Le jardin en tranchées de M. Mazibuko

Santé des sols

Notes au radiodiffuseur

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Ce texte décrit une méthode de jardinage traditionnelle qui protège le sol et économise l’eau. Cette méthode est le jardinage en tranchées; elle a été développée par M. Robert Mazibuko en Afrique du Sud. Elle est toujours pratiquée dans les zones rurales.

Deux animateurs participent à cette émission. Le premier raconte l’histoire et le second joue le rôle de M. Robert Mazibuko.

Texte

INTRODUIRE DE LA MUSIQUE ET LA LAISSER EN FOND SONORE PENDANT QUE L’ANIMATEUR PARLE

L’ANIMATEUR
: L’émission d’aujourd’hui porte sur la valeur du savoir local. Dans votre communauté, ce savoir local touche l’agriculture, la médecine et beaucoup d’autres domaines. Il nous a été transmis par les anciens. Comme le démontre cette histoire, le savoir local est important puisqu qu’il nous apporte des solutions aux problèmes locaux.

L’émission d’aujourd’hui porte sur une technique de conservation du sol et de l’eau par les fermiers; j’espère qu’elle vous intéressera.

SUPPRIMER LA MUSIQUE

L’ANIMATEUR 1
: M. Robert Mazibuko vivait dans la vallée des Mille Collines dans un village appelé KwaZulu en Afrique du Sud. Pour savoir à quoi ressemble la vallée des Mille Collines, imaginez un endroit éloigné de la mer, où la pente des collines est abrupte et où le sol est sec. Il y est difficile d’y développer des cultures et par le passé, les habitants de la vallée se sont découragés. Quand ils plantaient des légumes, la pluie balayait le sol ou le soleil asséchait les récoltes.

Les femmes qui vivaient dans la vallée des Mille Collines n’avaient pas assez de légumes frais pour nourrir leurs enfants. Ils n’étaient pas en bonne santé; ils étaient faibles, malades et ils avaient faim.

M. Mazibuko aimait la terre et les habitants de la vallée et voulait aider les femmes et leurs enfants. Un jour, il rassembla toutes les femmes de la vallée.

L’ANIMATEUR 1
(cont): Il leur posa la question suivante:

L’ANIMATEUR 2
(voix de M. Mazibuko): Pourquoi vos enfants sont-ils malades?

L’ANIMATEUR 1
: Les mères expliquèrent pourquoi leurs enfants n’avaient pas assez de nourriture, que le sol était si dur qu’il était difficile de le labourer. Elles savaient que M. Mazibuko était un homme sage. Elles lui demandèrent comment rendre le sol plus fertile. M. Mazibuko répondit qu’il fallait nourrir le sol. Il leur faudrait commencer par collecter de la nourriture pour le sol, ce qu’elles firent.

Les femmes ont rassemblé des tas de feuilles de chou, de fanes de carottes, de pelures de pommes de terre, du papier déchiqueté, de fumier, de feuilles mortes, en somme, tout ce qui pouvait fertiliser le sol. Les femmes travaillaient ensemble et chaque jour elles ajoutaient de la matière organique suffisamment pour nourrir le sol.

L’ANIMATEUR 2
(voix de M. Mazibuko): Mères de la Vallée, maintenant que vous avez rassemblé cette nourriture pour le sol, creusez un trou de la longueur d’une Mama par une demi-longueur d’une autre Mama et de la profondeur d’un enfant de 1 an.

L’ANIMATEUR 1
: M. Mazibuko désigna une des femmes. Elle mit sa main à côté de son genou pour montrer la profondeur du trou. Les femmes choisirent un endroit et commencèrent à creuser. Le sol était sec; il faisait chaud mais les femmes creusaient sans relâche. Quand le trou fut assez profond et large, elles le remplirent de feuilles, d’herbe, de pelures de pommes de terre, de bouses de vache et les recouvrirent de terre. Certaines femmes sont allées chercher de l’eau pour être sûres que tout était bien arrosé.

L’ANIMATEUR 2
(voix de Mazibuko): Mères de la Vallée, vous pouvez vous reposer à présent. Vous avez beaucoup travaillé. Ce que vous avez fait s’appelle un jardin en tranchées. Il faut maintenant laisser le sol se fertiliser. Revenez me voir dans quelques semaines et nous labourerons le sol. D’ici là, chacune de vous, creusez un trou dans vos champs. Ne le faites pas trop grand, juste assez pour cultiver des légumes pour votre famille.

L’ANIMATEUR 1
: Les femmes dirent au revoir et retournèrent chez elles. Elles commencèrent à rassembler les bouses de vache, le fumier de poulet, les feuilles mortes, les déchets de la cuisine pour fertiliser le sol, toute matière organique qu’elles trouvaient. Au début, il n’y en avait pas beaucoup mais chaque jour le trou se remplissait.
Plusieurs semaines plus tard, les femmes retournèrent à l’emplacement du premier trou avec M. Mazibuko. Ils se rassemblèrent autour du trou et retournèrent la terre pour voir ce qu’il se passait. Savez-vous ce qu’ils ont vu?

L’ANIMATEUR 1
(cont): Je vais vous le dire. Ils ont vu des gros vers gras et des scarabées un peu partout. C’était bon signe. La matière organique attirait les insectes et les vers. Les femmes commencèrent à fertiliser le sol, à l’aérer et à l’arroser. Quand vous fertiliser le sol, c’est comme si vous lui donniez à boire et à manger.

C’est ainsi que les femmes de la vallée ont travaillé de concert avec la nature. Si le sol recevait assez de nourriture et que l’on s’en occupait bien, il fournissait des légumes frais pour les habitants de la vallée.

Le sol était enfin prêt pour les cultures. M. Mazibuko proposa aux femmes de planter des haricots. Les feuilles vertes n’ont pas tardé à sortir de terre. Le feuillage recueillait l’eau, la retenait et les racines des plantes s’enfonçaient plus profondément dans le sol. Les femmes étaient heureuses de voir le fruit de leur travail. Elles avaient à nouveau des légumes frais pour nourrir leurs enfants.

PAUSE MUSICALE (5 secondes)

L’ANIMATEUR 1
: La technique du jardin en tranchées a été utilisée dans le monde entier. Aujourd’hui, les femmes de la vallée des Mille Collines l’utilisent encore pour cultiver leurs légumes. Cette méthode est très efficace car le sol demeure et retient l’eau. M. Mazibuko, le vieil homme, est mort, mais sa mémoire habite toujours la vallée des Mille Collines et nous le remercions d’avoir partagé son savoir avec nous. Ces méthodes traditionnelles sont transmises de génération en génération et nous pouvons les enseigner à nos enfants pour qu’elles se perpétuent.

Acknowledgements

Contribution: Karen Colvin, Vuleka Productions, South Africa

Révision: Raymond Auerbach, Director, Rainman Landcare Foundation, South Africa.