Briser le cycle du ver de guinée

Santé

Notes au radiodiffuseur

Contenu : Le ver de Guinée est un vieux problème, et son cycle est difficile à briser. Voici comment faire.

Remarques

La maladie du ver de Guinée est aussi connue sous le nom de serpent fougueux, ou dracunculiasis, son nom scientifique. Elle affecte des gens en Inde, au Pakistan, et dans de nombreux pays d’Afrique.

Ce texte a été préparé par Katie Gillmor Ellis, à Toronto, au Canada.

Nos remerciements au Dr Abera Abay, ancien directeur de santé publique de district en Ethiopie, et au Dr Arthur Heywood, de l’Université du Cap, le Cap, Afrique du Sud, pour la révision de ce texte.

Cycle de vie du ver de Guinée

  1. Après une période d’incubation, ou période de croissance, de plus de 12 mois, le ver femelle adulte se déplace vers une position sous la peau de la personne infectée. Une cloque douloureuse apparaît, habituellement sur le bas de la jambe ou sur le pied.
  2. Quand la partie affectée du corps entre dans l’eau, la cloque crève et des centaines de milliers de minuscules larves sont lâchées dans l’eau. Le ver femelle adulte sort ensuite lentement par la plaie résultant de la rupture de la cloque. Ce ver est très mince mais peut avoir un mètre de long.
  3. Certaines des larves dans l’eau sont mangées par les « cyclopes », ou puces d’eau, à l’intérieur desquelles elles vont vivre et se transformer en larves du stade avancé. Ces larves vivant à l’intérieur des puces d’eau, transmettent l’infection au ver de Guinée qui à son tour les transmet aux personnes. Les puces d’eau en mouvement sont à peine visibles si l’eau qui les contient est exposée à la lumière.
  4. Quand les gens boivent de l’eau contenant les cyclopes, qui apportent les larves infectieuses, les liquides gastriques de l’estomac tuent les cyclopes et libèrent les larves. Ces larves creusent à travers le tube digestif et vivent dans l’abdomen. Les vers mâles et femelles s’accouplent au bout de trois mois, puis le mâle meurt. La femelle continue de grandir pour devenir un ver adulte et se déplace vers la surface de la peau. Les vers ne survivent pas à l’intérieur des êtres humains plus d’une année. Ou bien ils sortent par la peau ou meurent à l’intérieur du corps. Les vers qui meurent sont absorbés et ne causent habituellement pas de symptômes. D’habitude, les personnes ne ressentent aucun symptôme de maladie ou d’infection durant la période d’incubation ou de croissance qui dure des mois. Quand le ver commence à sortir, il met normalement plusieurs semaines à quitter le corps complètement. Pendant ce temps, la personne est invalide et souffre beaucoup, souvent à cause de l’infection de la plaie par laquelle le ver quitte le corps, ou à cause d’un abcès ou d’arthrite. Le tétanos peut se déclarer, les articulations peuvent aussi être bloquées, et une invalidité permanente peut en résulter. Peu importe le nombre de fois qu’une personne peut être infectée, ou combien de vers apparaissent en même temps, on ne peut être immunisé contre le parasite du ver de Guinée.

Texte

C’est une affliction tellement douloureuse et répandue que vous en avez pu en souffrir vous-même. Ou peut-être vos enfants ou votre voisin en ont souffert. Il est possible que beaucoup de gens de votre village aient été handicapés par la douleur qu’entraîne cette situation, et que certains n’aient jamais complètement récupéré. On l’appelle le ver de Guinée, et c’est probablement vieux comme le monde.

Les vers de Guinée se développent à l’intérieur du corps, puis quand ils sont prêts à pondre leurs oeufs, ils sortent par la peau. La douleur est terrible, ça enfle, et ça provoque des infections. Mais il y a aussi de l’espoir. On peut détruire le ver de Guinée. Pour ce faire, il faut de l’attention et de la coopération.

Le ver de Guinée se transmet par l’eau potable contaminée, ou encore en mettant les pieds dans l’eau infectée. Pour vous en débarrasser, vous devez faire deux choses. La première est de filtrer l’eau que vous buvez, pour ne pas avaler les vers qui s’y trouvent déjà. La deuxième chose c’est que vous et vos voisins devez faire en sorte qu’il n’y ait pas davantage de vers dans l’eau que vous buvez, en interdisant aux personnes infectées de mettre les pieds dans votre source d’eau.

Cela a l’air simple, mais il est difficile d’observer ces précautions. Et c’est là qu’il faut faire attention.

Un ver de Guinée prend une année à grossir à l’intérieur du corps. C’est beaucoup de temps pour tout un village qui doit surveiller la qualité de son eau potable. Et le ver est propagé par un organisme qui est tellement petit que c’est facile de croire qu’il n’existe aucun danger. C’est difficile de rester sur ses gardes lorsqu’on ne voit pas contre quoi on se bat.

Mais si vous comprenez ce contre quoi vous vous battez – quand vous savez que le problème n’est pas arrivé comme par magie, mais que c’est simplement un méchant ver, qui est arrêté par un simple filtre et de simples précautions – vous pouvez éviter des malheurs, à vous-même, à votre famille et à votre village.

Le ver de Guinée ne pénétre pas dans votre corps tout seul. Il voyage plutôt à l’intérieur d’un insecte que vous avalez accidentellement. Cet insecte c’est la puce d’eau. Les puces d’eau vivent dans les puits ouverts et les étangs où les gens vont chercher leur eau potable.

Pendant la saison des pluies, vous risquez moins d’avaler une puce d’eau, parce qu’elles vont au fond du puits ou de l’étang, et les gens ne puisent que l’eau en surface. Mais pendant la saison sèche, les gens ramassent les puces d’eau en puisant leur eau potable, et c’est à ce moment-là que vous risquez d’être infecté par les vers de Guinée. Si vous buvez de l’eau infectée, vous attraperez presque à coup sûr le ver de Guinée. Mais vous ne le saurez qu’au bout d’une année.

Une fois qu’elle est dans votre estomac, la puce d’eau meurt, ce qui libère le ver de Guinée. Pendant cette année, le ver de Guinée grandit à l’intérieur de votre corps. Au début il a la forme de quelque chose que l’on appelle une larve (comme une petite chenille), et lentement elle se transforme en ver qui peut atteindre jusqu’à 120 centimètres de long. Puis il commence à se promener à l’intérieur de votre corps pour sortir et pondre ses oeufs. A ce stade, il ressemble à du fil de fer très fin qui se promène sous la peau, d’habitude dans la jambe ou le pied.

Pendant que le ver se fraye un chemin à travers votre peau, il crée une cloque très douloureuse, qui s’ouvre ensuite pour former une plaie ouverte ou ulcère. Le ver sort de votre corps par la plaie. Cela se passe très lentement, disons au rythme d’un centimètre par jour. Cela veut dire que la plaie vous fera mal longtemps. Et pendant tout ce temps, si cet ulcère touche l’eau que les gens boivent, le ver pondra ses oeufs dans l’eau, et le cycle entier recommencera chez quelqu’un d’autre. Cela veut dire que si vous êtes infecté, et que vous mettez les pieds dans votre source d’eau potable, votre famille et vos voisins peuvent être infectés à leur tour.

Mais vous, ainsi que les autres personnes de votre village, pouvez briser ce cycle. Ce qu’un village doit faire pour protéger ses habitants, c’est de s’assurer que personne ne met les pieds dans la source où les gens puisent leur eau potable. Si personne ne met les pieds dans l’eau que les gens vont boire, pendant une année entière, le ver de Guinée disparaîtra. Et le village en sera débarrassé.

En attendant, il existe une façon simple de vous protéger ainsi que votre famille. Filtrez votre eau avant de la boire. Pour la filtrer, versez-la à travers un tissu fin. Le filtre arrête les puces d’eau qui portent le ver de Guinée, et aussi longtemps que vous n’avalez pas les puces d’eau, le ver de Guinée ne pourra pas entrer dans votre corps.

Il n’y a que les humains qui peuvent accueillir le ver de Guinée. Autrement dit, si le ver de Guinée n’est pas à l’intérieur d’une personne, il ne peut plus pondre d’oeufs. Il ne peut le faire avec les oiseaux, les animaux ou les poissons. Il n’y a que les humains qui l’intéressent.

Un des plus grands problèmes pour arrêter le ver de Guinée c’est que les gens ne croient pas que des solutions aussi simples peuvent réussir.

Ils essaient des médicaments et d’autres traitements, et ils continuent de souffrir. Cela laisserait à croire que le ver de Guinée est vraiment très puissant.

Et ce n’est pas surprenant si nous finissons par le croire, étant donné que tellement de gens en ont tant souffert pendant des générations et des générations. Pour les gens, une chose aussi terrifiante doit être très puissante. Presque de la magie.

Mais il n’a rien de magique. Le ver de Guinée est tout simplement minuscule et sournois. Et les deux solutions: filtrer l’eau potable et ne pas mettre les pieds dans la source, vont détruire le ver.

De la magie ? Non. Mais le fait de détruire cette peste ressemblera peut-être à un miracle.

Acknowledgements

Reproduit de : World Neigbours – projection fixe # 122 : « D’où vient le ver de Guinée ».