Mariage forcé, un obstacle à l’épanouissement des jeunes au Mali et en Afrique occidentale

Égalité des genresQuestions sociales

Notes au radiodiffuseur

Notes aux radiodiffuseurs.seuses

Le mariage, c’est l’union de deux personnes selon les pratiques traditionnelles et/ou en vertu des exigences légales d’un milieu de vie ou d’un pays. Le mariage est une étape décisive dans la vie de toute personne. Il permet de réunir deux familles. 

En effet, il existe différentes formes de mariage dont le mariage religieux, le mariage civil et le mariage forcé. Ce dernier consiste à marier la jeune fille contre son gré souvent au travers d’un mariage arrangé. Ce type de mariage encore répandu en Afrique, persiste dans certaines localités du Mali à cause des pratiques traditionnelles et des intérêts économiques.  

Selon un rapport d’étude de WiLDAF publié en 2019, le Mali affiche un taux de mariage forcé de 70%. En la matière, le pays occupe le troisième rang après le Niger et la Guinée en Afrique occidentale. Les conséquences sociales, économiques, psychologiques sont énormes pour les filles qui en sont victimes. D’où, la nécessité de sensibiliser à l’abandon de ces pratiques néfastes à l’épanouissement des jeunes filles. Au-delà des chiffres, il convient de comprendre la pratique, notamment ses déterminants, ses conséquences et les solutions envisageables pour l’autonomisation des jeunes filles survivantes.

Dans ce texte radiophonique, nous discutons avec trois personnes : une survivante, une experte des questions de défense des jeunes filles contre le mariage forcé et un enseignant-sociologue engagé pour la même cause. Ils parleront de l’ampleur du phénomène et de leurs efforts pour lutter contre le mariage forcé.

Pour produire une émission similaire sur le mariage forcé, vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre émission régulière, vous pouvez choisir des acteurs.trices vocaux.ales ou des animateurs.trices pour représenter les personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix d’acteurs.trices ou d’animateurs.trices et non celles des véritables personnes interviewées.

Si vous souhaitez créer des émissions sur le mariage forcé, entretenez-vous avec une survivante du mariage forcé, un expert du sujet et un sociologue. Vous pourriez par exemple, poser les questions suivantes à vos interlocuteurs :

  • Qu’est-ce qu’un mariage forcé?
  • Quelle est la différence entre mariage précoce et forcé? 
  • Quelles sont les motivations des personnes qui pratiquent le mariage forcé?
  • Comment apporter de l’aide aux survivantes?
  • Les textes en vigueur sont-ils inapplicables?

Durée estimée du texte radiophonique avec la musique, l’intro et l’extro : 20 minutes

Texte

ANIMATEUR.TRICE :
Bonjour chers.es auditeurs et auditrices, bienvenue dans notre émission.

Aujourd’hui avec nos invités, nous parlerons du mariage forcé. Ils évoqueront les causes et les conséquences du mariage forcé. Nous parlerons également des actions des associations et des organisations pour mettre fin à cette pratique.

Nous allons nous entretenir avec trois personnes ressources. La première, Madame Mariam Koné, est une survivante du mariage forcé à Kangaba, dans la région de Koulikoro. Elle nous expliquera comment elle a survécu à cette situation.

Ensuite, nous nous entretiendrons avec Madame Fatou Dissa, présidente de l’association pour la défense de la jeune fille contre les mariages forcés, Yereko KèLè. Elle partagera avec nous son expérience et les méthodes utilisées pour aider les femmes survivantes de mariage forcé. Enfin, nous recevrons Monsieur Daouda Koné enseignant, sociologue, conseiller social et membre du cabinet de psychologue SESANG. Avec lui, nous aborderons le même sujet mais sous l’angle de l’impact social des mariages forcés sur les femmes et les enfants.

SFX:
INDICATIF SONORE

ANIMATEUR.TRICE :
Bonjour et bienvenue Madame Mariam Koné!
MARIAM KONE :
Merci de me recevoir.

ANIMATEUR.TRICE :
Vous avez échappé à un mariage forcé qui vous a terriblement marqué. Racontez-nous comment cela s’est passé.

MARIAM KONE :
Ma vie a complètement basculé il y a dix ans de cela lorsque mon jeune oncle était venu me chercher à Bamako chez ma grande sœur. J’avais 16 ans et j’étais au Lycée. En pleine année scolaire et sans aucune précision, mon oncle m’a embarqué du village. Arrivée au village de Deguela cercle de Kangaba, ma tante paternelle m’informe que mon mari veut qu’on fasse le mariage le plus vite possible. J’ai demandé : «depuis quand je suis fiancée et qui est ce mari mystérieux?» On m’a répondu qu’il s’appelle Famori Traoré, le cousin de l’ami de mon père qui a fait fortune à l’extérieur et est rentré s’installer au village. Ma tante me disait que je serai très heureuse car je serai la troisième femme d’un homme riche de 46 ans. Et qu’il allait me traiter avec beaucoup d’attention étant donné j’avais le même âge que sa 2èmefille.

J’ai commencé à pleurer comme un bébé. Ma tante me disait que j’allais finir par accepter ma situation. Ma mère était triste mais ne pouvait rien dire. Dans notre culture, les femmes n’ont rien à dire dans ce genre de situation de peur d’être traitée de complice du refus de leur enfant. Intérieurement, elle me soutenait. Dans le même temps, elle voulait que je sois la femme du vieux riche plutôt que d’épouser un jeune pauvre que j’ai choisi moi-même. J’ai donc décidé de fuir pour aller chez mon oncle maternel Samba Camara dans le village voisin de Bancoumana. Ils ont mis tout le village à ma cherche. Toutes mes copines ont été interrogées sans suite.

Mon père décida de divorcer avec ma mère si elle ne leur disait pas où je me cachais. Car, il voyait son honneur en jeu et ne savait pas comment retourner la dot. Ma famille avait déjà pris ma dot composée de deux bœufs de laboure, une vache, trois sacs de riz et un sac de maïs plus une somme de 200.000fCfa. Ma mère ne savait pas quoi dire. Même si elle se doutait de ma cachette, elle n’en savait rien. Ainsi, elle proposa à mon père d’envoyer des gens chez mon oncle à Bancoumana. Ils m’ont trouvé là-bas. Mon oncle paternel Ousmane Koné et mon père m’ont attaché avant de me frapper jusqu’à ce que le sang coule sur mon dos. J’ai dit à mon père que je préférais mourir plutôt que de me marier de force. Ils m’ont enfermé dans une maison où j’étais toute seule. Je faisais tous mes besoins surplace et la nuit, je dormais avec ma grande tante maternelle.

Mon oncle et l’un de ses amis enseignant Issa Sacko sont venus au village pour essayer de raisonner mes parents mais hélas! Voyant que j’étais très malade, mon oncle a demandé à mon père de le laisser m’amener à l’hôpital. C’est à partir de l’hôpital que l’ami de mon oncle m’a conduit jusqu’à Bamako. Après avoir passé deux jours chez lui, on m’a parlé de l’association de Fatou qui aide les jeunes filles victimes du mariage forcé.

ANIMATEUR.TRICE :
Au regard de ces événements, quelle a été la décision de vos parents?

MARIAM KONE:
Dans notre culture, la maman a pour rôle de notifier à la fille qu’elle a un mari. Elle lui apprend comment elle doit se comporter avec son mari, ses beaux-parents et aussi comment organiser la fête le jour du mariage. Selon la tradition, il revient aux hommes de prendre les décisions. Les femmes n’ont pas le pouvoir de s’opposer à la volonté des hommes au risque que la société les rejette. Parfois, les maris les châtient ou divorcent d’avec elles.

D’une part, mon père ne s’est opposé au mariage à cause du poids de la tradition et des situations économiques de la famille. En plus, c’est lui qui a pris l’initiative du mariage. Au cours d’une réunion familiale et en qualité de gardien de la tradition, il a approuvé la dot. Comme il s’agissait de sa fille, il ne pouvait faire autrement que de regarder ses frères mener les démarches.

ANIMATEUR.TRICE :
Quand vous quittiez Bamako pour le village, aviez-vous une idée de ce qui vous attendait?

MARIAM KONE:
Je pensais que ces choses n’existaient que dans les romans. Et je n’avais jamais imaginé que mes propres parents pouvaient agir de la sorte.

ANIMATEUR.TRICE:
Cette déception vous a-t-elle fait penser au pire?

MARIAM KONE:
Dans mon isolement, je n’avais pas les moyens de mettre fin à mes jours. Sinon, je l’aurais fait. J’ai refusé de me nourrir et de me soigner. Je priais chaque jour que la mort vienne me prendre.

ANIMATEUR.TRICE :
Qu’est-ce qui a encouragé votre départ du domicile de votre oncle?

MARIAM KONE:
Je croyais toujours qu’ils pouvaient venir m’enlever chez lui aussi. C’est pour cette même raison que je ne suis pas allée chez ma sœur. Elle m’avait traité d’anti-tradition. Mais la présidente de l’association m’a gardé dans un lieu où je ne craignais rien. Elle n’hésitait pas à faire appel à la police pour protéger les femmes qu’elle recueille.

ANIMATEUR.TRICE :
A votre arrivée, qu’est-ce que l’association a fait pour vous?

MARIAM KONE:
Tout d’abord, ils m’ont rassuré que tout allait bien se passer. Puis, j’ai eu une séance de travail avec un psychologue et un sociologue. Après cela, ils m’ont demandé ce que je voulais faire de ma vie. J’ai décidé de suivre des cours du soir. J’ai été admise dans un centre de couture pour obtenir une attestation.

ANIMATEUR.TRICE :
Après avoir été recueillie au sein de l’association, votre famille a-t-elle remboursé la dot?

MARIAM KONE:
Je n’ai pas cherché à savoir. C’est eux qui ont voulu me faire marier. C’est donc à eux de trouver une solution à cela.

ANIMATEUR.TRICE :
Quels sont maintenant vos rapports avec votre famille maintenant?

MARIAM KONE:
De temps à temps, je parle avec ma mère mais je ne peux pas oublier ce que mon père m’a fait. Ils ont brisé mon rêve et aujourd’hui je ne veux plus me marier. La blessure ne s’est pas encore cicatrisée. Même si je pardonne à mon père, je n’oublierai jamais cette peine.

ANIMATEUR.TRICE :
Quels conseils avez-vous à donner aux femmes, aux jeunes filles et aux décideurs?

MARIAM KONE :
Je voudrais tout simplement dire à ces femmes et aux jeunes filles que toutes les personnes sont égales devant la loi. Nul n’a le droit de faire du mal à son prochain. On se marie par amour pour être heureux, et non pour faire plaisir à une personne en acceptant de se faire vendre comme un objet ou un animal. Il faut que les autorités sachent que ces pratiques sont comme des épines aux pieds des femmes. Le mariage n’est pas un commerce et une fille n’est pas une esclave. Elle a le droit de faire de sa vie ce qu’elle veut et choisir avec qui se marier sans pression. J’ai eu la chance de m’en sortir. Mais combien de femmes se sont suicidées pour la même cause? Ouvrons enfin les yeux!

ANIMATEUR.TRICE :
Merci Madame Mariam Koné. Recevons à présent Madame Fatouma Dissa dite Fatou, présidente de l’association pour la défense de la jeune fille contre les Mariages forcés Yereko KèLè, un démembrement de WiLDAF. Merci d’avoir accepté notre invitation.

Je rappelle que WiLDAF Maliest un réseau regroupant une vingtaine d’associationset une cinquantaine de membres individuels. Il a pour objectif de protéger et de promouvoir les droits de lafemmeet de l’enfant. Il vise aussi à instaurer le respect des droits. Alors Fatou, qu’appelle-t- on mariage forcé?

FATOUDISSA :
Lemariage forcéest le fait d’épouser une personne contre sa volonté. Il s’agit d’unmariage arrangéoù la famille impose le mariage à un enfant. Cesmariagestouchent principalement lesjeunes filles, et dans une moindre mesure les jeunes garçons. Ces faits se produisent généralementenAfrique à cause destraditionset en raison des intérêts économiques.

ANIMATEUR.TRICE :
Quel est l’état des lieux de ce type de mariage au Mali?

FATOU DISSA :
Selon le rapport de l’Unicef en 2019, le Mali se plaçait au 2e rang ouest-africain après le Niger et occupait la 4e place mondiale avec un taux de prévalence de 55% de mariage précoce. Et ce, malgré les conséquences assez dramatiques de ce phénomène sur les filles.

ANIMATEUR.TRICE :
Quelles sont les causes de ces mariages forcés au Mali?

FATOU DISSA :
Les causes sont multiples. On peut parler de l’inégalité des sexes qui est à l’origine du fait que les filles et les femmes aient un statut inférieur à celui de l’homme. Les filles sont mariées jeunes et par force. Elles sont considérées comme un poids pour la famille et leur bien-être n’est pas une priorité. La pauvreté est aussi un facteur déterminant. Le mariage de la jeune fille permet aux parents d’avoir une bouche de moins à nourrir, de s’enrichir et de créer des alliances stratégiques avec une autre famille. Par ailleurs, certaines pratiques de la tradition sont à l’origine du mariage forcé. Dans de nombreux pays, l’honneur d’une famille passe par la virginité féminine. Les parents marient leurs filles bien avant qu’elles ne soient prêtes à avoir des relations sexuelles afin d’éviter qu’elles ne tombent enceinte et ne puissent plus être mariées.

ANIMATEUR.TRICE:
Comment aidez-vous les survivantes?

FATOU DISSA:
Nous travaillons avec WiLDAF qui est la faitière de toutes les associations et ONG qui travaillent pour l’égalité et le droit des femmes au Mali. Nous avons un centre d’accueil pour les femmes et les filles puisqu’il faut d’abord trouver un moyen pour les loger. Ensuite, nous travaillons avec des psychologues, des sociologues et souvent des médecins bénévoles pour écouter les survivantes et les rassurer. Au même moment, il y a une équipe composée d’avocats et de policiers pour les aider à porter plainte au besoin. Nous organisons également des séminaires de formations pour leur trouver un emploi afin de faciliter leur insertion professionnelle.

ANIMATEUR.TRICE :
Qu’est-ce qui rend difficile l’application des lois déjà votées au Mali?

FATOU DISSA:
Le poids des pesanteurs sociaux et le manque des moyens. Pour obliger les politiques, il faut mettre une pression sur l’État. Et pour cela, il faut une mission de sensibilisation et des campagnes de communications dans les médias sur toute l’étendue du territoire national avec des équipes composées d’avocats, de sociologues, de médecins et de psychologues. Toute cette campagne nécessite des moyens.

Au Mali comme partout en Afrique, c’est une équation difficile à équilibrer à cause de plusieurs facteurs. Le premier facteur est le poids de la religion musulmane. Le Mali est composé de 95% de musulmans. La religion dit qu’au moment où la jeune fille a ses premières règles menstruelles, il faut penser à lui trouver un mari. Dans la société, une fille est souvent considérée comme un fardeau. Beaucoup de parents estiment que si la fille se marie vite, ils n’auront plus de charges à supporter. Il est donc difficile de les convaincre du contraire.

Comme ce fut le cas en 2019, un avant-projet de loi contre les violences faites aux femmes émanant des organisations de femmes et de la société civile qui prenait en compte le mariage forcé, n’a pas été adopté. Notamment à cause des pressions de puissants groupes religieux.

ANIMATEUR.TRICE :
Dans ce cas que faut-il faire?

FATOU DISSA:
Il faut mener des campagnes de sensibilisation auprès des parents et des autorités localesafin de les informer desdangersdu mariage précoce et des droits des filles. Il faut également sensibiliser les enfants et les jeunessur leursdroitset leur apprendre à les défendre. Ensuite, il est important de mener des actions de plaidoyer auprès des gouvernementspour adopter des lois contre le mariage forcé ou renforcer les lois existantes. Enfin, il convient de mettre fin à la féminisation de la pauvreté. C’est le meilleur moyen de lutter contre le mariage des petites filles. Une femme qui subvient à ses besoins protégera à l’avenir ses filles contre tout mariage forcé.

ANIMATEUR.TRICE :
Merci beaucoup Madame Fatou Dissa. Maintenant, nous nous tournons vers Daouda Koné, enseignant, sociologue, conseiller social et membre du cabinet de psychologue SESANG.

  1. Koné, quels sont les facteurs socioculturels et économiques en faveur du mariage forcé?

DAOUDA KONE:
Le mariage forcé trouve ses racines dans l’inégalité des genres et la faible valeur accordée aux filles. D’autres facteurs aggravent la situation: les normes culturelles et religieuses, les valeurs, les traditions et la pauvreté. Il y a aussi les préoccupations relatives à la sécurité et à la protection des filles, le manque d’éducation et la faiblesse des politiques et des mesures juridiques. En réalité, les filles sont plutôt considérées comme un fardeau. Dans plusieurs régions du pays, le mariage des enfants est une pratique traditionnelle qui se perpétue simplement parce qu’elle se pratique depuis des générations. Du coup, s’éloigner de la tradition, c’est risquer l’exclusion de la communauté.

Dans les situations d’extrême pauvreté, donner sa fille en mariage permet aux parents d’avoir une personne de moins à nourrir, à habiller et à éduquer. Cela réduit les dépenses de la famille. Dans certaines communautés où une dot est payée, celle-ci représente souvent un revenu salutaire pour les familles pauvres. A ceci, s’ajoute aussi la baisse croissante du taux de scolarisation des filles ainsi que des efforts visant à les maintenir à l’école. Seulement 23,8% de filles sont au second cycle de l’enseignement primaire, selon l’Institut national de statistiques. Ainsi, des milliers de filles comme Mariam abandonnent l’école chaque année pour former un foyer.

ANIMATEUR.TRICE :
Est-ce qu’on peut considérer le mariage forcé comme un cas de viol?

DAOUDA KONE:
Lorsqu’on se réfère aux définitions, je dirais oui. Le mariage forcé entraîne souvent des violences et des abus sexuels venant du mari. Les relations sexuelles sont souvent forcées. Le viol par définition est un acte sexuel commis sur une personne sans son consentement. Il peut être exercé au travers de la force, la surprise, la menace, la ruse et plus généralement sous contrainte.

ANIMATEUR.TRICE :
Quelles sont les conséquences de ces mariages forcés sur les jeunes filles?

DAOUDA KONE:
Le mariage forcé présente degraves conséquences sur la vie d’une fille, sa communauté et son paystout entier. Ces conséquences peuvent être des violences, les abus sexuels du mari et les relations sexuelles forcées. Cela peut également engendrer des risques liés aux grossesses précoces, première cause de mortalité chez les jeunes filles de 15 à 19 ans, de même que le VIH. Même si une fille a eu la chance de recevoir une éducation sexuelle, elle est rarement en capacité de négocier des relations sexuelles protégées. En plus, une fois mariée, la fille est considérée comme adulte et est à la charge de son mari. Elle n’a donc plus d’intérêt à aller à l’école. De toute manière, les tâches domestiques et l’éducation des enfants ne leur laissent pas le temps. Les mariages forcés empêchent les femmes de sortir de la pauvreté.

ANIMATEUR.TRICE :
Quelles solutions proposez-vous?

DAOUDA KONE:
D’abord, il faut une conjugaison des efforts des différentes ONG et des associations qui s’intéressent au sujet. Il faut impliquer les chefs de village et les autorités religieuses. Car, c’est au nom de la religion et des coutumes que les mariages forcés sont pratiqués. En définitive, au Mali, la lutte contre les mariages forcés ne sera une réussite que si l’État joue pleinement son rôle. Il ne faut compter sur aucune autre solution à court ou moyen terme.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci pour vos explications, M. Koné. Les mariages forcés sont une réalité dans beaucoup de régions du monde et plus particulièrement en Afrique. Aussi bien les femmes que les hommes peuvent en être des survivants. Dans la majorité des cas, ce sont les jeunes qui souffrent le plus des mariages forcés au Mali. Cependant, il est plus urgent que les autorités du pays prennent des dispositions afin de mettre fin à ces pratiques qui ont fait et qui continuent de faire des survivants. Nous sommes au terme denotre émission d’aujourd’hui. Merci à tous nos invités et vous tous qui nous suivez en ce moment. On se dit à bientôt pour une autre émission.

Acknowledgements

Remerciements :

Rédigé par : Cheick Bounama Coulibaly, journaliste-enseignant fondation Maarif, fraternité production Bamako Mali.

Révisé par :

Entretiens et interviews :

Madame Mariam Konaté, victime couturière, dans la région de Ségou. Interview réalisée le 24 février 2023.

Madame Fatou Dissa, présidente de l’Association pour défense de la jeune fille contre les Mariages forcés Yereko KèLè. Interview réalisée le 26 février 2022.

Monsieur Daouda Koné enseignant, sociologue, conseiller social et membre du cabinet de psychologue SESANG. Interview réalisée le 06 mars 2023.

Rapport d’étude 2019 de WiLDAF sur le mariage forcé : https://idl-bnc-idrc.dspacedirect.org/bitstream/handle/10625/58416/58546.pdf