La purification des veuves : de bonnes intentions – des conséquences négatives

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La purification des veuves est une pratique au cours de laquelle une veuve doit avoir des relations sexuelles avec un frère ou un autre parent de son mari, ou avec un purificateur du village. Cet acte se déroule avant qu’elle soit acceptée en mariage par le frère ou l’autre parent de son défunt mari et, dans la tradition kenyane, cela est destiné à fournir une protection à la veuve, à ses enfants et à tout le village.

Cette tradition existe non seulement au Kenya mais dans des pays comme la Zambie, le Malawi, l’Ouganda, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Ghana, le Sénégal, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Congo et le Nigeria. Il est important de faire remarquer que la signification et le but de la purification des veuves peuvent différer dans des cultures différentes, des pays différents et des régions différentes. Si la purification des veuves a une signification et un but différent pour votre auditoire, veuillez adapter le texte en conséquence.

Même si les adeptes traditionnels de cette pratique avaient de bonnes intentions, dans le présent texte nous entendrons parler de quelques-unes de ses conséquences négatives.

Il est important de noter que les femmes ont commencé à rejeter cette tradition et que les politiciens et d’autres leaders commencent à s’y opposer.

Texte

Thème musical. Montée et fondu enchainé sous la voix de l’animateur.

Animateur :
Salut, chers auditeurs et auditrices! Bienvenue à notre émission d’aujourd’hui qui porte sur les traditions africaines de purification des veuves. Bien que la purification des veuves soit en voie de devenir chose du passé dans de nombreux endroits en raison du degré élevé de sensibilisation au VIH et au sida, elle est encore pratiquée dans certaines collectivités. Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la partie occidentale du Kenya. Vous pourriez entendre des conseils utiles pour contribuer à sauver des vies face aux conséquences négatives engendrées par cette pratique. Notre orateur invité M. Ogola nous guidera dans l’exploration de ce problème. Restez à l’écoute.

Montée du thème musical, puis fondu enchainé sous la voix de l’orateur et coupure.

M. Ogola :
Bienvenue chers auditeurs et auditrices. La purification des veuves, ou purification sexuelle, est une tradition dans de nombreuses cultures de l’Afrique, dont certaines cultures du Kenya. Dans certaines cultures, les funérailles d’un mari se terminent habituellement par un rituel final qui implique une relation sexuelle entre la veuve et un des parents de son mari. Cela est destiné à briser le lien avec son esprit. On dit que cette pratique la sauve, ainsi que le reste du village, de la folie ou de la maladie. Les veuves l’ont longtemps tolérée et les chefs traditionnels l’ont endossée comme une tradition incontestée de la vie dans l’Afrique rurale.

La purification des veuves remonte à des siècles et elle est enracinée dans la croyance qu’une femme est hantée par les esprits après le décès de son mari. On pense également qu’elle est impie et « perturbée » si elle n’est pas mariée et s’abstient d’avoir des relations sexuelles pendant un certain temps. Une autre croyance traditionnelle affirme que toute la collectivité sera hantée si une veuve n’a pas été purifiée. Dans bien des cas, une veuve doit subir ce rituel afin de pouvoir être acceptée en héritage par un frère ou un autre parent de son mari.

Dans l’ouest du Kenya, la tradition de la purification des veuves et de l’héritage est pratiquée par un certain nombre de collectivités qui, et ce n’est pas un hasard, ont également le taux le plus élevé d’infection par le VIH au pays. Par exemple, en 2000 le taux de prévalence du VIH dans la province de Nyanza, où la purification et l’héritage des veuves sont plus couramment pratiqués, atteignait 22 pour cent, comparativement à un taux national d’infection par le VIH de 13 pour cent. Malgré les risques, la tradition de la purification des veuves et de la femme donnée en héritage se poursuit parce que la plupart des veuves estiment ne pas avoir d’autre solution. Si elles refusent, elles risquent le rejet par leurs familles et leurs collectivités.

(Courte pause) Je pense fortement que la purification des veuves est une coutume qui refuse aux femmes leurs droits humains fondamentaux et augmente leur risque d’infection par le VIH. La veuve ne risque pas seulement une infection par le VIH. Elle risque également de perdre tous ses biens si l’homme qui la reçoit en héritage ne l’aime pas vraiment, mais veut seulement hériter de la propriété de sa famille. Ce n’est pas seulement la purification des veuves qui favorise la propagation du VIH, mais d’autres coutumes comme la polygamie, l’échange d’une épouse contre une terre ou du bétail et le don d’une dot. Ces coutumes exposent les femmes au risque d’infection parce que les parties concernées ne passent pas de tests de dépistage du VIH. Les femmes sont également à risque car les relations sexuelles ne se déroulent pas par consentement mutuel.

Pause musicale. Montée de la musique puis fondu enchainé.

M. Ogola :
Nous sommes de retour. La crise du VIH et du sida oblige dorénavant les gens à réfléchir davantage à la pratique de purification de la femme veuve et à d’autres pratiques culturelles. Ces pratiques sexuelles traditionnelles peuvent traiter les jeunes filles et les femmes comme si elles avaient moins de dignité humaine que les hommes. Je suis heureux de constater que les leaders politiques et tribaux commencent à se prononcer publiquement contre la purification sexuelle, en la condamnant comme un des moyens de propagation du VIH. Ils commencent maintenant à comprendre que les femmes, comme les hommes, ont besoin de leur tranquillité d’esprit et d’avoir le droit de déterminer leur avenir. Les femmes ont aussi besoin d’avoir accès à un lopin de terre à cultiver pour être égales aux hommes et à d’autre ressources nationales, notamment l’emploi. Certains commencent à comprendre que ce qui tue les femmes ce n’est pas leur ignorance mais plutôt leur fidélité constante envers leurs maris et l’ensemble de la collectivité. Alors que les hommes peuvent vagabonder, même dans le mariage, on s’attend à ce que les femmes demeurent fidèles. Chers auditeurs et auditrices, il faut espérer que nous commençons à apprendre quelque chose à propos du respect des droits des femmes. Il faut espérer que nous apprenons que, lorsque nous donnons aux femmes des possibilités égales à celles des hommes, les familles, les collectivités et le pays tout entier en bénéficient. Les droits des femmes ne devraient pas être interprétés à tort comme conduisant à l’éclatement de la famille. Au contraire, ils devraient être mis en place comme un moyen d’aider deux amoureux à partager des idées et des projets pour construire une famille solide et grandir ensemble avec plus de sagesse et de force. Merci.

Montée de la musique puis fondu enchainé.

Animateur :
Nous avons entendu beaucoup de choses de la bouche de M. Ogola. Il a défini la purification des veuves et sa pratique. Il a déclaré que la purification des veuves n’est pas seulement pratiquée dans certaines cultures du Kenya, mais dans d’autres pays de l’Afrique. Nous avons également entendu quelques-unes des conséquences négatives de cette pratique. J’espère que les paroles de M. Ogola nous aideront à sauver nos frères et nos s?urs de la souffrance. Merci de nous avoir écoutés et au revoir.

Montée de la musique puis sortie en fondu enchainé.

Acknowledgements

Rédaction : Rachel Awuor, Ugunja Community Resource Centre, Ugunja, Kenya.
Révision : Christine Lwanga, présidente de Daughters of Africa, Inc., et consultante pour le projet de l’Agence canadienne de développement international intitulé « VIH/sida, femmes et développement » en Ouganda, au Malawi et au Ghana; Flossie Gomile, ancienne doyenne des études et des recherches supérieures au Malawi Polytechnique, actuellement Haut-commissaire adjointe auprès du Royaume-Uni au Malawi. Merci à Elaine McNeil, consultante en éducation, genre et VIH/sida et gestionnaire du projet « VIH/sida, femmes et développement » avec Daughters of Africa.

Information sources

Les normes universelles qui offrent un cadre pour les droits humains des femmes dans la collectivité internationale englobent :

  • la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF);
  • la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence faite aux femmes;
  • la Plate-forme d’action de Beijing; et
  • le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatifs aux droits des femmes en Afrique.

La plupart des pays d’Afrique ont ratifié ces conventions et ces protocoles et il faut intensifier les efforts de revendication afin que les gouvernements soient tenus responsables de leurs obligations et de leurs promesses. Les gouvernements sont poussés lentement par les leaders du nouveau mouvement pour les droits des femmes de la région, qui estiment que le manque de contrôle sur leur vie sexuelle est une cause principale du fait que 60 pour cent des personnes infectées par le VIH en Afrique sub-saharienne sont des femmes.