Notes au radiodiffuseur
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On estime que, chaque année, plus d’un million d’enfants sont exploités et deviennent des victimes du travail des enfants. L’Organisation internationale du Travail (OIT) estime que partout dans le monde 246 millions d’enfants sont victimes du travail des enfants; de ce nombre, 186 millions sont âgés de moins de 15 ans. Certaines formes de travail sont acceptables et sont des expériences positives pour les enfants. Par contre, le travail des enfants exploite ces derniers et leur nuit physiquement ou psychologiquement. Le travail des enfants est une agression et une injustice. Le travail des enfants prive les enfants de leur jeunesse et de leur éducation. Même s’il est vrai qu’un certain nombre d’adultes exploitent les enfants volontairement, d’autres le font parce qu’ils ne sont pas conscients qu’ils mettent en péril la santé physique ou mentale des enfants.
Le texte suivant vise à sensibiliser les auditeurs adultes sur les questions liées au travail des enfants en racontant l’histoire de plusieurs enfants qui ont été exploités. De plus, vous pouvez vous renseigner et raconter d’autres histoires d’enfants qui vivent dans votre région. D’autres textes de la présente pochette ont pour but d’aider à lutter contre l’exploitation des enfants en faisant la promotion de l’éducation des enfants. Des émissions de radio qui visent à réduire la pauvreté jouent aussi un rôle important; la pauvreté est la cause première du travail des enfants.
Les témoignages des enfants devraient être lus par des enfants. Nous vous invitons à travailler en compagnie de jeunes acteurs de votre communauté qui peuvent lire les textes avec expression. Invitez les interprètes à travailler leurs textes à l’avance et permettez-leur de se familiariser avec le microphone. Si possible, enregistrez le texte à l’avance pour couper les erreurs du texte.
Si vous désirez créer d’autres émissions traitant de cette question, vous pouvez réaliser une émission sur les droits de l’homme qui s’appliquent aux enfants. La Convention relative aux droits de l’enfant est un accord international qui dresse la liste des droits des enfants où qu’ils se trouvent. La Convention a été ratifiée par 191 pays. Deux conventions de l’OIT abordent aussi le problème du travail des enfants : la Convention (no 138) de l’OIT sur l’âge minimum d’admission à l’emploi et la Convention (no 182) de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants. Un grand nombre de pays ont ratifié ces conventions. Si le pays dans lequel vous vivez a ratifié une ou plus d’une de ces conventions, il doit assumer ses responsabilités; si le pays n’a pas ratifié les conventions, vos émissions inciteront peut-être les gouvernements à franchir cette étape.
Texte
Shahid, Rupinder, Sunita, Manu :
anciennes victimes du travail des enfants
ANIMATEUR
– [Bonjour/Bonsoir]. Bienvenue à l’émission [titre de l’émission]. Au cours des [derniers jours/dernières semaines], nous avons discuté d’un nombre de problèmes auxquels les enfants de votre communauté font face. Aujourd’hui, nous allons entendre des témoignages tristes mais vrais, des réalités vécues par des enfants qui habitent dans d’autres parties du monde. Je crois que ce qui rend ces témoignages particulièrement tristes c’est qu’ils sont vrais et qu’un grand nombre d’enfants, y compris des enfants dans nos communautés, ont vécu dans des situations semblables. Ces témoignages traitent du travail des enfants. [Pause]
D’abord, j’aimerais parler du travail des enfants. Il est parfois sain que les enfants travaillent. Travailler aide les enfants à se développer mentalement et physiquement en autant que les travaux ne perturbent pas leur travail scolaire et leurs loisirs. Le travail qu’accomplissent les enfants aide parfois les familles. La plupart des enfants contribuent d’une manière ou d’une autre aux travaux à la maison et dans les champs. Mais parfois le travail nuit aux enfants. C’est ce que nous appelons le travail des enfants – et on devrait interdire ce genre de travail. Les enfants ne doivent pas consacrer un grand nombre d’heures à travailler. Leur travail ne doit pas nuire à leur développement physique, social et psychologique. Le travail ne doit pas voler à l’enfant sa dignité et son estime de soi. Les enfants ne doivent pas travailler dans les rues ou travailler dans d’autres conditions dangereuses. On nuit aux enfants si on ne les paie pas équitablement ou si on leur demande d’assumer de trop lourdes responsabilités. Les enfants ne devraient jamais être vendus à des fins d’esclavage. On doit lutter contre le travail servile et l’industrie du sexe. (Pause)
Écoutons maintenant les témoignages des enfants. Des acteurs racontent les histoires – mais les mots sont des mots écrits par des enfants et les témoignages sont des histoires vraies. Écoutons d’abord Shahid, un garçon vendu comme esclave.
SHAHID
– Je m’appelle Shahid. J’ai 13 ans. Un jour, à l’âge de 5 ans, alors que je jouais devant ma maison, un homme est venu parler à ma soeur. Ma soeur a participé à mon enlèvement. L’homme m’a amené au loin et il m’a gardé dans une maison pendant quatre mois. Il m’a ensuite mis à bord d’un avion destiné vers un pays étranger. On m’a vendu à un homme qui m’a engagé comme jockey de chameau. Au début, je devais surveiller les chameaux. On m’a ensuite formé pour conduire les chameaux pendant les courses, mais je n’étais pas payé pour mon travail. On me donnait à peine de quoi manger, alors j’étais toujours affamé. Quand je demandais de la nourriture, on me frappait.
J’étais tout petit à l’époque. Mais à mesure que je grandissais, je n’étais plus assez mince pour accomplir le métier de jockey. On m’a donc renvoyé dans mon pays. Les policiers m’ont arrêté et ils m’ont mis en prison. Quelques mois plus tard, on m’a amené dans le refuge où je vis présentement. Je reste ici parce que je peux aller à l’école. Ma mère vient parfois me voir. J’aimerais devenir un artiste et construire une maison pour ma mère.
ANIMATEUR
– Shahid vous a raconté son histoire. C’est un cas extrême. Mais vous serez surpris d’apprendre qu’il y a, partout dans le monde, près de 6 millions d’enfants qui doivent travailler dans des conditions atroces : travail forcé, esclavage et travail servile. Il y a un grand nombre d’autres enfants qui sont forcés de travailler dans des conditions inéquitables ou dangereuses. Écoutons maintenant l’histoire de Rupinder.
RUPINDER
– Je m’appelle Rupinder et j’ai 13 ans. Mes parents travaillent dans une plantation de café. Quand j’étais petit, je suis allé à l’école pendant deux ans. Mais à l’âge de 8 ans, mes parents m’ont dit que je devais rester à la maison pour m’occuper de mes jeunes frères et de mes jeunes soeurs. À l’âge de 10 ans, j’ai commencé à travailler dans la plantation de café pendant la récolte. Je travaillais de 6 heures à 22 heures. Un jour, pendant que je travaillais, je me suis blessé le bras. Je ne pouvais plus travailler dans la plantation. Comme je ne pouvais plus travailler, mes parents n’avaient plus les moyens de me garder à la maison. J’ai donc emménagé en ville. Je croyais pouvoir trouver un emploi. Mais je ne peux pas lire ou écrire, c’est donc très difficile de trouver du travail. J’aimerais vraiment aller à l’école et devenir ingénieur ou constructeur de bâtiments.
ANIMATEUR
– Je suis certain que vous connaissez tous quelqu’un qui a dû quitter l’école pour aider sa famille. C’est une décision très difficile à prendre. L’histoire de Rupinder illustre ce qui peut arriver à des enfants, encore jeunes, qui sont forcés de travailler. Rupinder s’est peut-être blessé parce qu’il était trop jeune pour accomplir un travail aussi difficile. Il ne peut maintenant pas se trouver d’emploi parce qu’il a quitté l’école trop tôt. Voilà un sujet qui donne à réfléchir.
Beaucoup d’enfants se rendent dans les villes parce qu’ils croient qu’ils ont plus de chances de se trouver un emploi que dans les villages ou les régions rurales. Mais écoutons maintenant l’histoire de Sunita. Nous apprendrons ce qui peut arriver aux enfants qui se retrouvent en ville sans leurs familles pour les protéger.
SUNITA
– Je m’appelle Sunita et j’ai 15 ans. Après le décès de mon père, ma belle-mère m’a forcée à quitter l’école. Je suis allée travailler à l’hôpital où j’ai rencontré Bishal dont je suis devenue amoureuse. Je voulais l’épouser. J’ai accompagné Bishal qui se rendait en ville pour rendre visite à sa soeur. Mais une fois en ville, il m’a roulée. Je me suis retrouvée dans une pièce sombre. Quand j’ai demandé ce qui s’était passé, on m’a dit que j’avais été vendue à une maison de prostitution. Je n’ai jamais revu Bishal. Le lendemain, j’ai commencé à travailler dans la maison de prostitution. Je travaillais de 6 heures à 23 heures. Si je refusais de travailler, on me frappait et on me privait de nourriture. Chaque jour, je devais avoir des rapports sexuels avec près de 20 clients. La plupart des hommes ne voulaient pas utiliser de préservatifs. Je suis donc tombée enceinte.
La tenancière m’a forcée à avorter au bout de 7 mois de grossesse. J’étais très malade, mais je devais continuer d’avoir des rapports sexuels avec les clients. (Pause) Je me suis enfuie quand une des filles a demandé à un de ses clients de nous aider à nous évader. Quand je suis retournée chez nous et que les gens ont su ce qui m’était arrivé, ils m’ont fuie. Aucun membre de ma famille ne voulait me parler. Je suis donc venue en ville et je vis maintenant dans un refuge. Je vais à l’école à temps partiel.
ANIMATEUR
– Heureusement, Sunita s’est enfuie de la maison de prostitution. Il est dommage qu’elle ne puisse pas retourner vivre dans sa famille mais elle est chanceuse d’avoir trouvé un refuge où elle peut vivre tout en allant à l’école. Écoutons maintenant Manu qui travaille au refuge.
MANU
– Je m’appelle Manu et je travaille avec les enfants au refuge. J’ai 21 ans. À l’âge de 6 ans, j’ai commencé à travailler dans une usine où l’on fabriquait des vêtements. Il y avait beaucoup d’enfants dans ma famille et mes parents n’avaient pas les moyens de nous envoyer à l’école. On m’a donc envoyé à la ville pour travailler. Un de mes voisins avait donné à mes parents l’adresse d’un homme qui vivait en ville. L’homme m’a amené à l’usine. J’y ai travaillé pendant 6 ans. Quand j’ai eu 12 ans, on a passé une loi qui interdisait aux enfants de travailler à l’usine. Je n’avais plus d’emploi mais j’ai réussi à terminer mes études. Je travaille maintenant au refuge. J’essaie d’aider des enfants qui ont souffert comme j’ai souffert.
ANIMATEUR
– Vous avez entendu les témoignages des enfants. Leurs familles étaient incapables de les protéger et parfois elles les ont même expulsés. Mais les choses peuvent se passer autrement. Écoutons ce que les enfants ont à dire aux familles pour éviter que d’autres enfants soient exploités.
SHAHID
– D’abord, les parents doivent comprendre que les enfants ont aussi des droits. Les enfants ont le droit d’être des enfants – on ne doit pas les forcer à accomplir le travail d’un adulte. Les enfants ont le droit d’aller à l’école. Les enfants ont aussi le droit de jouer. Ils ne sont pas toujours tenus de travailler.
SUNITA
– Je crois que les parents doivent savoir qu’il existe différentes façons de vendre les enfants et de les exploiter comme ouvriers. Les trafiquants d’enfants sont très habiles et très rusés. Ils réussissent parfois à convaincre les parents en leur promettant que leurs enfants auront une vie meilleure ou un meilleur emploi à la ville ou même dans un autre pays. Mais ces promesses sont souvent mensongères. Les parents doivent effectuer des recherches. Ils doivent en savoir plus sur la personne qui leur fait des promesses. Les enfants finissent souvent par devenir des esclaves, battus et malheureux. Ils ne sont plus vraiment des enfants.
RUPINDER
– Je sais que la situation des parents qui n’ont pas assez d’argent ou qui ont beaucoup d’enfants est très difficile. Je comprends que les enfants des familles vivant dans des villages doivent parfois travailler dans la ferme. Je comprends que si les enfants ne travaillent pas, la famille ne pourra pas se nourrir. Mais voilà ce qui est important : comment les enfants sont-ils traités? Sont-ils maltraités? Leur demande-t-on d’accomplir des tâches qui leur nuisent? Vont-ils à l’école même à temps partiel? Si un enfant qui travaille ne va pas à l’école, adulte, il ne sera pas instruit et il sera pauvre. Ses enfants seront aussi pauvres. La situation ne changera jamais. Les parents devraient toujours songer à l’éducation. L’éducation c’est la clé qui permet d’accéder aux autres droits.
MANU
– L’an dernier, je me suis marié et mon épouse est enceinte. Je me suis juré que je permettrais à mon fils ou ma fille de profiter pleinement de son enfance. Mon épouse et moi ferons tout ce que nous pouvons faire pour nous assurer que nos enfants n’ont pas à travailler comme je l’ai fait. Nous ferons tout ce que nous pouvons faire pour que nos enfants aillent à l’école. Mais, seuls, les parents ne peuvent pas protéger les enfants. Les communautés doivent agir ensemble. Elles doivent s’entraider pour lutter contre l’exploitation des enfants. Les gouvernements doivent aider les familles pour que les enfants puissent aller à l’école. On doit construire un plus grand nombre de refuges pour les enfants qui ont fui une situation difficile. On doit aussi offrir aux enfants des programmes de formation pour qu’ils apprennent un métier qualifié.
ANIMATEUR
– Sans l’aide de l’État, les parents ne peuvent pas lutter contre le travail des enfants. Les gouvernements ont beaucoup à faire dans ce domaine. Il est important de légiférer pour limiter le travail que peuvent accomplir les enfants – même les travaux à accomplir à la maison ou dans les champs. On doit respecter les lois en vigueur. Les entreprises doivent garantir qu’elles n’embaucheront pas d’enfants dans des conditions qui violent leurs droits fondamentaux. Nous pouvons tous faire pression sur les gouvernements pour qu’ils s’assurent que chaque enfant a le droit à une éducation de base gratuite et à une véritable enfance.
Acknowledgements
Collaboration : Vijay Cuddeford, North Vancouver, Canada.
Révision : Joost Kooijmans, Organisation internationale du Travail – Programme international pour l’élimination du travail des enfants, Genève, Suisse.
Information sources
Organisation internationale du Travail – Programme international pour l’élimination du travail des enfants. Tél. : +41.22.799.8181, téléc. : +41.22.799.8771 ou adresse électronique : ipec@ilo.org
Trafic des enfants: témoignages. Programme international pour l’élimination du travail des enfants.
Mudbhary, Diksha. « Peer Intervention in Nepal: a Model of Empowerment« . ECPAT International Newsletters.
La situation des enfants dans le monde 1997. Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
Popular Participation Towards Ending Child Labour. African Network for the Prevention and Protection Against Child Abuse and Neglect (ANPPCAN). ANNPPCAN, Komo Lane, Off Wood Avenue, PO Box 1768, 00200 – City Square, Nairobi, Kenya. Tél. : 254 2 573990/576502. Adresse électronique : anppcan@africaonline.co.ke
The impact of discrimination on working children and on the phenomenon of child labour. NGO Group for the CRC Sub-Group on Child Labour, 2002.
Advancing the Campaign Against Child Labour: Efforts at the Country Level. US Department of Labor, Bureau of International Labor Affairs, 2002.
Convention relative aux droits de l’enfant, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.