L’importance de la nutrition animale dans la production du bétail dans le nord du Ghana

Élevage d'animaux et apiculture

Notes au radiodiffuseur

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Dans la partie nord du Ghana, le secteur du bétail lutte depuis 10 ans pour sa survie en raison des ressources et des services inadéquats offerts dans la région. Les renseignements sur la santé animale et sur les besoins nutritionnels des petits ruminants, comme les chèvres et les moutons, ainsi que les suppléments et les services vétérinaires offerts à de nombreux agriculteurs ruraux sont inadéquats ou totalement inexistants. Dans le présent texte, Lydia Ajono, réalisatrice de radio communautaire, s’entretient avec des propriétaires de bétail dans les districts de Bukurugu Yoyoo et de Savelugu/Nanton de la région nord du Ghana au sujet de la nutrition du bétail.

Le présent texte repose sur des entrevues réelles. Vous pourriez vous en inspirer pour faire des recherches et rédiger un texte sur un sujet semblable dans votre région. Ou encore vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les gens qui parlent. Si tel est le cas, veuillez vous assurer de prévenir votre auditoire, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs et non pas des personnes initialement impliquées dans les entrevues.

Texte

Montée de l’indicatif musical

Lydia :
Bienvenue à notre émission Pukpariba Saha (Note de la rédaction : L’heure des agriculteurs dans la langue Dagbali parlée dans le nord du Ghana). Aujourd’hui, nous allons rendre visite à des propriétaires de bétail dans les districts de Bukurugu Yoyoo et de Savelugu/Nanton au nord du Ghana.

Effets sonores:

Montée de l’indicatif musical

Lydia :
Bienvenue à notre émission Pukpariba Saha (Note de la rédaction: L’heure des agriculteurs dans la langue Dagbali parlée dans le nord du Ghana). Aujourd’hui, nous allons rendre visite à des propriétaires de bétail dans les districts de Bukurugu Yoyoo et de Savelugu/Nanton au nord du Ghana.

 

Fondu enchaîné de l’indicatif musical

Lydia :
La collectivité de Binde se trouve dans le district de Bukurugu Yoyoo, qui fait partie du corridor est de la région nord du Ghana. Binde est située à environ 80 kilomètres de Dalun où se trouve Simli Radio. Le paysage de Binde est typique de la région de savane septentrionale. Il présente des collines avec très peu d’affleurements rocheux. La végétation naturelle comprend un éventail d’arbustes, d’arbres et de graminées vivaces.

Le climat du district est semblable à celui des autres régions du nord du Ghana. Les agriculteurs connaissent ici une saison pluvieuse et une saison sèche. La pluie débute en avril et dure jusqu’en août, parfois même jusqu’à la mi-octobre. Les moutons, les chèvres et les bovins sont les principales races de bétail élevées par les agriculteurs ruraux.

Binde compte entre 800 et 1000 habitants, pour la plupart de petits exploitants agricoles qui élèvent du bétail et font pousser des cultures. La plupart des agriculteurs n’ont pas poursuivi d’études, mais abondent en connaissances indigènes sur leurs besoins agricoles, surtout au sujet de l’alimentation de leurs animaux et des soins concernant leur santé en général. Les agriculteurs pratiquent ce qu’ils appellent l’alimentation en liberté de leurs animaux. Pendant la saison sèche, on laisse les animaux se promener dans les terres agricoles et les forêts pour se nourrir le jour et rentrer le soir. Durant la période des pluies, les petits ruminants comme les chèvres et les moutons sont parqués dans un certain pâturage pour y brouter, tandis que les bovins sont emmenés pour paître dans les champs ou la forêt.

Avant de parler aux agriculteurs, écoutons quelques chansons de la région. Celle-ci parle des bonnes récoltes.

Musique

Lydia :
Je vais parler à un certain nombre d’agriculteurs au sujet du genre de programmes d’alimentation qu’ils ont pour les animaux. En premier lieu, me voici en compagnie de Dimonso Bagamisa Nabilla. Quelles sont vos expériences en matière d’élevage du bétail?

Dimonso :
Je me suis occupé d’élever des animaux durant toute ma vie. Tout comme mon fils me donne un coup de main, quand j’étais gamin j’avais l’habitude d’aider mon père à prendre soin des animaux. En fait, je m’intéressais tellement aux animaux que je les nourrissais avant d’aller à l’école, surtout pendant la saison des pluies alors que nous devons parquer les chèvres et les moutons. Mon père avait tellement de vaches, de moutons et de chèvres. Si on travaillait bien, il nous donnait un jeune animal à soigner et, par la suite, il nous appartenait. C’est pour cela que je possède aujourd’hui quelques animaux.

Lydia :
Combien avez-vous d’animaux?

Dimonso :
Je suis fier de dire que j’ai six bovins, cinq chèvres et dix porcs. J’ai aussi douze moutons.

Lydia :
Je crois savoir que certains de vos animaux sont chez votre frère aîné. Pourquoi les gardez-vous chez votre frère aîné?

Dimonso :
C’est une marque de respect que certains des biens du frère benjamin soient gérés par le frère aîné.

Lydia :
Examinons maintenant votre programme d’alimentation. Quels genres d’aliments donnez-vous à vos animaux?

Dimonso :
Je planifie le programme d’alimentation en fonction des saisons. Durant la période de sécheresse, lorsqu’il n’y a pas assez de graminées, je nourris les moutons et les chèvres de feuilles d’arbres comme le «narik», le manguier et le leucaene. Chaque jour, mes fils mènent les bovins paître dans la brousse.

Lydia :
Ces feuilles sont-elles nutritives? Peuvent-elles maintenir vos animaux en bonne santé et exempts de maladies?

Dimonso :
Vous savez, les animaux aiment les feuilles vertes parce que, en premier lieu, elles remplissent l’estomac – tout juste comme les êtres humains mangeant de la nourriture. Ensuite, elles sont médicinales, c’est-à-dire bonnes pour leur santé. Les feuilles vertes sont donc une bonne source d’alimentation animale, même si elles ne sont peut-être pas un aliment complet pour eux. Étant donné que nous avons des pénuries d’aliments pour animaux pendant la saison sèche, nous devons préparer des aliments pendant la saison des pluies.

Lydia :
La préparation d’aliments pour la saison sèche implique quoi pendant la saison des pluies?

Dimonso :
Après avoir récolté les arachides et les haricots, je ramasse les feuilles, je les fais sécher en ballots et je les entrepose pour la saison sèche, que nous appelons la période de famine. J’y ajoute également un bloc de sel. Ce dernier présente quelques avantages nutritionnels et il permet de s’assurer que les animaux ne se promènent pas partout. Étant donné qu’ils aiment énormément le bloc de sel, lorsqu’ils broutent en liberté, ils reviennent toujours à la maison. Quant aux porcs, je leur donne de la moulée. C’est un sous-produit d’une boisson locale faite à partir de sorgho ou de maïs.

Lydia :
Comment gérez-vous cela au quotidien, avec vos autres tâches tout aussi exigeantes?

Dimonso :
J’ai trois épouses avec leurs enfants. Nous sommes 22 à vivre dans cette maison, si bien que tout le monde fait sa part pour nourrir les animaux. Mes épouses et leurs filles sont chargées d’aller chercher de l’eau et de la donner aux animaux, tandis que mes fils m’aident à cueillir les feuilles dans la brousse. Chaque fois que les femmes vont chercher du bois de chauffage dans la brousse, elles reviennent avec quelques feuilles pour les animaux.

Lydia :
Lorsque je me suis entretenu avec des gens du Bureau de recherches zootechniques du district, ils m’ont dit que les propriétaires d’animaux de cette région rencontrent des tas de difficultés pour nourrir leurs animaux parce que la majorité des buissons sont brûlés pendant la saison sèche. Que faites-vous pour stopper le brûlage afin de pouvoir trouver de la nourriture toute l’année?

Dimonso :
C’est vrai que le brûlage des buissons est courant et a contribué à une pénurie de fourrages. C’est la raison pour laquelle la plupart d’entre nous passent beaucoup de temps à ramasser et entreposer les résidus de culture après la récolte pendant la saison des pluies. Nous devons décourager le brûlage des buissons. La collectivité et le gouvernement doivent déployer des efforts concertés pour faire appliquer les règlements interdisant le brûlage des buissons.

Lydia :
Merci beaucoup, M. Dimonso. De Binde, rendons-nous au Collège de santé animale et d’élevage de Pong-Tamale pour en savoir davantage sur l’alimentation des animaux. Le Collège forme des jeunes en santé animale et en élevage dans le but de renforcer les services vétérinaires communautaires. Je me suis entretenue avec le Dr Joseph Atawalna, chargé de cours au Collège, et je lui ai demandé de définir un programme complet d’alimentation pour les animaux.

Dr Atawalna :
Merci de m’avoir invité à votre émission. Lorsque nous parlons d’un programme complet d’alimentation, cela signifie simplement que l’animal reçoit la bonne quantité et la bonne qualité de nourriture pour son âge, son sexe et sa maturité. Une alimentation complète devrait fournir suffisamment d’éléments nutritifs et d’énergie pour les déplacements quotidiens de l’animal et offrir un peu d’énergie en réserve et pour d’autres activités.

Lydia :
Quelles sortes d’aliments conviennent aux ruminants?

Dr Atawalna :
Les petits ruminants, comme les moutons et les chèvres, ont un estomac complexe qui est conçu pour digérer les graminées. Nous nourrissons donc normalement nos animaux surtout avec de l’herbe, des graminées que vous pouvez trouver dans les pâturages ou des graminées que les agriculteurs font pousser eux-mêmes. En outre, nous coupons les feuilles de certains types d’arbres, y compris le leucaene, le figuier et les ronciers. Les ruminants ne sont pas comme les porcs ou la volaille qui se nourrissent de concentrés. Si vous donnez beaucoup de concentré aux ruminants, ils le gaspillent.

Lydia :
Que voulez-vous dire qu’ils le gaspillent?

Dr Atawalna :
Comme je l’ai dit, en raison de la nature de leur estomac, ils peuvent digérer beaucoup de fibres, notamment de la cellulose. Les graminées et les feuilles contiennent beaucoup de fibres. Les ruminants peuvent digérer le maïs et d’autres céréales seulement en quantité limitée. Ils devraient donc recevoir de petites quantités de concentrés, mais de grandes quantités de graminées pour avoir une alimentation complète.

Lydia :
Certains agriculteurs coupent diverses sortes de feuilles pour leurs animaux. Parlez-nous des meilleurs choix d’arbres ou de végétaux.

Dr Atawalna :
Il y en a beaucoup qui sont bons pour les ruminants. Les arbres bons à brouter englobent toutes les sortes de kinkangsia, appelés en français figuiers, et l’arbre «nasatis » comme Gliricidia sepium et l’espèce Acacia. Les bons végétaux à brouter incluent les pois cajans ou pois d’Angole et différentes sortes d’espèces de stylos. Les bonnes graminées comprennent l’herbe de Guinée ou mil de Guinée, le «missi » et évidemment les résidus de culture, qui sont utilisés spécifiquement durant la saison sèche.

Lydia :
J’ai parlé à quelques agriculteurs qui ont déclaré que les feuilles de l’arbre «zang » ou du roncier sont bonnes, de même que les graines. Ils appellent le fruit qui contient les graines un «biscuit pour animaux». Quelle est sa valeur pour l’animal?

Dr Atawalna :
Il contient beaucoup de protéines. Les protéines aident l’animal à gagner du poids, à mieux se reproduire et à avoir une plus belle apparence quand il a un niveau élevé de protéines. Il aide également l’animal à mieux lutter contre les maladies. Les protéines sont donc très importantes dans l’alimentation des animaux – comme c’est le cas pour les humains.

Lydia :
Il est bien connu que les êtres humains peuvent souffrir de carences minérales et être traités. Mais, pour les animaux, comment corrigez-vous cette situation lorsqu’elle se produit?

Dr Atawalna :
Certains sols sont naturellement carencés en minéraux. Par conséquent, ces minéraux peuvent faire défaut dans des aliments qui poussent dans ces sols et les animaux auront des carences en minéraux. Chez les ruminants, les carences minérales peuvent être corrigées en leur donnant accès à des blocs de minéraux et de protéines, couramment appelés blocs de sel. Ils contiennent des minéraux comme du calcium et du phosphore qui peuvent faire défaut dans la nourriture. On voit souvent les ruminants souffrant de carences minérales lécher les murs ou les endroits où des gens ont uriné. C’est un indice pour l’agriculteur que les animaux souffrent d’une forme de carence minérale.

Lydia :
Quels avantages représentent ces petits ruminants pour le revenu du petit exploitant agricole?

Dr Atawalna :
Beaucoup. Dans le nord du Ghana, lorsque les récoltes font défaut et que la famine s’installe, les agriculteurs sont tributaires des petits ruminants. Ils vendent un ou deux moutons ou chèvres et peuvent se nourrir. En outre, nous les utilisons dans de nombreuses coutumes traditionnelles comme les mariages, les funérailles et les activités festives. Ils jouent donc un grand rôle dans nos vies. Malheureusement, dans le nord du Ghana, nous avons tendance à élever les animaux uniquement comme un passe-temps et non pas comme une entreprise commerciale. Nous ne leur réservons pas d’endroit pour dormir et, quand ils sont malades, nous ne nous occupons pas d’eux ou nous ne demandons pas l’aide de vétérinaires. Ce sont là des choses à améliorer. Des ressources, comme des suppléments, des aliments, des abris et des services pour la santé animale et l’élevage dans la collectivité, contribueraient à améliorer l’élevage des ruminants dans la région.

Lydia :
Merci beaucoup de nous avoir éclairé sur la nutrition animale. J’espère que nos éleveurs de bétail ont beaucoup appris de vos propos.

Effets sonores d’animaux

Lydia :
Les éleveurs de petits ruminants qui ont bénéficié des Services vétérinaires communautaires du Collège de santé animale et d’élevage de Pong-Tamale utilisent le genre d’informations dont a parlé le Dr Atawalna. Un de ces agriculteurs est Wumbei Alhassan de Libga, dans le district de Savelugu-Nanton. Je lui ai demandé quels services il a reçus du collège.

Wumbei :
Grâce à leurs enseignements portant sur la façon de nourrir les jeunes moutons qui n’ont pas encore eu de petits, mes animaux ont tellement bonne mine et l’air en bonne santé. J’ai appris à mélanger les graminées avec d’autres fourrages pour mes animaux. Ils sont en très bonne santé et paraissent plus âgés qu’en réalité. Ils nous ont également enseigné comment construire des abris pour les animaux. Il devrait y avoir des endroits séparés pour les jeunes et pour les adultes. J’ai appris que, si je bâtis un abri pour animaux, il doit avoir des ouvertures vers le nord et le sud afin que l’air puisse circuler à l’intérieur. Le toit et les murs sont bâtis pour protéger les animaux du soleil le matin et en fin d’après-midi. Cela nous a aidés; nos animaux ne meurent plus de la chaleur.

Je ramasse les excréments des animaux pour ma ferme. L’an dernier, je n’ai pas utilisé d’engrais chimiques, mais mon maïs a donné sa meilleure récolte grâce aux excréments d’animaux que ma femme et moi avons appliqués. J’incite donc les autres agriculteurs à commencer l’élevage des petits ruminants comme revenu familial d’appoint.

Lydia :
Merci, M. Wumbei, d’avoir partagé cela avec nous. Chers auditeurs et auditrices, c’est la fin de la première partie de notre série sur la santé animale et l’élevage. Nous avons examiné des programmes complets d’alimentation des animaux, surtout des petits ruminants, dans la région nord du Ghana. Veuillez envoyer vos questions ou vos commentaires aux réalisateurs à Simli Radio, B.P. 764, Tamale, Ghana, ou par téléphone au numéro 0244784176.

Montée et sortie de l’indicatif musical
Fondu enchaîné de l’indicatif musical

Lydia :
La collectivité de Binde se trouve dans le district de Bukurugu Yoyoo, qui fait partie du corridor est de la région nord du Ghana. Binde est située à environ 80 kilomètres de Dalun où se trouve Simli Radio. Le paysage de Binde est typique de la région de savane septentrionale. Il présente des collines avec très peu d’affleurements rocheux. La végétation naturelle comprend un éventail d’arbustes, d’arbres et de graminées vivaces.

Le climat du district est semblable à celui des autres régions du nord du Ghana. Les agriculteurs connaissent ici une saison pluvieuse et une saison sèche. La pluie débute en avril et dure jusqu’en août, parfois même jusqu’à la mi-octobre. Les moutons, les chèvres et les bovins sont les principales races de bétail élevées par les agriculteurs ruraux.

Binde compte entre 800 et 1 000 habitants, pour la plupart de petits exploitants agricoles qui élèvent du bétail et font pousser des cultures. La plupart des agriculteurs n’ont pas poursuivi d’études, mais abondent en connaissances indigènes sur leurs besoins agricoles, surtout au sujet de l’alimentation de leurs animaux et des soins concernant leur santé en général. Les agriculteurs pratiquent ce qu’ils appellent l’alimentation en liberté de leurs animaux. Pendant la saison sèche, on laisse les animaux se promener dans les terres agricoles et les forêts pour se nourrir le jour et rentrer le soir. Durant la période des pluies, les petits ruminants comme les chèvres et les moutons sont parqués dans un certain pâturage pour y brouter, tandis que les bovins sont emmenés pour paître dans les champs ou la forêt.

Avant de parler aux agriculteurs, écoutons quelques chansons de la région. Celle-ci parle des bonnes récoltes.

Musique

Lydia :
Je vais parler à un certain nombre d’agriculteurs au sujet du genre de programmes d’alimentation qu’ils ont pour les animaux. En premier lieu, me voici en compagnie de Dimonso Bagamisa Nabilla. Quelles sont vos expériences en matière d’élevage du bétail?

Dimonso :
Je me suis occupé d’élever des animaux durant toute ma vie. Tout comme mon fils me donne un coup de main, quand j’étais gamin j’avais l’habitude d’aider mon père à prendre soin des animaux. En fait, je m’intéressais tellement aux animaux que je les nourrissais avant d’aller à l’école, surtout pendant la saison des pluies alors que nous devons parquer les chèvres et les moutons. Mon père avait tellement de vaches, de moutons et de chèvres. Si on travaillait bien, il nous donnait un jeune animal à soigner et, par la suite, il nous appartenait. C’est pour cela que je possède aujourd’hui quelques animaux.

Lydia :
Combien avez-vous d’animaux?

Dimonso :
Je suis fier de dire que j’ai six bovins, cinq chèvres et dix porcs. J’ai aussi douze moutons.

Lydia :
Je crois savoir que certains de vos animaux sont chez votre frère aîné. Pourquoi les gardez-vous chez votre frère aîné?

Dimonso :
C’est une marque de respect que certains des biens du frère benjamin soient gérés par le frère aîné.

Lydia :
Examinons maintenant votre programme d’alimentation. Quels genres d’aliments donnez-vous à vos animaux?

Dimonso :
Je planifie le programme d’alimentation en fonction des saisons. Durant la période de sécheresse, lorsqu’il n’y a pas assez de graminées, je nourris les moutons et les chèvres de feuilles d’arbres comme le « narik », le manguier et le leucaene. Chaque jour, mes fils mènent les bovins paître dans la brousse.

Lydia :
Ces feuilles sont-elles nutritives? Peuvent-elles maintenir vos animaux en bonne santé et exempts de maladies?

Dimonso :
Vous savez, les animaux aiment les feuilles vertes parce que, en premier lieu, elles remplissent l’estomac – tout juste comme les êtres humains mangeant de la nourriture. Ensuite, elles sont médicinales, c’est-à-dire bonnes pour leur santé. Les feuilles vertes sont donc une bonne source d’alimentation animale, même si elles ne sont peut-être pas un aliment complet pour eux. Étant donné que nous avons des pénuries d’aliments pour animaux pendant la saison sèche, nous devons préparer des aliments pendant la saison des pluies.

Lydia :
La préparation d’aliments pour la saison sèche implique quoi pendant la saison des pluies?

Dimonso :
Après avoir récolté les arachides et les haricots, je ramasse les feuilles, je les fais sécher en ballots et je les entrepose pour la saison sèche, que nous appelons la période de famine. J’y ajoute également un bloc de sel. Ce dernier présente quelques avantages nutritionnels et il permet de s’assurer que les animaux ne se promènent pas partout. Étant donné qu’ils aiment énormément le bloc de sel, lorsqu’ils broutent en liberté, ils reviennent toujours à la maison. Quant aux porcs, je leur donne de la moulée. C’est un sous-produit d’une boisson locale faite à partir de sorgho ou de maïs.

Lydia :
Comment gérez-vous cela au quotidien, avec vos autres tâches tout aussi exigeantes?

Dimonso :
J’ai trois épouses avec leurs enfants. Nous sommes 22 à vivre dans cette maison, si bien que tout le monde fait sa part pour nourrir les animaux. Mes épouses et leurs filles sont chargées d’aller chercher de l’eau et de la donner aux animaux, tandis que mes fils m’aident à cueillir les feuilles dans la brousse. Chaque fois que les femmes vont chercher du bois de chauffage dans la brousse, elles reviennent avec quelques feuilles pour les animaux.

Lydia :
Lorsque je me suis entretenu avec des gens du Bureau de recherches zootechniques du district, ils m’ont dit que les propriétaires d’animaux de cette région rencontrent des tas de difficultés pour nourrir leurs animaux parce que la majorité des buissons sont brûlés pendant la saison sèche. Que faites-vous pour stopper le brûlage afin de pouvoir trouver de la nourriture toute l’année?

Dimonso :
C’est vrai que le brûlage des buissons est courant et a contribué à une pénurie de fourrages. C’est la raison pour laquelle la plupart d’entre nous passent beaucoup de temps à ramasser et entreposer les résidus de culture après la récolte pendant la saison des pluies. Nous devons décourager le brûlage des buissons. La collectivité et le gouvernement doivent déployer des efforts concertés pour faire appliquer les règlements interdisant le brûlage des buissons.

Lydia :
Merci beaucoup, M. Dimonso. De Binde, rendons-nous au Collège de santé animale et d’élevage de Pong-Tamale pour en savoir davantage sur l’alimentation des animaux. Le Collège forme des jeunes en santé animale et en élevage dans le but de renforcer les services vétérinaires communautaires. Je me suis entretenue avec le Dr Joseph Atawalna, chargé de cours au Collège, et je lui ai demandé de définir un programme complet d’alimentation pour les animaux.

Dr Atawalna :
Merci de m’avoir invité à votre émission. Lorsque nous parlons d’un programme complet d’alimentation, cela signifie simplement que l’animal reçoit la bonne quantité et la bonne qualité de nourriture pour son âge, son sexe et sa maturité. Une alimentation complète devrait fournir suffisamment d’éléments nutritifs et d’énergie pour les déplacements quotidiens de l’animal et offrir un peu d’énergie en réserve et pour d’autres activités.

Lydia :
Quelles sortes d’aliments conviennent aux ruminants?

Dr Atawalna :
Les petits ruminants, comme les moutons et les chèvres, ont un estomac complexe qui est conçu pour digérer les graminées. Nous nourrissons donc normalement nos animaux surtout avec de l’herbe, des graminées que vous pouvez trouver dans les pâturages ou des graminées que les agriculteurs font pousser eux-mêmes. En outre, nous coupons les feuilles de certains types d’arbres, y compris le leucaene, le figuier et les ronciers. Les ruminants ne sont pas comme les porcs ou la volaille qui se nourrissent de concentrés. Si vous donnez beaucoup de concentré aux ruminants, ils le gaspillent.

Lydia :
Que voulez-vous dire qu’ils le gaspillent?

Dr Atawalna :
Comme je l’ai dit, en raison de la nature de leur estomac, ils peuvent digérer beaucoup de fibres, notamment de la cellulose. Les graminées et les feuilles contiennent beaucoup de fibres. Les ruminants peuvent digérer le maïs et d’autres céréales seulement en quantité limitée. Ils devraient donc recevoir de petites quantités de concentrés, mais de grandes quantités de graminées pour avoir une alimentation complète.

Lydia :
Certains agriculteurs coupent diverses sortes de feuilles pour leurs animaux. Parlez-nous des meilleurs choix d’arbres ou de végétaux.

Dr Atawalna :
Il y en a beaucoup qui sont bons pour les ruminants. Les arbres bons à brouter englobent toutes les sortes de kinkangsia, appelés en français figuiers, et l’arbre « nasatis » comme Gliricidia sepium et l’espèce Acacia. Les bons végétaux à brouter incluent les pois cajans ou pois d’Angole et différentes sortes d’espèces de stylos. Les bonnes graminées comprennent l’herbe de Guinée ou mil de Guinée, le « missi » et évidemment les résidus de culture, qui sont utilisés spécifiquement durant la saison sèche.

Lydia :
J’ai parlé à quelques agriculteurs qui ont déclaré que les feuilles de l’arbre « zang » ou du roncier sont bonnes, de même que les graines. Ils appellent le fruit qui contient les graines un « biscuit pour animaux ». Quelle est sa valeur pour l’animal?

Dr Atawalna :
Il contient beaucoup de protéines. Les protéines aident l’animal à gagner du poids, à mieux se reproduire et à avoir une plus belle apparence quand il a un niveau élevé de protéines. Il aide également l’animal à mieux lutter contre les maladies. Les protéines sont donc très importantes dans l’alimentation des animaux – comme c’est le cas pour les humains.

Lydia :
Il est bien connu que les êtres humains peuvent souffrir de carences minérales et être traités. Mais, pour les animaux, comment corrigez-vous cette situation lorsqu’elle se produit?

Dr Atawalna :
Certains sols sont naturellement carencés en minéraux. Par conséquent, ces minéraux peuvent faire défaut dans des aliments qui poussent dans ces sols et les animaux auront des carences en minéraux. Chez les ruminants, les carences minérales peuvent être corrigées en leur donnant accès à des blocs de minéraux et de protéines, couramment appelés blocs de sel. Ils contiennent des minéraux comme du calcium et du phosphore qui peuvent faire défaut dans la nourriture. On voit souvent les ruminants souffrant de carences minérales lécher les murs ou les endroits où des gens ont uriné. C’est un indice pour l’agriculteur que les animaux souffrent d’une forme de carence minérale.

Lydia :
Quels avantages représentent ces petits ruminants pour le revenu du petit exploitant agricole?

Dr Atawalna :
Beaucoup. Dans le nord du Ghana, lorsque les récoltes font défaut et que la famine s’installe, les agriculteurs sont tributaires des petits ruminants. Ils vendent un ou deux moutons ou chèvres et peuvent se nourrir. En outre, nous les utilisons dans de nombreuses coutumes traditionnelles comme les mariages, les funérailles et les activités festives. Ils jouent donc un grand rôle dans nos vies. Malheureusement, dans le nord du Ghana, nous avons tendance à élever les animaux uniquement comme un passe-temps et non pas comme une entreprise commerciale. Nous ne leur réservons pas d’endroit pour dormir et, quand ils sont malades, nous ne nous occupons pas d’eux ou nous ne demandons pas l’aide de vétérinaires. Ce sont là des choses à améliorer. Des ressources, comme des suppléments, des aliments, des abris et des services pour la santé animale et l’élevage dans la collectivité, contribueraient à améliorer l’élevage des ruminants dans la région.

Lydia :
Merci beaucoup de nous avoir éclairé sur la nutrition animale. J’espère que nos éleveurs de bétail ont beaucoup appris de vos propos.

Effets sonores d’animaux

Lydia :
Les éleveurs de petits ruminants qui ont bénéficié des Services vétérinaires communautaires du Collège de santé animale et d’élevage de Pong-Tamale utilisent le genre d’informations dont a parlé le Dr Atawalna. Un de ces agriculteurs est Wumbei Alhassan de Libga, dans le district de Savelugu-Nanton. Je lui ai demandé quels services il a reçus du collège.

Wumbei :
Grâce à leurs enseignements portant sur la façon de nourrir les jeunes moutons qui n’ont pas encore eu de petits, mes animaux ont tellement bonne mine et l’air en bonne santé. J’ai appris à mélanger les graminées avec d’autres fourrages pour mes animaux. Ils sont en très bonne santé et paraissent plus âgés qu’en réalité. Ils nous ont également enseigné comment construire des abris pour les animaux. Il devrait y avoir des endroits séparés pour les jeunes et pour les adultes. J’ai appris que, si je bâtis un abri pour animaux, il doit avoir des ouvertures vers le nord et le sud afin que l’air puisse circuler à l’intérieur. Le toit et les murs sont bâtis pour protéger les animaux du soleil le matin et en fin d’après-midi. Cela nous a aidés; nos animaux ne meurent plus de la chaleur.
Je ramasse les excréments des animaux pour ma ferme. L’an dernier, je n’ai pas utilisé d’engrais chimiques, mais mon maïs a donné sa meilleure récolte grâce aux excréments d’animaux que ma femme et moi avons appliqués. J’incite donc les autres agriculteurs à commencer l’élevage des petits ruminants comme revenu familial d’appoint.

Lydia :
Merci, M. Wumbei, d’avoir partagé cela avec nous. Chers auditeurs et auditrices, c’est la fin de la première partie de notre série sur la santé animale et l’élevage. Nous avons examiné des programmes complets d’alimentation des animaux, surtout des petits ruminants, dans la région nord du Ghana. Veuillez envoyer vos questions ou vos commentaires aux réalisateurs à Simli Radio, B.P. 764, Tamale, Ghana, ou par téléphone au numéro 0244784176.

Montée et sortie de l’indicatif musical

Acknowledgements

Rédaction : Lydia Ajono, gestionnaire des émissions, Simli Radio, Tamale, Ghana, un partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales.
Révision : Dilip Bhandari, vétérinaire, Heifer International.

Information sources

Noms locaux de plantes fourragères pour les ruminants :

Albizia lebbeck :
Amharic : lebbek
Arabe : daqn el-Basha, dign el basha, labakh, laebach, lebbek
Anglais : East Indian walnut, frywood, Indian siris, koko, lebbek, lebbek tree, rain tree, raom tree, silver raintree, siris rain tree, siris tree, soros-tree, woman’s tongue, fry wood,
Français : bois noir, bois savane, tcha tcha
Madagascar : bonara, fany, faux mendoravina
Swahili : mkingu, mkungu

Gliricidia sepium :

Anglais : quickstick, mother of cacao, gliricidia
Espagnol : mata raton, madre cacao
Français : gliricidia, le noir Madero

Espèce Stylosanthes
Stylosanthes guianensis :
Anglais : Graham stylo, common stylo
Français : stylo, luzerne tropicale, luzerne du Brésil

Stylosanthes hamata :
Anglais : Verano stylo
Français : luzerne des Caraïbes

Stylosanthes scabra :

Anglais : Seco stylo, shrubby stylo
Français : aucun nom connu

Figue
Mapurili : kinkangsia

Leucaena leucocephala :
Amharic : lukina
Arabe : leucaena
Anglais : thorn tree, coffee bush, false koa, hedge acacia, horse tamarind, jumbie bean, lead tree, leucaena, white popinac, wild tamarind, white lead-tree
Français : delin étranger, graines de lin, faux mimosa, bois bourro, makata bourse, tamarin bâtard, Leucaene, Leucaene à têtes blanches, cassie blanc
Swahili : lusina, mlusina
Tigrigna : lucina

Cajanus cajan :
Amharic : yergib ater, yewof ater
Anglais : Angolan pea, Congo pea, no-eye pea, pigeon pea, red gram, yellow dhal
Français : ambrévade, pois cajan, pois d’Angole, pois pigeon, pois de bois, pois-lisière, pois chiche rouge, cytise cajan, cytise des Indes
Luganda : mpinnamiti
Portugais : feijão boere
Swahili : mbaazi

Clitoria ternatea
Anglais : butterfly pea, clitoria, tropical alfalfa, blue pea
Français : clitorie de Ternate, liane de Ternate, pois bleu, liane Madame, ki-poule
Mapurili : missi
Portugais : fula criqua

Pennisetum purpureum :
Anglais : elephant grass, napier grass, merker grass
Français : fausse canne à sucre, napier, herbe à éléphant

Panicum maximum :
Afrikaans : vleibuffelsgras
Anglais : Guinea grass, common buffalo grass
Français : guinée, herbe de Guinée, mil de Guinée, canne fourragère, faux kikuyu, herbe des Bermudes

Sources d’information

Entrevues effectuées dans la collectivité de Binde, dans le district de Bumkurugu-Yoyoo, le 17 avril 2009; à Pong-Tamale, le 18 avril 2009; et dans la collectivité de Libga, dans le district de Savelugu/Nanton, le 21 avril 2009.

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