Potagers économes en eau : l’eau c’est la vie

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Notes au radiodiffuseur

Il est indéniable que sans eau, aucune vie ne serait possible sur terre. Sans eau, rien ne peut survivre. La désertification prend de l’ampleur à mesure que les pluies diminuent.

L’avenir semble incertain pour la plupart des pays d’Afrique de l’Est. Le changement climatique se traduit par une configuration des pluies de plus en plus aléatoire. Les saisons pluvieuses sont plus courtes, avec souvent des pluies diluviennes. Les pluies intenses peuvent endommager les habitations et les cultures, et ensuite plusieurs jours peuvent s’écouler avant que la prochaine averse de pluie survienne. Les sécheresses sont plus fréquentes, et les cultures et les animaux sont soumis à un stress hydrique.

Les agriculteurs et les agricultrices doivent prendre des dispositions à l’avance. Ils doivent trouver une meilleure façon d’utiliser l’eau qui tombe sur leurs terres. Lorsqu’ils disposent de systèmes leur permettant de recueillir et d’utiliser de manière efficiente les eaux de pluie, cela peut généralement faire toute une différence entre de bonnes récoltes et une insécurité alimentaire.

Le texte radiophonique suivant est tiré d’interviews réalisées avec des agriculteurs, des agricultrices et des experts agricoles de la Tanzanie. Les interviews ont été réalisées avec des gens qui sont habitués à conserver l’eau, près d’Arusha et de Shinyanga. Le texte radiophonique donne des conseils sur la meilleure façon de préparer des potagers et des systèmes de production économes en eau.

Vous pourriez vous inspirer du présent texte pour effectuer des recherches en vue de la rédaction d’un texte radiophonique sur un sujet similaire dans votre région. Sinon, pourquoi ne produiriez-vous pas ce texte dans votre station, en le faisant interpréter par des comédiens et de comédiennes de doublage à la place des intervenants. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit des voix de comédiens de doublage et non celles des personnes avec lesquelles les interviews originales ont été réalisées.

Si vous décidez de vous inspirer de ce texte radiophonique pour créer votre propre émission, vous pourriez vous entretenir avec des agriculteurs et des agricultrices qui utilisent des techniques de jardinage économes en eau dans votre région, ainsi que des spécialistes qui leur prodiguent des conseils. Vous pourriez leur poser les questions suivantes :

La configuration des pluies a-t-elle changé durant ces dernières années? Si oui, comment?

Les nouvelles configurations de pluies ont-elles une incidence sur vos pratiques agricoles?

Les agriculteurs et les agricultrices recueillent-ils les eaux de pluie? Quelles sont les méthodes dont ils se servent?

Par quels moyens les agriculteurs et les agricultrices s’assurent-ils d’utiliser l’eau de manière efficiente?

Comment les agriculteurs et les agricultrices peuvent-ils trouver le matériel dont ils ont besoin pour recueillir l’eau quand il pleut?

Durée estimée du texte radiophonique : 20 minutes, avec la musique d’intro et de sortie

Texte

OUVERTURE EN FONDU DE L’INDICATIF SONORE PENDANT 15 SECONDES POUR DÉMARRER L’ÉMISSION. baisser le volume de l’indicatif sonore sous la voix de l’animateur.

ANIMATEUR:
Bonjour, chers auditeurs et auditrices! Bienvenue à (titre de l’émission agricole) sur (nom de la station de radio). Cette émission est consacrée à une des questions les plus importantes qui préoccupent les agriculteurs de nos jours, à savoir: comment utiliser de manière plus efficiente l’eau dans leurs maisons et leurs champs.

L’eau est indispensable à la vie, sans parler de l’agriculture. Toute forme de vie sur la terre a besoin d’eau. Cependant, les configurations de pluies subissent un changement à mesure que le climat réagit au réchauffement planétaire et aux phénomènes naturels tels qu’El Niño. Certaines régions sont aux prises avec des pluies diluviennes qui surviennent dans un délai court et qui provoquent des inondations localisées.

Toutefois, ici en Afrique de l’Est, de nombreux agriculteurs et agricultrices vivent le contraire. En effet, les pluies se raréfient et sont imprévisibles. Le plus grave, c’est que cette raréfaction des pluies entraîne la désertification. Plusieurs agriculteurs éprouvent de réelles difficultés à trouver suffisamment d’eau pour obtenir de bons rendements.

J’ai rendu visite à deux agriculteurs qui utilisent des techniques de jardinage économes en eau, tels que la collecte des eaux de pluie, la préparation de la terre et l’irrigation. Nous les écouterons plus tard. Mais tout d’abord, j’aimerais accueillir dans le studio (nom du spécialiste), un expert en techniques agricoles économes en eau.

Merci d’être venu aujourd’hui, (insérer le nom ici).

SPÉCIALISTE:
Merci pour l’invitation.

ANIMATEUR:
Aujourd’hui, nous allons voir comment les agriculteurs peuvent mieux utiliser leurs ressources en eau. Peut-être que vous pourriez décrire sommairement quelques éléments clés à nos auditeurs et nos auditrices.

SPÉCIALISTE:
Bien sûr. L’eau est la ressource la plus précieuse des agriculteurs. Plusieurs agriculteurs et agricultrices d’exploitations familiales occupent des terres marginales, c’est-à-dire des terres infertiles, et dont la structure du sol est mauvaise et la pente peut être fortement abrupte. Ils comptent sur la pluie pour cultiver, et sont exposés aux risques de sécheresses et d’inondations. Ainsi, il est indispensable que les agriculteurs trouvent des stratégies pour améliorer la gestion de leurs réserves d’eau.

ANIMATEUR:
Je comprends le risque de sécheresse, mais pourquoi les inondations?

SPÉCIALISTE:
Bien, le problème avec les pluies intenses c’est qu’elles emportent la couche arable à mesure que l’eau dévale la pente. Les agriculteurs et les agricultrices dont les champs sont situés sur une pente plus ou moins abrupte doivent protéger leurs sols contre l’érosion en traçant des courbes de niveau ou des diguettes à travers les champs. Ces derniers peuvent prendre la forme d’un amoncellement de terre ou de sacs de sable ou encore de cordons pierreux. Ce type de structures ralentira la vitesse des eaux de pluie à mesure qu’elles ruisselleront à travers les champs. Cela signifie que le sol demeurera humide plus longtemps, et que, de manière cruciale, les agriculteurs pourront diriger toute l’eau qui aurait pu être gaspillée vers les zones nécessitant de l’eau ou qui aurait pu être conservée pour des besoins ultérieurs.

ANIMATEUR:
Donc, lorsque les agriculteurs réfléchissent à une utilisation plus efficiente de l’eau, ils doivent tenir compte de l’exploitation agricole dans son ensemble.

SPÉCIALISTE:
Oui, absolument. Il existe des moyens simples de recueillir l’eau, mais ce serait beaucoup plus efficace si les agriculteurs mettaient l’accent sur une vue d’ensemble générale de la situation. En considérant la totalité de l’exploitation, et ce, en imaginant les bâtiments et les jardins comme un ensemble, les agriculteurs peuvent utiliser l’eau qui provient du ciel beaucoup plus judicieusement.

ANIMATEUR:
D’accord, commençons par les rudiments. Quelle est la méthode la plus facile pour recueillir les eaux de pluie?

SPÉCIALISTE:
Et bien, l’endroit le plus simple par où vous devez commencer se trouve dans votre maison, ou plus exactement au-dessus.

ANIMATEUR:
Que voulez-vous dire?

SPÉCIALISTE:
La plupart des agriculteurs couvrent leurs maisons avec des toits métalliques ondulés. Lorsqu’il pleut, l’eau dévale du toit vers le sol. En installant des gouttières sous les corniches, ils peuvent ainsi recueillir toute l’eau de pluie dans une cuve de rétention étanche. Idéalement, cette cuve doit être faite en briques et en ciment, avec un robinet et un tuyau de sortie situé près du bas de la cuve.

Il ne faut pas oublier de placer une toile métallique à l’endroit où l’eau pénètre dans la cuve: cela empêchera les feuilles et d’autres objets indésirables provenant du toit de tomber dans la cuve. La cuve doit être également munie d’un couvercle amovible. Ce couvercle réduit les risques de contamination, empêche les moustiques de se reproduire et facilite l’accès aux agriculteurs lorsqu’ils ont besoin de nettoyer la cuve.

ANIMATEUR:
À quelles fins les agriculteurs peuvent-ils utiliser l’eau stockée?

SPÉCIALISTE:
L’eau recueillie peut servir pour la lessive et l’arrosage des plantes situées près de la maison. Il peut servir également pour la cuisine, mais les agriculteurs ne doivent pas oublier de bien nettoyer la cuve avant l’arrivée des pluies chaque saison. Ils doivent également filtrer et faire bouillir l’eau avant de la boire ou l’utiliser pour la cuisson des aliments.

ANIMATEUR:
Cela signifie que les agriculteurs et leurs familles peuvent avoir de l’eau même quand il n’y en a pas dans les environs.

SPÉCIALISTE:
Exactement. Le fait d’avoir une réserve d’eau près de chez eux signifie que les familles peuvent économiser le temps et toute la peine qu’elles se seraient donnée pour faire un aller-retour au point d’eau le plus proche. Plus les agriculteurs peuvent installer de gouttières autour de leurs maisons et d’autres édifices, plus ils pourront recueillir d’eau lorsqu’il pleut.

ANIMATEUR:
D’accord. Dites, quelles autres méthodes simples les agriculteurs et les agricultrices peuvent-ils utiliser pour gérer les réserves d’eau?

SPÉCIALIST:
J’ai mentionné plus tôt que les agriculteurs et les agricultrices devaient faire des amoncellements de terre ou des diguettes à travers les champs situés sur une pente pour ralentir le ruissellement des eaux. S’ils planifient bien les choses, ils peuvent diriger le trop-plein d’eau vers un point situé plus bas au niveau de leur exploitation. À cet endroit, ils doivent creuser une grande fosse pour recueillir l’eau. Ils doivent recouvrir d’argile lourde les parois de la fosse pour empêcher l’eau de s’infiltrer simplement dans le sol.

ANIMATEUR:
Et que peuvent faire les agriculteurs et les agricultrices avec cette eau?

SPÉCIALISTE:
Bon, ils peuvent simplement la conserver jusqu’à ce qu’ils en aient besoin pour arroser leurs potagers. Sinon, ils peuvent l’utiliser pour entreprendre une autre activité.

ANIMATEUR:
Quel type d’activité?

SPÉCIALISTE:
La pisciculture. La pisciculture est un excellent moyen de gagner de l’argent, car la demande pour le poisson est forte, surtout dans les régions arides et enclavées. Si la fosse est assez large, disons qu’elle mesure par exemple quatre mètres sur cinq mètres et qu’elle a une profondeur d’un ou de deux mètres, l’agriculteur ou l’agricultrice peut élever un nombre suffisant de poissons pour gagner un bon revenu. Et, il y a un avantage caché: une fois que le poisson est pris et vendu, l’eau peut toujours servir pour l’arrosage.

ANIMATEUR:
Il suffit de la pomper vers le lieu où on en a besoin. C’est ingénieux!

SPÉCIALISTE:
En effet. Il y a également une autre satisfaction. Lorsque la fosse ne contient plus d’eau, les agriculteurs doivent la nettoyer afin qu’elle soit prête pour les prochaines pluies. Toutefois, la boue entassée au fond de la fosse sera remplie de déchets de poisson et d’autres matières organiques qui constituent un engrais d’excellente qualité! Vous n’avez qu’à le répandre sur vos lits de semence avant de procéder aux semis, et cela améliorera votre sol. La structure du sol sera meilleure, car la quantité élevée de matières organiques fera en sorte que vos lits de semence restent humides plus longtemps, et vous obtiendrez de meilleurs rendements étant donné que la terre contiendra plus de nutriments.

ANIMATEUR:
En ce qui concerne les jardins eux-mêmes, vous nous avez décrit soigneusement un autre aspect de la gestion efficiente de l’eau, à savoir comment mieux utiliser les ressources en eau. Pouvez-vous nous parler de quelques techniques agricoles économes en eau avant que nous écoutions les agriculteurs et les agricultrices que nous avons rencontrés plus tôt?

SPÉCIALISTE:
Il existe plusieurs façons dont les agriculteurs peuvent, soit réduire la quantité d’eau qu’ils utilisent, soit, au moins, l’utiliser de manière plus efficiente. Par exemple: pour les champs de maïs ou de sorgho plus grands, ils pourraient remuer la terre le moins possible lorsqu’ils s’apprêtent à semer les graines. Moins la terre est labourée, plus elle conserve l’humidité. Les agriculteurs et les agricultrices peuvent en réalité semer leurs graines directement dans le sol.

L’efficacité de cette technique dépend en grande partie de la variété de mauvaises herbes qui poussent dans le champ. Toutefois, si l’agriculteur ou l’agricultrice peut patienter jusqu’à ce que les cultures aient bien poussé avant de sarcler, les cultures abriteront le sol du soleil et l’empêcheront de trop s’assécher.

L’autre technique très répandue dans les zones semi-arides consiste à diriger l’eau recueillie vers les champs de sorgho et de millet en creusant des stries très proches les unes des autres entre les rangées de plantes ou les trous de plantation. Les stries ou les trous de plantation reçoivent ensuite et retiennent les eaux de pluie plus longtemps.

ANIMATEUR:
D’accord, mais le temps file très vite. Maintenant, nous allons écouter les agriculteurs et les agriculteurs nous expliquer comment ils mettent des idées comme celle-ci en pratique. Merci pour toutes les informations que vous avez partagées avec nous sur ce sujet.

SPÉCIALISTE:
Je vous en prie. J’aimerais également entendre ce qu’ils font.

ANIMATEUR:
Alors, que font réellement les agriculteurs et les agricultrices dans leurs potagers? Écoutons les interviews que j’ai réalisées plus tôt avec deux agriculteurs dans leurs champs.

EFFETS SONORES:
GAZOUILLEMENT D’OISEAUX, BRUIT D’UNE PERSONNE DANS LE POTAGER

ANIMATEUR:
Je me trouve dans un jardin luxuriant près du village de Nambala, à environ 20 kilomètres à l’est d’Arusha, au nord de la Tanzanie. Je rends visite à Zadok Kitowari qui possède une exploitation où on trouve du maïs et des légumes-feuilles verts, des vaches laitières, des chèvres et des poules. M. Kitowari, comment utilisez-vous l’eau de manière efficiente?

AGRICULTEUR:
Dans le passé, je comptais uniquement sur l’eau de pluie en saison pluvieuse. Mais, je trouvais que mon potager s’asséchait extrêmement lorsque les pluies s’arrêtaient. J’ai suivi une formation offerte par une ONG, durant laquelle on nous a appris qu’en recueillant l’eau de nos toits et en les stockant, on pouvait avoir une source d’eau plus fiable durant l’année.

ANIMATEUR:
Donc vous avez installé des gouttières sur votre toit?

AGRICULTEUR:
Si. En fait, j’ai également construit un petit abri dans mon jardin où j’entrepose les semences et une partie de ma récolte avant de la transporter au marché. J’ai installé des gouttières sur cet abri aussi. Cela signifie que j’ai une réserve d’eau directement dans le jardin où j’en ai le plus besoin.

ANIMATEUR:
Je vois quelque chose d’intéressant là-bas, entre la maison et l’étable. Cela ressemble à un grand sac en toile de jute grossière d’où poussent des choux.

AGRICULTEUR:
En effet, c’est de cela qu’il s’agit effectivement. J’ai rempli le sac avec un mélange de terre et de fumier de compost et l’ai déposé ici, verticalement sur ce plancher surélevé en briques. J’ai fait de petits trous dans le sac dans lesquels j’ai semé des graines dans les ouvertures. Je n’ai plus qu’à arroser le dessus du sac, et l’humidité s’y infiltre directement. C’est un moyen très efficace de produire une culture en termes d’espace, et on a besoin de juste un tout petit peu d’eau.

ANIMATEUR:
Ouah! Vous avez, quoi, dix de ces sacs, contenant chacun différentes cultures. Et ici? S’agit-il d’un lit de semences surélevé?

AGRICULTEUR:
C’est exact. J’utilise la technique dite de «double bêchage» sur tous ces lits de semences. J’ai délimité ces sept lits, qui ont chacun une superficie d’environ un mètre sur trois mètres, et je les ai divisés en des planches d’environ 50 centimètres de largeur sur tout le long du lit, ce qui représente près de six planches pour un lit. Puis, j’ai prélevé les 30 premiers centimètres de terre arable de la première planche et je les ai mis à côté. Ensuite, j’ai creusé plus profondément encore pour extraire une autre couche de 40 centimètres, et j’ai déposé la terre de l’autre côté du lit.

ANIMATEUR:
Qu’avez-vous fait par la suite?

AGRICULTEUR:
Après ça, je suis passé à la prochaine planche. J’ai extrait la couche arable de celle-ci et je l’ai répandue au fond de la précédente planche, avant d’y ajouter un peu fumier.

Puis, j’ai extrait la terre se trouvant au fond de la deuxième planche et je l’ai répandue au-dessus du fumier dans la première planche. En gros, j’ai transféré la terre de la deuxième planche dans la première planche, et puis j’ai fait la même chose pour chacune des planches jusqu’au bas du lit. Finalement, j’ai répandu la couche arable que j’avais prélevée de la première planche sur la dernière planche, et le lit était prêt à être ensemencé.

ANIMATEUR:
Ça doit faire beaucoup de travail.

AGRICULTEUR:
Si, mais les résultats en valent la peine. Le double bêchage permet d’améliorer la structure du sol et fait en sorte que le fumier de compost se trouve au bon niveau pour les racines. Cette technique surélève également la surface du lit et les rend plus facilement accessibles lorsqu’on veut sarcler ou récolter.

ANIMATEUR:
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez entouré le lit de semences avec de vieilles bouteilles en plastique?

AGRICULTEUR:
Comme vous pouvez le voir, les lits surélevés sont protégés sur les côtés par des bouteilles en plastiques. Cela permet de maintenir les lits en bon état, mais elles ont une autre utilité. En effet, je remplis les bouteilles d’eau. Il y a de petits trous au fond des bouteilles qui permettent à l’eau de s’écouler lentement. Les racines des cultures reçoivent ainsi l’eau, dont aucune goutte ne s’évapore. Je recouvre également la terre de feuilles de palmier ou de résidus de gazon en guise de paillis.

ANIMATEUR:
Pourquoi? À quoi sert le paillis?

AGRICULTEUR:
Le paillis protège le sol de la chaleur qui provient directement du sol, et limite l’évaporation. Cela me permet d’utiliser moins d’eau. Le paillis empêche également la germination des mauvaises herbes, limitant ainsi la concurrence entre celles-ci et les cultures pour l’eau et les nutriments.

ANIMATEUR:
Arrosez-vous le sol directement?

AGRICULTEUR:
J’essaie de le faire le moins possible. J’ai quelques tuyaux d’arrosage mince, dont je peux me servir pour irriguer goutte-à-goutte les plantes une fois qu’elles sont bien enracinées, mais ils coûtent très cher. J’essaie de ne pas trop arroser les lits, car quand il fait très chaud, l’évaporation peut rendre le sol trop salin, ce qui nuit à la fertilité du sol, et cela peut être toxique pour les plantes.

ANIMATEUR:
Je vois que vous avez de nombreux animaux. Mais ils ont l’air d’être enfermés. Ne les laissez-vous pas errer?

AGRICULTEUR:
Non. Les vaches et les chèvres causent beaucoup trop de dégâts, et cela coûte moins cher de les enfermer plutôt que de clôturer le jardin. De plus, en les enfermant, je peux ramasser leur fumier plus efficacement. J’ai installé un système de production de biogaz qui me procure du combustible pour la cuisine, de la lumière pour que mes enfants puissent faire leurs devoirs et une bonne réserve de fumier de compost pour mon jardin.

Ça fait juste quelques années que j’ai des animaux, et je les ai achetés spécialement pour le fumier. Comme je l’ai mentionné au début, le fumier de compost améliore la structure de mon sol et accroît sa capacité de rétention d’eau, ce qui veut dire que je peux utiliser moins d’eau pour faire pousser mes cultures.

ANIMATEUR:
Mais vos poules peuvent se promener librement dans le potager, n’est-ce pas?

AGRICULTEUR:
En fait, je trouve qu’elles mangent plusieurs des insectes qui sinon auraient pu détruire les cultures. Elles laissent également leurs fientes directement dans les jardins pendant qu’elles se promènent.

On m’a dit que les fientes de poules constituaient une excellente source de potassium et de phosphore, deux nutriments essentiels pour les plantes. Alors, je protège les jeunes semis des poules jusqu’à ce qu’ils prennent bien racine. J’utilise du grillage et des feuilles de palmiers pour empêcher la volaille d’approcher des lits. Une fois que les plantes sont suffisamment grandes, les poules s’y intéressent moins, et les avantages à les laisser se promener librement dépassent largement les dégâts qu’elles pourraient causer.

ANIMATEUR:
Bien, j’ai abusé suffisamment de votre temps, alors je vais vous laisser travailler. Au revoir, et bon courage.

AGRICULTEUR:
Merci. Revenez quand vous voulez.

EFFETS SONORES:
VROMBISSEMENT D’UNE MOTO QUI S’ÉLOIGNE

ANIMATEUR:
J’ai marqué un autre arrêt quelques kilomètres plus loin afin de rencontrer Apaikunda Anderson. Elle possède un petit lopin de terre près du village de Kikwe.

EFFETS SONORES:
PAS D’UNE PERSONNE QUI MARCHE PÉNIBLEMENT DANS UNE FERME. BRUITS DE POULES ET D’AUTRES VOLATILES.

ANIMATEUR:
(ESSOUFLÉ APRÈS AVOIR FOURNI UN EFFORT PHYSIQUE). Bonjour, madame, je vois que votre terre est située sur une pente assez abrupte.

AGRICULTRICE 2:
En effet, et il n’y a pas d’eau courante ici. Alors, imaginez un peu à quoi ressemblaient mes journées avant que je n’installe mon système de récupération d’eau.

ANIMATEUR:
Où se trouve la source d’eau la plus proche?

AGRICULTRICE 2:
Il y a un petit ruisseau à 20 minutes de marche d’ici, mais pour avoir de l’eau potable, cela me prenait environ une heure de marche pour me rendre au robinet communautaire le plus proche.

ANIMATEUR:
Deviez-vous vous rendre là-bas à pied tous les jours?

AGRICULTRICE 2:
Si. Un de mes enfants ou moi-même y allions chaque jour pour chercher de l’eau. Toutefois, j’ai installé des gouttières sur mon toit et sur le toit de la cabane ici, et j’ai construit un grand réservoir pour y recueillir l’eau de pluie juste ici à côté de ma cuisine.

ANIMATEUR:
Dans l’intérêt des auditeurs et des auditrices, pourriez-vous décrire le réservoir?

AGRICULTRICE 2:
Bien, s’ils peuvent imaginer un grand œuf à fond plat, qui mesure environ deux mètres de haut et environ un mètre et demi de large, ils sauront à peu près à quoi cela ressemble. Il peut contenir approximativement 2000 litres quand il est plein, ce qui suffit de sorte que je ne sois pas obligée d’aller tout le temps chercher de l’eau potable. Je nettoie et désinfecte le réservoir avant le début des pluies, et les eaux de pluie suffisent généralement à le remplir.

ANIMATEUR:
Cela doit vous faire gagner un peu de temps. L’utilisez-vous pour arroser vos cultures?

AGRICULTRICE 2:
Non. Je préfère garder cette eau pour les besoins de la famille. Parfois, nous allons chercher l’eau des ruisseaux pour mes plantes médicinales et mes légumes lorsque les jardins sont très secs. Mais, comme vous l’avez remarqué, ma petite exploitation descend vers un vallon naturel. L’eau de pluie remplissait toujours le vallon et créait un étang saisonnier lorsqu’il pleuvait. Donc, je pouvais me servir de cette eau pour arroser le jardin.

Je peux toujours me servir de l’eau du vallon, mais, il y a environ 20 ans, j’ai creusé un étang permanent dans lequel j’ai commencé à élever du tilapia pour la vente. J’ai creusé un étang le plus large et le plus profond possible: vous pouvez voir qu’il mesure près de cinq mètres carrés et a à peu près un mètre et demi de profondeur.

Lorsqu’il pleut, l’eau s’écoule dans le système de canalisation que vous voyez, et remplit l’étang. J’y introduis des alevins toutes les saisons. Une fois qu’ils atteignent une longueur de 15 centimètres, je les vends au marché local. Certaines personnes viennent même ici pour me les acheter directement.

ANIMATEUR:
Cela doit vous rapporter un bon revenu.

AGRICULTRICE 2:
Si. Cela fait environ deux décennies maintenant que j’élève du tilapia ici, et ils me rapportent plus d’argent que mes cultures. En fait, j’apprends même à d’autres agriculteurs et agricultrices à élever du poisson.

Je possède seulement un demi-hectare de terre environ ici. À mesure que je récolte le poisson, je peux utiliser l’eau de l’étang pour le jardin quand le besoin se fait sentir. Cependant, le plus important c’est que j’ai une réserve d’engrais à portée de main pour mon potager lorsque je nettoie l’étang chaque année. Ma terre est beaucoup plus en bon état qu’au moment où je n’avais pas encore commencé la pisciculture, et mes rendements augmentent chaque année.

ANIMATEUR:
Bien, merci de m’avoir fait découvrir votre exploitation. Je suis content que vous ayez un meilleur système d’approvisionnement en eau, et que vous profitiez au maximum de votre terre, et bien sûr de votre eau! Au revoir.

AGRICULTRICE 2:
Je vous en prie. Si vous avez besoin d’acheter du poisson, vous savez où vous rendre désormais. Au revoir.

EFFETS SONORES:
OUVERTURE EN FONDU DE SONS PROVENANT DE LA CAMPAGNE ET FERMETURE EN FONDU

ANIMATEUR:
Alors, nous avons entendu pas mal d’informations sur la façon dont on peut utiliser l’eau de manière plus efficiente dans les maisons, les jardins et les exploitations agricoles. Pour résumer, il faut essayer de recueillir l’eau quand il pleut afin de l’utiliser pour vos besoins domestiques, pour arroser vos plantes ou même abreuver vos animaux.

Préparez bien vos lits de semences avec du fumier de compost et d’autres matières organiques, car un sol en bonne santé exigera moins d’eau et restera humide plus longtemps.

Si votre terre le permet, aménagez un étang dans lequel vous pouvez élever du poisson. Vous gagnerez un montant d’argent supplémentaire et vous pourrez agrémenter vos repas. L’étang vous permet également d’avoir de l’eau pour arroser vos cultures lorsque la terre devient très aride en raison du manque de pluie, et vous aurez une réserve d’engrais biologique fertile pour vos lits de semences pendant toute l’année.

C’est tout pour ce numéro de (insérer le titre de l’émission ici). N’oubliez pas d’être à l’écoute pour le prochain numéro. Au revoir!

OUVERTURE EN FONDU DE L’INDICATIF MUSICAL PENDANT CINQ SECONDES ET FERMETURE EN FONDU.

Acknowledgements

Rédaction : Paddy Roberts, B. Sc en agriculture, Arusha, Tanzanie.
Révision : Salvatory Kundi, Institut de recherche agricole Ilonga, Kilosa, Morogoro, Tanzanie

Information sources

Interviews : les interviews ont été réalisées avec cinq agriculteurs (trois femmes et deux hommes) en début novembre 2015, dans des villages à l’est d’Arusha, en Tanzanie.

Des interviews téléphoniques ont été réalisées en fin novembre 2015 avec Mshamu Kaburu et Elenor Msola qui ont fourni plus de renseignements sur les techniques de jardinage économes en eau à Shinyanga, en Tanzanie.

M. de Lange. 1997. Promotion of low-cost and water saving technologies for small-scale irrigation. Dans Food and Agriculture Organization of the United Nations: Irrigation Technology Transfer in Support of Food Security (Water Reports 1-14) http://www.fao.org/docrep/W7314E/w7314e00.htm#Contents (en anglais seulement)
Rockström, J. & Falkenmark, M., 2015. Agriculture: Increase water harvesting in Africa. Nature, 519 (7543): 281-283. http://www.nature.com/news/agriculture-increase-water-harvesting-in-africa-1.17116

Le présent texte radiophonique a été rédigé avec l’appui du gouvernement irlandais par l’entremise d’Irish Aid.

Les idées, les points de vue et les commentaires émis dans ce texte relèvent de l’entière responsabilité des auteurs. Ils ne représentent ou ne reflètent pas nécessairement la politique d’Irish Aid. 

 

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