Le comité local de l’eau aide les villageois, particulièrement les femmes et les enfants

Égalité des genresGestion de l'eauHygiène et assainissement

Notes au radiodiffuseur

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L’eau est une nécessité essentielle et fondamentale pour la survie humaine et elle est généralement synonyme de « vie ». Toutefois, la disponibilité et la salubrité de l’eau sont deux facteurs importants pour mener une belle vie. L’accès à de l’eau potable est crucial, surtout de nos jours alors que nous sommes confrontés aux effets des changements climatiques. À maints endroits, surtout dans les régions rurales, le peu d’eau disponible n’est généralement pas potable et se trouve loin des villages. Les enfants sont les plus vulnérables dans de telles situations. L’accès inadéquat à de l’eau salubre, sans compter les mauvaises pratiques en matière d’hygiène, provoque la maladie et même la mort chez les enfants, à cause de la diarrhée et d’autres maladies en rapport avec l’hygiène.

Ce sont principalement les femmes, et à un degré moindre les enfants, qui sont responsables de la corvée d’eau pour le ménage, de la transporter jusqu’à la maison, de l’entreposer jusqu’à son utilisation et de l’utiliser pour cuisiner, nettoyer, laver et abreuver les animaux domestiques. Lorsqu’il y a des pénuries d’eau, les femmes et les enfants en souffrent car ils doivent marcher jusqu’à six heures par jour pour aller chercher de l’eau, qui n’est peut-être même pas potable. Il importe que les radiodiffuseurs se rendent compte de ces problèmes et abordent la question de l’eau et de l’assainissement.

Le présent texte en provenance de Tanzanie montre les efforts collectifs des agriculteurs dans un village où les pénuries d’eau sont problématiques depuis la création du village dans les années 1960. Il n’y a pas de source d’eau dans le village; les femmes et les enfants (surtout les filles) marchent neuf kilomètres pour aller chercher de l’eau. L’eau recueillie n’est pas potable, parce que la source est simplement un étang dans lequel l’eau s’est accumulée. Étant donné que l’étang sert aussi à abreuver le bétail, les animaux pataugent dans l’eau et la salissent. Les maladies causées par l’eau sont très courantes dans le village.

Après avoir souffert pendant des années en attendant que le gouvernement approvisionne le village en eau, les villageois ont décidé de relever leurs manches collectivement pour résoudre leur problème d’eau. Ils ont creusé un petit étang pour récupérer l’eau de ruissellement pendant la saison des pluies. Ils peuvent utiliser cette eau pendant environ trois mois après la fin de la saison des pluies. En outre, l’administration du village recueille de l’argent auprès de chaque ménage pour couvrir le coût de forage de puits peu profonds afin que le village dispose d’eau potable.

Le présent texte peut être adapté à n’importe quel milieu rural où l’eau et l’assainissement posent un problème, alors que la collectivité ou le village n’a pas reçu d’aide du gouvernement ou d’un organisme non gouvernemental et est obligé de se fier sur ses propres efforts.

Ce texte est basé sur une interview réelle menée auprès d’un chef de village, en Tanzanie. Pour la production de ce texte sur votre station, vous pouvez choisir d’utiliser la voix d’un acteur pour jouer le rôle du chef de village, et changer la formulation du texte pour l’adapter à votre situation locale. Dans ce cas, veuillez vous assurer d’informer votre auditoire dès le début de l’émission que la voix est celle d’un acteur, pas celle de la personne interrogée à l’origine, et que le programme a été adapté à votre auditoire local mais se base sur une vraie interview.

Texte

Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et auditrices, bienvenue à notre émission d’aujourd’hui. On sait tous que l’eau représente l’un des plus importants besoins fondamentaux pour la survie humaine. L’eau doit être potable et salubre. Une pénurie d’eau provoque des problèmes pour la peau et les yeux car les gens ne se lavent pas. De même, une eau non potable peut provoquer des maladies d’origine hydrique, comme la diarrhée et d’autres troubles de l’estomac. L’eau est également essentielle pour abreuver nos animaux, pour irriguer nos fermes et même pour fabriquer des briques pour nos maisons. Cependant, l’eau se raréfie dans de nombreuses régions de Tanzanie, et seuls quelques villages ont accès à de l’eau potable et salubre. Par conséquent, il est important pour nous tous d’agir.

Montée de la musique instrumentale, puis fondu enchaîné

ANIMATEUR :
Au cours de notre émission d’aujourd’hui, nous allons nous entretenir avec M. Costa Francis, président du Comité de l’eau du village de Talawanda dans le quartier de Ludiga, du district de Bagamoyo, dans la région de Pwani. M. Francis nous racontera comment le Comité de l’eau a dirigé les efforts du village visant à résoudre le problème de l’eau qui les affectait depuis les années 1960, lors de la création du village. J’ose espérer qu’en écoutant M. Francis nous en apprendrons beaucoup et nous serons encouragés à faire des efforts pour résoudre nos propres problèmes.

Montée de la musique instrumentale, puis fondu enchaîné

ANIMATEUR :
Bienvenue dans nos studios, M. Francis.

FRANCIS :
Merci.

ANIMATEUR :
M. Francis, pouvez-vous expliquer à nos auditeurs et à nos auditrices la situation de l’eau dans le village de Talawanda?

FRANCIS :
L’eau affecte chacun d’entre nous parce que l’eau c’est la vie. Les enfants, les hommes et les femmes ainsi que les animaux – nous sommes tous affectés d’une façon ou d’une autre. Je peux citer quelques exemples. Les enfants qui ne se lavent pas pendant plusieurs jours peuvent avoir des problèmes cutanés. Les familles mangent tard car les femmes passent beaucoup de temps pour aller chercher de l’eau. Les femmes sont celles qui souffrent le plus car elles sont chargées des corvées du ménage.

ANIMATEUR:
Pourquoi dites-vous que les femmes souffrent le plus?

FRANCIS :
Les femmes sont celles qui marchent jusqu’à neuf kilomètres à partir du village pour aller remplir des contenants de 40 litres d’eau. Les heures consacrées à cette corvée les privent de temps pour s’occuper de leurs familles et pour faire d’autres choses.

ANIMATEUR :
Francis, de quelle façon les agriculteurs sont-ils affectés par le problème de l’eau?

FRANCIS :
Une pénurie d’eau rend impossible l’irrigation des cultures pendant la saison sèche ou en cas de sécheresse prolongée. Les cultures, comme les tomates et les légumes verts, se vendent cher pendant la saison sèche, mais nous ne pouvons pas les faire pousser parce qu’il n’y a presque pas d’eau pour l’irrigation. Le bétail, tels les bovins, les moutons et les chèvres, ne reçoivent pas l’eau dont ils ont besoin. Au lieu de cela, on leur donne de l’eau seulement deux fois par semaine.

ANIMATEUR :
Quelles solutions ou quelles options a le village?

FRANCIS :
Le village se trouve au beau milieu de collines vallonnées et il y a deux étangs au fond de la vallée qui se remplissent avec l’eau de ruissellement pendant la saison des pluies. Ils se trouvent dans une zone communale. Je ne suis pas certain de leur taille, parce que nous ne les avons pas mesurés. Mais je peux estimer en gros qu’ils ont 200 mètres de large et cinq à dix mètres de profondeur. Nous utilisons l’eau recueillie par ces captages depuis la fin des pluies en mai jusqu’à l’apogée de la saison sèche en août. Après cela, les villageois doivent trouver de l’eau ailleurs.

ANIMATEUR :
Comment l’eau est-elle prélevée des étangs?

FRANCIS :
Avec des seaux.

ANIMATEUR :
Les animaux peuvent-ils boire l’eau de tous les étangs?

FRANCIS :
Oui, et c’est ce qui pollue l’eau.

ANIMATEUR :
Qu’avez-vous fait jusqu’à présent, en tant que Comité de l’eau, pour résoudre les problèmes d’eau dans votre village?

FRANCIS :
Le Comité de l’eau est chargé de coordonner toutes les activités touchant l’eau dans le village. Tout d’abord, nous avons mobilisé les villageois pour creuser un petit puits. Il a environ 20 mètres de profondeur et cinq mètres de largeur. Nous ne pouvions pas faire davantage car nous n’avons pas le matériel approprié. Heureusement, le puits fournit de l’eau, même si ce n’est pas en grande quantité. Mais le puits ne se tarit pas jusqu’au début des pluies.

ANIMATEUR :
Où est situé le puits? Est-ce que tout le monde peut en utiliser l’eau?

FRANCIS :
Le puits est situé près de l’école primaire du village et n’importe qui peut l’utiliser.

ANIMATEUR :
Comment les villageois tirent-ils l’eau du puits?

FRANCIS :
L’eau du puits sert principalement pour les ménages. Les femmes utilisent de petits contenants ou des seaux d’une capacité d’environ cinq litres qui sont attachés à une corde solide.

ANIMATEUR :
Le puits est-il revêtu ou couvert d’une façon quelconque?

FRANCIS :
Non, et on court toujours le risque que l’eau soit souillée ou que des enfants tombent dans le puits.

ANIMATEUR :
Le Comité de l’eau a-t-il fait des plans pour améliorer cette situation?

FRANCIS :
Oui. Nous avons décidé de creuser davantage le puits et de le couvrir d’une dalle en ciment afin d’avoir de l’eau plus abondante et plus salubre, même pendant la saison sèche. Si possible, nous aimerions avoir une pompe manuelle.

ANIMATEUR :
Qui financera ces améliorations?

FRANCIS :
Notre gouvernement national encourage l’entraide pour le développement. Le Comité a donc demandé aux 640 ménages dans le village de verser 10 000 shillings tanzaniens (Note de la rédaction : environ 8 $US ou 6 euros) en vue de recueillir à peu près six millions de shillings (environ 4 800 $US ou 3 600 euros). Une fois que nous aurons les fonds, nous demanderons à l’administration locale du district de fournir le soutien technique et même un appui financier.

ANIMATEUR :
Il y a un seul puits fiable pour la saison sèche dans le village. Avez-vous des projets pour en creuser d’autres?

FRANCIS :
Nous savons que nous n’avons pas assez d’eau. Nous pensons creuser davantage de puits autour du village. Nous aimerions avoir un puits dans chacun des trois sous-villages. Nous prévoyons également d’élargir le puits actuel.

ANIMATEUR :
Comment gardez-vous l’argent?

FRANCIS :
Pour bâtir la confiance dans la collectivité, l’argent doit être bien protégé et utilisé aux fins prévues. Tous ceux qui versent une contribution obtiennent un reçu. Nous avons ouvert un compte bancaire pour garder les fonds en sécurité.

ANIMATEUR :
Que faites-vous après les trois mois, lorsque l’étang se tarit?

FRANCIS :
Nous avons en banque de l’argent que nous avons reçu du gouvernement. Nous l’utiliserons pour acheter des tuyaux et acheminer l’eau des étangs vers de petits réservoirs de stockage situés près de chaque rue secondaire dans le village. Le Service des eaux du gouvernement posera les tuyaux et l’eau coulera par gravité. Ce travail devrait prendre environ cinq mois. Entre-temps, nous creuserons d’autres puits.

ANIMATEUR :
Pourquoi ne creusez-vous pas davantage l’étang pour recueillir plus d’eau?

FRANCIS :
Si l’étang était plus profond, il ne serait pas sécuritaire. Les gens et les animaux pourraient tomber dedans. Si c’est trop profond, alors il n’est pas facile pour une personne de s’en sortir. Nous avons donc peur des noyades.

ANIMATEUR :
Quels matériaux utilise-t-on pour construire un puits?

FRANCIS :
Nous utilisons des blocs de ciment pour construire un puits. Ils sont fabriqués avec du ciment et du sable. Lorsque nous utilisons ces matériaux, l’eau reste plus longtemps dans le puits.

ANIMATEUR :
Comment assumerez-vous les frais de construction des puits?

FRANCIS :
Nous organiserons une réunion des villageois et nous expliquerons le projet, ses avantages et de quelle façon les villageois pourront donner un coup de main. Nous espérons qu’ils seront disposés à agir car l’idée de construire des puits venait d’eux.

ANIMATEUR :
Quand comptez-vous démarrer le projet?

FRANCIS :
Pendant la saison des récoltes car nous savons que les villageois auront alors de l’argent. Cela se fera aux environs de juin à octobre l’an prochain. Le projet peut être achevé en cinq mois.

Montée de la musique instrumentale, puis fondu enchaîné

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et auditrices, j’espère que vous avez écouté attentivement les paroles de Costa Francis, le président du Comité l’eau du village de Talawanda, et j’espère que vous avez appris une autre façon d’acheminer l’eau vers certains endroits en cas de pénurie d’eau. Ne manquez surtout pas notre prochaine émission!

Montée de la musique instrumentale, puis fondu enchaîné

Acknowledgements

Rédaction : Emmanuel et Lillian Manyuka, Radio Maria, Tanzanie, un partenaire radio de Radios Rurales Internationales.

Alan Etherington, expert-conseil indépendant en eau, en assainissement et en promotion de l’hygiène, et ex-employé de WaterAid.

Information sources

Entrevues avec les responsables du Comité de l’eau du village.