Notes au radiodiffuseur
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La grossesse est la responsabilité d’un homme et d’une femme. En Afrique, cependant, la grossesse et l’accouchement sont généralement considérées comme des préoccupations de femmes et souvent les hommes ne sont pas impliqués. Il est rare pour les hommes africains d’accompagner leurs épouses lorsqu’elles vont passer des examens prénataux pendant leur grossesse.
Les professionnels de la santé du district de Jinja, en Ouganda, ont lancé un projet appelé « Lettre d’amour » qui demande aux hommes d’accompagner leurs femmes aux cliniques prénatales et encourage également les hommes à faire des analyses sanguines lorsque leurs épouses sont enceintes. Lors de leur première visite dans les cliniques prénatales, les mères enceintes reçoivent des lettres d’invitation qui sont adressées à leurs maris pour leur demander de les accompagner aux visites prénatales. Voici un texte radiophonique au sujet du projet « Lettre d’amour », initiative nouvelle qui encourage les hommes à être aux côtés de leurs épouses pendant la période de la grossesse et au moment de l’accouchement. Ce texte est une adaptation basée sur des entrevues réalisées auprès de la directrice du projet et d’une bénéficiaire.
Texte
Musique brève, puis fondu enchaîné
ANIMATEUR :
Bonjour chers auditeurs et auditrices et merci d’être à l’écoute de CBS FM. L’émission d’aujourd’hui va porter sur le projet « Lettre d’amour », qui est actuellement en cours dans les hôpitaux et les centres de santé du district de Jinja en Ouganda.
Une« lettre d’amour »est un document écrit, signé par l’agent de santé du district et remis aux mères enceintes qui se rendent dans les cliniques avant la naissance de leur enfant. Ces cliniques visitées avant l’accouchement sont appelées cliniques prénatales. Les lettres sont adressées aux maris des femmes et visent à encourager les hommes à accompagner leurs épouses lorsqu’elles se rendent dans les cliniques prénatales.
Au cours de notre émission d’aujourd’hui, j’aurai le plaisir d’accueillir la directrice et une des instigatrices du projetLettre d’amour,Sarah Byakiika, adjointe de l’agent de santé du district de Jinja. Sarah, voulez-vous saluer notre auditoire.
SARAH :
Je salue tous les auditeurs et auditrices de cette station de radio, plus particulièrement les mères enceintes et les pères prévenants.
ANIMATEUR :
J’accueille également en studio l’une des bénéficiaires du projet
Lettre d’amour,Mme Kadowe Irène, résidente du sous-comté de Mafubira, dans le district de Jinja. Irène, veuillez saluer notre auditoire.
IRÈNE :
Je salue tous les auditeurs et auditrices et j’adresse des salutations à mon mari Kadowe Eliphaz, qui travaille dans l’armée ougandaise, et à mes deux enfants.
ANIMATEUR :
Je commencerai avec Sarah. Qu’est-ce que ce projet
Lettre d’amour?
SARAH :
C’est une lettre que nous écrivons aux maris dans la langue locale, leur demandant d’accompagner leurs épouses lorsqu’elles se rendent dans les cliniques prénatales. Chaque clinique prénatale du district de Jinja a des copies de cette lettre, qui porte la signature de l’agent de santé du district. C’est lui qui demande aux hommes d’accompagner leurs femmes, car ses paroles commandent le respect dans les collectivités.
ANIMATEUR :
Sarah, pourquoi étiez-vous intéressée à lancer ce projet Lettre d’amour?
SARAH :
En Ouganda et en Afrique en général, les hommes ne sont pas très impliqués avec leurs épouses pendant leur grossesse. Et pourtant, les femmes ont besoin de soins particuliers durant la grossesse pour éviter les complications et pour s’assurer que tout problème est traité immédiatement. Les femmes ont besoin du soutien de leurs partenaires masculins pour faire les préparatifs avant l’accouchement, notamment pour décider où elles accoucheront et pour mettre de l’argent de côté. Lorsque les hommes accompagnent leurs épouses aux cliniques prénatales, les infirmières ont le temps de leur parler de la santé de leurs femmes et des préparatifs que le couple devrait faire pour s’assurer que la mère et le bébé seront en bonne santé. Nous pouvons également donner des conseils au couple sur le VIH et le sida et, s’ils désirent connaître leur état, ils peuvent faire une analyse sanguine. Si l’un des deux ou les deux sont infectés, nous recherchons des moyens de protéger le fœtus. Nous pourrions également leur fournir des informations et des conseils pour leur donner de l’espoir en leur avenir et nous assurer qu’ils peuvent avoir accès à des médicaments antirétroviraux en cas de besoin.
ANIMATEUR :
Comment se porte le projet?
SARAH :
Dans le passé, très peu d’hommes se présentaient à nos cliniques prénatales. Certains avaient peur de venir parce qu’ils craignaient d’être testés pour le VIH et ne voulaient pas connaître leur état, surtout devant leurs femmes. Une autre raison de l’absence de l’homme réside dans le fait qu’il ne veut pas rendre publique sa relation avec la femme en fréquentant une clinique prénatale avec elle. Dans notre clinique, nous nous efforçons d’être sensibles à de telles préoccupations. Lorsque les femmes viennent avec leurs maris ou leurs partenaires masculins, nous les encourageons et nous essayons aussi de nous en occuper en premier.
ANIMATEUR :
Irène, vous êtes l’une des bénéficiaires du projet
Lettre d’amour.Pouvez-vous nous dire de quelle façon cette lettre a fonctionné pour vous.
IRÈNE :
Je suis mère de trois enfants. Durant mes deux premières grossesses, mon mari ne m’a pas accompagnée à la clinique prénatale, mais seulement à l’hôpital au moment de la naissance. Il ne m’a pas vraiment soutenu beaucoup. Même quand je lui parlais des conseils prodigués par l’infirmière, à la clinique prénatale, portant sur la nutrition et le repos pendant la grossesse et sur les économies à faire en vue de l’accouchement, il ne prenait pas les choses très au sérieux. Au cours de ma deuxième grossesse, j’avais de l’anémie ou du sang faible parce que je ne pouvais pas suivre les conseils de l’infirmière en vue d’avoir un régime nutritif. Lorsque j’ai accouché, j’ai saigné abondamment et j’ai dû être transportée d’urgence à l’hôpital pour subir une transfusion qui m’a sauvé la vie.
L’an dernier, lorsque je suis tombée enceinte, j’étais inquiète à l’idée d’avoir de nouveau les mêmes problèmes. À trois mois, j’ai décidé de me rendre au Centre de santé de Mpumudde pour un examen de routine. Cette fois, l’infirmière m’a donné la lettre à rapporter à mon mari, expliquant l’importance des soins prénataux et lui demandant de venir avec moi à la prochaine visite.
Lorsque j’ai donné la lettre à mon mari, il a semblé perplexe mais il a accepté de m’accompagner. Au moment de la deuxième visite prénatale, nous y sommes allés ensemble.
ANIMATEUR :
Quelle a été votre expérience durant cette visite?
IRÈNE :
Nous avons été très bien traités. Nous sommes passés les premiers et nous n’avons pas eu à faire la queue très longtemps. L’infirmière nous a donné des conseils sur la nutrition pendant la grossesse et elle a vraiment aidé mon mari à comprendre pourquoi j’avais besoin de bons aliments et de comprimés de fer pour réduire le risque de faire à nouveau de l’anémie. Elle l’a aussi aidé à comprendre que nous devrions mettre de l’argent de côté tous les mois afin de pouvoir faire face à tout problème éventuel. Enfin, elle nous a conseillés en matière de sida, chose dont nous n’avions jamais pu discuter ouvertement ensemble. Elle l’a convaincu que c’était très bon pour nous d’être testés tous les deux. Je remercie mon mari car il a vraiment écouté ses conseils et mis en pratique tout ce qu’il a appris à la clinique. Il s’est assuré que nous ayons des aliments nutritifs et, ensemble, nous avons mis de l’argent de côté afin que je puisse accoucher à la clinique. Lorsque j’ai donné naissance à une fille, je n’ai eu aucun problème. Ce fut vraiment mémorable parce que mon mari a été à mes côtés à toutes les étapes de ma grossesse.
ANIMATEUR :
Avez-vous un message à transmettre aux hommes avant de conclure cette émission?
IRÈNE :
Je demande aux hommes d’être aux côtés de leurs épouses pendant la durée de la grossesse et à l’accouchement. Un homme qui accompagne sa femme à la clinique prénatale lui lance un signe d’amour et cela donne du courage à la mère enceinte. J’étais heureuse d’avoir l’appui de mon mari. Je pense que cela m’a aidée à rester en bonne santé et à éviter les problèmes.
ANIMATEUR :
Sarah, avant de conclure, quel message avez-vous à nous donner?
SARAH :
Les hommes ont toujours pensé que les questions de grossesse concernent les femmes, mais chaque grossesse implique deux personnes. J’aimerais encourager les hommes à aller aux cliniques prénatales avec leurs épouses afin de pouvoir obtenir les conseils et les informations que les mères enceintes reçoivent. Cela les aidera à atténuer leurs craintes au sujet des analyses de sang et cela les aidera aussi à savoir comment mieux s’occuper de leur femme, de leur futur bébé et de leur famille.
Enfin, je demande aux médecins et aux infirmières des autres districts d’adopter ce projetLettre d’amour,parce que les hommes ont un rôle tellement important à jouer lorsque leur femme est enceinte. Ils peuvent contribuer à rendre la maternité plus sécuritaire.
ANIMATEUR :
Je remercie Sarah et Irène d’avoir accepté notre invitation. Quant aux hommes qui nous entendent, restez aux côtés de vos femmes! Merci de nous avoir suivis et restez à l’écoute.
Musique brève, puis fondu enchaîné
Acknowledgements
Rédaction : Tamale Konde Julius, CBS FM Radio, un partenaire de radiodiffusion de Radios Rurales Internationales.
Révision :Ellen Brazier, directrice des programmes pour l’Afrique anglophone, Family Care International.
Information sources
Ce texte est une adaptation rédigée à partir d’entrevues réalisées par Tamale Konde Julius le 17 juillet 2008.