Les orphelins du sida : surmonter les obstacles – exclusion sociale, discrimination et déni

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Notes au radiodiffuseur

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Le texte suivant traite des problèmes auxquels font face les enfants dont les parents sont morts du sida. Le but : aider les gens à savoir ce qu’ils peuvent faire pour aider ces enfants à vivre heureux et en bonne santé. On vise à enrayer l’exclusion sociale et la discrimination.

Le texte cible des auditeurs adultes. Le texte peut aussi servir à amorcer une discussion en studio portant sur des façons ingénieuses d’aborder la formation en matière de VIH/sida. Si des jeunes (âgés entre 14 et 16 ans) écoutent vos émissions de radio, le texte, quelque peu modifié, pourrait aussi les intéresser. Si votre auditoire comprend de jeunes enfants, vous pouvez réaliser des émissions qui ciblent ces auditeurs.

Le texte est composé de deux parties. Nous vous proposons d’utiliser peu de musique et d’effets sonores. Les effets proposés sont faciles à produire en studio. La musique peut être simple et vous pouvez la faire jouer en direct. Vous pouvez choisir un morceau d’un CD-ROM – il serait facile de produire de simples battements de tambour et ces derniers animeraient, de façon intéressante, la pièce.

Texte

Personnages

Tatu :
jeune fille de 16 ans
Shombay :
frère de Tatu, âgé de 12 ans
Jamila :
tante des enfants (par alliance)
Dorcas :
soeur de Jamila

ANIMATEUR
– Bonjour et bienvenue à l’émission. Aujourd’hui, nous poursuivons notre série portant sur les questions liées à l’enfance. Nous aurons une discussion franche sur le VIH et le sida. Le VIH et le sida touchent des communautés entières. Les victimes les plus touchées sont les personnes atteintes de la maladie, mais les personnes qui ne sont pas atteintes du sida peuvent aussi souffrir.

Même s’il n’est pas atteint de la maladie, un enfant peut souffrir à cause du sida. Quand son père ou sa mère meurt prématurément, le monde de l’enfant s’écroule. Fréquemment, l’enfant est angoissé, déprimé et désespéré. L’enfant tente de s’adapter à vivre sans son père ou sa mère. Non seulement l’enfant a-t-il de la difficulté à faire face à son chagrin mais, de plus, les membres de la communauté le fuient parfois parce que ces derniers le craignent. Au moment où il a besoin de beaucoup de soutien affectif, les gens l’évitent. D’habitude, ils le font involontairement. Cette situation existe parce qu’il y a un grand nombre de mythes et de désinformation concernant le VIH/sida.

L’émission d’aujourd’hui illustre comment la discrimination, l’exclusion sociale et le déni touchent les orphelins du sida. Les parents de Tatu et Shombay sont morts récemment du sida. Les enfants vivent maintenant avec le frère de leur mère, son épouse et leurs enfants. Leur tante Jamila doit faire face à ses craintes. Elle s’efforce d’aider sa nièce et son neveu à s’intégrer dans la communauté où ils vivent maintenant.

MUSIQUE (battements de tambour, tempo modéré mais entraînant).

EFFETS SONORES (porte qui s’ouvre et qui se ferme; en bruit de fond, des enfants qui jouent).

TATU
– Bonjour, tante Jamila. Je suis rentrée à la maison.

JAMILA
– Bonjour, Tatu. Je suis contente que tu sois à la maison. S’il te plaît, va chercher de l’eau – les cruches sont vides.

TATU
– Oh! J’aimerais bien que nous ayons un tuyau tout près d’ici! Les cruches sont lourdes et je suis vraiment fatiguée aujourd’hui après avoir travaillé. Shombay est-il rentré de l’école?

JAMILA
– Non, mais il sera bientôt là. Il reste parfois à l’école pour étudier. Il travaille fort. Vous travaillez tous les deux très fort. [Pause] Je suis désolée que tu doives aller travailler. J’aimerais que nous ayons plus d’argent. Vous pourriez ainsi aller à l’école tous les deux.

TATU
– Tu n’as pas à t’excuser, tante Jamila. Je suis heureuse que Shombay et moi ayons un endroit où vivre. Après le décès de ma mère, je craignais que Shombay et moi ayons à emménager en ville pour trouver du travail. Ou emménager dans un camp pour enfants orphelins.

JAMILA
– Ton oncle ne voulait pas vous envoyer vivre loin d’ici. Shombay et toi êtes les enfants de sa soeur. Ce n’est pas de votre faute si votre père et votre mère sont tous deux morts du sida. On doit donc s’accommoder du mieux que l’on peut.

TATU
– J’aimerais que tout le monde le croit. Des gens me disent parfois : » tes parents ont eu le sida parce que ta famille n’est pas vertueuse « . Je peux lire la peur dans les yeux de certaines personnes quand elles me regardent. Elles pensent que j’ai aussi le sida et que je vais leur transmettre la maladie ainsi qu’à leurs enfants. Je travaille donc souvent seule parce que les gens me fuient.

JAMILA
– Cela me rend furieuse d’entendre ces commentaires. Tu traverses une période difficile. Je sais que c’est déjà difficile pour toi de pleurer la perte de tes parents. Ce n’est pas juste que les gens te fuient ainsi. Les gens n’ont rien à craindre.

EFFETS SONORES (une porte qui s’ouvre).

JAMILA
– C’est sûrement Shombay.

SHOMBAY
– Bonjour. Je suis rentré à la maison.

TATU
– As-tu passé une bonne journée?

SHOMBAY
– Oui. J’ai appris à calculer les fractions. Le professeur m’a aussi demandé de lire une histoire en classe. J’ai bien réussi.

TATU
– Bravo, Shombay. As-tu dit à ton professeur que, la semaine prochaine, j’aurai la somme nécessaire pour payer les frais de scolarité?

SHOMBAY
– Je lui ai dit que tu travaillais fort pour t’assurer que j’ailles à l’école. Elle a dit que tu pourras envoyer l’argent plus tard.

JAMILA
– Excellent, Shombay. Va maintenant jouer avec tes cousins pendant que je parle à Tatu.

SHOMBAY
– D’accord.

EFFETS SONORES (porte que se ferme).

TATU
– Tante Jamila, j’aimerais bien que ma vie soit comme elle l’était auparavant. J’aimerais bien que ma mère et mon père soient vivants. J’aimerais bien que Shombay et moi ne mangions pas la nourriture dont vous avez besoin pour nourrir vos enfants. Je vous promets que dès que j’aurai payé les frais de scolarité de Shombay, je vous aiderai en vous donnant un peu d’argent.

JAMILA
– Ne te fais pas de souci, Tatu. Nous nous débrouillerons d’une manière ou d’une autre.

MUSIQUE (battements de tambour).

ANIMATEUR
– Jamila croit qu’elle doit être courageuse pour que Tatu et Shombay se sentent en sécurité. Mais elle a des doutes et des craintes. Elle est particulièrement inquiète de la façon dont vont réagir les gens de la communauté parce Tatu et Shombay vivent avec elle. Elle craint qu’on fuit ses enfants parce qu’ils vivent sous le même toit.

Dans la scène suivante, Jamila parle à sa soeur, Dorcas. Elle partage ce qu’elle ressent face au fait qu’elle doit s’occuper des enfants que son époux a amenés dans leur foyer. Elle demande conseil à sa soeur pour savoir comment faire face aux craintes des gens.

FERMETURE EN FONDU (battements de tambour).

DORCAS
– Bonjour, Jamila. Comment vas-tu? Et comment se portent ton mari et tes enfants?

JAMILA
– Nous allons bien, merci. Les enfants grandissent vite! J’ai du mal à croire que mon aîné a 13 ans. Et ma cadette a déjà deux ans!

DORCAS
– La maison est pleine depuis que Tatu et Shombay vivent chez vous. Sept enfants! J’espère que tu continueras à bien te porter. Tu dois être très occupée, et fatiguée!

JAMILA
– Oui et dans 6 mois, j’aurai un autre enfant. [Soupir] Je me demande parfois si c’est trop. J’aimerais bien que Tatu n’ait pas à travailler pour payer les frais de scolarité de son frère. Mais mon mari et moi n’avons pas assez de revenus pour nous occuper de deux autres personnes.

DORCAS
– Tu as été généreuse en accueillant les enfants de la soeur de ton mari. Beaucoup de gens n’en auraient pas fait autant.

JAMILA
– La plupart du temps, je pense que c’était la meilleure chose à faire. Mais parfois j’ai aussi peur. J’ai des doutes.

DORCAS
– Qu’est-ce qui te tracasse?

JAMILA
– J’ai parfois peur. Je suis très triste quand j’entends dire que les gens fuient Tatu et Shombay. Les gens fuient aussi parfois mes enfants. Ma fille aînée n’a pas autant d’amies qu’elle en avait avant que Tatu et Shombay viennent vivre chez nous. Parfois, je ne sais pas ce que je devrais faire.

DORCAS
– Les gens ont souvent des idées fausses concernant le VIH et le sida. Mais tu es bien renseignée. Tatu et Shombay sont encore en bonne santé. Ils vont probablement bien s’en sortir. Même s’ils étaient atteints du VIH, tu sais que tes enfants ne contracteraient pas le virus en vivant sous le même toit qu’une personne atteinte du VIH ou du sida. Au fond de toi-même, que penses-tu?

JAMILA
– Je n’aurais pas eu le coeur d’envoyer ces enfants loin d’ici. Que puis-je faire pour que les gens comprennent qu’ils n’ont rien à craindre d’eux?

DORCAS
– Tu peux partager tes connaissances sur le VIH et le sida avec les gens à qui tu parles. Tu connais bien ces sujets. Tu sais ce qui est vrai et ce qui est faux. La plupart des gens n’en savent pas aussi long que toi sur cette question. La meilleure chose à faire, c’est de partager ton savoir avec les autres. Tu peux aider Tatu et Shombay ainsi que tes enfants, en renseignant les gens qui t’entourent et en leur apprenant la vérité. [Pause] Ne crains rien, Jamila. Tu agis pour le bien de tous.

JAMILA
– Merci de m’avoir parlé. J’ai confiance en toi et je sais que tu es sage. Je me sens plus solide maintenant.

DORCAS
– Merci d’avoir confiance en moi et de partager tes craintes. Je vais aussi parler à d’autres personnes du village concernant le VIH et le sida. Je ferai de mon mieux pour t’aider à les renseigner. Il y a beaucoup de craintes, beaucoup de désespoir. La seule façon de s’en sortir c’est de connaître la vérité. La superstition et la crainte ne font qu’engendrer la souffrance.

MUSIQUE (battements de tambour).

ANIMATEUR
– Jamila est beaucoup plus sage qu’elle ne le croit. En accueillant les enfants de la soeur de son époux, elle ne s’est pas laissée emparer par la crainte.

Jamila comprend que des enfants comme Tatu et Shombay n’ont pas seulement besoin d’un toit et de nourriture. Ils ont aussi besoin d’amour et de soutien de tous les membres de la communauté. Ils ne reçoivent ce soutien que si les gens sont renseignés et formés concernant les véritables risques, et non les risques imaginaires, qu’entraîne une infection à VIH.

Il faut s’en tenir aux faits. N’oubliez pas que le VIH se propage de trois façons : en ayant des rapports sexuels avec une personne atteinte du virus, en partageant des aiguilles ou des seringues avec une personne atteinte du virus ou en recevant une transfusion sanguine contenant du sang contaminé. Les bébés qui ont une mère séropositive peuvent contracter le VIH avant ou pendant leur naissance ou pendant l’allaitement. Le VIH n’est pas transmis si on touche une personne, si on s’assoit près d’elle ou si on partage des assiettes ou des tasses avec elle.

Merci d’avoir écouté notre émission d’aujourd’hui. Au cours de notre prochaine émission, nous examinerons d’autres questions qui concernent les orphelins du sida. Nous étudierons aussi quelques mesures que les parents peuvent prendre dès maintenant afin de s’assurer qu’on s’occupera de leurs enfants plus tard.

FERMETURE EN FONDU DE LA MUSIQUE.

Acknowledgements

Collaboration : Victoria Fenner, Toronto, Canada.

Révision : Iain McLellan, expert-conseiller en communication internationale – modification de comportement, Montréal, Canada.

Information sources

Hepburn, Amy E. Primary Education in Eastern and Southern Africa: Increasing Access for Orphans and Vulnerable Children in AIDS-affected Areas. Terry Sanford Institute of Public Policy, Duke University, 2001.

Psycho-social support for AIDS orphans in Tanzania. Novartis Foundation for Sustainable Development.

Parry, Dr. Sue. Community Care of Orphans in Zimbabwe – The Farm Orphan Support Trust (FOST). CINDI Children in Distress – Networking for Children Affected by AIDS. FOST, CP WGT 390, Westgate, Harare, Zimbabwe.