Notes au radiodiffuseur
Au nord du Ghana, neuf ménages sur dix élèvent des pintades, et ces volatiles leur assurent une certaine sécurité alimentaire. Dans les villages et en banlieue, les familles élèvent généralement cinq pintades femelles et un mâle. Les ménages les plus démunis vendent leurs volatiles tôt (habituellement pendant les périodes de réjouissances), mais les plus nantis gardent leurs volatiles jusqu’à la fin de la saison agricole, en mars, et ne recueillent les œufs qu’en octobre ou en novembre, où ils remplacent l’ancien troupeau par un nouveau troupeau.
Les pintades sont productives et leur chair nourrissante contient plus de protéines, est moins grasse que celle de la poule et est également faible en cholestérol. Les œufs de pintade ont une coquille plus dure que ceux de la poule, résistent mieux aux chocs, se conservent plus longtemps et supportent de très longs trajets sans subir aucun dommage.
Les agricultrices et les agriculteurs du nord du Ghana vendent souvent leurs pintades pour subvenir avant tout à leurs besoins immédiats, tels que l’achat d’intrants agricoles ou de nourriture en période de soudure, de juin à août. Les familles utilisent également la pintade dans le cadre des rites funéraires, des fiançailles, des sacrifices et pour régler des différends. La demande pour la chair et les œufs de pintade est forte.
L’élevage de pintades peut être une activité rentable, mais les agricultrices et les agriculteurs doivent savoir comment relever un certain nombre de défis. Le présent feuilleton de quatre épisodes aborde les problèmes et les solutions à la mortalité chez les poussins, une des difficultés majeures que comporte l’élevage des pintades. Ce feuilleton s’inspire d’entretiens réalisés avec des agricultrices et des agriculteurs qui élèvent la pintade dans la Région du Haut Ghana oriental, au nord du pays.
Vous pourriez présenter ce feuilleton dans le cadre de votre émission agricole courante, en vous servant de comédiennes et de comédiens de doublage pour représenter les locutrices et les locuteurs.
Vous pourriez également vous servir de ce feuilleton comme document de recherche ou vous en inspirer pour réaliser votre propre émission sur l’élevage des pintades ou des thèmes similaires dans votre pays.
Entretenez-vous avec des agricultrices, des agriculteurs, ainsi que des expertes et des experts qui élèvent des pintades ou qui sont bien renseignés sur ces volatiles. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :
L’élevage de pintades est-il répandu dans votre région? Si oui, à quels types de difficultés sont confrontés les agricultrices et les agriculteurs?
Certains d’entre eux ont-ils trouvé des solutions à ces problèmes, et pourraient-ils en parler pendant votre émission? Que pensent les services de vulgarisation et d’autres acteurs de ces problèmes?
L’élevage de pintades est-il une activité rentable dans votre région? Quelles sont les perspectives économiques?
Les agricultrices et les agriculteurs locaux ont-ils testé certaines des solutions proposées dans le présent feuilleton? Quelle a été leur expérience?
Durée estimée pour chacun des quatre épisodes du feuilleton : 10 à 12 minutes avec musique d’intro et de sortie.
Texte
SCÈNE 1
PASSEZ L’INDICATIF ET DIMINUEZ LE VOLUME QUAND LE NARRATEUR PREND LA PAROLE
NARRATEUR:
Bonjour chers auditrices et auditeurs et bienvenue dans le premier des quatre épisodes de notre feuilleton radiophonique qui souligne les causes de mortalité élevée chez les poussins de pintades et les solutions à ce problème. La présente émission vise à encourager les collectivités rurales, et surtout les femmes, à élever des pintades pour augmenter leurs revenus et améliorer l’alimentation de leurs familles.
(PAUSE) Un auteur nigérian a déclaré une fois: «Profitez de la nature avec douceur, car si elle est détruite, le père de personne ne pourra la restaurer.» Si nous détruisons la nature, même les efforts concertés de tous nos ancêtres ne pourront la restaurer.
Dans notre feuilleton, nous ferons la connaissance de Pogsaa et Kening, deux femmes battantes qui mènent à bien l’élevage de pintades. En leur compagnie se trouve Joe, un éleveur de pintades. Impatients de réussir, ils demandent les conseils avisés d’un médecin vétérinaire.
La première scène met en exergue les causes de la mortalité élevée chez les poussins, un des principaux problèmes qui se posent en matière d’élevage de pintades. La scène démontre comment remédier efficacement à cette situation.
Alors, veuillez rester à l’écoute pour entendre notre histoire à succès édifiante et motivante qui nous explique comment élever des pintades sans être frustré.
EFFETS SONORES:
PASSEZ DE LA MUSIQUE PENDANT 30 SECONDES PUIS DIMINUEZ GRADUELLEMENT
QUELQU’UN FRAPPE DOUCEMENT À LA PORTE, ET UNE VOIX SE FAIT ENTENDRE: «Toc toc toc»
MÉDECIN VÉTÉR.:
(RÉPOND À L’INTÉRIEUR, HORS MICRO) Entrez s’il vous plaît!
EFFETS SONORES:
UNE PORTE S’OUVRE ET SE REFERME
MÉDECIN VÉTÉR.:
Ah, c’est vous, mon cher agent de l’aide sociale! Et j’imagine qu’il s’agit des éleveuses et des éleveurs de pintades que vous m’aviez promis d’accompagner chez moi pour un entretien.
AGENT D’AIDE SOCIAL:
En effet, docteur, et pour tenir ma parole, je les ai amenés.
MÉDECIN VÉTÉR.:
(GAIEMENT) Chers voisines et voisins, soyez les bienvenus! Ce sont des voisins comme vous qui donnent un sens à mon bureau. Prenez place.
TOUS LES TROIS:
Merci docteur pour vos mots aimables.
AGENT D’AIDE SOCIAL:
Vous avez devant vous deux femmes battantes de notre communauté qui élèvent des pintades. Leur travail acharné leur a conféré une renommée dans les contrées lointaines de notre région. Aujourd’hui, elles ont hâte d’entendre tous les conseils techniques que vous aurez pour elles. Je vous présente Pogsaa et Kening. Le monsieur qui les accompagne s’appelle Joe. Il élève aussi des pintades.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Mes chères dames et mon cher monsieur qui travaillent sans relâche, je m’étonne de toute la peine que vous vous donnez pour élever les pintades malgré les difficultés que cela implique. Notre voisin, qui est agent d’aide social, m’a fait part de votre intention de me rendre visite pour demander mon aide.
TOUS LES TROIS:
C’est bien le cas, docteur.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Je vais vous parler de toutes les méthodes vétérinaires qui ont fait leur preuve et dont on s’est rendu compte qu’elles stimulaient l’élevage des pintades.
TOUS LES TROIS:
C’est formidable, docteur.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Vous avez dû remarquer qu’il est très difficile d’élever des pintades, et que cela exige beaucoup de tact, de patience et de dévouement.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Mais c’est très gratifiant à la fin si vous travaillez fort pour régler les problèmes.
POGSAA:
C’est exact, docteur. Par exemple, nous avons remarqué que la les poussins meurent en grand nombre, et qu’ils exigent beaucoup d’attention et de soins.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Précisément. En parlant de la mortalité élevée chez les poussins, commençons par l’incubation. Comment vous y prenez-vous avec cela?
POGSAA:
Je ne laisse pas les pintades femelles couver leurs propres œufs. Je cherche une poule ordinaire pour couver les oeufs et s’occuper de la nichée.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Qu’en est-il de vous, Kening?
KENING:
J’utilise aussi des poules qui sont en train de couver pour couver mes œufs de pintade. Si je veux avoir des poussins de pintade, je remplace les œufs d’une poule qui est en train de couver par des œufs de pintade. La poule couve ces œufs et prend soin des poussins.
JOE:
J’en fais de même, docteur.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Y a-t-il des raisons particulières pour lesquelles vous faites couver les œufs par une poule?
POGSAA:
Bon! Ça a toujours été ainsi. Nous ne faisons que suivre une méthode dont nous avons hérité.
MÉDECIN VÉTÉR.:
C’est correct, mais nous devons savoir pourquoi nous faisons ce que nous faisons! (ILS SE METTENT TOUS À RIRE)
Le fait est que si vous laissez une pintade femelle couver ses œufs, cela constituera la cause majeure du taux élevé de mortalité chez les pintades. Savez-vous pourquoi?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Pour faire simple, la pintade est sauvage de nature. Si on lui permet de couver ses œufs, elle disparaît avec les poussins dans les buissons après leur éclosion. Mais l’éleveuse ou l’éleveur peut confiner une pintade qui a une nichée pour apprivoiser les poussins.
KENING:
(SURPRISE) Qu’est-ce que la pintade femelle fait avec les poussins?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Une pintade femelle ne rassemble pas ses poussins à ses côtés comme la mère poule le fait. Si elle amène ses poussins dehors, il se peut qu’elle n’en ramène que quelques-uns, si jamais elle revient même.
Pendant que la pintade femelle se promène avec eux dans les buissons, les poussins ont peur au moindre bruit et s’enfuient dans la nature. Cela les rend vulnérables aux prédateurs. En plus, la pintade femelle ne couve pas ses poussins. Lorsqu’il pleut, elle les abandonne.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Oui. Les poussins qui au passage tentent de suivre leur mère sont bienvenus. Mais plusieurs d’entre eux sont abandonnés à leur sort. Par contre, les mères poules ne délaissent pas leurs poussins quand il pleut. Soit, elles les amènent en lieu sûr pour les mettre à l’abri, soit elles les abritent sous leurs ailes.
JOE:
Docteur, certaines personnes croient effectivement que les pintades femelles couvent mieux les œufs que les mères poules de substitution, mais elles empêchent les pintades femelles de le faire, car le fait de couver leurs œufs les rend agressives. Les gens croient que, si la pintade donne des coups de bec à quelqu’un, cela pourrait être aussi mortel que la morsure d’un serpent.
MÉDECIN VÉTÉR.:
(L’AIR AMUSÉ) J’ai entendu cela aussi, mais bien évidemment ce n’est pas vrai. L’autre problème c’est la femelle de la pintade n’apprend même pas à ses poussins à se nourrir. Par contre, la poule apprend à ses poussins à chercher des grains, des insectes et des vers. Lorsqu’un faucon veut attaquer un poussin, vous pouvez voir comment la mère poule réagit. La pintade ne s’en préoccupe même pas.
POGSAA:
Je comprends. Qu’en est-il du fait que les canes et les dindes peuvent couver les œufs mieux que les poules? Cela fait-il d’elles de meilleures mères de substitution que les poules?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Bien sûr, une cane ou une dinde peut couver plus d’œufs qu’une poule pendant l’incubation.
Malheureusement, dès que la cane ou la dinde fait éclore un poussin de pintade, elle reconnaît immédiatement que le poussin appartient à une espèce différente et lui donne rapidement des coups de bec pour le tuer. Alors, laquelle des trois préfériez-vous utiliser pour couver et prendre soin de vos poussins?
POGSAA:
Vous avez raison, docteur. Vous avez parlé de prédateurs. Il s’agit certainement d’un autre sujet de préoccupation.
MÉDECIN VÉTÉR.:
(ÉNERGIQUEMENT) En effet! Le faucon et la corneille sont de terribles prédateurs! Des deux, la corneille est la plus dangereuse, ce qui peut surprendre. Tandis que le faucon fond sur le poussin pour l’enlever purement et simplement, la corneille, elle, se pose doucement et fait sournoisement semblant d’aider à nourrir les poussins. Lorsque la mère poule baisse la garde, le prédateur qui fait semblant enlève un poussin et s’envole. De cette façon, une corneille peut décimer toute une nichée sans se faire remarquer.
Heureusement, il existe une méthode traditionnelle pour régler ce problème. L’éleveuse ou l’éleveur doit tendre un piège. S’il ou elle réussit à tuer une corneille ou un faucon, il ou elle doit les suspendre au lieu où il élève les pintades, et ainsi les prédateurs auront peur et ne reviendront jamais.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Un dernier point pour aujourd’hui. La taupe est le pire ennemi des éleveuses et des éleveurs de pintades. Elle tue le poussin uniquement pour sa cervelle. Une seule taupe peut tuer plusieurs poussins en une seule nuit. Comme vous le savez, les taupes attaquent surtout la nuit et il est par conséquent difficile de les traquer. Alors s’il y a des taupes près de l’endroit où vous élevez vos poussins ou vos poules, votre élevage ne prospérera jamais.
AGENT D’AIDE SOCIAL:
Merci, docteur. Ç’a été sans aucun doute une réunion productive. Nous ne pourrions jamais vous remercier assez.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Lorsque nous nous rencontrerons la prochaine fois, nous discuterons d’autres questions importantes telles que l’autofécondation, l’importance d’avoir un bon poulailler bien aéré, ainsi que de différents systèmes d’élevage de la volaille.
EFFETS SONORES:
PASSEZ DE LA MUSIQUE PENDANT 30 SECONDES, PUIS BAISSEZ LE VOLUME QUAND LE NARRATEUR PREND LA PAROLE.
NARRATEUR:
C’est la fin de notre premier épisode. Nous espérons que vous avez retenu les causes majeures liées aux taux de mortalité élevés chez les poussins, dont il est question dans le feuilleton, et bien sûr des solutions! Soyez à l’écoute à la même heure, la semaine prochaine pour entendre parler des problèmes d’autofécondation et des solutions, de la nécessité d’avoir un bon poulailler et une bonne aération, et de différents systèmes d’élevage de la volaille. En écoutant, vous pourrez faire des choix éclairés qui permettront à votre activité d’élevage de pintades de prospérer. Merci pour le temps que vous nous avez accordé. C’était _____, je vous dis à la prochaine.
EFFETS SONORES:
PASSEZ DE LA MUSIQUE PENDANT 30 SECONDES ET BAISSEZ LE VOLUME.
ÉPISODE 2
PASSEZ L’INDICATIF, PUIS BAISSEZ LE VOLUME QUAND LE NARRATEUR PREND LA PAROLE.
NARRATEUR:
Vous écoutez (nom de la station). Il est _____.
Bienvenue à notre émission habituelle. Aujourd’hui, nous vous présentons le deuxième des quatre épisodes de notre feuilleton. Le deuxième épisode traite plus des problèmes auxquels sont confrontés les éleveuses et les éleveurs de pintades, ainsi que des solutions préconisées. Nous parlerons également du rôle que joue l’autofécondation en ce qui a trait au taux de mortalité élevé chez les pintades et à leur faible taux de fécondité. L’émission abordera la nécessité de construire de bons poulaillers et de bien les aérer, ainsi que des catégories de systèmes d’élevage courants. Vous connaissez déjà les personnages du feuilleton. Restez à l’écoute. Ici ______, votre animateur.
PASSEZ DE LA MUSIQUE PENDANT 20 SECONDES, PUIS BAISSEZ LE VOLUME AU MOMENT OÙ DES VOIX SE FONT ENTENDRE.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Mesdames et messieurs soyez à nouveau les bienvenus.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Commençons par l’élevage en consanguinité. La plupart des éleveuses et éleveurs de pintades ignorent ce que c’est et jusqu’à quel point cela peut faire baisser leur production.
POGSAA:
En effet, il s’agit d’un bon point de départ. C’est quoi l’élevage en consanguinité?
MÉDECIN VÉTÉR.:
C’est lorsque les pintades mâles s’accouplent avec leurs sœurs directes et leurs mères. Cela affaiblit la capacité de résistance des pintades aux maladies. Lorsqu’il y a une faible résistance aux maladies, qu’est-ce qui selon vous pourrait arriver, madame?
POGSAA:
Un taux de mortalité élevé.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Précisément. Et, naturellement, les volatiles malades ne peuvent pas bien s’accoupler et cela entraîne une faible ponte et un faible taux de fécondité. De plus, certaines maladies observées chez une génération peuvent se transmettre à toutes les générations suivantes. D’autres maladies peuvent être contractées par le biais d’infections chez d’autres volatiles ou du milieu environnant. Curieusement, bien que certains effets de l’élevage en consanguinité, tels que la mauvaise santé, soient faciles à détecter, d’autres sont indétectables.
KENING:
Quels sont les effets visibles et les effets invisibles?
MÉDECIN VÉTÉR.:
La faible résistance aux maladies n’est pas détectable, tandis que les changements survenant au niveau du taux de croissance ou du gain de poids sont détectables à l’œil nu.
KENING:
Oui, c’est évident pour moi.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Le gain de poids est étroitement lié à la valeur nutritionnelle des aliments. Généralement, plus les aliments sont riches, plus rapidement se fera le gain de poids. Mais s’il y a eu accouplement de sujets consanguins, les volatiles ne prennent pas de poids, et ce, en dépit des aliments riches que vous leur donnerez.
L’élevage en consanguinité retarde également la maturité. Cela signifie que ce n’est que plus tard que les femelles commenceront à pondre, ce qui écourte leur période de reproduction, pénalisant ainsi les éleveuses et les éleveurs.
POGSAA:
Je commence à mieux cerner le problème.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Permettez-moi de vous citer un exemple. Généralement, une pintade parvient à maturité entre 16 et 18 semaines. Les volatiles commencent à pondre au bout de 20 à 23 semaines. Mais l’élevage en consanguinité retarde aussi bien la période de maturité que celle de la reproduction. Kening, je vois vos lèvres bouger. Il semble que vous avez une question.
KENING:
Combien d’œufs dois-je m’attendre à avoir avec une pintade par an?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Environ cent cinquante œufs en moyenne. Mais l’élevage en consanguinité réduit ce nombre. Elle réduit la grosseur des œufs également, car la pintade pondeuse n’a pas une taille normale. Par conséquent, cela crée un cycle vicieux de petite taille, de faible résistance aux maladies et de faible taux de fécondité. Tout cela génère très peu de bénéfices pour l’éleveuse ou l’éleveur.
AGENT D’AIDE SOC.:
Que peut-on faire pour éviter l’élevage en consanguinité?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Cherchez tout simplement des mâles de troupeaux différents pour les accoupler avec vos femelles de temps en temps. Les pintades sont très sélectives en matière d’accouplement. Elles ne se laissent pas facilement croiser. Lorsque de nouveaux mâles sont introduits, ils forment des couples permanents avec les femelles. Pour prévenir l’accouplement de sujets consanguins, certains éleveuses et éleveurs importent leurs poussins, spécialement de la Belgique ou des Pays-Bas.
Permettez-moi de vous parler d’une autre cause de l’infécondité.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Une autre cause grave du taux de fécondité faible qu’on observe chez les pintades est la mauvaise alimentation. Si les aliments sont équilibrés en termes de nutriments et contiennent tous les minéraux et les vitamines essentiels, une pintade peut pondre toute l’année. Mais lorsque les aliments manquent de vitamines, de protéines et de micronutriments essentiels, les volatiles sont inféconds et l’éleveuse ou l’éleveur ne peut espérer en retirer un énorme gain.
POGSAA:
En effet, cela a du sens. Toutes les espèces vivantes ont besoin d’une bonne alimentation pour bien se développer.
MÉDECIN VÉTÉR.:
L’environnement est également un facteur dont il faut tenir compte. Dans la savane, les femelles de pintades pondent rarement en saison sèche. Même lorsqu’elles pondent, leurs œufs sont généralement inféconds.
MÉDECIN VÉTÉR.:
La raison est simple. En saison sèche, les volatiles ne trouvent pas d’aliments suffisamment équilibrés tels que les légumes-feuilles, les insectes, les graines et les vers pour se nourrir, comme c’est le cas en hivernage. C’est la raison pour laquelle elles pondent surtout en hivernage. Les causes de l’infécondité sont nombreuses.
KENING:
Nous ne nous lassons pas d’écouter.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Ai-je parlé d’une maladie pouvant provoquer l’infécondité?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Les maladies tuent les volatiles, et peuvent également les rendre inféconds dans une certaine mesure. Les protozoaires, les bactéries, les virus, les champignons, les parasites internes comme les vers, les aliments et les eaux insalubres, les produits chimiques utilisés au-delà des seuils autorisés peuvent tous causer la mort des volatiles.
Toutefois, il existe encore d’autres facteurs de l’infécondité.
MÉDECIN VÉTÉR.:
(AVEC HUMOUR) Pourquoi vous étonnez-vous? Les causes du taux de mortalité élevé, d’infirmité et d’infécondité semblent innombrables, mais une bonne éleveuse et un bon éleveur de pintades doit les connaître tous.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Les parasites externes tels que les poux, les puces et les tiques provoquent également des maladies chez les pintades, et entraînent une baisse de la ponte et la fécondité. Par exemple, il existe de petites tiques rouges qui tuent les poussins et rendent les adultes maladifs et incapables de bien se nourrir. Les volatiles maladifs ne peuvent pas pondre efficacement.
De plus, certaines tiques tuent les poussins et les adultes. On retrouve généralement ces tiques sous les ailes des volatiles. Certains se cachent dans les murs ou les lézardes des maisons, et dans le bois pendant le jour, mais sortent la nuit pour se nourrir sur les volatiles.
POGSAA:
J’imagine que c’est la raison pour laquelle nous les éleveuses et éleveurs de pintades devons nettoyer et pulvériser régulièrement nos poulaillers, nos cages et nos poussinières. Est-ce cela nous aidera?
MÉDECIN VÉTÉR.:
Bien sûr. C’est la stratégie à suivre.
Voyons si nous avons retenu quelques points essentiels mentionnés jusque-là. D’accord? Kening.
KENING:
On a dit que dans la savane qui caractérise le nord du Ghana, les pintades pondent surtout en saison humide et très rarement en saison sèche. S’il leur arrive de pondre en saison sèche, les œufs sont généralement inféconds.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Et quelle en est la raison?
KENING:
En hivernage, les pintades peuvent trouver beaucoup d’aliments naturels comme les termites, les légumes-feuilles, les insectes et de l’eau.
POGSAA:
Et ces aliments nutritifs rendent leurs œufs plus féconds.
MÉDECIN VÉTÉR.:
C’est exact. Joe, je ne vous ai pas encore entendu.
JOE:
Vous avez dit que l’élevage en consanguinité ralentissait la croissance et retardait la maturité et la période de reproduction, ce qui diminue le rendement des éleveuses et des éleveurs.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Formidable! Maintenant, nous allons aborder la question de l’habitat en ce qui a trait aux systèmes d’élevage de la volaille utilisés au Ghana et ailleurs. Il s’agit des systèmes d’élevage intensif, semi-intensif et extensif. Le système intensif est celui dans lequel les volatiles sont confinés dans de bons poulaillers.
Le système extensif, connu également sous le nom «élevage en plein air», est celui qui le plus utilisé par les éleveuses et les éleveurs de pintades. Aucun abri n’est aménagé, et les volatiles farfouillent et dorment dans les buissons ou sur les arbres autour des habitations.
Dans le système semi-intensif, les volatiles disposent d’un abri permanent pour la nuit, mais ils cherchent les légumes-feuilles et les insectes dans les environs durant la journée. Les éleveuses et les éleveurs donnent aux volatiles des aliments complémentaires et de l’eau. Cette méthode est répandue chez les éleveuses et les éleveurs ghanéens. Laquelle des méthodes utilisez-vous, Pogsaa?
POGSAA:
Le système d’élevage semi-intensif.
MÉDECIN VÉTÉR.:
C’est bien. Et vous, Kening?
KENING:
Je pratique aussi l’élevage semi-intensif.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Bien. Et est-ce la méthode que vous préférez?
POGSAA:
J’aurais préféré pratiquer l’élevage intensif si j’avais les moyens.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Étant donné que vous pratiquez toutes les deux l’élevage semi-intensif, vous devez savoir combien la question du poulailler est importante.
POGSAA:
Dans une certaine mesure, oui. Le poulailler permet aux volatiles d’être à l’abri se la pluie, du froid et de la chaleur. Il les protège également de prédateurs comme les serpents, les faucons, les chouettes, les chiens, les chats, les renards et les voleurs, en plus de les empêcher de s’éloigner et de subir des blessures accidentelles.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Et de plusieurs maladies que transportent les oiseaux sauvages, les animaux sauvages et les microorganismes. Vous avez raison. Poursuivez.
POGSAA:
Les poulaillers permettent aux éleveuses et aux éleveurs de gérer plus facilement un plus grand nombre de volatiles et de s’assurer qu’ils reçoivent de bons aliments, de l’eau potable et des soins réguliers. Le poulailler permet aussi aussi aux éleveuses et aux éleveurs de ramasser, d’entreposer et de réutiliser facilement le fumier.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Le lieu où vous construisez le poulailler est également important. Vous devez construire votre poulailler sur un site bien asséché, de préférence sur un terrain surélevé. Pourquoi sur un terrain plus surélevé, Kening?
KENING:
Pour éviter qu’ils ne soient inondés.
MÉDECIN VÉTÉR.:
C’est exact. Les poulaillers doivent être aussi situés près d’une source d’eau potable permanente. En ce qui concerne les mangeoires et les gouttières-abreuvoirs, vous pouvez utiliser des boîtes, des bidons, des pots en terre et des contenants en métal ou en plastique. Ces objets doivent être fermés pour éviter que le contenu ne se renverse et ne noie les volatiles. Les pots en fer noir, les chaufferettes
Awudu, les lanternes ou les ampoules électriques peuvent fournir l’éclairage et la chaleur en cas de besoin.
Maintenant, si vous utilisiez des méthodes différentes de celles que nous venons de vous conseiller, vous devriez pouvoir changer la situation. Bonne chance!
TOUS LES TROIS:
Merci infiniment, docteur.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Je vous remercie également, et n’oubliez pas, vous êtes toujours les bienvenus ici.
POGSAA:
Avant de partir, docteur, permettez-moi de profiter de l’occasion pour vous inviter à la cérémonie de couronnement de la Reine mère de notre communauté, qui se déroulera dans deux jours. Je fais partie du comité d’organisation. Après la cérémonie, vous pourrez visiter mon site. Cela me fera très plaisir.
MÉDECIN VÉTÉR.:
Merci à vous également. Au revoir.
ÉPISODE 3
PASSEZ L’INDICATIF SONORE
EFFETS SONORES:
PASSER UN CHANT RITUEL POUR LE COURONNEMENT DE LA REINE MÈRE PENDANT 20 SECONDES, PUIS DIMINUER LE VOLUME LORSQUE LE NARRATEUR PREND LA PAROLE
NARRATEUR:
Vous êtes sur Radio ______. Bienvenue au troisième épisode de notre feuilleton de quatre épisodes qui nous parle des problèmes de mortalité élevée chez les poussins en ce qui a trait à l’élevage des pintades, et des solutions préconisées! L’épisode présent débute par la cérémonie de couronnement d’une reine mère d’une communauté rurale. Elle promet d’encourager en retour les membres de la communauté à élever des pintades pour améliorer la situation financière et alimentaire des familles locales.
EFFETS SONORES:
PASSER DE LA MUSIQUE PENDANT 10 SECONDES, PUIS BAISSER LE VOLUME. LA FOULE APPLAUDIT L’INVESTITURE DE LA REINE MÈRE NOUVELLEMENT COURONNÉE, SUIVI DES ULULEMENTS DE FEMMES.
MC:
Honorables chefs, anciens, députés, personnalités invitées, mes chers frères et sœurs … Notre nouvelle Reine mère remercie tous ceux et celles d’avoir pris de leur temps pour assister à la cérémonie de couronnement. Le nom officiel de la Reine mère est Kandaaweri IV.
EFFETS SONORES:
APPLAUDISSEMENTS/MURMURES
MC:
Silence, s’il vous plaît! La Reine a quelque chose à nous dire.
LA FOULE:
APPLAUDIT. CRIE «REINE MÈRE KANDAAWERI, PUISSE DIEU VOUS BÉNIR. PARLEZ! NOUS VOUS ÉCOUTONS!»
REINE MÈRE:
J’ai une amie qui aime dire: «Ouvre les yeux. Le monde s’éveille sur des merveilles.» Et maintenant, je vois les choses se concrétiser devant moi aujourd’hui. De plus, ce que je vois en ce moment me laisse sans voix.
LA FOULE:
Vous méritez vraiment d’être honorée! Dites-nous-en davantage!
REINE MÈRE:
Si la joie spontanée qui règne dans l’atmosphère aujourd’hui reflète le soutien qui me sera apporté dans le cadre de ma nouvelle fonction de Reine mère, je dirais que plus de la moitié de mon programme est déjà réalisé. (PETITE PAUSE) Pourtant, j’ai peur …
LA FOULE:
De quoi avez-vous peur, madame Kandaaweri? N’ayez aucune crainte. Nous sommes votre soutien, un soutien ferme qui vous accompagne!
REINE MÈRE:
Alors, laissez-moi vous donner un aperçu de mon programme, mon projet pour améliorer les conditions de vie de la communauté.
LA FOULE:
Allez-y! Allez-y, s’il vous plaît!
REINE MÈRE:
Mon premier pas consistera à mettre tout en œuvre pour encourager les hommes à aider leurs femmes à élever des pintades pour le bien de tous.
REINE MÈRE:
Le fait est … que les femmes sont les mères du monde. Il n’y a aucun doute à cela.
REINE MÈRE:
Pensez ce vous voulez, mais la vérité est que dans le rôle exceptionnel que nous jouons en tant que mères du monde, il est de notre devoir d’aider à bien nourrir le monde!
EFFETS SONORES:
APPLAUDISSEMENTS DE LA FOULE
LA FOULE:
Ce que vous dites est vrai!
REINE MÈRE:
La meilleure façon de nous d’aider à nourrir le monde est de commencer à élever des pintades, comme j’ai vu des femmes d’autres régions de notre Mère Afrique le faire. Aux maris qui sont parmi nous, acceptez-vous d’aider vos femmes à élever des pintades?
EFFETS SONORES:
APPLAUDISSEMENTS RETENTISSANTS AU SEIN DE LA FOULE
REINE MÈRE:
(S’INTERROMPT ET CHUCHOTE À SON ASSISTANTE) Suis-je sur la bonne voie?
L’ASSISTANTE:
(CHUCHOTANT À SON TOUR) Oui madame, c’est bon. Continuez.
REINE MÈRE:
Mes chères consoeurs, et tous nos maris ici réunis, c’est un grand défi. Disons qu’il s’agit du défi de l’année. Êtes-vous d’accord?
REINE MÈRE:
Je sais que l’élevage des pintades est très difficile. Mais cela ne doit pas vous décourager. Rien sur la terre n’a jamais été présenté sur un plateau d’argent. Les peuples ont dû toujours travailler dur pour avoir à manger.
REINE MÈRE:
L’élevage des pintades est une façon de remplir nos obligations en matière de développement national, et je sais que nous pouvons et nous le ferons!
REINE MÈRE:
Disons-le haut et fort, «Nous pouvons le faire!»
LA FOULE:
(D’UNE VOIX FORTE) Nous pouvons le faire!
LA FOULE:
(D’UNE VOIX FORTE) Nous le ferons!
REINE MÈRE:
Aujourd’hui, nous avons parmi nous un médecin vétérinaire et un ami de longue date des éleveuses et éleveurs de pintades. Il a déjà aidé deux de nos collègues à faire des profits énormes. Il a promis d’aider toute personne qui désire commencer à élever des pintades. Docteur Sindim, veuillez vous lever pour que tout le monde puisse vous voir.
DOCTEUR SINDIM:
Me voici, l’homme du peuple, surnommé docteur Sindim, votre agent vétérinaire. Quel programme peut être plus humanitaire que le grand rêve que vous nourrissez d’aider à nourrir le monde? Puisse l’harmonie qui règne ici durer à jamais.
REINE MÈRE:
Donnez-lui une bonne main d’applaudissements, s’il vous plaît!
EFFETS SONORES:
APPLAUDISSEMENTS DE LA FOULE
REINE MÈRE:
Docteur Sindim, le temps qui nous reste est le vôtre.
DOCTEUR SINDIM:
Il y a beaucoup à dire, tellement que cela pourrait même nous déconcerter.
REINE MÈRE:
Alors, nous sommes tout ouïe, impatients d’entendre ce que vous avez à nous dire.
DOCTEUR SINDIM:
En prenant la résolution ici de commencer à élever des pintades, vous pouvez vous considérer comme faisant partie de la catégorie de personnes qui provoquent les situations, les acteurs, les bâtisseurs de la nation!
DOCTEUR SINDIM:
Nous avons parmi nous deux femmes et un monsieur qui accomplissent de bons progrès en ce qui a trait à l’élevage des pintades. Il s’agit de Pogsaa, Kening et Joe. S’il vous plaît, pourriez-vous vous lever pour que nous puissions tous vous voir? (APRÈS UNE COURTE PAUSE) Bien! Les voici.
EFFETS SONORES:
OVATION DEBOUT ET ULULEMENTS
DOCTEUR SINDIM:
Rendons-nous au domicile de madame Pogsaa pour voir les choses de visu. Car il faut voir pour croire. Le fait de voir poussera chacun à agir.
LA FOULE:
C’est exact. Allons constater nous-mêmes la situation.
REINE MÈRE:
Merveilleux. J’affronterai tous les obstacles pour commencer moi-même à élever des pintades, quoi qu’il advienne. Donnez-lui une bonne main d’applaudissements!
EFFETS SONORES:
APPLAUDISSEMENTS FORTS DE LA FOULE
REINE MÈRE:
En tant que Reine mère, j’ai l’obligation de vous montrer le chemin. (EN PLAISANTANT) Madame Pogsaa, pour l’instant vous êtes notre mentor. Mais soyez sûre que dans trois ans, je vous serai meilleure que vous en matière d’élevage des pintades.
EFFETS SONORES:
RIRES PROVENANT DE LA FOULE
DOCTEUR SINDIM:
D’accord, allons au domicile de Pogsaa pour voir les résultats concrets de son dur labeur.
EFFETS SONORES:
PASSER PENDANT 20 SECONDES UNE CHANSON QUE LES FEMMES CHANTENT LORS DES CÉRÉMONIES POUR CLÔTURER LA CÉRÉMONIE DE COURONNEMENT DE LA REINE MÈRE, PUIS BAISSER LE SON LORSQUE LE NARRATEUR PREND LA PAROLE.
NARRATEUR:
Bien, chers auditrices et auditeurs, nous sommes arrivés à la fin du troisième épisode de notre feuilleton. Merci d’avoir été à l’écoute. Soyez au rendez-vous la semaine prochaine, à la même heure, pour le dernier épisode de la série. D’ici là, c’était __________, et je vous dis à la prochaine.
EFFETS SONORES:
PASSER UN CHANT RITUEL, PUIS DIMINUER PROGRESSIVEMENT LE VOLUME POUR CLORE L’ÉPISODE.
NARRATEUR:
Vous êtes à Radio _____, et il est _____. Bienvenue au dernier épisode de notre feuilleton sur les causes et les solutions à la mortalité chez les poussins de pintades. Au micro _____, votre animateur de tous les jours. Restez à l’écoute.
POGSAA:
Reine mère, notre invité d’honneur, le médecin vétérinaire et mes chères consoeurs, c’est ma maison et ces volatiles sont la source de mon bien-être financier. L’étrange bruit qu’elles font s’appelle le «criaillement». C’est la façon dont elles réagissent lorsque des intrus pénètrent dans leur environnement.
REINE MÈRE:
Qu’elles sont alertes. Il ne fait aucun doute qu’elles nous considèrent vraiment comme des intrus.
POGSAA:
Ce sont des créatures sauvages de nature. Ce n’est qu’à force d’entraînement, et ce, depuis le premier jour que vous parviendrez à les domestiquer raisonnablement.
DOCTEUR SINDIM:
Madame Pogsaa, permettez-nous de profiter de l’occasion qui nous est offerte aujourd’hui pour faire votre connaissance. Quand êtes-vous lancé dans l’élevage des pintades?
POGSAA
: Il y a environ treize ans.
DOCTEUR SINDIM:
Dans cette communauté, ce sont les hommes qui avaient l’habitude d’élever les pintades. Qu’est-ce qui vous a poussée à faire œuvre de pionnière?
POGSAA:
C’est une question intéressante. J’ai cinq frères et sœurs, tous des filles. Mes parents ont dit que Dieu avait une raison de ne leur donner que des filles. Même si mon père était traditionaliste, il a appris à mes sœurs et moi à faire tout ce que les garçons étaient censés faire pour leurs parents. Il croyait que le seul rôle conféré à chaque sexe était la capacité biologique de mettre des enfants au monde attribuée par Dieu, et que tous les autres rôles avaient été attribués par la société, et étaient, par conséquent, arbitraires. Alors, très tôt dans la vie, il nous a appris à élever des animaux. Par conséquent, j’élève maintenant des chèvres, ainsi que des moutons, bien que l’élevage des pintades constitue ma principale occupation.
DOCTEUR SINDIM:
Je comprends d’où vous avez tiré votre inspiration. Êtes-vous mariée?
POGSAA:
Si, je suis mariée et j’ai cinq enfants, dont deux garçons et trois filles.
DOCTEUR SINDIM:
Qu’est-ce que votre mari pense du fait que vous élevez des pintades?
POGSAA:
Il sait comment et pourquoi tout cela est arrivé. En dehors de ça, il est le principal bénéficiaire de mon dur labeur et de ma sueur. Ce que me rapporte l’élevage fait de moi le pilier de la maison. Un de nos enfants étudie au collège de formation des enseignants. Récemment, j’ai dû vendre dix pintades pour payer ses frais de scolarité. Alors, l’élevage des pintades est gratifiant sur le plan financier.
DOCTEUR SINDIM:
Votre mari vous aide-t-il d’une quelconque manière?
POGSAA:
Mon mari dit que l’élevage ne lui réussit pas, alors je fais tout moi-même. Mais je le consulte pour préserver l’harmonie de la famille.
DOCTEUR SINDIM:
En dehors de l’élevage des pintades, faites-vous autre chose?
POGSAA:
Si. Je cultive une acre de maïs jaune pour nourrir les pintades et une autre acre de maïs blanc pour les besoins de la famille.
DOCTEUR SINDIM:
C’est formidable. Je vois que vous avez confiné les poussins dans une poussinière de fabrication artisanale.
DOCTEUR SINDIM:
C’est que vous faites chaque fois que vous avez des poussins?
POGSAA:
Si. Je les enferme toujours avec une mère poule dans une poussinière artisanale pendant toute la période de couvaison, et je les nourris bien.
DOCTEUR SINDIM:
Quelles sont les expériences dont vous pouvez nous parler à cet effet?
POGSAA:
Les poussins ont peur du froid. Donc, la nuit, je les enferme dans la cuisine et je place un pot de charbon de bois allumé à une distance de trois mètres pour les réchauffer. Je les couvre également avec des sacs de fibres de noix de coco lorsqu’il fait très frais pour les empêcher de geler à mort. Lorsque le temps se réchauffe, je retire les sacs et j’éteins feu se trouvant dans le pot de charbon pour empêcher que la chaleur les tue.
Le froid et la chaleur extrêmes tuent les poussins. Il faut constamment les surveiller. Lorsqu’il fait très froid, ils se blottissent les uns contre les autres. En se blottissant, ils se piétinent parfois et doivent être séparés pour qu’ils ne soient pas trop collés les uns aux autres au point de mourir.
DOCTEUR SINDIM:
Vous avez raison. Le froid extrême peut les faire geler à mort. Il en est de même pour la chaleur extrême. Heureusement, vous gérez ça très bien. Un des avantages de la poussinière artisanale est qu’elle est bien aérée. Il est indispensable de bien aérer pour réduire la mortalité chez les poussins.
POGSAA:
La poussinière est assez spacieuse pour accueillir jusqu’à 20 poussins tout au long de la période de couvaison.
DOCTEUR SINDIM:
Il existe une cause de mortalité que plusieurs personnes ignorent.
DOCTEUR SINDIM:
Le stress causé par le bruit.
EFFETS SONORES:
RIRES PROVENANT DE LA FOULE
REINE MÈRE:
C’est surprenant! Comment le bruit peut-il tuer des poussins?
DOCTEUR SINDIM:
Cela semble amusant, mais c’est la réalité. Le bruit les pousse à se blottir les uns contre les autres par peur. Les plus gros sautent sur les plus faibles. Certains meurent parce qu’ils suffoquent ou sont piétinés. Vous comprenez?
DOCTEUR SINDIM:
Donc vous voyez que la couvaison des poussins exige une surveillance jour et nuit. Que leur donnez-vous à manger?
POGSAA:
J’écrase le maïs en gravier au moulin et je le mélange avec de la farine de poisson. J’alterne ça avec des termites. Heureusement, on trouve beaucoup de termites dans les buissons qui parsèment les terres de notre communauté.
DOCTEURR SINDIM:
Il est important de noter que les aliments granuleux peuvent tuer les poussins. Ils sont très fragiles durant les six premières semaines de la couvaison. Par conséquent, c’est mieux de mélanger le maïs moulu avec de la poudre de poisson ou si possible du son de riz plutôt que du maïs en gravier.
POGSAA:
D’accord, c’est bien noté.
DOCTEUR SINDIM:
Il y a une autre chose importante à noter en ce qui concerne le fait de nourrir les volatiles avec des termites, des vers de terre ou d’autres insectes. Ils peuvent avoir des vers en se nourrissant de ces créatures. Il est donc important de vermifuger régulièrement les volatiles, à savoir une fois par mois pendant l’hivernage.
Vous vous débrouillez très bien en ce qui concerne l’alimentation, Pogsaa. Mais dites-moi, pourquoi conseilleriez-vous à vos consoeurs de la localité d’élever des poussins?
POGSAA:
Bien sûr, les pintades et leurs œufs vous procurent de l’argent liquide. [AVEC INSISTANCE] De l’argent tout frais! Chaque jour, je ne gagne pas moins de 20 cedis ghanéens, rien qu’en vendant des œufs. Sans oublier le bon goût de la viande et des œufs.
DOCTEUR SINDIM:
Vos pintades ne dispersent-elles pas leurs œufs?
POGSAA:
Elles pondent leurs œufs dans les cabanes que je leur aménage. Je place deux femelles dans une cabane. Les cabanes sont situées directement dans mon jardin, ce qui empêche ainsi les intrus d’y pénétrer. Je leur apprends constamment à retourner dans leur poulailler à la tombée de la nuit. Mes pintades peuvent pondre chacune jusqu’à une centaine d’œufs.
DOCTEUR SINDIM:
C’est beaucoup ça. Et cela rapporte plus de bénéfices, n’est-ce pas?
POGSAA:
Elles comblent les besoins alimentaires de ma famille. J’en tue une pour la viande chaque fois que j’en ai besoin. Heureusement, mon mari ne s’attend pas à ce que je le prépare et alors je place le volatile en entier devant lui et je me contente de la tête, des pattes et du gésier.
POGSAA:
L’élevage des pintades est une bonne occupation. C’est un travail autonome. Il n’y a aucune crainte de vous faire renvoyer par quelqu’un.
DOCTEUR SINDIM:
Je vous remercie tous d’être venus voir Pogsaa à son meilleur. Jusque-là, je n’ai entendu aucune voix masculine. Y a-t-il un homme parmi nous qui aimerait faire des commentaires sur les réalisations accomplies par Pogsaa?
DOCTEUR SINDIM:
Oui, comment vous appelez-vous?
DOCTEUR SINDIM:
Abu, venez en avant et dites-nous ce que vous avez en tête.
ABU:
Dans le passé, notre société était très conservatrice. Dans certaines cultures, il n’était pas permis vraiment aux femmes de se prononcer, même sur des questions qui les concernaient directement. Il était interdit aux femmes et aux enfants de manger des œufs, car on craignait, du fait qu’ils étaient très souvent à la maison, qu’ils ne mangent tous les œufs se trouvant dans le poulailler. Cela aurait empêché qu’il en reste pour élever de nouveaux volatiles.
DOCTEUR SINDIM:
Qu’en était-il de l’élevage des pintades?
ABU:
Une femme était considérée comme la propriété de son mari. Par conséquent, même si elle élevait de la volaille, son nom n’était jamais mentionné. Le produit appartenait au mari. Cela était un obstacle à l’élevage des pintades. De plus, la rivalité au sein des couples où il y avait plus d’une épouse dissuadait les femmes d’élever des pintades.
DOCTEUR SINDIM:
Je présume que vous êtes marié.
DOCTEUR SINDIM:
Aideriez-vous, pour soutenir le programme économique de la Reine mère, votre femme à démarrer un élevage de pintade?
ABU:
Pourquoi pas? Les femmes sont nos filles, nos sœurs, nos épouses et nos mères. Pour moi, rien n’est trop bon pour elle. Alors, je promets devant toutes les personnes ici présentes de me lancer dans cette aventure avec ma femme. Après tout, elle est ma meilleure moitié.
Le mari et la femme ont l’obligation sociale de travailler ensemble en tant que couple pour prendre soin de leur famille sans frustration. Chez nous, il y a un proverbe qui dit que c’est à cause de la nourriture chaude que Dieu a donné à chaque personne deux mâchoires. (Note de la rédaction: Selon la tradition, les deux mâchoires représentent le mari et la femme. Lorsque vous mettez de la nourriture chaude dans la bouche, elle passe d’une mâchoire à l’autre jusqu’à ce qu’elle se refroidisse, juste comme un mari et femme collaborent pour faire face aux défis liés à l’éducation des enfants.)
DOCTEUR SINDIM:
Bien, je dirais que la journée a été bien remplie. À tous les maris ici présents, efforcez-vous de tenir la promesse que vous avez faite à la Reine mère Kandaaweri, selon laquelle vous aiderez vos épouses à élever des poules pour nourrir le monde. Retenez également le proverbe d’Abu qui dit que c’est à cause des repas chauds que Dieu dans sa sagesse a donné à chacun de nous deux mâchoires. Je reste à votre service jour et nuit. Merci pour cette journée productive.
REINE MÈRE:
Il mérite qu’on l’applaudisse très fort!
EFFETS SONORES:
APPLAUDISSEMENTS RETENTISSANT DE LA FOULE – CHANT RITUEL JOUE PENDANT 30 SECONDES PUIS S’ESTOMPE LORSQUE LE NARRATEUR PREND LA PAROLE
NARRATEUR:
Bien, chers auditrices et auditeurs, cela nous amène à la fin de notre feuilleton sur l’élevage des pintades, avec tous les défis et les solutions que cela comporte. Tout ce qu’il reste à faire maintenant, c’est d’agir, car c’est l’action qu’on attend de chacun de nous. Le plus tôt serait le mieux, car ne dit-on pas que la procrastination est l’assassin de l’opportunité?
Sur cette note, c’était _____________, votre animateur qui vous dit au revoir et bonne chance. À la prochaine. Merci pour votre attention.
EFFETS SONORES:
PASSER LE CHANT RITUEL PENDANT UNE MINUTE, PUIS BAISSER LE VOLUME
Acknowledgements
Rédaction : Tennyson Wubonto
Révision : Dr Moses Gbordzi, direction des services vétérinaires, ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture du Ghana, Région du Haut Ghana oriental.
Information sources
Dr Simdim D. Timothy, agent vétérinaire de district, District de Sissala Est, Région du Haut Ghana oriental, Ghana
- Ben Fachu, forestier
- Baluwie Bayuke, forestier
Madame Modesta Tamag, brasseuse de pito (bière locale)
Entretiens réalisés en mai/juin 2015.
The Training Manual for Guinea Fowl Production. Direction de l’élevage, ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture du Ghana, 2012. (Disponible en anglais seulement)
Wikipedia, non daté. Guineafowl. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pintade
Gail Damerow, 1992, Raising Guinea Fowl: A Low-Maintenance Flock. Mother Earth News. http://www.motherearthnews.com/homesteading-and-livestock/raising-guinea-fowl-zmaz92aszshe.aspx (Disponible en anglais seulement)
Glenn Downs, 2013. A Guide to Raising Guinea Fowl. Mother Earth News. http://www.motherearthnews.com/homesteading-and-livestock/poultry/raising-guinea-fowl-ze0z1307zpit.aspx#ixzz2ZLXzqW64 (Disponible en anglais seulement)
Kelly Klober, 2014. Raising Guinea Fowl. Mother Earth News, http://www.motherearthnews.com/homesteading-and-livestock/poultry/raising-guinea-fowl-ze0z1410zcwil.aspx (Disponible en anglais seulement)
Projet réalisé grâce à l’appui financier du gouvernement du Canada par l’entremise du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement (MAECD)