Notes au radiodiffuseur
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Depuis la nuit des temps, chaque peuple, chaque communauté transforme des produits alimentaires locaux de sorte que les familles puissent les boire et les manger en toute sécurité. D’autres produits transformés sont destinés à la vente publique.
C’est le cas des céréales au Burkina Faso, un pays situé au cœur de l’Afrique de l’ouest. Au Burkina Faso, les céréales, en particulier le sorgho rouge ou blanc, sont transformées en dolo (bière locale). Le dolo est une boisson alcoolisée quand il est fermenté, et non alcoolisé quand il n’est pas fermenté.
Il convient de noter qu’au Burkina Faso et dans certains autres pays francophones d’Afrique de l’Ouest, cette bière locale est, soi-disant, faite de « mil » bien qu’elle soit en fait à base de sorgho rouge ou blanc. Dans ce texte, elle est appelée « bière de sorgho » ou dolo.
Cette bière locale était jadis préparée lors de grandes occasions telles que les fêtes coutumières, les funérailles et la fête de l’indépendance). Mais aujourd’hui, c’est une boisson commerciale populaire qui est propre à la consommation, avec un faible taux d’alcool, et on la retrouve sur tous les marchés urbains et ruraux du pays. La préparation de la bière de sorgho est une activité génératrice de revenus qui occupe bon nombre de femmes dans le « pays des hommes intègres ». C’est là la signification de « Burkina Faso », en français.
Ce texte est basé sur des interviews authentiques. Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour faire une recherche d’informations et écrire un texte sur un sujet similaire touchant votre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant la voix d’acteurs pour représenter les interlocuteurs. Le cas échéant, veuillez vous assurer de dire à votre audience, au début de l’émission, que les voix sont celles d’acteurs, et non celles des personnes impliquées dans les interviews originales.
Texte
Animateur:
Bernadette Zongo est une femme d’environ cinquante ans. Elle est mariée à un instituteur, et ils ont deux filles et un garçon. Mme Zongo habite Ziniaré, une ville à trente-cinq kilomètres de la capitale, Ouagadougou.
Bernadette ne s’attendait pas à ce que tout vienne de son mari. Elle voulait faire quelque chose qui lui procurerait des revenus. Alors, dès qu’elle s’est mariée, elle a décidé de commencer à préparer de la bière de sorgho, la boisson locale qui est très prisée, autant chez les populations rurales que chez les habitants des villes, au Burkina Faso. Mme Zongo est la présidente d’un groupe de femmes qui font de la bière de sorgho, dans sa localité. Notre reporter, Adama Zongo, l’a interviewée pour savoir comment on prépare cette bière. Elle nous parle d’abord des étapes à suivre pour la préparation de la bière de sorgho.
Bernadette Zongo:
(Timidement) La préparation du dolo (note de la rédaction: appellation populaire désignant la bière de sorgho) comporte plusieurs étapes. La première étape consiste à obtenir du sorgho germé. Une fois que j’ai trouvé le sorgho germé, je le fais moudre. Puis, j’ajoute de l’eau au sorgho germé moulu et j’attends que le grain se dépose au fond de la jarre. Ensuite, je prépare de l’eau gluante en trempant des tiges de gombo, un légume de consistance gluante). Je mélange cette eau gluante avec l’eau décantée. Puis j’attends que le sorgho germé se dépose de nouveau au fond de la jarre.
Adama Zongo:
Que fait-on ensuite, Mme Zongo, une fois que le sorgho germé s’est déposé au fond de la jarre?
Bernadette Zongo:
Je fais égoutter le sorgho et je le fais cuire sur le feu pendant une heure trente minutes environ. Ensuite, je le verse à nouveau dans la même eau. Je laisse cette eau reposer pendant vingt quatre heures jusqu’à ce qu’elle devienne acide. Je procède ensuite à une seconde décantation pour séparer les drèches du liquide acide.
Adama Zongo:
Pouvez-vous expliquer ce que sont les drèches?
Bernadette Zongo:
Les drèches sont les résidus solides résultant de la fabrication du
dolo. Ensuite, je remets le liquide acide sur le feu pendant deux heures environ. Je fais la cuisson dans des grosses marmites en terre cuite. J’utilise cinq marmites pour chaque produit (pour les drèches et pour l’eau acide). Chaque marmite a une contenance d’au moins trente litres.
Après la cuisson, je fais une dernière décantation, puis je laisse le liquide refroidir. Ensuite, j’y ajoute de la levure. Le dolo est prêt à boire le lendemain du deuxième jour de cuisson.
Adama Zongo:
D’accord, maintenant, permettez-moi de résumer le processus une fois de plus, pour nos auditeurs. D’abord, on fait moudre le sorgho germé, on ajoute de l’eau au sorgho, et on attend qu’il se dépose au fond de l’eau.
Adama Zongo:
Ensuite, on fait tremper des tiges de gombo dans l’eau et on ajoute cette eau gluante à l’eau contenant le sorgho, puis on attend que le sorgho se dépose à nouveau.
Adama Zongo:
Ensuite, on fait égoutter le sorgho et on le fait cuire pendant environ une heure trente minutes, puis on le verse de nouveau dans la même eau.
Adama Zongo :
Après, on laisse reposer l’eau pendant 24 heures jusqu’à ce qu’elle devienne acide, et on fait une autre décantation pour séparer les drèches du liquide.
Bernadette Zongo :
Exactement. Ensuite, la dernière étape consiste à faire chauffer le liquide pendant à peu près deux heures. Après que le liquide s’est refroidi, j’y ajoute de la levure. Puis j’attends 24 heures et le
dolo est prêt à boire.
Adama Zongo:
Ce processus implique plusieurs étapes. Si les auditeurs et auditrices veulent avoir plus d’informations au sujet de ce processus, ils peuvent appeler la station et nous leur expliquerons toutes les étapes.
Animateur:
Nous serons de retour après cette courte pause pour vous expliquer comment la vie de Mme Zongo s’est améliorée grâce à la fabrication du
dolo.
Pause musicale
Adama Zongo:
La production du
dolo génère des sous-produits qui sont consommés et par les hommes et par les animaux. Mme Zongo sait tirer profit de tous ces produits.
Bernadette Zongo :
(Souriante) C’est vrai! Les sous-produits de la transformation du sorgho germé en bière sont les drêches et la levure. Oui, la levure est aussi utilisée comme ingrédient pour faire du
dolo. Mais une quantité beaucoup plus grande de levure est générée en tant que sous-produit du processus de fabrication de la bière. Les drèches sont utilisées comme aliments pour le bétail et les porcs, et comme appâts pour la pêche. La levure ajoute de la saveur aux sauces, et est utilisée pour épicer les poulets cuits à la flamme. La vente de ces produits me rapporte 500 FCFA (environ 1 dollar américain) par kilogramme de levure et 2500FCFA (environ 5 dollars américains) par charretée de drêches.
Adama Zongo:
Mais Mme Zongo gagne bien plus que cela. Avec l’argent qu’elle reçoit grâce à la vente de
dolo, elle a acheté une parcelle d’habitation qu’elle a mise en valeur. Sa mise en location lui rapporte de l’agent à la fin de chaque mois. Elle fait aussi de l’élevage de bétail. Mme Zongo prend soin de quelques têtes de bovins qu’elle a achetés grâce à l’argent qu’elle a gagné en vendant de la bière de sorgho. Mais cela ne suffit pas à Mme Zongo de seulement préparer du
dolo et de le vendre. Elle le distribue aussi dans la ville de Ziniaré.
Bernadette Zongo:
(Confiante) Je vends des produits à des commerçantes. Elles achètent une ou deux jarres et les revendent aux clients. Alors elles aussi tirent un petit revenu de leurs ventes. Ainsi, chacune reçoit sa part, si petite soit-elle.
Adama Zongo:
La préparation du
dolo est un travail harassant qui demande des qualités particulières. Mme Zongo nous en dit un peu plus là-dessus.
Bernadette Zongo:
Pour être productrice de
dolo, il faut être en bonne santé et avoir une force physique raisonnable. Je le dis parce le travail ne se fait pas en un jour ou en une demi-journée. Si tu disposes du sorgho germé, il te faudra deux jours d’intenses activités. De plus, il faut être forte pour vider les marmites en terre cuite, transporter les seaux remplis de bière d’une jarre à une autre, porter les bûches de bois jusqu’au foyer, et faire d’autres tâches.
Adama Zongo:
Mme Zongo utilise du bois de chauffe pour préparer le
dolo. Chaque fois qu’elle prépare la bière, Mme Zongo met sur le feu dix marmites de 30 litres chacune. Imaginez! Je crois que Mme Zongo veut parler…
Bernadette Zongo:
(Impatiente) Peut-être pensez-vous que je participe au déboisement de l’environnement. Je suis consciente que j’utilise une quantité considérable de bois de chauffe pour la préparation du
dolo. Le bois de chauffe est notre source d’énergie. Il devient, cependant, de plus en plus rare dans notre contrée. C’est pourquoi j’ai choisi d’utiliser un foyer amélioré qui demande moins de bois et retient la chaleur. Le foyer est un contenant et la marmite est posée sur le dessus. On insère le bois de chauffe à travers une ouverture située sur un des côtés du contenant. Ceci rend le foyer beaucoup plus efficace; il utilise moins de bois. Je continue d’utiliser le bois de chauffe en attendant l’installation de bio-digesteurs. Ceux-ci seront plus économiques et n’utilisent pas de bois.
Adama Zongo:
Le bio-digesteur est un contenant dans lequel les excréments animaux se dégradent pour produire du gaz méthane. Ce gaz peut ensuite être utilisé pour la cuisine, l’éclairage et d’autres choses. Le bio-digesteur est peu coûteux et facile à monter. Il protège aussi la santé de Mme Zongo en lui évitant de s’exposer à la fumée produite par le feu.
Animateur:
Auditrices et auditeurs, l’émission d’aujourd’hui est terminée. Je vous ai présenté une femme qui apporte sa contribution au développement économique de sa localité en faisant du dolo. Au revoir et à bientôt pour une autre émission. Si vous avez la moindre question sur la fabrication du dolo, veuillez contacter la station au _______________.
Acknowledgements
Rédaction : Adama Gondougo Zongo, journaliste à Jade Productions, Burkina Faso.
Révision : Barrie Axtell, consultant indépendant, anciennement affilié à ITDG/Practical Action.
Merci à : Alfred Kagambèga, chef des programmes de Radio Kakoaadb Yam Vénègré, à Ziniaré
Information sources
Interview réalisée le 17 décembre 2011 avec Mme Bernadette Zongo née Tapsoba, productrice de dolo à Ziniaré, au Burkina Faso.