Notes au radiodiffuseur
Le VIH et le sida ont des effets négatifs sur le savoir traditionnel lié aux cultures qui a été conservé et transmis à un grand nombre de générations. Les gens ne peuvent plus travailler et meurent éventuellement; par conséquent, le savoir précieux qu’ils ont acquis sur la préparation et sur le traitement des aliments disparaît ou n’est pas transmis à la génération à venir. Cette situation peut avoir des conséquences graves sur la production agricole de l’avenir. On s’inquiète particulièrement de la perte de savoir en matière de semences et de gestion de ces dernières. Il est important d’aborder ces questions avant que l’érosion du savoir régional n’ébranle la sécurité semencière et la sécurité alimentaire.
Les communicateurs peuvent animer un échange portant sur le savoir traditionnel en présentant des méthodes d’agriculture régionales et en interviewant des agriculteurs sur les sujets suivants: sélection des cultures, conservation du sol, récolte de l’eau, plantation des arbres, entreposage des produits et conservation des semences. Des connaissances – que l’on croit parfois disparues – comprennent la gestion du bétail et la gestion des récoltes telles que le café et la banane. Des compétences clé en commercialisation ont aussi disparu. Les enfants et les veuves ne savent peut-être pas commercialiser les produits.
Nous vous proposons ci-dessous une courte pièce radiophonique qui met en vedette une mère mourante qui veut, avant de mourir, transmettre à sa fille des connaissances en matière de récoltes et d’agriculture. Le récit est narré tour à tour par la mère et par la fille, chacune racontant deux facettes du récit.
Certaines plantes et certaines cultures mentionnées dans le texte ne poussent peut-être pas dans votre région – amarante ou palmier. Veuillez remplacer ces récoltes par des cultures mieux connues de votre auditoire.
Texte
Personnages
Animateur
Fille
Mère
Animateur
– Avez-vous déjà songé comment vous avez appris à cultiver et à récolter les cultures? Vos parents vous ont probablement appris ce que vous savez en matière d’agriculture et de survie. Vous allez entendre le récit d’une mère qui est consciente de l’expérience et du savoir inestimables qu’elle a acquis. Cette mère a pris des mesures pour transmettre ses connaissances à sa fille. Au cours de l’émission, vous n’entendrez que les voix de la fille et de la mère, chacune racontant une facette de l’histoire.
MUSIQUE (10 secondes)
FERMETURE EN FONDU DE LA MUSIQUE
Fille
– La pire journée de ma vie fut le jour où ma mère m’a dit qu’elle allait mourir. Je n’avais que 12 ans. Ma mère était malade depuis un grand nombre d’années et mon père était décédé deux ans plus tôt. J’avais deux jeunes frères et je ne me sentais pas prête à devenir le chef de famille.
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– Ma fille a pleuré quand je lui ai dit que je n’allais pas vivre longtemps. La mort de mon mari avait été une grande épreuve. Mais maintenant… la situation était pire. Je ne pouvais m’imaginer comment mes enfants allaient se débrouiller.
MUSIQUE (3 secondes)
Fille
– J’ai commencé à songer comment j’allais prendre soin de mes frères quand ma mère nous aurait quittés. Je savais que mes tantes et mes oncles s’occuperaient de nous… mais il fallait que je travaille dur. Comment m’assurer que mes frères et moi aurions assez de nourriture à manger chaque jour?
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– J’ai dit à ma fille que je lui enseignerais tout ce que je savais sur la façon de cultiver les récoltes, de conserver les semences et de traiter les aliments. En partageant mon savoir avec elle, je l’aiderais à s’occuper d’elle-même et à prendre soin des autres enfants.
MUSIQUE (3 secondes)
Fille
– J’ai commencé à passer plus de temps dans les champs en compagnie de ma mère. Même si elle était faible, elle pouvait toujours travailler. Elle m’a appris beaucoup de choses.
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– La première leçon que j’ai apprise à ma fille : la culture du manioc. Je lui ai dit qu’il devait toujours y avoir du manioc dans le jardin potager. Le manioc est une culture » complète « . Que voyez-vous quand vous arrachez la plante? Vous voyez le haut, le centre et le bas. Ces trois parties vous donnent tout ce que vous avez besoin. Les feuilles, dans le haut, servent à faire de la relish. Le centre sert à planter – ce sont les semences. Le bas – la racine – fournit un aliment de base.
MUSIQUE – (3 secondes)
Mère
– Ma mère m’a expliqué la différence entre le manioc amer et le manioc doux. J’ai été surprise d’apprendre qu’elle préférait cultiver le manioc amer. Au début, je ne comprenais pas pourquoi.
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– Il est vrai qu’on doit prendre plus de temps pour traiter le manioc amer. Mais le manioc amer fournit de la nourriture – c’est sûr. Les rats et les insectes ne le mangeront pas – ils ne s’en approchent pas. Aucun voleur ne s’emparera du manioc amer dans votre champ!!
MUSIQUE (3 secondes)
Fille
– Ma mère m’a montré comment traiter le manioc amer pour que je puisse le manger sans danger. Il y a beaucoup d’étapes : trempage, fermentation et séchage des racines. Elle m’a aussi montré comment choisir les tiges que je dois utiliser pour planter la prochaine récolte. Les tiges doivent être d’une bonne longueur et d’une bonne épaisseur… pour obtenir une récolte saine la saison suivante. Ma mère m’a appris un grand nombre de choses au sujet du manioc… elle m’a ensuite emmenée dans la brousse…
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– Dans la brousse, j’ai montré à ma fille où trouver les ignames sauvages et deux arbres qui ont des feuilles spéciales – vous pouvez faire des sauces à l’aide de ces feuilles. Je lui ai aussi montré toutes les choses utiles qu’on peut obtenir du palmier. Je lui ai dit, que si les membres de la famille n’ont pas assez de nourriture, ils peuvent aller dans la forêt et couper des feuilles de palmier. Ils peuvent aussi ramasser les noix qu’ils peuvent vendre au marché.
MUSIQUE (3 secondes)
Fille
– Ma mère m’a montré un grand nombre de plantes indigènes. Mais elle m’a aussi montré une nouvelle culture dans notre village – une plante appelée amarante.
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– Je ne savais pas comment cultiver l’amarante. J’ai observé des femmes du village qui ont fait des expériences à l’aide de cette culture. Une de mes voisines a récolté une tonne de cette graine – dans une petite parcelle de terre! Et ce, une année au cours de laquelle il n’avait pas plu beaucoup.
MUSIQUE (3 secondes)
Fille
– Ma mère m’a montré comment faire bouillir les graines d’amarante. Quand vous faites bouillir les graines, elles constituent un aliment nourrissant. Ma mère m’a dit que ce serait un aliment très sain pour mes petits frères… et une bonne source de nutriments qu’elle pourrait consommer quand elle serait plus malade et plus faible.
MUSIQUE (3 secondes)
Mère
– Je suis plus malade. Ces jours-ci, je suis trop faible pour travailler dans les champs. Mais j’ai la conscience tranquille parce que j’ai appris à ma fille des compétences utiles. J’ai partagé avec elle savoir et sagesse. Elle pourra s’occuper de ses frères et se bâtir une vie après mon départ. Voilà le cadeau que j’ai fait à ma fille.
OUVERTURE EN FONDU DE LA MUSIQUE
Animateur
– Dans notre communauté, le savoir traditionnel en matière d’agriculture a été transmis de mères en filles et de pères en fils depuis un grand nombre de générations. Ce savoir est une des clés du développement et de la survie. Assurons-nous que le savoir est transmis!
FERMETURE EN FONDU DE LA MUSIQUE
-FIN-
Acknowledgements
- Collaboration : Jennifer Pittet, Thornbury, Ontario, Canada
- Révision : Gladys Mutangadura, agent, Affaires économiques, UNECA – bureau de l’Afrique australe, Zambie
Information sources
- Chiwona-Karltun, Linley et al. » Bitter cassava and women: an intriguing response to food security « , LEISA Magazine, décembre 2002
- » Kenya farmers turn to « wonder grain », Appropriate technology, vol.31, no 2, 2004
- Haslwimmer, Martha. « AIDS and Agriculture in Sub-Saharan Africa« . FAO Farm Management and Production Economics Service, 1996
- « The impact of HIV/AIDS on farmers’ knowledge of seed: Case study of Chokwe District, Gaza Province, Mozambique« , ICRISAT.
Autre source