La recherche au Rwanda vise une bonne production des patates douces

Cultures agricoles

Notes au radiodiffuseur

Enregistrez et révisez cette ressource sous forme de document Word.

Depuis près d’un siècle, les rwandais cultivent et mangent des patates douces. Au fil des années, cette culture est devenue de plus en plus populaire. Presque tous les agriculteurs rwandais cultivent des patates douces, mais ce sont surtout les femmes et les enfants qui les consomment. Les familles mangent habituellement les patates douces qu’elles cultivent parce que cette culture rapporte très peu d’argent sur le marché.

Les techniciens agricoles du gouvernement ne se concentrent généralement pas sur la production des cultures de patates douces pour plusieurs raisons : 1) les patates douces sont seulement pour la consommation et non pour l’exportation; 2) comme ces cultures se détériorent vite, leur stockage est difficile; 3) les patates douces sont surtout pour les petits paysans; et 4) elles ne sont pas toujours rentables. Cependant, l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR) est une agence gouvernementale qui effectue des recherches pour améliorer la qualité et la quantité des patates douces du Rwanda.

Donner des conseils à des agriculteurs n’est pas facile. Parfois, lesdites recherches sont en conflit avec les pratiques culturales des rwandais car les agriculteurs aimeraient continuer à mettre en pratique des méthodes traditionnelles. Le présent texte aidera les agriculteurs rwandais et d’autres rwandais à connaître ce qui se fait dans le cadre des recherches sur les patates douces au Rwanda. Cette connaissance aidera les agriculteurs rwandais à améliorer leurs techniques agricoles pour une bonne production des patates douces.

Ce texte est basé sur des interviews réelles menées auprès d’un chercheur et d’agriculteurs, au Rwanda. Pour la production de ce texte sur votre station, vous pouvez choisir d’utiliser les voix d’acteurs pour jouer le rôle des participants à l’interview, et changer la formulation du texte pour l’adapter à votre situation locale. Dans ce cas, veuillez vous assurer d’informer votre auditoire dès le début de l’émission que les voix sont celles d’acteurs, pas celles des personnes interrogées à l’origine, et que le programme a été adapté à votre auditoire local mais se base sur de vraies interviews.

Texte

Montée de l’indicatif musical pour commencer l’émission. L’indicatif musical est fondu après 15 secondes et enchaîné sous la voix de l’animateur.

ANIMATEUR :
Chers amis auditeurs et auditrices de Radio Salus, bonjour et bienvenue à l’émission d’aujourd’hui, une émission qui parle essentiellement de l’agriculture comme d’habitude. Le thème de cette émission est « La recherche au Rwanda vise une bonne production des patates douces ». Durant cette émission, nous allons parler des travaux de recherche que l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR) effectue pour améliorer la quantité et la qualité de la production des patates douces. C’est une émission préparée et présentée par Jean Paul Ntezimana : restez avec nous!

Pause musicale de 10 secondes puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR:
Chers auditeurs et auditrices, comme vous le savez, 95 % des rwandais sont des agriculteurs. Ils produisent des cultures vivrières et des cultures industrielles. Parmi les cultures vivrières connues dans tout le pays figurent les patates douces. Comme l’émission d’aujourd’hui est consacrée aux travaux de l’ISAR pour augmenter la production des patates douces au Rwanda, nous avons invité Ndirigwe Jean, chercheur à cet institut, à venir nous parler. Bonjour M. Ndirigwe et bienvenue aux studios de Radio Salus!

NDIRIGWE :
Bonjour Jean Paul et merci de m’avoir invité!

ANIMATEUR :
M. Ndirigwe, vous êtes un chercheur expérimenté dans la production des patates douces et vous êtes chef du programme de recherche sur les patates douces à l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR); est-ce que vous pouvez nous raconter brièvement l’histoire des patates douces au Rwanda?

NDIRIGWE :
(son ton est bas et il parle lentement) L’histoire des patates douces au Rwanda est modeste. Les patates douces ont été introduites au Rwanda pour la première fois par les guerriers de Kigeri iv Rwabugiri lors de la guerre du Rwanda contre Nkole, aux environs de 1880. Plus tard, les patates douces ont été cultivées dans les missions de l’Église Catholique. Avec la création de l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda (ISAR) dans les années 1930, le programme de recherche sur les patates douces a commencé.

Différentes variétés ont été introduites et leur distribution aux agriculteurs était rapide. Les patates sont devenues populaires au Rwanda à cause de leur tolérance à la sécheresse, surtout dans les régions de basse et moyenne altitude. Aujourd’hui, le Rwanda vient au premier rang en Afrique pour la consommation des patates douces et au troisième rang pour la production des patates douces. Selon le ministère de l’Agriculture du Rwanda, les Rwandais produisent en moyenne 300 kilos de patates douces par an. En outre, les patates douces occupent la deuxième place en superficie cultivable dans le pays après les bananes.

ANIMATEUR :
M. Ndirigwe, vous dites que les patates douces sont cultivées dans tout le pays. Au début du mois, nous nous sommes rendus à Gasharu, dans la Province du Sud, au centre du pays. Jeannette Uwizeye est agricultrice. Elle cultive les patates douces mais, comme c’est le début de l’été, elle a déjà terminé les travaux de récolte et elle est à la maison. Je lui ai demandé comment elle trouve la production des patates douces.

Mme JEANETTE :
J’habite ici à Gashauru depuis mon mariage et aujourd’hui j’ai quelques enfants. La famille de mon mari cultivait les patates douces. Mon mari et moi, nous les cultivons aussi. Nous avons différentes variétés comme Nsasagatebo, Mugande, Ndamirabana, Rukubinkondo; il y en a beaucoup en fait. Il est vrai que nous ne manquons pas de patates douces pendant toute l’année, mais notre production de patates douces à Gasharu n’est pas bonne. Peut-être que les variétés de patates douces que nous utilisons sont vieilles.

M. THÉOGÉNÈSE Sindikubwabo :
(interrompant) Non, je crois que les patates douces que nous produisons ici à Gasharu sont suffisantes. Comme vous le savez, les patates douces sont cultivées pour nourrir les femmes et les enfants. Mais attention, une famille qui comprend des enfants et qui n’a pas sa parcelle de patates douces, cette famille n’a pas de paix.

ANIMATEUR :
La voix que vous venez d’entendre est celle de M. Théogène Sindikubwabo, voisin de Jeannette Uwizeye. Tous les deux sont habitants de Gasharu, dans le district de Muhanga. Comme vous l’avez sûrement constaté, les patates douces sont des cultures très importantes pour les familles rwandaises.

Pause musicale de 10 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR:
M. Ndirigwe, vous venez d’entendre l’avis des agriculteurs de Gasharu à propos de la production des patates douces: qu’est-ce que vous en dites?

NDIRIGWE :
Jeannette a raison. Les variétés que nous avons aujourd’hui dans notre pays sont vieilles. Les variétés des cultures, comme les humains, peuvent vieillir. C’est pourquoi nous avons entamé des recherches pour trouver de nouvelles variétés qui peuvent donner un meilleur rendement de patates douces au Rwanda. Par ces travaux, nous venons de trouver que les variétés de patates douces blanches peuvent donner un rendement supérieur à celui des vieilles variétés. Comme l’a évoqué M. Sindikubwabo Théogène, au Rwanda les patates douces sont plus consommées par les enfants et les femmes. Certaines vieilles variétés ont une chair jaune ou orange. Nous avons trouvé que les patates douces oranges sont riches en vitamine A; malheureusement, elles ne donnent pas une bonne production, mais elles sont très nutritives. Les recherches sur les nouvelles variétés se concentrent sur l’obtention de variétés de patates douces qui sont riches en vitamine A.

Je crois que vous avez bien choisi le lieu de notre visite parce que Gasharu est notre site de recherche socio-économique. Dans le cadre de la participation des agriculteurs à la recherche, nous avons des parcelles de recherche sur les patates douces à Gasharu.

Mises à part les variétés qui vieillissent, la mauvaise production de patates douces est également due aux méthodes culturales de nos agriculteurs. Ils utilisent des méthodes traditionnelles. Dans un mètre carré, l’agriculteur plante dix boutures de plus de six variétés; c’est vraiment impossible de donner un meilleur rendement. Mais nous allons essayer de leur montrer que, dans les meilleures méthodes agricoles, on plante seulement trois boutures d’une seule variété.

Pause musicale de 10 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

ANIMATEUR :
Merci M. Ndirigwe, voulez-vous ajouter quelque chose d’autre avant de conclure l’émission?

NDIRIGWE :
Ce que je voulais ajouter c’est qu’il y a d’autres problèmes qui empêchent nos agriculteurs d’avoir une bonne production de patates douces. Ici, je peux mentionner les attaques virales et autres que les agriculteurs, aidés par les agronomes locaux, peuvent combattre.

Cependant, le mot agronome me rappelle une chose, c’est que le programme agricole du gouvernement n’a pas toujours considéré les patates douces. Elles ne sont pas une priorité comme les cultures céréalières, les maniocs et les cultures industrielles. C’est vraiment un problème!

ANIMATEUR :
Après tous ces problèmes et solutions que vous voulez y apporter, qu’est-ce vous comptez faire dans les jours qui viennent.

NDIRIGWE :
Nous allons poursuivre nos travaux, surtout renforcer nos programmes avec les agriculteurs. L’ISAR va bientôt promouvoir la recherche sur le stockage des patates douces. Elles pourrissent vite à cause de la grande quantité de glucose, une sorte de sucre. L’ISAR a commencé aussi la recherche sur la transformation des patates douces pour diversifier leur consommation. Il s’agit de trouver la farine de patate douce qui peut être utilisée dans la préparation de gâteaux, pâtes et autres aliments. Toutes ces recherches pourront changer la mentalité que les patates douces sont seulement un aliment pour les femmes et les enfants au Rwanda.

ANIMATEUR :
Chers auditeurs et chers agriculteurs, nous espérons que vous avez appris ce que font les chercheurs pour augmenter la quantité et la qualité des patates douces produites. Nous espérons aussi que quelques techniques visant à augmenter la production des patates douces, évoquées pendant cette émission, vous seront utiles.

Merci, M. Jean Ndirigwe, pour les explications concernant vos travaux de recherche sur les patates douces. Je rappelle à nos auditeurs que vous êtes chercheur et chef du programme des patates douces à l’Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda. Merci, chers auditeurs, de nous avoir suivis; vous étiez en compagnie de Jean Paul Ntezimana, à la prochaine!

Acknowledgements

Rédaction : Jean Paul Ntezimana, journaliste de Radio Salus.

Révision : Robert Mwanga, Chargée de recherche sur les patates douces, National Agricultural Research Organisation, National Crops Resources Research Institute, à Kampala, en Ouganda.

Merci également à Gilbert Ndikubwayezu, journaliste à Radio Salus.

Information sources

Jean Ndirigwe, 2006. Adaptability and acceptability of orange and yellow-fleshed sweet potato genotypes in Rwanda, Université de Makerere, Kampala.

Ruben L. Villareal et T.D. Griggs, rédacteurs, 1982. Sweet Potato: Proceedings of The First International Symposium, Asian Vegetable Research and Development Shanhua, Tainan, Taïwan, Chine, 1982.

ISAR Rubona, Rwanda 2008. Botany, origin, Spread and Distribution of sweet potato.