Les patates douces oranges

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Notes au radiodiffuseur

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L’Afrique fait actuellement face à un problème de famine et de pauvreté à grande échelle. En Afrique, la plupart des économies reposent sur l’agriculture. De nos jours, de nombreux agriculteurs quittent la ferme pour se lancer dans d’autres métiers, à cause des défis posés par l’agriculture comme les changements climatiques, les parasites et les maladies, la baisse de fertilité des sols, les fluctuations des prix et d’autres problèmes.

Mais les chercheurs ont découvert de nouvelles cultures qui sont avantageuses pour les agriculteurs. Parmi celles-ci, citons la patate douce orange. Quelques agriculteurs ont commencé à cultiver cette plante en obtenant de bons résultats. La patate douce orange contient beaucoup de vitamine A, qui est vitale pour la santé des humains. On peut faire des gâteaux et des pains avec des patates douces oranges fraîches. Les aliments fabriqués à partir de la racine fraîche conservent la vitamine A, à la différence de la farine obtenue avec la racine. Elle pousse plus rapidement que la patate douce blanche et donne un rendement comparable.

Ce texte est basé sur une interview réelle menée auprès d’un agriculteur, en Ouganda. Pour la production de ce texte sur votre station, vous pouvez choisir d’utiliser les voix d’acteurs pour jouer le rôle des participants à l’interview, et changer la formulation du texte pour l’adapter à votre situation locale. Dans ce cas, veuillez vous assurer d’informer votre auditoire dès le début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs, pas celles des personnes interrogées à l’origine, et que le programme a été adapté à votre auditoire local mais se base sur une vraie interview.

Texte

Musique brève et fondu enchaîné

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et auditrices, merci d’être à l’écoute de CBS FM. Bienvenue à cette émission agricole durant laquelle nous allons parler des patates douces oranges et de leur importance dans nos collectivités.

Au cours des dernières années, on savait que les patates douces oranges provenaient habituellement de Soroti et qu’on en trouvait sur les marchés de la région centrale de l’Ouganda et dans d’autres régions pendant la morte-saison des patates douces blanches. Aujourd’hui, certaines organisations non gouvernementales comme VEDCO, en collaboration avec HarvestPlus, ont démarré un projet pour sensibiliser les collectivités à l’importance et à la valeur des patates douces oranges.

Notre invitée de ce soir en studio est une agricultrice qui a découvert l’importance de cultiver la patate douce orange. Nnalongo Ssekinguse Joyce est une résidente de Kateente, du sous-comté de Nakisunga dans le district de Mukono. Joyce, saluez nos auditeurs et nos auditrices qui écoutent notre émission.

JOYCE :
J’adresse mes salutations à tous les auditeurs et auditrices de CBS, plus particulièrement à ceux et celles qui oeuvrent dans l’agriculture. Merci de travailler et de soutenir le Royaume de Buganda.

ANIMATEUR :
Comment avez-vous appris à connaître la patate douce orange?

JOYCE :
Au début, cette sorte de pomme de terre n’était pas courante dans la région centrale. Je n’étais pas intéressée à la cultiver parce que j’étais habituée à notre sorte locale de pomme de terre. En octobre 2007, l’ONG VEDCO a approché notre groupe d’agriculteurs et nous a renseignés tous les 25 sur l’importance et les avantages de cultiver et de manger la patate douce à chair orange.

ANIMATEUR :
Quelle est cette importance et quels sont ces avantages dont vous parlez?

JOYCE :
VEDCO nous a dit que si nos familles mangeaient des patates douces à chair orange, elles consommeraient beaucoup de vitamine A. Par conséquent, elles seront moins souvent victimes de maladies comme la diarrhée et la rougeole et, dans le cas contraire, elles guériront vite. Nous constaterons également une amélioration de la vue et de la croissance de nos enfants, si bien que les mères qui sont enceintes ou qui allaitent devraient manger des patates douces à chair orange, ainsi que les enfants de moins de cinq ans. Nos globules blancs seront beaucoup plus habilités à combattre les maladies et notre peau aura une plus belle apparence. Ils nous ont également appris comment gagner de l’argent avec cette sorte de pomme de terre – en utilisant la racine fraîche, nous pouvons faire des chapatis et des mandazis et vendre le surplus. Les chapatis fabriqués à partir de la racine fraîche contiennent beaucoup de vitamine A.

ANIMATEUR :
Comment avez-vous commencé à cultiver cette sorte de pomme de terre?

JOYCE :
Au départ, VEDCO a donné 240 fanes de pommes de terre à chaque agriculteur – 60 fanes de quatre variétés, à savoir Kabode, Vita, Kakamega et Ejumula.

ANIMATEUR :
Comment faites-vous pousser cette sorte de pomme de terre?

JOYCE :
Il n’y a pas de grande différence entre la culture de la patate douce à chair orange et celle de la patate douce blanche originale. La différence réside dans le nombre de fanes de pommes de terre que vous plantez dans un monticule de pommes de terre.

Lorsque vous cultivez des patates douces à chair orange, vous plantez trois fanes sur un monticule de pommes de terre pour obtenir un meilleur rendement et vous les plantez sur les côtés. Vous creusez un petit cratère ou une cuvette au sommet du monticule, dans lequel vous placez des engrais fabriqués localement à partir d’excréments d’animaux, d’urée animale, de cendres et d’herbe si votre sol n’est pas assez fertile. Autrement dit, vous incorporez des engrais dans le sol.

ANIMATEUR :
Pourquoi tout ce travail? Cela semble pénible.

JOYCE :
D’après notre conseiller vulgarisateur, si vous limitez le nombre de fanes de pommes de terre sur un monticule, vous pouvez anticiper des rendements plus élevés et des pommes de terre plus grosses. Si vous plantez trois fanes sur un seul monticule, il y aura moins de concurrence pour les nutriments du sol et on s’attend donc à avoir de grosses pommes de terre. Et si vous voulez de meilleurs rendements, vous devez évidemment ajouter des engrais dans le sol. En outre, la lutte contre les parasites et les maladies fait augmenter considérablement le rendement.

ANIMATEUR :
Quelle est la différence entre les quatre variétés de pommes de terre que vous avez mentionnées?

JOYCE :
Il y a des différences. Par exemple, la variété Kabode a une forme plus ronde mais n’est pas très longue. Elle pousse très vite et a une couleur orange plus foncée.

ANIMATEUR :
Qu’en est-il des autres sortes de patates douces?

JOYCE :
La Vita pousse en hauteur mais n’arrive pas aussi rapidement à maturité que la Kabode. Elle n’est pas non plus d’une couleur orange aussi foncée à l’intérieur que la Kabode.

ANIMATEUR :
Cela signifie-t-il que la patate douce ne reçoit pas suffisamment de nutriments?

JOYCE :
Pas vraiment, mais il existe une autre sorte. La variété Ejumula est de couleur crème à l’extérieur mais également orange foncée à l’intérieur. Enfin, la Kakamega ressemble beaucoup à la Kawogo, qui est une sorte de pomme de terre couramment cultivée à l’échelle locale dans la plupart des régions de l’Afrique. Il faut plus de temps avant de la récolter, à savoir cinq mois, alors que les autres sortes ne prennent que quatre mois. Avec la Kakemaga, vous pouvez anticiper une foule de petites pommes de terre.

ANIMATEUR :
Au début, quelle superficie avez-vous cultivée quand vous avez amorcé ce projet de patates douces?

JOYCE :
Au départ, j’ai utilisé un dixième d’hectare, parce que je pensais que cela pouvait avoir des effets secondaires sur ma terre. Il y a des récoltes que l’on dit préjudiciables pour le sol. Vous savez, nous les agriculteurs sommes parfois sceptiques au sujet de nouvelles entreprises. Mais cette initiative s’est révélée bonne. Après la première récolte, je cultive maintenant des patates douces oranges sur près d’un demi-hectare et je m’attends à passer à trois hectares.

ANIMATEUR :
Comment a été votre première récolte?

JOYCE :
Elle a été fructueuse parce que j’ai obtenu quatre sacs d’environ 120 kilos chacun, ce qui donne à peu près 480 kilos sur une petite superficie.

ANIMATEUR :
Avez-vous eu des problèmes jusqu’à maintenant pour cultiver la patate douce orange?

JOYCE :
Comme d’habitude, les chenilles attaquent nos fanes de pommes de terre; en outre, nous n’avons pas assez de main d’œuvre dans nos champs. Pour planter les patates douces oranges, il faut démarrer avec des fanes exemptes de maladies, sinon votre récolte sera victime d’une infection virale. C’est tout particulièrement le cas avec la variété Ejumula. Au moment de la récolte, vous devez ramasser toutes les patates et planter la récolte suivante dans un nouveau champ pour minimiser la propagation de la maladie. Normalement, nous les agriculteurs avons tendance à effectuer la récolte par étapes, c’est-à-dire que vous récoltez ce que vous allez consommer à un moment donné et que vous continuez jusqu’à ce que tout le champ soit récolté. Mais avec la variété Ejumula, il est préférable de récolter tout le champ à la fois pour réduire les chances de maladie. Les trois autres sortes de patates douces oranges peuvent être récoltées par étapes comme d’habitude, selon les besoins du ménage et en temps opportun.

ANIMATEUR :
Quelles mesures avez-vous prises pour surmonter ces problèmes?

JOYCE :
Pour les problèmes de parasites et de maladies, nous utilisons des méthodes de lutte simples. Le moyen couramment utilisé est un mélange d’excréments d’animaux, d’urée, de cendres et d’herbes locales, en le laissant reposer pendant une semaine pour ensuite le répandre sur les jardins avec un arrosoir.

ANIMATEUR :
Où vendez-vous le surplus de vos champs?

JOYCE :
Tous les lundis, nous avons un marché communautaire à Nkokonjeru où nous amenons nos produits agricoles frais.

ANIMATEUR :
Comment partagez-vous l’information avec les autres au sujet des patates douces à chair orange?

JOYCE :
Nous avons un groupe d’agriculteurs appelé Munno Mukabi. Il y a 25 agriculteurs qui se réunissent régulièrement et ce sont ceux qui transmettent aux autres l’information sur les patates douces.

ANIMATEUR :
Avez-vous des plans d’avenir à mesure que vous continuez à cultiver des patates douces à chair orange?

JOYCE :
Comme je l’ai dit précédemment, je me débats pour agrandir mon jardin afin de pouvoir augmenter mon rendement et vendre suffisamment de patates pour payer les frais de scolarité de mes enfants, et aussi pour prendre soin de ma famille, car mon mari commence à être vieux.

ANIMATEUR :
Dans quels domaines avez-vous besoin d’aide pour atteindre vos objectifs?

JOYCE :
Nous avons besoin d’un prêt pour acheter un petit tracteur, qui simplifierait le travail dans nos jardins. Nous devons également apprendre des méthodes pour transformer nos pommes de terre et en faire d’autres produits. Mais, l’élément le plus important, c’est que nous devons rendre visite à des agriculteurs qui sont devenus prospères en cultivant des patates douces oranges dans d’autres régions, afin de pouvoir acquérir davantage de connaissances.

ANIMATEUR :
Merci d’avoir partagé votre riche expérience avec nous. Avez-vous des messages à transmettre à nos agriculteurs?

JOYCE :
Les agriculteurs des autres régions du pays devraient commencer à cultiver cette sorte de pomme de terre parce qu’elle est bonne pour la santé de nos familles et offre la possibilité d’en tirer un bon profit.

ANIMATEUR :
Joyce, merci d’avoir participé à notre émission de ce soir et j’ai hâte de vous accueillir une prochaine fois.

Thème musical de clôture et indicatif de l’émission

Acknowledgements

Rédaction : Tamale Konde Julius, CBS FM Radio, un partenaire radio de Radios Rurales Internationales.

Révision : personnel de HarvestPlus à Kampala : Anna Marie Ball, Martin Wamaniala, Sylvia Magezi, Charles Musoke et Harriet Nsubuga.

Information sources

Nnalongo Ssekinguse Joyce de Kateente, sous-comté de Nakisunga, district de Mukono, Ouganda.

Personnel du projet HarvestPlus.