Notes au radiodiffuseur
Le présent texte radiophonique relate les expériences de cultivateurs et de cultivatrices de haricot au centre de l’Ouganda.
La culture du haricot comporte de nombreux avantages, y compris pour :
La nutrition et la sécurité alimentaire : le haricot regorge de protéines, de micronutriments comme le fer et le zinc, en plus d’être riche en vitamines. Les jeunes feuilles et les graines sont toutes les deux comestibles. Un Ougandais moyen peut consommer jusqu’à 19 kilogrammes de haricot par an.
Le bétail : les résidus de culture constituent de bons aliments pour le bétail.
Les moyens de substance : il existe un excellent marché pour le haricot commun en Ouganda et dans les pays voisins.
Les bienfaits pour le sol : le haricot commun est une bonne source d’azote pour le sol en raison de sa capacité à fixer l’azote atmosphérique. L’abandon des racines dans le sol après les récoltes apporte au sol une quantité supplémentaire d’azote de 20 à 60 kilogrammes, qui servira à la culture suivante. C’est l’équivalent de ¾ de deux sacs vides d’urée, ce qui peut donner un très bon coup de pouce à la culture suivante. En tant que culture-abri, le haricot commun peut aider à prévenir l’érosion du sol.
Le rendement : avec de bonnes pratiques agricoles, dont une bonne préparation du sol, l’utilisation d’engrais au besoin, l’utilisation de bonnes semences et la plantation des graines au taux de 30 à 40 kg/acre, le haricot commun peut produire plus de 800 kg/acre.
Le présent texte radiophonique s’intéresse surtout à la lutte contre les insectes nuisibles et les maladies du haricot, et il traite également des pratiques agricoles propres au haricot.
Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour effectuer des recherches aux fins de rédaction d’un texte radiophonique sur des méthodes éprouvées de lutte contre les organismes nuisibles et les maladies du haricot et d’autres cultures dans votre région. Sinon, pourquoi pas ne pas faire interpréter ce texte par des comédiens et des comédiennes de doublage en lieu et place des intervenants. Si tel est le cas, assurez-vous d’informer votre auditoire au début de l’émission qu’il s’agit des voix de comédiens, et non celles des personnes avec lesquelles les entrevues originales ont été réalisées.
Si vous décidez d’utiliser le présent texte radiophonique en guise de documentation ou de vous en inspirer pour réaliser votre propre émission, vous pourriez examiner les questions suivantes :
- Quels sont les insectes nuisibles et les maladies de haricot les plus répandus dans votre région? Que peuvent faire les agriculteurs et les agricultrices pour s’en débarrasser et réduire les dégâts qu’ils provoquent? Outre l’utilisation des pesticides, quelles sont les autres méthodes qui servent à lutter contre ces insectes et ces maladies?
- Existe-t-il des variétés de haricot résistantes? Si oui, les agriculteurs et les agricultrices y ont-ils accès? Quels résultats obtiennent-ils lorsqu’ils cultivent ces variétés? (Entretenez-vous avec les agriculteurs et les agricultrices)
Texte
En plus de vous entretenir directement avec des agriculteurs, des agricultrices et d’autres acteurs et actrices clés du secteur agricole local, ces questions pourraient être une source d’inspiration pour une tranche de votre émission agricole ordinaire durant laquelle les auditeurs et les auditrices peuvent participer à une tribune téléphonique ou envoyer des messages textes. Vous pourriez inviter des agriculteurs, des agricultrices et d’autres acteurs au studio pour une discussion de groupe. La discussion pourrait se dérouler dans un décor naturel dans un village.
Durée estimée du texte radiophonique: 20 minutes environ avec générique de début et de fin.
ANIMATEUR:
Bonjour, chers auditeurs et auditrices, et bienvenue à l’émission. Je m’appelle ____. Aujourd’hui, nous parlerons de la lutte contre les insectes nuisibles et les maladies du haricot.
Il ne fait aucun doute que le haricot est un des aliments de base le plus consommé en Ouganda. Certaines familles mangent du haricot au déjeuner et au souper presque tous les jours de l’année. Que ce soit pendant la saison ou hors saison, le haricot figure sur la liste des cultures à semer de chaque agriculteur et agricultrice. Je pense qu’on peut affirmer sans trop se tromper qu’il est difficile de trouver un aliment dans ce pays qui puisse nous procure autant de protéines. Par conséquent, il est vraiment important que nous trouvions les voies et moyens de combattre les organismes nuisibles et les maladies qui s’attaquent au haricot.
J’ai rendu visite à quelques cultivateurs et cultivatrices de haricot du nouveau district de Kyotera, à 30 kilomètres de Masaka, pour m’informer sur la lutte antiparasitaire. Le premier agriculteur que j’ai rencontré est Katambala Aloysisus, âgé de 24 ans et originaire du village de Nsege, dans le sous-comté de Lwankoni.
L’INDICATIF SONORE SE FAIT ENTENDRE ET DISPARAÎT
EFFETS SONORES:
UN TAXI MOTO SE RAPPROCHE ET S’ARRÊTE
ANIMATEUR:
Bonjour, seriez-vous M. Katambla par hasard?
ALOYSIUS KATAMBALA :
Si, c’est moi. Et vous devez être le monsieur de la station de radio?
NOTE:
ILS ÉCHANGENT DES SALUTATIONS CULTURELLES
KATAMBALA:
Soyez le bienvenu, monsieur.
ANIMATEUR:
Je suis content d’être ici, et je me réjouis de vous trouver chez vous.
KATAMBALA:
Tout le plaisir est pour moi. Qui suis-je pour accueillir un journaliste? (RIRES)
ANIMATEUR:
(RIRES) Très bien. Je vais aller droit au but. Je suis ici pour m’informer auprès de vous à propos de certaines choses sur la culture du haricot, et plus particulièrement sur la lutte contre les organismes nuisibles et les maladies. Donc ma première question est la suivante: quels sont les organismes et les maladies du haricot qu’on rencontre le plus souvent dans cette région?
KATAMBALA:
L’anthracnose du haricot est la maladie la plus dangereuse qui touche le haricot.
ANIMATEUR:
Pourquoi dites-vous cela?
KATAMBALA:
Parce qu’elle est méconnue de plusieurs agriculteurs et agricultrices. La plupart décèlent les symptômes de la maladie et croient que ce sont les pluies abondantes qui tuent leurs haricots.
ANIMATEUR:
Pourquoi pensent-ils que les pluies abondantes peuvent causer cette maladie?
KATAMBALA:
L’humidité. Lorsqu’il pleut trop, le haricot tend à développer un couvert dense. Cela favorise la présence constante de l’humidité, car les rayons du soleil ne parviennent pas à assécher l’humidité présente sous le couvert pendant de longues périodes de temps.
ANIMATEUR:
Mais l’humidité est bonne pour la croissance des cultures, n’est-ce pas?
KATAMBALA:
En effet, mais lorsqu’il y en a trop, cela entraîne le développement de champignons sur les plants de haricot. Certains de ces champignons peuvent causer l’anthracnose du haricot.
ANIMATEUR:
Se peut-il que votre potager soit contaminé par l’anthracnose à votre insu?
KATAMBALA:
Si nous ne faites pas attention, vous pourriez ne pas vous en apercevoir jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Elle se dissimule dans les parties les plus sombres et les plus ombragées du potager et fait des dégâts sous le couvert des feuilles.
ANIMATEUR:
Donc, lorsqu’on regarde en dessous du couvert dense formé par les feuilles, ce qu’on y voit indique que votre potager est sous attaque.
KATAMBALA:
L’anthracnose attaque les gousses. Vous verrez des taches noires sur les gousses gorgées d’eau. Plusieurs agriculteurs et agricultrices pensent que ce sont les pluies abondantes qui ont rempli les gousses. Mais il ne faut pas imputer la faute à la pluie. C’est une maladie et vous pouvez la combattre.
ANIMATEUR:
Comment les agriculteurs et les agricultrices peuvent-ils lutter contre cette maladie?
KATAMBALA:
La meilleure façon c’est de pulvériser immédiatement le potager après la formation des gousses, surtout quand il pleut abondamment ou si le sarclage a été effectué tard. Le fait de sarcler tard peut également favoriser l’apparition de cette maladie.
ANIMATEUR:
J’imagine que cela est dû au fait que la présence d’une grande quantité de mauvaises herbes augmente le taux l’humidité dans le potager?
ANIMATEUR:
Alors, est-ce qu’à la base la pulvérisation immédiate après la formation des gousses empêche la maladie d’apparaître?
ANIMATEUR:
Et quel est le moment idéal pour sarcler?
KATAMBALA:
Deux semaines après les semis. Sinon, trois semaines, s’il n’y a pas trop de mauvaises herbes.
ANIMATEUR
: Vous avez parlé de pulvériser juste après la formation des gousses pour éviter l’anthracnose. Quand est-il de l’agriculteur ou l’agricultrice dont le champ présente déjà des symptômes? Que doivent faire ce cultivateur ou cette cultivatrice?
KATAMBALA:
Vous pouvez tout de même utiliser le «médicament» après avoir détecté les symptômes. En fonction de la gravité du problème, vous pouvez pulvériser une ou deux fois, avec un écart de sept jours entre les applications.
KATAMBALA:
Au moins, vous pouvez obtenir une petite récolte avec vos cultures. Cela empêche la maladie d’attaquer toutes les gousses.
ANIMATEUR:
Mais comment résoudre le problème du couvert? Cela semble être un facteur majeur ici.
KATAMBALA:
La meilleure façon de gérer un couvert trop dense est d’éviter qu’il se forme en respectant un bon espacement durant les semis.
KATAMBALA:
Laissez quinze centimètres entre les trous de plantation et 50 centimètres entre les lignes. Cela laisse suffisamment d’espace pour permettre aux rayons de soleil d’atteindre le dessous des feuilles et maintenir l’humidité à distance.
ANIMATEUR:
Comment faites-vous pour mesurer?
KATAMBALA:
On nous a appris que la distance entre le coude et le bout du majeur fait environ 50 centimètres, et que du bout du pouce au bout du majeur il y a environ quinze centimètres.
ANIMATEUR:
Merci monsieur. Y a-t-il d’autres maladies que vous combattez régulièrement?
KATAMBALA:
Parfois, les cultures sont attaquées par la rouille du haricot. Lorsque cela survient, la plante se brise et donne l’impression d’avoir été brûlée légèrement par du feu. Mais cette maladie ne représente pas un gros problème.
ANIMATEUR:
Qu’en est-il des organismes nuisibles? Avez-vous des problèmes d’insectes nuisibles ici?
KATAMBALA:
Les plus dangereux sont les pucerons du haricot. Il s’agit de minuscules insectes noirs pouvant faire leur apparition à n’importe quel stade de la croissance. Ils se juchent sous les feuilles et commencent à les faire plisser.
ANIMATEUR:
Les pucerons du haricot ont-ils plus de chances d’apparaître en temps de sécheresse ou en saison pluvieuse?
KATAMBALA:
C’est surtout en temps de sécheresse. La bonne chose concernant ces insectes, c’est qu’il est facile de les éliminer complètement. Lorsque je pulvérise une fois juste après avoir sarclé, une fois avant l’effloraison et une fois pendant la formation des gousses, je m’en débarrasse totalement.
ANIMATEUR:
Merci pour le temps que vous nous avez accordé, M. Katambala. Vous nous avez réellement aidés.
(À L’AUDITOIRE) Je quitte Nsege et prends un taxi moto pour me rendre dans le village de Kayanja, à 20 kilomètres. Là-bas, je rencontre Nabajja Jema, une dame de 52 ans. Elle cultive du haricot chaque saison sur plusieurs lopins de terre afin de nourrir ses enfants et ses petits-enfants. Lorsque la saison est excellente, elle vend une partie de son haricot. Nous la trouvons en train d’aller attacher les chèvres dans les buissons.
EFFET SONORE 1:
LE BRUIT DU TAXI MOTO SE RAPPROCHE DU MICRO
ANIMATEUR:
(SE RAPPROCHANT DU MICRO) Devrions-nous revenir une autre fois, Mme Jema? Vous semblez très occupée.
Nabajja JEMA:
(LOIN DU MICRO, PROJETANT LA VOIX) Non, ce n’est pas grave. Mark les amènera à ma place. (APPELS) Mark, prends ces chèvres et va les attacher dans les buissons.
Nabajja JEMA:
Allons-nous asseoir sur la terrasse.
ANIMATEUR:
Merci madame. Comme je vous le disais au téléphone, je viens de la station de radio. J’aimerais savoir ce qui fonctionne pour vous dans la lutte contre les maladies et les organismes nuisibles du haricot. Avez-vous ces problèmes ici?
Nabajja JEMA:
Oh que si. Ces problèmes existent ici.
ANIMATEUR:
Mme Jema, depuis combien de temps cultivez-vous le haricot?
Nabajja JEMA:
(RIRES) Depuis toujours. Ma grand-mère cultivait du haricot, ma mère en cultivait, et j’ai commencé à travailler au champ avec elle dès que j’ai pu tenir une houe sans tomber.
Nabajja JEMA:
Et bien évidemment, mes filles cultivent le haricot aussi. (SUR UN TON SÉRIEUX, INCRÉDULE) Si on ne cultive pas du haricot, quelle sauce aura-t-on à la maison?
ANIMATEUR:
Quel est selon vous le moyen le plus efficace pour obtenir une bonne récolte de haricot?
Nabajja JEMA:
La culture du haricot comporte plusieurs étapes importantes, comme le choix de la bonne semence, le bon espacement et la réalisation des semis à temps. Mais, en ce qui me concerne, le sarclage effectué à temps constitue probablement l’étape la plus importante.
ANIMATEUR:
Pourquoi dites-vous cela?
Nabajja JEMA:
Parce que les mauvaises herbes sont la principale raison des pertes que nous subissons au niveau du haricot. Elles soutirent les nutriments dont ont besoin les plants de haricot pour bien croître. De plus, elles rendent le haricot malade.
ANIMATEUR:
Donc, quel est le bon moment pour sarcler?
Nabajja JEMA:
Deux semaines après avoir effectué les semis, au moment où il pleut. Mais parfois, je peux attendre tout un mois lorsqu’il ne pleut pas. Le moment favorable pour tuer les mauvaises herbes c’est quand elles sont encore plus petites que le haricot.
ANIMATEUR:
Avez-vous déjà eu des problèmes de maladies?
Nabajja JEMA:
J’ai en effet des problèmes de maladies. Certaines surgissent même lorsque vous avez sarclé.
ANIMATEUR:
De quelle maladie souffrent généralement vos haricots?
Nabajja JEMA:
La pourriture du haricot que nous appelons
kiwotokwa ici. Les plants contaminés ont l’air flétris, comme si quelqu’un avait versé de l’eau chaude là-dessus. Les racines pourrissent et la plante meurt.
ANIMATEUR:
Quels moyens utilisez-vous pour combattre cette maladie?
Nabajja JEMA:
Le
kiwotokwa ne contamine pas tous les plants. Généralement, vous avez une plante malade ici et là. Alors, en arrachant les plants malades, je m’assure ainsi que la maladie ne se propagera pas.
ANIMATEUR:
Avez-vous des insectes nuisibles aussi?
Nabajja JEMA:
Si. Nous avons les pucerons du haricot.
ANIMATEUR:
Qu’est-ce qui provoque les attaques de pucerons?
Nabajja JEMA:
Je suis profondément convaincue que les semis tardifs sont la raison majeure des infestations de pucerons.
ANIMATEUR:
Comment combattez-vous les pucerons du haricot?
Nabajja JEMA:
En pulvérisant un insecticide. Je pulvérise deux fois, avec sept jours d’écart entre chaque pulvérisation, et le problème est complètement résolu.
ANIMATEUR:
Merci beaucoup, Mme Jema.
J’ai quitté les villages pour me rendre dans la petite ville de Kalisiso, à dix kilomètres, afin de m’entretenir avec une spécialiste qui travaille avec les agriculteurs des villages que j’ai visités. J’ai rencontré Mme Hindu Nakawoza qui travaille avec l’Organisation pour le développement des entreprises communautaires, surnommée également CEDO.
EFFETS SONORES:
QUELQU’UN FRAPPE À LA PORTE
ANIMATEUR:
Merci. (MARQUE UNE PAUSE EN S’ASSEYANT) Comme nous en avons discuté au téléphone, j’ai quelques questions à vous poser sur les organismes nuisibles et les maladies du haricot. Mais avant tout, j’aimerais que vous vous présentez.
HINDU NAKAWOZA:
Je m’appelle Nakawoza Hindu, et je travaille ici à la CEDO. La CEDO est une organisation de développement communautaire qui essaie d’aider les agriculteurs et les agricultrices à obtenir de meilleurs résultats après un dur labeur, en s’assurant qu’ils disposent des meilleures semences pour les semis, à savoir les meilleures semences qui génèreront un rendement élevé et qui sont très résistantes aux maladies.
ANIMATEUR:
Pourquoi certaines semences ont un rendement élevé et résistent aux maladies et d’autres pas?
HINDU NAKAWOZA:
Plus vous cultivez la même denrée chaque saison, moins sera le rendement que vous en obtiendrez, et plus elle sera encline aux attaques d’organismes nuisibles et aux maladies. C’est la raison pour laquelle des chercheurs du National Crops Resources Research Institute, également dénommé NaCRRI, à Namulonge, développent continuellement de nouvelles variétés qui sont résistantes aux conditions actuelles en termes de fertilité du sol, de conditions climatiques, d’organismes nuisibles et de maladies.
ANIMATEUR:
Alors, vous achetez les bonnes semences chez NaCCRI pour les revendre aux agriculteurs et aux agricultrices?
HINDU NAKAWOZA:
C’est plus compliqué que ça, mais, en effet, c’est ce que nous faisons.
ANIMATEUR:
Quelle est la différence entre une bonne semence et une semence ordinaire?
HINDU NAKAWOZA:
La bonne semence qui vient juste d’être mise sur le marché par les chercheurs de Namulonge produira 15 à 20 kilogrammes par kilogramme semé, tandis que l’ancienne semence ne rapportera qu’entre cinq à sept kilogrammes pour un kilogramme semé. La nouvelle variété résistera également mieux que l’ancienne variété aux conditions difficiles.
ANIMATEUR:
Mme Hindu, un agriculteur m’a dit qu’il était plus difficile de combattre les effets destructeurs des maladies que ceux provoqués par les organismes nuisibles au niveau du haricot. Est-ce exact?
HINDU NAKAWOZA:
L’agriculteur avait raison. Les maladies sont plus difficiles à détecter à l’œil nu jusqu’à ce qu’il soit un peu trop tard. Par conséquent, elles sont plus difficiles à combattre. Il est généralement plus facile de combattre les organismes nuisibles.
ANIMATEUR:
Alors, quel est le meilleur conseil pour lutter contre les maladies?
HINDU NAKAWOZA:
Pour bien commencer, il faut planter de bonnes semences. Le fait de planter la même semence saison après saison est inefficace. Cette semence a fait l’objet de plusieurs attaques de sorte qu’elle n’a plus les bons «anticorps» pour résister aux organismes nuisibles et aux maladies.
ANIMATEUR:
De nombreux agriculteurs se plaignent que l’anthracnose du haricot est une des principales maladies. Qu’est-ce qui provoque cette maladie?
HINDU NAKAWOZA:
Les microorganismes pouvant causer cette maladie sont toujours présents dans la nature. C’est en plantant les mauvaises semences que ces microorganismes peuvent causer des dégâts. L’anthracnose du haricot est une des principales maladies du haricot, et elle surgit surtout lorsque les pluies sont abondantes.
ANIMATEUR:
Quels sont les symptômes de l’anthracnose?
HINDU NAKAWOZA:
Elle attaque lorsque les gousses se forment. Les gousses contaminées présentent des taches noirâtres profondes à l’extérieur et sont gorgées d’eau.
ANIMATEUR:
Comment peut-on la prévenir? Et si elle est déjà présente, comment la combattre?
HINDU NAKAWOZA:
Comme je le disais plus tôt, l’utilisation d’une semence pure est le meilleur moyen d’éviter l’anthracnose du haricot. Mais si votre potager est déjà contaminé par cette maladie, la formule c’est de pulvériser des fongicides systémiques. Quand les pluies sont de faible intensité, une pulvérisation suffit, mais lorsqu’il pleut abondamment, vous devez pulvériser deux fois.
ANIMATEUR:
Quel est l’organisme qui attaque le plus souvent le haricot?
HINDU NAKAWOZA:
Les pucerons du haricot constituent un gros problème.
ANIMATEUR:
Comment peut-on combattre ces pucerons?
HINDU NAKAWOZA:
L’application de fumier ou d’engrais sur le sol renforce les plantes de sorte que les pucerons causent moins de dégâts. Mais quand les pucerons attaquent, l’agriculteur ou l’agricultrice doit pulvériser l’insecticide après la première effloraison, et pulvériser à nouveau quatorze jours plus tard.
Et avant que j’oublie, le sarclage effectué à temps réduit également le risque d’apparition de cet insecte.
ANIMATEUR:
Quel est le bon moment pour sarcler?
HINDU NAKAWOZA:
Au moment où les jeunes plants de haricots ont cinq feuilles.
ANIMATEUR:
Que faire lorsque les mauvaises herbes sont encore très petites à ce moment?
HINDU NAKAWOZA:
Le sarclage a deux objectifs. Le premier est d’éliminer les mauvaises afin qu’elles ne fassent pas concurrence aux cultures comestibles. Le deuxième objectif c’est d’amonceler de la terre autour de la tige de la plante pour que les plus jeunes plants puissent se raffermir et être en bonne santé. Par conséquent, même s’il n’y a que quelques mauvaises herbes au stade où le plant porte cinq feuilles, les agriculteurs doivent se rendre dans leurs potagers, munis d’une houe, pour donner plus de terre aux jeunes plants de haricot.
ANIMATEUR:
Vous avez dit que les pucerons apparaissaient lorsqu’on ne sarclait pas à temps. Le sarclage tardif ne favorise-t-il pas aussi l’apparition des maladies?
HINDU NAKAWOZA:
Les mauvaises herbes ne sont pas
source de maladies, mais elles peuvent empêcher les cultures de résister facilement aux maladies. Cela est dû au fait que les mauvaises herbes se nourrissent de la plupart des nutriments du sol dont devrait se servir le haricot. Cela affaiblit le haricot et retarde sa croissance, en plus de le rendre moins résistant aux maladies.
ANIMATEUR:
Y a-t-il des maladies qui apparaissent par suite d’un sarclage tardif?
HINDU NAKAWOZA:
Il y a une maladie appelée pourriture du haricot, que les agriculteurs de la région surnomment
kiwotokwa. Elle attaque plus lorsqu’on sarcle tard. Mais elle est surtout causée par le taux d’humidité trop élevé dans le sol.
ANIMATEUR:
Quels sont les symptômes de cette maladie?
HINDU NAKAWOZA:
Les haricots jaunissent. Cependant, ce ne sont pas tous les haricots jaunes qui sont atteints de la pourriture. Parfois, il s’agit simplement d’une absence totale de nutriments dans le sol. Si vous voulez avoir la confirmation que votre potager est contaminé par la pourriture du haricot, arrachez une plante contaminée. Si les racines sont pourries, alors vous avez la pourriture du haricot.
ANIMATEUR:
Quel est le remède contre la pourriture du haricot?
HINDU NAKAWOZA:
Vous n’avez qu’à arracher tous les plants contaminés et terrer le reste. Le fait de mettre plus de terre autour des plants leur permet d’avoir plus de racines pour compenser les plus faibles et celles qui meurent.
ANIMATEUR:
Merci, Mme Hindu.
Nous nous sommes entretenus avec un autre spécialiste en sarclage. Paul Aseete travaille au National Crops Resources Research Institute ou NaCRRI. M. Aseete, combien de fois les agriculteurs doivent-ils sarcler?
PAUL ASEETE:
Nous encourageons les agriculteurs à sarcler quand cela est nécessaire et s’assurer que les plants de haricot sont toujours exempts de mauvaises herbes. Être «exempt de mauvaises herbes» signifie que la densité de mauvaises herbes doit être très faible pour éviter que celles-ci ne fassent concurrence au haricot. Les agriculteurs n’ont pas absolument besoin d’arracher toutes les mauvaises herbes du potager, mais ils doivent s’assurer qu’il y en a le moins possible.
Nous les encourageons à déraciner les mauvaises herbes même après la formation des gousses ou lorsque la maturation du haricot commence. Il peut arriver que les agriculteurs négligent le haricot à ce stade et cela peut entraîner des pertes considérables à cause des graines pourries, déformées ou décolorées.
ANIMATEUR:
Merci, M. Aseete.
VOLUME DE L’INDICATIF SONORE AUGMENTE PUIS DISPARAÎT SOUS LA VOIX DE L’ANIMATEUR, PUIS AUGMENTE ENCORE PENDANT 10 SECONDES AVANT DE DIMINUER COMPLÈTEMENT
ANIMATEUR:
Chers auditeurs et auditrices, nous nous sommes entretenus avec les producteurs de haricot Nabajja Jema et Katambala Aloysius sur la façon dont ils combattaient les insectes nuisibles et les maladies.
Nous avons aussi parlé à Hindu Nakawoza qui travaille à la CEDO, à Kalisiso. En autres choses, la CEDO veille à ce que les agriculteurs et les agricultrices plantent de bonnes semences. Enfin, nous avons eu un entretien avec Paul Aseete du NaCRRI.
Dans cette émission, nous avons appris que l’utilisation de semences pures était une des mesures les plus importantes qu’un producteur de haricot pouvait prendre pour éviter les insectes nuisibles et les maladies, et obtenir les meilleurs résultats après avoir travaillé dur. Il est également très important de sarcler et pulvériser les pesticides au bon moment, et de respecter le bon espacement.
Pour terminer, nous avons appris qu’il est important de s’informer sur les meilleures pratiques auprès des spécialistes, et pour savoir aussi ce que se passe avec nos haricots, car, de toute évidence, il existe des solutions aux problèmes que vous pourriez rencontrer.
Chers auditeurs et auditrices, c’était ________, et je prends maintenant congé de vous. Retrouvez-moi la semaine prochaine, à la même heure, sur la même station, pour votre émission agricole. Au revoir.
Acknowledgements
Rédaction : Tony Mushoborozi, SCRYPTA PRO UGANDA LTD.
Révision : M. Paul Aseete, National Crops Resources Research Institute (NaCRRI), National Agricultural Research Organisation (NARO), 1er décembre 2016.
Information sources
Interviews réalisées avec :
Mme Nabajja Jema, 2 septembre 2016
Katambala Aloysius, 2 septembre 2016
Mme Nakawoza Hindu, 12 octobre 2016
M. Paul Aseete, 1er décembre 2016.
Ce travail a été réalisé grâce à une subvention du Centre de recherches pour le développement international, à Ottawa, au Canada, www.idrc.ca, et avec le soutien financier du gouvernement du Canada, fourni par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca