Planter Gliricidia sepium pour la fertilité des sols et le bois de chauffage

AgricultureSanté des solsSolutions fondées sur la nature

Notes au radiodiffuseur

La Zambie compte plus de 2,5 millions d’agriculteur.trice.s enregistré.es, dont la plupart sont des petit.e.s exploitant.e.s qui produisent plus de 80 % des denrées alimentaires consommées dans le pays. Malheureusement, au cours de la saison agricole 2023-2024, le pays a connu une longue période de sécheresse exacerbée par le changement climatique.

Cette situation a conduit le président Hakainde Hichilema à déclarer la sécheresse le 29 février, soulignant que le temps sec avait affecté 84 des 116 districts du pays, y compris toute la moitié sud de la Zambie, et impacté 1,1 million des deux millions d’hectares de terres agricoles du pays.

La Zambie occupe la première place en Afrique et la cinquième au niveau mondial en termes de taux de déforestation, et les experts du ministère de l’économie verte et de l’environnement du pays affirment que cette situation entraîne la dégradation des sols et le changement climatique. Au fil des ans, la dépendance aux engrais chimiques et à l’agriculture pluviale a conduit à de faibles rendements des cultures et un manque de fourrage pour le bétail. Pour résoudre ces problèmes, le gouvernement et des organisations de même sensibilité ont préconisé un ensemble de pratiques durables, notamment la culture intercalaire, l’agroforesterie, les méthodes de conservation de la fertilité des sols et la régénération naturelle gérée par les agriculteur.trice.s. Au niveau local, ces pratiques sont appelées « agriculture avec la nature » en raison des avantages considérables qu’elles procurent à la fois aux populations et à l’environnement.

Pour obtenir de meilleurs rendements tout en inversant la tendance à la dégradation des sols, il faut utiliser plus efficacement les ressources telles que le sol et l’eau, et adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Ces pratiques agricoles renforcent la biodiversité et réduisent les infestations de ravageurs, ce qui permet d’obtenir des cultures plus saines et de réduire les besoins en pesticides chimiques. Les agriculteur.trice.s bénéficient de rendements accrus et d’un revenu plus stable, car ils peuvent récolter différentes cultures tout au long de l’année.

L’agroforesterie, qui consiste à intégrer des arbres et des arbustes dans les paysages agricoles, joue un rôle important dans l’amélioration des services écosystémiques * en Zambie. Les arbres fournissent de l’ombre et réduisent la vitesse du vent, protégeant ainsi les cultures et améliorant les microclimats.

Ce texte fournira des informations sur la manière dont les agriculteur.trice.s de la province orientale de la Zambie ont adopté l’agriculture avec la nature et sur la façon dont certaines ONG axées sur l’environnement aident les agriculteur.trice.s à accroître le rendement des cultures et à

lutter contre les changements climatiques en faisant la promotion d’un arbre très utile et à usages multiples appelé Gliricidia sepium.

Pour réaliser une émission sur l’agriculture durable, vous pouvez vous inspirer de ce texte. Si vous choisissez de présenter ce texte radiophonique dans le cadre de votre émission agricole, vous pouvez utiliser des acteur.trice.s pour représenter les personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez préciser à votre public, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteur.trice.s et non des participant.e.s réel.le.s.

Si vous souhaitez diffuser des émissions sur l’agroforesterie et la lutte contre le changement climatique, adressez-vous à des agriculteur.trice.s qui pratiquent une agriculture durable et à des ONG qui soutiennent ces agriculteur.trice.s.

Vous pouvez leur poser les questions suivantes, entre autres :

  • Pourquoi avez-vous décidé de planter Gliricidia sepium?
  • Comment le planter?
  • Où avez-vous entendu parler de cette pratique? Qu’est-ce qui vous a convaincu de l’essayer?
  • Quels résultats avez-vous obtenus? Sur quelle surface cultivez-vous Gliricidia sepium?

La durée estimée avec la musique, l’intro et l’outro, est de 30 minutes.

Texte

ANIMATEUR.TRICE :
Dans l’émission d’aujourd’hui, nous discutons des avantages d’un arbre connu sous le nom de Gliricidia sepium pour l’agriculture durable et la fourniture de bois de chauffage. Nous poserons des questions telles que : Qu’est-ce que le Gliricidia sepium? Quel est son impact? Et nous essaierons de donner aux auditeur.trice.s une compréhension de base de la façon dont l’arbre est utilisé dans l’agroforesterie.

Pour nous aider à répondre à ces questions, Rebecca Snyder, Responsable de la communication chez Community Markets for Conservation, ou COMACO , et Fredrick Chambanenge, Coordinateur des projets communautaires pour Green Living Movement. Nous nous entretiendrons également avec des petits exploitants agricoles qui pratiquent l’agroforesterie dans la province orientale de la Zambie.

Rebecca Snyder, vous êtes la bienvenue dans cette émission. Veuillez vous présenter brièvement et expliquer votre position au sein de COMACO.

REBECCA SNYDER :
Je m’appelle Rebecca Snyder et je suis responsable de la communication chez COMACO. COMACO est une entreprise sociale qui promeut la conservation des espèces sauvages et l’agriculture durable, aide les communautés rurales de Zambie à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et soutient les agriculteur.trice.s pour qu’ils produisent des cultures qu’ils vendent ensuite à COMACO à des prix compétitifs.

ANIMATEUR.TRICE :
Combien d’agriculteur.trice.s la COMACO soutient-elle?

REBECCA SNYDER :
Nous travaillons avec près de 290 000 petit.e.s exploitant.e.s agricoles dans 96 chefferies réparties dans nos trois zones d’intervention : Provinces de l’Est, de Muchinga et du Centre.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment faites-vous pour lutter contre le changement climatique et promouvoir l’agroforesterie?

REBECCA SNYDER :
Notre stratégie est globale. Nous encourageons les agriculteur.trice.s à adopter des pratiques agricoles respectueuses du climat, telles que la rotation des cultures et l’utilisation de fumier de compost. Le fumier de compost est un mélange de matières organiques décomposées et constitue une alternative écologique aux engrais chimiques. En mettant en œuvre ces pratiques, les agriculteur.trice.s peuvent maximiser la productivité de leurs terres sans avoir recours à la déforestation pour agrandir leurs exploitations.

Nous encourageons également les agriculteur.trice.s à planter et à cultiver diverses espèces d’arbres, dont Gliricidia sepium, dans le cadre de systèmes agroforestiers. Nous encourageons également les agriculteur.trice.s à planter des arbres fruitiers. Les arbres fruitiers contribuent non seulement à la diversité agricole, mais renforcent également la sécurité alimentaire et offrent des sources de revenus supplémentaires aux agriculteur.trice.s.

ANIMATEUR.TRICE :
Pourquoi faites-vous la promotion de Gliricidia sepium? Quels sont ses avantages?

REBECCA SNYDER :
Tout d’abord, en tant qu’espèce fixatrice d’azote, le Gliricidia rétablit les éléments nutritifs du sol perdus, par exemple, lors des récoltes ou lorsque le sol est dégradé. Cela permet de maintenir de bons rendements sans étendre les terres agricoles. En réduisant la dépendance des agriculteur.trice.s envers les engrais chimiques et des pesticides, le Gliricidia contribue également à des pratiques agricoles plus durables sur le plan environnemental.

Les feuilles de Gliricidia peuvent être compostées puis utilisées pour enrichir la fertilité du sol. Des études indiquent que les champs où les cultures sont intégrées au Gliricidia ont des rendements similaires à ceux traités avec des engrais chimiques, permettant aux agriculteur.trice.s d’économiser de l’argent sur les engrais.

Les tiges de Gliricidia repoussent également à partir des troncs de Gliricidia coupés, fournissant aux agriculteur.trice.s une source renouvelable de combustible de cuisson, réduisant ainsi la pression sur les forêts naturelles pour le bois de chauffage.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment les agriculteur.trice.s doivent-ils planter le gliricidia?

REBECCA SNYDER :
Les jeunes plants de Gliricidia sont d’abord élevés dans une pépinière. Une fois qu’ils sont suffisamment grands et pendant les périodes de précipitations régulières, les agriculteur.trice.s peuvent les transplanter dans leurs champs.

Lors de la transplantation, il est recommandé d’espacer les Gliricidia de 100 centimètres à l’intérieur des rangées, avec une distance de cinq mètres entre les rangées. Cela leur permet de bénéficier d’un ensoleillement adéquat et d’améliorer l’efficacité des pratiques de gestion telles que l’élagage et la récolte. L’application de ces directives de plantation aidera les agriculteur.trice.s à maximiser les avantages du Gliricidia pour leur exploitation. Vous pouvez également planter des rangées de cultures entre les rangées de Gliricidia. Les agriculteur.trice.s plantent souvent du maïs, du soja et des arachides.

ANIMATEUR.TRICE :
Quelle est l’importance de la fertilité des sols pour les agriculteur.trice.s?

REBECCA SNYDER :
La fertilité des sols est une préoccupation majeure des agriculteur.trice.s et influence fortement la santé des plantes et les rendements. Il est très difficile d’obtenir de bons rendements dans les régions où la fertilité des sols est faible et où il y a des carences en éléments nutritifs. Les agriculteur.trice.s de ces régions augmentent donc souvent leurs applications d’engrais chimiques pour compenser ces carences, ce qui entraîne des charges financières et augmente les émissions de protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre, dans l’atmosphère.

Pour maintenir de bons rendements dans le temps sans dépendre d’intrants externes, les agriculteur.trice.s doivent renforcer la fertilité des sols. Les stratégies pour y parvenir comprennent l’ajout de matière organique aux sols et la gestion des éléments nutritifs, qui consiste à utiliser les éléments nutritifs des cultures aussi efficacement que possible afin d’améliorer la productivité tout en protégeant l’environnement. En privilégiant les pratiques qui renforcent la fertilité des sols, les agriculteur.trice.s peuvent mettre en place des systèmes agricoles résilients qui donnent de bons rendements et minimisent la dépendance aux intrants synthétiques.

ANIMATEUR.TRICE :
Quelle est l’ampleur du problème de la déforestation?

REBECCA SNYDER :
La déforestation est un problème dont les répercussions environnementales et socio-économiques sont considérables. L’appauvrissement des forêts et de la végétation contribue non seulement au changement climatique, mais aggrave également des problèmes tels que la désertification, l’érosion des sols et la faible productivité agricole. Les conséquences de la déforestation sont également néfastes pour la biodiversité, les cycles de l’eau et les climats régionaux.

La déforestation perturbe également les moyens de subsistance des communautés autochtones qui dépendent des ressources forestières, ce qui accentue encore plus les inégalités socio-économiques.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment encouragez-vous les agriculteur.trice.s que vous soutenez?

REBECCA SNYDER :
Nous encourageons nos agriculteur.trice.s à conserver leur rôle de leader au sein de leur communauté et à servir d’exemples de gestion durable des terres. Grâce à l’éducation continue et à la sensibilisation, ils peuvent inciter d’autres personnes à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et à contribuer à la préservation des ressources naturelles.

ANIMATEUR.TRICE :
Merci, Rebecca Snyder, pour ces informations.
Nous allons faire une courte pause et, à notre retour, nous entendrons M. Fredrick Chambanenge, coordinateur de projet pour le Green Living Movement.

COURT INTERMÈDE MUSICAL

ANIMATEUR.TRICE :
Monsieur, bienvenue dans l’émission. Combien d’agriculteur.trice.s le Green Living Movement soutient-il?

Fredrick
CHAMBANENGE :
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer. Green Living Movement aide plus de 4 000 petits agriculteur.trice.s à faire face aux effets du changement climatique. Ce soutien comprend la sensibilisation au changement climatique, le renforcement des capacités, l’amélioration des sources de revenus alternatives et l’extension de notre réseau au sein des communautés permettant au plus grand nombre de préserver les ressources naturelles.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment faites-vous pour lutter contre le changement climatique et promouvoir l’agroforesterie?

Fredrick
CHAMBANENGE :
Green Living Movement sensibilise au changement climatique en décrivant ses causes et ses effets, ainsi que divers efforts visant à réduire ses impacts négatifs, notamment l’agroforesterie. L’agroforesterie est une pratique agricole qui intègre des cultures et/ou du bétail avec des arbres. Les arbres d’un champ agroforestier apportent des avantages tels que l’amélioration de la structure et de la fertilité du sol, et répondent à d’autres besoins tels que le bois de chauffage et le fourrage pour les animaux

ANIMATEUR.TRICE :
Pourquoi faites-vous la promotion de Gliricidia sepium?

FREDRICK CHAMBANENGE :
Gliricidia sepium est l’une des espèces d’arbres reconnues pour leur utilité dans l’amélioration de la fertilité des sols et également utilisées comme clôture vivante et le broutage des animaux. Pour un ménage d’agriculteur.trice.s, la culture du Gliricidia aide à résoudre les problèmes de fertilité parce que ses feuilles tombées se décomposent et fertilisent le sol, ainsi que par le biais de cultures intercalaires. Le gliricidia fournit également du bois de chauffage et des matériaux de construction, en plus de séquestrer ou de stocker le carbone.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment les agriculteur.trice.s devraient-ils planter le Gliricidia? Par ailleurs, les agriculteur.trice.s ont-ils des inquiétudes à ce sujet?

FREDRICK CHAMBANENGE :
Gliricidia sepium peut être cultivé à partir de graines ou de boutures de tiges. Elles sont cultivées en association avec des cultures ou peuvent être plantées en rangées parallèles appelées « allées », les cultures étant plantées entre les rangées.

L’une des principales préoccupations concernant Gliricidia sepium est le mode de croissance de ses racines. En raison de la croissance vigoureuse des racines, certains agriculteur.trice.s disent qu’elle perturbe la croissance des autres plantes qui l’entourent. Nous résolvons donc normalement ce problème en plantant le Gliricidia seul.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment Gliricidia sepium peut-elle contribuer à la fertilité des sols?

FREDRICK CHAMBANENGE :
En améliorant la structure et la fertilité des sols, elle permet de réduire les coûts de production des agriculteur.trice.s et contribue à améliorer la sécurité alimentaire des ménages et la biodiversité.

ANIMATEUR.TRICE :
Merci pour votre temps et vos informations très pertinentes.
Il est maintenant temps de recueillir l’avis de quelques agriculteur.trice.s qui cultivent Gliricidia sepium.

Josephine Tembo, 53 ans, est une petite agricultrice du district de Mambwe, dans la province orientale de la Zambie. Elle fait partie des petit.e.s exploitant.e.s qui ont subi les effets néfastes du changement climatique et des faibles rendements agricoles. Je vous souhaite la bienvenue dans cette émission et je vous invite à vous présenter.

JOSEPHINE TEMBO
:
Merci beaucoup. Je m’appelle Josephine Tembo, j’ai 53 ans et je suis mère de cinq enfants. Je suis mariée et je vis dans le village de Kakumbi, dans le district de Mambwe.

ANIMATEUR.TRICE :
Pouvez-vous nous parler de votre histoire dans l’agriculture?

JOSEPHINE TEMBO :
Tout d’abord, j’ai grandi en tant qu’agricultrice et nous accompagnions nos parents dans les champs. Je n’ai pas eu l’occasion de terminer mes études, mais je me suis mariée et j’ai continué à faire de l’agriculture avec mon mari. Nous avions l’habitude de cultiver beaucoup de coton et de le vendre à une société cotonnière appelée Grafax, mais au fil des ans, nous avons commencé à cultiver une variété de produits, y compris le soja, en particulier lorsque COMACO a commencé à nous enseigner les méthodes de l’agriculture durable.

ANIMATEUR.TRICE
:
Comment avez-vous entendu parler de Gliricidia?

JOSEPHINE TEMBO
:
J’ai entendu parler de Gliricidia pour la première fois sur Radio Breeze. Si je ne me trompe pas, c’était dans une émission intitulée Ulimi ndi Malonda (L’agriculture en tant qu’activité commerciale). Depuis lors, j’ai adopté le Gliricidia sepium.

ANIMATEUR.TRICE :
Quelles sont les utilisations de Gliricidia sepium?

JOSEPHINE TEMBO
:
L’une des utilisations les plus importantes est l’amélioration de la fertilité des sols. Nous le plantons dans nos champs et les récoltes sont bien meilleures que celles des agriculteur.trice.s qui pratiquent des méthodes conventionnelles. Ceux qui utilisent des engrais chimiques ne peuvent pas atteindre nos rendements. Mais nous utilisons également le Gliricidia comme source de bois de chauffage, ce qui réduit la déforestation en évitant l’abattage d’autres arbres.

ANIMATEUR.TRICE :
Pourriez-vous nous faire part de la situation de votre exploitation avant et après avoir commencé à planter du gliricidia?

JOSEPHINE TEMBO :
Avant de planter le Gliricidia dans nos champs, les rendements étaient plus faibles qu’aujourd’hui. Pour obtenir une bonne récolte, nous devions utiliser quatre engrais de base et quatre engrais de surface par hectare. Mais aujourd’hui, même si nous n’avons pas assez d’engrais, nous pouvons récolter beaucoup parce que les feuilles de Gliricidia pourrissent et améliorent la fertilité du sol. De plus, nous avons réduit le nombre d’arbres que nous coupons pour le bois de chauffage parce que nous obtenons du bois de chauffage à partir du Gliricidia. Ainsi, le Gliricidia nous permet de prendre soin de notre environnement.

ANIMATEUR.TRICE :
La culture du Gliricidia a-t-elle contribué à réduire l’abattage des arbres et la chasse illégale dans votre région?

JOSEPHINE TEMBO :
Oui, tout à fait. Dans les villages d’ici, outre le défrichage des terres pour les champs, les arbres sont coupés pour la production de bois de chauffage et de charbon de bois. Mais grâce aux leçons que nous tirons de la COMACO et à la plantation continue de Gliricidia, nous avons réduit la coupe d’arbres parce que nous obtenons du bois de chauffage à partir du Gliricidia. Une autre chose que je peux mentionner est que cet arbre pousse très vite comparé aux arbres indigènes comme le Mfendaluzi, le kamphoni, ou groseille japonaise, le mubanga ou afrormosia d’Afrique de l’Est, le msoro, également appelé figuier de montagne, et d’autres encore. Nos arbres mettent de nombreuses années à pousser, alors que pour le Gliricidia, vous commencez à bénéficier de bois de chauffage en quelques années.

ANIMATEUR.TRICE :
Quel conseil donneriez-vous aux agriculteur.trice.s qui ne connaissent pas cet arbre?

JOSEPHINE TEMBO :
Essayez-le dans votre champ et vous témoignerez de ses bienfaits. Je l’ai même planté dans l’enceinte de ma maison. Je n’ai donc plus à me soucier du bois de chauffage, car l’arbre est ici, chez moi.

ANIMATEUR.TRICE :
Nous avons le privilège d’accueillir un autre agriculteur du village de Mnkhanya, dans le district de Mambwe.

Veuillez vous présenter.

GLORIA
PHIRI :
Je m’appelle Gloria Phiri et je viens de Mnkhanya. Je suis une femme mariée de 32 ans et j’ai trois enfants.

ANIMATEUR.TRICE :
Quel est votre parcours dans l’agriculture?

GLORIA
PHIRI :
J’ai commencé à travailler dans l’agriculture quand j’étais jeune et que je restais avec ma grand-mère et mon grand-père. Mes parents sont morts il y a longtemps, alors que j’étais encore très jeune. Malheureusement, mon grand-père est décédé en 2019, alors que je terminais ma formation d’enseignante au Chipata College of Education. J’ai postulé deux fois auprès du gouvernement pour un emploi, mais je n’ai pas été retenue. Je me suis donc lancée dans l’agriculture et je gagne plus d’argent que certains employés.

ANIMATEUR.TRICE :
Comment avez-vous appris l’existence de Gliricidia sepium?

GLORIA
PHIRI :
Lorsque j’étais à Chipata pour mes études, j’écoutais beaucoup Radio Breeze et c’est là que j’en ai entendu parler pour la première fois. De plus, ma grand-mère avait rejoint un groupe dans le cadre de COMACO et elle m’en a également parlé.

ANIMATEUR.TRICE :
En tant qu’agricultrice, comment avez-vous utilisé Gliricidia sepium?

GLORIA
PHIRI :
Je l’ai adopté de façon positive. Je le décris comme l’ami de l’agriculteur.trice en raison de ses avantages, notamment le bois de chauffage, l’augmentation du rendement des cultures et l’ombre.

Dans les champs, il contribue à améliorer la fertilité des sols. Je l’appelle l’arbre magique et le « changeur de jeu ». En termes de bois de chauffage, le gliricidia permet d’éviter l’abattage de nos arbres.

Comme vous le savez, le parc national de South Luangwa se trouve dans le district de Mambwe. Chaque arbre abattu a donc un impact non seulement sur les êtres humains, mais aussi sur les animaux sauvages. Je me souviens que nous avions du mal à trouver du bois de chauffage. Mais maintenant, nous l’obtenons grâce à Gliricidia. Nous pouvons utiliser un fourneau qui consomme très peu de bois de chauffage et la production de charbon de bois est réduite.

Il fait chaud ici. Comme vous le savez, nous sommes dans la vallée près de la rivière Luangwa, le Gliricidia est donc une bonne source d’ombre.

ANIMATEUR.TRICE :
Le Gliricidia a-t-il d’autres avantages?

GLORIA
PHIRI :
Le Gliricidia n’est pas très difficile à cultiver. En dehors des arbres fruitiers, je pense que c’est l’un des arbres les plus faciles à cultiver. Comme le Gliricidia pousse vite et qu’il est facile à entretenir, beaucoup de gens sont heureux de le planter. Ses multiples avantages sont également très utiles. (RIRES). Aujourd’hui, vous obtenez du bois de chauffage, demain vous profiterez de récoltes saines dans votre champ grâce au même arbre. Qui ne voudrait pas s’associer à un arbre aussi merveilleux?

ANIMATEUR.TRICE :
A-t-il contribué à freiner l’abattage des arbres et la chasse illégale?

GLORIA
PHIRI :
Oui ! Permettez-moi de vous donner un exemple. Mon frère aîné cultive du tabac à Mphomwa, dans le district de Mambwe. Avant de planter une rangée de Gliricidia, il abattait des arbres pour son abri de séchage. Mais les Gliricidia qu’il a plantés ont changé sa vie. Il n’a plus besoin d’abattre des arbres chaque année ou de construire un nouvel abri. Pour le séchage de son tabac, il tire la majeure partie de son bois de chauffage des arbres Gliricidia. Sa ferme est presque une plantation et devient peu à peu une mini-forêt de Gliricidia. Ainsi, l’abattage des arbres est réduit car les gens peuvent obtenir du bois de chauffage et de petits poteaux à partir de l’arbre. Imaginez si tous les producteurs de tabac cessaient de couper les arbres et utilisaient uniquement le Gliricidia?

ANIMATEUR.TRICE :
Quel conseil donneriez-vous aux agriculteur.trice.s qui ne connaissent pas cet arbre?

GLORIA
PHIRI :
Je leur dis qu’ils tardent à le faire. Vous auriez dû l’adopter hier ! Je le répète, c’est l’ami de l’agriculteur en toutes saisons. Alors, qui ne voudrait pas avoir un ami aussi bon et aussi fiable?

ANIMATEUR.
TRICE :
Merci à tous nos auditeur.trice.s et invité.e.s.

Les entretiens d’aujourd’hui, chers auditeur.trice.s, nous ont permis de découvrir l’efficacité de l’agroforesterie et la manière dont elle est pratiquée dans le district de Mambwe, dans l’est de la Zambie. Des ONG environnementales comme COMACO et Green Living Movement ont expliqué comment elles travaillent avec les agriculteur.trice.s pour promouvoir l’agriculture de conservation et l’agroforesterie en plantant du Gliricidia sepium, qui s’est avéré être une méthode efficace pour lutter contre la déforestation tout en augmentant les rendements des cultures.

En attendant la prochaine fois, je vous dis au revoir.

Acknowledgements

Définitions :

Services écosystémiques : avantages que les systèmes naturels procurent à l’homme en vue d’améliorer le bien-être social.

Remerciements

Rédigé par : Raphael Banda, scénariste, traducteur, producteur de radio et de télévision, et formateur en journalisme, Lusaka, Zambie.

Révisé par : Morton Mwanza, Acting Chief Vegetables and Floricultural Officer, Ministry of Agriculture, Department of Agriculture, Crops Production Branch, Lusaka, Zambia.

Interviews :

Rebecca Synder, responsable de la communication chez Community Markets for Conservation (COMACO)

Frederick Chambanege, coordinateur des projets communautaires, Green Living Movement,

Boniface Daka, agriculteur, district de Mambwe, province de l’Est

Gloria Phiri, agricultrice, district de Mambwe, province de l’Est

Josephine Tembo, agricultrice, district de Mambwe, province de l’Est

Abel Siampale, responsable des forêts, WWF Zambie

Toutes les interviews ont été réalisées en mai 2024.