Notes au radiodiffuseur
L’une des principales composantes de la sécurité alimentaire est l’accès à des aliments sûrs. Lorsqu’ils sont utilisés avec précaution et discernement, les pesticides synthétiques peuvent favoriser l’accès à des aliments sûrs. Mais lorsque ce n’est pas le cas, les pesticides peuvent nuire à la santé humaine et à l’environnement et contaminer les aliments.
Cette présentation à deux animateurs examine comment le fait de ne pas utiliser les pesticides chimiques avec soin peut causer des dommages, et discute de l’importance de suivre des directives simples qui sont souvent expliquées sur l’étiquette du pesticide pour réduire ces dommages.
Elle traite également de l’utilisation judicieuse des pesticides : donner la priorité aux moyens d’empêcher les populations de parasites d’augmenter au point où un traitement est nécessaire, utiliser une grande variété d’outils préventifs, et utiliser les pesticides les plus sûrs et les plus efficaces disponibles uniquement en cas de besoin.
Vous pourriez choisir de présenter ce texte dans le cadre de votre programme régulier pour les agriculteurs, en utilisant des acteurs vocaux pour représenter les intervenants.
Vous pourriez également utiliser ce texte comme base pour créer votre propre programme sur l’importance d’adopter une approche sage et prudente de la gestion des parasites, et en particulier de l’utilisation des pesticides synthétiques.
Vous pourriez interviewer des agriculteurs et agricultrices d’exploitation familiale, des agents de vulgarisation et des experts gouvernementaux en pesticides, des ONG et de l’industrie. Vous pourriez leur demander :
- Quels sont les impacts négatifs potentiels des pesticides sur la santé humaine, l’environnement et les cultures des agriculteurs/agricultrices ?
- Quelles mesures les agriculteurs/agricultrices et les consommateurs/trices peuvent- ils/elles prendre pour réduire ces risques ?
- Quelle place devraient occuper les pesticides dans une approche globale de la gestion des parasites?
Durée estimée du scénario : 20 minutes, avec musique d’intro et d’outro.
Texte
ANIMATEUR 1 :
Bienvenue à l’émission. Aujourd’hui, nous allons parler d’un sujet sur lequel il y a beaucoup de désinformation.
ANIMATEUR 2 :
C’est exact. Aujourd’hui, nous allons parler des pesticides chimiques. Nous allons essayer de dissiper quelques-uns des nombreux mythes sur les pesticides et vous donner les faits sur ces produits très utiles et potentiellement dangereux.
ANIMATEUR 1 :
Beaucoup de gens disent que les pesticides chimiques sont dangereux – qu’ils peuvent nuire à la santé des gens, endommager l’environnement et contaminer les aliments que nous mangeons. Je crois savoir que vous avez discuté avec des experts en pesticides et des agriculteurs expérimentés à ce sujet. Qu’ont-ils dit à ce sujet ?
ANIMATEUR 2 :
La première chose qu’ils disent, c’est que les pesticides chimiques sont un outil puissant pour les agriculteurs afin de les aider à lutter contre les parasites. Mais, comme tout autre outil puissant, ils doivent être utilisés avec précaution et discernement. Sinon, ils peuvent nuire à la santé humaine et à l’environnement et contaminer les aliments.
ANIMATEUR 1 :
Alors comment les agriculteurs peuvent-ils les utiliser avec précaution et discernement?
ANIMATEUR 2 :
Tout d’abord, pour éviter tout dommage, il est très important de prêter attention aux instructions figurant sur l’étiquette du pesticide. L’étiquette indique aux agriculteurs/agricultrices la quantité de pesticide à appliquer, comment l’appliquer, quand et quand ne pas l’appliquer, et bien d’autres choses utiles.
ANIMATEUR 1 :
Est-ce que l’utilisation de trop de pesticides est un problème?
ANIMATEUR 2 :
Absolument. Si un agriculteur/une agricultrice utilise trop de pesticides, plusieurs choses peuvent se produire. Cela peut nuire à la santé de l’agriculteur/agricultrice pendant qu’il ou elle l’applique, les parasites peuvent devenir résistants au pesticide, et cela peut contaminer les aliments. Il est donc important d’utiliser la bonne quantité, celle indiquée sur l’étiquette.
En outre, si un agriculteur/une agricultrice applique un pesticide en ne respectant pas les consignes – par exemple au mauvais moment de la journée, sur la mauvaise partie de la plante – le pesticide ne sera pas aussi efficace que prévu. Et lorsqu’il ne fonctionne pas aussi bien, les parasites peuvent dévaster vos cultures. Lorsque cela se produit, de nombreux agriculteurs/agricultrices sont tenté(e)s d’utiliser davantage de pesticides. Et cela provoque le genre de dégâts que je viens d’expliquer.
ANIMATEUR 1 :
On dirait que ça fait un peu désordre. Quand le pesticide ne fonctionne pas, vous en appliquez de plus en plus – et cela cause de plus en plus de dégâts.
ANIMATEUR 2 :
Oui, c’est ce que nous appelons l’engrenage des pesticides.
Il y a d’autres choses auxquelles il est important de prêter attention. Par exemple, pour de nombreux parasites, il est préférable d’appliquer les pesticides au moment de la journée où ils sont le plus actifs, c’est-à-dire tôt le matin ou tôt le soir. L’utilisation d’un pesticide au mauvais moment entraîne un mauvais rendement et incite les agriculteurs/agricultrices à en utiliser davantage.
Il est également important de ne pas pulvériser de pesticides près des plans d’eau, car de nombreux pesticides tuent les poissons et autres créatures qui vivent dans l’eau ou à proximité. Il est important de ne pas pulvériser de pesticides lorsque les insectes pollinisateurs comme les abeilles sont les plus actifs, c’est-à-dire en début d’après-midi. De nombreux pesticides tuent les abeilles. Et de nombreuses cultures dépendent des abeilles pour la pollinisation. Si vos cultures sont mal pollinisées, vos rendements sont réduits.
ANIMATEUR 1 :
C’est beaucoup d’informations. Si je peux résumer tout ce que vous venez de dire, je dirais qu’il est important de suivre les instructions sur l’étiquette – d’utiliser la quantité recommandée de pesticide, ni trop ni trop peu. Et aussi qu’il est important d’utiliser les pesticides au bon moment de la journée et de ne pas les pulvériser près de l’eau. Et il s’agit d’utiliser les pesticides avec précaution.
ANIMATEUR 2 :
Oui, c’est un bon résumé.
ANIMATEUR 1 :
Vous avez également précisé l’importance d’utiliser les pesticides avec précaution. C’est un mot intéressant à utiliser. Qu’entendez-vous par utiliser les pesticides avec précaution?
ANIMATEUR 2 :
Ce que je veux dire, c’est que les agriculteurs/ agricultrices ne devraient jamais considérer les pesticides comme le seul outil dont ils disposent pour lutter contre les parasites. Les pesticides ne devraient même pas être le premier outil auquel ils pensent pour gérer les parasites.
ANIMATEUR 1 :
Alors comment les agriculteurs/agricultrices doivent-ils/elles penser à gérer les parasites?
ANIMATEUR 2 :
La meilleure approche pour gérer les parasites est d’utiliser une très grande variété de différents types d’outils. C’est l’approche que nous appelons la gestion intégrée des parasites ou GIP.
Les pesticides sont un outil que nous devrions utiliser lorsque nous ne pouvons pas gérer notre problème de parasites avec d’autres outils. La lutte intégrée contre les parasites recommande d’essayer de réduire autant que possible l’utilisation des pesticides. Non seulement parce que les pesticides sont potentiellement dangereux, mais aussi parce qu’ils sont très souvent assez chers.
ANIMATEUR 1 :
Vous avez fait allusion à « un large éventail de différents types d’outils ». Qu’entendez-vous par là?
ANIMATEUR 2 :
Il existe différents types d’outils, notamment les outils culturels, les outils physiques ou mécaniques, les outils biologiques et, bien sûr, la surveillance étroite de votre champ pour détecter les parasites. Beaucoup de ces outils sont conçus pour prévenir l’accumulation de parasites plutôt que pour les traiter ou les tuer. C’est un autre principe important de la lutte intégrée : Il est préférable de se concentrer sur la prévention des parasites et de ne les traiter que si nécessaire.
ANIMATEUR 1 :
Veuillez me donner un exemple de ces types d’outils : un outil culturel, un outil biologique, etc.
ANIMATEUR 2 :
Bien sûr. Les outils culturels sont des pratiques agricoles que les agriculteurs /agricultrices peuvent utiliser pour favoriser la santé des cultures et prévenir les problèmes de parasites et de maladies. Par exemple, changer les pratiques d’irrigation peut réduire les problèmes de parasites, car trop d’eau peut augmenter les maladies des racines et les mauvaises herbes. Si les agriculteurs/agricultrices pratiquent la culture intercalaire avec des plantes qui sont moins attrayantes pour un parasite puissant, l’ensemble du champ devient moins attrayant pour le parasite. Les cultures pièges sont des cultures que les parasites aiment autant ou plus que la culture que vous essayez de protéger, mais qui ne génèrent pas de revenus significatifs pour l’agriculteur/agricultrice. Vous pouvez utiliser des cultures-pièges pour » attirer » les parasites loin de la culture principale, puis la culture piège peut-être extirpée et détruite.
La rotation des cultures est un autre outil culturel. Si vous faites la rotation de votre maïs avec des cultures de légumineuses, vous diminuez la sensibilité de votre maïs aux parasites et aux maladies. Et pour gérer les foreurs de tiges, vous pouvez intercultiver votre maïs avec des cultures non hôtes comme le manioc et les légumineuses à grains.
ANIMATEUR 1 :
Ok, cela couvre les outils culturels. Quels autres outils un(e) agriculteur/agricultrice avisé(e) devrait-il /elle utiliser pour gérer les parasites plutôt que de trop compter sur les pesticides chimiques?
ANIMATEUR 2 :
Il existe des outils biologiques. La lutte biologique contre les parasites consiste à tirer parti des ennemis naturels des parasites qui se trouvent déjà dans votre champ. Les ennemis naturels comprennent les prédateurs des parasites, les organismes qui parasitent les parasites, les organismes qui causent des maladies chez les parasites et les insectes qui font concurrence aux parasites. Les scientifiques estiment que les ennemis naturels sont responsables de 50 à 90 % de la lutte contre les parasites dans les champs de culture qui ne sont pas pulvérisés avec des pesticides.
Vous pouvez aménager votre champ pour le rendre plus favorable aux ennemis naturels et/ou moins favorable aux parasites. Par exemple, vous pouvez faire pousser des cultures qui fournissent de la nourriture aux stades adultes des ennemis naturels à proximité de la culture que vous voulez protéger. Vous pouvez planter des clôtures vivantes, par exemple des arbres ou des haies, qui offrent un abri aux ennemis naturels. Vous pouvez ajouter des piquets dans votre champ où les oiseaux insectivores peuvent se percher. Si vous ajoutez du paillis autour des plantes, cela crée un environnement attrayant pour les prédateurs vivant au sol comme les coléoptères et les araignées qui mangent les parasites.
ANIMATEUR 1 :
Et ces méthodes visent à prévenir les parasites, pas à les traiter, n’est-ce pas?
ANIMATEUR 2 :
Absolument. Vous ne traitez les parasites que si vos méthodes préventives ne suffisent pas à ramener les populations de parasites à un niveau suffisamment bas pour qu’ils ne causent pas de problème sérieux.
ANIMATEUR 1 :
Nous avons donc parlé de l’importance de faire preuve de prudence lors de la pulvérisation de pesticides en suivant les instructions figurant sur l’étiquette et, par exemple, en ne pulvérisant pas près de l’eau ou lorsque les abeilles sont actives. Et nous avons parlé de la façon dont les agriculteurs/agricultrices peuvent agir sagement en utilisant une variété d’approches pour empêcher les populations de parasites de s’accroître, au lieu de trop compter sur les pesticides. Que devons-nous savoir d’autre sur les pesticides et leur traitement?
ANIMATEUR 2 :
Il existe des pesticides plus sûrs, notamment des pesticides biologiques fabriqués à partir de plantes naturelles et d’autres ingrédients. Il peut s’agir de graines et de feuilles de neem, ainsi que de graines ou de feuilles d’autres plantes. Il existe de nombreuses plantes qui aident à gérer les parasites. Et même si elles ne tuent pas toujours un fort pourcentage de parasites comme le font les pesticides chimiques, lorsque vous utilisez ces pesticides biologiques en combinaison avec d’autres approches préventives, vous pouvez parvenir à un très bon contrôle des parasites. Au minimum, cela vous permet de réduire la quantité de pesticides chimiques que vous utilisez.
Un autre type courant de pesticide plus sûr est fabriqué à partir d’une bactérie courante appelée Bacillus thuringiensis, également connue sous le nom de Bt. Ce produit n’est pas forcément disponible et abordable dans votre région, mais il peut être très efficace et sans danger.
ANIMATEUR 1 :
Les gens parlent parfois de pesticides chimiques nuisibles à la santé humaine. Comment cela pourrait-il arriver et comment pouvons-nous l’éviter?
ANIMATEUR 2 :
Cela pourrait se produire de plusieurs façons. Tout d’abord, comme je l’ai déjà dit, il est important de suivre les instructions figurant sur l’étiquette. De nombreuses étiquettes de pesticides conseillent de ne jamais pulvériser de pesticides par temps venteux. Le vent peut transporter les gouttelettes de pulvérisation sur une grande distance, et si un(e) agriculteur(trice) voisin(e), ou même un(e) écolier(ère), se trouve à proximité, il/elle pourrait être empoisonné(e).
De plus, l’étiquette du pesticide comprend deux types d’intervalles. Le premier s’appelle le délai d’attente avant récolte et correspond au temps minimum qui doit s’écouler entre la dernière pulvérisation et la récolte. Par exemple, l’étiquette peut indiquer que vous devez attendre 14 jours après la dernière pulvérisation d’un pesticide avant de procéder à la récolte. Si vous récoltez avant cette date, les récolteurs/récolteuses peuvent être empoisonnés en se mettant des pesticides sur les mains ou ailleurs sur le corps. Ils peuvent aussi être empoisonnés en inhalant le pesticide de la plante. De même, lorsque les consommateurs/trices consomment des aliments récoltés avant la période de récolte, ils peuvent être empoisonnés.
Le deuxième intervalle est appelé le délai de sécurité. Il s’agit du laps de temps entre l’application du pesticide et le moment où les agriculteurs/agricultrices peuvent entrer pour effectuer des travaux manuels sur les cultures.
Et, bien sûr, si vous utilisez trop de pesticides, même si vous respectez les autres intervalles, le/la récolteur/récolteuse ou le consommateur peut être empoisonné.
ANIMATEUR 1 :
Encore une fois, c’est beaucoup d’informations à digérer. Mais si je peux résumer, je dirais que nous avons parlé de deux nouvelles choses. Nous avons parlé de pesticides biologiques plus sûrs, comme le neem, d’autres pesticides à base de plantes et le Bacillus thuringiensis ou Bt. Ensuite, nous avons parlé de la manière dont les agriculteurs/agrucultrices et les consommateurs/trices peuvent parfois être lésé(e)s par les pesticides, et de la manière dont nous pouvons tenter de prévenir cela.
Quelle est votre dernier mot sur ce sujet?
ANIMATEUR 2 :
Malheureusement, je dois ajouter qu’en Afrique, on utilise encore certains pesticides qui sont assez toxiques et qui peuvent empoisonner les gens même s’ils sont utilisés conformément à l’étiquette. Les gouvernements les éliminent progressivement, mais certains restent en circulation. Et parfois, il existe des stocks de pesticides obsolètes, voire de faux pesticides. Les pesticides obsolètes et les faux pesticides peuvent certainement nuire aux populations.
ANIMATEUR 1 :
Comment éviter d’utiliser ces produits?
ANIMATEUR 2 :
Le meilleur moyen est de bien connaître votre fournisseur d’intrants, de lui poser beaucoup de questions sur l’authenticité et la toxicité des produits. Demandez-lui quel est le produit le plus sûr et le plus efficace que vous pouvez utiliser. Parfois, les produits les moins chers ne sont pas les plus sûrs ou les plus efficaces, alors gardez cela à l’esprit. Vous pouvez également téléphoner à votre station de radio locale et demander qu’un expert parle de ces sujets à l’antenne. Vous et les autres agriculteurs/agricultrices de votre région avez le droit de savoir tout ce que vous pourrez sur les produits que vous utilisez pour lutter contre les parasites.
ANIMATEUR 1 :
C’est un sujet très vaste et je pense que nous pourrions en parler toute la journée. Mais je tiens à vous remercier, __, de nous avoir transmis toutes ces connaissances provenant des agriculteurs/agricultrices et des autres experts avec lesquels vous avez parlé.
ANIMATEUR 2 :
Ce fut un plaisir. Au revoir aux auditeurs, et à la prochaine.
ANIMATEUR 1 :
Au revoir à la semaine prochaine.
Acknowledgements
Rédigé par : Vijay Cuddeford, Rédacteur en Chef, Radios Rurales Internationales, à partir d’entretiens réalisés par Aboubakar Gakou.
La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.