Une communauté lutte contre la malnutrition avec des légumes-feuilles locaux

NutritionSanté

Notes au radiodiffuseur

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Nous mangeons pour vivre. Sans nourriture, nous serions affamés. Mais la faim ne signifie pas seulement de pas avoir suffisamment de nourriture; il s’agit aussi de savoir ce que l’on mange. La « faim insoupçonnée » survient lorsque les gens souffrent de malnutrition due au manque de micronutriments. Ce sont les vitamines et les minéraux. À la différence des macronutriments comme le calcium et le magnésium, ils sont nécessaires en plus petites quantités. Néanmoins, ils sont essentiels pour être en bonne santé. Des millions de gens, généralement ceux qui vivent dans les régions rurales, mangent des aliments de base comme le maïs, le manioc et les patates douces. Même si ces aliments remplissent leurs estomacs, ils ne peuvent pas fournir par eux-mêmes aux gens suffisamment de micronutriments.

Les chercheurs ont commencé à développer des cultures ayant des niveaux plus élevés de micronutriments. Pendant que ces efforts se poursuivent, il existe de nombreux légumes-feuilles indigènes africains qui ont des niveaux élevés de vitamines, de minéraux et de micronutriments. Mais ces légumes locaux sont sous-utilisés par manque de connaissance.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

Montée de l’indicatif pendant 10 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

Animateur :
Bienvenue à votre émission favorite «Questions de santé». Une bonne nutrition est importante pour être en bonne santé. L’idée d’améliorer la nutrition pour résoudre les problèmes de santé a été soulevée lors d’un récent forum d’agriculteurs. Notre reporter était là pour interviewer le chef de la communauté d’Abotanso et l’agente de vulgarisation de la région. Restez à l’écoute, où que vous soyez.

Montée de l’indicatif pendant cinq secondes, puis fondu enchaîné

Bruit de musique traditionnelle en arrière-plan

Intervieweur:
Je me trouve à Abotanso, une communauté située en banlieue de Koforidua, capitale de la région Est du Ghana. De l’endroit où je me trouve, je peux voir des sacs de sable alignés le long du cours d’eau pour endiguer l’érosion. La communauté semble en ordre et propre. Les membres de la communauté viennent tout juste de terminer une réunion spéciale. Ils fêtent une journée réussie avec du tambourinage, des chants et de la danse.

J’ai avec moi deux personnes sorties de la rencontre. J’aimerais tout d’abord qu’elles se présentent. Vous, madame.

Gifty:
Je m’appelle Gifty, je suis l’agente de vulgarisation pour Abotanso et ses environs. Je travaille ici depuis cinq ans.

Adjei:
Je m’appelle Papa Adjei, je suis le chef de la communauté d’Abotanso. Je suis né et j’ai grandi ici. J’ai hérité la fonction de chef de mon père, qui est décédé il y a douze ans.

Intervieweur:
Quel était l’objet de la réunion, Papa Adjei?

Adjei:
Il y a cinq ans, le ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture a lancé ici un projet de gestion des terres et des eaux. Nous avons mis en œuvre le projet au fil des ans. Nous nous sommes réunis pour parler des résultats à long terme de nos activités agricoles.

Montée du tambourinage et des chants, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

Animateur:
Il semble que les gens d’Abotanso ont été les grands gagnants du projet agricole. (Pause) Le battement des tambourins s’est intensifié. Poursuivons la conversation.

Montée du tambourinage et des chants, puis fondu enchaîné à un niveau sonore faible maintenu pendant l’entrevue

Intervieweur:
Chef, quelles sont quelques-unes des réalisations du projet?

Adjei:
Nous avons rendu les terres agricoles pauvres plus fertiles. Nous avons maintenant plus d’arbres. Nos récoltes sont bonnes. Nous gagnons beaucoup d’argent en vendant nos récoltes. L’agente de vulgarisation nous a énormément aidés. Mais la principale réalisation vient des conseils qu’elle nous a donnés de faire pousser et de manger davantage de légumes-feuilles pour améliorer notre santé.

Intervieweur:
Gifty, le chef est content de votre travail. Pourquoi leur recommandez-vous des légumes-feuilles?

Gifty:
Il y a deux ans, j’ai rendu visite à Papa Adjei chez lui et il ne se sentait pas bien. Il ne parvenait pas à se secouer pour se lever. Même s’il ne le savait pas, il manquait de vitamines et de minéraux.

Adjei:
Le jour où elle est venue me rendre visite, je n’avais pas assez d’énergie.

Intervieweur:
Gifty, Comment saviez-vous qu’il manquait de vitamines et de minéraux?

Gifty:
Il m’a montré la liste des médicaments que le docteur lui avait demandé d’acheter. Il s’agissait principalement de vitamines et de minéraux. Mais les humains peuvent obtenir ces micronutriments directement de leurs aliments, surtout dans les légumes-feuilles locaux frais. J’ai ensuite parlé à sa femme et je lui ai demandé de cuisiner davantage d’alefu, de gboma, d’ayoyo et de kontomire. (Note de la rédaction : alefu est de l’espèce Amaranthus, gboma est Solanum macrocarpon, ayoyo est de l’espèce Cochorus et kontonmire est Xanthosoma ou Colocasia).

Intervieweur :
Agente de vulgarisation, vous ai-je entendu prononcer le mot micronutriments?

Gifty:
Oui. Ce sont des substances contenues dans les aliments dont le corps humain a besoin en petites quantités. Néanmoins, elles sont cruciales pour une bonne santé.

Intervieweur:
Quels sont certains de ces micronutriments?

Gifty:
Quelques micronutriments importants sont la vitamine A, le fer, le zinc et l’iode. La vitamine A améliore la vue; le fer et le zinc sont bons pour les liquides organiques comme le sang, tandis que l’iode prévient le goitre.

Intervieweur:
Pourquoi avez-vous recommandé ces légumes et pas d’autres cultures?

Gifty:
Tout d’abord, ils sont nutritifs. En outre, leurs graines sont facilement disponibles et le sol et le climat conviennent par ici. Par-dessus tout, ces légumes-feuilles sont très hâtifs. La plupart d’entre eux ne demandent que 40 à 60 jours des semis à la récolte. Les agriculteurs peuvent donc les récolter plusieurs fois au cours d’une année.

Intervieweur:
Papa Adjei, pourquoi ne mangiez-vous pas suffisamment de ces légumes-feuilles auparavant?

Adjei:
Nous ne savions pas que les légumes locaux pouvaient être aussi nutritifs. Nous considérions que les légumes-feuilles locaux étaient de la nourriture pour les pauvres. Nous préférions la laitue et les choux, même si ces cultures étrangères sont plus difficiles à faire pousser…

Gifty:
(L’interrompant) Ils font pousser leurs cultures et vendent tout… tout, y compris les légumes locaux, pour avoir de l’argent!

Rires

Adjei:
(Blaguant) Eh bien, agente, ne révélez pas tout ce que vous avez vu!

Intervieweur:
Papa Adjei, comment cultivez-vous ces cultures? Partagez vos connaissances avec les autres, s’il vous plaît.

Adjei:
Nous avions l’habitude de les semer à la volée. Mais l’agente de vulgarisation nous a enseigné à les semer dans des pépinières et à les repiquer trois ou quatre semaines plus tard. D’autres graines sont semées directement, avec le bon espacement. Après avoir enlevé les mauvaises herbes une ou deux fois, les cultures sont prêtes pour la récolte.

Intervieweur:
Comment luttez-vous contre les parasites et les maladies?

Adjei:
Même si les légumes locaux ont moins de parasites et de maladies que les légumes étrangers, nous utilisons de l’extrait de margousier et de la cendre de bois pour protéger les cultures. (Note de la rédaction : le margousier est un arbre aux propriétés insecticides)

Intervieweur :
Agente, Comment les agriculteurs fabriquent-ils l’extrait de margousier?

Gifty :
Les agriculteurs cueillent les feuilles de margousier et les lavent à l’eau. Ensuite, ils écrasent les feuilles dans un mortier pour obtenir une pâte. Vous faites tremper un kilo de cette pâte dans 15 litres d’eau pendant la nuit. Ensuite, vous remuez et tamisez le mélange pour remplir un pulvérisateur à dos. Vous pulvérisez les légumes lorsque vous voyez des insectes.

Intervieweur :
Que se passe-t-il si des agriculteurs n’ont pas accès à un pulvérisateur à dos? Comment appliquent-ils le mélange?

Gifty :
On utilise des arrosoirs, des boîtes de conserve perforées et des gourdes. Un agriculteur peut aussi ficeler des feuilles ensemble pour former un balai et appliquer le mélange de cette façon.

Intervieweur :
Papa Adjei, quels sont vos menus quotidiens typiques maintenant que vous avez commencé à manger davantage de légumes-feuilles locaux?

Adjei :
Le matin, je mange des feuilles de moringa bouillies mélangées avec de l’huile et du kose pour accompagner mon koko. Mon déjeuner comporte normalement des ignames bouillies avec un ragoût composé d’alefu ou de kontomire. À la place de l’habituel fufu avec une soupe légère pour le dîner, je prends maintenant du fufu avec de la soupe faite avec des légumes-feuilles. (Note de la rédaction : lekose est du gâteau aux haricots; lekoko est un gruau de céréales léger; le fufu est une pâte épaisse de racines et de tubercules broyés bouillis)

Intervieweur:
Comment vous sentez-vous après avoir mangé plus de légumes-feuilles frais?

Adjei:
Je ne vais pas à l’hôpital aussi souvent qu’avant. Mes enfants ne manquent pas autant l’école parce qu’ils sont malades. Ma femme effectue ses tâches ménagères sans être aussi fatiguée que dans le passé.

Intervieweur:
Gifty, qu’avez-vous fait d’autre dans le cadre du projet pour encourager les gens à manger ces légumes indigènes?

Gifty:
Comme je l’ai déjà mentionné, j’ai parlé à la femme de Papa Adjei. J’ai aussi convoqué des réunions collectives et parlé aux agriculteurs de la communauté à ce sujet. Ils suivent mon conseil et cela fonctionne pour eux.

Animateur:
Chers auditeurs et auditrices, c’est le temps de faire une courte pause. Au retour, nos amis ont quelques conseils à nous donner.

Intermède musical de 20 secondes avec du tambourinage et des chants traditionnels

Intervieweur:
Ma soeur Gifty, quels conseils avez-vous à donner aux gens des autres communautés?

Gifty:
Nos aliments locaux contiennent des tas de nutriments. J’encourage chaque agriculteur à faire pousser plus de légumes-feuilles locaux et à en consommer davantage, parce que ce sont à la fois des aliments et des remèdes.

Intervieweur:
Avant de vous laisser partir, chef, quel est votre dernière déclaration?

Adjei:
Je tiens à ce que cette expérience que nous avons vécue soit enregistrée dans la fourgonnette d’information agricole et diffusée fréquemment jusqu’à ce que beaucoup de gens apprécient ce que nous avons ici.

Animateur:
Ainsi prend fin notre émission, avec les conseils de nos invités pour faire pousser plus de légumes-feuilles frais et pour en manger davantage. Nous devons également transmettre le message à d’autres personnes. En attendant de se retrouver la semaine prochaine, maintenez-vous en bonne santé. Au micro votre animateur ____________.

Montée de l’indicatif et sortie en fondu enchaîné

Acknowledgements

Rédaction : Gabriel Adukpo, ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture, Koforidua, Ghana.
Révision : Liliane Kambirigi, agente d’information, Sous-division des relations avec les médias, Bureau des communications et des relations extérieures, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Traduction : Jean-Luc Malherbe, Société Ardenn, Ottawa, Canada.

Information sources

Ball, A-M, 2008. Biofortification: New crops tackle hidden hunger. Viewpoint, Spore no 138. http://spore.cta.int/index.php?option=com_content&task=view&id=735&catid=1.
Shackleton, C. M. et coll. (Réd.), 2009. African Indigenous Vegetables in Urban Agriculture. Earthscan, Londres (Royaume-Uni) et Sterling (Virginie).
Tweneboah, C. K., 1998. Cultivation of vegetables and spices in West Africa. C.K. Tweneboah and Co-wood Publishers.

Merci à : Adjei Normenyo, chef, communauté d’Abotanso, et Gifty Osafo, agente de vulgarisation. Interviewés le 19 octobre 2010.