Notes au radiodiffuseur
La littératie médiatique et les DSSR, Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction permettent aux individus d’accéder, d’analyser et d’évaluer de manière critique l’information sur la santé sexuelle et reproductive. Elle joue un rôle fondamental dans la promotion et la protection des DSSR , garantissant un accès éclairé aux informations et services et à des choix concernant leur corps et leur santé, sans discrimination, ni désinformation.
La littératie médiatique désigne la capacité à analyser et à évaluer de manière critique les informations provenant de diverses sources, afin de prendre des décisions éclairées, notamment en matière de santé. Les DSSR sont des droits humains qui assurent à chaque individu, la liberté de prendre des décisions éclairées sur sa sexualité et sa reproduction, y compris l’accès, sans contrainte, à l’éducation sexuelle, à la contraception, et la protection contre la violence et la discrimination.
Le lien entre les deux réside dans l’accès à des informations fiables. Ce qui permet d’éviter les risques liés à la désinformation, notamment sur des sujets sensibles comme la contraception, l’avortement ou les infections sexuellement transmissibles.
Ce texte radiophonique explore la littératie médiatique en lien avec les DSSR , tout en abordant les conséquences de la désinformation et de la mésinformation. Il donne la parole à trois acteurs clés : Madame Ange Noa, étudiante à l’Université d’Abidjan-Cocody et survivante de la désinformation ; Madame Bamoli Vanessa, ingénieure et présidente d’une association soutenant les personnes vivant avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ; et Monsieur Kébé Mamady, expert des médias.
Pour produire une émission similaire sur la littératie médiatique et les DSSR , vous pourriez vous inspirer de ce texte. Si vous décidez de le présenter dans le cadre de votre émission régulière, vous pouvez choisir des acteurs et actrices vocales ou des animateurs et animatrices pour représenter les personnes interviewées. Dans ce cas, veuillez informer votre auditoire au début de l’émission, qu’il s’agit de voix d’acteurs et d’actrices ou d’animateurs et d’animatrices et non celles des véritables personnes interviewées.
Si vous souhaitez créer des émissions sur la littératie médiatique et les DSSR , entretenez-vous avec une victime, un expert des médias et un spécialiste des droits sexuels et reproductifs.
Vous pourriez par exemple, poser les questions suivantes à vos interlocuteurs :
- Quand on parle de DSSR, Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction, qu’est-ce que ça représente pour vous?
- Quel rôle les médias doivent-ils jouer pour garantir un accès à des informations fiables sur la santé reproductive?
- Comment la désinformation peut-elle affecter les décisions des individus en matière de santé sexuelle et reproductive?
- Quelles sont les principales stratégies pour améliorer la littératie médiatique sur les DSSR ?
Durée de l’émission, y compris l’intro et l’extro : 25 à 30 minutes.
Texte
MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ
ANIMATEUR.TRICE
: Bonjour, chers auditeurs et auditrices! Soyez les bienvenus sur nos antennes et merci de nous suivre. Notre émission du jour porte sur la littératie médiatique et les DSSR, Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction. Nous nous baserons sur le cas d’une jeune femme pour mieux aborder et comprendre cette problématique.
Nous commencerons par discuter avec Madame Ange Noa, étudiante à l’Université d’Abidjan-Cocody et survivante de la désinformation. Elle nous expliquera comment cette mésinformation a eu des conséquences néfastes sur sa santé sexuelle et reproductive. Ensuite, nous allons explorer avec Madame Bamoli Vanessa, ingénieure et présidente de l’association de soutien aux personnes vivant avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), les initiatives des ONG pour lutter contre ce phénomène. Elle partagera son expérience et notamment ce qu’elle met en place pour accompagner les femmes touchées par ce syndrome.
Enfin, nous accueillerons Monsieur Kébé Mamady, expert des médias, qui nous parlera de l’importance de la vérification des informations et des stratégies pour limiter les effets néfastes de la désinformation. Il partagera également des conseils pratiques pour améliorer notre littératie médiatique, notamment sur la vérification des sources et la détection des fausses informations.
MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ
ANIMATEUR.TRICE
: Bienvenue, Madame Ange Noa. Merci d’avoir accepté notre invitation. Vous êtes une victime de la mésinformation. Ce qui vous a causé des complications au niveau sanitaire, dites-nous comment vous avez vécu cette situation.
ANGE NOA
: Je souffrais d’un dysfonctionnement menstruel qui m’empêchait de contracter une grossesse. Vivant en concubinage avec mon chéri, je suis devenue la risée de tous, même les proches de mon mari me traitaient de femme au ventre chaud. Les médicaments que je prenais ne me faisaient aucun effet. Malgré les diagnostics et les analyses, on ne trouvait rien. Mon chéri trouvait que je ne faisais que gaspiller son argent. Désemparée, j’ai décidé de chercher des informations sur le net en lien avec les symptômes que j’avais, dans l’espoir de trouver un traitement approprié pour guérir et rendre mon chéri heureux. Son ardent désir était d’avoir un enfant. Ce désir et mes recherches, au lieu de changer ma vie, m’ont plongée dans une profonde détresse. Je me suis retrouvée face à un mur d’incompréhension et de solitude. Cette épreuve a gravement affecté ma santé mentale, me laissant avec un sentiment constant de stress, de colère et de tristesse. C’est ce qui m’a poussée à chercher encore plus d’informations sur internet, dans l’espoir de trouver des solutions à mon problème et de pouvoir revivre, car je ne me sentais plus vraiment sur cette terre des hommes.
ANIMATEUR.TRICE
: Merci beaucoup, Madame Noa, pour ce témoignage émouvant. Vous avez mentionné que vous souffriez de dysfonctionnements menstruels et que vos recherches en ligne ont, malheureusement, aggravé la situation. Pouvez-vous nous parler des symptômes ou des problèmes menstruels spécifiques que vous avez rencontrés? Surtout de la période avant et après avoir commencé à chercher des conseils en ligne
ANGE NOA
: Avant d’être informée sur le SOPK, Syndrome des Ovaires Polykystiques et de chercher des conseils en ligne, mes menstruations étaient très irrégulières. Parfois, je n’avais mes règles que tous les 3 à 4 mois, et elles arrivaient souvent de manière imprévisible avec des saignements abondants. Avant mes règles, je ressentais des variations d’humeur, de la sensibilité au sein, des ballonnements et une fatigue persistante.
Après avoir cherché des conseils en ligne, j’ai essayé différents traitements, mais les changements dans mes cycles étaient souvent temporaires. Certains médicaments que j’ai pris pour gérer mes symptômes ont eu des effets secondaires indésirables comme des vomissements et des malaises.
Mes expériences avec le SOPK, avant et après mes recherches en ligne, ont été complexes. L’incompréhension autour de mes symptômes, ajoutée aux effets négatifs des traitements inappropriés, a eu un impact significatif sur ma santé physique et mentale.
ANIMATEUR.TRICE
: Ces symptômes ont vraiment affecté votre vie. Cela a dû être extrêmement frustrant, surtout avec l’incertitude des traitements. Quelles sortes de conseils ou de traitements avez-vous trouvés sur Internet concernant vos menstruations et le SOPK et qu’est-ce qui vous a poussée à essayer ces solutions?
ANGE NOA
: Sur Internet, j’ai trouvé des recommandations sur des régimes alimentaires spécifiques, des suppléments de vitamines comme l’acide folique et l’inositol, des exercices physiques, ainsi que des remèdes à base de plantes. Certaines personnes parlaient également de l’utilisation de contraceptifs hormonaux pour réguler les cycles.
J’ai été poussée à essayer ces solutions par le désir de retrouver un équilibre dans mes menstruations et de soulager mes symptômes, qui avaient un impact significatif sur ma qualité de vie. L’angoisse causée par l’irrégularité de mes règles et la recherche de réponses rapides m’ont amenée à explorer ces options en espérant une amélioration.
ANIMATEUR.TRICE
: Quels changements notables avez – vous observés dans votre santé ou dans la régularité de vos cycles menstruels après avoir commencé ce traitement proposé par internet?
ANGE NOA
: J’ai observé des changements notables dans ma santé après avoir commencé ces traitements, mais malheureusement, ils ont été principalement négatifs. Au début, je pensais que certaines solutions en ligne pouvaient m’aider à régulariser mes cycles menstruels. Cependant, les traitements que j’ai essayés ont provoqué des effets secondaires indésirables, tels que la fatigue extrême, les maux de tête fréquents et des sautes d’humeur. J’ai également éprouvé des nausées et des vomissements, ce qui a rendu mes journées de plus en plus difficiles. Finalement, au lieu d’améliorer ma situation, ces changements ont considérablement détérioré ma santé physique et mentale, me laissant désillusionnée et inquiète pour mon bien-être à long terme.
ANIMATEUR.TRICE
: Ressentir une détérioration de ta santé alors que vous cherchiez justement à l’améliorer est vraiment éprouvant. Après ces complications, avez-vous consulté un professionnel de santé?
ANGE NOA
: Après avoir constaté les effets négatifs de mes auto-traitements, j’ai dû consulter un professionnel de santé. Mon médecin m’a écoutée, a réalisé des examens, et m’a recommandé d’arrêter l’automédication. Il m’a proposé un plan de soins adapté, incluant une alimentation équilibrée, pauvre en sucres raffinés, de l’exercice régulier, et éventuellement des contraceptifs hormonaux pour réguler mes cycles sans aggraver mes symptômes. Il m’a aussi suggéré de tenir un journal de mes cycles et symptômes pour suivre l’évolution du traitement. Depuis, je me sens mieux accompagnée et en confiance dans la gestion de mon SOPK.
ANIMATEUR.TRICE
: Avec le recul, quels conseils donneriez-vous à d’autres jeunes filles qui pourraient envisager de suivre des traitements médicaux trouvés en ligne pour des problèmes menstruels ou le SOPK?
ANGE NOA
: Je leur conseillerais fortement d’être prudentes lorsqu’elles envisagent de suivre des traitements médicaux trouvés en ligne pour des problèmes menstruels ou le SOPK. Avant de commencer toute forme de traitement, il est crucial de faire confiance aux médecins, quitte à en consulter plusieurs, et de les laisser vous guider tout en suivant leurs recommandations . Ils peuvent fournir des conseils adaptés et basés sur des preuves scientifiques. Si vous trouvez des conseils en ligne, vérifiez toujours la crédibilité des sources. Évitez les recommandations qui semblent trop belles pour être vraies ou qui manquent de fondement médical. Soyez attentives aux réactions de votre corps. Si un traitement provoque des effets secondaires indésirables, il est important d’en parler à un professionnel de santé. Prendre des médicaments ou des suppléments sans avis médical peut aggraver la situation et perturber davantage votre santé.
ANIMATEUR.TRICE
: Merci, Madame Ange Noa pour votre témoignage. Nous retenons qu’en matière de santé, il faut toujours recourir à un professionnel de santé même si proposition est faite sur internet.
JINGLE
Parlons maintenant du SOPK, syndrome des ovaires polykystiques avec Madame Bamoli Vanessa, ingénieure et présidente d’une association de personnes vivant avec que nous avons la joie de recevoir. Bienvenue à vous et merci pour votre disponibilité. Vous qui intervenez sur les questions de santé sexuelle et reproductive, comment définit-on le SOPK?
BAMOLI VANESSA
: Le SOPK, ou syndrome des ovaires polykystiques, est un trouble hormonal courant chez les femmes en âge de procréer. Les principaux symptômes portent sur les troubles hormonaux. En effet, les femmes atteintes de SOPK produisent souvent des niveaux excessifs d’androgènes, qui sont des hormones masculines. Cela peut entraîner divers symptômes. Les ovaires peuvent avoir une taille plus importante et contenir de nombreux petits kystes (follicules non développés), ce qui peut être visible lors d’une échographie. Les femmes avec un SOPK peuvent éprouver des cycles menstruels irréguliers ou absents, ce qui peut affecter la fertilité.
ANIMATEUR.TRICE
: Quelles sont les formes les plus courantes de désinformation que vous observez dans ce domaine et comment celles-ci impactent-elles la santé des jeunes?
VANESSA BAMOLI
: La désinformation sur les règles et la fertilité est fréquente. Beaucoup de femmes pensent, à tort, qu’un cycle irrégulier ou absent empêche forcément une grossesse. Elles consultent souvent tardivement, lorsqu’elles souhaitent concevoir sans succès. C’est en ce moment que le SOPK est parfois diagnostiqué. Les symptômes du SOPK, comme les cycles irréguliers ou la pilosité excessive, sont souvent minimisés. Par manque d’information fiable, certaines femmes cherchent des « remèdes miracles » sur les réseaux sociaux, où circulent de faux traitements présentés comme des solutions au SOPK. Cela retarde le diagnostic et compromet une prise en charge appropriée.
ANIMATEUR.TRICE
: Face à cette situation de désinformation, comment votre association arrive à la combattre et à porter au public les informations fiables ?
BAMOLI VANESSA
: L’ONG Solidaire Contre le SOPK est une organisation dédiée à la sensibilisation et à la lutte contre le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Fondée par un groupe de femmes et de professionnels de la santé, sa mission est de changer la perception et le traitement du SOPK en offrant une plateforme de soutien aux personnes touchées, afin de prévenir les errances médicales et d’optimiser leur prise en charge. On fait beaucoup de campagnes éducatives surtout sur les réseaux sociaux et en présentiel. On a aussi fait des ateliers sur des thématiques telles que les perturbateurs endocriniens sur le SOPK à fertilité, la sexualité, etc. Nous intervenons aussi pour aider avec le volet psychologique et par rapport à la posologie. Nous faisons des téléconsultations de sorte que la personne puisse avoir de bonnes informations même si elle n’est pas présente physiquement.
ANIMATEUR.TRICE
: Avez-vous des exemples concrets où la désinformation a entraîné des conséquences graves pour des individus ou des communautés que vous accompagnez?
BAMOLI VANESSA
: Plusieurs jeunes femmes nous ont contactées après avoir trouvé des informations sur les réseaux sociaux concernant le traitement du SOPK, qui est généralement symptomatique. En pensant bien faire, elles ont commencé à se soigner seules chez elles, sans consulter de spécialiste. Par conséquent, elles ont développé d’autres problèmes de santé au-delà de leurs symptômes habituels. Cette désinformation les a conduites à attendre longtemps pour obtenir un diagnostic précis.
Par exemple, une femme qui désirait avoir des enfants a été confrontée à un vrai parcours du combattant pour finalement obtenir son diagnostic de SOPK. Elles n’avaient pas accès à des informations fiables, ce qui a retardé leur prise en charge.
ANIMATEUR.TRICE
: Que recommandez-vous aux jeunes pour identifier des sources d’informations fiables et éviter la désinformation sur les questions de sexualité?
BAMOLI VANESSA
: De nombreuses pages, y compris la nôtre, offrent des informations fiables sur le SOPK, soutenues par l’OMS et des start-ups comme La Ruche Health, qui a développé un chatbot dénommé Kiko. Il est essentiel de se méfier des remèdes miracles non certifiés, car ce qui fonctionne pour une personne ne convient pas forcément à une autre. La désinformation est courante sur les réseaux sociaux. Nous encourageons les femmes à rejoindre notre ONG, Solidaire Contre le SOPK, pour un soutien et une prise en charge adaptés. Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux pour plus d’informations.
MONTÉE DE L’INDICATIF MUSICAL, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ
ANIMATEUR.TRICE
: Nous vous remercions Madame Bamoli Vanessa. Il faut toujours consulter un professionnel de santé face aux propositions de soins par internet ou dans les transports en commun.
Monsieur Kebe Mamady est expert des médias. Avec lui, nous parlerons de l’impact des médias numériques sur la propagation de la désinformation relative à la SDSR, Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction surtout chez les jeunes. Bienvenue à vous et merci d’avoir accepté notre invitation. Pour vous qui êtes expert des médias, comment évaluer cet impact?
MAMADY KEBE
: Les médias numériques, en particulier les réseaux sociaux, jouent un rôle majeurdans la diffusion rapide de l’information et de fausses informations sur la DSSR Droits en Santé Sexuelle et de la Reproduction sexualitéet les droits reproductifs.L’anonymat et l’accessibilité de ces plateformes encouragent souvent la diffusiond’informations erronées qui deviennent virales bien plus vite que les contenus vérifiés.Il y a les algorithmes aussi qui captent les contenus engageants et qui peuvent amplifier la désinformation, surtout lorsqu’elle suscite des émotions fortes, notamment la peur,l’indignation et la curiosité.
Les jeunes qui cherchent souvent des réponses à leurs questions en ligne peuvent tombersur des informations non vérifiées ou biaisées, contribuant ainsi à une mauvaise compréhensiondes enjeux liés à la santé sexuelle et reproductive.
ANIMATEUR.TRICE
: Quelles sont les erreurs les plus fréquentes que les individus commettent lorsqu’ils consomment desinformations sur la santé sexuelle en ligne?
MAMADY KEBE
: Il y en a beaucoup mais nous allons peut-être en citerquelques-unes.Nous avons déjà l’absence de vérification des informations, c’est-à-dire que beaucoupd’individus acceptent une information comme vraie sans s’assurer de sa fiabilité, ni de son origine. Il y a aussi la confusion entre opinions et faits scientifiques, c’est-à-dire queles références personnelles partagées sur les réseaux sociaux sont souvent perçuescomme des vérités générales.Il y a aussi la dépendance excessive aux réseaux sociaux, c’est-à-dire qu’au lieu de se référer à des institutions socialisées comme l’OMS, le ministère de la Santé deson pays ou les ONG et experts, la personne consomme des contenus TikTok, YouTube ou Facebook.Il y a aussi le biais de confirmation; c’est quand l’individu cherche des informations quivalident ses croyances préexistantes plutôt que de confronter plusieurs sourceset points de vue afin de se faire une idée elle-même.
Il y a également l’influence de fausses informations et des théories du complot. Un exemple est que certains mythes comme les dangers exagérés de la contraception ou des dispositifs intra-utérins, ainsi que des idées erronées sur le cadre de l’OMS, persistent à cause d’informations trompeuses largement partagées.
ANIMATEUR.TRICE
: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour développer un esprit critique face aux contenus médiatiques et distinguer la désinformation des informations fiables?
MAMADY KEBE
: En tant qu’expert en désinformation, mon conseil aux jeunes est de toujours vérifier la source des informations, privilégier les sites officiels, les experts en santé ou les organisations reconnues. Comparez plusieurs sources crédibles et analysez la fiabilité de l’auteur, en évitant de suivre des influenceurs sans expertise scientifique. Méfiez-vous des contenus émotionnels ou sensationnalistes, qui sont souvent exagérés. Il est aussi important de recourir à des plateformes de fact-checking comme Ivoire Check et Africa Check pour obtenir des informations fiables. Enfin, adoptez une approche sceptique et ne partagez jamais une information sans l’avoir vérifiée.
ANIMATEUR.TRICE
: M. Kébé Mamadi, comment les professionnels des médias peuvent-ils améliorer la couverture des questions de santé sexuelle et reproductive afin de contrer la désinformation?
MAMADY KEBE
: La première chose à faire, c’est de former les journalistes, renforcer leurs connaissances sur les DSSR pour éviter la propagation d’informations erronées. Il faut intégrer des avis de médecins, d’experts et spécialistes dans les articles et les reportages réalisés. Créez des contenus engageants et pratiques, ce qui veut dire des photos, des vidéos, des infographies, des podcasts adaptés au public.
Lutter contre la désinformation, c’est définir, vérifier et corriger activement les informations qui circulent. Éviter, je le dis encore, le sensationnalisme et présenter les informations de manière factuelle et honnête pour éviter de tomber dans la désinformation.
Collaborez avec diverses plateformes lorsque vous travaillez sur un sujet comme la question de la DSSR des jeunes. Consultez plusieurs plateformes vous permet d’avoir une vue plus large de votre sujet, sur sa pertinence et sa véracité.
ANIMATEUR.TRICE
: Pensez-vous que les médias sociaux peuvent être utilisés de manière proactive pour éduquer le public sur les droits sexuels et reproductifs?
MAMADY KEBE
: Les médias sociaux peuvent être un puissant outil pour éduquer sur la santé sexuelle et reproductive. On va rester sur quelques points, notamment la création de contenus engageants, c’est-à-dire des vidéos courtes, des infographies, des sondages et des témoignages pour attirer l’attention des plus jeunes. Et aussi, il faut penser à collaborer avec des influenceurs “positifs”. Quand je dis positifs, ce sont des influenceurs qui ont bâti leur crédibilité sur le sujet en question et qui sont connus pour donner des informations avec des sources vérifiées .
Aujourd’hui, c’est facile d’organiser des séances immersives, proposer des directs et des webinaires avec des professionnels de la santé, afin qu’ils puissent répondre à des questions auxquelles les jeunes font face. Un autre moyen de combattre la désinformation est d’utiliser les outils de signalement comme ceux proposés par Facebook ou X (anciennement Twitter). Entre outre, on peut encourager la participation des jeunes en créer des challenges, des hashtags et des débats pour les impliquer davantage dans la promotion d’informations crédibles.
ANIMATEUR.TRICE
: Chers auditeurs et auditrices, merci de nous avoir suivis. Merci spécial à tous et toutes nos invités. Retenons qu’il est indispensable de bien utiliser les réseaux sociaux afin d’éviter la mésinformation et la désinformation et se protéger de leurs impacts.
En outre, il faut savoir que tout ce qui se dit ou se passe sur les réseaux sociaux n’est pas forcément vrai. Nous devons nous rendre dans les centres de santé ou dans les sessions de sensibilisation pour être bien informés.
Cette émission a été réalisée avec les contributions de Mme Ange Noa, une étudiante à l’Université d’Abidjan-Cocody, qui a été victime de désinformation, Madame Bamoli Vanessa, ingénieure et présidente d’une association de personnes vivant avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et de Monsieur Kébé Mamady, expert des médias. Encore merci pour vos contributions.
À vous fidèles auditeurs et auditrices, on se donne rendez-vous la prochaine fois. D’ici là, portez-vous bien.
Acknowledgements
Rédigé par : Jean Melaine Bitty, journaliste
Révisé par : Viviane Mouhi-Ayehui, journaliste pour le développement, responsable de la communication et du plaidoyer à l’AIBEF
Interviews :
Ange Noa, étudiante à l’Université d’Abidjan-Cocody. Interview réalisée le 26 février 2025
Kébé Mamady, expert et spécialiste des médias. Interview réalisée le 22 février 2025
Bamoli Vanessa, ingénieure et présidente d’une association de personnes vivants avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Interview réalisée le 03 mars 2025
La présente nouvelle a été produite avec des fonds du projet PASSERELLE, mis en œuvre en partenariat avec l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.