Marie et Jean Thomas font pousser des fleurs tropicales dans des écales de noix de coco

Cultures agricoles

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Les fleurs tropicales sont belles mais souvent chères. Même dans les pays tropicaux où les meilleures conditions de culture existent naturellement, les fleurs sont habituellement chères à la culture et à l’achat. Mais elles ne devraient pas. Voici l’histoire de deux femmes de Jamaïque qui ont trouvé le moyen de gagner de l’argent en plantant des fleurs. Leur histoire est un bon exemple de ce qu’il faut faire pour créer une petite entreprise sans trop dépenser en utilisant les ressources qui existent autour de vous.

En Jamaïque, les fleurs tropicales comme les anthuriums (Anthurium spp.) poussent habituellement entre les rochers parmi les fougères dans les ravines ombragées des rivières. C’est difficile de reproduire le même environnement quand vous essayez de cultiver une grosse quantité de ces fleurs pour les vendre. Marie Thomas et sa fille Jean habitent dans une région de la côte nord de la Jamaïque où les beaux anthuriums poussent à l’état sauvage. Elles aiment tellement ces fleurs en forme de coeur rouges et blancs qu’elles ont développé des moyens originaux pour les planter en grand nombre à moindres frais.

Marie et Jean firent deux choses qui leur ont permis de réussir leur entreprise. D’abord elles observèrent attentivement le milieu de croissance des anthuriums et essayèrent de trouver les moyens de le recréer. Elles remarquèrent que les anthuriums n’avaient pas besoin de sol pour pousser. Ces plantes trouvent leurs éléments nutritifs dans les matières fibreuses. Elles pensèrent qu’elles pourraient planter ces fleurs sur des écales de noix de coco parce que les écales de noix de coco sont recouvertes de fibres. Elles étaient aussi abondantes et bon marché.

Marie et Jean économisèrent beaucoup d’argent en se servant des écales de noix de coco. En fait, elles n’eurent même pas à payer pour les avoir. En Jamaïque, le lait de coco est une boisson populaire et rafraîchissante. Cependant la plupart des vendeurs de lait de coco jettent tout simplement les écales de noix de coco une fois que leurs clients ont bu le jus. Marie et Jean ramassèrent les écales de noix de coco qui traînaient par terre autour des échoppes des vendeurs de l’île.

Les Thomas construisirent aussi une serre pour donner aux anthuriums l’ombre et les conditions d’humidité dont elles ont besoin. La serre fut leur plus grosse dépense. Elle était construite sur un quart d’âcre de terrain en pente derrière leur maison. Elles utilisèrent du bambou et des poteaux de bois pour faire les murs et les toits de la serre. Elles mirent un filet de polyuréthanne noir sous le toit. Le filet laisse passer 50% de soleil à l’intérieur de la serre, ce qui donne de l’ombre aux anthuriums. Les Thomas avaient assez d’argent pour investir dans les filets de polyuréthanne. Si elles n’avaient pas eu de l’argent, elles auraient pu utiliser des feuilles de palmier tressées pas trop serrées pour couvrir le toit.

Les Thomas firent des terrasses à l’intérieur de la serre. Les murets des terrasses étaient faits de pierres ramassées dans les environs. Les terrasses permettaient de maintenir l’eau et de réduire l’érosion du sol sur les pentes. Ceci, en retour, réduisait la quantité d’eau nécessaire pour l’irrigation.

Elles firent des planches de culture sur les terrasses. Chaque planche a environ un mètre de large et 7 mètres et demi de long. Les planches sont à peu près à 15 centimètres au dessus du sol. Les Thomas mirent des couches d’écales de noix de coco sèches sur le haut des planches. Les jeunes plants d’anthurium poussent sur les écales.

Préparation des écales

Marie et Jean font un certain nombre de choses pour préparer les écales pour les planches de culture. D’abord elles aspergent légèrement les écales avec un fongicide pour les empêcher de pourrir dans ce milieu humide. Marie étudie les traitements fongicides non toxiques. Bientôt elle envisage d’essayer ces méthodes sur les planches de culture des anthuriums.

Une fois les écales traitées et séchées comme il faut, elles les cassent en plusieurs morceaux. Elles servent à faire les différentes couches sur le haut des planches de culture. La couche du fond est constituée de la carapace dure de l’écale de noix de coco. Chaque morceau fera environ 3 centimètres de large et entre 14 et 20 centimètres de long, selon la taille de la noix de coco. Les Thomas mettent ces morceaux de manière à ce qu’elles dépassent la longueur des planches de pierre. Ils recouvrent toute la surface des planches avec des morceaux d’écales. Ensuite elles colmatent les interstices avec les fibres provenant de l’intérieur des écales.

Elles utilisent ces fibres douces et filandreuses pour faire un lit à chaque plant d’anthurium. On appelle le jeune plant un surgeon. Elles placent le surgeon sur le fond de la planche de culture et tassent les fibres plus molles des écales en monticule autour de la plante jusqu’à ce qu’elle soit capable de tenir debout sans support. Environ quatre plantes tiendront sur la largeur de la planche.

Il faudra deux mois pour que le surgeon produise des racines solides. Les plantes auront besoin de plusieurs mois pour atteindre la taille voulue. A mesure que les plantes grandissent, les Thomas ajoutent un peu plus d’écales de noix de coco fibreuses et molles pour les soutenir. Puis elles mettent encore plus de morceaux extérieurs durs d’écales autour de la plante pour qu’elle se tienne droit. Elles surveillent aussi la croissance des champignons. Elles coupent et jettent toutes les parties recouvertes de champignons.

Pour être sûre que chaque plante a assez d’éléments nutritifs, Marie utilise de la bouse de vache en petits morceaux et un engrais qu’elle achète dans une boutique locale.

Lorsqu’elles ont commencé à cultiver des anthuriums, les Thomas trouvaient la plupart de leurs écales de noix de coco chez les vendeurs de lait de coco de leur communauté. Mais maintenant, leur entreprise est tellement importante qu’elles achètent des camions entiers d’écales provenant d’une plantation de cocotiers voisine.

Marie et Jean possèdent une entreprise de fleurs prospère. En moins de trois ans, elles sont devenues les principales productrices d’anthuriums de leur région. Aujourd’hui elles approvisionnent les fleuristes locaux, les hôtels et les boutiques de la région touristique voisine. Demain il se peut qu’elles cultivent aussi des orchidées, car elles croient que leur méthode basée sur les écales de noix de coco peut servir à de nombreuses sortes de fleurs.

Que pourrez vous tirer de l’expérience de Marie et Jean? Vous pourrez peut être planter quelque chose que vous pourrez vendre, comme une herbe aromatique que les gens utilisent pour préparer des plats. Vous pourrez aussi démarrer votre propre entreprise de séchage de fruits avec des séchoirs solaires que vous pouvez faire vous même. Cherchez des idées et des matériaux peu coûteux. Vous ne saurez pas ce que vous pourrez faire si vous n’essayez pas!

Acknowledgements

Ce texte a été écrit par Maria Protz, Chargée de projet, SNAP Sub Project, Mekweseh, St. Ann’s Bay, Jamaïque. Il a été basé sur des entrevues accordées par Marie et Jean Thomas en Jamaïque.