Notes au radiodiffuseur
Jennifer Zulu fait partie d’une association de femmes qui a 22 membres provenant des villages voisins. Le groupe se réunit les après midis, après les tâches quotidiennes. Elles se partagent les informations qu’elles obtiennent de chercheurs du projet Zambien ICRAF et des techniciens en vulgarisation agricole du Ministère de l’Agriculture.
Depuis 1986 le projet de Centre International de Recherche en Agroforesterie de Zambie (en Anglais ICRAF) a travaillé pour accroître les rendements et améliorer la gestion des ressources naturelles dans la région. Les chercheurs ont essayé plusieurs méthodes d’agroforesterie, incluant la technique de la jachère avec plusieurs espèces d’arbres et d’arbustes. Les espèces expérimentées incluent Sesbania macrantha, Tephrosia vogelii, Leucaena leucocephala, Gliricidia sepium, Senna siamea, Cajanus cajan, Senna spectabilis, Flemingia macrophylia, et Calliandra calothyrsus.
Jusqu’à présent le sesbania sesban a donné les meilleurs résultats. Le projet a travaillé avec des spécimen de cette espèce recueillis dans toute l’Afrique Australe.
Si vous désirez obtenir de plus amples informations sur cette recherche, veuillez contacter :
Dr Freddie Kwesiga
Directeur de Projet Zambie/ICRAF/AFRENA Agroforestry Project
c/o Provincial Agriculture Office (Eastern Province)
P.O Box 510046
Chipata, Zambia
Fax : 260-62-21404.
Texte
Jennifer Zulu est agricultrice dans un petit village de Zambie. Elle est la mère de cinq enfants. Jennifer cultive un petit terrain d’environ deux hectares que son frère lui a loué. Elle y travaille seule. Elle cultive du maïs, du coton et des arachides. Lorsque la pluie est abondante, elle peut cultiver assez de maïs pour nourrir ses cinq enfants. Mais en période de sécheresse, les rendements sont faibles et elle doit acheter du maïs.
Jennifer avait l’habitude d’acheter des engrais, mais maintenant qu’il n’y a plus de subventions, elle ne peut plus se le permettre. Si elle veut acheter des engrais, elle doit faire un emprunt et vendre sa chèvre.
Et il y a d’autres problèmes. Environ une fois par mois, Jennifer et ses enfants doivent trouver une charrette à boeufs et passent la journée à ramasser du bois de chauffe dans les régions boisées éloignées de son village. Si elle ne trouve pas d’argent pour louer la charrette, ils font le trajet à pieds. C’est de plus en plus difficile de trouver du bois de chauffe.
Elle dit que l’infertilité du sol et les faibles rendements de ses cultures n’ont pas toujours été un problème. Les vieux disent qu’il y a toujours eu des arbres sur sa terre, et que les feuilles tombées des arbres fertilisaient le sol. A cette époque, les gens cultivaient différents produits comme le millet et le manioc. Ils ne cultivaient pas le maïs hybride et n’utilisaient pas d’engrais. Les fermiers de la région avaient l’habitude de laisser leur champ se reposer : ils le mettaient en jachère en y plantant de l’herbe. Cela veut dire ne planter que de l’herbe sur le champ pendant quelques années. Maintenant, trop de gens cherchent à occuper le même champ. Si Jennifer laissait son champ en jachère, d’autres gens, en particulier ses voisins, viendraient l’occuper. Ils cultiveraient un billon à la fois, prenant chaque fois un peu plus de son champ.
Alors Jennifer, comme des centaines d’autres agriculteurs de la région, a cherché une autre solution à ses problèmes. Pendant les deux dernières années, elle a essayé un nouveau moyen de mettre sa terre en jachère en y plantant des arbres.
C’est facile. Au lieu de laisser la terre se reposer en y plantant de l’herbe, elle y plante des arbres. Les arbres qu’elle plante s’appellent des sesbania (Sesbania spp). Les arbres de sesbania sont un bon choix parce qu’ils poussent déjà à l’état naturel dans sa région. Et ils ajoutent de l’azote au sol. Elle plante les arbres en rangées le long du champ en laissant un intervalle d’un mètre entre eux. Les rangées sont elles aussi espacées d’un mètre. Elle les laisse pousser pendant deux ans. Après ce laps de temps, les arbres atteignent cinq mètres de hauteur. Alors elle les coupe pour en faire du bois de chauffe ou des poteaux.
Pendant que les arbres poussent, des tas de feuilles tombent par terre. Ces feuilles pourrissent et donnent une bonne quantité d’azote au sol. Au bout de deux ou trois ans, les arbres peuvent être coupés ou enlevés facilement, souvent simplement en les arrachant.
Les racines qui restent sous terre se décomposent lentement, ajoutant plus de matières organiques au sol.
Ainsi, lorsque Jennifer est prête à planter sa prochaine culture de maïs, la terre, qui aura eu le temps de se reposer pendant deux ans avec les arbres, est plus fertile. C’est vrai qu’elle ne peut pas planter du maïs dans son champ pendant ces deux ans. Mais au bout de ces deux années, lorsqu’elle peut de nouveau cultiver du maïs, elle obtient un meilleur rendement. Le sol est plus fertile et plein de vie.
La technique de la jachère n’est pas nouvelle. Les agriculteurs ont toujours utilisé cette méthode, mais les conditions ont changé et mettre son champ en jachère avec de l’herbe n’est plus pratique, surtout à cause de la demande de plus en plus forte en terre cultivable. La solution qui consiste à mettre son champ en jachère en y plantant des sesbania marche bien pour Jennifer Zulu parce que cela permet de résoudre ses problèmes les plus immédiats, la baisse des rendements et la recherche urgente de terre à cultiver.
Cela lui permet de laisser un répit à son champ, d’en garder la propriété, et d’améliorer sa fertilité en même temps.
Acknowledgements
Ce texte a été adapté de « Farmers who fallow with trees » par Joan Baxter en Agroforestry today, Juillet Décembre, 1995, Vol. 7, No. 3-4,pages 8-10. Publié par International Centre for Research in Agroforestry, ICRAF House, United Nations Avenue, Giriri, P.O. Box 30677, Nairobi, Kenya.
La publication de ce texte a été rendue possible grâce au généreux support financier de Nancy’s Very Own Foundation, Toronto, Canada.