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La majorité des insectes, des plantes et des animaux sont les amis des agriculteurs. Par exemple, sur 100 insectes habitant le champ d’un agriculteur, une seule espèce sera nuisible, les 99 autres étant inoffensives.
Vous pouvez réduire le nombre d’insectes nuisibles en faisant travailler les insectes inoffensifs pour vous. Cette technique, qui porte le nom de «lutte biologique», ne tue pas tous les insectes nuisibles; vous constaterez donc que vos cultures subissent encore des dommages. La récolte ne devrait toutefois pas en souffrir beaucoup. Des insectes comme la chenille phyllophage ou prédateur des feuilles, par exemple, grignotent les feuilles de plants de maïs. Cela donne un aspect maladif au plant mais ne l’affecte pas sérieusement et il continue à pousser.
La lutte biologique est plus efficace si aucun pesticide chimique n’est employé.
La lutte biologique ne pollue pas votre champ, votre jardin ou votre eau. Elle ne présente aucun danger pour les humains, les plantes ou les animaux. Les pesticides chimiques, quant à eux, laissent des résidus dans le sol, l’eau et l’air que l’on respire, dans les aliments et dans le lait maternel.
La lutte biologique n’élimine habituellement que les insectes nuisibles. Les pesticides chimiques tuent tous les insectes, nuisibles ou inoffensifs.
On a moins souvent besoin d’avoir recours aux méthodes de lutte biologique qu’aux pesticides chimiques, ceux ci devant être appliqués régulièrement. De plus, si vous n’aspergez vos cultures que d’un seul type de pesticide, celui ci deviendra à la longue inefficace. Cela signifie que vous devez trouver régulièrement de nouveaux pesticides. Par ailleurs, il y a peu de chances que les insectes nuisibles développent une résistance à leurs prédateurs naturels dans le cadre de la lutte biologique. A long terme, la lutte biologique est plus économique que l’emploi de pesticides chimiques : les agriculteurs n’ont pas besoin d’acheter des produits chimiques ou de l’équipement coûteux.
La lutte biologique est une méthode durable car elle reproduit ce qui se passe dans la nature. Une fois le système établi, il fonctionne de façon autonome. Il faut toutefois un peu de patience pour voir les résultats de cette méthode. En effet, l’équilibre naturel entre les insectes nuisibles et leurs prédateurs s’établit à la longue.
Si le prédateur naturel de l’insecte nuisible vit tout près, la lutte biologique en sera simplifiée. Si le prédateur n’est pas indigène à votre région, vous pourrez peut être l’obtenir en magasin ou par l’entremise de votre agent de vulgarisation. Un insecticide naturel en aérosol appelé «BT», par exemple, contient une bactérie, la Bacillus thuringiensis, qui parasite l’intestin de certaines larves d’insectes. Ce programme nécessite au début quelques déboursés. Mais au fur et à mesure que les agriculteurs utilisent la lutte biologique, de plus en plus de prédateurs naturels habiteront dans les champs voisins.
Les prédateurs mangent les insectes. Ils comprennent les araignées, les coccinelles, les guêpes, les mantes et les libellules. Chaque prédateur se nourrit de centaines, voire de milliers d’insectes au cours de sa vie. Ces prédateurs ne causent aucun dommage aux cultures.
La majorité des parasites d’insectes sont d’autres insectes qui pondent leurs oeufs à l’intérieur des oeufs ou du corps d’insectes vivants ou d’animaux appelés hôtes. Le trichogramme (Trichogramma spp.) en est un bon exemple. Le parasite se nourrit de l’hôte durant sa croissance, puis le tue. Lorsque le parasite adulte émerge de l’hôte mort, il cherche un nouvel insecte dans lequel pondre ses oeufs. L’utilisation de parasites est une façon plus lente mais aussi efficace de tuer les insectes nuisibles.
Certains virus et champignons sont vecteurs de maladies qui affectent les insectes et les éliminent. Comme la maladie se propage au sein des insectes, il est possible d’éliminer rapidement des populations entières. Vous pouvez attirer ces ennemis naturels dans votre jardin de diverses manières.
Une autre solution consiste à élever des canards et des poules. Ils aiment manger les tiques, les limaces, les vers et les chenilles qui logent sous les arbres fruitiers et parmi les cultures. Il est aussi important de fournir des refuges sous forme de roches, de morceaux et de planches de bois pour les grenouilles, les crapauds, les lézards, les coléoptères et autres créatures similaires qui vous aideront à contrôler les insectes nuisibles dans votre champ.
Comme vous n’aurez plus à asperger les plantes de pesticides, n’oubliez pas de couper et de détruire les parties infectées ou endommagées des plantes ou des arbres fruitiers, afin d’éviter la prolifération des insectes nuisibles d’une plante à l’autre et dans l’ensemble du champ.
En gérant attentivement et en observant les cultures et les insectes nuisibles, vous pourrez réduire le nombre d’insectes nuisibles dans votre exploitation agricole et votre jardin.
Acknowledgements
Ce texte a été écrit par Elisabeth Abergel, Généticienne spécialiste en Biologie végétale, Départment d’études environnementales, Université York, Toronto, Canada.
Il a été revu et corrigé par Stuart Hill, Département d’entomologie, Collége Macdonald, Montréal, Canada.
Information sources
Managing pests and pesticides in small scale agriculture. (1989, 204 pages). Centre for Development Work, The Netherlands (CON). P.O. Box 211, 6700 AE Wageningen, NL.
Pests, predators and pesticides: some alternatives to synthetic pesticides, (1991, 105 pages) par J. Conacher. Organic Growers Association of Western Australia. P.O. Box 213, Wembley, W.A., 6014, Australia.
« Natural enemies of insect pests » dans Regenerative Agricultural Techniques: Trainer’s Kit. International Institute of Rural Reconstruction, Silang, Cavite, Philippines.
Manejo integrado de plagas insectiles, (1992, 95 pages). ALTERTEC, Apartado Postal 2, Momostenango, Totonicapán, Guatemala, C.A.