Notes au radiodiffuseur
Au Burkina Faso, l’inscription et la rétention des filles à l’école demeurent un défi majeur. Selon une étude de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) de 2018, plus de quatre filles sur dix qui étaient censées assister au premier cycle du secondaire ont abandonné leurs études.
Les principaux obstacles à l’accès des filles à l’éducation, à leur assiduité et à leur réussite scolaire sont les facteurs socio-culturels qui tendent à favoriser la scolarisation des garçons, le mariage précoce des filles et la surcharge des tâches domestiques imposées aux filles. Ces problèmes sont aggravés par des facteurs économiques, car l’éducation secondaire coûte trois à quatre fois plus cher que l’éducation primaire. Le gouvernement n’a pas suffisamment d’écoles secondaires pour accueillir tous les enfants qui fréquentent l’école primaire. Cela conduit les parents à se tourner vers les écoles privées, dont les frais de scolarité sont inabordables pour le Burkinabè moyen. Et lorsqu’il s’agit de choisir quels enfants envoyer à l’école, les filles sont nettement désavantagées, selon les statistiques de 2019 du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation, avec au moins 10 % des Burkinabè estimant que la priorité devrait être donnée à l’éducation des garçons. De plus, les coûts de l’école moyenne sont trois à cinq fois supérieurs à ceux de l’école primaire. Cela conduit souvent à sacrifier l’éducation des filles.
Nous allons, dans cette émission, vous présenter l’histoire de Farida Sawadogo. Une jeune fille de 25 ans qui est étudiante de 3e année en histoire et archéologie à l’université Joseph Ki Zerbo, la plus grande université du Burkina Faso. Née dans un quartier populaire et traditionnel dans la ville de Ouahigouya au nord du Burkina Faso, Farida a été confrontée aux difficiles conditions socio-culturelles et économiques qui entravent l’inscription des filles, leur assiduité continue et leur réussite à l’école.
Dans ce programme, vous entendrez Honorine Sawadogo, 43 ans, mère de trois enfants, dont l’aînée est Farida Sawadogo. Mme Sawadogo tient une petite boutique de légumes dans son quartier, gagnant presque trente mille francs CFA par mois. Elle apporte un grand soutien à sa fille Farida. L’autre source de soutien de Farida est Omar Sawadogo, son père âgé de 53 ans. Il est sans emploi et dit s’en sortir grâce à de petits contrats pour collecter des données statistiques dans le cadre de la mise en œuvre de projets. La troisième personne que vous entendrez est Farida Sawadogo elle-même. La jeune fille qui a rendu ses parents fiers est sur le point de défendre son diplôme en histoire et archéologie. Son rêve de devenir professeure d’histoire est en train de se réaliser. Également au programme, Sanata Ouédraogo, la présidente de Femmes battantes pour le développement, une association fondée en 2020 pour promouvoir l’éducation des filles et l’avancement des femmes.
Pour produire une émission similaire sur le maintien des jeunes filles à l’école, vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre émission régulière, vous pouvez choisir des acteurs.trices vocaux.ales ou des animateurs.trices pour représenter les personnes interviewées.
Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix d’acteurs.trices ou d’animateurs.trices et non celles des véritables personnes interviewées.
Si vous souhaitez créer des émissions sur le maintien des filles à l’école, entretenez-vous avec une jeune fille, ses parents et une responsable d’une structure de promotion des droits de la femme. Vous pourriez, poser les questions suivantes à vos interlocuteurs :
- Quels sont les obstacles qui empêchent la jeune fille de poursuivre ses études?
- Quelles peuvent être les contributions des parents pour l’inscription et le maintien de la fille à l’école?
- Quelle est l’importance de l’éducation de la jeune fille pour elle-même, pour sa famille et sa communauté?
Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.
Texte
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE:
Auditeurs et auditrices, bienvenus sur nos antennes. Le thème de notre émission du jour porte surle maintien des filles à l’école au Burkina Faso. Bien que majoritaire, les jeunes filles rencontrent des difficultés d’accès à l’école, de maintien dans le système éducatif et de réussite scolaire. Cela est dû à un certain nombre de facteurs et contraintes socio-culturels, ainsi qu’aux défis financiers auxquels les familles sont confrontées.
Pour en parler, nous recevrons Farida Sawadogo, une jeune fille titulaire d’une licence en histoire et archéologie. Nous discuterons également avec ses parents, Omar et Honorine Sawadogo. Et en dernière partie, Sanata Ouédraogo, présidente de l’Association des Femmes battantes pour le développement, nous partagera son avis d’experte sur le sujet.
Bonjour à toutes et à tous et merci d’avoir accepté notre invitation!
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE:
Commençons avec Honorine Sawadogo, la maman de Farida. Mme Sawadogo, pouvez-vous nous raconter comment vous avez géré les discussions qui ont mené à l’inscription de votre fille et à sa fréquentation continue de l’école?
HONORINE SAWADOGO:
Nous n’avons pas eu à beaucoup discuter. Mon mari était d’accord dès l’inscription de Farida à l’école. Comme lui-même a fréquenté, nous n’avons pas eu de débats à ce propos. Le vrai problème qui s’est posé, ce sont les moyens pour la maintenir à l’école et la soutenir pour aller loin. A un moment donné, ce n’était pas facile du tout, parce que mon mari ne travaillait plus et moi aussi je me débrouille difficilement dans un petit commerce qui ne pouvait pas permettre de subvenir à tous nos besoins.
ANIMATEUR.TRICE:
Farida est votre première enfant et nous savons que les premières filles sont souvent beaucoup sollicitées dans les travaux ménagers tels que la cuisine, la vaisselle etd’autres corvées. Comment avez-vous fait pour que les travaux à domicile ne perturbent sa scolarité?
HONORINE SAWADOGO:
Farida est une fille très intelligente. Elle fait ses devoirs le soir dès qu’elle rentre de l’école, et elle fait la vaisselle avant d’aller se coucher. De cette façon, elle n’a pas à travailler à la maison le matin. Je me suis assurée de ne pas la surcharger afin qu’elle ait autant de temps que possible pour étudier et se reposer. Pour ce faire, j’ai fait une partie des tâches ménagères, et elle m’aidait avec les travaux domestiques uniquement les jours où elle n’avait pas cours. Avant, nous n’avions pas de robinet à la maison ni de source d’eau à proximité. Nous devions aller au puits pour chercher de l’eau. Je ne lui donnais pas cette corvée les jours d’école.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment avez-vous encore aidé à sa réussite scolaire?
HONORINE SAWADOGO:
J’ai dû faire quelque chose pour obtenir de l’argent. J’ai été embauchée pour gérer une cabine téléphonique, où les gens allaient pour passer des appels. Ensuite, j’ai commencé un petit commerce dans le quartier. Je devais lui donner 50 ou 100 francs tous les matins pour aller à l’école, et je devais payer les contributions des parents et d’autres fournitures.
ANIMATEUR.TRICE:
Est-ce que vous lui donnez souvent des conseils, des encouragements pour la galvaniser?
HONORINE SAWADOGO:
Bien sûr. Nous avions souvent des séances de discussion pendant lesquelles je la conseillais. Je l’encourageais à persévérer et à aller de l’avant. Je lui promettais souvent d’acheter une chose ou une autre si elle réussissait bien à l’école.
ANIMATEUR.TRICE:
Quelle expérience pouvez-vous partager avec d’autres familles pour maintenir leurs filles à l’école?
:
Il ne faut jamais décourager la fille. Il faut lui faire savoir qu’elle est capable de réussir et d’avoir de très bonnes notes comme les garçons, quelle que soit la situation. Surtout, ne pas la surcharger des travaux ménagers ou réserver les travaux ménagers pour les week-ends, les congés ou les vacances. Si elle est fatiguée à la maison, elle ne va rien faire de bon à l’école. Il faut l’encourager et rester à ses côtés. Même si ça ne va pas à l’école, il ne faut pas la gronder. Il faut l’encourager et lui remonter le moral. J’ai procédé ainsi et ça a donné de bons résultats.
ANIMATEUR.TRICE:
Quelle est, selon vous, l’importance pour une fille d’aller à l’école?
HONORINE SAWADOGO:
Le fait d’apprendre une autre langue est déjà très importante pour la fille. Elle pourra grâce à l’école avoir des connaissances qui lui permettront de trouver un emploi pour vivre décemment et s’occuper de sa famille. L’école éveille les consciences et la fille qui est allée à l’école peut s’exprimer en public dans les instances de décision pour défendre ses points de vue et ses droits et participer au développement de sa communauté. Une fille qui est allée à l’école pourra participer à la lutte contre les violences faites aux femmes. L’école peut sortir la femme de sa pauvreté. Une fille instruite peut mieux s’occuper de sa famille sur le plan sanitaire. Elle pourra à la longue encadrer ses enfants pour qu’ils réussissent mieux à l’école.Elle pourra mieux gérer ses ressources et celles de sa famille Elle pourra se faire entendre et respecter. Elle pourra également contribuer au bien-être de sa famille et de sa communauté.
ANIMATEUR.TRICE:
Merci madame Sawadogo. Nous allons maintenant nous tourner vers le père de Farida. Monsieur Omar Sawadogo, bonjour et bienvenu dans cette émission. Vous nous l’avez dit hors antenne: vous viviez dans un environnement où l’importance de l’éducation de la jeune fille n’était pas tout à fait perçue. Pourquoi avez-vous fait de la scolarité de votre fille une priorité?
OMAR SAWADOGO:
Curieusement, je suis né en constatant que mes grandes sœurs fréquentaient l’école malgré cet environnement global défavorable. C’est donc tout naturellement que nous avons décidé d’inscrire notre fille à l’école.
ANIMATEUR.TRCE:
Comment avez-vous réussi à la soutenir dans ses études dans un contexte socio-économique difficile?
OMAR SAWADOGO:
Farida était beaucoup plus proche de moi que de sa mère. Je lui parlais beaucoup et elle m’écoutait. Nous étions comme des complices. Lorsqu’elle a terminé l’école primaire, j’étais surveillant dans un collège dans une autre ville. Je l’ai prise avec moi et je lui ai acheté un vélo. Après qu’elle ait terminé l’école élémentaire, j’ai arrêté de travailler, mais le collège a accepté de l’inscrire gratuitement, et ma famille m’a aidé à payer les matériels. Sa mère avait un petit commerce et ensemble, nous l’avons soutenue. J’ai fait tout ce que je pouvais pour m’assurer qu’elle ne manquait de rien.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment Farida se comportait?
OMAR SAWADOGO:
Sur le plan comportemental, Farida est à féliciter et j’admire bien son courage. Elle a évolué dans un ancien quartier populaire où envoyer une fille à l’école n’était pas chose aisée, parce que pour les mentalités, une fille doit s’occuper des travaux ménagers, de ses petits frères et petites sœurs. Donc, les filles de son âge étaient beaucoup plus souvent à la maison qu’à l’école. Mais elle s’en est bien sorti. Quand elle a eu le Baccalauréat et devrait aller à l’université à Ouagadougou, ce n’était pas facile, j’étais bien inquiet. Je me demandais si elle allait pouvoir franchir la première année. Elle fait ma fierté aujourd’hui.
ANIMATEUR.TRICE:
Quels conseils avez-vous à donner à une famille pour soutenir les études de leur fille?
OMAR SAWADOGO:
Il faut être ouvert avec les enfants. Personnellement je discute avec mes enfants. Je fais presque tout avec mes enfants. Quand Farida était petite, c’est moi qui faisais sa toilette jusqu’à sept ans. Presque tous mes enfants, c’est moi qui faisais leur toilette pendant que la maman s’occupe d’autres choses. Il faut discuter avec les enfants afin de connaitre leur problème. Et même quand ça ne va pas à l’école, il faut éviter de dire que c’est mauvais. Il faut plutôt chercher à savoir pourquoi ça ne va pas et les encourager à faire mieux. Voilà ce qu’il faut faire avec les enfants, surtout les filles que nous devrons soutenir à aller très loin à l’école. Selon l’âge de la fille, nous devons aborder des sujets que les parents considèrent comme tabous, par exemple, la sexualité. De nombreuses filles abandonnent l’école en raison de grossesses non désirées. Mais il faut savoir quand, où et comment aborder le sujet.
ANIMATEUR.TRICE:
D’aucuns pensent que la femme est faite pour se marier et rester à la maison. Comment vous vous percevez l’importance de l’éducation des filles?
OMAR SAWADOGO:
Cette vision est révolue. Aujourd’hui, si vous avez une fille bien éduquée qui travaille, vous pouvez l’applaudir. Mais nous savons ce que vaut le fait d’avoir une fille éduquée ; elle met ses parents en premier. J’encourage vraiment les parents à envoyer leurs filles à l’école.
ANIMATEUR.TRICE:
Merci Monsieur Sawadogo pour votre disponibilité à participer à cette émission et surtout à partager vos expériences.
Nous avons maintenant au téléphone Farida Sawadogo. Farida bonjour et bienvenue à cette émission. Comment ta famille t’a-t-elle apporté du soutien pendant tes études et continue-t-elle de te soutenir?
FARIDA SAWADOGO:
Bonjour, monsieur. Je tiens à souligner l’incroyable compréhension et le soutien de mes parents. En ce qui concerne les tâches ménagères qui peuvent interférer avec l’éducation d’une jeune fille, ma mère ne m’a assigné aucune corvée domestique. Elle faisait attention à mon emploi du temps et me donnait du temps pour étudier et me reposer. C’était pendant mon temps libre que je faisais quelques tâches ménagères. Ma mère a été très compréhensive et soutenante. Nous n’avions pas l’électricité à la maison, mais elle m’a trouvé une lampe à batterie pour que je puisse étudier la nuit et tôt le matin. Mon père a également fait preuve de compréhension. Et je reçois encore beaucoup de soutien de la part de mes parents.
ANIMATEUR.TRICE:
Comment le soutien de vos parents a positivement influencé vos études?
FARIDA SAWADOGO:
Si je n’avais eu le soutien de mes parents, j’allais abandonner les études et peut-être que je serais déjà mariée avec deux ou trois enfants (RIRES). C’est ce soutien qui m’a permis de poursuivre.
FARIDA SAWADOGO:
Mon ambition est de devenir professeur d’histoire. C’est pour ça que je me suis inscrite en histoire et archéologie. Et je crois que je suis sur le bon chemin pour réaliser ce rêve puisque bientôt je vais soutenir ma licence en histoire.
ANIMATEUR.TRICE:
Quels conseils pouvez donner à d’autres filles pour faire face aux défis afin de poursuivre leurs études?
FARIDA SAWADOGO:
Il faut d’abord qu’elles sachent que ce que les garçons font les filles aussi peuvent le faire et peut-être même mieux. Il faut surtout persévérer dans le travail et si tu as le soutien des parents, je ne vois pas ce qui peut t’empêcher de réussir. Il ne faut surtout pas se comparer aux autres. Il faut être conscient de la situation de ses parents et ne pas envier la situation des autres qui sont plus aisées. Quand je regarde les autres, c’est pour me motiver davantage et continuer à avancer, dans l’espoir de changer la situation de mes parents un jour.
Montée de l’indicatif musical, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR.TRICE:
Notre dernière invitée à cette émission est Madame Sanata Ouédraogo. Elle est la présidente de l’association Femmes battantes pour le développement dans la région du nord, basée à Ouahigouya. Madame Ouédraogo, quel est l’impact de l’éducation sur les filles elles-mêmes, sur leurs familles et sur la communauté?
SANATA OUEDRAOGO:
Maintenir les filles à l’école est très importante. Cela leur permet d’avoir les aptitudes pour exercer les mêmes métiers que les hommes. Souvent, les femmes excellent plus que les hommes dans ce qu’elles font. Avec une éducation, elles ne sont plus forcées de prendre des emplois qui sont une extension de leurs rôles traditionnels, mais de prendre des emplois qui constituent une carrière. Cela nécessite de longues études, comme la médecine.
Pour la fille, elle sera autonome, respectée et capable de s’exprimer et de défendre son point de vue. Elle sera perçue comme plus importante si elle a un emploi. Lorsqu’une fille travaille, l’impact sur la famille est visible. La mère se sent soutenue à la fois par le mari et par la fille. Cela est dû au fait que la fille aide activement ses parents ainsi que ses petits frères et sœurs. Elle peut dire : « Je suis une femme et je sais ce que je fais pour ma famille. J’ai construit ma propre maison et j’ai construit la maison de mon père. Je peux donner mon point de vue sur la vie de ma famille. » Ce ne serait certainement pas le cas si elle devait dépendre de quelqu’un pour vivre.
Quand la fille va très loin, cela impacte positivement la communauté parce qu’elle fera avec dévouement le métier qu’elle va exercer. Un autre impact est qu’une fille qui est allée loin à l’école et qui travaille sert d’exemple aux familles qui acceptent inscrire leurs filles à l’école.
ANIMATEUR.TRICE:
Pensez-vous que la fille qui a poussé loin les études peut aider à résoudre les questions liées au genre, aux violences faites aux femmes et la scolarisation même des filles?
SANATA OUEDRAOGO:
Oui bien sûr. On voit des femmes qui subissent parce qu’elles ne sont pas instruites et sont pauvres. Une femme instruite ne permettra jamais qu’on excise sa fille ou qu’on la marie précocement. Nous autres nous parlons haut et fort parce nous sommes allées à l’école. Donc, l’éducation des filles permet de lutter contre ces violences faites aux femmes et favorise la promotion du genre. Une fille qui réussit est une source de fierté pour sa famille et sa communauté et un modèle pour son environnement local.
ANIMATEUR.TRICE:
Pensez-vous qu’aujourd’hui de plus en plus de filles vont à l’école et terminent leurs études?
SANATAOUEDRAOGO :
Pas du tout. À l’école primaire, il y a un afflux parce que les filles bénéficient de bourses d’études. Après l’école primaire, elles sont livrées à elles-mêmes, et ce sont des associations comme Femmes battantes pour le développement qui aident en les formant à des métiers pour les aider à trouver du travail afin qu’elles ne finissent pas dans les bras des hommes. Entre la première et la quatrième année du secondaire, de nombreuses filles tombent enceintes et abandonnent l’école. En conséquence, le grand nombre de filles à l’école primaire diminue au secondaire. Mais après avoir terminé la troisième année du secondaire, de nombreuses filles poursuivent avec succès leurs études, car elles deviennent plus conscientes et prennent des mesures pour éviter les grossesses précoces. Il y a aussi le fait que les filles doivent travailler deux fois plus dur pour réussir, car elles font toujours les tâches ménagères que les filles doivent faire. Dans ma région, un garçon peut redoubler une année, et, même s’il est expulsé, son père trouvera un moyen de le réinscrire ailleurs. Les filles ne sont pas autorisées à redoubler une année et sont immédiatement expulsées. Je sais de quoi je parle parce que mon association travaille avec 100 groupes de 25 femmes. Les femmes nous racontent leurs expériences.
ANIMATEUR.TRICE:
Que faites-vous en tant qu’association pour empêcher les filles d’abandonner l’école?
SANATA OUEDRAOGO:
Notre association soutient les mères. Nous les aidons avec des formations professionnelles afin que, si la fille est envoyée à l’école, la mère puisse payer pour sa formation. L’association propose plusieurs cours de formation. Les filles et d’autres femmes peuvent également être formées en agriculture, élevage, horticulture, transformation de produits locaux, et perlage pendant les vacances afin qu’elles puissent prendre en charge leur propre vie. Plus important encore, nous sensibilisons pour que les filles s’inscrivent et restent à l’école. Nous ne manquons jamais une occasion de dire aux hommes en particulier combien il est important de penser à l’éducation des filles. Nous menons également des activités de sensibilisation sur l’éducation sexuelle des jeunes, la responsabilité parentale, la parentalité responsable, et la masculinité positive
ANILMATEUR.TRICE:
Quel est le principal obstacle à la scolarisation des filles aujourd’hui?
SANATA OUEDRAOGO:
L’attitude selon laquelle les filles devraient rester à la maison et faire le ménage existe encore aujourd’hui. Il y a des familles où ce sont toujours les filles qui lavent la vaisselle et préparent les repas. La fille est censée se marier dès qu’elle est en âge de le faire, et dans certains endroits, il est difficile de changer cet état d’esprit. Nous avons constaté que plus une fille poursuit ses études, plus il est difficile de trouver un mari. Les hommes pensent qu’une fille avec une éducation avancée est difficile à gérer. Ils pensent que les femmes éduquées sont moins soumises et difficiles à influencer, et qu’elles connaissent leurs droits. Elles sont rapides à aller en justice pour récupérer leurs droits. Mais n’oublions pas le facteur économique. Si vous devez choisir entre un garçon et une fille, c’est la fille qui reste à la maison à cause du manque de ressources.
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Merci Madame Ouédraogo pour votre participation à cette émission et surtout pour ce que fait votre association pour la jeune fille.
Merci à tous nos invités dans ce programme sur l’inscription et le maintien des filles à l’école. Nous avons parlé de Farida Sawadogo qui, grâce à l’aide de ses parents et malgré une situation socio-culturelle et économique difficile, a réussi à rester à l’école jusqu’à l’enseignement supérieur. Félicitations, Farida, et courage pour l’avenir, dans l’espoir que vous réussirez à réaliser votre rêve de devenir enseignante d’histoire. Merci, Mme et M. Sawadogo, d’avoir soutenu Farida et partagé votre expérience dans ce programme.
A vous chers auditeurs et auditrices, merci pour votre fidélité à l’écoute et à la prochaine pour un autre numéro de votre émission. Bonsoir à toutes et à tous. Au revoir.
Acknowledgements
Rédigé par : Harouna Sana, journaliste communicateur et spécialiste du monde rural au Burkina Faso
Révisé par : Roukiyatou Compaoré, Association pour la promotion des enfants en difficulté (APED).
Entretiens et interviews :
Farida Sawadogo, jeune fille titulaire d’une licence en histoire et archéologie. Interview réalisée en décembre 2023.
Omar Sawadogo, père de Farida. Interview réalisée en décembre 2023.
Honorine Sawadogo, mère de Farida. Interview réalisée en décembre 2023.
Sanata Ouédraogo, présidente de Femmes battantes pour le développement. Interview réalisée en décembre 2023.
La présente ressource a été produite dans le cadre du projet « UCARE – Soins non rémunérés en Afrique subsaharienne » qui vise à renforcer l’égalité des genres et le pouvoir des femmes par un engagement pour un partage plus juste et équitable des soins non rémunérés et des travaux domestiques au sein des ménages et des familles en Afrique subsaharienne. Ce projet est réalisé en partenariat avec Radios Rurales Internationales (RRI), ONU Femmes et le Réseau de développement et de communication des femmes africaines (FEMNET) grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.
