La sauvegarde des plantes alimentaires sauvages garantit un lendemain meilleur pour tous

Cultures agricolesEnvironnementSanté

Notes au radiodiffuseur

La biodiversité agricole est le pilier de l’agriculture et est vitale pour les générations futures. Plus de 940 espèces de plantes cultivées sont en voie de disparition à travers le monde. Lorsqu’une espèce ou la diversité variétale d’une espèce se perd, nous perdons aussi des gènes qui pourraient être importants pour l’amélioration des cultures, le renforcement de la résistance aux organismes nuisibles et aux maladies, ou l’adaptation aux effets du changement climatique.

La biodiversité agricole se définit comme la diversité des cultures et de leurs parents sauvages, des arbres, des animaux, des microbes et d’autres espèces qui contribuent à la production agricole. Cette diversité est le résultat des interactions qui ont eu lieu entre les personnes et l’environnement depuis des milliers d’années. L’utilisation et le maintien de la biodiversité agricole peuvent aider les écosystèmes agricoles plus résilients et productifs, et contribuer à l’amélioration de l’alimentation, la productivité et des moyens de subsistance.

Cela fait longtemps que les ménages agricoles et les communautés rurales se servent de la biodiversité agricole et la diversité des arbres pour diversifier leurs régimes alimentaires, et lutter contre les organismes nuisibles, les maladies et le stress causé par les conditions climatiques. Autrefois, cependant, les décideurs et les chercheurs considéraient ces approches comme étant non compétitives sur le plan économique. Mais, très récemment, des preuves scientifiques ont démontré que cette biodiversité, lorsqu’elle était utilisée en association avec de nouvelles technologies et approches, avait beaucoup plus à offrir en ce qui a trait à la résolution des problèmes liés à la malnutrition, l’adaptation au changement climatique, l’augmentation de la productivité et la diversité en baisse de notre approvisionnement en vivres.

Au Burkina Faso, l’Association pour la Protection de la Nature au Sahel (APN Sahel) collabore avec l’Université de Ouagadougou et l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles du Burkina Faso (INERA), dans un projet de recherche et d’action participative en vue de faire une enquête sur les semences et dresser la liste des plantes sauvages négligées et, sur la base des connaissances des agriculteurs, documenter leurs caractéristiques et leur utilisation. Par exemple : à Toudoumzougou, des agriculteurs ont découvert une plante locale, appelée tougui, que l’on croyait disparue. Cette plante est valorisée par les agriculteurs pour ses vertus thérapeutiques. Ses semences seront conservées dans la banque de semences communautaire afin de réintroduire la plante dans les champs des agriculteurs.

Le présent feuilleton radiophonique relate l’histoire de deux coépouses qui sont toutes de grandes travailleuses agricoles et qui se font la concurrence. Chacune voit les choses et entretient son champ différemment. Pougkienma cultive plusieurs plantes alimentaires traditionnelles négligées qui sont aussi bien importantes sur le plan alimentaire que médicinal et suit les conseils d’un ouvrier agricole qui maîtrise la culture et l’utilisation de ces plantes, tandis que Pougpaala veut simplement maximiser les rendements de ses cultures vivrières.

Vous pourriez vous inspirer du présent feuilleton radiophonique pour réaliser une émission similaire sur la régénération des variétés traditionnelles ou sur un sujet similaire dans votre région. Sinon, vous pourriez faire interpréter ce feuilleton dans le cadre de votre émission agricole ordinaire par des comédiens et des comédiennes de doublage à la place des intervenants.

Vous pourriez suivre le feuilleton en interviewant des agriculteurs, des agricultrices et des spécialistes sur des variétés traditionnelles de cultures vivrières, notamment celles qui ne sont pas des choix attrayants pour la population, ou sur des controverses entre les pratiques agricoles traditionnelles et nouvelles. Invitez les auditeurs et les auditrices à envoyer des questions ou des commentaires en appelant ou en envoyant des messages textes.

Les sujets de discussion pourraient se rapporter aux questions suivantes :

  • Quels sont les forces et les défis liés aux semences traditionnelles et aux semences produites par les chercheurs et les phytogénéticiens?
  • Y a-t-il des agriculteurs, des agricultrices ou d’autres personnes dans votre région à qui profite la régénération des variétés traditionnelles? Ou peut-être d’autres pratiques agricoles traditionnelles? Quelle est leur histoire?

Durée estimée du feuilleton : 25 minutes avec la musique de début et de fin.

Texte

POUGKIENMA :
(«première épouse» en mooré)première épouse de Zaksooba, 40 ans.
POUGPAALA :
(«nouvelle épouse») en mooré)deuxième épouse de Zaksooba, 30 ans.
SIDNABA :
(«véridique» en mooré) ouvrier agricole dans la vingtaine.
ZAKSOOBA :
(«chef de famille» en mooré)agriculteur polygame, 45 ans.

 

NARRATEUR :
Pougkienma et Pougpaala, coépouses et agricultrices, vivent dans le village de Nerwaya. À l’instar de plusieurs femmes, elles cultivent dans le champ de leur mari.

Un jour, leur mari Zaksooba prit une portion de la forêt familiale et la partagea équitablement entre ses deux épouses.

Cela a créé une véritable concurrence entre les femmes dont les champs se faisaient face. En plus des cultures vivrières, Pougkienma cultive dans son champ plusieurs plantes alimentaires qui sont toutefois négligées, en suivant les conseils d’un ouvrier agricole, Sidnaba. Elle tire le maximum des valeurs nutritionnelles et médicinales de ces plantes négligées, et en profite pour gagner de l’argent avec elles.

Pougpaala voit les choses différemment et veut seulement maximiser les rendements de ses cultures vivrières. Comment tourneront les choses pour les deux femmes? Suivons leur histoire.

SCÈNE 1

DÉCOR:
CHAMP
DISTRIBUTION :
ZAKSOOBA, POUGPAALA, POUGKIENMA
EFFETS SONORES:
BRUIT DE PIOCHE

ZAKSOOBA :
Voilà, à partir de maintenant, chacune de vous deux a un champ de la même dimension pour y faire ce qu’elle veut. Vous les femmes vous dites toujours que vous n’avez pas accès aux terres cultivables. En bon mari, je vous mets à l’épreuve, et on verra bien ce que vous en ferez.
POUGPAALA :
(RIT) Pougkienma est fatiguée. Elle est âgée et épuisée. Elle ne pourra jamais me battre dans l’agriculture.
POUGKIENMA :
Ça, c’est toi qui le dis. Ce sont les vieilles marmites qui font de la bonne sauce.

POUGPAALA :
S’il s’agit de parler, tu t’y connais mieux! Mais cultiver demande de la rigueur et de la ténacité. Et Zaksooba sait que c’est moi qui possède ces qualités.

POUGKIENMA :
ÉCLAT DE RIRE

 

SCÈNE 2

DÉCOR:
CHAMP DE POUGPAALA
DISTRIBUTION:
POUGPAALA, POUGKIENMA, SIDNABA
EFFETS SONORES:
BRUIT DE COUPE-COUPE ET DE HOUES

POUGPAALA :
Sidnaba, quand je t’ai vu travailler dans le champ de Pougkienma, j’ai réalisé que tu étais un bon agriculteur. C’est pourquoi je t’ai engagé. Mais, je ne veux pas que tu laisses ces plantes sauvages dans mon champ.
SIDNABA :
Quand j’ai défriché le champ de Pougkienma, elle a exigé qu’on laisse toutes sortes de plantes sauvages négligées, à savoir : le kieglga, le muguna, le gaanka et autres. [Note de la rédaction : kieglga est le terme en langue mooré qui désigne le dattier du désert, également appelé ébénier d’Afrique; muguna est le terme mooré pour désigner le jujubier et gaanka est le terme mooré pour désigner l’ébénier. Pour voir les noms communs de ces plantes dans d’autres langues, voir la liste proposée à la fin du texte.]
POUGPAALA :
Mais nous sommes dans mon champ, non celui de Pougkienma. Enlevez-moi ces kieglga et autres plantes!
SIDNABA :
Comme vous voulez!
EFFETS SONORES:
BRUIT DE PAS. POUGKIENMA ARRIVE
POUGKIENMA :
Pourquoi lui as-tu demandé de couper le kieglga?
POUGPAALA :
Moi je veux cultiver des céréales et non des plantes sauvages.
POUGKIENMA :
Mais ces plantes sont aussi utiles que les céréales.
POUGPAALA :
Pour toi oui. Mais je ne vais pas gaspiller cet espace en laissant des plantes sauvages dans mon champ. Je vais utiliser tout mon espace pour cultiver plus de céréales et te battre!
POUGKIENMA :
Mais tu es en train de détruire des plantes nutritionnelles et médicinales.
POUGPAALA :
Si j’ai un bon rendement en produits vivriers, cela me suffit. Si tu crois être plus rusée que moi, tu perds ton temps. Sidnaba ne laisse pas le muguna dans ce champ. Coupe ça simplement.
SIDNABA :
Mais votre coépouse a raison. Ces plantes n’occupent pas vraiment beaucoup d’espace, alors vous obtiendrez tout de même une bonne récolte. En plus, si vous vendez les fruits de muguna et de kieglga, cela pourra compenser le manque à gagner au niveau des cultures vivrières. Par exemple, les gens utilisent les feuilles de kieglga pour préparer la sauce de couscous, les graines servent à soigner les ulcères, et l’écorce est utilisée pour soigner les maux de dents.
POUGPAALA :
Ce n’est pas mon problème! Ce que je veux, c’est avoir de bonnes récoltes de cultures vivrières.
SIDNABA :
Excusez-moi. Vous êtes la patronne!

 

SCÈNE 3

DÉCOR:
CHAMP DE POUGPAALA
DISTRIBUTION:
POUGPAALA, POUGKIENMA, SIDNABA
EFFETS SONORES:
BRUIT DE COUPE-COUPE DE HOUES
POUGPAALA :
Tu vois bien comment mon champ est en train de prendre forme. Mon rendement sera sans doute meilleur au tien.
POUGKIENMA :
Ça, c’est toi qui le dis. Je remercie Dieu qu’en plus de mes récoltes de cultures céréalières, je bénéficierai des avantages que toutes les plantes sauvages alimentaires négligées de mon champ offrent.
POUGPAALA :
(RIT) En utilisant tout cet espace, je te garantis que je serai la meilleure agricultrice cette année.
POUGKIENMA :
Les plantes sauvages n’occupent qu’une partie de ma terre agricole. Mais leurs bienfaits sur le plan nutritionnel, médicinal et économique compenseront le manque à gagner en ne cultivant pas autant de céréales, et peut-être elles feront plus que compenser le manque à gagner.
POUGPAALA :
De quels bienfaits parles-tu? Ne penses-tu pas que si elles avaient des bienfaits, tout le monde les aurait cultivées? Ce sont juste de mauvaises herbes!
POUGKIENMA :
Tu sais, Pougpaala, les plantes sauvages ont des nutriments et des éléments médicinaux. Par exemple : les feuilles et les fruits de toega sont très riches en fer.
POUGPAALA :
Tu as toujours été démodée. Penses-tu que nous soyons toujours à l’âge de la cueillette ou quoi? Penses-tu que tu peux manger du kieglga et du muguna pour survivre?
POUGKIENMA :
Ils peuvent m’aider à varier et compléter mon régime alimentaire. En plus, je peux vendre les fruits et les feuilles de ces plantes sauvages, et cela réduira sans aucun doute ma pauvreté. Je peux également me servir des plantes pour me soigner, ainsi que mes enfants.
POUGPAALA :
Tu es vraiment folle. Penses-tu que je vais me soigner avec des écorces et des feuilles?
POUGKIENMA :
Connais-tu le kalyanga?
POUGPAALA :
Non, je ne connais pas le kalyanga, et je ne veux pas savoir ce que c’est non plus!
POUGKIENMA :
C’est vraiment dommage! Parce que c’est une plante sauvage à vignes qui a aidé les gens à combattre la famine pendant des années lorsque la famine a frappé notre village. Mais, comme les gens ont continué à tout détruire pour cultiver ou construire des maisons, maintenant, cette plante et d’autres ont disparu de notre village.
POUGPAALA :
C’est exactement la raison pour laquelle je veux beaucoup de cultures vivrières pour lutter contre la famine.
POUGKIENMA :
Mais ce n’est pas bon pour l’environnement! Et, que va-t-on laisser à nos enfants?
POUGPAALA :
(AVEC COLÈRE) Va dans ton champ pour faire ce que tu veux! C’est mon champ et je ferais ce que je veux!
EFFETS SONORES :
BRUIT DE PAS. POUGKIENMA S’EN VA DU CHAMP.

 

SCÈNE 4

DÉCOR:
CHAMP DE POUGPAALA
DISTRIBUTION:
POUGKIENMA SIDNABA
EFFETS SONORES:
TRAVAUX DE CHAMP

SIDNABA :
Pougkienma vous prenez bien soin de vos plantes sauvages.
POUGKIENMA :
J’essaie de faire ce que je peux. Tu vois à quel point les plantes d’arzantiga que tu as plantées dans mon champ se portent bien. [Note de la rédaction : arzantiga et le terme mooré pour désigner le moringa.]
SIDNABA :
Ah oui je vois que tu les as bien entretenues. Généralement, on plante les arbres de l’arzantiga en saison sèche, et on peut commencer à les utiliser un mois après les avoir plantés.
POUGKIENMA :
Donc, on peut déjà cueillir les feuilles?
SIDNABA :
Si, mais on doit cueillir les feuilles en partant du bas vers le haut de la plante. Si tu ne peux pas consommer toutes les feuilles fraîches, tu peux les vendre au marché ou les faire sécher au soleil. Par la suite, tu peux réduire les feuilles séchées en poudre dans un mortier, et tu peux vendre la poudre.
POUGKIENMA :
Vraiment? C’est formidable! J’ai entendu dire qu’on pouvait utiliser les feuilles pour faire de la sauce?
SIDNABA :
En effet. Par exemple, si tu veux préparer une sauce avec les feuilles de l’arzantiga et des arachides, tu as besoin de feuilles fraîches et d’arachides écrasées. Premièrement, tu prépares les oignons et la viande, bien sûr s’il y a de la viande. Mélange les feuilles et les arachides avec de l’eau. Ajoute plus d’eau, et laisse le mélange mijoter. S’il y a toujours beaucoup d’eau, laisse celle-ci s’évaporer sur le feu. Puis, sert la sauce avec du riz ou du tô. [Note de la rédaction : le tô est un plat national consommé au Burkina, qui ressemble à du foufou ou de l’ugali et qui est fait à base de maïs, de sorgho ou de millet.]
POUGKIENMA:
Hmm, cela doit être délicieux!
SIDNABA :
On peut préparer également du couscous de la même manière qu’on le prépare avec les feuilles de kieglga. Ce qui est bon avec l’arzantiga, c’est que ses feuilles, ses fleurs, son écorce et ses racines peuvent être toutes consommées. Le kieglga et le toega sont très utiles!
POUGKIENMA :
J’ai également commencé à vendre du toedo.
SIDNABA :
C’est bien de vendre ces fruits-là, mais c’est plus rentable de fabriquer et vendre le jus. Ma femme pourrait t’apprendre à le faire.
POUGKIENMA :
Ce sera un plaisir d’apprendre à faire du jus de toedo.
SIDNABA :
Premièrement, il faut écraser les graines pour obtenir de la poudre de la pulpe de toedo. Puis, tu mélanges cette poudre avec de l’eau. Tu peux décider quelle quantité d’eau tu veux, mais plus le jus est épais, mieux ce sera. Laisse-le reposer pendant six heures. Utilise un tamis pour l’eau, avec de tout petits trous, pour filtrer le mélange et ajoute ensuite du sucre. À partir de cette base, tu peux aromatiser le jus comme tu veux. Tu peux ajouter des feuilles de menthe, de bissap ou du nectar de goyave. Mélange bien avant de servir.
POUGKIENMA :
C’est très bien. Et y a-t-il d’autres façons de transformer le toedo?
SIDNABA :
Tu peux également faire des biscuits avec ça.
POUGKIENMA :
Vraiment! Comment?
SIDNABA :
Il faut faire bouillir du riz dans une casserole, ajouter de l’eau sucrée, et ensuite la pulpe de toedo réduite en poudre. Bien remuer le mélange pour obtenir une pâte lisse. Ajouter du sucre à la pâte puis réchauffer le tout dans un moule à gâteau.
POUGKIENMA :
Merci, Sidnaba. Je vais devenir progressivement une productrice agroalimentaire dans ce village.

 

SCÈNE 5

DÉCOR :
DOMICILE DE ZAKSOOBA
DISTRIBUTION :
ZAKSOOBA, POUGKIENMA

ZAKSOOBA :
Je n’ai jamais mangé un couscous aussi bon! Mais je ne sais pas quelle sorte de feuilles que tu as utilisées.
POUGKIENMA :
Ce sont les feuilles d’arzantiga que j’ai plantés dans mon champ.
ZAKSOOBA :
Ah oui, c’est très bon. Le jus de toedo est aussi très bon. J’ai souvent entendu parler de ça, mais je n’ai jamais eu l’occasion de le boire.
POUGKIENMA :
J’avais l’habitude de vendre le teodo provenant de mon champ, mais la femme de Sidnaba m’a montré comment faire le jus et je me suis rendu compte qu’on pouvait gagner plus d’argent en vendant le jus.
ZAKSOOBA :
Le couscous avec les feuilles de kieglga est également très bon, mais je préfère celui avec les feuilles d’arzantiga.

POUGKIENMA :
Ne t’inquiète pas. Lorsque tu auras fini de manger, je vais te donner du bon thé fait avec des feuilles d’arzantiga.
ZAKSOOBA :
Wow! Peut-on faire du thé avec des feuilles d’arzantiga?
POUGKIENMA :
Je découpe simplement les feuilles en morceaux, puis j’ajoute de l’eau chaude et du citron.
ZAKSOOBA :
Oh oui, tu es la meilleure! (ZAKSOOBA ET SA FEMME SE TAPENT DANS LES MAINS)
EFFETS SONORES :
BRUIT DE PAS. POUGPAALA ARRIVE.
POUGPAALA :
Quelles sont ces manières sauvages?
ZAKSOOBA :
De quoi parles-tu?
POUGPAALA :
Penses-tu que ce tu fais est une bonne chose?
Depuis un certain temps, j’ai remarqué que Pougkienma était ta préférée. Bon c’est ton choix! Ce que je n’accepte pas c’est que tu ne nous traites pas équitablement.
ZAKSOOBA :
Que veux-tu insinuer?
POUGPAALA :
Ne faites pas semblant. Tu donnes beaucoup d’argent à ma coépouse et à moi des maigreurs.
ZAKSOOBA :
Qu’est-ce qui te fait dire cela?
POUGPAALA :
J’ai remarqué que les repas de Pougkienma contiennent beaucoup de condiments. Cela signifie certainement que vous lui donnez plus d’argent pour acheter des condiments au marché pour la cuisine.
POUGKIENMA :
(RIRES) De quoi parles-tu? C’est grâce aux conseils de Sidnaba et sa femme que j’ai pu planter et entretenir certaines plantes sauvages alimentaires dans mon champ.
Tout ce que j’utilise pour le repas, ainsi que ce que je vends au marché provient de mon champ. C’est toi qui n’as pas voulu écouter, Pougpaala. Je t’ai bien suggéré en début de saison de ne pas te débarrasser des plantes sauvages alimentaires, mais tu n’as pas voulu écouter.
POUGPAALA :
(DÉCOURAGÉE, RÉALISE QUE POUGKIENMA A RÉUSSI LÀ OÙ ELLE N’A PAS RÉUSSI) Je ne crois pas à cela!
POUGKIENMA :
Pourquoi me regardes-tu comme ça?
POUGPAALA :
(D’UNE POINTE D’ARMERTUME) Bon, je suis partie, les deux amoureux.
ZAKSOOBA :
C’est toi qui as commencé, donc tu vas écouter jusqu’à la fin.
POUGPAALA :
D’accord, Pougkienma, j’écoute. Termine ce que tu veux me dire.
POUGKIENMA :
Je n’ai rien à te dire. Je veux juste te montrer l’importance des plantes alimentaires sauvages. Par exemple : hier, ce sont les écorces du toega que j’ai utilisées pour soigner ma fille Poko.
Hé, tu as des ulcères. Les graines de kieglga sont aussi efficaces contre les ulcères.
POUGPAALA :
(HÉSITANTE) Comment cela fonctionne?
POUGKIENMA :
Il faut enlever les coques des graines et tu trempes les graines dans de l’eau pendant toute une nuit. Le matin, tu bois cette eau à jeun et le soir aussi avant de te coucher.
POUGPAALA :
Comme ça seulement?
POUGPAALA :
Comme ça seulement?
POUGKIENMA :
Oui comme ça seulement. En attendant, tu peux aussi commencer à sucer les graines, ça soulagera ta douleur.

 

SCÈNE 6

DÉCOR:
ÉTAL DE POUGKIENMA AU MARCHÉ
DISTRIBUTION:
POUGPAALA, POUGKIENMA
EFFETS SONORES:
AMBIANCE DE MARCHÉ

POUGKIENMA :
Venez voir le jus de toedo!!!
POUGPAALA :
Bonjour grande sœur.
POUGKIENMA :
Bonjour petite sœur.
POUGPAALA :
Et le marché?
POUGKIENMA :
Dieu merci, ça s’achète, mais petit à petit.
POUGPAALA :
Merci beaucoup Pougkienma. Ton médicament m’a beaucoup soulagée.
Comment puis-je faire pour avoir aussi des plantes sauvages alimentaires?
POUGKIENMA :
Alors, je peux te donner quelques semences d’oseille et de kelebdo [Note de la rédaction: Cleome gynandra] pour semer.
POUGPAALA :
Je serais déjà heureuse d’en avoir quelques-unes pour semer dans mon champ.
EFFETS SONORES :
LES COÉPOUSES SE TAPENT DANS LES MAINS ET RIENT.

Acknowledgements

Rédaction : Abdoul Aziz Nikiema, réalisateur indépendant
Révision : Abel Abga et Safietou Ouedraogo

Le rédacteur aimerait remercier les personnes suivantes pour leur aide pour la rédaction du texte radiophonique :
Minougou Richard, coordonnateur APN-SAHEL
Abga Abel, chargé de programme, APN-SAHEL

La présente nouvelle a été produite grâce au financement de The McLean Foundation.
RRI aimerait également remercier USC Canada et son partenaire local, APN-Sahel, pour l’appui qu’ils ont apporté à la production de cette nouvelle.

Information sources

Adansonia digitata

National Research Council, 2006. Baobab. Chapter 3 in Lost Crops of Africa: volume II: Vegetables. Washington, DC: The National Academies Press. https://www.nap.edu/read/11763/chapter/5

Orwa C, A Mutua, Kindt R , Jamnadass R, S Anthony. Adansonia digitata. In 2009 Agroforestree Database: a tree reference and selection guide version 4.0. World Agroforestry Centre. http://www.worldagroforestry.org/treedb/AFTPDFS/Adansonia_digitata.PDF

South African National Biodiversity Institute, 2004, Adansonia digitata. http://pza.sanbi.org/adansonia-digitata

Balanites aegyptiaca

Orwa C, A Mutua, Kindt R, Jamnadass R, S Anthony. Balanites aegyptiaca. In 2009 Agroforestree Database: a tree reference and selection guide version 4.0. World Agroforestry Centre. http://www.worldagroforestry.org/treedb/AFTPDFS/Balanites_aegyptiaca.PDF

Useful Tropical Plants Database, undated. Balanites aegyptiaca. http://tropical.theferns.info/viewtropical.php?id=balanites+aegyptiaca

Diospyros mespiliformis

Orwa C, A Mutua, Kindt R, Jamnadass R, S Anthony. Diospyros mespiliformis. In 2009 Agroforestree Database: a tree reference and selection guide version 4.0. World Agroforestry Centre. http://www.worldagroforestry.org/treedb/AFTPDFS/Diospyros_mespiliformis.PDF

Pl@nt Use, undated. Diospyros mespiliformis. http://uses.plantnet-project.org/en/Diospyros_mespiliformis_(PROTA)#Diospyros_quiloensis

Hibiscus sabdariffa

Orwa C, A Mutua, Kindt R, Jamnadass R, S Anthony. Hibiscus sabdariffa. In 2009 Agroforestree Database: a tree reference and selection guide version 4.0. World Agroforestry Centre. http://www.worldagroforestry.org/treedb2/AFTPDFS/Hibiscus_sabdariffa.PDF

Interviews :
Yaméogo Jules, animateur
Minougou Antoine
Minougou S. David
Minougou Emmanuel
Minougou Barthélemy
Minougou Ferdinand
Minougou W.P Jean
Minougou Alexandre
Minougou Benoit
Minougou Moussa
Rassam Naba
Ouindiga Edwige
Wangré Salmata
Korogo Bissa
Sorgo Solange
Nikièma Mouniratou
Soubeiga Assèta
Minougou Pelagie

Toutes les interviews ont été réalisées à Toudoumzougou, à Tenkodogo, au Burkina Faso, les 25 et 26 septembre 2017.

Noms communs de plantes sauvages mentionnés dans le texte radiophonique

Adansonia digitata
Afrikaans : kremertartboom
Anglais : baobab, monkey bread, Ethiopian sour gourd, cream-of-tartar tree
Arabe : hahar, tebeldis, gangoleis (fruit)
Bambara : sira, n’sira, sito
Français : baobab (arbre); pain de singe (fruit), calabassier, arbre aux calebasses
Haoussa : kuka (feuilles séchées), miya kuka (sauce)
Jola : buback
Kamba : mwamba muru (Bajun);
Malawi : manyika: mubuyu
Malgache : bozo (dialect sakalava)
Mandinko : sito
Manyika : mubuyu
Masai : olmisera
Mooré : twege
Nankani : tua
Ndebele : umkomo
Peul : bokki, bokchi, boko
Portuguais : imbondeiro
Shona : mayuy, muuyu, tsongoro (semences)
Soudan : tebeldi, humeira
Swahili : mbuyu
Tsonga : shimuwu
Tswana : mowana
Twi : odadie
Venda : muvuhuyu
Wolof : bui, lalo (poudre de feuilles)
Yorouba : luru, ose
Zulu : isimuhu, umshimulu

Balanites aegyptiaca :
Amharique : bedena, shifaraoul
Anglais : desert date, bito tree
Arabe : lalobhidjihiinteishitheglig
Bambara: seguene, zegene, ségé né
Français : dattier du désert, myrobalan d’Égypte, savonnier
Haoussa : aduwa
Luo : otho, sadhto
Mooré : kieglga, kielege, kielega
Somali : kullen
Swahili : mchunju, mjunju
Tamasheq (langue touareg) : taboraq
Turkana : eroronyit
Wolof : sump
Zoulou : umgobandlovu

Cleome gynandra
Afrkiaans : snotterbelletjie
Anglais : Spider plant, cat’s whiskers, spider flower, spiderwisp
Dioula : wouin wouin
Espagnol : volatin, masambey, jasmín de río
Français : feuilles caya, mozambé
Lango : akeo
Malinke : passo-ni-kuna
Mandingo-Bambara : naségé
Mooré : kelebdo
Portuguais : musambe
Rufumbira : isoga
Runyankole/Rukiga: eshogi
Sérère : korgona, safoybidum
Shona : munyevhe
Sotho du Nord : morotho
Swahili : mgagani, mkabili, mkabilishemsi, mwangani, mgange
Venda : murudi
Wolof : gor bu di daw 
Zoulou : ulude

Diospyros mespiliformis
Afrikaans: jakkalbessie
Amharique : ayeh
Anglais: jackalberry, swamp ebony, African ebony, ebony diospyros, West African ebony
Arabe : jughan, abu, seleba, gugham, gughan, abu sebela, jokhan
Bemba : muchenja
Kikuyu : mu-koro
Lozi : mutomwa, mupako, muchenje
Lunda : mutomwa
Mooré : gaanka
Nyanja : mchenja, mchenjasumu, mvimbe
Oshiwambo : eeyandi
Somali : kolati
Swahili : mgiriti, mjoho, mpweke
Tigrigna: ayeh, aye
Tongan : muchenje
Tshivenda : musuma
Tsonga : mgula

Hibiscus sabdariffa
Dioula :
Anglais : roselle, sorrel
Français : ketmie rose; oseille de Guinée
Mooré : bito