Notes au radiodiffuseur
Les solutions fondées sur la nature (SfN) sont une approche qui permet de résoudre les problèmes sociaux et environnementaux en mettant à profit le pouvoir inhérent de la nature. Les solutions fondées sur la nature permettent de relever efficacement des défis tels que le changement climatique, l’insécurité alimentaire et hydrique, l’impact des catastrophes et les menaces pour la santé et le bien-être de l’homme, tout en réduisant la dégradation de l’environnement et l’appauvrissement de la biodiversité.
Le présent texte explorera la façon dont les solutions fondées sur la nature sont appliquées au sein d’une collectivité du sud de l’Éthiopie, dans la zone de Wolaita. Le texte comprend des entrevues avec des agriculteur.trice.s qui utilisent des pépinières pour lutter contre le déboisement et restaurer les terres dégradées, des discussions sur un projet de carbone en cours, et des entrevues avec des experts qui expliqueront les avantages sociaux et environnementaux que ces solutions fondées sur la nature peuvent offrir à la fois aux agriculteur.trice.s et au monde naturel.
Vous pouvez décider d’utiliser des voix d’acteur.trice.s pour interpréter les intervenant.e.s de ce texte radiophonique et de le diffuser sur votre station. Dans ce cas, veuillez informer vos auditeur.trice.s au début de l’émission que les voix qu’ils/elles entendent sont des voix d’acteur.trice.s et non celles des personnes interviewées.
Vous pouvez également vous inspirer de ce texte pour produire une émission sur le même thème ou un thème similaire pour votre propre station de radio.
Pour produire une telle émission, vous pourriez interviewer des agriculteur.trice.s qui restaurent des terres dégradées et protègent les forêts, ainsi que des experts sur les avantages agricoles et environnementaux de la mise en œuvre d’activités axées sur la guérison de la planète pour un avenir meilleur.
Par exemple, vous pouvez leur demander :
- Comment avez-vous constaté la dégradation des terres dans votre région ?
- Avez-vous pris des mesures pour restaurer des terres dégradées ? Qu’est-ce qui vous a incité à vous concentrer sur la restauration des terres dégradées de cette manière ?
- Y a-t-il des défis ou des problèmes particuliers que vous avez observés dans votre région et qui vous ont amené à poursuivre cette approche ?
Durée estimée du texte radiophonique avec musique, SFX, intro et outro : 20 minutes.
Texte
:
Signature MUSICALE, PUIS FONDU ENCHAÎNÉ
ANIMATEUR.TRICE :
Le changement climatique, les risques de catastrophes naturelles, la sécurité alimentaire et hydrique, la perte de biodiversité et la santé humaine sont quelques-uns des plus grands défis de l’humanité. Voici les solutions fondées sur la nature, une boîte à outils de stratégies qui exploitent le pouvoir de la nature pour s’attaquer de front à ces problèmes. Qu’il s’agisse de restaurer les forêts, de protéger les réserves d’eau, de construire des infrastructures vertes ou d’améliorer la résistance aux inondations, les solutions fondées sur la nature profitent à la fois à l’homme et à l’environnement.
Dans l’émission d’aujourd’hui, nous nous adresserons à des agriculteur.trice.s qui ont un impact sur l’environnement, leurs communautés et leurs moyens de subsistance en utilisant des pépinières pour lutter contre la déforestation et la dégradation des sols.
Nous nous adressons tout d’abord à Aster Gechire, qui vit dans le kebele Bosa Wonche de la zone Wolaita, au sud de l’Éthiopie. Elle nous fera part de son expérience personnelle en matière de création de pépinières forestières et de plantation d’arbres sur des terres dégradées. Merci d’avoir pris le temps de nous parler, Aster.
ANIMATEUR.TRICE :
Je crois savoir que, dans votre région, vous utilisez des pépinières forestières et un projet carbone pour lutter contre la déforestation et améliorer les moyens de subsistance locaux. En quoi consiste exactement le projet carbone et quel est son lien avec les pépinières forestières
ASTER GECHIRE :
Le projet carbone repose sur la protection des forêts par les agriculteur.trice.s, qui empêchent la déforestation, créent des pépinières forestières et plantent de nouveaux arbustes à partir de ces pépinières. Ces actions réduisent les émissions de carbone. Ces actions permettent de réduire les émissions de carbone. Des ONG ayant leur siège dans des pays développés, par exemple World Vision, soutiennent la mise en œuvre du projet en versant des paiements aux agriculteur.trice.s sur la base de la quantité d’émissions de carbone réduites, mesurée en tonnes. Les paiements sont effectués par l’intermédiaire de sept associations de la région, et le projet est en cours depuis quinze (15) ans dans le district de Humbo. Grâce à ce projet, la communauté a également été formée à la lutte contre le changement climatique, a reçu des prêts et des moulins ont été construits dans tous les kebeles, ce qui réduit le temps de déplacement pour les prestations de broyage des récoltes.
ANIMATEUR.TRICE :
Parlez-nous de la différence entre l’état des forêts dans cette région avant et après ces initiatives.
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Avant le projet, nous n’avions aucune idée de l’importance de la protection de l’environnement. Les membres de la communauté coupaient les arbres pour le bois de chauffage, la production de charbon de bois et d’autres usages. Nous avions peu d’informations sur les graves conséquences de la déforestation sur le changement climatique et l’environnement. Mais depuis que le programme de restauration de la forêt a commencé, nous sommes heureux de constater le rajeunissement de l’écosystème et le retour des animaux sauvages dans la zone forestière.
ANIMATEUR.TRICE :
En tant qu’agricultrice, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez été confrontée avant le projet ? Les femmes ont-elles été confrontées à des défis spécifiques liés à l’éducation et à la santé ?
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L’un des défis était la sécurité des femmes et des jeunes filles lorsqu’elles se déplaçaient à pied. Nous étions confrontées au risque d’agression sexuelle. Nous avons donc recruté des gardes de sécurité au sein de la communauté. Il s’agit de personnes qui participent aux projets de carbone et de pépinière forestière. Nous les avons chargés de patrouiller dans la zone forestière et d’empêcher toute personne ou tout animal de pénétrer dans la forêt et la pépinière.
Les mères et les femmes enceintes se sont toujours inquiétées d’envoyer leurs filles à l’école, ou d’aller chercher de l’eau ou du bois. Mais depuis que la région bénéficie d’une protection continue, nous nous sentons en sécurité.
ANIMATEUR.TRICE :
Chers auditeurs/Chères auditrices, nous nous entretenons également avec l’agriculteur Beyene Agebo. Pourriez-vous commencer par nous dire ce qui vous a motivé à participer à la restauration des terres dégradées ?
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Merci de m’accueillir. Je vivais dans la région montagneuse de Bela Zegere kebele dans la zone de Wolaita, au sud de l’Éthiopie. Les membres de la communauté dépendaient fortement de la coupe des arbres pour le combustible et de la vente du bois. Personne ne sensibilisait la population aux conséquences désastreuses de l’abattage des arbres sur l’environnement de la région, qui aurait fini par devenir un désert. Lors de fortes pluies, les inondations qui s’écoulaient de la zone montagneuse vers les villages de Hamassa et de Zegrie causaient de graves dommages aux fermes et aux propriétés.
J’ai donc proposé au bureau administratif du kebele de créer une pépinière forestière. La réponse que j’ai reçue a été positive et on m’a dit qu’un terrain serait fourni pour le projet, à la seule condition que les membres de la communauté se rallient à la proposition. Cela n’a pas posé de problème. Une fois le terrain fourni, la communauté et le bureau agricole ont créé une pépinière pour cultiver des plants et les planter dans des zones gravement touchées par la déforestation.
ANIMATEUR.TRICE :
C’est une initiative inspirante. Comment avez-vous assuré la pérennité du projet ?
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J’ai sensibilisé les communautés à l’intérêt de planter des arbres tels que le moringa, qui est comestible, et le
wanza, dont le nom scientifique est
Cordia africana et qui peut être utilisé comme bois d’œuvre. Peu après, l’ONG World Vision a visité la pépinière forestière et nous a proposé de créer une association pour l’exploiter. J’ai accepté et la première demande que j’ai faite a été de planter des semis de la pépinière dans sept kebeles situés dans les zones montagneuses. L’administration du district, les membres de la communauté et World Vision ont planté les arbres autour des sept kebeles, ce qui a permis de les protéger des inondations venant des montagnes.
Au total, des arbres ont été plantés sur plus de 2 700 hectares de terres entourant les kebeles Bosa Wonche, Bola Wonche, Abala Longelo, Abala Zegreil, Gafata, Bongota et Shoya.
Nous assurons la durabilité du projet en formant les personnes qui ont pris les postes de direction et en faisant mieux connaître le projet au sein de la communauté.
ANIMATEUR.TRICE :
Quels étaient les principaux problèmes rencontrés par les membres de la communauté avant la mise en œuvre de ce projet ?
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L’un des principaux défis à relever était d’ordre sanitaire. Le paludisme était très répandu en raison des nombreuses étendues d’eau stagnante où les moustiques pondaient leurs œufs. À d’autres moments, la sécheresse sévit et provoque l’assèchement des plans d’eau. Il était difficile de trouver de l’eau potable ou des pâturages pour notre bétail. Après le projet, le climat s’est nettement amélioré, ce qui a permis d’atténuer la sécheresse.
ANIMATEUR.TRICE :
Quel est, selon vous, le principal avantage que vous avez retiré de votre participation au projet de pépinière forestière ?
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Je possède deux hectares de terre dans la zone montagneuse et j’ai planté des margousiers, des moringas et des eucalyptus. Non seulement cela me permet de scolariser mes enfants et de générer des revenus pour ma famille en vendant ces arbres, mais je partage également mon expérience avec la communauté pour qu’elle puisse faire de même. Les arbres ont permis de restaurer l’environnement. L’érosion des sols a considérablement régressé, les risques d’inondation ont disparu dans le village et les membres de la communauté peuvent bénéficier de cultures saines grâce à l’amélioration de la santé des sols.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci encore d’avoir partagé des expériences aussi instructives, Beyene.
ANIMATEUR.TRICE :
Daniel Dechassa est chef du bureau de l’agriculture dans le kebele Bosa Wonche de la zone administrative de Wolaita. Nous avons eu une brève discussion avec lui sur les pépinières forestières, le projet carbone et la manière dont le changement a été introduit dans la communauté. Merci de vous être joint à nous, Daniel.
ANIMATEUR.TRICE :
Racontez-nous comment le projet de restauration de l’environnement et de carbone a été lancé.
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La situation désastreuse dans laquelle nous nous trouvions nous a amenés à lancer le programme forestier du projet carbone. Certaines régions étaient gravement touchées par la sécheresse et la famine, et c’est à ce moment-là que World Vision est intervenu pour apporter une aide humanitaire. La déforestation dans la région a aggravé les effets du changement climatique. Nous avons compris que pour contrer l’impact du changement climatique, nous devions nous concentrer sur le reboisement et la conservation des forêts.
ANIMATEUR.TRICE :
Comment avez-vous procédé ?
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Tout d’abord, nous avons participé à des programmes dispensés par des experts de World Vision afin de sensibiliser la population à ces enjeux. Nous avons ensuite sensibilisé les communautés, en privilégiant les zones gravement touchées par la sécheresse et la famine. Nous avons ensuite restreint l’accès à certaines zones afin d’empêcher les hommes et les animaux non autorisés d’y pénétrer, protégeant ainsi l’écosystème sensible qui s’y trouve. Nous avons ensuite planter des arbres à l’intérieur de ces zones closes. Pour éviter la déforestation et pour protéger les jeunes arbres, nous avons recruté des membres de la communauté comme gardiens, chargés de patrouiller la zone pour dissuader les intrus, qu’ils soient humains ou animaux. Au début, 20 personnes se sont relayées pour patrouiller la zone. Par la suite, le nombre de personnes est passé à 813 membres, qui ont créé une association.
ANIMATEUR.TRICE :
Quels ont été les principaux avantages du programme de reboisement et de conservation des forêts ?
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Après le lancement des programmes de reboisement et de conservation, nous avons remarqué une amélioration des pluies et des conditions climatiques. Ensuite, nous avons lancé le projet carbone. Auparavant, la communauté se rendait dans la zone pour ramasser du bois pour le chauffage et d’autres usages domestiques, ainsi que pour gagner de l’argent en vendant le bois qu’elle ramassait. Aujourd’hui, les membres de la communauté bénéficient du projet carbone, qui génère indirectement des revenus durables. Les membres de la communauté participent à la protection de la forêt. Les personnes chargées de surveiller la forêt veillent à ce qu’elle ne soit pas envahie par des personnes ou des animaux, afin que les arbres plantés puissent pousser sans entrave.
Les revenus du projet carbone ont permis aux membres de l’association de mettre en place un moulin, où les récoltes sont stockées et transformées en divers produits et mises en vente à un prix équitable pendant la saison sèche. Les membres de l’association se répartissent les bénéfices et en profitent. La communauté est déterminée à faire en sorte que le projet soit durable, car elle sait que, même si le gouvernement peut l’aider pendant un certain temps, seule la population peut apporter des changements durables.
La vie de l’homme et celle de la forêt sont liées. Pour que les hommes survivent, il faut qu’il y ait une forêt. Et pour que la forêt s’épanouisse, elle doit être protégée et conservée par l’homme.
ANIMATEUR.TRICE :
Merci d’avoir partagé vos idées sur la manière dont les solutions fondées sur la nature ont entraîné des changements dans la communauté.
ANIMATEUR.TRICE :
Mathewos Mamo est un autre expert avec lequel nous nous sommes entretenus. Mathewos est le chef de l’équipe de développement et de protection des forêts au bureau forestier de protection de l’environnement du district de Humbo. Merci d’avoir pris le temps de nous parler. Pouvez-vous nous décrire la situation à laquelle le district de Humbo était confronté avant la mise en place du projet de pépinière forestière dans la région ?
Mathewos Mamo :
Comme vous le savez, la région est située dans la plaine. Il y a quelques années, faute de plants, la région a été gravement touchée par la sécheresse. En raison de la pauvreté et du manque de sensibilisation, les membres de la communauté dépendaient des revenus tirés de la coupe des arbres pour le bois de chauffage et le bois d’œuvre et ne plantaient pas d’arbres.
Mais depuis la directive associée au lancement de l’initiative gouvernementale « Green Legacy », la situation s’est considérablement améliorée dans ce domaine. La directive stipule que les agriculteur.trice.s qui coupent un arbre sont tenus de planter deux jeunes arbres. D’après notre enquête, 80 % des semis plantés ont survécu. Cela a entraîné des changements positifs notables dans l’environnement.
ANIMATEUR.TRICE :
Que fait-on actuellement pour maintenir cet élan dans le district ?
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Nous nous occupons actuellement de huit pépinières forestières dans le district. Nous avons planté environ quatre millions trois cent soixante-dix mille (4 370 000) graines et de nombreux plants sont prêts à être plantés entre juin et mi-août
ANIMATEUR.TRICE :
Merci d’avoir résumé les activités dans le district, Mathewos.
ANIMATEUR.TRICE :
J’espère que cette immersion dans les pépinières forestières et la restauration des terres vous a rendu un peu plus avisé et plus curieux des solutions fondées sur la nature. Jusqu’à notre prochaine émission, continuez à explorer, à poser des questions et à nous écouter. Au revoir pour l’instant !
OUTRO :
L’indicatif musical est diffusé, puis s’éteint en fondu.
Acknowledgements
Rédigé par : Neo Brown, coordinateur de la communication et du plaidoyer, Conseil des organisations de la société civile éthiopienne, et écrivain indépendant.
Révisé par : Teshome Sahilu, spécialiste de la communication et de la gestion des connaissances, projet Resilience landscapes and livelihoods, Ministère de l’Agriculture, Éthiopie
Interviews :
Aster Gechirie, agricultrice au kebele Bosa Wonche, 21 octobre 2023
Mathewos Mamo, chef de l’équipe de développement et de protection de la forêt de Bombo au bureau forestier de protection de l’environnement du district de Humbo, 20 octobre 2023
Amarech Gergo, agricultrice dans le district de Humbo, 21 octobre 2023
Daniel Dechassa, chef du bureau de l’agriculture du Kebele Bosa Wonche, 20 octobre 2023
Beyene Agebo, résident du district d’Abala et Responsable d’association, 20 octobre 2023