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Durant les sécheresses extrêmes de l’an 2000, beaucoup de bovins appartenant à une collectivité Maasai au Kenya sont morts. La collectivité a alors commencé à envisager plus favorablement l’élevage d’un animal ayant survécu à la sécheresse : le chameau. Les chameaux peuvent survivre aux sécheresses en broutant des feuilles que d’autres animaux ne peuvent pas manger. Une chamelle en lactation peut survivre pendant 12 jours sans boire d’eau. En outre, les chameaux résistent à la plupart des maladies.
On peut traire les chamelles jusqu’à quatre fois par jour et elles produisent du lait pendant les 12 mois de l’année. Cette source constante de lait devient une source de revenu régulière et fiable, ainsi qu’un élément nutritif pour la famille et la collectivité lorsque d’autres aliments peuvent connaître une pénurie. Ces coutumes et ces ressources non traditionnelles peuvent être spécialement importantes pour les collectivités, surtout de pasteurs, qui font face à une diminution de leurs ressources en terres et en eau à cause de la désertification.
Le texte suivant repose sur une entrevue réalisée avec M. Kipaseyia du district de Kajiado au Kenya. M. Kipaseyia est un éleveur, en plus d’être le président d’une école primaire à Komiyia dans la division Magadi de Kajiado. C’est lui qui a amené les chameaux à Magadi. L’entrevue souligne certains des avantages que représentent les chameaux pour les agriculteurs des milieux arides et semi-arides. Elle a été menée par Sharon Sian Looremeta.
Texte
Animatrice :
Bonjour, M. Kipaseyia. Bienvenue à notre émission d’aujourd’hui.
Kipaseyia :
Je suis très heureux d’être ici pour vous parler des avantages que représentent les chameaux et des miracles qu’ils engendrent.
Animatrice :
Les chameaux ne sont pas indigènes de cette partie du Kenya, je crois. Comment ont-ils été amenés ici en premier lieu?
Kipaseyia :
En 1995, il y a eu une vilaine sécheresse. Nous – le peuple Maasai – avons dû penser à d’autres modes de vie. Je savais que les chameaux se comporteraient bien ici.
Animatrice :
Vous avez donc commencé à élever des chameaux?
Kipaseyia :
Oui. Au début, beaucoup de gens n’aimaient pas l’idée. Ils qualifiaient les chameaux d’animaux sales et laids. Certains ont même dit qu’ils ne pouvaient pas s’abreuver à la même source d’eau que les autres animaux. Mais, après un moment, ils ont changé d’idée et certaines familles ont commencé à en voir les avantages.
Animatrice :
Qu’est ce qui a bien pu se passer pour faire changer les gens d’idée?
Kipaseyia :
Il y a eu une autre sécheresse, qui a entraîné la mort de la plupart du bétail. Mais les chameaux ont survécu. Les familles possédant des chameaux avaient encore suffisamment de lait à boire. Elles avaient même un excédent de lait à vendre pendant la saison la plus sèche. Les voisins affluaient à ma ferme familiale pour obtenir du lait pour leurs jeunes enfants. Tout le monde aurait voulu avoir une chamelle.
Animatrice :
Vraiment, je ne savais pas que les chameaux étaient des animaux aussi utiles. Qu’est-ce qui leur permet de survivre, même lorsque d’autres animaux meurent?
Kipaseyia :
Le chameau peut brouter des feuilles que les autres animaux ne peuvent pas, si bien qu’il survit même pendant des sécheresses graves. Il convient parfaitement aux terres arides. En outre, on peut traire une chamelle jusqu’à quatre fois par jour durant toute l’année. Même lorsque les pluies font défaut et que les vaches ont peu de nourriture et donnent peu ou pas de lait, la chamelle fournit toujours du lait.
Animatrice :
On dirait que les chameaux sont des animaux vraiment formidables. Mais attrapent-ils de nombreuses maladies?
Kipaseyia :
À la différence des bovins et des chèvres, les chameaux sont plus résistants aux maladies. C’est une des raisons pour lesquelles de nombreux Maasais de la région sont intéressés à acheter des chameaux en dépit du fait qu’ils coûtent plus cher que les bovins. Je sais que bien des gens ne peuvent pas se permettre d’acheter un chameau. Mais ils sont heureux de pouvoir m’acheter du lait de chamelle. Vous savez, nous avons même donné à notre école le nom d’un chameau… en effet notre école s’appelle Enkomia, qui signifie chameau.
Animatrice :
Est-ce que les gens d’ici aiment le lait de chamelle?
Kipaseyia :
Le lait de chamelle a des vertus médicinales et des propriétés très nutritives parce que les chamelles se nourrissent de toutes sortes d’herbes et de feuilles. Nous pensons que les herbes contenues dans le lait nous gardent en bonne santé et nous exemptent de bien des maladies. Si toutes les familles pouvaient posséder deux chamelles en lactation, la faim serait chose du passé dans cette région aride. Tout le monde aurait une provision régulière de lait en plus d’être en meilleure santé. Une chamelle peut produire jusqu’à dix litres de lait par jour si elle est en bonne santé et en mesure de brouter beaucoup de feuilles.
Animatrice :
En quoi le chameau vous a-t-il profité personnellement?
Kipaseyia :
Ma femme vend du lait dans la région voisine et recueille près de deux dollars [utiliser la devise locale] par jour. Puisqu’elle vend du lait toute l’année, elle dispose d’un revenu constant, à la différence des autres femmes qui sont tributaires uniquement des vaches pour leur lait. Cela nous a permis d’acheter des ustensiles de ménage, de défrayer les soins médicaux, de payer les frais scolaires et d’adhérer à un fonds de prêts renouvelables.
Animatrice :
Tout cela grâce à une chamelle! On dirait que c’est une véritable bénédiction pour les collectivités dans les régions arides. Merci de nous avoir fait part de vos expériences.
Kipaseyia :
Tout le plaisir fut pour moi. Et n’oubliez pas de goûter du lait de chamelle.
Animatrice :
(bruit de l’animateur buvant du lait) Humm… c’est délicieux. Merci beaucoup. Et merci de nous avoir écoutés. À la prochaine.
Acknowledgements
- Rédaction : Sharon Sian Looremetta, ITDG Practical Action, Magadi, Kenya.
- Révision : Alex Kirui, directeur de pays, Heifer International, Kenya, et Terry Wollen, directeur du bien être des animaux, Heifer International, Little Rock, Arkansas, États-Unis.