Notes au radiodiffuseur
Enregistrez et révisez cette ressource sous forme de document Word.
Au Mali, environ 70% de la population vit en milieu rural et dépend de l’agriculture, de l’élevage, et de la pêche. Mais les agriculteurs sont confrontés à certains défis dont l’infertilité des sols. Pour pallier à ce problème, Siriman Camara, un agriculteur du village de Tiendo, dans le centre du Mali a choisi de fabriquer du compost. Grâce à une pompe à eau qu’il a achetée, il a presque fait tripler son rendement.
Quand il est arrivé dans le village pour la première fois, M. Camara a loué une charrue et deux bœufs pour labourer son lopin de cinq hectares. À l’époque, il ne savait pas comment faire un compost de bonne qualité. Au fil des années, il s’est informé auprès de vulgarisateurs qui lui ont conseillé de creuser une fosse à compost et de bien l’arroser. C’est cette technique qui, selon cet agriculteur, a fait tripler son rendement.
Mais il a eu un problème de main-d’œuvre. Ses trois femmes, ses douze enfants et lui passaient des heures à arroser la fosse. Ce défi a conduit Siriman à se limiter à une seule fosse. Trois ans après qu’il est arrivé au village, après avoir économisé de l’argent gagné grâce à la vente d’une partie de sa récolte, Siriman a acheté une pompe à eau motorisée, à 150 000 francs CFA (environ 300$ américains), à Bamako.
Contrairement à d’autres paysans qui utilisent cette machine pour arroser leur jardin potager, Siriman a vu en cette machine une autre possibilité: l’utiliser seulement pour l’arrosage de sa fosse de compost. C’est ainsi que d’une seule fosse, ce vieil agriculteur en a creusé trois, et a quasiment fait tripler son rendement.
Ce texte est basé sur des entrevues authentiques. Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour faire des recherches et rédiger un texte sur les agriculteurs qui utilisent de l’équipement agricole. Vous pourriez opter pour produire ce texte dans le cadre de votre programme agricole régulier, en utilisant la voix d’acteurs pour représenter les interlocuteurs. Le cas échéant, veuillez vous assurer de dire à votre audience, au début du programme, que les voix sont celles d’acteurs et non des personnes originellement impliquées dans les interviews.
L’agriculteur présenté dans ce texte cultive du maïs de façon continue, sans faire de rotation avec d’autres cultures. Il est important de savoir que toute culture continue peut mener à une accumulation d’organismes nuisibles et de mauvaises herbes, et peut vider le sol de certains nutriments. Pour ces raisons, il est toujours mieux de faire de la rotation de cultures.
Y a-t-il dans votre région des petits agriculteurs qui utilisent de l’équipement agricole qui a fait augmenter leurs rendements et a amélioré leur vie? Vous pourriez interviewer ces agriculteurs en ondes et demander aux auditeurs de vous appeler ou de vous envoyer un message-texte pour discuter de l’utilité de divers types d’équipement agricole -y compris les tracteurs, les pompes à eau de diverses sortes, les séchoirs solaires, etc. Assurez-vous que la discussion inclue les coûts, les bénéfices et les problèmes liés à chaque type d’équipement, ainsi que les conditions spécifiques sous lesquelles chaque type d’équipement pourrait convenir à différents types d’agriculteurs, différentes cultures et différentes conditions.
Texte
Montée du générique de l’émission et fondu enchaîné sous la voix du présentateur
PPRÉSENTEUR:
Bienvenue à vous auditeurs. Aujourd’hui, nous allons entendre une interview avec un agriculteur qui a fait tripler ses rendements de maïs! Comment, demandez-vous? En achetant et en utilisant une pompe à eau pour garder son compost humide et fertile. Restez à l’écoute pour suivre cette interview de l’agriculteur Siriman Camara par Mariam Koné.
Montée puis fondu du générique de l’émission
Mariam Koné:
Bonsoir, chers auditeurs. Nous sommes aujourd’hui à Tiendo, un village situé à 100 kilomètres à l’ouest de Bamako, au Mali, dans la commune rurale de Markakungo. Ici, les populations vivent principalement en faisant de l’agriculture et en élevant du bétail. Aujourd’hui, nous allons parler avec un agriculteur qui a fait tripler le rendement de son maïs en utilisant une pompe à eau mécanique!
Pause et effets sonores représentant une voiture en mouvement. Fondu sous la voix de l’animatrice.
MARIAM KONÉ:
C’est la fin de l’après-midi et notre voiture roule à travers des champs de mil et de sorgho. À quelques cent mètres devant nous, un sentier conduit à la cour familiale de Siriman Camara. Il est entouré de toute sa famille. Un vieil homme frêle à la longue barbe blanche marche vers nous et indique un parking spécial, à l’ombre du grand manguier juste devant la cour. C’est Siriman Camara. Il est marié et père de 16 enfants. Siriman nous accueille.
Notre conversation se mêle à des bruits de poules et de pintades, et aux bêlements de petites chèvres et de petits moutons. Le bruit de pilons frappant les mortiers vient des cours voisines. Les limites de la cour de Siriman sont envahies par des manguiers et des arbres de karité. Quelques mètres plus loin, trois fosses de compost attirent notre attention.
Sans plus tarder, nous avons expliqué à notre hôte le but de notre visite et avons proposé de l’interviewer tout en marchant. Siriman nous a conduits vers les fosses à compost, dont deux étaient humides. Il a expliqué qu’il venait juste de les arroser.La troisième fosse attendait d’être arrosée. Une pompe à eau motorisée, une petite machine bleue en forme de groupe électrogène, est installée à coté d’un puits traditionnellement creusé. Un tuyau d’arrosage relie l’engin au fond du puits. Suivons Siriman pendant qu’il arrose la troisième fosse.
MARIAM KONÉ:
Bonjour, Siriman. Pourquoi avez-vous autant de fosses? Et pouvez-vous me dire quelles sont les dimensions de ces fosses?
SIRIMAN:
Bonjour. J’ai trois fosses à compost parce que je suis capable de toutes les arroser, sans problème. Avec la pompe, je peux les arroser en très peu de temps. Mes fosses mesurent trois mètres sur deux. Elles font deux mètres et demi de profondeur. Je les ai remplies avec des tiges de maïs, des tiges de mil, des ordures ménagères, des feuilles mortes, du fumier de bétail et du fumier de volailles.
MARIAM KONÉ:
À quelle fréquence arrosez-vous vos fosses?
SIRIMAN:
J’arrose mes fosses tous les cinq jours. Je les arrose habituellement le soir.
MARIAM KONÉ:
L’arrosage vous prend combien de temps?
SIRIMAN:
Très peu de temps! Je passe une heure et trente minutes, trente minutes pour chaque fosse. Avant, toute ma famille et moi passions la matinée entière à arroser une seule fosse à compost. À l’époque, nous étions dix à arroser la fosse. La grande difficulté, c’était de trouver assez de gens pour aider. Car au moment de l’arrosage, aucuns membres de la famille ne pouvaient rien faire d’autre.
Je vous dis, c’était dur. Il fallait puiser, à la main, l’eau de ce puits qui mesure trois mètres de profondeur. Ensuite, il fallait transporter l’eau à 50 mètres du puits. Cette corvée nous prenait beaucoup de temps.
Et pour couronner le tout, malgré la bonne volonté de tout le monde, le compost n’était pas de la meilleure qualité. Car, à mon avis, pour avoir du bon compost, il faut non seulement l’arroser, mais aussi l’arroser fréquemment. Mais cela ne nous était pas possible car nous avions d’autres travaux à faire. Nous arrosions la fosse deux fois par semaine, car c’était beaucoup de travail. Après chaque séance d’arrosage, nous devions nous reposer car nous étions fatigués.
MARIAM KONÉ:
Siriman, je vois que vous vous focalisez beaucoup sur le compost en tant qu’engrais. Pourquoi avez-vous fait ce choix?
SIRIMAN:
Cette réponse est très simple. Il y a sept ans, quand je suis arrivé dans ce village, les sols étaient pauvres. J’ai planté cinq hectares de maïs, la première année. J’ai été très déçu du résultat. Imaginez: sur cinq hectares, je n’ai récolté que sept tonnes et quelques kilogrammes!
J’ai eu beaucoup de difficulté à m’en sortir cette année-là car je n’ai pas pu vendre la moindre partie de ma récolte pour assurer les dépenses familiales. Mais je n’ai pas baissé les bras. J’ai approché le vulgarisateur Sidibé et lui ai expliqué le problème. Il a constaté que je produisais de la fumure organique de très mauvaise qualité. Il m’a conseillé de creuser une fosse de compost. Ce que j’ai fait.
MARIAM KONÉ:
Comment est venue l’idée d’une pompe à eau?
SIRIMAN:
La partie de mon champ où j’avais utilisé du compost a vraiment bien donné. J’avais mis le compost sur trois hectares et cette partie a produit neuf tonnes, trois tonnes par hectare. Les deux hectares sans compost n’ont produit au total que trois tonnes.
Comme je n’avais pas assez d’argent pour faire d’autres fosses, je me suis débrouillé avec une fosse unique. À chaque récolte, j’étais capable de vendre une partie de ma production. Trois ans après, je me suis dit que puisque l’arrosage est l’élément essentiel de la production de compost, je devais chercher une machine pour accélérer la fabrication du compost afin de gagner plus. D’où l’achat de cette machine en 2009.
MARIAM KONÉ:
Donc au début vous aviez une seule fosse de compost. Pourquoi en avez-vous creusé trois?
SIRIMAN:
Parce que je n’ai plus besoin d’arroser les fosses à la main. Mieux, j’ai le temps de faire d’autres choses.
MARIAM KONÉ:
Est-ce qu’on peut parler de la pompe en question?
SIRIMAN:
(
Plaisantant) Oui, permettez-moi de vous présenter ma quatrième femme.
SIRIMAN:
Vous savez que les femmes sont une source de main-d’œuvre dans la culture Bambara.
MARIAM KONÉ:
Cela est vrai. (
L’interview est interrompue par un chœur d’éclats de rire de Siriman et de Mariam)
SIRIMAN:
Donc la pompe à eau est ma dernière femme. Je lui ai même donné le nom de Niélény (
Note de l’éditeur: Une productrice légendaire dans la culture Bambara). Comme je ne suis pas allé à l’école des Blancs, je ne peux pas la nommer en français. D’ailleurs, dans ce secteur, tout le monde l’appelle «machine à eau» ou Niélény.
MARIAM KONÉ:
(
À l’auditoire) Sirimannous a montré une machine couverte de poussière et de graisse. Un signe en gros caractères sur le côté droit de la pompe disait «Koshin». En bas à gauche, on pouvait lire en lettres noires sur un cadre jaune: «Honda Motor Co. Ltd, Made in Japan.». La pompe est composée d’un moteur, d’un réservoir à essence, d’un réservoir à eau et d’un tuyau d’arrosage long de quatre mètres connectant la pompe et le puits.
SIRIMAN:
Voilà Niélény, âgée de quatre ans et mère de 200 tonnes de maïs. Depuis que j’ai cette machine, j’ai augmenté ma surface de culture à dix hectares car je peux fertiliser toute cette surface avec mon compost. Mes dix hectares m’ont rapporté 50 tonnes de maïs chaque année pendant quatre ans. C’est une machine de quatre chevaux. Je ne peux pas estimer la quantité d’eau qu’elle puise, mais elle arrose bien mes trois fosses.
MARIAM KONÉ:
Comment vous êtes-vous acheté cette machine?
SIRIMAN:
Je l’ai achetée au marché Dibida (
Note de l’éditeur: Il s’agit d’un «marché noir» de Bamako où on achète et vend à peu près de tout). J’ai payé 150000 francs CFA (environ 300$ américains).
MARIAM KONÉ:
Est-ce que vous avez eu une formation pour utiliser cette pompe à eau motorisée?
SIRIMAN:
Oui, bien sûr. Le commerçant m’a expliqué comment la mettre en marche. Sidibé le vulgarisateur m’a appris beaucoup de choses sur la façon de la faire fonctionner adéquatement. Par exemple, comment faire la vidange et remplacer l’huile à moteur, à quel moment il faut ajouter de l’eau, et d’autres choses… En tout cas, depuis que je l’ai achetée, je n’ai pas eu de problème pour la faire marcher. Je vais maintenant arroser la troisième fosse. Vous allez voir.
Note:
Utilisez des effets sonores appropriés pour le reste du texte afin d’indiquer le bruit de la manivelle et du fonctionnement de la pompe.
MARIAM KONÉ:
(
À l’auditoire) Il tire une manivelle pour faire démarrer le moteur du petit engin. Le bruit du moteur rythme notre conversation. Le tuyau d’arrosage est au fond du puits et gonfle peu à peu. La pression d’air venant de la pompe propulse l’eau hors du puits par le tuyau d’arrosage. Ensuite, l’eau remonte à l’intérieur de l’autre tuyau d’arrosage qui relie la machine à la fosse de compost. Tel un serpent, ce tuyau d’arrosage se délie trois minutes après, commence à se gonfler, se redresse, et l’eau jaillit avec force dans la fosse à compost bourrée. Avec toute cette eau dans la fosse, je pouvais seulement voir flotter les tiges de maïs et quelques bouses de vaches à la surface de la fosse. Le tuyau d’arrosage est émaillé de petits trous par lesquels gicle l’eau.
MARIAM KONÉ:
Le tuyau d’arrosage a trop de trous…
SIRIMAN:
C’est fait exprès. Grâce à ces trous, tout le compost est arrosé en même temps.
MARIAM KONÉ:
Siriman, y a-t-il une différence entre du compost arrosé à la machine, comme ceci, et du compost qui est arrosé à la main?
SIRIMAN:
La différence est énorme! Avant, nous arrosions une seule fosse. Cependant, il n’y avait pas assez d’eau pour qu’on en voie près de la surface de la fosse. Nous nous arrêtions simplement dès que nous jugions que le compost était bien arrosé. Maintenant, il a assez d’eau au point que ça déborde souvent un peu autour de la fosse. Une fosse arrosée à la machine donne un meilleur rendement que celle arrosée à la main. La preuve? Au lieu de trois tonnes par hectare comme avant, grâce à mon compost bien humide je récolte cinq tonnes par hectare.
Il est clair que le compost fait à la machine garde plus d’humidité dans le champ. Ce qui est encore mieux, c’est qu’avant j’achetais un peu d’engrais chimique pour compléter le compost que je faisais. Mais avec cette machine, je n’ai pas besoin d’acheter d’engrais et j’économise cet argent pour d’autres choses. Aussi, avec la machine, ça prend moins de temps pour produire du compost fini.
MARIAM KONÉ:
Combien de temps environ?
SIRIMAN:
Trois mois au maximum. Sans la pompe à eau, il faut attendre jusqu’à quatre mois. Avec la machine, chaque fosse produit trois fois du compost avant que nous n’utilisions le compost dans les champs.
MARIAM KONÉ:
Cela veut dire vous devez vider chaque fosse pour fabriquer à nouveau du compost. Où est-ce que vous gardez votre compost fini?
SIRIMAN:
Dans le champ, sous les arbres.
MARIAM KONÉ:
Êtes-vous sûr qu’il est bien gardé là-bas?
SIRIMAN:
Jecouvre le compost avec des feuilles de rônierset des bâches,et il est à l’ombre.
MARIAM KONÉ:
Combien dépensiez-vous autrefois pour l’achat d’engrais?
SIRIMAN:
Environ 50000 francs CFA par an (environ 100$ américains), ce qui équivaut au prix de quatre sacs de 50 kilogrammes. Maintenant j’utilise cet argent pour acheter des intrants, pour mon champ de coton.
MARIAM KONÉ:
Revenons à votre champ de maïs. Vous avez dit que ces quatre dernières années, vous avez récolté 50 tonnes chaque année. Est-ce que vous consommez tout cela vous-même?
SIRIMAN:
Non. J’en consomme 5 tonnes et je vends le reste. Je gagne 2000000 de francs CFA. Cela fait donc 8000000 de francs CFA en quatre ans, depuis l’arrivée de Niélény (4000 et 16000$ américains, respectivement). Souvenez-vous, j’ai 27 personnes à nourrir.
MARIAM KONÉ:
Ouah! Siriman, pouvez-vous me dire comment vous utilisez cet argent? Est-ce que vous le déposez à la banque ou est-ce que vous menez d’autres activités agricoles avec?
SIRIMAN:
Avec cet argent, j’ai acheté 32 vaches -8 vaches chaque année. Mieux encore, j’ai acheté deux charrettes et deux ânes pour transporter le maïs au marché. Les conditions de vie de ma famille se sont même améliorées. J’ai une télévision et deux motos, et d’autres petites choses.
MARIAM KONÉ:
Quel est le coût de fonctionnement de votre machine?
SIRIMAN:
Je dépense très peu. Pour chaque séance d’arrosage, je dépense 3000 francs CFA pour acheter quatre litres d’essence pour la pompe (environ 6$ américains).
MARIAM KONÉ :
Siriman, est-ce que vous rencontrez des difficultés par rapport au fonctionnement de la pompe?
SIRIMAN :
Non, pas tellement. Si je sens que le bruit du moteur n’est pas bon, je change l’huile du moteur. Un autre défi est qu’après quatre années, je remarque que la machine s’affaiblit de temps en temps. Avant, je pouvais arroser les trois fosses sans arrêter la machine. Mais depuis quelques mois, il nous faut l’éteindre après l’arrosage de chaque fosse. Sinon, l’eau ne sort pas avec la même force. Lorsque vous arriviez, je l’avais mise en
standby en préparation à l’arrosage de la troisième fosse.
MARIAM KONÉ:
Quelle solution préconisez-vous pour ce problème? Est-ce qu’il y a un mécanicien dans la zone qui pourrait déceler le véritable problème?
SIRIMAN:
Pour cela, il faut que je l’emmène à Bamako. Mais je vais acheter une autre pompe. Comme mes femmes ont des fosses de compost dans leur jardin, elles peuvent se contenter de l’ancienne.
MARIAM KONÉ:
Donc tous les quatre ans vous allez acheter une nouvelle machine?
SIRIMAN:
Oui. Puisque j’ai gagné 8000000 francs CFA ces quatre dernières années, 150000 ce n’est pas beaucoup
SIRIMAN:
L’autre difficulté est d’ordre naturel. L’an passé, la précarité de la pluie nous a un peu inquiétés. Le seul puits que nous avons pour arroser le compost a vite tari. Il m’a fallu acheter 30 mètres de tuyau d’arrosage afin de puiser de l’eau dans le puits familial. Et mes femmes ont dû aller chercher de l’eau ailleurs.
MARIAM KONÉ:
Comment vous en êtes-vous tiré?
SIRIMAN:
Par la grâce de Dieu, j’ai quand même pu m’en sortir. Car mon compost était de première qualité. J’ai aussi un problème d’équipement. Mes enfants et moi transportons le compost jusqu’au champ à l’aide de deux charrettes. Chaque fosse requiert 120 voyages avec les grandes charrettes. Cette tâche nous prend deux à quatre jours.
Si j’avais un tracteur, ça rendrait cette corvée beaucoup plus facile. Le tracteur, avec une grosse pelle à l’avant qui soulève les matières et les transporte, coûte environ 6000000 (environ 12000$ américains). J’ai tout fait pour obtenir un prêt mais en vain. Ce sont ces petites difficultés qui rendent ma sauce un peu trop salée (rire). Autrement, tout va bien.
MARIAM KONÉ:
Avez-vous un dernier mot à l’endroit des agriculteurs?
SIRIMAN:
Je dirai tout simplement aux autres agriculteurs que le compost est le seul moyen pour un agriculteur à petite échelle de s’en sortir. Au lieu de cultiver des dizaines d’hectares avec un mauvais rendement, il est mieux de produire du bon compost et de se concentrer sur 10 hectares au maximum. Le résultat dépassera toutes vos attentes.
Montée de bruits de ferme pendant quelques seconds, puis fondu enchaînés sous la voix du présentateur
PRÉSENTEUR:
Nous allons arrêter l’écoute de cette entrevue pour un court moment afin de souligner quelques messages importants concernant l’utilisation du compost. Additionnellement aux précieuses informations présentées dans cette interview, il y a trois autres choses que les agriculteurs ont besoin de savoir. Premièrement, pour faire du bon compost, il faut mélanger et remuer le compost, de la surface jusqu’au fond de la fosse. Assurez-vous que les matières qui sont dans la partie intérieure de la fosse viennent vers l’extérieur, et que les matières qui sont dans la partie extérieure de la fosse viennent vers l’intérieur. Ceci améliorera le compost et raccourcira le temps nécessaire pour faire du bon compost. Deuxièmement, le compost devrait être humide mais jamais gorgé d’eau. Et troisièmement, enfoncez toujours le compost dans votre sol. Si vous le laissez simplement à la surface du sol, les nutriments contenus dans le compost seront perdus. (
Pause) Et maintenant, retour à l’interview.
Montée de bruits de ferme pendant quelques seconds, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animatrice
MARIAM KONÉ:
Nous allons maintenant faire un arrêt chez Amadou Sidibé, le vulgarisateur du village, dont les conseils ont très bien servi notre agriculteur.
Fondu de bruits de ferme
MARIAM KONÉ :
Bonjour, M. Sidibé. Durant son interview, Siriman Camara a parlé de vous. Est-ce que vous pouvez nous parler de l’utilité de la pompe à eau pour la production de compost?
SIDIBÉ :
Bonjour, Mariam. D’abord cette machine est adaptée à l’Afrique. À propos de Siriman, je lui ai recommandé les dimensions d’une fosse de compost ainsi que les matières qui vont dedans. Il a suivi mes conseils et vous avez vu le résultat.
MARIAM KONÉ:
Est-ce vous qui lui avez conseillé de changer l’huile quand il sent que le bruit du moteur change?
SIDIBÉ :
Non! Je lui ai conseillé de changer l’huile chaque mois. Mais les agriculteurs n’écoutent pas tout ce que le vulgarisateur leur conseille de faire. Ils ont aussi leurs expériences et leurs calculs par rapport à nos conseils. Ils sont capables de réfléchir à certaines choses et de tirer leurs propres conclusions.
MARIAM KONÉ:
Des conseilsà l’endroit des agriculteurs?
SIDIBÉ :
Je leur conseille d’aménager des parcelles pour lesquelles ils ont la capacité. Il est mieux de prendre soin d’un hectare et de produire une récolte de bonne qualité que de cultiver 10 hectares mal soignés. Si nos producteurs peuvent comprendre cette règle, ils s’en sortiront.
PRÉSENTEUR:
Et merci d’avoir été avec nous aujourd’hui. Vous avez entendu comment Siriman Camara a quasiment fait tripler son rendement de maïs en utilisant une pompe à eau pour garder son compost humide.
Je veux vous rappeler un important message tiré de l’interview. Il est absolument vital, avec un équipement coûteux tel que cette pompe à eau, de le maintenir avec soin. Ainsi, il vous servira plus longtemps!
Merci pour votre aimable attention, j’espère que vous avez passé d’excellents moments en suivant cet échange. À la prochaine, bye!
Acknowledgements
Rédaction : Mariam Koné, journaliste à l’Annonceur, à Bamako (Mali), et membre du personnel de Radios Rurales Internationales.
Remerciements à Modibo G. Coulibaly, Directeur du Bureau de Radio Rurales Internationales en Afrique de l’Ouest.
Révision : John FitzSimons, Professeur agrégé, École de Conception environnementale et de développement rural et Département de l’Agriculture des plantes, Université de Guelph, Canada
Information sources
Interviews avec:
Siriman Camara
Amadou Sidibé, vulgarisateur du service d’agriculture de la zone de Markakungo
Date de l’interview: 18 janvier 2013
Les sites Web du Ministère de l’Agriculture du Mali :www.maliagriculture.org, et duMinistère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle:www.mefp.gov.ml/