Notes au radiodiffuseur
Ce dossier d’information pour les radiodiffuseurs va de pair avec l’élément 1 sur effectuer des recherches sur les auditoires. Il rapporte une entrevue avec Philip Chinkhokwe, réalisateur radio à la Station de Radio Communautaire de Nkhotakota, au Malawi. Dans l’interview, Philip explique comment sa station conduit des projets de recherche sur l’auditoire, et donne un exemple de recherche concernant des programmes sur l’agriculture de conservation du sol. La seconde partie de ce document est une transcription d’un programme sur l’agriculture de conservation du sol, basé sur l’étude portant sur l’auditoire décrite dans l’entrevue.
Lisez ce document pour voir s’il y a une quelconque similarité entre les méthodes de votre station de radio et celles de Nkhotakota, par rapport aux études sur l’auditoire. Y a-t-il des leçons que vous pouvez tirer des pratiques de Nkhotakota? Vous remarquerez combien les agriculteurs sont représentés dans les programmes de Nkhotakota, et les efforts faits par la station pour faire le meilleur usage de ressources limitées, en profitant des budgets d’autres programmes et des programmes d’autres organisations.
Comme l’élément 1 le mentionne, pour vraiment créer une programmation agricole qui soit pertinente pour les besoins de vos auditeurs, vous devez connaître votre public, et savoir quel genre d’information agricole est important pour lui. Certaines des activités de recherche que Philip décrit ci-dessous sont des bonnes façons d’apprendre à connaître votre auditoire et d’en savoir plus sur leurs besoins.
Texte
Le dossier d’information pour les radiodiffuseurs ci-après est divisé en deux sections. La première section est une interview avec Philip Chinkhokwe, réalisateur radio à la Station de Radio Communautaire de Nkhotakota, au Malawi. Dans l’interview, Philip décrit comment sa station conduit des projets de recherche afin de créer des programmes agricoles avec des partenaires tels que le Ministère de l’Agriculture et des organisations à but non lucratif. La seconde section est une transcription d’une partie du programme produit par Philip, à partir des résultats de l’étude menée par ses collègues et lui.
Au cours du programme sur le maïs, par exemple, nous visitons régulièrement les agriculteurs de ces zones-là. Nous faisons des enregistrements audio et les intégrons dans nos programmes, et nous documentons les histoires de réussite. Les agriculteurs bénéficient aussi de services directs de vulgarisation. Ces agriculteurs sont appelés auditeurs «actifs».
Le département d’agriculture nous dirige vers d’autres zones où les agriculteurs cultivent aussi ces plantes mais n’ont pas adopté les meilleures pratiques autant que les agriculteurs « actifs ». Ces agriculteurs écoutent simplement le programme et nous font part de leurs commentaires. Nous leur rendons parfois visite pour prendre note de leurs succès et pour évaluer l’impact de nos programmes sur les gens qui ne font que les écouter. On les appelle «auditeurs » passifs.
Certains auditeurs écrivent aussi des lettres. Nous avons des boîtes postales au centre des villages. Un villageois passe prendre les lettres une ou deux fois par mois, et notre personnel de marketing fait le tour des villages pour les récupérer à son tour.
J’ai découvert que les agriculteurs obtenaient des informations différentes, selon qu’elles provenaient du gouvernement ou d’organisations non-gouvernementales.
Parfois, l’agriculteur ignore simplement les messages divergents et ne fait rien pour appliquer les pratiques qui sont encouragées. D’autres fois, l’agriculteur abandonne une pratique quand il reçoit des messages conflictuels. L’agriculteur ne sait pas qui croire; alors il laisse simplement tomber la pratique en question.
Alors, j’ai fait des recherches sur les messages incompatibles, particulièrement en ce qui concerne l’agriculture de conservation du sol. Je suis allé dans une zone où le NASFAM – l’Association nationale des petits agriculteurs du Malawi – offre des services de vulgarisation. Je me suis aussi rendu dans une zone où l’ONG Concern Worldwide offre des services de vulgarisation. J’ai visité une troisième zone où les services de vulgarisation sont assurés par Total Land Care, et une quatrième zone où les agents de vulgarisation du gouvernement offrent leurs services.
Dans chacune des quatre zones, j’ai vu comment les agriculteurs mettaient en pratique les principes d’agriculture de conservation du sol. Je me suis concentré sur la plantation en fosse, qui consiste à planter des semis dans des trous et à disposer les tiges à la surface du sol pour lui conserver son humidité.
Je voulais voir s’il y avait des différences dans la manière dont les agriculteurs mettaient en pratique l’agriculture de conservation du sol. Je voulais aussi identifier les vulgarisateurs qui pourraient me fournir des informations standard et fiables sur l’agriculture de conservation du sol, de sorte que je puisse diffuser ces informations à la radio.
J’ai interviewé un agriculteur dans chacune des 4 zones, et je les ai questionnés sur les informations qu’ils ont reçues des agents de vulgarisation.
Dans certains cas, j’ai trouvé que des agriculteurs avaient fait de la plantation en fosse, mais avaient aussi étendu une couverture végétale. Parce qu’on avait aussi parlé à ces agriculteurs de la plantation d’herbe vétiver et de la confection de billons repères, ils ont aussi adopté ces pratiques. Ils ont adopté chaque message qu’ils ont entendu. Ils ne voulaient pas abandonner les pratiques qu’on les encourageaient à essayer, alors ils ont décidé de les essayer toutes, dans le même champ.
Il y a d’autres agriculteurs qui, quand ils apprennent une méthode, se limitent tellement à celle-ci qu’ils ne veulent pas apprendre quoi que ce soit de nouveau. Leur attitude s’exprime ainsi: «C’est comme ça que je le fait et c’est ainsi que j’ai été formé, et c’est la meilleure pratique.» Ils font confiance à la personne qui les a formés et peuvent être réticents à faire confiance facilement à quelqu’un qui vient avec des informations différentes.
Après diffusion du programme, les agriculteurs qui avaient utilisé ces méthodes téléphonaient pour livrer leurs témoignages. J’ai produit des spots de cinq minutes à partir de ces témoignages, et je les ai diffusés en ondes afin que les autre agriculteurs les entendent et soient encouragés à adopter ces pratiques.
La station a une équipe de football social qui a été formée à des fins d’interactions communautaires. Nous organisons des matches avec les communautés et nous les diffusons en direct, grâce au support de gens d’affaires de la communauté. Cela aide le personnel de la station à se déplacer d’un bout à l’autre du district et à rencontrer les auditeurs. Quand les gens nous appellent, nous leur demandons de nous dire d’où ils appellent. Cela nous donne une idée de notre zone de couverture. Nous prenons note des commentaires relatifs à chaque programme de terrain.
Nous avons une ligne SMS gratuite. Les agriculteurs qui sont abonnés à Airtel peuvent envoyer des messages gratuitement sur cette ligne. Les agriculteurs qui ont mis en pratique une méthode recommandée dans un programme particulier déclarent ce qu’ils ont fait et appris, de quelle manière ils en ont bénéficié et quels sont les problèmes rencontrés. Nous utilisons ces commentaires pour aborder les questions que les gens posent quand ils nous appellent ou nous envoient des SMS. Si les questions sont plus techniques (par exemple, si elles portent sur l’éclosion d’une maladie), nous consultons des spécialistes en agriculture. Les experts renforcent aussi certains des messages que nous recevons des agriculteurs.
Quand les ONGs et le Département de l’Agriculture organisent des événements dans les villages, nous sommes invités à enregistrer et à rapporter l’événement. C’est aussi une opportunité d’entendre ce que les auditeurs ont à dire.
À part ça, nous faisons aussi des visites communautaires dans les clubs d’auditeurs radio siégeant près de Nkhotakota. Nous profitons de ces sorties pour écouter et enregistrer les opinions des gens au sujet de nos programmes.
Nous avons une bonne relation avec les agents de vulgarisation, et ceux-ci peuvent librement visiter la station. Les agriculteurs disent aussi aux vulgarisateurs s’ils aimeraient qu’un réalisateur visite leur région pour prendre note de leurs expériences par rapport aux pratiques adoptées. Le Département de l’Agriculture met une moto à notre disposition, ce qui nous permet de nous rendre dans les zones où il y a une forte demande pour nos services.
Ce qui suit est un extrait de quatre minutes tiré d’un programme sur la plantation en fosse, diffusé sur la Station de Radio Communautaire Nkhotakota le 1er août 2012, et rediffusé le 5 août 2012. L’extrait a été traduit de la langue chichewa. Le programme était basé sur un projet de recherche conduit par Philip Chinkhokwe, qui interviewe un agriculteur principal impliqué dans la plantation en fosse. L’extrait introduit la notion de changement climatique, ainsi que l’idée que la plantation en fosse peut être un moyen de protéger le maïs durant les sécheresses. L’agriculteur explique comment faire de la plantation en fosse et quels sont les avantages de cette pratique.
(Montée du générique introductif et fondu sortant sous la voix du présentateur)
Que faites-vous, collègues agriculteurs, pour contrecarrer les effets du changement climatique? Quelles pratiques suivez-vous afin de conserver les ressources naturelles?
Un des problèmes découlant du changement climatique est la sécheresse. Il n’est pas inhabituel d’entendre parler de situations où les pluies ont cessé avant la maturation et la récolte des cultures. Par conséquent, les cultures comme celle du maïs sont détruites à cause des apports inadéquats en eau.
Aujourd’hui, nous allons apprendre comment nous pouvons protéger notre maïs durant une sécheresse en appliquant des méthodes réduisant les effets de la sécheresse, comme la plantation en fosse. Dans le programme, nous avons une interview avec Mme Agnes Macheso, du Group Village Head Nkhongo, dans le district de Nkhotakota.
Acknowledgements
Rédaction : Vijay Cuddeford, rédacteur en chef, Radios Rurales Internationales, d’après la documentation identifiée par Tendai Banda et Philip Chinkhokwe.
Révision : Doug Ward, président du Conseil d’administration, Radios Rurales Internationales
Traduction : Madzouka B. Kokolo, Contractuelle
Projet réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada accordé par l’entremise de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)
Information sources
Interview avec Philip Chinkhokwe conduite par Tendai Banda, le 17 septembre 2012.
Extrait du programme diffusé sur la Station de Radio Communautaire Nkhotakota, le 1er août 2012.
Informations complémentaire sur la plantation en fosse du maïs: Karen Sanje, 2011. Malawi farmers digging in to combat drier conditions. Alertnet, 10 juin 2011. http://www.trust.org/alertnet/news/malawi-farmers-digging-in-to-combat-drier-conditions/