANE ZOUNDI:
Au-delà des usages domestiques, l’eau est le premier facteur de développement en milieu rural. Si vous prenez l’exemple de la communauté de Konioudou, elle a juste quatre mois de saison de pluies pour produire et le reste de l’année, elle est presque désœuvrée. Si elle dispose de l’eau pour produire en saison sèche jusqu’à la prochaine saison de pluie, ça sera d’une grande aide pour elle. La production en saison sèche procure des revenus et de la nourriture pour la communauté et cela s’avère très important.
ANIMATEUR.TRICE:
Est-ce que cette ressource est disponible pour la communauté?
OUSMANE ZOUNDI:
Cette ressource manque énormément. La région du centre-sud à laquelle appartient Konioudou est traversée par deux fleuves, le Nazinon et la Nakambé. Elle dispose des marres et de barrages qui sont de faibles capacités et qui tarissent rapidement parce qu’ils sont ensablés par les pratiques agricoles tout autour. Les ressources en eau souterraine sont moins abondantes parce que la région est située sur un socle.
ANIMATEUR/TRICE:
Quels sont les défis relatifs au secteur de l’eau dans cette région?
OUSMANE ZOUNDI:
Le grand défi, c’est vraiment la protection de cette ressource contre les pollutions et l’ensablement. Pour cela, nous avons mis en place des comités locaux de l’eau à l’échelle du sous bassin qui veillent à la protection et à la bonne utilisation de l’eau. Au-delà des comités de l’eau, il y a les comités d’usagers de l’eau qui sont à l’échelle du barrage et qui veillent aussi à la protection et à la bonne utilisation sur un point donné. Avec l’appui des techniciens que nous sommes, ces comités sensibilisent contre les mauvaises pratiques et font la promotion des bonnes pratiques pour l’utilisation durable des ressources en eau. Il y a aussi la police de l’eau qui appuie ces comités dans la sensibilisation et elles mènent aussi des actions de répression contre les mauvaises pratiques.
ANIMATEUR.TRICE:
Merci Monsieur Zoundi et à tous nos invités. C’est la fin de cette émission. Nous avons parlé aujourd’hui de la mobilisation communautaire pour la gestion des ressources en eau avec le cas de la communauté de Konioudou. Nous en avons parlé avec Gabriel Nikiéma et Pauline Ouédraogo de la communauté de Konioudou et Ousmane Zoundi, technicien de l’agriculture. Vous avez vu comment cette communauté s’est engagée pour protéger son barrage dont l’avenir est menacé par l’ensablement. A travers des actions de réparation et de prévention, cette communauté est en train de donner une seconde vie à son ouvrage qui fait son bonheur dans une région où la ressource eau est rare face à des usages de plus en plus croissants. La mobilisation communautaire à Konioudou est un bel exemple à suivre comme nous l’a dit le technicien d’agriculture.
Auditeurs et auditrices merci pour votre écoute et à la prochaine.
Acknowledgements
Contribué par : Harouna Sana, journaliste communicateur.
Révisé par : Jean-Baptiste Zongo, expert en gestion intégrée des ressources en eau
Sources d’information :
Interviews :
Gabriel Nikiéma, leader communautaire et président du comité des usagers de l’eau du barrage de Konioudou. Interview réalisée le 12 mai 2024.
Pauline Ouédraogo, exploitante du barrage. Interview réalisée le 17 mai 2024.
Ousmane Zoundi, technicien agricole. Interviews réalisées les 11 et 13 mai 2024.
Ressources visitées :
Publications ministère en charge de l’eau, interviews
Cette ressource a été réalisée grâce à une subvention du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas et du CRDI du Canada. Les opinions exprimées ne représentent pas nécessairement celles du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, ni celles du CRDI ou de son Conseil des gouverneurs.