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« Un seul doigt ne peut pas ramasser de la farine », dit le proverbe. Autrement dit, « L’union fait la force ». C’est fort de ce proverbe que les petits exploitants agricoles du Burkina Faso s’organisent pour améliorer leur production agricole et leur vie, depuis trois décennies. Aujourd’hui, il est rare de ne pas trouver, dans tout village, un groupement de producteurs ou un groupement de productrices. Au fil du temps, les membres de groupements ont vite fait le constat que seuls les regroupements leur permettaient d’être forts et d’être des interlocuteurs crédibles face aux partenaires techniques et financiers du développement. Aussi ont-ils pris la décision de s’organiser en groupes d’agriculteurs, par secteurs d’activité agricole. Aujourd’hui, les partenariats, les coopératives, les fédérations et les confédérations foisonnent dans le paysage rural du Burkina Faso.
Leurs objectifs sont nobles: contribuer au bien-être de leurs membres, aider à augmenter la production agricole, obtenir de bons prix pour les produits agricoles, faciliter l’accès des membres au microcrédit, et améliorer les compétences techniques.
Boudry est le chef-lieu d’un département de la province du Ganzourgou. Il est situé à une centaine de kilomètres de Ouagadougou, la capitale, et inclut 72 villages. Dans ce département, en 2005, un certain nombre de groupements se sont unis pour créer l’Union Départementale des Producteurs Agricoles de Boudry (UDPA-B). Les membres de ce groupe sont des petits exploitants agricoles. Ils cultivent des céréales, du riz et du coton. Par ailleurs, ils sont en train d’acquérir au sein de leur union des connaissances et des compétences qui leur permettront non seulement d’améliorer leur vie, mais aussi d’assumer des responsabilités qu’ils ne croyaient pas pouvoir gérer.
Ce texte est basé sur des interviews authentiques. Vous pourriez utiliser ce texte pour faire une recherche et écrire un texte sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant la voix d’acteurs pour représenter les personnages. Le cas échéant, veuillez vous assurer de dire à votre auditoire, au début du programme, que les voix sont celles d’acteurs et non celles des personnes impliquées dans les interviews originales.
Ce texte montre combien être membre d’une coopérative ou d’un groupe peut permettre aux femmes d’acquérir de l’assurance, et montre aussi combien l’implication dans la gouvernance démocratique d’une coopérative peut être un tremplin vers d’autres niveaux de gouvernance.
Texte
Animateur:
Les petits exploitants agricoles du Burkina Faso s’organisent pour améliorer leur production agricole et leur vie depuis plus de trois décennies. «Un seul doigt ne peut pas ramasser de la farine», dit le proverbe. Aujourd’hui, les partenariats, les coopératives, les fédérations et les confédérations foisonnent dans le paysage rural du pays.
L’Union Départementale des Producteurs Agricoles de Boudry ou UDPA-B est l’une de ces organisations des paysans. Notre reporter, Adama Zongo, a rencontré et a interviewé deux membres de l’UDPA-B.
Prosper est membre du groupement des producteurs agricoles de Yaïka, un village situé dans le département de Boudry, au centre du Burkina Faso. Bien qu’il ait plus de quarante ans, son visage n’en laisse rien paraître, et reflète une certaine confiance en soi. Il est marié et père de deux jeunes filles et de trois garçons. Son groupement a adhéré à l’UDPA-B il y a cinq ans.
Prosper:
Nous savons maintenant que le proverbe populaire qui dit: «L’union fait la force» a bien du sens. Avant d’adhérer à l’UDPA-B, notre groupement ne parvenait pas à bénéficier de l’appui dont d’autres groupements de l’organisation profitaient. En effet, les membres de ces groupes recevaient des semences, des engrais et de petits prêts pour soutenir leurs activités agricoles. Nous ne pouvions pas rester indifférents à cette situation. Alors nous avons décidé d’adhérer à l’UDPA-B afin de bénéficier des avantages qu’elle offre à ses membres.
Animateur:
Aujourd’hui, l’UDPA-B compte soixante-dix groupements dont vingt sont des groupes de femmes. L’organisation représente environ deux mille productrices et producteurs Les gens que nous avons rencontrés dans deux villages de Boudry semblent satisfaits des actions que l’UDPA-B a entreprises pour eux. Elisabeth est une jeune femme du groupement de Boéna, un membre fondateur de l’UDPA-B. Voici ce qu’elle avait à dire:
Elisabeth:
(
D’une voix enthousiaste et enjouée) C’’est grâce à l’UDPA-B et à mon groupement que je vous accorde cette interview. Vous savez qu’il est difficile pour une femme de prendre la parole. Et c’est encore pire de parler devant un micro! Mais le groupement et l’UDPA-B m’ont transformée, de sorte qu’aujourd’hui, j’ai confiance en moi quand je parle. Je n’ai plus peur.
Animateur:
Elisabeth brûle d’impatience de partager avec nous son expérience à l’UDPA-B.
Elisabeth:
(
Enthousiaste et enjouée) Je ne peux vous dire tout le bien que le groupement nous a fait, par le biais de l’UDPA-B. Tenez, chaque année, j’achète les fournitures scolaires pour ma fille. Cela fait trois ans qu’elle va à l’école. J’espère qu’elle pourra étudier longtemps afin de pouvoir occuper de grandes fonctions à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Je contribue aussi à l’achat des médicaments quand mes enfants, mon mari ou moi-même tombons malades. Aujourd’hui, j’ai une garde-robe, et c’est avec une certaine sérénité que je me rends aux cérémonies de mariage et de baptême et aux réunions d’information. Les différentes contributions auxquelles je dois participer ne sont plus un cauchemar pour moi. Je ne dis pas que je suis riche, mais je ne me plains pas trop. Je rends grâce à Dieu.
Animateur:
Comme vous l’avez entendu, Elisabeth est heureuse même si elle n’est pas riche. En effet, rappelons-nous ce proverbe: «L’argent ne fait pas le bonheur». Elisabeth est une femme travailleuse. Elle gagne sa vie à la sueur de son front.
Elisabeth:
J’ai obtenu un lopin de terre dans un marécage réhabilité et parcellé. Il mesure vingt mètres de long sur dix mètres de large. Sur cette terre, je cultive de l’oignon en saison sèche et du riz pendant l’hiver. Cela me permet de gagner de l’argent et de satisfaire quelques besoins. Grâce à l’UDPA-B, j’ai obtenu un petit prêt auprès de la caisse populaire d’épargne et de crédit. Avec cet argent, j’ai acheté du sorgho que je fais germer pendant quelques jours, puis que je vends aux femmes qui font le
dolo(
NDLR: bière de mil). Cela me permet de faire quelques bénéfices. Ainsi, au bout du compte, j’arrive à me faire un peu d’argent quand la saison et les prix sont bons.
Animateur:
Revenons à Prosper, qui ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son groupement et de l’UDPA-B. Prosper a été formé en tant que producteur de semences de niébé. Il attribue son succès à l’UDPA-B et à son groupement.
Prosper:
L’UDPA-B a organisé des formations pour les membres des différents groupements. Par exemple, moi, je suis devenu producteur de semences de niébés. D’autres producteurs sont devenus des animateurs qui tiennent des sessions d’information et de sensibilisation sur les violences faites aux femmes, les infections sexuellement transmissibles et le VIH/Sida, et la lutte contre la mutilation génitale féminine. Pour ma part, je fais de la sensibilisation sur l’adoption de semences améliorées. Nous sommes très exposés aux aléas climatiques, par ici. Nous ne sommes plus sûrs du cycle des saisons. C’est une des principales raisons pour lesquelles l’UDPA-B aide ses membres à obtenir des intrants à des taux raisonnables.
Animateur:
En plus d’améliorer la situation économique et sociale de ses membres, l’UDPA-B les aide également à devenir plus responsables dans la vie. Prosper est fier de l’audience dont il jouit aujourd’hui dans sa région. Il nous en dit davantage.
Prosper:
Grâce à l’UDPA-B, j’ai une audience quand il s’agit de parler de semences de niébé. Je suis écouté quand je parle et je sens que j’ai une responsabilité. Certains membres représentent l’UDPA-B lors de rencontres dans la capitale. Certains d’entre eux se sont fait beaucoup d’amis et ont acquis une notoriété alors qu’ils animaient des séances. D’autres se sentent pousser des ailes et cherchent à remporter les prochaines élections municipales. Tout cela est devenu possible grâce aux groupements, avec le soutien et sous la conduite de l’UDPA-B. Je ne sais pas ce que nous serions devenus sans ces organisations. J’invite les uns et les autres à se donner la main afin que nous marchions côte à côte dans notre quête pour une vie meilleure.
Animateur:
Nous avons écouté Elisabeth et Prosper, des membres de deux groupements qui font partie de l’Union départementale des producteurs agricoles de Boudry, ou UDPA-B. Nous avons le sentiment, d’après leurs témoignages, d’avoir rencontré des personnes comblées. Nous souhaitons beaucoup de courage aux organisations qui œuvrent inlassablement pour la promotion économique, sociale et politique des populations rurales.
Acknowledgements
Rédaction: Adama Gondougo Zongo, journaliste à JADE Productions, Burkina Faso, un partenaire stratégique deRadios Rurales Internationales
Révision: John Julian, Directeur, Communications & Politiques Internationales Communications, Association des Coopératives du Canada.
Merci à:
- Djibril Sedego, animateur de Radio de l’unité de Boudry
- Les responsables des groupements de Yaïka et de Boéna
- Les responsables de l’UDPA-B
Information sources
Interviews avec:
- Simon Pierre Nana, secrétaire général de l’Union départementale des producteurs agricoles de Boudry
- Mme Elisabeth Kaboré, membre du groupement de femmes de Boéna
- Prosper Congo, membre du groupement des producteurs agricoles de Yaïka
Les interviews ont été réalisées les 2 et 3 juillet 2011.
Pour plus d’information:
Quel rôle pour les organisations paysannes du Faso? Un entretien avec Bassiaka Dao, président de la Confédération paysanne du Faso (CPF). Sos Faim, #99, p. 19-21, février/mars 2011. http://www.sosfaim.be/pdf/publications/defis_sud/99/complet.pdf