Notes au radiodiffuseur
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Depuis plus de deux décennies, les Rwandais connaissent des difficultés liées à la guerre, au génocide et à leurs conséquences. Le gouvernement rwandais a établi un environnement favorisant la considération et la résolution des problèmes des femmes. Plusieurs initiatives ont été créées pour aider les femmes. Dans le cadre de ces initiatives du gouvernement, les femmes sont encouragées à reconnaître leur force et à chercher des solutions à leurs problèmes.
Ce processus a donné naissance à plusieurs associations. Une de ces associations sans but lucratif est l’association Amizero, une coopérative de femmes qui a pour but de venir en aide aux femmes en détresse. Ses activités incluent l’agriculture, le petit commerce, la gestion des déchets domestiques dans la ville de Kigali et le renforcement des capacités, pour les femmes. Contrairement aux coopératives de producteurs agricoles présentés dans les autres textes de cette pochette, la coopérative de femmes présentée dans ce texte est une coopérative appartenant à des travailleuses urbaines.
L’association Amizero a essayé d’aider ses membres à se développer malgré les difficultés liées aux changements dans le pays, suite à la guerre et au génocide. Le présent texte pourrait aider les femmes du Rwanda et d’ailleurs à reconnaître leur potentiel pour trouver en elles-mêmes des solutions à leurs problèmes.
Le texte est basé sur des interviews authentiques avec des membres du groupe. Comme certains autres textes de cette pochette, il illustre comment des groupements coopératifs peuvent aider leurs membres à atteindre leurs objectifs individuels tout en servant la communauté en général, ou même des buts nationaux.
Vous pourriez vous inspirer de ce texte pour faire une recherche et écrire un texte sur un sujet similaire touchant votre propre région. Alternativement, vous pourriez choisir de produire ce texte dans votre station, en utilisant des voix d’acteurs pour représenter les personnages. Le cas échéant, veuillez vous assurer de dire à votre auditoire, au début du programme, que les voix sont celles d’acteurs et non celles des personnes impliquées dans les interviews originales.
Texte
Montée de l’indicatif musical pendant 20 secondes, puis fondu enchaîné sous la voix de l’animateur
Animateur :
Chers amis auditeurs de Radio Salus, bonjour et bienvenue à l’émission d’aujourd’hui, une émission qui parle, comme d’habitude, d’environnement. Le titre de l’émission d’aujourd’hui est «Les femmes gagnent leur vie en aidant les ménages à gérer leurs déchets domestiques». Dans cette émission, nous discuterons comment les femmes s’efforcent de faire la gestion des déchets domestiques dans la ville de Kigali, à l’Association Amizero. Nous allons aussi discuter comment ce projet permet aux femmes d’Amizero de gagner leur vie. L’émission est préparée et présentée par Jean Paul Ntezimana. Restez à l’écoute!
Montée de
la musique de fond pendant cinq secondes, puis fondu
Animateur :
Chers auditeurs, plus de la moitié de la population rwandaise est constituée de femmes. Les femmes qui s’occupent de la famille de nombreuses façons. Ces femmes incluent des veuves, des cheftaines de familles, des femmes avec une déficience physique, des femmes traumatisées, des femmes en bonne santé et des femmes de toutes conditions. Mais toutes les femmes n’ont pas la même capacité économique. L’émission d’aujourd’hui parle de femmes qui gagnent leur vie en aidant les ménages à gérer leurs déchets domestiques. Nous parlerons avec des membres du groupe
Abakunda isuku, qui fait partie de l’Association Coopérative Amizero.
Abakunda isukuveut dire «ceux qui aiment la propreté et l’hygiène».
Mais avant de parler aux membres de l’Association Amizero sur le terrain, nous écouterons Floride Mukarubuga, la Présidente de l’Association Amizero. Mme Mukarubuga a aussi fondéAbakunda Isukuet d’autres coopératives. Elle nous parle brièvement de l’Association Amizero.
Floride :
L’Association Amizero est un groupe sans but lucratif, fondée avant même le génocide de 1994. Notre objectif est de venir en aide à toutes sortes de femmes en détresse – les veuves du génocide, les veuves du sida, les femmes en difficulté, toutes sortes de femmes en détresse!
Parce que nos bénéficiaires sont très nombreuses, nous avons formé des groupements pour mieux organiser les activités que les femmes peuvent faire pour s’aider elles-mêmes. Nous avons beaucoup de groupements. Nous avons formé nos bénéficiaires en matière d’agriculture, de tressage de cheveux, de vannerie, de petit commerce et de gestion des déchets domestiques.
Nous avons aussi pensé que ce serait une bonne idée d’encadrer les enfants des femmes, en l’absence de leurs mères. Avant, les femmes allaient travailler mais leurs enfants restaient à la maison. C’était un problème. Alors, nous avons créé un centre d’encadrement pour les enfants de nos bénéficiaires.
Montée de voix off, soutenues pendant 10 secondes, puis fondu soutenu sous : Prends, attends, ok, passe-moi un autre sac, là, oh c’est lourd…
Animateur :
Nous sommes à Kacyiru, un quartier de la ville de Kigali. Des sacs de déchets domestiques sont entassés le long de la rue. Les femmes et les filles viennent ajouter d’autres sacs sur les piles. Les mouches circulent autour des sacs. À une centaine de mètres, un camion est garé, et on assiste à une activité intense, tout autour.
Montée de voix off pendant cinq secondes, puis fondu
Animateur :
Une dame d’une quarantaine d’années supervise les travaux. Son nom est Madame Kantengwa Marianne.
Marianne :
Le chargé de l’hygiène ici à Kacyiru nous a invitées pour qu’on les aide à charger ces déchets domestiques dans le camion et à les amener au dépotoir principal à Kigali. Je ne sais pas si nous allons finir aujourd’hui parce qu’ils ont beaucoup de déchets. Il paraît qu’il y a longtemps qu’ils ont débarrassé leurs ménages de ces déchets.
Animateur :
Madame Marianne, pourquoi travaillez-vous dans le secteur des déchets domestiques?
Marianne :
C’est pour combattre la saleté, c’est une question d’hygiène, et c’est une question de santé! Nous avons pensé à ce projet il y a bien longtemps, et avons commencé vers l’année 2001, quand nous avons constaté un problème d’hygiène ici dans la ville. En ce temps-là, nous avons démarré un projet de gestion des déchets dans le district de Nyarugenge. Le nettoyage des ménages implique une combinaison d’activités : participer au nettoyage de la ville, transformer les déchets en combustible afin que les habitants ne coupent plus les arbres pour avoir du bois de chauffe et qu’ils cessent de détruire les forêts, et trouver du compost pour fertiliser nos jardins dans la vallée du district de Kicukiro ici, à Kigali. Amizero fabrique des petites briques pour remplacer le bois utilisé pour les feux de cuisson. Tout ceci vise à améliorer nos conditions de vie.
Animateur :
Vous avez beaucoup de projets! Est-ce que tous ces projets sont encore en cours?
Marianne :
Ce n’est pas facile! Avec la loi nationale de 2005 sur la protection de l’environnement, le district a confisqué les parcelles de terrain qui appartenaient aux femmes, dans la vallée. Ainsi, les activités de fabrication du fumier ont ralenti et se sont arrêtées. Aujourd’hui, nous avons un chercheur belge qui est en train d’étudier comment nous pouvons améliorer la production de combustible domestique à partir de déchets afin que nous puissions remplacer presque totalement l’utilisation de bois de chauffe. Nous avons amélioré la façon dont nous transportons les déchets. Comme vous le voyez, nous utilisons un camion, et c’est notre camion!
Animateur :
Quelle est l’importance de ce travail pour vous, Marianne, personnellement?
Marianne :
Où puis-je commencer? Ceci est le seul travail que j’ai jamais eu. J’ai trois enfants, ce travail m’a aidée à éduquer mes enfants. Deux d’entre eux sont à l’école secondaire ; l’autre a déjà terminé ses études secondaires.
Ce travail m’aide à construire et à soutenir ma famille. Ma famille ne souffre pas de pauvreté comme avant. J’ai appris à discuter de certaines choses avec les autres. Je n’ai plus peur de m’exprimer. Il est très important de discuter de certaines choses. Je reçois beaucoup de conseils en discutant avec les autres femmes. Je ne suis plus seule.
Avant, je ne sais pas si je pourrais dire que j’avais un quelconque revenu. Quand nous avons commencé le projet, j’avais un revenu mensuel de 10000 francs rwandais (Note de l’éditeur : environ 17 dollars US). Aujourd’hui, parce que nous avons connu une croissance spectaculaire, je touche 25000 francs (environ 42 dollars US). C’est quand même quelque chose pour moi!
Animateur :
Merci Marianne. Mais avant de vous laisser retourner à votre travail, avez-vous quelque chose d’autre à ajouter sur l’importance de ce travail?
Marianne :
Vraiment, je ne sais pas comment en parler! C’est tellement important. Je vous ai dit qu’avant je n’avais pas de revenu, et aujourd’hui j’en reçois. De plus, j’ai une assurance santé, et j’ai été formée dans plusieurs domaines: santé, gestion de famille, et planning familial!
Montée de la musique de fond puis fondu
Animateur :
Chers auditeurs de Radio Salus, vous écoutez notre émission sur l’environnement. Le titre de notre programme du jour est
«
Les femmes gagnent leur vie en aidant les ménages à gérer leurs déchets domestiques». Nous sommes avec les membres de la coopérative
Abakunda isuku,une branche de l’Association Amizero. Un grand merci à Marianne! Puisque elle nous quitte pour continuer son travail, nous saisirons cette opportunité pour parler aux gens de ce quartier.
Umurerwa :
Je m’appelle Jeanne Umurerwa et j’habite ici, à Kacyiru. Comme vous le voyez nous n’avons pas d’endroit où jeter nos déchets domestiques. C’est la ville, ici. À la campagne on fait du compost avec les déchets domestiques mais ici, c’est impossible. Nous gardons les déchets dans des sacs. Quand le camion de ramassage des ordures ne vient pas vite, l’odeur monte à la maison. Quand il y a deux ou trois sacs de poubelle à la maison, l’odeur est désagréable. Ce qui soulage un peu, c’est qu’Amizero ne demande pas beaucoup d’argent. Nous payons 1000 francs (
Note de l’éditeur : environ 1,70 dollar US) par mois par ménage, alors ce n’est pas cher! Ça, c’est très important. Amizero nous aide énormément!
Animateur :
Merci Jeanne et bonne journée.
Montée de la musique de fond puis fondu
Animateur :
Avant de quitter Kacyiru, chers auditeurs, voici une autre dame très active, qui travaille à l’arrière du camion. Elle est debout à côté d’un homme d’une trentaine d’années, et ils portent tous les deux des salopettes rouges en guise d’uniformes. Une casquette traditionnelle sur la tête, avec de la sueur sur son front, Domitille Uwafurika continue son travail. Elle reçoit des sacs de déchets domestiques puis elle les vide, trie les déchets, et rend les sacs aux résidents. Voici ce qu’on entend quand elle travaille.
Voix off :
Prend, attends, ok, passes moi un autre sac, tiens, viens toi aussi,
ok, encore, qui reste? Moi! Viens, viens!
Voix en fondu soutenu sous la voix de Domitille
Domitille :
Je suis en train de trier les déchets biodégradables, les plastiques et les métaux. C’est un ordre des gens de l’environnement. Ce n’est pas facile du tout, mais nous le faisons pour observer leurs instructions. Cette loi a rendu notre travail un peu plus lent. Au lieu de faire quatre voire même six allers-retours en véhicule pour le dépotoir, maintenant, nous en faisons seulement trois par jour. Cependant, nous nous sommes engagées à travailler pour un environnement sain! Après avoir collecté les déchets, nous transportons les déchets triés au grand dépotoir, dans la ville de Nyanza.
Montée de bruits de fond pendant cinq secondes puis fondu
Domitille :
C’est un travail très dur, l’odeur, la force qu’il nous faut utiliser, c’est vraiment difficile. Cependant, nous en bénéficions. Mon travail m’aide à éduquer mes trois enfants et je contribue pour la famille, aux côtés de mon mari. Mais aujourd’hui, les prix montent et ils sont plus élevés que mon salaire. Quand nous avons commencé avec la coopérative, je gagnais 700 francs par jour (environ 1,17 dollars US). Aujourd’hui, je travaille pour 800 francs (environ 1,35 dollars US), mais la valeur reste la même, voire même moindre. Mais, ce que je dois souligner, c’est que ma vie a changé à cause de nombreuses formations, offertes par Amizero. J’ai 42 ans et j’ai seulement trois enfants. Si je n’étais pas membre d’Amizero, et si je n’avais pas bénéficié de ses formations, j’aurais beaucoup d’enfants, vous savez sans doute que les familles rwandaises typiques ont beaucoup d’enfants, n’est-ce pas?
Montée de bruits de fond soutenus pendant cinq secondes, puis fondu enchaîné suivi d’une courte pause musicale
Animateur :
Chers auditeurs, nous sommes presque à la fin de notre émission sur l’environnement. Mais avant de clôturer, Floride va nous parler de la vision d’Amizero.
Floride :
Parce que le gouvernement voulait promouvoir la production commerciale et l’entreprenariat, nous avons transformé nos groupements en coopératives commerciales. Notre vision concerne surtout le renforcement des coopératives. Aujourd’hui, l’assistance technique que nous offrons à ces coopératives est moindre parce que nous voulons que les coopératives deviennent plus indépendantes et auto-suffisantes. Nous restons au niveau stratégique seulement, en offrant de la formation, des conseils en matière de gestion et d’opérations, et en faisant de l’analyse de projets. Nous voulons focaliser sur la conception de projets pour le développement de coopératives. Nous travaillons aussi avec un chercheur belge pour améliorer la fabrication des combustibles à partir des déchets. Si nous réussissons ce projet, ça sera vraiment grandiose.
Animateur :
Chers auditeurs, la gestion des déchets domestique est très importante pour l’environnement et pour la santé. Espérons que vous, les auditeurs, allez trier vos déchets chez vous pour mettre à part les biodégradables, les plastiques et les métaux comme le fait Amizero. Espérons aussi que personne ne va mépriser le travail. Toute chose qui est faite correctement peut apporter des bénéfices, comme le disent les membres d’Amizero.
Merci à tous les membres d’Amizero pour vos efforts en matière de nettoyage des ménages et de la ville en général. C’est un effort coopératif de plus qui facilite la vie des membres et aide l’environnement, pour le bien de tous. Merci, chers auditeurs, de nous avoir suivis. Vous étiez en compagnie de Jean Paul Ntezimana. À la prochaine!
Acknowledgements
Rédaction : Jean Paul Ntezimana, journaliste à Radio Salus, Rwanda, un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales
Révision : John Julian, directeur, communications et politiques internationales, Association des coopératives du Canada
Information sources
- Powley, Elizabeth. Rwanda: Women Hold Up Half the Parliament, pages 152-153, tiré de Women in Parliament: Beyond Numbers, édité par Julie Ballington et Azza Karam, Institut International pour la Démocracie et l’Assistance Électorale (IDEA), 2005.http://www.idea.int/publications/wip2/upload/WiP_inlay.pdf
- Association Amizero
Interviews avec :
- Madame Mukarubuga Floride, Président de l’Association Amizero (interviews le 21 avril et le 17 août 2011)
- Marianne Kantengwa, agente de Abakunda Isuku, Association Amizero (interview le 19 août 2011)
- Domitille Uwafurika, agente d’Abakunda Isuku, Association Amizero (interview le 19 août 2011)