La sciure de bois prolonge la durée de conservation des pommes de terre

Activités après récolte

Notes au radiodiffuseur

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La pomme de terre joue un rôle important dans la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des collectivités agricoles dans de nombreux pays en développement. D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production et la consommation de pommes de terre connaissent une croissance régulière. Les pays en développement représentent maintenant plus de la moitié de la production mondiale de pommes de terre.

L’entreposage présente un grand défi pour les agriculteurs. Les producteurs de pommes de terre récoltent toute leur production en même temps. Le marché est inondé et les agriculteurs reçoivent donc un prix dérisoire pour leurs produits agricoles. Les pommes de terre se gâtent si on les laisse trop longtemps dans les champs lorsqu’elles sont prêtes à être récoltées. Elles sont attaquées par des parasites et ne durent pas longtemps en entreposage, ce qui entraîne de lourdes pertes pour les agriculteurs.

De telles pertes de récoltes ont de graves répercussions sur la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs. Cela contribue également à la hausse des prix à la consommation lorsque la récolte est à contre-saison.

Le présent texte examine une approche créative au problème d’entreposage des pommes de terre. L’agriculteur utilise de la sciure de bois pour conserver ses pommes de terre plus longtemps. Le récit met en vedette des innovations locales que les agriculteurs découvrent pour relever les défis auxquels ils sont confrontés à la ferme.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

Indicatif : Montée pendant 5 secondes puis baisse et fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
La pomme de terre est une importante culture vivrière au Kenya. Elle est cultivée sur les hautes terres des provinces centrale, occidentale et de la Vallée du Rift. Cependant, la production et la commercialisation des pommes de terre sont entravées par les mauvaises conditions d’entreposage qui grugent le revenu et le moral des agriculteurs.
Au cours de l’émission d’aujourd’hui, nous allons rencontrer un producteur de pommes de terre qui a découvert une façon extraordinaire de conserver ses pommes de terre en bon état plus longtemps après la récolte.

EFFETS SONORES :
Bruits d’un marché. Fondu enchaîné sous la voix de l’animateur.

ANIMATEUR :
Nous sommes au Kinungi Trading Centre sur la route très passante Nakuru–Naivasha. Il est très tôt et le marché fourmille d’activités. Aujourd’hui, les agriculteurs ont très peu de pommes de terre à vendre. La dernière récolte a eu lieu il y a trois mois. La nouvelle récolte, quant à elle, continue de pousser.

Mais ce n’est pas le cas de M.Githenya Kariuki. Il est ici pour vendre ses pommes de terre à un acheteur de Nairobi, ville située à 70 kilomètres de là. Il dit que ses pommes de terre sont maintenant en saison grâce à sa nouvelle méthode de conservation à l’aide de sciure de bois.

GITHENYA :
Vous voyez, je me fie aux pommes de terre pour prendre soin de ma famille. Je nourris mes enfants et je peux les envoyer à l’école. Et il me reste encore un petit revenu pour traverser les périodes difficiles. J’ai trois enfants à l’école secondaire et ce n’est pas une blague. Les frais de scolarité représentent beaucoup d’argent pour quelqu’un comme moi qui est totalement tributaire de l’agriculture.
EFFETS SONORES :
Bruits de gens qui marchent et parlent. Montée du bruit et fondu enchaîné sous la voix de l’animateur avec le bruit d’une personne qui laboure la terre.
ANIMATEUR :
Nous nous éloignons à pied de 300 mètres de la route principale et nous arrivons à la ferme de Githenya. MmeGithenya est en train de labourer une parcelle de terre que son mari a l’intention de planter en pommes de terre.
EFFETS SONORES :
Bruit d’une porte qui s’ouvre.
GITHENYA :
C’est mon entrepôt où je garde la plupart de mes produits agricoles.

INTERVIEWEUR :
L’entrepôt est grand! Il vous a fallu beaucoup de bois pour le construire. Je remarque une sorte de tas d’herbe dans ce coin. Est-ce de la nourriture pour vos vaches?

GITHENYA :
Je l’utilise en fin de compte pour nourrir mes animaux. Mais cette herbe empêche les grands vents du matin de souffler la sciure de bois. Si cela arrivait, mes pommes de terre seraient exposées à la lumière et il ne faudrait pas longtemps avant qu’elles commencent à changer de couleur. À ce moment-là, elles ne sont plus bonnes pour la consommation humaine.
INTERVIEWEUR :
Cela vous a-t-il posé un problème dans le passé?
GITHENYA :
J’ai toujours voulu garder mes pommes de terre plus longtemps. Habituellement, je les gardais dans un coin de mon entrepôt. Mais, après un certain temps, elles verdissaient et n’étaient plus bonnes à vendre. J’étais donc obligé de tout vendre aussitôt après la récolte. Comme il y a plein de pommes de terre sur le marché après la récolte, les prix sont bas. Lorsque les pommes de terre se gâtent, je peux les utiliser pour la semence mais je ne peux pas employer tout ce qui se gâte pour la semence. Ce serait une trop grande perte pour moi. Je ne récupérerais même pas l’argent investi pour le labourage, la semence, les engrais et la main-d’œuvre.
INTERVIEWEUR :
Donc, comment avez-vous découvert la sciure de bois?
GITHENYA :
J’utilise de la sciure de bois comme litière pour mes poulets. Un jour, je suis allé au dépotoir où les charpentiers jettent leurs copeaux de bois. Tandis que je ramassais de la sciure de bois pour l’emporter, j’ai remarqué des pommes de terre qui avaient été jetées. Elles avaient encore l’air d’être en bon état. Cela me donna l’idée d’utiliser de la sciure de bois à la place de l’herbe dont je me servais habituellement pour couvrir mes pommes de terre. J’ai utilisé en alternance des couches de sciure de bois et de pommes de terre, en commençant et en terminant par une couche de sciure de bois.
ANIMATEUR :
Une pomme de terre ressemble à tout autre organisme vivant. Elle vit et respire. Si vous la conservez dans un endroit chaud, elle va pousser. Si vous l’enfermez dans un sac en plastique, elle va suffoquer. Si elle est malade, elle va se gâter. Revenons à l’entrevue avec M.Githenya.

INTERVIEWEUR :
Qu’avez-vous appris durant cette phase d’expérimentation?

GITHENYA :
Une chose que j’ai apprise c’est que la sciure de bois doit être humide mais pas trop mouillée. Si la sciure de bois est trop sèche, la qualité des pommes de terre diminuera alors très rapidement parce qu’elles se dessécheront et seront attaquées par des insectes parasites. Par ailleurs, si la sciure de bois est trop mouillée, les pommes de terre pourriront très vite.
EFFETS SONORES :
Bruit d’herbe que l’on retourne et pousse sur le côté.

INTERVIEWEUR :
Combien de kilos de pommes de terre y a-t-il dans ce tas?

GITHENYA :
Ce tas en contient 400 kilos. Cet autre en a 300 kilos. Je les ai arrangés de façon à maximiser l’espace. N’oubliez pas qu’il s’agit d’un entrepôt et que j’ai aussi d’autres choses à stocker ici.

INTERVIEWEUR :
Quels défis avez-vous eu à relever tout en essayant cette méthode?

GITHENYA :
(Rires) Parfois, les gens ne croient pas en quelque chose tant qu’ils ne l’ont pas vue fonctionner. Lorsque j’ai parlé à ma femme d’essayer une autre méthode d’entreposage, elle s’est plaint que cela prendrait trop d’espace dans l’entrepôt. Je lui ai répondu que nous allions l’essayer une fois et que, si cela ne marchait pas, eh bien nous pourrions l’abandonner. Elle a donc accepté.

Mais j’ai rencontré un autre problème. Au début, les charpentiers me donnaient de la sciure de bois gratuitement. Mais, après un certain temps, ils m’ont demandé de la payer. Je n’avais pas autant d’argent que cela. Nous en sommes donc venus à une entente qu’ils me donnaient de la sciure de bois en échange de pommes de terre pour la même valeur.

ANIMATEUR :
Githenya ne s’est pas arrêté là. Il a partagé le succès de cette nouvelle méthode avec les agriculteurs de son groupe.

GITHENYA :
Lorsque les autres agriculteurs ont essayé cette méthode, ils ont déclaré que leurs pommes de terre étaient restées en bon état plus longtemps qu’avec toutes les autres méthodes d’entreposage. C’est pour cette raison qu’au cours des trois dernières années les membres de mon groupe d’agriculteurs ont utilisé la méthode de la sciure de bois. C’est si efficace que nous pouvons dorénavant entreposer nos pommes de terre jusqu’à quatre mois après la récolte.

ANIMATEUR :
M.Samuel Njiru est l’agent agricole du district de Kinangop. Il affirme que des mauvaises pratiques de récolte peuvent provoquer des pertes énormes pendant l’entreposage des pommes de terre.

M. NJIRU :
Un bon entreposage commence au moment de la récolte. La synchronisation de la récolte est un équilibre délicat à trouver. Les agriculteurs doivent être très prudents de ne récolter ni trop tôt, ni trop tard. Certaines des infections qui attaquent les pommes de terre pendant l’entreposage commencent durant la récolte. Pour éviter cette situation, il faut récolter les pommes de terre uniquement lorsque les tubercules sont arrivés pleinement à maturité. Cela réduit la meurtrissure de la peau qui peut entraîner des infections. Par ailleurs, si les pommes de terre sont récoltées trop tard, elles ont plus de chances d’être déjà infectées.

INTERVIEWEUR :
Comment réduisez-vous la meurtrissure des tubercules?

M. NJIRU :
Pour éviter les dommages, il est bon de couper les fanes 10 jours avant de récolter les pommes de terre. Cela donne aux pommes de terre le temps de développer des peaux matures et plus dures. Les agriculteurs devraient également s’assurer de ne pas récolter sous la pluie. Si c’est le cas, laissez les tubercules sécher en tas pendant environ 10 jours, dans un endroit frais.

ANIMATEUR :
Merci, M.Njiru. Résumons les points saillants pour nos auditeurs: premièrement récoltez les pommes de terre quand les peaux sont durcies, mais pas trop tardivement. Deuxièmement, récoltez des tubercules ne présentant aucun signe de dommage. Troisièmement, utilisez en alternance des couches de sciure de bois et de pommes de terre pour l’entreposage. Et, enfin, triez et jetez les tubercules qui sont gâtés.

EFFETS SONORES :
Bruit d’une moto à trois roues qui s’amplifie puis se dissipe sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Je quitte Kinungi alors que Githenya charge son dernier lot de pommes de terre sur une moto munie d’une remorque. Il fait son dernier voyage jusqu’au marché grâce à sa nouvelle méthode d’utilisation de la sciure de bois pour entreposer ses pommes de terre plus longtemps.

EFFETS SONORES :
Bruit d’une moto à trois roues qui s’amplifie puis se dissipe sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR:
Si vous avez des questions sur le sujet de cette émission ou d’autres préoccupations à propos de votre ferme, envoyez-les par SMS à 0715 916 136. The Organic Farmer répondra par texte, par téléphone ou par courrier. À la semaine prochaine, même jour, même heure. Au micro……….…. qui vous souhaite une bonne nuit.

Indicatif de clôture, pendant 4 secondes, puis fermeture en fondu.

Acknowledgements

  • Contributed by: John Cheburet, The Organic Farmer, Nairobi.Â
  • Reviewed by: Dr. Victor Mares, production systems agronomist and post-harvest expert, the International Potato Center (CIP).

Des remerciements très particuliers sont adressés aux organisations suivantes : Commonwealth of Learning (COL), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le gouvernement du Canada par le biais de l’Agence canadienne de développement international (ACDI), La Fondation canadienne Donner, l’Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Inter Press Service (IPS) Afrique et le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA), pour leur appui du concours de rédaction de textes radiophoniques sure les innovations des petits exploitants agricoles.

Information sources