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INTRODUCTION – TROIS HISTOIRES VÉRIDIQUES SUR LA SANTÉ DU BÉTAIL
Emuria Ekai travaillait chez un boucher dans une ville du nord du Kenya et il gagna assez d’argent pour acheter deux chèvres chétives pour sa famille. Il attacha les chèvres à un piquet dans une zone ombragée près de son travail et leur donna des feuilles de chou, des épluchures de pommes de terre, des tomates abîmées et d’autres déchets recueillis auprès de vendeurs de légumes proches. Il les vermifugea, les traita contre les tiques et leur injecta des vitamines pour accélérer leur récupération. Il acheta deux autres chèvres plus chétives et leur donna les mêmes soins et le même traitement. Lorsque la saison des pluies arriva, ses chèvres étaient fortes. Deux s’accouplèrent avec succès avec le bouc d’un voisin. La famille acheta un abri à toit de chaume avec des murs en terre séchée pour ses chèvres. L’abri les protégea du froid, du vent et de la pluie, conditions qui provoquent souvent des maladies chez les chèvres. Aujourd’hui, la famille possède 35 chèvres. La plupart d’entre elles ont deux petits et Emuria attribue cette réussite à une bonne alimentation et à une bonne santé. Ses chèvres sont plus lourdes que les chèvres locales qui se nourrissent uniquement dans les pâturages naturels communaux. Leurs peaux sont de bonne qualité grâce à la présence d’un bon abri et à l’absence de tiques. Tous les mois, Emuria abat une chèvre et vend sa viande pour gagner un revenu supplémentaire. Il utilise une partie de cet argent pour acheter des produits vétérinaires et d’autres chèvres chétives.
Des éleveurs de bétail du District de Nakasongola en Ouganda utilisent du tabac pour tuer les mouches, les poux, les tiques et les mites présents sur le bétail. Les agriculteurs sèchent, broient et mélangent des feuilles de tabac avec de l’eau et pulvérisent ensuite la concoction sur les bovins et les chèvres. Le Dr James Bugeza, agent vétérinaire du district, affirme que le tabac cultivé localement est très efficace pour lutter contre les parasites présents sur les animaux vivants. Les feuilles de tabac peuvent également servir de litière pour les chèvres.
Ruben Mushao vit dans le village de Mundara dans le district de Longido, région Masai en Tanzanie. Son troupeau de bovins est passé de 300 têtes à près de 1000 depuis qu’il a commencé à vacciner ses veaux contre la fièvre de la côte orientale. Et tout cela, en dépit de la sécheresse. M.Mushao croit que son troupeau n’aurait pas augmenté s’il ne l’avait pas immunisé. La fièvre de la côte orientale est agressive en Tanzanie et provoque de nombreux décès parmi le bétail. Aujourd’hui, Ruben tire un revenu confortable de la vente de ses bovins.
1. Faire des émissions radiophoniques sur la santé du bétail – démarrage
Le plus souvent, une bonne radio implique des gens qui parlent à des gens à propos d’autres gens. Cela est vrai, que l’émission radiophonique soit une entrevue, un mini-feuilleton ou tout autre format. Cela est vrai peu importe le sujet de l’émission.
Si vous souhaitez trouver des idées d’histoires portant sur la santé du bétail (ou sur tout autre sujet), il peut s’avérer très utile d’essayer des exercices de libre pensée.
Par exemple, qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous pensez à une maladie du bétail? À votre avis, qu’est-ce qui pourrait venir à l’esprit d’autres personnes? Votre liste pourrait comprendre :
- les symptômes physiques de la maladie – mucus, sabots douloureux, mamelles enflammées, prurit, respiration difficile
- la vente des animaux avant que leurs symptômes ne s’aggravent
- l’endettement des agriculteurs
- la faim
- les frais pour les médicaments et les vaccinations
- la nutrition – que mange l’animal?
Faites cet exercice pour vous-même et notez toutes vos pensées. Ensuite, relisez-les. Toutes les choses auxquelles vous pensez constituent le point de départ potentiel d’une histoire.
2. Comprendre l’arc narratif : le début, le milieu et la fin
Chaque histoire comporte trois parties : un début, un milieu et une fin. La progression d’une histoire – du début jusqu’au milieu et à la fin – s’appelle un «arc narratif». Le début de l’histoire plante le décor. Il présente le statu quo, la situation de départ. Le milieu de l’histoire introduit un élément nouveau, souvent un conflit ou une rencontre importante. Ce nouvel élément fait avancer l’histoire. Le statu quo est en déséquilibre. La fin arrive lorsque le conflit est résolu, ce qui entraîne parfois un nouvel équilibre. Nous pouvons illustrer cet arc narratif en jetant un coup d’œil sur trois histoires inventées concernant la santé du bétail.
HISTOIRE 1 : Les pasteurs d’une région se plaignent de l’expansion des villes et des terres agricoles sur les terroirs d’attache de leurs troupeaux. Ils disent que ces changements englobent leurs grands pâturages traditionnels et les itinéraires de leurs troupeaux. Dans certaines régions, leurs échanges traditionnels avec les cultivateurs – les éleveurs fournissent du fumier d’animaux en échange de résidus de cultures – aboutissent à un régime alimentaire très restreint parce que la plupart des agriculteurs ne font maintenant pousser presque rien d’autre que du maïs. Avec peu de pâturages et un éventail limité de résidus de cultures, bon nombre d’animaux montrent des signes d’une mauvaise santé.
HISTOIRE 2 : Les villageois font attention de vacciner leurs poulets contre la maladie de Newcastle avant le début de la saison des pluies. Mais la plupart des poulets du village meurent de cette maladie. Les villageois se demandent pourquoi. Le vétérinaire a-t-il commis une erreur? Y a-t-il une souche particulièrement forte de la maladie de Newcastle dans leur village? Le nouvel agent vétérinaire communautaire fait un travail de détective pour trouver la réponse.
HISTOIRE 3 : Les femmes du village sont indignées que leurs maris se soient endettés pour acheter de nouvelles vaches, même si les prix du marché sont bas pour les bovins. Les hommes disent que les femmes doivent dorénavant acheter des moutons et des chèvres avec leur propre argent, parce que beaucoup de bovins meurent de maladie et nécessitent des médicaments coûteux.
Dans l’histoire 1, ledébutde l’histoire pourrait présenter un groupe de pasteurs qui suivent des méthodes traditionnelles pour faire paître leur troupeau, en utilisant les itinéraires sur les terroirs d’attache de leur troupeau et en effectuant des échanges avec des cultivateurs. Aumilieude l’histoire, les pasteurs remarquent que leurs animaux ne sont pas en bonne santé. Ils se demandent si cela est lié au fait que les résidus de cultures qu’ils obtiennent des cultivateurs sont presque tous des tiges de maïs. Les pasteurs pourraient en conclure que la mauvaise santé de leurs animaux est due aux mesures prises par les cultivateurs. Des conflits, parfois violents, pourraient s’ensuivre entre les éleveurs et les agriculteurs. Lafinou la résolution de l’histoire pourrait impliquer les agriculteurs acceptant de tracer de nouveaux itinéraires pour les troupeaux à travers leurs terres et mettant de côté quelques boisés pour le broutage. Les agriculteurs pourraient accepter de faire pousser plusieurs sortes de plantes fourragères pour les animaux des éleveurs. En échange, les pasteurs s’occuperaient d’une partie du bétail des agriculteurs et leur donneraient du fumier pour les aider à fertiliser leurs champs.
Dans l’histoire 2, ledébutde l’histoire pourrait montrer les villageois procédant à la vaccination contre la maladie de Newcastle . Lemilieude l’histoire pourrait montrer les poulets mourant de cette maladie, les villageois s’efforçant de faire face à la situation et l’agent vétérinaire communautaire essayant de deviner les causes de la flambée de la maladie. Lafin ou la résolution de l’histoire pourrait impliquer l’agent vétérinaire communautaire découvrant que le vaccin n’a pas fonctionné parce qu’il n’était pas conservé au froid. Ou bien il pourrait découvrir que les poulets ont reçu un mauvais dosage ou encore le mauvais vaccin.
Ledébutde l’histoire 3 pourrait présenter une famille qui vit dans un village où les hommes s’occupent des bovins et où les femmes sont chargées des petits ruminants comme les moutons et les chèvres. De temps à autre, les hommes donnent de l’argent aux femmes pour acheter des moutons et des chèvres, qui sont généralement vendus pendant la saison de la famine pour acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité. Aumilieude l’histoire, les bovins pourraient contracter une maladie, qui est contrôlée avec des médicaments très coûteux. La dépense supplémentaire signifie que les hommes ne peuvent pas ou choisissent de ne pas donner d’argent aux femmes pour acheter des animaux. Des disputes peuvent s’ensuivre. Lafinde l’histoire pourrait permettre de découvrir que les bovins sont vulnérables à la maladie à cause de leur alimentation. Le régime alimentaire pourrait être modifié en vue d’améliorer leur santé, ce qui libérerait des fonds pour les femmes.
3. Information documentaire sur la santé du bétail
La présente section donne des connaissances scientifiques de base sur les maladies du bétail. Elle vous aidera également à comprendre la gravité des maladies du bétail pour les petits exploitants agricoles. Vous pouvez consulter la section 8 –Autres renseignements sur la santé du bétail– pour obtenir de plus amples informations.
Les maladies animales posent un grave problème mondial. Pour les agriculteurs pauvres, l’impact des maladies du bétail sur leur vie et leurs moyens de subsistance est tout particulièrement crucial. Une épidémie peut faire toute la différence entre la suffisance alimentaire et la famine, entre un revenu assuré et la liquidation d’importants biens ménagers.
La santé animale et la santé humaine sont étroitement liées. Certaines maladies – appelées des zoonoses – peuvent se transmettre des animaux aux humains. Ces maladies peuvent avoir une influence considérable sur la santé et le bien-être des ménages concernés. Les agriculteurs pauvres peuvent être davantage à risque face aux zoonoses parce qu’ils vivent souvent en contact étroit avec leur bétail et n’ont pas facilement accès à l’information concernant la prévention de ces maladies.
Une maladie est dite « endémique» lorsqu’elle survient régulièrement dans une région donnée, par exemple au début de chaque saison des pluies. Les maladies causées par des parasites internes et externes, ainsi que les maladies transmises par les tiques, sont endémiques. L’aptitude d’un animal à résister à ces maladies est considérablement influencée par la qualité de son alimentation.
Les maladies animales résultent d’une interaction complexe entre trois facteurs : 1) des agents pathogènes, comme des bactéries, des virus ou des parasites; 2) l’animal lui-même; et 3) l’environnement dans lequel l’animal est élevé. Les agents pathogènes varient en termes de leur capacité à surmonter la résistance de l’animal à la maladie et dans leur capacité à survivre dans l’environnement. La résistance d’un animal à la maladie dépend de la force de son système immunitaire, de son âge et de son sexe, de son état de lactation ou de gestation, de sa race et d’autres facteurs. En Afrique subsaharienne, l’environnement dans lequel l’animal est élevé a souvent la plus forte incidence sur sa santé. Des facteurs comme le nombre de bêtes à l’hectare, la qualité des bâtiments d’élevage (surtout leur propreté et la bonne circulation de l’air), l’exposition à d’autres troupeaux ou les mouvements entre les troupeaux, la température, l’humidité, la chaleur et la nutrition sont tous extrêmement importants pour déterminer si oui ou non un animal demeurera en bonne santé ou souffrira d’une maladie.
Lorsqu’un animal est malade, les répercussions directes englobent une alimentation réduite, des changements dans sa digestion et son métabolisme, des décès et des maladies plus nombreux et une diminution des taux de reproduction, du gain de poids et de la production de lait.
Pour les agriculteurs pauvres, les animaux représentent souvent une sorte d’épargne pour le ménage. Les petits animaux, comme les moutons et les chèvres, sont vendus pour acquitter des dépenses comme les frais de scolarité ou les factures médicales. Si les effectifs des troupeaux ou des bandes sont réduits par la maladie, les ménages pauvres ont moins d’avoirs avec lesquels ils peuvent faire face à des dépenses. Souvent, les volailles fournissent aux ménages pauvres une source importante et régulière de protéines, en améliorant leur nutrition. Lors d’une flambée d’une maladie épidémique, les mouvements du bétail peuvent être limités. Les épidémies impliquant des volailles peuvent nécessiter l’abattage de toute la volaille présente dans la région de la flambée.
La vaccination est une option pour lutter contre certaines maladies. Mais l’accès aux services de vaccination et aux services réguliers d’hygiène vétérinaire est difficile pour les éleveurs pauvres qui habitent dans des régions éloignées. L’abordabilité est un autre problème. Certains pays offrent des vaccinations gratuites et d’autres services d’hygiène vétérinaire. Mais les ressources sont souvent limitées et la prestation des services, en particulier aux agriculteurs pauvres, peut se révéler inadéquate. Recourir à des agents vétérinaires communautaires constitue un moyen de dispenser des services vétérinaires à moindre coût.
Façons de prévenir les maladies
Pour prévenir la propagation des maladies épidémiques, il est important d’empêcher le contact entre les bêtes infectées et non infectées. L’infection peut également être propagée par les humains, par les espèces fauniques ou les animaux comme les chiens et les chats, dans l’alimentation du bétail, sur les véhicules et par les outils agricoles. Les troupeaux qui se mélangent dans les pâturages communs ou les aires d’abreuvement peuvent propager l’infection.
La maladie n’est pas toujours causée par des bactéries, des virus ou des parasites. Elle peut aussi résulter d’une déficience nutritionnelle. Une carence en minéraux, vitamines et autres nutriments nécessaires peut affaiblir la résistance du corps à l’infection.
Une amélioration de l’alimentation et de lanutritioncontribue à contrôler les maladies. Les animaux ayant de meilleurs régimes alimentaires ont plus de chances de demeurer en bonne santé que les animaux ayant un régime pauvre. En outre, certaines races de bétail (souvent les races indigènes) ont une meilleure immunité naturelle contre la maladie, y compris la capacité de maîtriser les parasites. Pour surmonter la maladie, le bétail a besoin d’une bonne ingestion de protéines, de minéraux, comme le zinc, le cuivre et le fer, et de vitamines A et E. Alors qu’il est important que l’animal ait suffisamment de ces nutriments, un excès de nutriments peut aussi être préjudiciable pour la santé des animaux.
4. Faire la recherche pour votre émission
À qui devriez-vous parler? Les possibilités sont nombreuses selon «l’angle» que vous souhaitez adopter. Vous devriez parler à des gens qui possèdent une connaissance directe de la question et/ou une perspective intéressante ou unique. Cela pourrait inclure des éleveurs, des agriculteurs, des agents vétérinaires communautaires, des vétérinaires, des femmes leaders dans la collectivité, des commerçants, des gens qui transportent des produits animaux et des négociants en engrais. Pensez à des gens qui sont impliqués au début de la vie d’un animal (par exemple les éleveurs-naisseurs et les gens qui vaccinent les jeunes animaux). Pensez à des gens qui sont impliqués à la fin de la vie d’un animal (par exemple les bouchers, les personnes qui transportent les animaux au marché, les gens qui vendent des produits animaux, les personnes qui mangent de la viande et boivent du lait). Et pensez à des gens qui sont impliqués à chaque stade de la vie d’un animal depuis sa naissance jusqu’à sa mort.
Créez un énoncé pivot: Que vous l’appeliez un but, un objectif ou une hypothèse, vous devriez avoir un motif clair pour faire une émission. Ce pivot vous dira ce que vous devez tirer de vos entrevues sur le terrain et de vos autres recherches. Il guidera vos décisions concernant les personnes à qui parler et pourquoi. Chaque membre de votre équipe de production devrait partager le même objectif ou pivot.
Un énoncé pivot est une excellente façon d’exprimer clairement et de consolider cet objectif. Un énoncé pivot décrit quelqu’un faisant quelque chose pour un motif. Un bon énoncé pivot englobe «qui», «quoi» et «pourquoi». Rédiger votre énoncé pivot contribuera à vous garder sur la bonne voie. Un bon énoncé pivot vous aide à rechercher une seule histoire qui présente de l’action et de la motivation et un personnage principal.
Exemple: Au Malawi, des réalisateurs de radio ont décidé de faire une émission sur le sujet de l’entreposage du maïs hybride. Leur énoncé pivot était le suivant :Un agriculteur local s’efforce d‘entreposer convenablement son maïs parce qu’il veut accroître la sécurité alimentaire de sa famille.Cet exemple a un QUI (l’agriculteur), un QUOI (l’entreposage convenable) et un POURQUOI (pour la sécurité alimentaire). Aussi simple qu’il soit, les membres de l’équipe du Malawi ont trouvé cet énoncé pivot très utile. Ils ont déclaré qu’avoir un énoncé pivot «leur avait fait économiser du temps sur le terrain parce qu’ils savaient ce qu’ils recherchaient» et «les avait aidés à approfondir davantage chaque entrevue».
Dans notre histoire 1 ci-dessus, l’énoncé pivot pourrait être le suivant :
En collaborant avec les cultivateurs, les pasteurs s’efforcent de mettre au point des arrangements concernant le pâturage, la migration et l’alimentation pour garantir la santé de leurs bovins.
Pour l’histoire 2, l’énoncé pivot pourrait être le suivant:
Un agent vétérinaire communautaire essaie de découvrir pourquoi les poulets qui ont été vaccinés contre la maladie de Newcastle meurent de cette maladie, afin de contribuer à la sécurité alimentaire du village.
Dans l’histoire 3, l’énoncé pivot pourrait être le suivant:
Des villageoises s’efforcent de trouver un moyen par lequel elles peuvent tirer, avec leurs maris, l’avantage maximal des différents types de bétail qu’elles élèvent.
De bonnes entrevues
Les entrevues ont une forme. Elles ont une structure. Elles ont un début, un milieu et une fin. L’énoncé pivot vous aide à décider par où commencer.
Le début d’une entrevue aborde généralement le «quoi» : quelqu’un fait quoi. Ensuite, elle passe au «pourquoi» : pourquoi feraient-elles cela? Qu’est-ce qui les pousse? Et, enfin, l’intervieweur s’efforce de trouver ce que cela signifie à l’heure actuelle et à l’avenir.
Le libellé des questions peut affecter considérablement le résultat de l’entrevue. Avoir la forme ne suffit pas. Vous devez poser les bonnes questions de la bonne façon pour obtenir la meilleure réponse qui fournit une histoire complète.
C’est là qu’une théorie appelée «vous dirigez – ils pagaient » entre en jeu. Nous dirigeons une entrevue en posant des questions qui ne limitent pas la personne invitée à des réponses simples en un ou deux mots. Cela signifie qu’un intervieweur pose des questions qui obligent la personne invitée à faire un peu de narration – pour définir l’action, pour faire une description, pour donner une émotion et une compréhension. Les meilleures questions pour y parvenir sont dites «ouvertes». Ce sont des questions qui exigent davantage qu’une réponse par OUI ou par NON.
«Qui», «quoi» et «pourquoi»sont les mots magiques pour faire des entrevues parce qu’ils produisent les réponses qui façonnent les histoires. La plupart de nos questions (80 à 90%) devraient commencer par«Qui», «quoi» et «pourquoi».
Liste de vérification pour les entrevues
Avant de faire une entrevue, effectuez des recherches générales sur le sujet et sur la ou les personnes que vous allez interviewer. Ensuite, vérifiez que vous avez couvert tout ce qui suit :
- Sachez ce que vous voulez obtenir de votre invité.
- Demandez à vos invités de se présenter à l’auditoire sur une bande audio.
- Laissez-les dire aux auditeurs pourquoi ils sont interviewés.
- Enregistrez des bruits ambiants.
- Assurez-vous d’être à l’aise tous les deux.
- Posez une question à la fois.
- Posez des questions qui exigent une réponse émotionnelle.
- Posez des questions qui donnent naissance à une histoire.
- Faites répondre vos invités en phrases complètes.
- Écoutez les réponses.
- Posez des questions de suivi.
- Laissez votre invité terminer avant de lancer une question.
- Évitez les hochements de tête verbaux en signe d’accord. Les Euh et les Humm!
- Soyez prêt à changer de direction pour suivre votre invité.
- Posez les questions deux ou trois fois au besoin pour approfondir et clarifier.
- Écoutez. Écoutez. Écoutez.
- Vérifiez votre enregistreuse avant de partir pour vous assurer que l’entrevue est bien enregistrée.
5. Monter l’émission
Formats :Les émissions de radio peuvent prendre tout un éventail de formats. Il y a les entrevues – avec des agriculteurs, des chefs de file de la collectivité, des vulgarisateurs et d’autres experts. Il y a les annonces-éclairs ou les messages d’intérêt public. Il y a les conversations entre deux ou plusieurs animateurs. Il y a les discussions en groupe ou en table ronde, habituellement avec un réalisateur radio agissant comme modérateur. Il y a les feuilletons qui utilisent des personnages fictifs pour raconter une histoire. Et il y a les chansons, les petits reportages, les refrains publicitaires, les poèmes et bien d’autres formats. Les émissions peuvent également comporter des enregistrements d’événements en direct, y compris des réunions de villageois ou des débats politiques.
Texte complet ou aperçu?Selon le format que vous choisissez, vous pourriez rédiger un texte complet ou simplement un aperçu. Les feuilletons et les annonces-éclairs exigent un texte complet parce que les acteurs voix liront à la radio le texte exact tel qu’il est écrit. Les réalisateurs rédigent des aperçus pour s’assurer que les entrevues, les discussions et les autres formats couvrent les sujets qu’un réalisateur a jugé importants de couvrir (d’après les recherches). Par exemple, un aperçu écrit sur la maladie de Newcastle chez les poulets pourrait comporter:
- une brève description de la maladie;
- les principales options de traitement; et
- quelques obstacles au traitement – par ex. le coût et l’accessibilité/la disponibilité du vaccin.
L’aperçu pourrait être aussi simple qu’une liste de points à couvrir durant l’entrevue. Dans bien des cas, il comportera une introduction écrite, les questions importantes pour l’entrevue et éventuellement une fin rédigée pour l’émission, ainsi que des introductions écrites pour les personnes interviewées.
Quel est l’auditoire cible? À qui s’adresse l’émission? Si l’émission porte sur les maladies des chèvres, cherchez quels groupes au sein de votre collectivité élèvent et soignent des chèvres ou prennent les décisions financières touchant le traitement des maladies des chèvres. Si les chèvres sont principalement possédées et soignées par les femmes qui, à même leurs propres ressources, achètent les médicaments pour leurs animaux, alors votre émission devrait cibler les femmes. Cela aurait une incidence sur la méthode de réalisation de votre émission, notamment :
- à quel moment la diffuser;
- la façon de parler des coûts et des avantages d’utiliser des médicaments; et
- les détails à inclure lorsque vous parlerez des méthodes traditionnelles de lutte contre les maladies.
Si votre émission se concentre sur les bovins, vous pourriez cibler un auditoire complètement différent. Votre auditoire pourrait changer selon que vous parlerez des bovins comme producteurs de lait, des bovins qui migrent avec des éleveurs nomades, des bovins domestiques, des bovins exotiques, etc. Vous devrez faire quelques recherches dans votre collectivité pour déterminer qui s’intéresse à votre sujet sur la santé du bétail et qui prend les décisions financières concernant les animaux dont vous parlez.
6. Écrire pour l’oreille
Il existe des différences entre les textes radiophoniques et les textes imprimés. L’une d’elles est que l’auditeur ne peut pas relire quelque chose qu’il n’a pas compris la première fois – vous n’avez qu’une seule chance de transmettre votre message. Cela signifie que le texte doit être très clair et d’une structure plus simple que les textes à imprimer. Lorsque vous rédigez pour la radio, vous écrivez «pour l’oreille».
Voici quelques conseils pour vous aider à «écrire pour l’oreille».
- Conseil no 1 :Lisez vos textes à haute voix.
Pendant la rédaction de vos textes ou aperçus, lisez‑les toujours à haute voix pour vous‑même. Si vos mots ne ressemblent pas à une conversation et ne sont pas naturels, réécrivez‑les pour y parvenir. Ceci s’applique si le texte est une entrevue, une mini-dramatique, un message d’intérêt public ou une annonce-éclair, ou s’il se présente sous tout autre format. Après avoir rédigé votre texte, assurez-vous qu’il puisse être facilement lu en utilisant la « révision orale». Tout d’abord, lisez deux phrases en silence pour vous-même. Ensuite, essayez de redire ces deux phrases, exactement comme elles sont rédigées, sans regarder le texte. Si vous êtes incapable de répéter les deux phrases avec exactitude, réécrivez-les jusqu’à temps d’y arriver.
- Conseil no 2 : Gardez les phrases courtes.
La plupart des phrases devraient avoir la structure : sujet–verbe–complément. Par exemple, «George a labouré son champ». Essayez de varier le rythme de vos phrases. De temps à autre, insérez une phrase plus longue pour varier et pour garder ouvertes les oreilles de vos auditeurs!
- Conseil no 3 :N’utilisez pas de grands mots quand des petits feraient l’affaire.
Par exemple, utilisez «beaucoup» plutôt que «de nombreux», «faire» plutôt que «effectuer» et «exiger» plutôt que «nécessiter». En parlant de sujets techniques, utilisez pour les explications un langage courant plutôt qu’un jargon technique.
- Conseil no 4 :Utilisez des contractions[en anglais].
Le discours normal est informel. Par exemple, il utilise des contractions du genre “can’t”, “aren’t”, “wouldn’t” plutôt que “can not”, “are not” et “would not.”
- Conseil no 5 :Utilisez des verbes actifs et une forme active.
Bannissez des mots comme «est» et «sont». En outre, vérifiez le mot «étant» et réécrivez le texte pour vous en débarrasser. Insérez des verbes qui font quelque chose, des verbes qui décrivent une action du genre «labourer», «courir», «soulever», etc. Utilisez la forme «active» plutôt que la forme «passive». «L’agriculteur laboure le sol» est un exemple de forme active. «Le sol est labouré par l’agriculteur» est un exemple de forme passive.
- Conseil no 6 :Surveillez les «similitudes sonores» et les autres choses difficiles à entendre.
Le discours naturel regroupe certains mots, surtout quand on rencontre des combinaisons voyelle/consonne. Par exemple, un annonceur radio a dit: «Vous parlez, madame». À la radio, cela ressemblait beaucoup à: «Vous partez, madame.» Message assez différent!
- Conseil no 7:Faites tout particulièrement attention à votre première ligne.
Lapremière lignea pour rôle de séduire les auditeurs pour les inciter à écouter. Vous devriez insinuer ce qui va arriver mais sans révéler tout. La première ligne donne également le ton pour le texte. Alors qu’un lecteur peut se lever et revenir à un article si la première phrase ne le captive pas, un auditeur qui se lève peut ne pas revenir.
- Conseil no 8 :Gardez les idées intactes.
Ne séparez pas les sujets et les verbes. Comparez ces trois phrases :
- Sakala Afumba, fondateur et coordonnateur de la Coopérative de producteurs de maïs de la Zambie, dit que le marché du maïs est prospère.
- Le fondateur et coordonnateur de la Coopérative de producteurs de maïs de la Zambie, Sakala Afunmba, dit que le marché du maïs est prospère.
- Sakala Afumba est le fondateur et coordonnateur de la Coopérative de producteurs de maïs de la Zambie. Il dit que le marché du maïs est prospère.
Sakala Afumba est perdu dans la première phrase. Les deux phrases suivantes expriment la même idée sans perdre de vue de qui on parle ni qui il est.
7. Reconsidérer l’arc narratif
Maintenant que vous avez rédigé un énoncé pivot, effectué quelques recherches documentaires et enregistré quelques entrevues, vous êtes prêt à écrire votre texte ou aperçu. Ensuite, vous l’utiliserez pour réaliser une émission sur la santé du bétail.
Prenez un moment pour reconsidérer l’arc narratif. Assurez-vous de connaître le début de l’histoire. Assurez-vous de savoir exactement où commence le «virage» de l’histoire, la rencontre ou le conflit qui change le statu quo et déclenche l’action dans le reste de l’histoire. C’est le milieu de l’histoire. Et assurez-vous de connaître la fin de l’histoire. Si l’une de ces trois parties n’est pas claire, vous devrez modifier le pivot de l’histoire ou recueillir davantage de renseignements.
Par dessus tout, n’oubliez pas qu’une bonne émission de radio raconte une bonne histoire.
Bonne chance!
8. Autres renseignements sur la santé du bétail
Organismes
GALVmed :http://www.galvmed.org/
Heifer International :http://www.heifer.org/
ILRI (Institut international de recherche sur l’élevage) :http://www.ilri.org/
OMSA (Organisation mondiale de la santé animale) :https://www.woah.org/fr/accueil/
Documents
Alders, Robyn et Peter Spradbrow, 2001.Controlling Newcastle Disease in Village Chickens: A Field Manual.http://www.smallstock.info/reference/ACIAR/Newcastle/ND.pdf
FAO, 1994.Manuel pour les agents vétérinaires communautaires.http://www.fao.org/docrep/T0690F/T0690F00.htm
Forse, Bill, 1999.Where there is no Vet. Londres : MacMillan Education.
Kusiluka, Lughano et Dominic Kambarage, 1996.Diseases of small ruminants: a handbook.http://www.smallstock.info/research/reports/R5499/Diseases-of-Small-Ruminants.pdf
Site Web “Smallstock in Development” : Small livestock health.http://www.smallstock.info/info/health.htm