Notes au radiodiffuseur
« Le haricot, une affaire de famille » est un feuilleton radiophonique de cinq épisodes dans lequel il est question d’un groupe de femmes qui persévèrent malgré les difficultés qu’elles ont à obtenir du succès. Ces femmes font partie d’une association d’épargne villageoise, encore appelée groupe vicoba en Tanzanie, et cultivent toutes du haricot. Elles effectuent la majeure partie des travaux agricoles exigés par la culture du haricot. Cependant, en raison des rôles que leur confèrent les traditions de leur communauté, les hommes sont ceux qui prennent toutes les décisions après récolte, y compris la vente du haricot et le contrôle du revenu.
Quelques-uns des principaux personnages féminins du feuilleton radiophonique, dont Farida et Maman Mjuni, sont à la tête de cette initiative. Elles encouragent les femmes à travailler ensemble dans leurs champs, et enfin à cultiver du haricot ensemble pour le vendre collectivement à l’usine de haricot du village.
Le feuilleton radiophonique se déroule dans un contexte de situations dramatiques, y compris des conflits entre femmes et hommes : violence conjugale dans une famille, et initiative sournoise d’un coureur de jupons du village pour manipuler les femmes et tirer profit de ses activités illicites.
Le feuilleton comporte aussi des instants légers et amusants, même s’il aborde des thèmes sérieux. Si vous faites interpréter le feuilleton par un groupe local, assurez-vous que les moments les plus graves sont compensés par des scènes plus légères où les amies se remémorent des souvenirs et rient.
Chacun des cinq épisodes dure approximativement 20 à 25 minutes, y compris la musique de début et de fin. Vu la longueur des épisodes, vous pourriez peut-être diffuser seulement deux ou trois scènes à la fois dans votre émission. Dans la majorité des cas, deux ou trois épisodes durent 6 à 8 minutes.
Vous pourriez faire suivre le feuilleton d’une tribune téléphonique dans laquelle seront examinés certains des problèmes soulevés par l’émission, et inviter des experts et des expertes à se prononcer sur ces problèmes. Les discussions pourraient tourner autour des points suivants :
- comment la communauté repartit les tâches requises par la culture et la commercialisation du haricot, ou d’autres cultures produites dans votre région, et comment cela pourrait nourrir des préjugés défavorables aux intérêts des femmes, et nuire même à la famille;
- violence conjugale et culture ou habitude du silence qui favorise sa perpétuation; et
- types de soutien que les hommes peuvent offrir aux femmes qui peinent à s’en sortir et à aider leurs familles face aux situations difficiles.
Principaux personnages
Farida : Femme qui approche la trentaine.
Farida est une femme au foyer qui fait toutes les tâches ménagères de la maison, en plus de cuisiner et faire la lessive pour son mari est ses trois filles. Farida a également la charge de tous les travaux agricoles exigeants de sa petite parcelle familiale d’une acre, et ne reçoit aucune aide de la part de son mari qui prend toutes les décisions concernant leurs denrées, y compris la vente de celles-ci après la récolte.
Elle est mariée à Afande Kaifa, le chef de police du village, avec qui elle a eu trois belles petites filles : Sifa (10), Zuhura (8) et Hafsa (3).
Farida a eu Sifa alors qu’elle était encore au secondaire et a été obligée d’abandonner ses études pour épouser son mari. Parfois, elle aimerait pouvoir terminer ses études.
Farida a enduré des années de violence physique de la part de son mari, même s’il s’arrange pour ne pas la blesser de manière visible. Principalement en raison de ses propres problèmes d’insécurité, son mari lui reproche de ne pas lui avoir donné de garçon. Il attend de Farida qu’elle soit une femme au foyer soumise, mais elle en fait à sa tête. Elle aime écouter de la musique taarab à ses temps libres.
Farida est une femme très dynamique qui a plusieurs excellentes idées pour sa famille et elle-même, mais les restrictions de son mari machiste sont constamment un frein pour elle.
Farida cultive du haricot que son mari vend sur les marchés de différents villages. Les décisions qu’elle prend dans le foyer se limitent à choisir ce qu’ils doivent manger dans la maison.
En plus de cultiver du haricot, elle cultive à côté certaines denrées pour sa famille.
Farida et son mari ont des animaux, et elle mélange d’autres ingrédients à leur fumier pour le vendre comme engrais, et elle achète également des poules et vend leurs œufs. Elle sait s’y prendre avec l’argent, les affaires et les investissements.
La seule fois où Farida se sent importante, épanouie et utile, c’est quand elle passe du temps avec ses enfants ou quand elle se trouve avec les autres femmes de l’association féminine d’épargne. Elle est la trésorière de l’association.
La meilleure amie de Farida est Jenny, mais elle est également très proche de Stella, une de leur vieille amie à Jenny et elle qui a récemment quitté la ville pour le village. Elle est également très proche de maman Mjuni, la présidente de l’association féminine.
Afanda Kaifa : Homme de 42 ans, chef de la police du village, marié à Farida.
Il s’est forgé une image forte dans le village. Aux yeux de plusieurs personnes, il est une personne très sympathique et serviable, et un agent de police consciencieux et digne de confiance. Mais en privé, cela fait des années qu’il maltraite sa femme.
Il a grandi dans une famille avec une mère docile et un père autoritaire qui lui aussi a été chef de police. Il a suivi les pas de son père et admire ce dernier.
Il manque d’assurance à cause de son apparente incapacité à concevoir des garçons, et le comportement désapprobateur de son père à cet égard ne l’aide pas. Par conséquent, il traite sa femme et ses filles de manière injuste depuis des années. Il espère avoir un garçon un jour qui héritera de tous ses biens et suivra ses pas comme lui a suivi les pas de son père.
Afande Kaifa est autoritaire et possessif, et il est jaloux du fait que Farida soit bien connue dans le village.
Jenny: Femme mariée dans le début de la trentaine.
Cela fait quelques années qu’elle est mariée à Vumi. Jenny ne peut pas avoir d’enfant, ce qui explique pourquoi son premier mariage s’est terminé par un divorce.
Jenny a un garage automobile qu’elle a hérité de son défunt père. C’est une femme très travailleuse qui a un sens très aigu des affaires, et qui emploie plusieurs hommes. Elle est très douée avec les voitures et, par conséquent, est perçue comme étant différente des autres femmes par les gens du village qui généralement pensent que la place de la femme se trouve à la cuisine pour les tâches ménagères ou au champ pour les travaux champêtres.
Bien qu’elle soit toujours occupée au garage, Jenny trouve le temps de participer aux travaux de son champ, mais elle confie à son mari le soin de trouver des marchés pour leurs denrées agricoles. Jenny est également membre de l’association féminine d’épargne.
Elle a également enduré des années de mauvais traitements et de critiques de la part de sa belle-famille, surtout sa belle-mère, à cause de son incapacité à enfanter, même si c’est elle qui fait bouillir la marmite.
Jenny n’a pas beaucoup d’amies dans le village, mais elle est très proche de Farida, et a été une camarade de classe de Stella. Jusqu’à un certain point, elle peut comprendre la situation de Farida qui n’arrive pas à avoir de garçons, à cause de sa propre incapacité à avoir des enfants.
Jenny et Farida sont très proches même si elles sont totalement différentes. D’une certaine manière, Jenny veut ce que Farida possède, des enfants, et Farida veut ce que Jenny a, l’autonomie financière.
Grace : 19 ans, fille de maman K.
Grace est une fille très intelligente qui a ses propres principes. Sa beauté la précède dans le village. En fait, c’est quelque peu un sujet de discussion parmi les hommes.
Il y a deux ans, Grace a terminé ses études de premier cycle du secondaire et souhaite poursuivre ses études du deuxième cycle, bien que sa mère ne l’encourage pas vraiment à poursuivre ses études.
Grace n’est pas la préférée de sa mère, même si elle est celle qui aide dans les travaux ménagers et s’occupe de ses deux jeunes frères jumeaux, Alex et Adam, que leur mère gâte.
Grace est une travailleuse acharnée : elle cultive du haricot et d’autres produits agricoles sur un petit lopin de terre dans l’arrière-cour la maison familiale. Sa mère et ses jeunes frères ne prêtent pas beaucoup attention à ses activités agricoles, même si elle nourrit la maisonnée avec certains de ses produits et vend le surplus au marché.
De temps en temps, elle donne un coup de main au bar du coin de sa mère, pour le plus grand plaisir des ivrognes qui affluent au bar.
Grace est membre de l’association féminine d’épargne, et une bonne amie de Doris. Elle était très amie avec Mjuni avant qu’il change de comportement.
Maman Mjuni : Femme qui approche la cinquantaine, épouse du conseiller municipal, Mzee Ali.
Son couple est très envié par la majorité des femmes du village, car elle est la seule femme qui prend les décisions agricoles conjointement avec son mari, et ce, qu’il s’agisse d’intrants agricoles, de semis, de récolte ou de vente de produits agricoles. Son mari participe également aux tâches ménagères et aux travaux agricoles dans les champs. Pendant longtemps, les villageois ont émis des hypothèses selon lesquelles maman Mjuni avait ensorcelé son mari et qu’il était envouté.
Maman Mjuni est une femme très visionnaire. Elle est celle qui a eu l’idée de former l’association féminine d’épargne, dont elle est la présidente.
Elle a eu un enfant d’un premier mariage, un adolescent du nom de Mjuni. Elle est profondément perturbée par la tendance de Mjuni à traîner avec les mauvaises personnes. Elle n’a pas d’enfants avec Mzee Ali.
Mzee Ali : conseiller municipal du village dans le début de la soixantaine. Mari de maman Mjuni et beau-père de Mjuni.
Bien que Mjuni soit son beau-fils, Mzee Ali s’occupe de lui et l’aime comme s’il était son propre fils.
Mzee Ali croit en l’égalité du partage des décisions entre le mari et la femme. Il est normal de le voir au champ avec sa femme pendant la saison de labour ou de le trouver à la maison en train de faire la vaisselle pendant que sa femme nettoie la maison.
Mzee Ali est perçu comme un personnage ridicule par certains villageois qui croient que c’est sa femme qui porte la culotte dans la famille et qu’il a été ensorcelé.
Sigi : Propriétaire d’une entreprise de commerce en gros et d’un entrepôt, dans la quarantaine.
La société de Sigi est le principal fournisseur de haricot de l’usine Tikka. C’est un homme d’affaires impitoyable pour qui seul l’argent compte. Il est le genre de personne qui pourrait vendre sa propre mère pour un peu d’argent.
Outre son commerce en gros, il fait des affaires louches dans son vieil entrepôt. Il emploie Adam et Alex pour son sale travail et ses affaires louches.
Il a des mœurs très légères, aime être en compagnie de belles femmes, et est connu pour le fait de les couvrir de présents.
Il aime également prendre un bon verre et fréquente le bar de maman K avec des gens de son espèce et ses hommes de main.
Stella : Amie d’enfance de Jenny et Farida, dans le début de la trentaine.
Après avoir obtenu de bonnes notes à l’école secondaire, elle est allée à l’université en ville.
Elle a vécu et travaillé en ville pendant quelques années après l’université, puis, elle est revenue au village, où elle a trouvé un poste de superviseuse du ravitaillement en haricot à l’usine.
Maman K: Dans la cinquantaine. Mère de Grace et des deux voyous du coin, Adam et Alex.
Maman K est la propriétaire du fameux bar du coin qui porte son nom, Maman K. Le bar est un lieu où traînent les nombreux ivrognes du village.
Maman K a elle-même un problème d’alcool, et devient odieuse et agressive lorsqu’elle est saoule, surtout envers Grace qu’elle traite injustement depuis des années parce qu’elle croit que celle-ci est la raison pour laquelle son premier mari l’a quittée. Maman K a élevé Grace et les deux garçons toute seule et préfère les deux garçons même s’ils s’attirent toujours des ennuis.
Adam et Alex : Jumeaux de maman K, âgés de 17 ans.
Les deux garçons sont inséparables, et traînent toujours ensemble. Ils ont formé une « bande » qu’ils ont surnommée viroboto (puces), qui est un nom qui leur va à parfaire étant donné qu’ils cherchent toujours quelque chose à voler et qu’ils sèment la pagaille.
Ils sont pourris gâtés et savent qu’ils peuvent toujours compter sur leur mère pour les tirer d’affaire s’ils ont des problèmes.
Ils ne vont pas à l’école, mais passent la majeure partie de leur temps à fumer des pétards et cherchent leur prochaine proie. Le village est fatigué de leurs petits crimes et vols.
Mjuni : Fils de 16 ans de maman Mjuni et beau-fils du conseiller municipal, Mzee Ali.
C’est un garçon perturbé qui se rebelle contre ses parents. Son comportement cause beaucoup de douleur à ses parents, surtout sa mère. Il aime traîner avec Adam et Alex, et sèche les cours et s’attire des ennuis, malgré les nombreux avertissements de ses parents.
Mjuni et Grâce étaient des amis proches avant qu’il change de comportement.
Doris : Femme de 20 ans et membre du groupe des femmes de la banque communautaire villageoise.
Doris est une fille qui aime les bonnes choses de la vie, mais n’aime pas travailler dur pour les avoir. Elle préfère être avec un homme riche qui peut subvenir à ses besoins. C’est une gosse un peu gâtée, et elle devient une des nombreuses conquêtes de Sigi.
Elle se croit intelligente, mais est facilement manipulée par Sigi. Elle est amie avec Grace.
Texte
2. Décor :
À l’extérieur. Une route. Matin.
3. Effets sonores de fond :
Bruit d’un moteur de voiture et de musique dans la voiture.
4. Personnages :
Jenny, monsieur Patel, garçon.
5. EFFETS SONORES:
BRUIT D’UN MOTEUR DE VOITURE ET D’UNE MUSIQUE DANS LA VOITURE.
6. EFFETS SONORES:
MONSIEUR FREDONNANT EN MÊME TEMPS QUE LA MUSIQUE.
7. EFFETS SONORES:
LA VOITURE ÉMET UN BRUIT D’EXPLOSION.
8. MONSIEUR PATEL:
(INQUIET) Oh oh! Qu’est-ce que c’est encore?
9. EFFETS SONORES:
LA VOITURE MARQUE BRUSQUEMENT UN ARRÊT STRIDENT
10. MONSIEUR PATEL:
(SE PARLANT RAGEUSEMENT) J’en ai vraiment marre de cette voiture! Chaque jour, c’est la même histoire.
11. EFFETS SONORES:
MONSIEUR PATEL TENTE DE REDÉMARRER LE MOTEUR.
12. EFFETS SONORES:
LE MOTEUR DE LA VOITURE DÉMARRE, PUIS S’ARRÊTE.
13. EFFETS SONORES:
MONSIEUR PATEL SORT DE LA VOITURE ET CLAQUE LA PORTIÈRE.
14. MONSIEUR PATEL:
(SE PARLANT RAGEUSEMENT) Je pensais avoir été très clair lorsque je leur ai dit de faire réviser la voiture chaque mois pour s’assurer qu’il n’y a aucun problème! Mais nooon!
15. EFFETS SONORES:
MONSIEUR PATEL ESSAIE D’EXAMINER LE MOTEUR.
16. MONSIEUR PATEL:
Je ne sais même pas pour quoi je paie ces gars-là?! Juste une bande de fainéants …
17. EFFETS SONORES:
MONSIEUR PATEL REÇOIT UN CHOC ÉLECTRIQUE PROVENANT DU MOTEUR DE LA VOITURE.
18. MONSIEUR PATEL:
(HURLANT DE DOULEUR) Ouille!
19. GARÇON :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Hé monsieur, ça va?
20. MONSIEUR PATEL:
(EN DOULEUR) Va me chercher un mécanien de voiture, dépêche-toi!
21. GARÇON :
D’accord, je reviens tout de suite.
22. EFFETS SONORES:
MONSIEUR PATEL GÉMISSANT DE DOULEUR.
23. GARÇON :
(S’APPROCHANT DU MICRO, EN COURANT) Le voici.
24. JENNY :
Hé monsieur, ça va?
25. MONSIEUR PATEL:
(TOUJOURS ÉTOURDI) Oui, je vais bien.
26. JENNY :
Laissez-moi vous aider à vous remettre sur pied.
27. MONSIEUR PATEL:
Ça va, je peux le faire. (AU GARÇON) Je pensais t’avoir dit de me ramener un mécanicien de voiture.
28. GARÇON :
Mais elle l’est.
29. JENNY :
Je suis mécanicienne.
30. MONSIEUR PATEL:
(SURPRIS ET MAL À L’AISE) Oh!
31. JENNY :
Alors puis-je aller jeter un coup d’œil à la voiture?
32. MONSIEUR PATEL:
(BOUCHE BÉE) Eh bien … bon …
33. JENNY :
(L’INTERROMPT) Écoutez, monsieur, si vous pensez que cela peut être utile, je peux aller cherchez un des hommes du garage pour qu’il vienne travailler sur votre voiture.
34. MONSIEUR PATEL :
Ce ne pas ce que je voulais …. Vous pouvez aller travailler sur la voiture.
35. EFFETS SONORES :
JENNY COMMENCE À TRAVAILLER SUR LA VOITURE.
36. MONSIEUR PATEL :
Je suis désolé, mais c’est juste que je n’avais jamais rencontré une femme mécanicienne, surtout dans ce village.
37. JENNY :
Ce n’est pas grave. Ce n’est pas la première fois. J’ai déjà entendu ça.
38. MONSIEUR PATEL :
Alors, ça fait combien de temps que vous êtes mécanicienne?
39. JENNY :
(RIT) Monsieur, si vous voulez savoir si ma première expérience avec des voitures, ne vous inquiétez pas. Je travaille sur les voitures depuis que j’ai 15 ans.
41. JENNY :
Mon père avait un garage et c’est lui qui m’a tout appris sur les voitures. S’il vous plaît, pouvez-vous me passer là clé là-bas?
42. MONSIEUR PATEL :
(LUI TEND LA CLÉ) Voici ça.
44. MONSIEUR PATEL :
Alors, travaillez-vous pour votre père maintenant?
45. JENNY :
Non. Malheureusement, il est décédé.
47. JENNY :
Ce n’est pas grave, cela fait plusieurs années maintenant.
48. MONSIEUR PATEL :
Pour qui travaillez-vous donc maintenant?
49. JENNY :
Je ne travaille pour personne. Je suis la patronne. J’ai juste engagé deux ou trois personnes.
50. EFFETS SONORES :
MONSIEUR PATEL COMMENCE À RIRE.
51. JENNY :
Qu’est-ce qui est si drôle?
52. MONSIEUR PATEL :
C’est juste que je ne suis jamais tombé sur une dame comme vous dans ce village. Vous me surprenez. Non seulement vous êtes mécanicienne, mais vous êtes propriétaire de garage et vous avez des employés.
53. JENNY :
Après que mon père est décédé, j’ai dû continuer à travailler. J’ai hérité du garage et j’ai simplement continué à le faire fonctionner. (PAUSE) Pouvez-vous démarrer le moteur?
55. EFFETS SONORES :
MONSIEUR PATEL DÉMARRE LE MOTEUR ET LA VOITURE COMMENCE À FONCTIONNER.
56. MONSIEUR PATEL :
Vous m’avez surpris une fois de plus!
57. JENNY :
Je suis heureuse d’avoir pu vous rendre service.
58. MONSIEUR PATEL :
Dites, combien ça va coûter? (TEND DE L’ARGENT À JENNY). Tenez, prenez ça.
59. JENNY :
Monsieur, je crains que ce soit un montant trop élevé.
60. MONSIEUR PATEL :
Ne vous en faites pas, c’est pour m’avoir sauvé de cette situation. Peut-être qu’un jour vous pourrez venir travailler pour l’usine, et réparer nos voitures.
61. JENNY :
Je préfère que vous offriez ce contrat à mon garage.
62. MONSIEUR PATEL :
(RIT) Non seulement vous êtes une bonne mécanicienne de voiture, mais vous êtes également une femme d’affaires futée, mademoiselle …
63. JENNY :
Jenny… je m’appelle Jenny.
64. MONSIEUR PATEL :
Bien, vous m’avez sauvé la mise. Jenny. Mon nom est monsieur Patel, et je suis le directeur de l’usine de haricot Tikka.
65. JENNY :
Bien, vous êtes le bienvenu au garage de Jenny chaque fois que vous aurez un problème.
66. MONSIEUR PATEL :
Merci infiniment. Bonne journée et à bientôt.
67. JENNY :
À vous de même, monsieur.
68. EFFETS SONORES :
MONSIEUR PATEL RENTRE DANS SA VOITURE ET S’ÉLOIGNE.
69. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
71. Décor :
Hôpital Int. Matin
72. Effets sonores de fond:
Bruits d’agitation de l’hôpital, bébés qui pleurent.
73. Personnages :
Farida, Maman Mjuni, médecin, infirmière.
75. INFIRMIÈRE :
(PRÈS DU MICRO) Farida Kaifa! Est-ce que Farida Kaifa est à côté?
76. FARIDA :
(LOIN DU MICRO) Ouiii!
77. INFIRMIÈRE :
Farida Kaifa!
78. FARIDA :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Me voici.
79. INFIRMIÈRE :
D’accord, le médecin est prêt à vous recevoir maintenant.
80. EFFETS SONORES :
UNE PORTE S’OUVRE ET FARIDA ENTRE.
81. MÉDECIN :
(PRÈS DU MICRO) Entrez s’il vous plaît et prenez place.
82. FARIDA :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Merci.
83. EFFETS SONORES :
FARIDA TIRE UNE CHAISE ET S’ASSEOIT.
84. MÉDECIN :
(CONSULTANT DES DOSSIERS) Vous vous appelez Farida Kaifa et vous avez 28 ans. Alors, dites-moi, quel semble être le problème?
85. FARIDA :
C’est juste que j’ai des douleurs.
86. MÉDECIN :
Quel partie de votre corps vous fait mal?
87. EFFETS SONORES :
FARIDA GLOUSSE NERVEUSEMENT.
88. MÉDECIN :
(PETIT RIRE) Écoutez ma bonne dame, je suis certain que quelque soit votre problème actuellement, je l’ai déjà vu. Par conséquent, je puis vous assurer que vous n’avez pas besoin d’avoir peur.
89. FARIDA :
Pouvez-vous me prescrire des calmants?
90. MÉDECIN :
Je ne peux pas prescrire de médicaments sans vous avoir examiné au préalable pour savoir ce qui ne va pas. C’est simplement la procédure normale.
91. EFFETS SONORES :
FARIDA DEVIENT SILENCIEUSE.
92. MÉDECIN :
Madame, pouvez-vous venir vous asseoir ici sur ce lit?
93. EFFETS SONORES :
FARIDA SE LÈVE ET S’ASSEOIT SUR LE LIT.
94. MÉDECIN :
Okay, pouvez-vous me montrer où vous avez mal?
95. FARIDA :
C’est précisément ici et là.
96. MÉDECIN :
D’accord … donc aux cuisses et à l’estomac.
98. MÉDECIN :
D’accord, retirez donc le voile pour que je puisse voir.
100. MÉDECIN :
(SE FAISANT RASSURANT) Ne vous inquiétez pas.
102. MÉDECIN :
(CHOQUÉ) Heeh! Que vous est-il arrivé? Avez-vous été agressée?
103. FARIDA :
(À VOIX BASSE) Si.
104. MÉDECIN :
Avez-vous porté plainte?
105. FARIDA :
(ABRUPTEMENT) Écoutez, docteur, je n’ai pas été agressée.
106. MÉDECIN :
Alors, que vous est-il arrivé? Qui vous a fait ça?
107. EFFETS SONORES :
FARIDA DEVIENT À NOUVEAU SILENCIEUSE.
108. MÉDECIN :
Écoutez, ma dame, vous devez signaler ça à la police. C’est grave. Vos blessures sont très graves.
109. FARIDA :
Mais ça va. Je vais bien maintenant.
110. MÉDECIN :
J’ai déjà vu ces cas. Beaucoup de femmes comme vous viennent ici, battues et ayant peur de parler. Si vous me le permettez, je vais vous aider à remplir le rapport de police.
111. FARIDA :
(EN COLÈRE) Docteur, je suis venue ici pour demander une aide médicale et pas un procès.
112. MÉDECIN :
(SOUPIRS) Si vous le dites. D’accord, je vais vous prescrire quelques calmants, pour vous et un vaccin de tétanos pour ces coupures.
113. FARIDA :
Merci, docteur.
115.
FONDU À L’OUVERTURE.
116. MAMAN MJUNI :
(LOIN DU MICRO) Salut, Farida! Farida!
117. FARIDA :
(PRÈS DU MICRO) Salut, Maman Mjuni.
118. MAMAN MJUNI :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Je me disais bien que c’était toi. Que fais-tu ici? Es-tu malade?
119. FARIDA :
J’ai juste un petit palu.
120. MAMAN MJUNI :
Oh, je suis vraiment désolée de l’entendre, ça doit être le temps qu’il fait en cette période de l’année.
121. FARIDA :
Merci. Et vous, qu’est-ce qui vous amène ici?
122. MAMAN MJUNI :
Je ne me sens pas bien. Je commence à me demander si je ne suis pas enceinte de Mzee Ali (RIT COMME UNE HYSTÉRIQUE), tu t’imagines à mon âge?! Je dois rêver.
123. EFFETS SONORES :
FARIDA RIGOLE FAIBLEMENT.
124. MAMAN MJUNI :
Farida, est-ce que tu vas bien? Quelque chose te préoccupe-t-il?
125. FARIDA :
Non, c’est juste le palu. Je ne me sens pas vraiment bien. Je dois partir. Je vous verrai plus tard à la réunion de la banque communautaire villageoise. Bye.
127. EFFETS SONORES :
FARIDA S’ÉLOIGNE RAPIDEMENT.
128. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
130. Décor :
À l’extérieur de la maison de Maman K. Mi-matinée.
131. Effets sonores de fond:
Bruit de Grace qui vanne du haricot.
133. EFFETS SONORES :
BRUIT DE HARICOT QU’ON VANNE.
134. EFFETS SONORES :
GRACE SE MET À CHANTER TOUT EN VANNANT SON HARICOT.
135. DORIS :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Grace, qu’est-ce que tu es en train de faire? Je pensais que tu serais déjà prête à partir.
136. GRACE :
(D’UN TON SARCASTIQUE) Je vais bien. Merci infiniment de me demander comment je vais.
137. DORIS :
C’en est déjà assez avec tes plaisenteries. Tu sais que si tu continues comme ça, nous allons être en retard pour notre rendez-vous avec Sigi.
138. GRACE :
Tu sais très bien que je ne peux pas m’en aller comme ça sans avoir cuisiné quelque chose pour ma mère et mes jeunes frères. S’ils rentrent à la maison et ne trouvent rien à manger, tout le village saura que je n’ai pas fait la cuisine.
139. DORIS :
Tes frères ne sont-ils pas assez grands pour cuisiner pour eux-mêmes?
140. GRACE :
Adam et Alex préparer?! (RIT) Ça ne risque jamais d’arriver.
141. DORIS :
(AVEC IMPATIENCE) Mais tu sais qu’on n’a pas le temps de préparer et d’être là-bas à l’heure?
142. GRACE :
Hé! Madame, calme-toi. De plus, je croyais qu’on allait à une réunion d’affaires et pas dans une boîte de nuit!
143. DORIS :
(RIRE PRÉTENTIEUX) Tu aimes ma nouvelle robe?
144. GRACE :
Oh! Elle est très belle en effet.
145. DORIS :
Qu’en est-il des chaussures?
146. GRACE :
Elles m’ont l’air chères aussi.
147. DORIS :
(GLOUSSE) Tu sais que je devais faire sortir mes meilleurs trucs. Il faut s’habiller pour impressionner les gens, surtout lorsqu’on doit rencontrer un homme de la stature de Sigi dans le village.
149. DORIS :
Quoi encore?
150. GRACE :
Rien. Fais juste attention. J’ai entendu des choses par rapport aux agissements de Sigi dans le village.
151. DORIS :
Et de quelles choses s’agirait-il?
152. GRACE :
En gros, il paraît que c’est un coureur de jupons et qu’il change de femmes dans le village comme si elles étaient des motos.
153. DORIS :
Aaargh! Tu sais comment les gens du village sont. Tout ce qu’ils savent faire de bon, c’est raconter des ragots sur les autres.
154. GRACE :
Tu connais le dicton swahili qui dit : « Il n’y a jamais de fumée sans feu. »
155. DORIS :
Les gens sont simplement jaloux parce Sigi est le principal fournisseur de haricot de l’usine.
156. GRACE
: (SOUPIRE ET CHANGE DE SUJET) … Je n’en sais rien, mais il n’y a aucun doute que je suis jalouse de ces hauts talons. Je ne peux pas arrêter de les admirer.
157. DORIS :
(RIRE AIGU) Tu les adores, hein? Si seulement tu savais! Elles m’ont coûté une fortune.
158. GRACE :
Je peux le voir juste en les regardant. J’espère que tu continues d’économiser pour qu’on puisse acheter la vache pour notre entreprise laitière.
159. DORIS :
Ne t’en fais pas pour ça, Grace. J’économise toujours.
160. GRACE :
Hmm! J’en doute.
161. DORIS :
Grace, nous sommes déjà en retard pour notre rendez-vous et on continue de bavarder! Allons-y.
162. GRACE :
D’accord. Mais il ne faut pas qu’on y reste trop longtemps. Je dois revenir faire la cuisine.
163. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
165. Décor :
À l’extérieur de l’entrepôt de Sigi. Journée.
166. Effets sonores de fond :
Ambiance à l’intérieur de l’entrepôt.
167. Personnages :
Grace, Doris, Sigi, veuve, Mudi.
168. VEUVE :
(IMPLORE SIGI EN S’AGENOUILLANT) S’il te plaît, mon fils, j’ai vraiment besoin de cet argent. S’il te plaît, je te supplie à genoux.
169. SIGI :
Maman, je vous ai déjà dit que je vous remettrai l’argent de votre haricot dès que l’usine me paiera. Pourquoi ne voulez-vous pas comprendre?
170. VEUVE :
Tu dois savoir que je suis une veuve. Mon mari est décédé.
171. SIGI :
Bien, puisse votre mari reposer en paix éternellement, maman. Mais qu’est-ce que cela a à avoir avec moi?
172. VEUVE :
Comment vais-je nourrir mes enfants sans argent? Hein? Dis-moi, comment vais-je payer les petites factures?
173. SIGI :
Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que nous avons convenu que je vous paierai votre argent après avoir reçu le paiement de l’usine.
174. VEUVE :
Je le sais. Mais, s’il te plaît, mon fils, fais-moi cette faveur, hein?
175. SIGI :
Je suis désolé, mais il n’y a rien que je puisse faire. Les affaires sont les affaires. Mudi, s’il te plaît, emmène-la.
176. MUDI :
Venez, allons-y, maman.
177. EFFETS SONORES :
MUDI EMMÈNE LA VEUVE À L’ÉCART.
179. GRACE :
(SE PLAIGNANT) Hé! Tout ça, ce n’est pas nécessaire!
180. SIGI :
(S’APPROCHANT DE GRACE ET DORIS) Hé, je suis désolé que vous ayez vu cela, mais certaines personnes ne savent pas comment les affaires se font.
181. DORIS :
Ce n’est pas grave.
182. SIGI :
Excusez-moi, mais comment vous vous appelez encore?
183. DORIS :
Je m’appelle Doris et elle c’est Grace.
184. SIGI :
Je la connais. Je la vois toujours au bar de maman K. Tu es la fille de maman K, n’est-ce pas?
185. GRACE :
Si. Désolée, mais pouvez-vous nous excuser mon amie et moi un moment?
186. SIGI :
Il n’y a aucun problème. Prenez votre temps.
187. EFFETS SONORES :
GRACE PREND DORIS À PART.
188. DORIS :
(À VOIX BASSE) Qu’est-ce qui ne va pas?
189. GRACE :
(À VOIX BASSE) C’est juste que je n’ai pas un bon pressentiment par rapport à ça.
190. DORIS :
Par rapport à quoi?
191. GRACE :
Travailler avec lui!
192. DORIS :
Ne me dis pas que tu as changé d’idée. Écoute, avec Sigi, nous ferons une bonne affaire.
193. GRACE :
Mais et si nous terminons comme cette vieille dame qu’on a traînée dehors?
194. DORIS :
Tu sais que cela ne va pas nous arriver.
195. GRACE :
Ah oui? Comment peux-tu en être certaine? Sûrement nous pouvons trouver d’autres acheteurs pour acheter notre haricot.
196. DORIS :
Écoute, Sigi est celui qui a le plus d’argent dans le village. Presque tout le monde lui vend son haricot.
197. GRACE :
Alors, pourquoi ne pouvait-il pas payer cette femme?
198. DORIS :
Je ne sais pas. Probablement qu’elle n’a pas pu honorer leur entente. Écoute, ressaisis-toi et allons-y lui parler.
199. EFFETS SONORES :
DORIS ET GRACE REPARTENT POUR PARLER À SIGI.
200. DORIS :
(RIT COMME SI ELLE VOULAIT LE CHARMER) Nous sommes de retour.
201. SIGI :
Oui. Où en étions-nous?
202. DORIS :
Nous étions juste sur le point de vous proposer une affaire.
203. SIGI :
D’accord, vous pouvez aller dans mon bureau pour en parler.
204. EFFETS SONORES :
GRACE ET DORIS COMMENCENT À ENTRER DANS LE BUREAU DE SIGI.
205. SIGI :
Désolé, mais je ne peux laisser qu’une d’entre vous entrer dans mon bureau pour discuter de l’affaire.
206. GRACE :
(RIT) Pourquoi? N’y a-t-il pas suffisamment d’espace à l’intérieur?
208. GRACE :
Vous plaisantez, n’est-ce pas?
209. SIGI :
Non, je suis sérieux en fait.
210. GRACE :
Mais cela n’a aucun sens. Nous sommes venues ici ensemble pour parler d’affaires avec vous. Donc, comment pouvez-vous laisser une seule personne entrer dans votre bureau?
211. SIGI :
J’ai bien peur que ça ne fonctionne comme ça. Mon espace d’affaires : mes règles.
212. GRACE :
Je suis désolée, mais c’est ridicule. Je n’entrerai pas dans ce bureau sans Doris.
213. SIGI :
Alors, je crains qu’on ne doive laisser tomber cette affaire.
214. GRACE :
D’accord, c’est bon alors. (SE TOURNE VERS DORIS). Allons-nous-en, Doris.
215. DORIS :
C’est bon. Je vais entrer dans le bureau avec Sigi.
216. GRACE :
(SURPRISE) Doris, tu es sérieuse? Excusez-nous.
217. EFFETS SONORES :
GRACE TIRE DORIS À L’ÉCART.
218. GRACE :
(VOIX BASSE JUSQU’À LA FIN DE LA SCÈNE) À quoi penses-tu?
219. DORIS :
Bien, nous avons parcouru tout ce chemin, n’est-ce pas? Nous ne pouvons pas laisser tomber notre affaire aussi simplement. Je ne me suis pas habillée pour rien!
220. GRACE :
On peut toujours faire affaire avec quelqu’un d’autre.
221. DORIS :
Je te dis qu’on n’aura pas mieux ailleurs.
222. GRACE :
Bien, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
223. DORIS :
Fais comme tu veux, mais moi je vais y aller.
224. GRACE :
Doris, s’il te plaît, ne perds pas ta dignité juste à cause de simples haricots.
225. DORIS :
Que devrais-je comprendre par cela?
226. GRACE :
Tu n’as pas les idées claires …
227. DORIS :
Écoute, ce n’est pas simplement parce que tu entends des rumeurs dans le village que c’est vrai. Je vais rentrer. Alors, si les villageois veulent parler, qu’ils disent tout ce qu’ils veulent.
228. EFFETS SONORES :
DORIS QUITTE GRACE ET ENTRE DANS LE BUREAU DE SIGI PENDANT QUE GRACE L’APPELLE.
229. GRACE :
(PLUS FORT) Doris! Doris! Doris!
230. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
232. Décor :
Bureau du conseil de quartier. Journée.
233. Effets sonores de fond :
Ambiance au bureau du conseil de quartier.
234. Personnages :
Maman Mjuni, Maman K, Lydia, Rehema, Monica, d’autres femmes.
235. REHEMA :
Qu’en est-il de toi, ma chère? Combien de sacs de haricot penses-tu apporter cette année?
236. LYDIA :
(SOUPIRS) Je ne sais pas vraiment, mais je crois que ce sera pire que l’an dernier vu la façon dont les choses se présentent.
237. MONICA :
Cette année est de loin la pire année que je n’ai jamais vue depuis longtemps.
238. MAMAN K :
(D’UNE VOIX LÉGÈREMENT GRISÉE) Qui y a-t-il d’autre de nouveau? Toutes les années sont mauvaises pour vous, semble-t-il. (RIRES)
239. MONICA :
Maman K, ce n’est pas à vous que je parlais, alors méfiez-vous.
240. REHEMA :
Monica, pourquoi tu t’en fais avec elle? Ne vois-tu pas qu’elle est déjà ivre?
241. LYDIA :
Hé! Maman K, tôt déjà le matin?
242. MAMAN K :
Aaah, laissez-moi tranquille. Tout ce que je veux c’est avoir mon argent et m’en aller. Et où sont Maman Mjuni et Farida pour qu’on puisse déjà commencer la réunion?
243. REHEMA :
La voici qui arrive.
244. MAMAN MJUNI :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Je m’excuse pour le retard, mes consoeurs membres, mais je pense qu’on peut aller de l’avant et commencer la réunion maintenant. Alors comment vous allez toutes?
245. REHEMA :
Pas très bien, Maman Mjuni. La récolte de cette saison est très mauvaise.
246. MONICA :
C’est vrai. Je ne sais pas si j’arriverai à avoir plus de cinq ou six sacs de haricot cette saison.
247. MAMAN MJUNI :
Beaucoup de gens se plaignent de la récolte cette saison. Quel est le problème selon vous?
248. REHEMA :
Je ne sais pas. Ce pourrait être le manque de pluies.
249. LYDIA :
Ou peut-être que le sol n’est plus aussi fertile qu’il l’était autrefois.
250. MAMAN K :
(INTERROMPT) Assez! Tout ce que je veux savoir c’est où Farida se trouve afin que je puisse me faire payer.
251. MAMAN MJUNI :
Je ne pense pas que Farida viendra aujourd’hui.
252. MAMAN K :
Que veux-tu dire? Elle est la trésorière, donc elle est censée être ici aujourd’hui puisque c’est la fin du mois.
253. MAMAN MJUNI :
Je sais que c’est la fin du mois, maman K, mais je crois que Farida est malade.
254. MAMAN K :
Alors, quand c’est le temps pour moi de récupérer mon argent, tout à coup la trésorière contracte une maladie mystérieuse inconnue?
255. MAMAN MJUNI :
Non, c’est sérieux. Je l’ai vue à l’hôpital aujourd’hui et elle n’avait pas bonne mine.
256. MAMAN K :
(SE MOQUE) Je savais que ça allait arriver.
258. MAMAN K :
Penses-tu que je sois stupide? Je sais que c’est un coup monté entre toi et Farida pour voler mon argent.
259. LYDIA :
(INTERVIENT) Maman K, un petit peu de décence. Comment pouvez-vous accuser Maman Mjuni de pareilles choses?
260. MAMAN K :
Hé, tais-toi! Ce n’est pas à toi que je m’adressais.
261. MONICA :
Elle est ivre. On ne peut pas avoir une discussion sensée avec elle.
262. REHEMA :
En effet, elle est arrivée aujourd’hui en empestant l’alcool.
263. EFFETS SONORES :
MAMAN MJUNI RAPPELLE L’ASSEMBLÉE À L’ORDRE.
264. MAMAN MJUNI :
D’accord, je vais régler ça. Maman K, si cela peut te faire sentir mieux, je vais te donner mon argent. Et lorsque Farida sera de retour, elle me remboursera.
265. MAMAN K :
Oui, ce sera mieux.
266. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
268. Décor :
À l’extérieur de la maison de Farida. Après-midi.
269. Effets sonores de fond :
Bruits d’enfants qui jouent.
270. Personnages :
Farida, Jenny, Sifa, Zuhura.
271. EFFETS SONORES :
BRUITS D’ENFANTS QUI JOUENT
272. ZUHURA :
(CRIE TOUT EXCITÉE) Hé! Regardez! C’est tante Jenny!
273. EFFETS SONORES :
SIFA ET ZUHURA COURENT EMBRASSER TANTE JENNY.
274. JENNY :
(GAIEMENT) Hé les filles! Comment ça va?
276. JENNY :
Merci! Où est Hafsa?
278. JENNY :
Et pourquoi ne dormez-vous pas?
279. ZUHURA :
C’est parce que nous sommes des adultes.
280. JENNY :
(RIT) Qui vous a dit ça?
281. SIFA :
Personne ne nous l’a dit. C’est la vérité.
282. JENNY :
(RIT) Vous devez dormir comme Hafsa, comme ça vous grandirez beaucoup plus! D’accord, je vous ai apporté des oranges. (LEUR TEND DES ORANGES) C’est pour vous.
284. JENNY :
Assurez-vous d’en remettre une à Hafsa aussi. Où est votre mère?
285. ZUHURA :
Elle est derrière là-bas en train de nourrir les chèvres dans l’étable, mais elle nous a dit de dire à toute personne qui la chercherait qu’elle dort.
286. JENNY :
(RIT) Elle vous a dit ça, hein?
287. EFFETS SONORES :
JENNY SE DIRIGE VERS L’ÉTABLE.
288. JENNY :
(APPELLE) Farida! Farida!
289. FARIDA :
(LOIN DU MICRO) Je suis ici.
290. JENNY :
Je vois que tu apprends aux petites à être de petites menteuses, hein?
291. FARIDA :
(PLAISANTANT) Je t’ai entendu rire depuis derrière là-bas, alors cela signifie que les affaires ont dû être bonnes aujourd’hui.
292. JENNY :
(RIT) Les affaires sont bonnes, ma chère. Mais tu sais quoi? La chose la plus étrange m’est arrivée aujourd’hui.
293. FARIDA :
Que s’est-il passé?
294. JENNY :
J’ai eu une rencontre avec le directeur de cette usine de haricot.
295. FARIDA :
(SURPRISE) Vraiment? S’est-il rendu au garage?
296. JENNY :
Non, je l’ai rencontré près de la route, sa voiture était en panne.
297. FARIDA :
Alors, as-tu réparé sa voiture? Il a dû te payer une grosse somme d’argent.
298. JENNY :
Eh bien, il m’a payé raisonnablement bien. (RIT) Farida, tu aurais dû voir l’argent qu’il m’a donné! J’ai eu des frissons rien qu’à regarder ça. J’ai dû prétendre que c’était beaucoup trop, mais au-dedans de moi, je jubilais de joie.
299. EFFETS SONORES :
JENNY ET FARIDA ÉCLATENT TOUTES LES DEUX DE RIRE.
300. FARIDA :
Tu vois, je t’ai dit que les affaires marchaient. Donc, comme tu es pleine de fric aujourd’hui, c’est le moment pour toi d’acheter l’engrais pour le haricot comme tu l’as promis.
301. JENNY :
Voici que tu recommences. Chaque fois que je viens ici, tu essaies toujours de me vendre quelque chose.
302. FARIDA :
Non! Une promesse est une promesse. Et j’ai juste gardé le meilleur lot d’engrais pour toi. Le voici.
303. EFFETS SONORES :
FARIDA TENTE DE SOULEVER LE SAC D’ENGRAIS, MAIS TOMBE EN HURLANT DE DOULEUR.
304. JENNY :
(INQUIÈTE. AVANCE POUR AIDER FARIDA) Farida! Est-ce que ça va?
305. FARIDA :
(GÉMISSANT DE DOULEUR) Ça va, j’ai juste glissé.
306. JENNY :
Okay, laisse-moi t’aider à te relever.
307. FARIDA :
Non, je vais bien. Je peux me débrouiller.
308. EFFETS SONORES :
JENNY AIDE FARIDA À SE RELEVER, MAIS ELLE CRIE DE DOULEUR ET JENNY REMARQUE QUELQUES BLESSURES.
309. JENNY :
(PRÉOCCUPÉE) Farida, est-ce que ce sont des contusions que je vois sur ton bras?
310. FARIDA :
(TENTANT DE S’ESSUYER) Non, ce n’est rien.
311. JENNY :
Rien? Que veux-tu dire par rien?
312. FARIDA :
J’ai juste glissé et je suis tombée dans la douche.
313. JENNY :
C’est lui, n’est-ce pas? Il a recommencé à te frapper encore?
314. EFFETS SONORES :
UN SILENCE EMBARRASSANT S’INSTALLE ENTRE FARIDA ET JENNY QUAND BRUSQUEMENT SIFA ET ZUHURA ARRIVENT EN COURANT DE L’ÉTABLE. ZUHURA PLEURE.
315. ZUHURA :
(PLEURANT EN SE RAPPROCHANT DU MICRO) Maman! Sifa a pris l’orange que tante Jenny m’a donnée.
316. SIFA :
(ÉLEVANT LA VOIX) Elle ment! Elle ment! Je n’ai pas pris son orange!
317. FARIDA :
Sifa! Pourquoi aimes-tu déranger ta petite sœur, hein?
318. SIFA :
(SUR UN TON BOUDEUR) Mais je n’ai pas pris son orange. J’ai la mienne.
319. FARIDA :
(ESSAYANT DE RÉCONFORTER ZUHURA) Cesse de pleurer, mon enfant. Je t’achèterai une autre orange, d’accord?
321. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
323. Décor :
À l’extérieur de la maison de maman Mjuni. Tard en après-midi.
324. Effets sonores de fond :
Bruit de Mzee Ali ramassant du haricot au sol avec une pelle.
326. EFFETS SONORES :
BRUIT DE MZEE ALI RAMASSANT DU HARICOT AU SOL AVEC UNE PELLE.
327. MZEE ALI :
Hé! Tu es rentrée tôt? Comment ça s’est passé?
328. MAMAN MJUNI :
Ils n’ont rien trouvé d’anormal chez moi à part l’hypertension.
329. MZEE ALI :
Donc, cela signifie qu’il y a quelque chose qui ne va pas chez toi. Voilà, viens t’asseoir.
330. MAMAN MJUNI :
Oh, arrête! Ne fais pas tout un plat alors qu’il n’y a rien. Pourquoi travailles-tu seul alors que Mjuni devrait être en train de t’aider?
331. MZEE ALI :
Ne t’en fais pas. Ça m’est égal. C’est un bon exercice.
332. MAMAN MJUNI :
Laisse-moi t’aider alors.
333. MZEE ALI :
Non non non! Tu dois te reposer. La journée a dû être longue.
334. MAMAN MJUNI :
Ça va. Je suis habituée aux longues journées avec les femmes dans les réunions de la banque communautaire villageoise.
335. MZEE ALI :
Comment s’est déroulée la réunion?
336. MAMAN MJUNI :
Tout allait bien jusqu’à ce que maman K provoque une crise au beau milieu de la réunion.
337. MZEE ALI :
Que s’est-il passé?
338. MAMAN MJUNI :
C’était son tour de récupérer l’argent, mais Farida ne s’est pas présentée. Par conséquent, elle a décidé de provoquer une crise.
339. MZEE ALI :
(RIT) Cela ne m’étonne pas de maman K. Mais pourquoi Farida n’est-elle pas venue?
340. MAMAN MJUNI :
Je pense qu’elle est peut-être malade. Je l’ai vue à l’hôpital aujourd’hui.
341. MZEE ALI :
Lui as-tu parlé?
342. MAMAN MJUNI :
Si, mais elle avait un comportement un peu bizarre.
343. MZEE ALI :
Que veux-tu dire?
344. MAMAN MJUNI :
Je ne sais pas …. c’est comme si elle cachait quelque chose. Elle est partie rapidement avant que nous ayons pu nous dire au revoir de manière convenable.
345. MZEE ALI :
Hmm! C’est un peu étrange, et cela ne lui ressemble pas du tout.
346. MAMAN MJUNI :
En effet, c’est pourquoi j’ai pensé. (TOUT À COUP) Penses-tu que son mari soit violent avec elle?
347. MZEE ALI :
(PRIS AU DÉPOURVU) Je l’ignore. Tu es celle qui passe du temps avec elle. Qu’est-ce qui te fait croire que son mari la maltraite?
348. MAMAN MJUNI :
Quelque chose ne va pas chez elle.
349. MZEE ALI :
Peut-être que c’est autre chose. Toi-même tu as dit qu’elle cachait quelque chose.
350. MAMAN MJUNI :
Je ne sais pas. J’ai juste eu cette impression. C’est un instinct que je suis certaine que tu ne pourrais pas comprendre.
351. MZEE ALI :
Bien, si tu le dis.
352. MAMAN MJUNI :
Penses-tu que tu peux intervenir en tant que conseiller de district du village et l’aider peut-être?
353. MZEE ALI :
Écoute, maman Mjuni, même si je voulais faire quelque chose à ce propos, je ne pourrais pas. Farida devrait se déplacer pour venir signaler qu’elle est victime de maltraitance.
354. MAMAN MJUNI :
J’espère que je me trompe. Mais je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour elle.
355. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
357. Décor :
À l’intérieur du domicile de Jenny. Soir.
358. Effets sonores de fond :
360. EFFETS SONORES :
BRUIT DE MATCH DE FOOTBALL À LA TÉLÉ.
361. VUMI :
(POUSSANT DES CRIS D’ENCOURAGEMENT) Allez! Passe la balle! Passe la balle! (CRIE) Ohhhh! Tu aurais dû marquer! C’était une occasion parfaite!
362. EFFETS SONORES :
JENNY OUVRE LA PORTE ET ENTRE.
363. JENNY :
Hé! Mon cher mari, sais-tu que j’entendais tes cris de loin?
364. VUMI :
Ohhhh! C’est juste les FC cadets qui troublent mon esprit aujourd’hui. Ils ne semblent pas pouvoir trouver le fond du filet.
365. JENNY :
Fais attention. Les gens pourraient penser qu’il y a un fou qui vit ici.
366. VUMI :
La seule chose qui me rend fou en plus des FC cadets, c’est toi.
368. JENNY :
(PLAISANTANT), Bien, ce n’est certainement pas le cas. Tu n’étais pas aussi enthousiaste quand je suis entrée.
369. VUMI :
Bon, c’est parce que je suis un fan des FC cadets depuis tout petit, mais cela fait seulement six ans que nous sommes mariés.
370. JENNY :
Je le savais!
371. VUMI :
(RIT) Tu sais que je ne faisais que plaisanter. Alors, dis-moi, comment s’est passée ta journée?
372. JENNY :
Elle était très chargée, et de ton côté?
373. VUMI :
Eh bien, j’étais occupé à surveiller les ouvriers au niveau de la récolte.
374. JENNY :
J’aurais aimé être là-bas pour vous donner un coup de main, mais j’ai été si occupée au garage. (TOUTE EXCITÉE) Tu sais que j’ai dû réparer la voiture du directeur de l’usine aujourd’hui?
375. EFFETS SONORES :
VUMI SE LÈVE D’UN BOND BRUSQUEMENT EN POUSSANT DES CRIS D’ACCLAMATION, PENSANT QUE SON ÉQUIPE AVAIT MARQUÉ.
376. JENNY :
Est-ce que tu m’écoutes même?
377. VUMI :
Je t’écoutais ma chérie. C’est juste que cette équipe aujourd’hui. Ils ratent tellement d’occasions.
378. JENNY :
Je suis allée aussi chez Farida aujourd’hui, et elle n’était pas en très bonne forme.
379. VUMI :
(TOUJOURS OCCUPÉ PAR LE MATCH) Allez, passe la balle! Passe la balle!
380. JENNY :
(CRIE) Vumi!
382. JENNY :
Je te parle de choses sérieuses et tout ce à quoi tu penses c’est ton match?
383. VUMI :
Mes yeux sont sur le match, mais mes oreilles sont concentrées sur toi. Je t’écoute, crois-moi.
384. JENNY :
Si c’est vrai, alors qu’est-ce que je viens juste de dire?
385. VUMI :
Tu as dit que tu étais allée voir Farida et qu’elle était en pleine forme.
386. JENNY :
(SUR UN TON INSISTANT) Pas en très bonne forme! J’ai dit qu’elle n’était pas en pleine forme. Je crois que son mari la bat encore.
387. VUMI :
Non. Qu’est-ce qui te fait dire ça?
388. JENNY :
Parce que j’étais là-bas avec elle et j’ai vu ses contusions et ses blessures. J’ai juste du mal à croire qu’il lui fait ça. Il faut que quelqu’un fasse quelque chose à ce propos.
389. VUMI :
Je te conseillerais de rester en dehors des affaires des autres.
390. JENNY :
Je suis désolée, mais je ne peux pas m’asseoir simplement et regarder mon amie subir ce qu’elle est en train de vivre.
391. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
393. Décor :
À l’intérieur de la maison de Farida. Nuit.
394. Effets sonores de fond :
Bruit de quelqu’un qui frappe à la porte.
395. Personnages :
Farida, Afande Kaifa, Sifa.
396. EFFETS SONORES :
AFANDE KAIFA OUVRE LA PORTE ET ENTRE DANS LA MAISON.
397. FARIDA :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Hé, comment a été ta journée?
398. EFFETS SONORES :
SIFA SE DIRIGE AU GALOP VERS SON PÈRE.
399. SIFA :
(S’APPROCHANT DU MICRO) Papa est revenu! Papa est revenu!
400. FARIDA :
Sifa, arrête de faire du bruit. Il se fait déjà tard. Les gens essaient de dormir.
401. SIFA :
Bonne arrivée.
402. AFANDE KAIFA :
Merci. Dis, pourquoi n’es-tu pas couchée à cette heure?
403. SIFA :
Parce que je t’attendais, afin que tu puisses m’aider à faire mes devoirs.
404. AFANDE KAIFA :
Pourquoi n’as-tu pas demandé à ta mère?
405. SIFA :
Chaque fois que je lui demande de m’aider à faire mes devoirs, elle est toujours trop occupée.
406. AFANDE KAIFA :
Je suis trop fatigué pour ça maintenant.
407. SIFA :
Mais le maître m’a dit qu’il me punirait si je ne finissais pas mon devoir d’ici demain.
408. FARIDA :
Sifa, ne vois-tu pas que ton père est fatigué après le travail? Va dans ta chambre et je viendrai t’aider plus tard.
409. EFFETS SONORES :
SIFA SE DIRIGE VERS SA CHAMBRE.
410. FARIDA :
(À AFANDE KAIFA) Tu devrais manger quelque chose.
412. FARIDA :
J’ai préparé des plantains et du haricot pour toi.
413. EFFETS SONORES :
FARIDA DÉPOSE LE REPAS POUR AFANDE KAIFA.
414. FARIDA :
Les plantains sont très bons. Je les ai achetés chez maman Juma au marché aujourd’hui.
415. EFFETS SONORES :
AFANDE KAIFA COMMENCE À MANGER.
416. FARIDA :
Tu sais, pendant que j’étais au marché aujourd’hui, j’ai vu Grace et tous les hommes la sifflaient pendant qu’elle passait, essayant de capter son attention. J’ai eu de la peine pour elle. Parfois, sa beauté peut être une malédiction.
417. EFFETS SONORES :
AFANDE KAIFA CONTINUE DE MANGER.
418. FARIDA :
Oh! Et est-ce que je te l’ai dit? Jenny est passée aujourd’hui et elle m’a raconté comment elle avait réparé la voiture du directeur de cette usine de haricot. J’étais si heureuse et enthousiaste pour elle.
419. AFANDE KAIFA :
Et qu’est-ce qui était si excitant par rapport à cette nouvelle?
420. FARIDA :
Parce que ce n’est pas tous les jours qu’on voit une femme mécanicienne comme Jenny réparer la voiture d’un personnage si important.
421. AFANDE KAIFA :
Je suis si désolé pour son mari.
422. FARIDA :
Et pourquoi ça?
423. AFANDE KAIFA :
Parce que la place d’une femme est dans la cuisine et non dans un garage à faire un travail d’homme.
424. EFFETS SONORES :
SOUDAIN, ON ENTEND UNE MUSIQUE FORTE TONNÉE AU LOIN.
425. AFANDE KAIFA :
(IRRITÉ) Aaah! Encore ce bruit en pleine nuit.
426. FARIDA :
Ça doit provenir du bar de maman K.
427. AFANDE KAIFA :
Je l’ai mise en garde de ne plus faire ce bruit à une heure si tardive ou je pourrais l’arrêter la prochaine fois. Mais elle n’écoute jamais.
428. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
430. Décor :
À l’extérieur du bar de maman K. Nuit.
431. Effets sonores de fond :
Musique forte qui tonne pendant que des gens se réjouissent.
433. MAMAN K :
(IVRE, LOIN DU MICRO) Écoutez tous, j’ai une annonce à faire! Arrêtez la musique!
434. GRACE :
(EMBARASSÉE, PRÈS DU MICRO) Que va-t-elle faire maintenant?
435. DORIS :
(RIT, PRÈS DU MICRO) Je ne sais pas. Oh mon Dieu! Elle est si ivre!
436. MAMAN K :
(CONTINUE, LOIN DU MICRO) J’ai dit, arrêtez la musique!
467. GRACE :
C’est ce que je dois supporter toutes les nuits! La mettre au lit après qu’elle a bu jusqu’à tomber de sommeil!
438. MAMAN K :
(CONTINUE DE CRIER, LOIN DU MICRO) J’ai dit, arrêtez la musique! DJ, arrête la musique!
439. EFFETS SONORES :
LA MUSIQUE CESSE DE JOUER.
440. MAMAN K :
Aujourd’hui, c’est une bonne journée, car on vient juste de me payer.
442. MAMAN K :
Je répète, j’ai reçu mon argent de la banque communautaire villageoise! Donc, je veux que chacun boive ce qu’il veut, car c’est moi qui paie.
443. EFFETS SONORES :
CRIS D’ACCLAMATION ENCORE PLUS FORTS.
444. GRACE :
(IRRITÉE) J’en ai vraiment marre de ses habitudes de consommation d’alcool.
445. DORIS :
Je pense que tu devrais laisser ta mère vivre sa vie. Elle s’amuse tout simplement. (RIT) Regarde-la danser.
446. GRACE :
C’est facile pour toi de dire ça parce qu’elle n’est pas ta mère. Je suis si fatiguée de cette vie. J’aurais aimé avoir suffisamment d’argent pour poursuivre mes études. Avec un peu de chance, j’espère avoir un emploi et elle ne sera plus obligée de faire ce genre de travail. Je déteste simplement la voir dans cet état.
447. DORIS :
Je doute que Maman K abandonne son bar.
448. GRACE :
Tu sais ce que je vais faire? Je vais tirer le meilleur parti de ma situation. Je vais mettre vraiment du sérieux dans ma production de haricot et avoir beaucoup d’argent en vendant du haricot pour payer mes études moi-même.
449. DORIS :
(SUR UN TON SARCASTIQUE) Pour cela, tu devras être très futée en matière d’affaires et ne pas penser que tous les hommes qui t’accueillent dans leurs bureaux essaient de profiter de toi.
450. GRACE :
Oh! Je vois que tes négociations d’affaires avec Sigi se sont bien passées, la preuve c’est que tu n’arrêtes pas d’en parler.
451. DORIS :
(EMBARRASSÉE) Oh! C’était formidable, Grace. De plus, il a promis de m’emmener quelque part la semaine prochaine. (RIT) J’ignore où.
452. GRACE :
(RIT) Doris! Doris! Pourquoi ça ne me surprend pas qu’il n’ait pas précisé le lieu.
453. DORIS :
Regarde, ta mère monte sur une table.
454. GRACE :
Qu’est-ce que c’est maintenant? Elle va se blesser!
455. MAMAN K :
(LOIN DU MICRO) Buvez tout le monde! Buvez! C’est moi qui paie.
456. GRACE :
(SE LEVANT) Je vais la mettre au lit.
457. EFFETS SONORES :
GRACE VA CHERCHER SA MÈRE.
458. GRACE :
Mère, s’il te plaît, descend de cette table ou tu pourrais te blesser.
459. MAMAN K :
(SUR UN TON GRISÉ) Laisse-moi! Je suis toujours lucide et je sais ce que je fais. Tu penses que je suis ivre! Je ne le suis pas.
460. GRACE :
Je n’ai pas dit que tu étais ivre. Viens, laisse-moi te porter au lit.
461. EFFETS SONORES :
GRACE AIDE SA MÈRE À DESCENDRE DE LA TABLE.
462. MAMAN K :
Laisse-moi. Je peux marcher toute seule. Je ne suis pas ivre.
463. GRACE :
D’accord, regarde où tu mets les pieds.
464. MAMAN K :
Je ne suis pas saoule. Je t’ai dit que je n’étais pas saoule.
465. EFFETS SONORES :
GRACE ET MAMAN K S’ÉCLIPSENT DANS LA MAISON.
466. PERSONNAGE EN AVANT-PLAN :
Grace.
Acknowledgements
Rédaction : Kheri Mkali, scénariste, Dar es Salaam, Tanzanie
Révision : Frederick Baijukya, IITA.
Ce travail a été réalisé grâce à une subvention du Centre de recherches pour le développement international, à Ottawa, au Canada, www.idrc.ca, et avec le soutien financier du gouvernement du Canada, fourni par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca