Pratiques de restauration des sols et détermination des communautés : Le cocktail pour vaincre la dégradation des sols

EnvironnementGestion de l'eauSolutions fondées sur la nature

Notes au radiodiffuseur

Le Burkina Faso est un pays d’Afrique de l’ouest de 23 millions d’habitants dont 82 % est très active dans le secteur agricole. Mais la fertilité des sols est une question cruciale en raison de son impact direct sur la sécurité alimentaire et la stabilité économique. Toutefois, plusieurs communautés s’investissent dans la lutte contre la dégradation de leurs sols.

À Complan, un village du sud-ouest du pays, il a été adopté une approche de gestion du bassin versant pour lutter contre la dégradation des sols. Ayant reçu le soutien du Programme de développement de l’agriculture de la Coopération allemande (PDA/GIZ), cette initiative intègre des techniques telles que la méthode des trois pierres avec végétalisation, la production de fumure organique, la reforestation et la gestion durable de l’eau. Choisies pour leur efficacité à restaurer la fertilité du sol et leur durabilité, ces pratiques augmentent l’équilibre écologique et les rendements agricoles.

Cet effort revêt une importance particulière pour les femmes du village, activement impliquées et motivées par la nécessité de sécuriser l’alimentation des générations futures. Ce texte radiophonique vise à mettre en lumière l’effort collaboratif des habitants de Complan pour améliorer la fertilité du sol à travers des pratiques spécifiquement choisies pour leur impact positif et durable, soulignant ainsi l’engagement de toute une communauté vers un développement agricole responsable et durable.

Ce texte donne la parole à quatre acteurs identifiés. Ce texte n’est pas une traduction mot pour mot des propos des interviewés. Nous l’avons légèrement modifié pour couvrir l’ensemble des informations clés sur le sujet du texte radiophonique.

Pour produire une émission similaire sur les pratiques de restauration des sols, vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre programme régulière, vous pouvez choisir des acteurs.trices vocaux.ales ou des animateurs.trices pour représenter les personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix d’acteurs.trices ou d’animateurs.trices et non celles des véritables personnes interviewées.

Si vous décidez de vous inspirer de ce texte radiophonique pour créer votre propre émission, vous pourriez vous entretenir avec des agriculteurs.trices et des experts, et leur poser les questions suivantes :

  • Qu’est-ce qui a causé la dégradation des sols dans votre région?
  • Lequel des moyens d’adaptation décrits dans ce texte êtes-vous capable de mettre en œuvre? Pourquoi ou pourquoi pas?
  • Quels sont les impacts de la mise en œuvre des pratiques décrites dans le texte dans votre communauté?

Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.

Texte

MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ

ANIMATEUR.TRICE:
Nous sommes à Complan, un des 22 villages de la commune urbaine de Dano située au Sud-Ouest et à près de deux cent soixante-dix kilomètres (270 km) de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Complan signifie en langue locale Dagara « l’eau blanche ». Les premiers habitants de la localité ont constaté que l’eau était blanche comme la couleur du sol. Le village est une vaste plaine fortement érodée par l’eau de ruissellement. Plusieurs agriculteurs et agricultrices ont abandonné leurs champs à cause de cette dégradation avancée.

Mais depuis quelques années, les agriculteurs et agricultrices ont reconquis leurs champs dégradés grâce à plusieurs méthodes dont celle des «trois pierres avec végétalisation». De plus, ils et elles ont investi dans la production de fumure organique et la reforestation avec l’aide de différents partenaires dont le Programme de développement de l’agriculture de la Coopération allemande (PDA/GIZ).

Pour l’émission, nous avons en plateau quatre invités à savoir: Bienvenue SOMDA, président du groupement des productions de son village, Yiza SOMÉ et Winchou DABIRÉ, toutes deux productrices ayant participé à la restauration des sols et PODA Novant, Coordonnateur du PDA. Bienvenue dans votre émission.

MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ

ANIMATEUR.TRICE:
Nous commençons avec Bienvenue Somda, président du groupe de travail villageois dans le cadre de la restauration des sols. Bienvenue Somda, dites-nous quel était l’état de dégradation de votre environnement?

SOMDA BIENVENUE:
Nos sols étaient fortement dégradés parce que nous ne pratiquions pas la rotation des cultures. De plus, beaucoup utilisaient de façon abusive les herbicides dont malheureusement certains ne sont pas homologués. Les autorités gouvernementales ont raison de dire qu’environ 70 % des pesticides utilisés ne sont pas homologués. Beaucoup de personnes ont abandonné leurs champs au profit de l’émigration vers les pays voisins. Mais depuis une dizaine d’années, le village a entrepris de restaurer ses terres grâce aux cordons pierreux à la fumure organique et à la reforestation.

ANIMATEUR.TRICE:
Madame Dabiré Winchou en tant que productrice, avez-vous facilement accepté d’adhérer à l’initiative de restauration de vos sols?

DABIRE WINCHOU:
Tout le village a adhéré à l’initiative parce qu’elle allait de son salut. Les cordons pierreux ont sauvé nos terres en les régénérant et en redonnant le sourire aux producteurs et productrices parce qu’ils pouvaient avoir maintenant à manger à leur faim. Par exemple, notre champ est sur une pente. Quand il pleut, tout le sol se lessive. Notre production était très maigre. On peinait à avoir trois sacs de cent kilogrammes (100 kg) de mil. La faim était notre allié. Mais depuis l’aménagement des cordons pierreux et l’utilisation de la fumure organique, le sol a commencé à se restaurer et nous arrivons à récolter six à sept sacs de cent kilogrammes (100 kg). Notre production a donc doublé.

ANIMATEUR.TRICE:
Madame Yiza Somé, votre sœur Winchou parle des cordons pierreux avec conviction. Pouvez-vous nous en dire plus?

SOME YIZA :
Les cordons pierreux sont un dispositif antiérosif en pierres disposées parallèlement à l’inclinaison du terrain. Ils réduisent l’érosion du sol à travers les eaux de ruissellement et retiennent les sédiments qui vont fertiliser le sol dégradé. On les appelle aussi trois pierres du fait de leur construction avec deux pierres de base et une troisième de voûte. A Complan, au-delà du simple dispositif des cordons pierreux, nous avons aussi ajouté leur végétalisation. Cela consiste à planter à la base, des cordons pierreux et des herbes pour les fixer davantage. Nous constatons qu’avec cette méthode, le sol se restaure plus vite, les rendements des cultures augmentent du simple au double. Nous constatons aussi le retour des insectes comme les grillons, les termites et autres. Donc, l’impact de la végétalisation est positif.

ANIMATEUR.TRICE:
Novant Poda, vous êtes le coordonnateur du PDA. Pourquoi avoir choisi des cordons pierreux avec végétalisation pour le village de Complan?

NOVANT PODA:
La levée topographique du sol de Complan nous a révélé parfois de fortes inclinaisons du terrain propices à l’érosion. Le sol était fortement dégradé. Les cordons pierreux nous ont paru nécessaires pour réduire le courant de l’écoulement des eaux. Nous suivons la courbe de niveau à travers les pentes du terrain de la crête à l’impluvium, c’est-à-dire ce qui est supposé être le bassin. La végétalisation améliore la fixation des cordons pierreux et la rétention des sédiments.

ANIMATEUR.TRICE:
Les cordons pierreux sont des dispositifs antiérosifs composés de blocs de pierres disposées en une ou plusieurs rangées le long des courbes de niveaux ou autour d’un champ. Somda Bienvenue, pour vous qui avez coordonné le travail de la pose de ces cordons, quelles sont les étapes à suivre pour mettre en place ce dispositif?

SOMDA BIENVENUE :
On distingue principalement trois étapes avant, pendant et après la pose des cordons pierreux. Avant la pose, nous avons le traçage de la ligne de courbe parallèle à la direction de l’écoulement des eaux suivant la levée topographique. Les producteurs et productrices participent à ce travail pour un transfert de compétences. Ensuite, les producteurs et productrices plantent deux piquets d’une largeur de quinze à vingt centimètres (15-20 cm) sur la ligne. A chaque trois à quatre mètres (3-4 m), ils et elles fixent deux autres piquets pour maintenir l’écartement. Enfin, le groupe de travail à qui la section est attribuée décape le sol en creusant des sillons de trente à quarante centimètres (30-40 cm) de profondeur et de quinze à vingt centimètres (15-20 cm) de large.

ANIMATEUR.TRICE:
Merci pour l’éclairage. Excusez de vous interrompre pour donner la parole à Madame Dabiré Winchou qui a aussi participé à tout le processus. Dabiré Winchou, que retenir de l’étape pendant la pose des cordons pierreux?

DABIRE WINCHOU:
Pendant la pose, il faut d’abord poser deux grosses pierres au fond du trou creusé sur la ligne de courbe. Celles-ci forment la base tandis que la troisième constitue la voûte. D’où le nom de trois pierres. Ensuite, on recouvre les à-côtés de terre pour renforcer la structure. Je voudrais faire une précision. Lorsque nous abordons un creux ou un vallon qui peut avoir un fort taux de ruissellement, nous faisons une construction plus élaborée du cordon qui peut atteindre un à deux mètres de large en fonction de la vitesse d’eau qui y passe. Grâce à cette technique, nous évitons les inondations et l’eau est retenue longtemps dans certains endroits. Ainsi, on a l’impression d’avoir une forêt galerie. A ces endroits, nous avons constaté une recharge de la nappe phréatique. La preuve, lorsqu’une pompe hydraulique est placée dans ces endroits, elle a un fort débit.

ANIMATEUR.TRICE:
Cela nous réjouit de voir l’écosystème se reconstituer. Nous avons appris comment les producteurs et productrices de Complan posent leurs cordons pierreux. Maintenant Somé Yiza, expliquez-nous comment se fait la végétalisation ?

SOME YIZA:
La végétalisation des cordons pierreux consiste à planter des herbes fixatrices à leur base. Elles ont pour rôle de fixer davantage les cordons pierreux en arrêtant les sédiments. Du reste, nous avons remarqué le retour rapide des termites et d’autres insectes avec la végétalisation.

ANIMATEUR.TRICE:
Avec quelles espèces d’herbes avez-vous végétalisé les cordons?

SOME YIZA:
Ce sont des herbes fixatrices et résistantes que l’on retrouve dans le milieu naturel comme le barbon (Andropogon gayanus). De préférence, nous privilégions les herbes vivaces du milieu. Parfois, nous plantons aussi du jatropha qui constitue une sorte de brise-vent.

ANIMATEUR.TRICE:
Somda Bienvenue, de quels matériels a-t-on besoin pour la constructiondes cordons pierreux?

SOMDA BIENVENUE:
Il faut un matériel individuel tel que des pioches et des pics à gaz. Avec ce matériel, chaque membre du groupe de travail effectue sa tâche. En revanche, il faut aussi un matériel collectif, notamment un rouleau de cordes pour le traçage, des piquets, un niveau à eau et une charrette et des camions bennes pour le transport des pierres.

ANIMATEUR.TRICE:
Somda Bienvenue, vous parlez des groupes de travail. Dites-nous comment vous les avez constitués?

SOMDA BIENVENUE:
Les villageois et villageoises aptes physiquement se sont constitués en équipes de dix à quinze personnes, c’est le groupe de travail. Chaque groupe de travail a une certaine distance de cordons pierreux à poser. Il est composé d’hommes de femmes et de jeunes.

ANIMATEUR.TRICE:
M. Novant comment vous avez pu motiver les personnes à adhérer aux groupes étant donné que la construction des cordons pierreux nécessite un effort en termes de temps mais aussi un effort physique?

NOVANT PODA:
Il y a d’abord eu une prise de conscience quant au besoin de restaurer son sol. Ensuite, nous avons apporté une petite rétribution aux groupes de travail selon la longueur et la complexité des ouvrages réalisés. Ce n’est pas un salaire mais juste une petite compensation de vingt-sept mille cinq cent francs (27500 francs Cfa, $46.60 US). Le programme se charge aussi du transport des moellons avec des camions bennes tout au long de la ligne de courbe.

ANIMATEUR.TRICE:
Dabiré Winchou, vous avez bénéficié de cette aide financière, comment l’avez-vous accueilli?

DABIRE WINCHOU:
Elle m’a permis de subvenir à mes besoins immédiats et à ceux de mon époux. J’ai pu acheter un vélo pour mon fils qui devait fréquenter le lycée loin du village. En plus, j’ai le sentiment d’être plus utile à ma communauté en contribuant à réduire la dégradation des sols.

ANIMATEUR.TRICE:
Somé Yiza, votre sœur dit qu’elle se sent plus utile après avoir contribué à réduire la dégradation des sols. Quels sont les impacts de vos actions sur vos productions ou sur l’environnement?

SOME YIZA :
Sur nos productions, les plantes sont plus robustes à cause de l’humus retenu par les cordons. Les épis sont de plus en plus gros. Nous mangeons à notre faim. Sur l’environnement, des herbes poussent sur des sols autrefois dénudés. Une végétation d’arbustes de plus en plus dense se forme autour des cordons pierreux. De façon générale, nos jeunes ne partent plus systématiquement à l’aventure.

ANIMATEUR.TRICE:
Merci à tous mes invités et à vous chers auditeurs et auditrices pour l’écoute. Nous allons observer une brève pause.

MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ

ANIMATEUR.TRICE:
Après l’aménagement des cordons pierreux pour fertiliser et réduire l’érosion de leurs sols, découvrons la production de la fumure organique, une autre technique utilisée par les populations de Complan pour augmenter leurs rendements. M. Somda Bienvenue, quelle technique utilisez-vous pour produire votre fumure organique?

SOMDA BIENVENUE:
Nous utilisons principalement deux techniques de production de fumure organique. Le compost en fosse et celui en tas. Pour le compost en fosse, on a deux grandes phases avec plusieurs sous étapes: la phase de construction et la phase d’entretien. Dans la phase de construction, nous avons le creusage, la construction ou le renforcement des parois et le remplissage.

ANIMATEUR.TRICE:
En quoi consiste réellement la phase de construction?

SOMDA BIENVENUE:
Il faut creuser une fosse de trois mètres carrés avec 1 à 1,30 mètres de profondeur sur un sol dur (cuirasse) à proximité des lieux de parcage des animaux et à plus de vingt mètres (20 m) des concessions et des puits pour éviter les nuisances.

Ensuite, il y a l’étape de la construction. Elle consiste à construire la fosse avec des parpaings de ciment, des pierres sauvages ou des pierres taillées depuis la cuirasse jusqu’en haut de la fosse et à faire un petit rebord autour de la fosse d’au moins cinquante centimètres (50 cm). Il faut appliquer un crépi sur la construction pour consolider les murs.

Et enfin le remplissage. Il consiste à remplir la fosse avec les déjections des animaux déposées, les pailles et tout ce qui peut être décomposé.

ANIMATEUR. TRICE:
Dabiré Winchou, comment se fait l’entretien de la fosse?

DABIRE WINCHOU:
Il faut retourner de temps en temps le fumier avec une fourche ou une pelle pour accélérer la décomposition. Puis, arroser et retourner de nouveau s’il est sec ou tassé après quelques jours. Normalement, le producteur a son fumier au bout d’un mois et il recommence le processus.

ANIMATEUR.TRICE
:
Dabiré Winchou, merci pour cette description. Somda Bienvenue, qu’en est-il de la fosse en tas?

NOVANT PODA
:
Pour le compost en tas, c’est le même cheminement. Mais au lieu de faire une fosse, le producteur trace au sol de l’emplacement de sa fosse d’environ six à neuf mètres carrés (6-9 m²), en fonction de sa capacité à mobiliser les déchets. Il plante des piquets de quatre-vingts centimètres à un mètre (80 cm – 1 m) de hauteur. Au fur et à mesure, il ou elle accumule les déchets dans l’espace ainsi délimité. Quand la quantité est suffisante pour produire un premier cycle de fumure, il ou elle recouvre l’ensemble d’une bâche. Puis de temps en temps, il ou elle arrose et retourne à intervalle de quinze jours.

ANIMATEUR.TRICE:
Le village de Complan produit la fumure organique en fosse et en tas. Somé Yiza, quels sont les avantages et les contraintes de ces deux techniques?

SOME YIZA:
Les deux techniques sont avantageuses. Mais le compost en tas peut être produit au bord du champ avec le résidu de récoltes et des herbes fraîchement fauchées. Quant à la fosse, le producteur ou la productrice la remplit doucement au fur et à mesure avec les déchets ménagers. Les deux techniques ont pour principale contrainte l’indisponibilité de l’eau pour l’arrosage. De plus, il faut transporter le fumier en fosse jusqu’aux champs.

ANIMATEUR.TRICE :
Novant Poda, pourquoi le choix de ces deux techniques de production de fumure organique pour le village de Complan?

PODA NOVANT:
Ces deux moyens de production répondent à un besoin de réduction des coûts de production. Le coût des intrants est cher pour le producteur ou la productrice moyen ou moyenne. En outre en produisant la fumure organique cela participe à la diminution des déchets dans la nature. En définitive, ce sont des techniques de production vertes qui n’utilisent pas de produits chimiques, accessibles pour les producteurs ou les productrices moyens ou moyennes, et qui peuvent être reprises même après la fin du programme.

MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ

ANIMATEUR.TRICE :
L’association des cordons pierreux et la fumure organique permet de restaurer les terres dégradées de façon écologique et d’améliorer les rendements. En plus de cela, les agriculteurs et agricultrices de Complan ont bénéficié d’une autre technique : la reforestation de leurs champs et des espaces non cultivés en brousse. Somda Bienvenue, de quoi s’agit-il au juste?

SOMD BIENVENUE :
Il s’agit de planter dans les champs et en brousse, le maximum d’arbres agro-forestiers très fertilisantes comme le moringa, le néré ou le baobab, l’acacia nilotica et le senégalensis pour soutenir l’effort de restauration. C’est une solution écologique verte sans effet secondaire parce que ces plantes ne sont pas envahissantes.

ANIMATEUR.TRICE:
Dabiré Winchou, que retenez-vous de cette expérience?

DABIRE WINCHO:
Au début, j’ai trouvé l’idée follede planter des arbres sauvages. Pour moi, ces arbres doivent pousser naturellement. De plus, j’avais beaucoup de préjugés parce que traditionnellement, les parents nous disaient que celui qui plante par exemple un baobab ne pourra pas cueillir ses feuilles car il va décéder avant. Mais j’ai constaté que cela n’est pas vrai. Grâce à la reforestation, la brousse verdit et l’écosystème se reconstitue. Nous prélevons même des feuilles et des écorces pour des soins traditionnels.

ANIMATEUR.TRICE:
Novant Poda quel rôle a joué le Programme de développement de l’agriculture dans cette reforestation?

NOVANT PODA :
Le programme a fourni certains plants acquis auprès des pépiniéristes. D’autres ont été récoltées en brousse.

ANIMATEUR.TRICE :
Somé Yiza, quelles sont les retombées de la restauration des sols de votre village?

SOME YIZA:
Avec l’apport de la fumure organique, les plantes supportent le stress hydrique parce que l’humidité dure sous les plantes. Elles sont bien vertes. Et les épis sont plus gros. Notre couple fait des économies en réduisant les coûts des intrants chimiques depuis que nous utilisons la fumure organique. Les arbres comme le moringa que nous avons planté dans notre champ le fertilise davantage. De plus, ces feuilles constituent une source de condiments. Donc, nous avons pu acquérir du matériel comme des charrettes, des ustensiles de cuisine et des effets pour l’habillement des enfants.

ANIMATEUR.TRICE:
Somda Bienvenue, les familles disent avoir eu des avantages avec la restauration. Qu’en est-il de la biodiversité?

SOMDA BIENVEUE:
Les retombées des différentes interventions de restauration des sols à Complan sont visibles à travers la biodiversité du sol. Avant, le sol était sec et nu et ne produisait presque rien. Aujourd’hui, nous avons reconquis des champs abandonnés. La flore et la faune abondent. Nous avons aussi constaté une recharge de la nappe phréatique car nos puits ne sont plus profonds comme auparavant. Nous avons même appris d’autres techniques d’ameublement du sol comme le scarifiage qui consiste à remuer la terre pour la rendre davantage meuble et le ciselage qui est l’ablation d’un certain nombre de branches sur un arbre pour favoriser la croissance des autres. Pour limiter l’action anthropique et animale, nous avons délimité aussi un espace pour en faire une forêt villageoise. Aujourd’hui, c’est notre fierté de voir les bénéfices de la restauration.

ANIMATEUR.TRICE:
C’est réconfortant de voir les producteurs et productrices s’investir à trouver des solutions endogènes à leur problème. Après un engouement pour les cordons pierreux, la fumure organique et la reforestation, les agriculteurs et agricultrices de Complan développent toujours d’autres initiatives pour faire face aux changements climatiques.

Nous allons clore la discussion ici. Je vous remercie pour votre écoute. A mes invités, je leur dis merci pour leur disponibilité. Nous allons nous quitter sur cette note gaie qui salue le travail des agricultrices et agriculteurs.

Au revoir et je serai de nouveau avec vous lors de la prochaine émission.

Acknowledgements

Rédigé par :  Ouabouè Bakouan, Journaliste à Global Média Burkina

Révisé par : Sareme Gebre, Spécialiste des solutions fondées sur la nature, Radios Rurales Internationales.

Information sources

Entretiens et interviews :

Bienvenue SOMDA, président du groupement des productions de son village chargé de superviser la conduite de la pose des cordons pierreux et de la production de la fumure organique. Interview réalisée le 21 mai 2024.

Yiza SOMÉ, productrice ayant participé à l’aménagement de la terre. Interview réalisée le 21 mai 2024.

Winchou DABIRÉ, productrice ayant participé à la restauration des sols. Interview réalisée le 21 mai 2024.

Novant PODA, coordonnateur du PDA. Interview réalisée le 29 mai 2024.

Ressources visitées :

Journal Fasonet.net du 27/11/2021 Atelier national pour l’adoption d’une stratégie de lutte contre l’utilisation des pesticides : https://lefaso.net/spip.php?article109396