Notes au radiodiffuseur
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Ce texte aborde plusieurs des OMD, notamment l’objectif 1 (réduire l’extrême pauvreté), l’objectif 3 (promouvoir l’égalité et l’autonomisation des femmes) et l’objectif 4 (réduire la mortalité infantile). Le texte est une dramatique qui se déroule dans un tribunal imaginaire. Dans cette salle d’audience, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et d’autres défendeurs sont en procès. Ils sont accusés de prendre des mesures qui, au lieu de bénéficier aux nations pauvres qu’ils prétendent aider, causent en fait d’autres dommages aux collectivités et aux économies déjà fragiles, tout en aggravant la pauvreté et l’inégalité économique.
Les paroles et les opinions exprimées dans ce texte sont celles des membres de l’équipe de rédaction et tout le monde n’est peut-être pas d’accord. Elles représentent des critiques graves à l’égard d’institutions mondiales et nationales. Bien que les arguments soient parfois durs et radicaux, ils méritent d’être entendus et discutés d’une façon raisonnable.
Texte
Narrateur
Greffier du tribunal
Procureur de la poursuite
Procureur de la défense
Sini Casi, étudiant
Représentant de la Banque mondiale
Gnageba, agriculteur
Représentant du Fonds monétaire international
Gnanieba, chef de village
Représentant du G8
Femme
Représentant du gouvernement du Mali
Activiste
Je suis trop fatigué pour travailler.
Les accords de partenariat économique, les programmes d’ajustement structurel et les politiques néolibérales favorisent le développement d’une société axée sur le progrès et la croissance. Le système libéral a fait ses preuves dans les pays riches. Ne sont-ils pas des exemples du Mali que nous souhaitons voir? Des milliers de Maliens s’en vont vivre dans les pays occidentaux. Nous leur fournissons des emplois dans nos meilleures usines de fabrication de coton – utilisant du coton importé de vos pays! Le Mali a des produits de qualité, mais pas les compétences et la capacité nécessaires pour les transformer. Alors, nous sommes obligés de le faire. L’économie doit rouler et nous n’avons pas le temps de nous arrêter pour entendre vos craintes et vos peurs.
La richesse, mes frères et sœurs, la richesse! C’est ce que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale travaillent d’arrache-pied à vous vendre depuis des années. Ils réfléchissent fort sur les politiques que doivent adopter les pays en développement pour atteindre ces objectifs. Année après année, ils ont une réunion au sommet pour réfléchir et discuter de vos problèmes. Les peuples africains sont demeurés désavantagés depuis des siècles parce qu’ils n’ont pas démontré leur capacité à faire les choses pour eux-mêmes. Vos problèmes de corruption et de gestion, doublés de votre paresse, forcent notre implication.
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale sont les meilleures institutions de gestion que les pays sous-développés peuvent espérer à l’heure actuelle. Même si elles décident à votre place, elles sont à l’écoute de vos besoins et de vos demandes. La preuve, nous avons intégré l’Afrique dans le Sommet du G8. Nous avons laissé du temps de parole aux politiciens des pays de l’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique lors de la dernière rencontre avec l’Union européenne. Nous agissons de bonne foi et c’est à vous de nous prouver vos capacités à intégrer nos plans. (Pause) Je vous remercie.
À ce moment précis, je voudrais exprimer un sentiment partagé par de nombreuses personnes qui connaissent l’histoire de ce continent et de son peuple. Je dédie cette réflexion à la jeunesse africaine, chez laquelle j’aimerais susciter l’espoir et la volonté d’accéder à des jours meilleurs.
Nos frères européens nous expliquent que toute dette se paie avec des intérêts, quand bien même il faudrait pour cela vendre des êtres humains et des pays entiers, sans leur demander leur consentement. Mais nous aussi nous pouvons réclamer notre dû, nous aussi nous pouvons réclamer des intérêts.
Combien l’esclavagisme et la colonisation ont-ils rapporté aux États riches sur le dos du peuple africain? Comment devrions-nous appeler cela – du pillage? Devrions-nous plutôt parler de spoliation? De génocide? Ce serait alors donner du crédit à des gens qui affirment que les États européens se sont développés grâce au sang et à la sueur de nos frères en Afrique et ailleurs.
Après tant de siècles de ce prêt de l’Afrique à l’Europe, nous sommes en droit de nous poser des questions. Nos frères européens ont-ils fait une utilisation rationnelle, responsable ou tout au moins productive des ressources si généreusement prêtées par le FMA, le Fonds monétaire africain? (Pause pendant cinq secondes)
Nous sommes au regret de répondre non. D’un point de vue stratégique, ces fonds ont été dilapidés dans des guerres. Les pays européens ont montré qu’ils ne peuvent pas se passer des rentes monétaires, des matières premières et de l’énergie bon marché des pays du Sud.
Ceci étant dit, nous sommes dans l’obligation de réclamer le remboursement du capital et des intérêts, paiement que nous avons généreusement reporté de siècle en siècle. Il est clair que nous ne nous abaisserons pas à réclamer à nos frères européens les taux d’intérêt odieux et cruels de 20 à 30 % qu’ils ont demandés à nos peuples. Nous nous limiterons à exiger la restitution de tous les capitaux qui ont généré des revenus dans le Nord, plus un modique intérêt fixe de 10 % par an, composé sur les 300 dernières années.
Alléguer que l’Europe, en plusieurs siècles, n’est pas parvenue à générer des richesses suffisantes pour régler ce modique intérêt reviendrait à admettre son échec financier absolu ou l’irrationalité du capitalisme.
Par conséquent, nous exigeons la signature immédiate d’une lettre d’intention qui impose aux pays du continent européen de rembourser leur dette en entreprenant une privatisation rapide de l’Europe, afin que cette Europe nous soit livrée, toute entière, au titre du premier règlement d’une dette historique.
(Pause, et sur un ton plus doux) Mesdames et messieurs, nous savons, vous et moi, que tout cela n’arrivera jamais. Mais nous pouvons tout au moins espérer mieux de la part des pays qui nous ont, trop souvent, dit ce qu’il était bon de faire.
Pour toutes ces raisons, je demande donc l’annulation complète et inconditionnelle de la dette de l’Afrique et j’exige des gouvernements africains que, désormais, tout investissement soit effectué en collaboration avec les peuples africains et leurs représentants, qu’ils soient de la société politique ou de la société civile. Je vous remercie.
Montée des bruis de la salle d’audience, maintien pendant 10 secondes, puis sortie en fondu.Avez-vous un commentaire à formuler sur la dramatique de cette semaine et sur les questions qu’elle soulève? Dans l’affirmative, appelez à la station radiophonique au numéro (insérez le numéro de téléphone). Nous aimerions connaître votre opinion. Merci et bonne nuit (bonne matinée, bon après-midi, bonne soirée)!
Acknowledgements
- Rédaction : Membres de l’Alliance des radios communautaires du Mali (ARCOM)
- Révision : Charles Jennings, stagiaire en éducation, Greenwood College School, Toronto, Canada