Notes au radiodiffuseur
Au Togo, le cours inférieur de la rivière Zio située entre les localités de Tonoukouti et Fidokui non loin de Lomé, capitale du pays, était exposé chaque deux années à des phénomènes cycliques d’inondations. Contre toute attente, ces dernières années, une perturbation du cycle a occasionné des inondations prématurées ayant occasionné l’érosion des berges, la dégradation de l’écosystème fluvial et la perte de la végétation naturelle.
Pour y faire face, une initiative innovante a été mise en place pour permettre à 22 communautés de recevoir le soutien du programme d’investissement de résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest WACA (West Africa Coastal Areas). Il vise au départ à reboiser 40 hectares le long du cours d’eau afin de renforcer la lutte contre l’érosion, tout en soutenant les agriculteurs locaux que les changements environnementaux affectent.
Ce texte radiophonique présente la manière dont ces communautés stabilisent les berges, reboisent et protègent la biodiversité. Il donne la parole à trois acteurs : Madame Adjo Sename, une habitante de Tonoukouti directement touchée par les conséquences de la dégradation des berges du fleuve Zio. Ensuite, Monsieur Sylvain Akati, directeur exécutif de l’ONG Action des Jeunes pour le Développement Intégral. Et enfin, Monsieur Sébastien Balouki, expert en reboisement et technicien en gestion des ressources naturelles. Ensemble, ils partageront leurs expériences et leurs visions pour un avenir plus durable le long des berges du Zio.
Pour produire une émission similaire sur le reboisement des berges d’un fleuve face à l’érosion, vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre émission régulière, vous pouvez choisir des acteurs et des actrices ou des animateurs et des animatrices pour représenter les personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix d’acteurs et d’actrices ou d’animateurs et d’animatrices et non celles des véritables personnes interviewées.
Si vous souhaitez créer des émissions sur le reboisement des berges d’un fleuve face à l’érosion, entretenez-vous avec une survivante de l’érosion des berges, un expert en technique de reboisement et un environnementaliste. Vous pourriez par exemple, poser les questions suivantes à vos interlocuteurs :
- Quelles peuvent être les conséquences d’une érosion des berges sur les populations proches et l’environnement?
- De quels voies et moyens disposent les populations pour lutter contre les inondations?
- Quels rôles les ONG et le gouvernement peuvent-ils jouer dans cette lutte?
Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.
Texte
MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ
Nous allons nous entretenir avec trois personnes ressources. La première s’appelle Monsieur Sylvain Akati. Il est le directeur exécutif de l’ONG Action des Jeunes pour le Développement Intégral et porteur du projet dans la localité de Tonoukouti. Il nous expliquera le rôle qu’il a joué dans ce projet de reboisement.
Ensuite, nous aurons un entretien avec Madame Adjo Sename, une habitante de Tonoukouti directement touchée par les conséquences de la dégradation des berges du fleuve Zio. Elle fera un témoignage et expliquera comment sa communauté fait face aux défis environnementaux liés à l’érosion et aux inondations, tout en s’impliquant dans le projet de reboisement.Enfin, nous recevrons Monsieur Sébastien Balouki, expert en reboisement et technicien en gestion des ressources naturelles. Avec lui, nous aborderons le même sujet mais sous l’angle de la stabilisation des berges et de la préservation de la biodiversité locale.
SFX : INDICATIF SONORE
Ces arbres ont été choisis pour leur résistance aux inondations et leurs capacités à stabiliser les sols. Ce qui est essentiel pour préserver l’écosystème des berges dans les villages de Tonoukouti et de Frikpui. De plus, ils contribuent à la restauration de la biodiversité tout en jouant un rôle dans la régulation des cycles hydrologiques locaux, c’est-à-dire la circulation continue de l’eau entre la surface terrestre, l’atmosphère et les eaux souterraines par le biais de processus tels que l’évaporation, la condensation, les précipitations et l’infiltration.
L’introduction de ces espèces permet non seulement de protéger les berges, mais aussi de soutenir la résilience des écosystèmes face aux changements climatiques.
L’érosion des berges du fleuve Zio a commencé à affecter les communautés locales il y a environ deux décennies. Chaque année, plusieurs mètres de terres sont perdus, et à ce jour, on estime que plusieurs dizaines d’hectares de terres agricoles et résidentielles ont été englouties, avec une accélération notable au cours des dix dernières années, notamment durant les saisons de pluies intenses.
Les effets visibles de l’érosion ont commencé au début des années 2000. Mais les dégâts sont devenus réellement préoccupants vers 2010, avec une amplification des glissements de terrain et l’affaissement des berges qui compliquent l’accès aux infrastructures essentielles comme les écoles et les centres de santé. Aujourd’hui, l’érosion continue de fragiliser les habitations et de créer une précarité grandissante pour les familles riveraines.
Ensuite, il y a la menace constante que l’érosion emporte nos maisons. La situation rend difficile la planification à long terme, car nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve. Enfin, la perte de biodiversité dans la région, due à l’érosion, impacte nos ressources naturelles.
À long terme, les inondations et l’érosion affectent gravement notre santé. Les enfants, en particulier, souffrent de maladies liées à l’eau contaminée, comme la diarrhée. Les adultes, eux, sont souvent atteints de problèmes respiratoires en raison de l’humidité constante et des moisissures qui se développent dans nos maisons inondées. Le stress constant dû à la peur de perdre nos maisons et nos terres affecte aussi notre bien-être mental et notre qualité de vie.
À présent, les effets positifs de l’initiative sont visibles : les arbres s’enracinent solidement, renforçant la stabilité des berges. Par ailleurs, les jeunes de la communauté montrent un engagement croissant envers les enjeux environnementaux, renforçant ainsi la durabilité des actions.
Cette végétation a aussi favorisé le retour de certaines espèces de faune locale, comme les oiseaux et les petits mammifères, qui profitent des arbres pour nicher et se nourrir. De plus, la qualité du sol s’est améliorée, avec une meilleure rétention de l’humidité, ce qui aide à préserver les terres agricoles autour des berges.
Ensuite, la sélection des espèces végétales est essentielle. Nous devons privilégier des espèces endémiques, c’est-à-dire des plantes locales adaptées au climat et aux conditions du sol, qui ont un système racinaire profond pour stabiliser efficacement les berges. L’implantation d’une végétation diversifiée, avec des arbres, des arbustes et des herbacées, favorise également la résistance de l’écosystème en cas d’inondation. Enfin, la gestion à long terme de ce reboisement est indispensable : un suivi régulier, l’entretien des jeunes plants, ainsi que l’implication continue des communautés locales sont des conditions sine qua non pour assurer la durabilité du projet.
Dans ces cas, la simple plantation d’arbres n’était pas suffisante. Nous avons donc dû recourir à des techniques de stabilisation physique, comme l’utilisation de gabions, qui sont les cages métalliques remplies de pierres pour renforcer les zones les plus critiques avant d’y effectuer le reboisement.
Un autre défi a été la variabilité climatique, avec des périodes de sécheresse prolongée qui compromettent la survie des jeunes plants. Pour y remédier, nous avons mis en place un système d’irrigation à petite échelle utilisant l’eau de la rivière, ainsi que des pratiques agro-écologiques pour améliorer la rétention d’eau dans le sol.
L’implication des communautés locales a également permis de surmonter certains obstacles. Elles ont aidé à surveiller et à entretenir les plants. Ce qui a renforcé la résilience du projet face aux contraintes climatiques.
berges est essentielle pour garantir la durabilité des initiatives de restauration écologique. Elles jouent un rôle clé dans la pépinière, la plantation et l’entretien des arbres, tout en sensibilisant les communautés à la protection des ressources naturelles. Grâce à leur proximité avec les écosystèmes locaux, elles favorisent la transmission des bonnes pratiques de conservation et assurent un suivi rigoureux des plantations. Cependant, pour renforcer leur participation, il est crucial de leur offrir des formations techniques et un accès aux ressources, afin qu’elles puissent pleinement contribuer à la résilience des écosystèmes et à la lutte contre l’érosion des berges.
En reboisant les berges et en renforçant les capacités locales de gestion durable des terres, nous réduisons considérablement l’érosion et limitons les inondations.
Le couvert végétal empêche la dégradation des sols. Il régule aussi le cycle hydrologique, facilitant la rétention d’eau dans le sol et réduisant les pics de crues.
Par ailleurs, une gestion durable des ressources implique aussi la réduction des pratiques agricoles destructrices qui exacerbent l’érosion. Exemple de la culture sur brûlis ou le défrichage intensif. L’éducation environnementale et l’implication des communautés locales jouent également un rôle majeur. Elles permettent de pérenniser les efforts de conservation, garantissant que les générations futures puissent vivre dans des conditions écologiques stables.
Chers auditeurs et auditrices, nous sommes au terme de notre émission de ce jour. Les localités de Tonoukouti et Fidokui à Lomé font face à des défis croissants d’érosion des berges et de dégradation de l’écosystème fluvial. Ces situations affectent les populations locales dans leur pratique agricole. Prenant leur destin en mains, les communautés affectées, notamment les femmes et les jeunes, se sont mobilisés pour mener une riposte à la hauteur de leur capacité. Cela passe par la plantation de certaines espèces végétales et d’autres actions à l’origine de certaines formations reçues.
Face aux avancées enregistrées, ces communautés œuvrent à intensifier les actions. Elles auront besoin de meilleures formations, d’accompagnement des pouvoirs publics et des moyens financiers nécessaires pour continuer durablement dans cette lutte.
C’est sur ces mots que prend fin l’émission de ce jour. Je vous remercie pour votre écoute. Merci à mes invités pour leur disponibilité et à bientôt pour une prochaine émission.
Acknowledgements
Rédigé par : Hector Sann’do Nammangue, journaliste scientifique à Vert-Togo
Révisé par : Sareme Gebre, Spécialiste des solutions fondées sur la nature, Radios Rurales Internationales.
Sources d’information :
Sylvain Akati, directeur exécutif de l’ONG AJEDI, 29 juillet 2024.
Adjo Séname, victime de l’érosion des berges, originaire de Tonoukouti, 29 juillet 2024.
Sébastien Balouki, expert en reboisement et technicien en gestion des ressources naturelles, 28 juin 2024.
Information sources
- TOGOFIRST du 23-01-2024- Titre de l’article : WACA Resip : les berges de la rivière Zio restaurées : https://www.togofirst.com/fr/agro/2301-13306-waca-resip-les-berges-de-la-riviere-zio-restaurees
- Rapport sur l’environnement 2020-2022 présentant une photographie des principaux enjeux environnementaux et de développement durable auxquels le Togo fait face : https://tg.chm-cbd.net/documents/rapport-sur-letat-de-lenvironnement-du-togo