Notes au radiodiffuseur
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Il y a 100 ans, l’État Libre méridional de l’Afrique du Sud était une région herbeuse fertile avec des zones abondantes de gibier et de terres humides, où les oies et les canards migrateurs venaient se rafraîchir. Le désert du Kalahari et ses tempêtes de sable se trouvaient loin à l’ouest. Les fermes de l’État Libre étaient grandes et se livraient surtout à l’élevage de bovins de boucherie et de moutons, avec un peu de culture de maïs et de blé. Et puis, au milieu des années 1900, la population a augmenté autour de la capitale Bloemfontein, ce qui a provoqué une demande accrue de fruits et légumes frais, ainsi que de lait et de produits laitiers. Les grosses fermes ont été découpées en parcelles de 50 ou 20 hectares et des trous de forage ont été creusés aveuglément. Les terres ont été surpâturées car les troupeaux de bovins laitiers proliféraient. Les arbres ont été coupés comme bois de chauffage ou pour faire place à de petites fermes de maïs et de polyculture. En 50 ans, l’État Libre est devenu une région semi-aride avec des réserves d’eau rares et des tempêtes de poussière dévastatrices qui balaient le sable du Kalahari à travers le veld dénudé. Les verts pâturages ont été remplacés par de petits buissons de broussailles immangeables, uniquement bons pour faire du bois de chauffage. Le désert est arrivé, après une lente marche de 50 ans.
L’émission qui suit se situe en 1950, si bien que les voix et l’atmosphère devraient refléter la période. Elle met en lumière une partie de la controverse entourant l’utilisation et la gestion des terres. Elle soulève des questions du genre :
- L’utilisation des terres à des fins non pertinentes
- Les problèmes d’utilisation excessive de la nappe souterraine
- La baisse du niveau des nappes phréatiques
- La destruction des pâturages par le labourage et la perte subséquente de la couche arable
- Les conséquences de la perte des arbres
L’émission peut constituer un point de démarrage pour d’autres programmations et discussions sur l’utilisation durable des terres dans votre collectivité.
Effets sonores
Les effets sonores sont utilisés pour raconter cette histoire d’une autre façon. Durant toute l’émission, deux fonds sonores se font concurrence : le bruit de l’eau qui coule et le bruit du vent. Au début, les bruits de l’eau sont forts mais ils s’estompent graduellement. L’opposé se produit avec le vent. Il augmente lentement de volume jusqu’à éliminer le bruit de l’eau à la fin de l’émission.
Texte
BRUIT D’UN MOULIN À VENT : GRINCEMENTS DE LA ROUE QUI TOURNE ET CLIQUETIS RÉGULIER DE LA TIGE À L’INTÉRIEUR DES TUYAUX À MESURE QU’ELLE POMPE L’EAU SOUTERRAINE. L’EAU JAILLIT DE FAÇON RYTHMÉE DANS UN RÉSERVOIR.
BRUITS DE LA CAMPAGNE EN ARRIÈRE-PLAN
Salomon :
Je m’appelle Salomon. Oui, comme le roi sage de la Bible. Mais je ne suis pas roi, je suis agriculteur. Et je ne suis pas aussi sage ou aussi riche que le Roi Salomon. Mais je suis riche d’une autre façon. Je possède un troupeau de bovins engraissés. Ils ont suffisamment d’eau à boire au barrage de récupération de l’eau de pluie. Il y a assez d’arbres pour qu’ils puissent s’abriter du soleil et de la pluie.
Nous sommes en 1950, à mi-chemin de l’an 2000, et dans dix ans je serai un homme riche.
BRUITS DU MOTEUR D’UN CAMION ET TUT TUT DU KLAXON
Salomon :
Alors, qui est-ce qui fait tant de bruit? Oh, c’est ce jeune homme, Jacko, qui habite un peu plus bas dans la rue et qui est toujours pressé. Que veut-il?
LA PORTE DU CAMION CLAQUE. DES BRUITS DE PAS
Jacko :
Hello, hello, hello, Oncle Salomon! Comment allez-vous? Combien d’argent avezvous gagné ce matin? Un dollar [veuillez utiliser la devise locale] avant le petit déjeuner en vaut dix dans l’après-midi. L’oiseau du matin fait sa fortune pendant que les autres dorment.
Salomon :
Bonjour Jacko. Du calme, jeune homme! Tu me coupes le souffle! Pourquoi es-tu si pressé?
Jacko :
Oncle Salomon, nous allons faire fortune. Savez-vous combien de nouvelles familles ont déménagé en ville? Plus de 2 000! Et savez-vous de quoi elles ont besoin?
Salomon :
Pourquoi y réfléchir puisque tu vas me le dire de toute façon?
Jacko :
De la nourriture! Des légumes. Ils ont besoin de manger. Et qui va leur fournir tous les choux et les carottes et les haricots?
Jacko :
Moi! J’ai acheté la grande ferme qui s’étend depuis les collines là-bas dans l’ouest jusqu’à Stony Mountain à l’est. Je vais diviser la ferme en petites parcelles de 50 hectares et installer un trou de forage sur chaque parcelle pour transformer toute la région en jardins maraîchers.
Salomon :
Cela signifie environ 80 trous de forage, pompant chacun des centaines de litres à l’heure. C’est beaucoup d’eau. Combien de temps penses-tu que cela va durer?
Jacko :
Ne vous inquiétez pas Oncle Salomon, il y a beaucoup d’eau souterraine. Elle ne se tarira jamais. Elle a toujours été là, même avant votre naissance.
Salomon :
Oui, mais j’espère qu’il y aura encore de l’eau là après ma mort. Ce qui m’inquiète c’est que des gens comme toi tirent profit de la croissance démographique. Mon voisin de ce côté a vendu ses bovins et laboure tous ses champs pour y faire pousser du maïs. Une seule saison sèche – et la terre arable s’envolera – et ses terres se transformeront en poussière. Je garde déjà ma porte et mes fenêtres fermées parce que la poussière rouge recouvre tout quand le vent souffle. Le désert du Kalahari a entrepris sa marche lente.
Jacko :
Je ne m’inquiète pas à propos du désert de Kalahari ou de la sécheresse. Les pluies finissent toujours par arriver.
Salomon :
Mais d’ici là, ce sera trop tard. Cette région n’est pas destinée au labourage. La couche de terre arable s’envolera. Le sol ne conviendra plus pour le labourage ou le pâturage. Et autre chose. Que feras-tu avec les saules et les gommiers bleus et les peupliers sur la ferme?
Jacko :
Oh, nous avons de quoi les utiliser. Après les avoir abattus, nous pouvons en faire des piquets de clôture et des abris. Nous pouvons également vendre le bois pour le chauffage. Tout le monde a besoin de bois de chauffage.
Salomon :
Laisse-moi récapituler pour voir si je te comprends bien. Pour approvisionner la ville en choux et en carottes, tu vas pomper toute l’eau souterraine. Pour obtenir du bois de chauffage, tu vas abattre tous les arbres. Et pour nourrir les gens avec de la semoule de maïs, tu vas labourer tous les pâturages. Et tu ne t’inquiètes pas du Kalahari? Ai-je raison?
Jacko :
Oui, c’est exact. Où est le problème?
LE BRUIT DE L’EAU QUI COULE EST REMPLACÉ PAR LE BRUIT DES POMPES À EAU QUI FONCTIONNENT AU PÉTROLE. TOUT D’ABORD UNE, PUIS BIEN D’AUTRES. ENSUITE LE BRUIT DU VENT AUGMENTE. NOUS POUVONS À PEINE ENTENDRE SALOMON PAR-DESSUS LE BRUIT DU VENT.
HURLEMENT DU VENT
Salomon :
Maintenant, est-ce que tu comprends le problème?
HURLEMENT DU VENT
L’animateur :
Comme vous l’avez entendu, Salomon a émis des doutes à propos des projets de son voisin Jacko.
Salomon croyait que :
- la terre convenait pour le pâturage, pas pour la culture intensive de jardins maraîchers;
- l’eau souterraine finirait par se tarir;
- les pâturages seraient détruits car la couche de terre arable serait perdue.
À la fin, les pires craintes de Salomon sont devenues réalité.
HURLEMENT DU VENT. DIMINUTION VERS LA MUSIQUE. BAISSE DE LA MUSIQUE QUI SUBSISTE EN ARRIÈRE-PLAN DE L’ANIMATEUR.
L’animateur :
La façon dont nous utilisons les terres doit convenir aux terres elles-mêmes. Comment gérons-nous les terres dans notre collectivité? Et quelles sont les utilisations les plus appropriées pour nos terres? Comment utilisons-nous l’eau de façon responsable afin qu’elle soit toujours là pour les prochaines générations?
Acknowledgements
- Rédaction : John Van Zyl, directeur exécutif, ABC Ulwazi, Maison de formation et de production radiophonique, Afrique du Sud.
- Révision : Freiderike Knabe, experte-conseil spécialisée dans les questions touchant les terres arides dans le contexte du développement durable, Ottawa, Canada.