Notes au radiodiffuseur
Malgré les progrès réalisés par le gouvernement éthiopien au cours des quatre dernières années pour mettre un terme à la déforestation en plantant 100 millions de semis d’arbres chaque année dans tout le pays, l’objectif étant de planter 20 milliards de semis en l’espace de quatre ans, il reste encore un certain nombre de défis à relever. L’exploitation illégale des forêts, un problème grave à travers le pays, est le principal obstacle. Selon l’Autorité éthiopienne de protection de l’environnement, au moins 22 000 hectares de forêt sont abattus chaque année, ce qui entraîne des inondations, une perte de biodiversité, l’érosion des sols et la pollution de l’eau. Elle engendre également la perte de sols fertiles dans les bassins versants des hautes terres et l’accumulation de limon et de boues dans les systèmes d’irrigation et les réservoirs.
La conversion des forêts en terres agricoles constitue une autre difficulté. Par rapport à il y a 10 ou 15 ans, l’écorégion de la montagne de Balé, qui était un exemple de ce que l’on appelle l’écosystème de la forêt alpine à climat froid/afro du pays, évolue vers des conditions climatiques plus chaudes. En raison de l’abattage des arbres, les renards roux, l’une des espèces phares de la région que l’on ne voyait pas auparavant à proximité des habitations, sont désormais contraints de vivre dans des zones peu boisées et ont même commencé à se reproduire avec les chiens locaux. Des animaux comme les lions et les hyènes migrent vers les coins les plus reculés des forêts de montagne parce que les changements climatiques de l’écosystème ont modifié leur habitat. En outre, en raison de l’érosion des sols causée par la déforestation, la production de maïs et de sorgho a diminué d’au moins 10 quintaux (une tonne) par hectare.
Même s’il reste encore beaucoup à faire, les agriculteur.trice.s locaux/ales utilisent de la paraffine pour cuisiner leurs repas plutôt que de compter uniquement sur les arbres. Le gouvernement et d’autres partenaires sensibilisent également les agriculteur.trice.s aux effets négatifs de l’abattage des arbres, notamment la diminution des rendements agricoles, l’augmentation de la température et la migration accrue des animaux hors des zones forestières. La sensibilisation réduit le nombre d’arbres abattus, ce qui a des effets positifs sur la gestion et la protection des forêts.
Ce texte est basé sur des entretiens réels. Cependant, en raison des troubles en cours en Éthiopie, il était risqué de mener des entretiens en personne, et tous les entretiens ont été réalisés par téléphone. Le premier invité, un agriculteur, parle de la façon dont il protège les arbres dans son quartier et des défis qu’il rencontre à cet égard. Notre deuxième invité parle des causes, des conséquences et des solutions potentielles à la déforestation et à la dégradation des forêts de Balé Mount.
Vous pouvez choisir de produire ce texte sur votre chaîne, en faisant appel à des acteur.trice.s de voix pour représenter les intervenant.e.s. Dans ce cas, veillez à informer votre public au début de l’émission que les voix sont celles d’acteur.trice.s, et non des personnes qui ont participé aux interviews.
Si vous souhaitez créer vos propres programmes sur la déforestation et le reboisement et leur relation avec les problèmes environnementaux et communautaires, parlez aux agriculteur.trice.s et aux autres personnes qui se consacrent au reboisement sur le terrain, ainsi qu’aux expert.e.s qui sont familiarisé.e.s avec les détails de la réussite du reboisement, et aux expert.e.s qui comprennent les avantages du reboisement pour l’environnement. Vous pouvez leur poser des questions telles que celles-ci :
- Quels problèmes locaux vos efforts de reboisement visent-ils à résoudre ?
- Quelles sont les espèces d’arbres que vous plantez, avec quel espacement, et quel est l’objectif de chaque espèce ?
- Quels sont les avantages environnementaux de la reforestation ?
- Quels sont les avantages que la communauté a tirés de la reforestation ?
- Quels sont les défis que vous avez rencontrés et comment avez-vous essayé de les relever ? Ces efforts ont-ils été couronnés de succès ?
La durée estimée avec la musique, l’intro et l’extro, est de 25 minutes.
Texte
La déforestation est l’un des problèmes environnementaux les plus urgents à l’heure actuelle. Il s’agit du processus par lequel les terres boisées perdent leur couvert végétal en raison d’activités humaines telles que l’abattage illégal d’arbres et les feux de brousse.
Selon les Nations unies, 10 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année à travers le monde. De nouvelles forêts se développent à raison d’environ cinq millions d’hectares par an, ce qui permet de compenser la moitié de cette perte.
Selon les chiffres du gouvernement, les forêts représentent 14,7 % de la superficie de l’Éthiopie, et les zones boisées et arbustives 44,7 %. Les forêts sont définies comme des zones où le couvert végétal est dense, tandis que la densité des arbres est plus faible dans les zones boisées. Cependant, dans certaines régions du pays, des pressions s’exercent pour réduire le couvert forestier. Les principales pressions sont l’agriculture itinérante, l’expansion des terres agricoles, les implantations illégales, la recherche de bois de chauffage, l’exploitation forestière illégale, l’exploitation minière et les pressions exercées pour convertir les forêts et les zones boisées en zones résidentielles et commerciales et pour d’autres types de développement.
La poursuite de l’abattage illégal des arbres a eu des répercussions sur le climat, le cycle de l’eau, la qualité des sols et la biodiversité du pays, le rendant plus vulnérable aux phénomènes météorologiques extrêmes. Parmi les mesures qui peuvent être prises pour limiter le taux de déforestation, on peut citer la promotion de la plantation d’arbres en dehors des forêts et les techniques de gestion durable des forêts.
L’écorégion des Monts Balé est l’une des chaînes de montagnes d’Éthiopie où la déforestation est un problème majeur. Les Monts Balé se trouvent dans le sud-est de l’Éthiopie, dans la région d’Oromia, et font partie des hauts plateaux éthiopiens.
Selon Global Forest Watch, la zone de Balé comptait 439 000 hectares de couvert arboré en 2010, soit plus de 8 % de sa superficie. En 2022, elle a perdu 1 000 hectares de couvert arboré, ce qui a entraîné 532 000 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre.
Nous nous entretiendrons avec un agriculteur et un expert en environnement de Goba, une ville et un woreda situés dans la zone de Balé.
Haji Kemal, personnalité éminente de Goba et défenseur des forêts de la région, sera notre premier intervenant. Nous nous entretiendrons ensuite avec Awake Shitaye, expert en environnement auprès de l’Autorité fédérale éthiopienne de protection de l’environnement. Enfin, Muzyin Quanna, spécialiste de l’Autorité de protection de l’environnement de l’Oromia, basée à Balé, sera notre dernier intervenant.
Mais ils ignorent que plus ils coupent d’arbres, plus ils s’exposent à un environnement inconfortable, plus le sol se dégrade et plus il perd ses minéraux, ce qui diminue la production agricole. Les agriculteur.trice.s ont moins de récoltes à proposer sur le marché, ce qui leur donne moins d’argent pour répondre à leurs besoins quotidiens.
Ils savent que le rendement des produits agricoles est plus faible qu’auparavant, que les populations d’abeilles diminuent, que la production de miel est en baisse et qu’ils doivent parcourir de grandes distances avec leur bétail à la recherche de fourrage et d’eau. Je leur explique que cela est dû à l’abattage des arbres. Certains apprennent de leurs erreurs, tandis que d’autres continuent d’abattre des arbres.
Le gouvernement et les ONG ont fait des progrès dans la mise en œuvre de la gestion forestière participative dans l’écorégion de Balé, mais il reste encore beaucoup à faire. L’attitude de certaines personnes à l’égard de la protection et de la conservation des arbres a incontestablement évolué, mais beaucoup reste encore à faire.
Mais vous n’utiliseriez pas les arbres comme combustible si vous saviez que cela entraîne une perte de rendement agricole. Nous utilisons des feuilles et des branches mortes comme combustible, en plus de la paraffine que nous achetons dans une ville voisine.
Nous comprenons que si la production agricole augmente, notre capacité à acheter de la paraffine augmentera également. En augmentant la production, je peux nourrir ma famille et gagner de l’argent. L’un de mes enfants a acheté un minibus et gagne maintenant de l’argent en assurant le transport public dans le cadre de l’effort de diversification des revenus de notre famille.
- Shitaye, quels sont, selon vous, les problèmes locaux que les efforts de reboisement visent à résoudre ?
- Muzyin, un agriculteur m’a informé que de nombreuses personnes aux Monts Balé et dans les zones voisines continuent d’abattre des arbres pour diverses raisons. Que répondez-vous à cela ?
La majorité des gens n’utilisent pas de carburants tels que l’essence et le kérosène parce qu’ils sont trop chers. Nous nous réjouissons que les agriculteur.trice.s aient cessé de couper des arbres, mais ce n’est pas le cas pour certain.e.s d’entre eux.elles. Lorsque nous décrivons les effets néfastes de l’abattage des arbres, certain.e.s agriculteur.trice.s nous demandent quelles sont les options que nous proposons pour remplacer l’utilisation d’arbres pour la cuisson de leurs aliments.
Ils se disent conscients des effets néfastes de l’abattage des arbres, mais ils n’ont pas accès à l’électricité ni à un appareil de cuisson. Nous leur conseillons d’utiliser des branches et des feuilles d’arbres. Et comme de plus en plus d’agriculteur.trice.s ont accès à l’électricité, nous pensons que moins d’arbres seront abattus, car l’utilisation de l’électricité pour cuisiner élimine le besoin de le faire.
Le chômage est un autre facteur qui augmente la perte d’arbres. D’autres facteurs sont la pression démographique, les courtiers qui collaborent avec les agriculteur.trice.s pour couper illégalement des arbres et vendre du bois, le surpâturage, l’utilisation commerciale accrue du bois et la migration vers des zones boisées pour survivre.
Les familles comptent en moyenne six ou sept membres, et certaines en comptent jusqu’à douze. Ces familles commencent à couper des arbres pour les vendre lorsqu’elles ont du mal à vivre de l’agriculture. Elles coupent également des arbres pour construire leurs maisons. Les habitants de la région dépendent de l’agriculture pour leur subsistance et, lorsque celle-ci échoue, ils se tournent immédiatement vers les ressources forestières de la région.
Les rendements agricoles du maïs, du sorgho et du blé ont diminué dans certains endroits en raison de l’érosion des sols. Alors que les agriculteur.trice.s recevaient jusqu’à 40 quintaux (quatre tonnes) en moyenne par hectare, ils en reçoivent aujourd’hui moins de 30.
Les abeilles étaient très répandues et de nombreux particuliers élevaient des colonies d’abeilles pour produire du miel. Mais le nombre de colonies est inférieur à ce qu’il était il y a 10 ou 15 ans.
Un autre effet sur la biodiversité de la région est que certains animaux, comme les chacals rouges, sont obligés de se déplacer lorsque les arbres de leur habitat naturel sont abattus. Les mangeurs de plantes, comme les nyalas des montagnes, évitent les humains et migrent vers l’intérieur, dans les parties les plus profondes de la forêt. Lorsque les prairies sont utilisées pour l’agriculture, les animaux de pâturage luttent pour survivre. En outre, les herbes médicinales traditionnelles ne poussent pas ou produisent moins.
Une autre solution consiste à diversifier les sources de revenus des populations. Le secteur des services, par exemple les hôtels et les restaurants, ainsi que le secteur public, sont peu développés. Il n’y a pratiquement pas d’industrie manufacturière. Comme on peut le voir dans de nombreux autres pays, les secteurs de l’industrie et des services fournissent des emplois à un grand nombre de personnes, en particulier les jeunes. Si nous investissons un million de dollars, nous pourrons attirer davantage de touristes aux Monts Balé, qui abrite de nombreux animaux rares.
De même, en utilisant les terres en jachère, inutilisées et marginales le long des routes, des voies ferrées, des courbes de niveau, des avenues et des frontières, ainsi que les terres qui ne sont pas les mieux adaptées à la production agricole, nous pouvons protéger les terres forestières et cesser d’empiéter sur elles.
La promotion de techniques forestières durables telles que l’abattage sélectif, la replantation et le reboisement est une autre réponse. Enfin, des efforts peuvent être déployés pour renforcer l’application de la loi et lutter contre la corruption, ce qui peut contribuer à freiner l’exploitation forestière illégale et d’autres activités qui contribuent à la déforestation.
Les témoins de l’abattage d’arbres n’ont pas toujours gain de cause lorsqu’ils témoignent au tribunal de l’abattage illégal. Les procédures sont complexes et peuvent parfois sembler biaisées à l’encontre des témoins. Par conséquent, peu de personnes qui enfreignent les lois sont condamnées.
Il faut également poursuivre les fonctionnaires corrompus et les personnes responsables des lois et politiques forestières, ainsi que les bûcherons illégaux.
Le grand public manque de connaissances et d’informations sur les forêts et la foresterie. Les gestionnaires forestiers et les décideurs politiques doivent être bien formés et comprendre la complexité des facteurs écologiques, économiques, sociaux, culturels et politiques qui interagissent entre eux.
Cet objectif a entraîné la conversion des forêts en terres agricoles. La forte dépendance de la région à l’égard de l’agriculture et le manque de diversification économique dans la zone sont deux raisons majeures pour lesquelles les gens coupent les arbres.
Mais l’abattage des arbres entraîne l’érosion des sols et la baisse des rendements agricoles. En outre, le renard roux, le lion, le singe et d’autres animaux sauvages qui vivaient dans la région migrent désormais à la recherche d’un environnement plus sûr en raison des changements climatiques de plus en plus marqués.
Les outils les plus importants pour réduire la déforestation dans la région sont la sensibilisation et la diversification des revenus en stimulant les secteurs des services et de l’industrie. Des actions visant à protéger la forêt de Balé sont nécessaires, et toutes les parties – organismes gouvernementaux, entreprises, particuliers et médias – ont un rôle à jouer dans les efforts déployés pour réduire la déforestation.
Nous vous remercions sincèrement d’avoir suivi notre émission. Nous sommes très reconnaissants à nos invités qui ont bien voulu partager avec nous leur sagesse et leur expertise. Jusqu’à ce que nos chemins se croisent à nouveau, nous vous disons au revoir.
Acknowledgements
Rédigé par : Tesfaye Getnet, Rédacteur en chef de Fidelpost.com
Révisé par : Adane Kebede, Chef de projet, Programme pour la Résilience Climatique,
Université d’Addis-Abeba, Centre et Réseau Régional de l’Environnement pour la Corne de l’Afrique.
Interviews :
Haji Kemal, agriculteur, Goba, Septembre 2023
Muzyin Quanna, expert en environneent, Goba, Septembre 2023
Awake Shitaye, expert en environnement, Autorité éthiopienne de protection de l’environnement, Addis-Abeba, Éthiopie, Septembre 2023