Les femmes se mobilisent pour lutter contre les mariages forcés, précoces, les violences basées sur le genre et le maintien des jeunes filles à l’école

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Notes au radiodiffuseur

Les violences basées sur le genre (VBG) sont des pratiques socioculturelles fréquentes au Mali. Selon une enquête de 2018 sur la démographie et la santé au Mali, 49% des femmes de 15-49 ans en union ou en rupture d’union ont déjà subi des actes de violence émotionnelle, psychologique, physique et sexuelle.

Parmi les femmes qui ont subi des violences physiques et sexuelles, 68 % n’ont jamais recherché d’aide et n’en ont jamais parlé à personne.

Cette même étude estime que 18 % des femmes de 25-49 ans sont en union avant l’âge de 15 ans et 53 % des femmes sont en union avant l’âge de 18 ans.

D’où la nécessité de sensibiliser les populations à l’abandon de ces pratiques néfastes à l’épanouissement des femmes.

Dans ce texte radiophonique, nous discutons avec trois acteurs(trices). Une survivante, une experte, et un enseignant engagé pour la cause. Ils parlent de l’ampleur du phénomène et de leurs efforts pour lutter contre les violences basées sur le genre.

Pour produire une émission similaire sur les femmes qui se mobilisent pour lutter contre les mariages forcés, précoces, les violences basées sur le genre et le maintien des jeunes filles à l’école, vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre émission régulière sur le genre, vous pouvez choisir de faire représenter les personnes interviewées par des acteurs(trices) locaux ou des animateurs(trices). Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix des acteurs(trices) locaux et des animateurs(trices) et non celles des personnes interviewées.

Si vous souhaitez créer des émissions sur les femmes qui se mobilisent pour lutter contre les mariages forcés, précoces, les violences basées sur le genre et le maintien des jeunes filles à l’école, entretenez-vous avec les spécialistes sur le genre et d’autres parties prenantes intervenant sur les questions relatives au genre. Vous pourriez, par exemple, leurs poser les questions suivantes :

  • Est-ce que les femmes se mobilisent pour lutter contre le mariage précoce, forcé dans votre région?
  • Quelles sont les stratégies que vous avez utilisés pour réduire les violences basées sur le genre et le mariage précoce chez les jeunes filles dans votre communauté?
  • Quels sont les défis et solutions dans votre région liés aux femmes qui se mobilisent pour lutter contre les mariages forcés, précoces, les violences basées sur le genre et le maintien des jeunes filles à l’école? Quelles méthodes ou bonnes pratiques efficaces et abordables que les femmes utilisent-elles pour relever ces défis?

Durée estimée du texte radiophonique avec la musique, l’intro et l’extro : 20 minutes

Texte

ANIMATEUR(TRICE):
Bonjour, chers auditeurs(trices), bienvenue dans notre émission.

Aujourd’hui, nous parlons de mariage précoce et forcé et leurs conséquences sur la vie d’une fille et la communauté, deviolence basée sur le genre communément appelé VBG, durôle que l’école joue dans la protection des jeunes filles.

NotreexpertMariam Keita et acteurs(trices) du domaine, vont nousédifier sur ce sujet.

Premièrement, nous nous entretenons avec Mariam Keita, ellenous donne un brefaperçu du mariage précoce, au Mali. Elle estprésidente du groupement pour le maintien des filles àl’école. Deuxièmement, nous nous entretenons avec MmeRoukiatou Bah, elle partage avec nous son expérience sur la violence basée sur le genre communément appelé VBGet mariage précoce et forcé. Elle est consultante Internationale. Troisièmement, nous nous entretenons avec M. Kone, sur le rôle que l’école joue dans la protection des jeunes filles. Il est enseignant dans une école publique à Bamako.

Bienvenue, la présidente.

MARIAM KEITA:
Merci de me recevoir.

ANIMATEUR(TRICE):
Vous avez été survivante de mariage précoce à votre jeune âge. Quepensez-vous de cette pratique?

MARIAM KEITA:
Le mariage précoce et forcé est une pratique qui a degraves conséquences sur la vie d’une fille, mais aussisur toute la communauté. Il entraîne souvent des violences et abus sexuels de la part du mari. Il y’a aussi le risque sanitaire, notamment les grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles comme le VIH.

Même si la fille a eu la chance de recevoir une éducation sexuelle, elle est rarement en capacité de négocier des relations sexuelles protégées dans une situation de mariage précoce. Etenfinune fois mariée, la fille est considérée comme adulte. Son éducation est de ce fait interrompue.

ANIMATEUR(TRICE):
Vous qui avez été survivante de mariage précoce, qu’est-ce que vous faites pour sensibiliser la communauté sur les risques liés au mariageprécoce?

MARIAM:
Aujourd’hui, ma mission est de sensibiliser la population. Pourcela, nous organisons des séries de rencontres dans les quartiers les plus touchés pour sensibiliser les mamans car ce sont elles qui sont directement concernées. C’est vers les mamans que l’enfant mariée de force se dirige pour parler de sesproblèmes.

ANIMATEUR(TRICE):
Quel genre de VBG les jeunes filles subissent en milieu scolaireet quel est le conséquence de VBG sur les jeunes filles?

MARIAM:
Oui, effectivement les jeunes filles souffrent également de VBG en milieu scolaire : elles subissent de VBG de la part des jeunes garçons dans la salle de classe, la cour de l’école et sur le chemin de l’école. Nous avons constaté qu’elles sont agressées à longueur de journée par des garçons ou qu’elles sont violées selon les régions.

Quand les enseignants exigent des faveurs sexuelles de la part de leurs élèves filles, ils leurs récompensent par de bonnes notes lors de tests et examens. Ils se perpétuent l’idée que la réussite scolaire est liée à la sexualité des filles plutôt qu’à leur intellect.

ANIMATEUR(TRICE):
Est-ce que les VBG impactent sur le rendement scolaire des jeunes filles?

MARIAM:
Évidement! ces violences entrainent un rendement scolaire médiocre et réduisent la participation des jeunes filles aux activités scolaires. Elles abandonnent souvent leurs études. LesVBG développent chez la jeune fille une faible estime de soi, une diminution de la concentration et un sentiment d’anxiété.

ANIMATEUR(TRICE):
Quelle stratégie avez-vous utilisé pour réduire ce phénomène de VBG et de mariage précoce chez les jeunes filles dans votre communauté?

MARIAM:
Notre association a mis en place avec nos maigres moyens un centre d’écoute et de conseils où nous organisons des rencontres avec les jeunes filles. Nous les mettons en confiance tout en expliquant les conséquences de mariage précoce ou de VBG sur les jeunes filles. Nous formons également les jeunes filles à connaître leurs droits. Car la plupart des jeunes filles mariées contre leur volonté ignorent que la loi les autorise à s’y opposer. Nous partons souvent dans certains milieux, accompagnés des leaders religieux et coutumiers qui adhérent à notre cause pour sensibiliser sur ce sujet de Mariage précoce et de VBG. Cettesensibilisation utilise plusieurs canaux de communications : la presse écrite, la radio, la télévision, les affiches, le cinéma et les réseaux sociaux. On diffuse les messages dans les langues officielles et locales les plus parlées. Seule une prise de conscience collective et des efforts pour accorder une plus grande importance aux jeunes filles en leur donnant les moyens de réussir dans la vie, permettront de mettre à terme définitivement la pratique du mariage précoce.

ANIMATEUR(TRICE):
Comment fonctionne ce groupe de jeunes qui travaille pour instaurer une certaine règle dans les écoles notamment sur le plan de violences basées sur le genre?

MARIAM:
Ce groupe de jeunes est constitué des délégués de toutes les classes qui se réunissent tous les mois. Chaque délégué organise une réunion dans sa classe et récence les cas de VBG ou les jeunes filles dont les parents veulent mettre fin à son école avant de venir à l’assemblée générale. Ces assemblées se tiennent en présence d’un membre de notre groupe, d’un représentant de l’école et d’un membre du CGS (comité de gestion scolaire). Après la rencontre, les informations sont remontées au niveau de l’académie et au niveau de ministère de l’éducation où les décisions peuvent être prises.

Dans la communauté, nous avons des endroits où l’on organise des cours de soutien et des séances de conseils et d’écoutes aux jeunes filles.

ANIMATEUR(TRICE):
Les jeunes filles acceptent-elles parler de leurs problèmes?

MARIAM:
Bien sûr! J’ai travaillé à installer la confiance entre les jeunes filles et moi. Elles me prennent comme une maman, une confidente qui ne va pas trahir leurs secrets. Donc elles me parlent sans crainte.

ANIMATEUR(TRICE):
Que conseillez-vous aux parents?

MARIAM:
Je conseille aux parents d’éduquer et de scolariser leurs jeunesfilles. L’instruction desjeunes fillespermet de se prendre en charge, d’être indépendant et de réduire la pauvreté dans leur communauté. Unefemme instruite s’occupe mieux de son foyer, elle saurait mieux gérer les dépenses et contribuer à faire des économies. Ellepourrait s’occuper de l’éducation des enfants, avoir des connaissances sur l’hygiène et la nutrition et yêtre plus attentive. La non-scolarisation des jeunes filles, prive le monde d’une énorme ressource humaine comme mon cas.

ANIMATEUR(TRICE):
Avez-vous des rencontres avec les communautés pour parler des VBG? Comment organisez-vous vos rencontres?

MARIAM:
Nous avons établi un calendrier de passage dans les quartiers. Nous organisons nos rencontres une fois par semaine dans les quartiers. Mais souvent on peut être appelé par un petit groupe de femme pour des séances de sensibilisation. S’il y a des cas de violences, les femmes nous contactent et nous asseyons d’apporter de l’aide et des conseils.

ANIMATEUR(TRICE):
Quels sont ces cas de violences?

MARIAM:
Ce sont des situations de femmes battues et chassées de chez elles par le mari où les femmes et leurs jeunes filles menacées d’être châtiées ou chassées parce qu’elles ne sont pas d’accord au mariage forcé. On a des abris pour les logé pendant certains temps. On a aussi des médecins pour les suivis médicaux de ces survivantes.

ANIMATEUR(TRICE):
Rencontrez-vous souvent des difficiles dans votre travail?

MARIAM:
Oui! On a souvent des difficultés. On a des cas où les survivantes ne veulent pas parler de leur situation. Car, selon elles, une femme ne doit véhiculer les problèmes de la maison dehors. Certaines femmes sont grondées parce qu’elles sont venues à nos rencontres. Aux yeux de certaines femmes, nous sommes considérées comme destructrices de foyers.

ANIMATEUR(TRICE):
Quels sont vos rapports avec les leaders religieux et coutumiers?

MARIAM:
Certains leaders religieux et coutumiers ont bien voulu nous recevoir et nous accompagner. Mais d’autres plus influents ne veulent pas entendre parler de nous.

ANIMATEUR(TRICE):
Est-ce-que des hommes participent souvent ou pas à vos rencontres?

MARIAM:
Ils ne sont pas nombreux à participer à nos séances de sensibilisation. Dans certains cas, trois ou quatre hommes participent mais généralement ils ne nous donnent pas leurs points de vue.

ANIMATEUR(TRICE):
Merci à vous Mariam. Nous allons nous entretenir maintenant avec Mme. Roukiatou Bah. Elle est la responsable de communication à l’ONU et consultante sur les questions de l’égalité femme ONU FemmesauMali.

Merci d’avoir accepté notre invitation. Alors Mme bah, c’est quoi la violence basée sur le genre, communément appelé VBGet mariage précoce et forcé?

ROUKIATOU BAH:
Merci pour l’invitation, la violence basée sur le genre esttoute action malveillante dirigée contre les femmes et les jeunes filles du fait de leur sexe.

Ces actes de violence, exposent les femmes à des sévices physiques, corporels, sexuels, psychologiques et économiques. Le mariage forcé est le fait de marier une personne contre sa volonté. Il s’agit d’unmariage arrangéoù la famille impose le mariage à un enfant. Ce mariage est dit précoce si la fille n’a pas l’âge de la majorité (l’âge de la majorité au Mali est de 18 ans pour l’homme et de 16 ans pour la femme. Dans certains cas, le mariage peut être autorisé à partir de 15 ans, il s’agit du mariage religieux autorisé par le gouvernement).

ANIMATEUR(TRICE):
Dites-nous pourquoi les familles forcent leurs jeunes filles à abandonner l’école dès leur bas âge pour se marier?

ROUKIATOU BAH:
Merci beaucoup, au Mali, les causes du mariage précoce chez les jeunes filles sont diverses et variées. Cette situation est aggravée par la situation socioéconomique précaire et culturelle.
De nombreuses familles prennent la décision de marier leur jeunefille dans l’espoir que celle-ci accède à de meilleures conditions de vie. Mais les mariages précoces ne sont pas toujours des mariages forcés et certaines jeunes filles cherchent à s’émanciper du cercle familial en se mariant. Ce désir d’émancipation doit être nuancé puisque la véritable raison setrouve parfois dans le besoin de ne plus représenter un poidsfinancier pour la famille ou bien de cacher une grossesse hors mariage à la communauté.

ANIMATEUR(TRICE):
Quel est l’état des violences basées sur les jeunes filles à l’école au Mali?

ROUKIATOU BAH:
La violence en milieu scolaire est devenue l’une des facteurs reconnus d’abandon et d’échec scolaire. En ce sens que la violence faite aux jeunes filles en milieu scolaire est une privation du droit d’accès à l’éducation, à l’éducation de qualité et au respect de la personne et à la non-discrimination dans le système éducatif.

ANIMATEUR(TRICE):
Dites-nous qu’il y a aussi des pratiques culturelles qui favorisent cela?

ROUKIATOU BAH:
Oui! Les pratiques traditionnelles et les croyances jouent aussi un rôle important dans la volonté de marier tôt les jeunes filles. Semarier avant les premières règles serait même un moyen d’accéder au paradis selon certaines religions. Se marier jeune permettrait également de fonder une plus grande famille et de prétendre ainsi au bonheur.

De plus, certaines familles croient que le mariage est un moyen de protéger leur enfant en évitant les violences et les maladies sexuellement transmissibles. Des croyances liées aux traditions mais aussi au manque d’information et d’éducation.

Le mariage précoce est aussi un moyen de régler des situations délicates et éviter le déshonneur de la famille que causerait une grossesse hors mariage. Plus vite une jeune fille est mariée, et plus les risques de grossesse hors mariage ne sont moindres. Lapression sociale, bien qu’implicite, pousse alors les familles vers la décision du mariage avant même que leur enfant soitadulte.

ANIMATEUR(TRICE):
En tant que spécialiste, dites-nous, ce que vous faites pour réduire ou mettre fin à ce problème de mariage précoce des jeunes filles?

ROUKIATOU BAH:
On a mis en place dans certaines écoles, la politique nationale de l’alimentation scolaire, à travers des cantines dans les écoles fondamentales situées à plus de cinq kilomètres des domiciles. L’action est soutenue par les mairies, les familles et les partenaires. Cela permet de maintenir les jeunes filles de familles démunies à l’école. En effet, beaucoup de parents par manque de moyens d’apporter de la nourriture aux jeunes filles à l’école ou de donner l’argent de gouter, les retire de l’école et ces jeunes filles sont tout de suite mariées pour réduire les charges de la famille au profit des garçons.

ANIMATEUR(TRICE):
Soutenez-vous également les parents?

ROUKIATOU BAH:
On a mis en place une politique d’encouragement des activités génératrices de revenus, comme le maraîchage, la couture, etc., àl’adresse des femmes pour réduire le travail des enfants et favoriser le maintien des jeunes filles à l’école. On offre des fournitures aux jeunes filles à chaque ouverture des classes. Dans notre mission, on a impliqué les familles pour traiter certaines questions d’ordre politique ou communautaire comme les familles dont l’aspect religieux a un impact majeur sur les femmes et les jeunes filles.

ANIMATEUR(TRICE):
Quel est l’état des violences basées sur les jeunes filles au Mali?

ROUKIATOU BAH:
La situation des droits des femmes et des jeunes filles a connu une détérioration due à la dégradation du contexte sécuritaire observée depuis 2019. Le nombre rapporté de cas de violences basées sur le genre est passé de 2021 à 2981, de 2019 à 2020; soit une augmentation de 47 pour cent. Ces données révèlent que 99 pour cent des personnes touchées par la violence sont des femmes et 36 pour cent des cas sont des violences sexuelles. Selon le Système de Gestion des Informations sur les VBG, l’année dernière 4 617 incidents ont été enregistrés, dont 97 pour cent des survivant(e)s étaient des femmes et 45pour cent des jeunes filles de moins de 18 ans.

ANIMATEUR(TRICE):
Quel rôle l’école peut-elle jouer dans la prévention de la violence sur les jeunes filles?

ROUKIATOU BAH:
Le fait de fournir une éducation et de proposer des activités organisées aux enfants peut contribuer à prévenir la violence. L’école et les systèmes éducatifs peuvent jouer un rôle déterminant en encourageant les parents à scolariser leursenfants.

Les enfants qui ont reçu une éducation de qualité sont plus susceptibles de trouver un travail rémunéré une fois adultes. Mieux encore, les établissements scolaires peuvent également seprêter à organiser d’activités visant à prévenir la violence. Ilspeuvent atteindre les parents et le grand nombre de jeunes filles à la fois, et les influencer dès leur plus jeune âge.

ANIMATEUR(TRICE):
Merci à vous Mme. Roukiatou Bah. Le dernier intervenant estM. Douada Koné. Il est enseignant dans une école publique à Bamako et l’un des rares hommes à aider les femmes dans leurlutte.

ANIMATEUR(TRICE):
Monsieur Koné bonjour!

Mr KONE:
Bonjour!

ANIMATEUR(TRICE):
Merci d’être là aujourd’hui avec nous.

Mr KONE:
C’est moi qui vous remercie.

ANIMATEUR(TRICE):
Quel rôle l’école peut-elle jouer dans la protection des jeunes filles?

Mr KONE:
L’école joue un rôle important dans la protection des enfants. Les adultes qui supervisent les environnements éducatifs et ytravaillent ont le devoir de veiller à ce que le cadre dans lequel les jeunes filles évoluent soutienne et favorise leur dignité, leur développement et leur protection. Les enseignants et les autres membres du personnel sont tenus de protéger les enfants dontilsont la charge.

Ce devoir est décrit à l’article19 de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui a été ratifié par la plupart des paysdumonde.

ANIMATEUR(TRICE):
Mr Koné vous êtes l’un des rares hommes à être à côté des femmes qu’est-ce qui vous motive à s’intéresser à ce sujet?

Mr KONE:
Merci, c’est le cas d’une de mes cousines Maimouna qui m’a motivé. Maimouna avait 15 ans. Elle a été donnée à un homme de 30 ans alors qu’elle n’était qu’en classe de 7e année au lycée. Malgré la taille visiblement enfantine de Maimouna, ses parents n’ont pas hésité à célébrer son mariage à la mosquée devant l’œil complice des autorités administratives de son village. Elleest tombée enceinte. Au bout de six mois, Maimouna a commencé à avoir des complications liées à sa grossesse et son accouchement est devenu une question de vie ou de mort.

Elles’en était sortie après une longue période de maladie.

Le cas de Maimouna n’est malheureusement pas isolé. En 2014, l’UNICEF a classé le Mali, au deuxième rang ouest-africain après le Niger et quatrième place mondiale. Le Mali a un taux de prévalence de 55 % de mariages précoces, malgré les conséquences dramatiques de ce phénomène sur les jeunes filles.

ANIMATEUR(TRICE):
Comment la lutte contre la violence peut-elle bénéficiée l’éducation aux jeunes filles?

Mr KONE:
Prévenir la violence à l’école et combattre ce phénomène peut améliorer les résultats scolaires des enfants et les aider à atteindre leurs objectifs éducatifs. Les activités de prévention de la violence inculquent de nombreuses compétences psychosociales telles que la communication, la gestion des émotions ou encore la résolution des conflits et des problèmes.

La diminution des actes de violence et de leurs conséquences négatives, comme l’absentéisme, le manque de concentration ou d’interruption scolaire, peut avoir des effets positifs sur l’apprentissage des jeunes filles. Le comportement difficile de certains enfants, qui entrave leur apprentissage, peut également être une manifestation de la violence dont ils sont survivants.

L’éducation des jeunes filles permet de réduire les disparités qui existent entre les hommes et les femmes. Une femme instruite, est en mesure de faire des choix éclairés pour sa vie. Elle peut aussi contribuer à faire avancer sa communauté sur les questions de droits humains.

Les femmes seront plus aptes à prendre part aux débats politiques, à faire valoir leurs points de vue, à défendre leurs intérêts et à lutter contre les violences basées sur le genre.

ANIMATEUR(TRICE):
Nous sommes au terme de notre émission sur la lutte contre les violences basées sur le genre et le maintien des jeunes filles à l’école. Ce qu’il faut retenir est que les violences basées sur le genre sont persistantes en milieu scolaire au Mali à causes des facteurs socioculturels, religieux et pauvreté. Cependant, des personnes de bonne volonté sont engagées pour l’épanouissement de la jeune fille à travers la lutte contre ces violences.

Acknowledgements

Rédigé par : Cheick Bounama Coulibaly, journaliste communicateur fraternité production fondation Maarif de Turquie Bamako

Entretiens et interviews :

Mariam Keita, présidente du groupement pour le maintien des filles à l’école.
Daouda Koné, enseignant.
Fatoumata Camara, membre du groupement, le Centre d’animation pédagogique de Lafiabougou.
Roukiatou Bah, consultante internationale.

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada dans le cadre du projet DEFI mis en œuvre par le consortium d’Alinea, Radios Rurales Internationales (RRI), Catholic Relief Services (CRS) et Education International (EI), en partenariat avec le ministère de l’Éducation dans les zones touchées par des conflits au Mali.