Le beurre amélioré de karité change la vie des femmes de la zone de Fana, au Mali

Activités après récolteAgricultureÉgalité des genres

Notes au radiodiffuseur

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Le karité est fabriqué à partir du gras de noix de karité. L’arbre qui donne les noix de karité pousse dans les savanes sèches s’étendant de l’Afrique de l’Ouest à l’Éthiopie. Les noix de karité sont traditionnellement utilisées pour le traitement de certaines maladies, ainsi qu’en cosmétique, pour les massages, pour produire du savon, dans le cadre de nombreuses pratiques culturelles, et pour générer des revenus visant à nourrir les familles rurales d’Afrique Occidentale et particulièrement du Mali.

La production de beurre amélioré de karité, qui est produit par les femmes, est importante pour équilibrer les budgets familiaux. Les femmes rurales sont les principales actrices de l’ensemble de l’industrie de la noix de karité, qui inclut la récolte, la transformation et la commercialisation. Le ramassage des noix, la fabrication des noix, la transformation en beurre et la vente de produits est un domaine exclusivement féminin. Les femmes rurales sont aussi les principales utilisatrices des produits du karité.

Mais malgré toutes ces importantes utilisations, la transformation des noix de karité reste limitée. La transformation améliorée du beurre de karité pourrait faire augmenter l’utilisation du beurre de karité par les femmes des villes. Pour la plupart des femmes vivant en ville, bien qu’on l’appelle « le Roi des beures », le beurre est réputé pour avoir une odeur nauséabonde et d’autres caractéristiques négatives qui limitent sa vente.

Pour aider à améliorer la qualité du beurre de karité dans la ville de Fana, dans la région de Koulikoro, dans le sud-ouest du Mali, Radios Rurales Internationales et Radio Fanaka ont conduit une campagne de radio, dans le cadre de l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique. Grâce à cette campagne, des femmes rurales ont appris une nouvelle méthode de préparation du beurre amélioré de karité. Dans ce texte, à travers une série d’interviews effectuées dans les villages de Dien, Ballan et Wolodo dans la zone de Fana, des groupes de femmes nous expliquent les différentes étapes de la préparation du beurre amélioré de karité, et comment cette technologie a amélioré leur vie.

Ce texte est basé sur des interviews authentiques. Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour faire une recherche et écrire un texte sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant les voix d’acteurs pour représenter les personnages. Dans ce cas, veuillez vous assurer de dire à votre auditoire au début du programme que les voix sont celles d’acteurs et non celles des personnes impliquées dans les interviews originales.

Texte

Personnages :

Mariam Dao, animatrice de Radio Fanaka
Mariam Koné, journaliste-reporter au journal « L’annonceur»
Mme Awa Traoré, agricultrice et vice-présidente de l’association des femmes du village de Wolodo
Mme Mah Diarra, présidente de l’association des femmes de Ballan
Mme Sitan Fomba, adjointe à la présidente de l’association des femmes de Dien

L’animatrice :
Le programme radiophonique qui suit est tiré du vécu réel des femmes de Fana, au Mali. Il rapporte la mise en œuvre du projet IRRRA au Mali. À l’issue de ce texte radiophonique, nous découvrirons commentle beurre amélioré de karité appeléShitulu nganaa changé la vie des femmes de la région. Nous serons de retour après une courte pause, pour présenter ce programme. (Note de l’Éditeur:Shitulu nganaest le nom formel de ce type de beurre de karité, en langue Bambara.Tulu nganaest le diminutif du nom.)

Courte pause musicale

L’animatrice :
Chers auditeurs, bonsoir! Une fois encore, nous vous disons merci d’avoir choisi Radio Fanaka, émettant sur 100.4 FM. Bienvenue à notre émission hebdomadaireFemmes rurales et développement. Aujourd’hui, notre programme présente un compte-rendu sur une campagne de radio conduite par Radio Fanaka, qui a focalisé sur une nouvelle technique de production du beurre de karité. Un proverbe de chez nous dit: «Il n’y a pas que son mari qui remarque une bonne femme.» Autrement dit, quand une chose est reconnue comme étant bonne et utile, tout le monde la veut.

Mariam Koné est journaliste àL’Annonceur, un journal 100% féminin. Mme Koné a réalisé des interviews auprès des femmes des villages de Balan, Dien et Wolodo. Dans ce programme, elle rapporte aux femmes de Bamako et d’ailleurs comment la vie des femmes de ces trois villages a été changée grâce à une technique de production du beurre de karité. Cette nouvelle technique a fait l’objet de publicités dans le cadre d’un projet auquel Radio Fanaka a collaboré, avec l’Initiative de recherche sur les radios rurales en Afrique (IRRRA) deRadios Rurales Internationales. Les femmes que Mme Koné a interviewées sont les bénéficiaires de ce projet. Suivons leur histoire.

Chanson du terroir louant l’arbre de karité et ses bienfaits. Puis, le son endiablé d’un tam-tam accueille la reporter Mariam Koné dans un village. La belle voix de Mariam mêlée aux bruits de coups de pilon, de chants d’oiseaux et de moteurs de voitures, nous présente le village de Wolodo.

Mariam Koné :
Bonsoir chers auditeurs. Nous sommes aujourd’hui à Wolodo, un village situé à 45 kilomètres à l’ouest de Fana, dans la commune rurale de Zan Coulibaly. Le village est au bord de la Route Nationale N° 6 du Mali. À mon arrivée au village, j’ai vu un paysage de plantes, de part et d’autre du goudron, à l’intérieur duquel le village est niché comme un rêve. Après être sortie du véhicule, j’ai été accueillie par la présidente des femmes du village, Mme Awa Traoré. Avec elle était un grand nombre de femmes et d’hommes, dont le chef de village, avec un accompagnement de batteurs de tam-tam. C’était une ambiance de fête. Radio Fanaka avait lancé un avis la veille pour informer le village de mon arrivée et pour demander aux villageois de me réserver un accueil des grands jours. Nous sommes maintenant sous l’arbre à palabre, un point de rencontre important du village de Wolodo. Nous rencontrons les femmes qui ont produit du beurre amélioré de karité cette année. Je commence mes interviews en m’adressant à Awa Traoré.

Montée de coups de pilons cadencés, soutenus ensuite sous la conversation

Mariam Koné :
Bonjour Awa. J’ai appris que vous produisez du beurre de karité de très bonne qualité, ici. Pouvez-vous nous expliquer de quelle sorte de beurre de karité il s’agit?

Awa Traoré :
Bonjour Mariam. Oui, effectivement, nous produisons du beurre de karité amélioré depuis un bout de temps. Nous l’appelonsTulu ngana, ce qui veut dire « le meilleur de tous les beurres».

Mariam Koné :
Ça fait combien de temps que vous connaissez ce beurre amélioré de karité?

Awa Traoré :
Depuis l’arrivée du projet IRRRA à Radio Fanakan en 2007.

Mariam Koné :
Comment le projet IRRRA vous a-t-il aidée à commencer à faire duTulu ngana?

Awa Traoré :
Radio Fanaka diffuse des programmes sur de nouvelles approches agricoles qui aident à assurer la sécurité alimentaire. Le projet a commencé en venant dans notre village pour nous demander ce que nous faisions et quels étaient nos besoins. Les hommes ont parlé avec les agents du projet, les femmes aussi. Après, les chercheurs nous ont présenté un résumé de ces entrevues. Les hommes avaient demandé des informations sur la fabrication du compost. Telle était la priorité des hommes. Mais notre association, nous toutes, les femmes de Wolodo avons demandé de l’aide pour valoriser le beurre de karité. Car c’est ce que nous connaissons. Notre souci principal est de gagner beaucoup plus d’argent grâce au beurre de karité. Durant toute la saison des pluies, c’est notre activité principale.

Mariam Koné
:
Je comprends. Veuillez continuer.

Awa Traoré :
C’est donc à ce moment-là que Mariam Dao, animatrice à Radio Fanaka, a commencé à venir avec un autre radiodiffuseur pour nous parler du beurre amélioré de karité. Ses programmes étaient diffusés tous les matins de bonne heure, sur Radio Fanaka. Ensuite, une autre femme est venue de Bamako et s’est installée ici pour nous enseigner les techniques pour produire du beurre amélioré de karité.

Les femmes du village ont été formées pour fabriquer du beurre amélioré. Radio Fanaka nous a donné des postes radio et des unités prépayées pour nos téléphones portables afin qu’on puisse participer à l’émission – et surtout pour qu’on puisse appeler le studio et donner nos points de vue. Jamais auparavant une station de radio n’avait fait une chose pareille. Il conviendrait de dire que nous avons participé à chaque émission! C’était vraiment une occasion pour nous de poser des questions à l’animatrice au sujet de détails que nous n’avions pas compris, concernant la fabrication du beurre amélioré de karité.

Mariam Koné :
Cela veut dire que chacune de vous ici présente peut produire du beurre amélioré. Pouvez-vous expliquer à nos auditeurs les différentes étapes du processus de fabrication?

Awa Traoré :
Bien sûr! Contrairement au beurre que nous fabriquions à la manière de nos grands-mères, le beurre amélioré de karité est fabriqué d’une manière très particulière, avec grand soin. Pour commencer, on ne doit pas stocker les noix dans un trou creusé dans le sol. Une fois les noix ramassées, elles doivent être bouillies dans une marmite d’aluminium pendant une quarantaine de minutes. Après la cuisson, nous étalons les amandes sur des sacs non-synthétiques faits de coton ou d’autres fibres naturelles. Ces sacs sont à un mètre et demi au-dessus du sol pour éviter le contact avec les impuretés comme la poussière ou la boue.

Mariam Koné :
Pourquoi?

Awa Traoré :
Parce que la boue a un effet néfaste sur la valeur nutritive du beurre. Aussi, si on saute une étape du processus de fabrication, on n’obtiendra pas du beurre amélioré.

Mariam Koné :
Ok.

Awa Traoré :
Une fois les noix séchées, nous les décortiquons, toujours dans un endroit propre. Après, nous les pilons puis les lavons au moins cinq fois. Ensuite, nous les étalons encore sous le soleil. Nous les étalons toujours sur des sacs non-synthétiques, loin du sol. Nous avons construit un petit plancher faits de petites branches attachées ensemble, pour étaler les noix dessus. Une fois qu’on les a fait sécher, nous faisons encore griller les amandes dans les marmites en aluminium, cette fois sans l’eau. C’est juste pour les chauffer et cela prend très peu de temps. Après, nous les amenons au moulin pour réduire les noix en poudre.

Mariam Koné :
D’accord. Ensuite?

Awa Traoré :
L’avant-dernière phase consiste à transformer la poudre en une pâte couleur chocolat, en ajoutant de l’eau. Pour se préparer pour cette phase, les femmes doivent se laver convenablement, et enlever tous les bijoux qu’elles portent tels que les bagues en argent, les boucles d’oreilles et les autres métaux. Une fois que la pâte est prête, nous la mettons dans les marmites en aluminium, qui ont été bien lavées au préalable.

Nous en sommes maintenant à la dernière phase de fabrication du beurre amélioré de karité. Nous faisons cuire la pâte au feu de bois à plus de 100 degrés jusqu’à ce qu’on voie de l’huile propre et raffinée dans la marmite. Nous faisons alors passer notre huile à travers un tissu en coton propre. Cette opération de filtrage est répétée jusqu’à cinq fois, pour nous assurer que le beurre est débarrassé de toute impureté. Après, nous remuons notre huile dans un seul sens, pour éviter des petits grumeaux dans le beurre.

Mariam Koné :
Que voulez-vous dire par «Nous remuons l’huile dans un seul sens»?
Awa Traoré :
Je veux dire que si tu remues de gauche à droite, la louche ne doit jamais aller dans le sens contraire, c’est-à-dire de la droite vers la gauche. Une fois l’huile solidifiée en beurre, nous avons enfin notreTulu ngana. Vous voyez pourquoi nous l’appelons le roi des beurres?

Mariam Koné :
Awa, pouvez-vous nous parler davantage de la différence entre le beurre amélioré de karité et le beurre fabriqué à la manière traditionnelle?

Awa Traoré :
La première différence est le niveau de soin que nous appliquons durant la fabrication. Le travail demande beaucoup d’efforts. Mais le résultat est impeccable! Une autre différence est au stade de la fabrication. L’ancienne méthode dégrade notre environnement. Le four nécessite beaucoup de bois et il fume constamment. Pire, la méthode traditionnelle de fabrication de beurre de karité laisse beaucoup de résidus. Le beurre amélioré de karité ne laisse pas de résidu, ce qui veut dire que le beurre est plus consistant. Encore mieux, le fait que nous ne mettons pas les noix dans le trou et que nous lavons les noix à répétition prévient les mauvaises odeurs. Alors, la différance est énorme.

Mariam Koné :
Awa, est ce que vous avez un échantillon du beurre amélioré de karité, ici?

Awa
Traoré :
Oui! Le voici (bruit d’un contenant qu’on ouvre). Il est très blanc et inodore.

Mariam Koné :
Ah oui, le beurre est gras et très doux. Mieux, il n’a pas de mauvaise odeur. Quels sont les bénéfices que vous tirez de ce beurre amélioré de karité?

Awa
Traoré :
Le premier bénéfice est que nous pouvons l’utiliser dans nos foyers. Le beurre de karité est devenu populaire avec cette nouvelle formule. Nous l’utilisons maintenant comme une huile alimentaire, pour remplacer les huiles alimentaires importées et les huiles produites ici, au Mali. Le point le plus notable, c’est qu’il adoucit la peau, qu’il n’a pas de mauvaise odeur, et qu’il se vend plus facilement.

Mariam Koné :
Parlez-moi de la vente du beurre amélioré de karité? Comment ça se passe?

Awa
Traoré :
Une ONG appeléeAssociation Conseil pour leDéveloppementou ACOD Niètaaso œuvre en matière de protection des arbres de karité. Une de ses activités-clés est de créer des activités génératrices de revenus pour les femmes rurales. Elle a lancé un projet d’appui aux femmes de Fana et Zegoua afin qu’elles produisent et commercialisent du beurre amélioré de karité. Le village de Wolodo vient d’être doté d’un établissement appelé «Maison du Karité». Cet établissement sera équipé d’un moulin multifonctionnel, d’un bureau d’administration et d’un magasin. L’établissement est encore en cours de construction.

En attendant, les femmes de Wolodo vendent leur beurre de karité au marché hebdomadaire de Marka-Kungo, chaque mardi. Ce marché reçoit les acheteurs de Bamako, Segou, Fana, et d’aussi loin que Koutiala. Les agriculteurs de communes voisines fréquentent aussi le marché. Les femmes de Wolodo et d’ailleurs vendent aussi du beurre entre elles, au village et dans les villages environnants.

Mariam Koné
:
Awa, vous vendez votre beurre à quel prix, actuellement?

Awa Traoré :
Je peux vendre une petite boule de beurre amélioré à 50 FCFA (environ 10 centimes US). Une boule de beurre non-amélioré de la même grosseur se vend à 25 FCFA. Quand le beurre de karité est vendu au marché de Marka-Coungo, c’est dans des calebasses. Certaines calebasses pèsent entre quatre et six kilogrammes. Alors, on vend le beurre au kilogramme. Si le beurre n’a pas d’odeur, le prix peut monter jusqu’à 600-650 FCFA (environ 1,25-1,35 dollars US) le kilogramme. Au début de la saison des pluies, il peut même se vendre à plus de 750 FCFA. Au marché, c’est généralement les commerçants arrivant des grandes villes qui achètent.

Quand la Maison du Karité sera fonctionnelle, cela changera totalement la commercialisation du beurre de karité. Au lieu que les femmes de Wolodo vendent du beurre de karité non transformé, la transformation et la vente de produits transformés se feront sur place, ce fera augmenter davantage la valeur du beurre. La Maison du Karité fabriquera du savon, du beurre pour la peau et du beurre pour les cheveux. Ces produits seront vendus dans les supermarchés de la ville ainsi qu’en Europe, en Amérique et ailleurs en Afrique.

Mariam Koné :
Merci Awa. Je vais maintenant parler avec Mme Mariam Dao, une radiodiffuseuse de Radio Fanaka. Mme Dao, Mme Awa Traoré vient de nous dire que vous avez activement participé au projet IRRRA sur la fabrication du beurre amélioré de karité. Pourriez-vous nous en dire plus?

Mariam Dao :
Effectivement, l’équipe de production de Radio Fanaka s’est rendue dans chaque village pour les aider à identifier les problèmes qui rendent difficile leur vie quotidienne. Ensemble, nous avons vu que si les femmes de la commune rurale de Zan Coulibaly étaient formées, elles pouvaient changer la façon dont elles produisent le beurre de karité. Une fois arrivés dans les villages avec des agents de vulgarisation, il nous a été facile de déceler leur problème. C’est ainsi que nous avons commencé les différentes étapes de transformations. Chaque semaine, je profitais de mon émissionFemmes rurales et développementpour parler des vertus du beurre de karité et surtout du beurre amélioré. À travers des séries de formations sur la fabrication du beurre de karité et de programmes co-animés par des spécialistes en matière de beurre de karité, les femmes ont très tôt gagné des revenus et amélioré leur sécurité alimentaire, comblant ainsi les attentes de l’IRRRA Mali Les femmes ont vite compris les méthodes. Leur coup d’essai pour la fabrication de beurre amélioré de karité, dans le village de Wolodo, a été un véritable coup de maître.

Mariam Koné :
Mme Awa Traoré a aussi dit que Radio Fanaka leur permettait de participer à l’émission. Comment cela s’est-il passé?

Mariam Dao :
Un des objectifs du programme IRRRA était de donner l’opportunité aux populations rurales d’expliquer elles-mêmes leur problème et de tenter de trouver des solutions idoines.Les radiodiffuseurs ne peuvent pas parler à la place des autres. Mais si les villages peuvent identifier leur problème, il nous est beaucoup plus facile de les aider.

Mariam Koné :
Quels ont été les défis liés au programme sur le beurre amélioré de karité?
Mariam Dao :
Le principal défi, c’est que certains villages comme Dien et Ballan n’ont pas eu la chance de produire de beurre amélioré de karité. Bien qu’ils aient bénéficié de conseils venant de vulgarisateurs et de programmes radiophoniques, le climat a été imprévisible et ils manquent d’équipement tel que des marmites, des bassines et des récipients pour la fabrication du beurre.

Mariam Koné :
Merci Mariam pour ces détails importants.

Un chant folklorique interprété par des femmes de Wolodo

L’animatrice :
Après avoir visité Fana, notre reporter s’est rendue au village de Ballan, un autre village-pilote. Écoutons.

Accompagnée de bruits de chèvres, d’ânes et surtout de poules et de haches coupant du bois, la reporter nous présente le village de Ballan.

Mariam Koné :
Nous suivons toujours les traces du beurre amélioré de karité. Nous sommes à Ballan, un village de la commune rurale de Guegneka, à cinq kilomètres de Fana. Devant le village, il y a des champs. En arrière des champs se dresse un village divisé en trois parties. Les champs du village de Ballan sont garnis des arbres de karité dont les branches se courbent sous le poids des fruits verts de karité. C’est un bon signe pour les femmes de Ballan. Alors que nous entrons dans le village, nous voyons des fosses de noix de karité que nous devons contourner afin de nous rendre à la place publique. Nous sommes accueillis par Madame Mah Diarra et son groupe de femmes sous le grand arbre à palabre où nous sommes envahis par des petits oiseaux multicolores. Le groupe de femmes s’appelleBenkadi, ce qui veut dire « entente ». (S’adressant aux femmes) Bonsoir!

Voix de femmes :
(Toutes ensemble)Bonsoir!

Mariam Koné :
J’ai entendu dire que les femmes de Ballan peuvent produire du beurre amélioré de karité, le beurre que vous appelezTulu ngana. Est-ce vrai? Qui peut répondre à ma question?

Mah Diarra :
Moi.

Mariam Koné :
OK, mais présentez-vous d’abord à nos auditeurs.

Mah Diarra :
Je m’appelle Mah Diarra. Je suis la présidente du groupe Benkadi de Ballan. Nous avons entendu parler de nouvelles approches agricoles pour assurer la sécurité alimentaire, à travers des émissions diffusées par Radio Fanaka. Après ça, des membres du personnel de la radio ont discuté des défis liés à la sécurité alimentaire avec les hommes du village. La fabrication du compost était la priorité des hommes. Mais les groupements et associations de femmes avaient pour principal souci de profiter davantage du beurre du karité. La production du beurre de karité est une des activités-phares des femmes du village.

  1. C’est alors que Madame Mariam Dao, l’animatrice de Radio Fanaka, nous a parlé du beurre amélioré de karité. Mieux encore, elle est venue au village avec une agente vulgarisatrice pour expliquer comment le fabriquer. Radio Fanaka nous a donné des postes radios et des cartes pour téléphones portables afin que nous puissions participer à l’émission et donner nos points de vue. Mais nous n’avons pas produit de beurre cette année.

 

Mariam Koné
:
Pourquoi pas? Est-ce parce que vous n’aviez pas compris toutes les étapes de fabrication?

Mah Diarra :
Nous les avons comprises mais nous avons eu une météo imprédictible… Et par conséquent, les arbres de karité n’ont produit aucun fruit l’an passé.

Mariam Koné
:
J’ai remarqué que les arbres de karité vont produire des fruits, cette année. Cela veut dire que vous allez produire du beurre de karité.

Mah Diarra :
Surtout duTulu ngana, si nous arrivons à trouver le matériel comme des bassines en aluminium, des fûts en caoutchouc et des marmites en aluminium, pour nous aider à faire la transformation.

Mariam Koné
:
Merci de nous avoir accueillis si chaleureusement et surtout pour votre aimable attention.

L’animatrice :
Après Ballan, Mariam nous conduit à Dien, à cinq kilomètres de Fana.

Mariam Koné :
(S’adressant aux auditeurs radio) Me voilà à présent à Dien, au bord de la route reliant Fana à Djoïla. Ma route vient de croiser celle de femmes venant d’une visite de courtoisie chez la Présidente de l’association des femmes de Dien. Elles m’accueillent avec joie! (Aux femmes) Bonsoir, Mesdames.

Les femmes :
Bonsoir!

Mariam Koné :
J’aimerais m’entretenir avec vous quelques minutes.

Les femmes :
Il n’y a pas de problème. Mais faites vite car il est temps d’aller préparer le dîner.

Mariam Koné :
Ça marche!

(S’adressant aux auditeurs radio) J’ai été accueillie par la présidente de l’association des femmes du village, Madame Nadjé Mariko. La cour était propre et entourée d’un mur sur deux côtés. Je pouvais entendre et voir des petits animaux et des oiseaux de basse-cour. J’ai parlé avec une des femmes du groupe.

(S’adressant à Sitan Fomba)

Je suis Mariam Koné. J’ai entendu dire que les femmes de Dien savent produire du beurre amélioré de karité. Est-ce vrai?

Sitan Fomba :
Oui!

Mariam Koné :
OK Madame. Veuillez vous présenter à nos auditeurs.

Sitan Fomba :
Mon nom est Sitan Fomba, et je suis la présidente adjointe de l’association des femmes de Dien. Oui, nous avons appris comment produire du beurre amélioré de karité ouTulu ngana, grâce au projet IRRRA de Radio Fanaka.

Mariam Koné :
Comment le projet IRRRA Mali vous a-t-il aidé à faire duTulu ngana?

Sitan Fomba :
Les programmes diffusés par Radio Fanaka nous ont informées sur différentes nouvelles approches pour assurer la sécurité alimentaire. Le souci principal des groupements et associations de femmes du village était de profiter davantage du beurre du karité. Mais nous n’avons pas produit de beurre cette année.

Mariam Koné :
Pourquoi pas?

Sitan Fomba :
Les arbres de karité n’ont pas produit de noix cette année.

Mariam Koné :
Y a-t-il d’autres obstacles qui vous empêchent de produire duTulu ngana?

Sitan Fomba :
Nous manquons de matériel comme des marmites en aluminium, des sacs non-synthétiques et d’autres outils.

Mariam Koné :
Chers auditeurs, cette interview conduite à Dien met un terme à notre émission.

Montée du générique pendant cinq secondes, puis fondu soutenu sous la voix de l’animatrice

L’animatrice :
Ce reportage de Mariam Koné est un témoignage vivant portant sur les activités de l’IRRRA Mali dans la zone de Fana. La Campagne Radio Participative a changé la vie des femmes de la zone de Fana. Cela s’est fait grâce aux conseils donnés à travers l’émission et les différentes séances de démonstration exécutées par les vulgarisatrices. Ainsi, les femmes de la zone de Fana, au Mali, ont fait de la fabrication du beurre amélioré de karité une activité génératrice de revenus. Et pour cause, dans le village de Wolodo, la mauvaise odeur et d’autres désagréments du beurre de karité ne sont plus qu’un mauvais souvenir.

  1. Sur ce, nous espérons vous retrouver pour une autre émission. Merci pour votre gentille attention et profitez du reste des programmes sur notre station de radio! Bye!
Montée du générique puis fondu

Acknowledgements

Rédaction : Mariam Koné, journaliste au journal “L’Annonceur”
Révision : Modibo G Coulibaly, Directeur Bureau Régional, Afrique de l’Ouest, Radios Rurales Internationales

Radios Rurales Internationales Bureau Régional Afrique de l’Ouest, Bamako, Mali
Chefs de village des trois zones (Wolodo: Kissima Traoré, Ballan: Bafing Diarra, Dien: Amadou Fomba)
Radio Fanaka, Fana, Mali.

Information sources

Site Web d’Inter-coopération: http://www.dicsahel.org/. Intercoopération est une ONG suisse, et une partie de sa mission est la protection de la forêt de karité.
Site Web du Ministère Malien de l’environnement: http://www.environnement.gov.ml/
IRRRA Mali. Rapport de la Campagne Radio Participative (non publié)

Interviews :
Madame Awa Traoré: Présidente de l’association des femmes de Wolodo,
Madame Mah Diarra: Présidente du groupe Benkadi de Ballan,
Madame Sitan Fomba: Présidente adjointe du groupe de femmes de Dien,
Madame Mariam N’Dao: Animatrice à Radio Fanaka
Toutes les interviews ont été conduites en avril 2011.